Lien mentionné dans la vidéo :
La consoude est une plante qui a des propriétés cicatrisantes assez incroyables. Elle s’attaque à tout type de tissu : os, cartilage, tendons, ligaments, peau.
Super plante à avoir au jardin, très facile à cultiver, très prolifique, et absolument essentielle dans notre pharmacie naturelle pour tout ce qui est petits bobos de la vie quotidienne en particulier si vous avez des casse-cou à la maison !
Mais attention, elle pourra parfois vous jouer des tours si vous l’utilisez mal.
Allez, je vous explique tout cela dans cet article.

La consoude au jardin
On parle donc de la consoude, Symphytum officinale. On l’appelle aussi la grande consoude, ou la consoude officinale.
C’est une plante de la famille des borraginacées, une famille que vous connaissez peut-être déjà car elle contient d’autres médicinales : bourrache, buglosse, vipérine, pulmonaire, etc.
C’est une vivace que vous allez trouver facilement en jardinerie. Par contre attention, elle a tendance à vite coloniser une partie de votre jardin si elle s’y trouve bien. Et je peux vous dire qu’ensuite, pour la faire disparaître, c’est très compliqué !
Il suffit en fait d’oublier un petit morceau de racine pour voir une nouvelle consoude apparaître. Donc si vous voulez la garder dans un endroit bien particulier, vous faites comme moi, gardez-la dans un gros pot. Donnez-lui tout de même assez d’espace pour qu’elle puisse développer une belle masse racinaire.
Les parties aériennes vont disparaître pendant l’hiver s’il fait froid chez vous, c’est normal. Elles réapparaîtront au printemps.
D’un point de vue culture, c’est une plante qui apprécie un sol relativement riche en matière organique. D’ailleurs, vous la trouverez souvent près des habitations – c’est une nitrophile comme on dit.
Chez moi en Provence, il faut que je la garde à la mi-ombre mi-soleil car elle ne supporte pas le plein soleil. Elle a aussi besoin d’un arrosage régulier.

Propriétés de la consoude
Commençons par la propriété la plus connue, celle qui rend le plus service : c’est une incroyable cicatrisante et régénératrice des tissus.
Vous pouvez l’utiliser pour tout ce qui est ➜ cassure ou fêlure à l’os. N’importe quel os – bras, jambe, main, pied, côtes, etc.
Bien évidemment, en cas de fracture, passez par la case « urgences » d’abord pour que toute structure soit remise en place correctement.
Pour la petite histoire, j’ai rencontré il y a quelques années un thérapeute anglais qui pratique à Londres. Il m’a montré les os de sa main. 2 métacarpes tordus. La raison ? Il avait appliqué la consoude trop tôt, avant que les os n’ait été remis en place !
Pour accélérer la réparation de l’os et du cartilage, vous allez l’appliquer en externe :
- Cataplasme des racines fraîches ou des feuilles fraîches ;
- Pour les feuilles, il faut les pilonner avec un peu d’eau chaude pour en faire une pâte.
- Si vous n’avez que des feuilles ou racines sèches :
- Vous pouvez les couper finement puis les humidifier, vous les laissez macérer dans un peu d’eau chaude pour pouvoir les pilonner par la suite.
Ensuite, il faudra appliquer le plus près possible de l’endroit qui a été endommagé.
Et s’il y a un plâtre ? C’est compliqué… il faut faire avec, si vous avez une partie de la main libre par exemple, vous pouvez faire tremper vois doigts dans une infusion bien concentrée de consoude, un peu à la Maurice Mességué (un homme qui a démontré l’efficacité des bains de mains/pieds aux infusions de plantes).
Et là vous allez me dire, c’est n’importe quoi tout ça ! Je n’y crois pas, où sont les études randomisées en double aveugle contre placébo !
Nous avons des études pour la réparation de la peau (1), on va en reparler un peu plus bas. Il y a quelques études très intéressantes sur l’utilisation de la consoude homéopathique pour les fractures (2), mais je n’ai rien trouvé pour l’utilisation de la consoude sous forme traditionnelle, non-homéopathique, dans le contexte des fractures.
En revanche, je peux vous dire qu’on s’en fout un peu parce qu’à ce stade, nous avons tellement d’observations positives de toute la communauté internationale des professionnels des plantes, qu’on aurait du mal, au contraire, à ne pas y croire. La consoude accélère d’une manière notable la guérison de l’os.

