Hélichryse (Helichrysum italicum) : grande réparatrice de la peau


Son huile essentielle est très chère. C’est probablement l’une des plantes les plus appréciées qui provient du maquis Corse. Vous pouvez l’avoir au jardin. Vous devinez de qui on parle ?

De l’hélichryse Italienne bien sûr. Voici comment utiliser la forme brute, non distillée (en d’autres termes, on ne parle pas de l’huile essentielle ici).


Différents types d’hélichryse

L’hélichryse est une plante vivace de la famille des astéracées. Il existe de nombreuses espèces autour du bassin méditerranéen, mais l’espèce la plus appréciée et la plus étudiée aujourd’hui est l’hélichryse Italienne (Helichrysum italicum).

Pour la production d’huile essentielle, on la ramasse surtout en Corse car c’est à cet endroit-là que le climat et le sol lui donnent un profil assez exceptionnel. On regarde même les sous-espèces et les différents terroirs qui vont donner à l’huile essentielle un profil chimique légèrement différentes : Helichrysum italicum ssp. italicum, Helichrysum italicum ssp. microphyllum, Helichrysum italicum ssp serotinum.

En d’autres termes, cela devient vite complexe. Mais pas d’inquiétude, nous allons simplifier et parler de l’utilisation de la plante entière, pas de son huile essentielle. Dans ce contexte, au moins deux espèces sont utilisables dans le sud de la France (du moins ce sont les deux que je connais, je ne connais pas les autres).

La première espèce est Helichrysum italicum, on vient d’en parler. La deuxième est celle qui pousse abondamment chez moi dans le Vaucluse : Helichrysum stoechas, celle que vous voyez dans la vidéo.

Certains vous diront que ce ne sont pas les bonnes espèces, attention au terroir, attention aux sous-espèces, etc. En revanche, je peux vous dire que j’ai testé ces deux hélichryses qui provenaient de différentes régions, et franchement, tant qu’elles ont un fort parfum, qu’elles sont bien aromatiques, elles vous rendront le même type de service.

Helichryse stoechade (Helichrysum stoechas)
Helichryse stoechade (Helichrysum stoechas)

Helichryse… Corse ou pas ?

Au final, je suis quelqu’un de très terre à terre. Cela m’embête toujours d’être limité à une espèce particulière qui pousse uniquement dans une région particulière. Je suis certes le premier à dire que le thym sauvage qui pousse dans ma garrigue provençale est plus puissant que le thym qui pousse dans un jardin au nord de la France.

Mais je serai aussi le premier à vous dire que si vous habitez dans le nord de la France, que vous avez un magnifique thym au jardin qui a un bon parfum, utilisez-le, ça fonctionne ! Il faut apprendre à utiliser ce qu’on a à portée, ça c’est un geste écologique.

C’est pareil pour l’hélichryse. La dernière fois que je suis allé en Corse, j’ai pu observer l’hélichryse Italienne en fleur, j’ai discuté avec des gens qui ramassent et distillent l’hélichryse, j’ai acheté de l’huile essentielle, chère mais exceptionnelle.

Mais j’étais en Corse, c’était l’occasion. Lorsque je suis de retour chez moi en Provence et que je dois me préparer un macérat huileux, je vais ramasser Helichrysum stoechas. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu’elle est disponible tout près de chez moi.

(pour info, l’hélichryse est cultivée sur 120 hectares en Corse, 50 étant réservés pour les produits L’Occitane).

Notez bien : la cueillette est réglementé dans certains départements et régions. Renseignez-vous avant de ramasser. Il y a des règles bien précises. Par exemple, selon les endroits, on peut parfois faire une cueillette à caractère familial dans certaines limites de volume. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais renseignez-vous, c’est important.

Immortelle en Corse
Immortelle en Corse

Hélichryse au jardin

Vous trouverez assez facilement Helichrysum italicum en jardinerie ou sur les marchés, en particulier si vous trouvez un petit producteur qui se spécialise en plantes aromatiques.

Il vous faudra du soleil et une terre qui draine bien. Il ne faut pas que l’eau s’accumule autour des racines. Donc si votre terre est argileuse, rajoutez du drainage (sable). Placez-là dans une rocaille. Ne l’arrosez pas trop une fois qu’elle s’est bien établie, et même vous pouvez ne pas l’arroser du tout.

En fin de saison, je vous conseille de couper les parties aériennes sèches. Il est bon de la rabattre pour éviter qu’elle ne fasse trop de bois la saison suivante et pour stimuler la production de nouvelles pousses.

J’en ai longtemps cultivé à partir de graines. C’est tout à fait possible.


Feuilles et fleurs

Pour les parties à utiliser, vous pouvez utiliser les fleurs et les feuilles. Certains vous diront de n’utiliser que les fleurs. Mais sentez les feuilles, elles sont bien aromatiques aussi. Ça serait dommage de passer à côté.

Attention de ne pas trop affaiblir la plante bien sûr. Pour les sommités fleuries, on peut toutes les couper. Mais pour les feuilles, on va y aller tout doucement et étaler la cueillette sur différentes plantes.

L’idéal est de cueillir juste en début de floraison. Ensuite, vous faites sécher à plat sur une claie de séchage puis vous conservez dans des sacs en papier pour en faire des infusions, des teintures ou des macérats huileux.


Plante à curry

Avant de parler des préparations, on va parler des utilisations de la plante. Et avant de parler de la partie médicinale, on va parler de la partie culinaire.

C’est une plante qui va donner un goût intéressant à vos plats. On l’appelle la plante à curry ou l’herbe à curry, justement parce qu’elle a un goût qui rappelle beaucoup le curry indien. Vous pouvez rajouter des feuilles fraîches coupées en petit morceau à un fricassé de légumes, dans du riz, etc.

On peut aussi en faire une infusion bien concentrée puis la rajouter au liquide de cuisson, ou l’utiliser pour déglacer un une poêle. A rajouter à votre panoplie d’herbes pour la cuisine !

Immortelle en Corse
Immortelle en Corse

Résorbe les hématomes

En ce qui concerne ses propriétés médicinales, commençons par l’utilisation qui l’a rendue célèbre, du moins ici en France : elle a une capacité assez exceptionnelle, en application locale en macérat huileux, pour résorber les hématomes.

Un hématome est une accumulation de sang dans les tissus. On a pris un coup, ce choc a cassé des petits vaisseaux sanguins, et du sang apparaît dans les tissus, ce qui donne à la zone cet aspect bleuté. C’est pour cela qu’on appelle ça un bleu.

L’hélichryse, lorsque vous l’appliquez localement, va faciliter la résorption de l’hématome. Elle va aussi permettre la régénération des tissus abîmés.

Vous avez une belle association à faire ici avec l’arnica, vous pouvez mélanger les deux macérats huileux 50/50 et appliquer sur la zone en question. Bonne association avec l’hysope aussi (voir ma vidéo sur l’hysope).


Problèmes de peau

Si vous avez une plaie ouverte, l’hélichryse a des propriétés antibactériennes, antivirales et antifongiques. Elle a aussi des propriétés cicatrisantes. Donc bien adaptée à la situation.

Ici on ne va pas utiliser le macérat huileux mais plutôt une infusion concentrée ou une teinture diluée avec de l’eau (1 volume teinture pour 3 volumes d’eau). On utilise ce liquide pour rincer la plaie, répéter l’application plusieurs fois par jour si nécessaire. Bien sûr, si c’est une plaie importante, allez consulter un médecin, c’est une évidence.

D’une manière générale, le macérat huileux d’hélichryse a des propriétés réparatrices et antioxydantes pour la peau.

  • Réparatrice : agit sur une peau déjà abîmée – si vous avez des irritations, inflammations de type eczéma, etc.
  • Antioxydante : qui protège contre les dommages futurs.

Non seulement elle bloque l’action des radicaux libres, mais elle va aussi inhiber deux enzymes qui s’appellent la collagénase et l’elastase, des enzymes qui détruisent le collagène et l’élastine, deux protéines qui donnent à notre peau son élasticité (1).

Donc j’hésite un peu à parler de celà car il y a toute un marché autour des fameuses crèmes anti-âge… dur de faire la part entre marketing et réalité. Mais effectivement, disons-le, parmi toutes les plantes de notre pharmacopée, l’hélichryse est probablement l’une des plus actives pour protéger notre peau contre le vieillissement prématuré.

Hélichryse stoechade (Helichrysum stoechas)
Hélichryse stoechade (Helichrysum stoechas)

Rosacée, varicosités, contusions

On continue avec les applications locales, car c’est vraiment la spécialité de la plante.

Vous pouvez l’utiliser pour calmer les rougeurs de la couperose, qu’on appelle aussi rosacée. Elle freine l’éclatement de ces petits vaisseaux sanguins qui sont responsables des rougeurs.

Vous pouvez aussi l’appliquer sur les varicosités, ces petits vaisseaux rouges ou bleus qui sont juste sous la peau.

Vous pouvez l’appliquer sur des contusions musculaires chez le sportif, bonne combinaison ici avec le laurier noble et l’arnica, encore lui, toujours sous forme de macérat huileux.

Voilà pour l’application externe, elle peut vraiment faire beaucoup de choses de ce point de vue-là.


Digestion difficile

On va maintenant parler de la prise interne sous forme d’infusion. On ne trouve pas grand-chose dans les ouvrages français, et il faut aller voir du côté de l’utilisation dans d’autres pays du bassin méditerranéen pour avoir des indices sur son utilisation interne (2).

D’abord on a une utilisation dans différentes régions d’Espagne pour tout ce qui est désordre digestif : crampes, ballonnements, flatulences, etc. Ce qui n’est pas étonnant vu son profil très aromatique, en général ces substances aromatiques sont antispasmodiques, donc elles soulagent les crampes, elles détruisent au passage les levures et bactéries responsables de la fermentation, en particulier lorsqu’il y a stagnation au niveau de l’estomac, etc.

Mais là avec l’hélichryse, on a en plus quelques spécificités qui sont intéressantes. En Bosnie-Herzégovine, on utilise l’hélichryse pour les problèmes hépato-biliaires, donc il est fort possible que la plante ait une activité cholérétique et cholagogue.

En d’autres termes, il est possible qu’elle stimule les fonctions du foie et de la vésicule biliaire, ce qui nous permettrait de mieux digérer les aliments gras et au passage fournirait un petit effet dépuratif. Donc indiquée lorsque l’on traverse des périodes où on a des lenteurs digestives accompagnées de cette sensation d’être un peu engorgé d’une manière chronique, ce qui arrive parfois après des périodes d’abus alimentaire par exemple.


Infections respiratoires, asthme

On trouve une utilisation dans différentes régions d’Italie, sous forme d’infusion, pour les problèmes de bronche : toux grasse, bronchite ou autre type d’infection respiratoire type laryngite, pharyngite, trachéite, etc.

Là encore pas surprenant, on est dans le très aromatique et les plantes aromatiques ont souvent une action désinfectante des bronches et mucolytique, c’est-à-dire qui fluidifie le mucus pour qu’il soit bien expectoré.

Toujours en Italie, on trouve une utilisation pour accompagner les problèmes d’asthme, ce qui est intéressant. Il est fort possible qu’elle ait des propriétés anti-inflammatoires qui sont bien adaptées aux situations allergiques. À confirmer car je ne l’ai jamais testée dans ce contexte.

Helichryse italienne démarrée à partir de graines
Hélichryse italienne démarrée à partir de graines

Préparations et quantités

Pour les préparations, on a déjà parlé du macérat huileux. Pour faire un bon macérat, il faut le préparer par intermédiaire alcoolique comme je vous explique dans mon article sur le macérat huileux. Le macérat s’applique autant de fois que nécessaire pour soulager une situation.

Pour l’infusion des sommités fleuries, mettez assez de plante dans votre tasse pour donner un bon goût aromatique mais pas trop fort non plus. En général on tourne autour des 15 à 30 g de plante sèche par litre, mais cela va surtout dépendre de la force aromatique de votre plante sèche, donc il faudra ajuster en fonction de ça.

La teinture est tout à fait possible, utilisez 500 ml d’alcool à 45° pour 100 g de feuilles et fleurs sèches coupées très finement. La plante sèche doit toujours être bien aromatique pour faire une bonne teinture.


Précautions

Il n’y a pas grand-chose de documenté pour l’utilisation de la plante entière. Je vous rappelle encore une fois qu’on n’est pas en train de parler de l’huile essentielle ici.

➜ Ne pas consommer si vous êtes enceinte ou allaitante

➜ Ne pas consommer si vous êtes allergique aux plantes de la famille des astéracées, ça, c’est une évidence

Et si je devais faire une extrapolation basée sur ses constituants :

➜ Évitez si vous êtes sous médicaments anticoagulants

➜ Il pourrait y avoir un risque de neurotixicité si on prenait la plante à forte dose à cause de la présence de cétones dans la partie aromatique… mais bon, c’est un peu une extrapolation de l’utilisation de l’huile essentielle et pas de la plante entière.


Références

(1) Ascrizzi, Roberta & Flamini, Guido & Fraternale, Daniele. (2017). The antiaging properties of Helichrysum italicum (Roth) G.Don essential oil: collagenase and elastase inhibition activities.

(2) Antunes Viegas D, Palmeira-de-Oliveira A, Salgueiro L, Martinez-de-Oliveira J, Palmeira-de-Oliveira R. Helichrysum italicum: from traditional use to scientific data. J Ethnopharmacol. 2014;151(1):54-65. doi: 10.1016/j.jep.2013.11.005. Epub 2013 Nov 14. Review.

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151 réponses

  1. Bonjour,
    Déjà un grand merci pour toutes ces excellentes explications.
    Pour faire une macération huileux avec les fleurs de l’herbe à curry, faut-il beaucoup les sécher.? Combien de temps?
    Milles mercis de votre aide très précieuse
    Yvette Roy

    1. Bonjour Roy
      Elles contiennent peu d’eau donc le séchage est assez rapide (après tout dépend des conditions environnementales) ici en Provence deux ou 3 jours de séchage suffisent amplement

  2. dans votre article vous parlez de macérât huileux.
    j’ai l’habitude de faire une teinture mère et de l’utiliser sur les contusions, y a t il des contre indications et à t on les mêmes résultats
    merci d’avance pour vos commentaire

    1. bonjour Bodin
      à ma connaissance pas de contre indication (disons qu’il faut faire attention avec l’alcool directement sur la peau , pensez à diluer )

  3. Bonjour,
    Que pouvez-vous dire sur les Hélichryses Malgaches, la Gymnocephallum, la Bracteiferum et la Faradifani ?

  4. Bonjour quelle serait la technique pour la teinture mère ? Percolation ? Ou la traditionnelle en 2 semaines ? Merci l’équipe

  5. Bonjour,
    Un ami va se faire opérer (mammectomie). Il souhaitait des conseils pour ses futures cicatrices ; je pensais à h.e d’hélichryse dans du miel de manuka, qu’en pensez-vous ? Combien de gouttes conseilleriez-vous ?

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