La consoude est très bien aussi pour les ➜ problèmes d’entorse, ou pour les problèmes de ➜ déchirure d’un ligament ou d’un muscle.
Pour toutes ces situations, essayez de faire 2 applications par jour, aussi longtemps que nécessaire pour soulager la personne (en général plusieurs jours d’affilée).
On passe maintenant à la réparation de la peau. La consoude peut ➜ refermer une blessure, en surface, qui a du mal à cicatriser.
Le problème est le suivant : la consoude va réparer d’une manière très rapide, même trop rapide. En effet, si la blessure est en profondeur, la consoude risque de refermer en surface et ne va pas permettre aux couches profondes de bien se réparer.
C’est un piège auquel on se fait prendre à nos débuts. J’ai discuté avec d’autres personnes qui ont vécu le même problème.
Je vous donne un exemple : je m’étais entaillé le doigt avec un couteau très tranchant. Vu que je travaille souvent avec mes mains dans la terre, la plaie ne se refermait pas. J’ai donc fait tremper mon doigt plusieurs fois dans une infusion concentrée de feuilles de consoude et là – wahou ! Ça s’est refermé très vite.
Sauf que… quelques jours plus tard, mon doigt était énorme et j’avais une infection purulente.
Donc la leçon de cette histoire, si coupure ou blessure en profondeur, pas de consoude, ou du moins attendez que ça se soit refermé un minimum en profondeur.
En revanche, pour tout ce qui problème superficiel de peau (pas de coupure profonde, pas d’entaille) – la consoude est très efficace.
Au final, la consoude ➜ stimule la formation du collagène. On a longtemps pensé que cette propriété était due à sa teneur en allantoïne, qui effectivement stimule la réparation des tissus. Mais aujourd’hui on se dit qu’il y a plus que l’allantoïne, sa teneur en silice par exemple est très intéressante car la silice permet aussi une meilleure formation du collagène.
Donc comme toujours, c’est la plante dans son intégralité qui fonctionne et pas seulement un composant isolé.

Racine ou feuilles ?
La racine est-elle plus efficace que la feuille ? De mon point de vue pas vraiment.
Par contre la racine est plus agréable à utiliser en cataplasme parce qu’elle n’a pas les poils irritants des feuilles et elle est très riche en mucilages. Vous allez donc pouvoir en faire une pâte assez facilement, en particulier si vous l’utilisez fraîche.
Pour la feuille, il faut la travailler un peu plus au pilon et les poils peuvent être assez urticants pour certaines personnes. Faites attention à cela : si la personne rougit après application, il faites plutôt des compresses avec l’infusion des feuilles, infusion que vous passez au travers d’un filtre à café pour enlever les poils.
Vous trouverez parfois la racine en poudre dans certaines herboristeries (3), une forme très pratique à utiliser : on rajoute un peu d’eau chaude, on en fait une pâte et on applique directement.
Alors, on peut la manger ou pas ?
Voici un point sur lequel il y a désaccord.
Cela concerne la consommation de la consoude en interne, que ce soit sous forme d’infusion à boire, de teinture à prendre en interne, ou que ce soit un bon petit beignet de consoude ou toute autre forme culinaire.
La consoude contient des alcaloïdes bien particuliers qui s’appellent des alcaloïdes pyrrolizidiniques. Non je ne vous donne pas ce nom barbare histoire d’étaler ma science. Je vous en parle car le débat tourne autour de ces alcaloïdes et il est bon de connaître le nom.
Ces alcaloïdes, techniquement, ne sont pas toxiques. Mais votre foie va les transformer en des substances quhttps://www.altheaprovence.com/consoude-toxicite-alcaloides-pyrrolizidiniques/i s’appellent des dérivés pyrroliques. Et ces dérivés pyrroliques, eux, sont toxiques.
Ils détruisent les veines à l’intérieur du foie, les petits canaux qui permettent au foie de faire son travail de filtration, et peuvent conduire, si consommation chronique, à ce qu’on appelle la maladie veino-occlusive hépatique (4).
En gros, les veines dans le foie sont détruites et le foie est bouché, il devient fibreux, et il ne peut plus faire son travail.
Et juste pour être 100% clair : ceci n’est plus à prouver aujourd’hui. Nous connaissons ce mécanisme, il a été démontré sans aucune équivoque.

La discussion que nous avons aujourd’hui est au sujet de la quantité de ces alcaloïdes que l’on va ingérer dans la consoude. Est-ce suffisant pour créer un problème ?
Certains disent non, sinon ça se saurait, on a pris la consoude pendant des siècles. D’autres disent que cela ne se saurait pas, car la maladie veino-occlusive hépatique est une maladie lente et silencieuse, une maladie qui a très probablement été mal diagnostiquée dans le passé comme hépatite ou cirrhose.
Je vais vous donner ma conclusion. Ce n’est pas une vérité universelle, je n’ai pas cette prétention. Je ne prêche pas, mon but n’est pas de vous convaincre, mon but est de partager ce que je sais avec vous.
Et ce n’est pas la peine non plus de m’écrire pour essayer de me convaincre, personnellement, j’ai tranché. Prenez tout ceci comme une source d’information pour pouvoir faire vos propres conclusions.
Personnellement, je pense que ces alcaloïdes sont bel et bien problématiques et qu’ils existent dans la consoude dans des quantités qui sont non-négligeables.
Je pense aussi que même si la consoude ne crée qu’un petit stress sur le foie, c’est un stress de trop car aujourd’hui, le foie est l’un des organes qui encaisse toute la charge toxique de notre vie. Il est donc déjà assez sollicité.
D’autant plus qu’on peut remplacer la consoude avec d’autres plantes super efficace comme le souci, Calendula officinalis, qui lui aussi a une grande capacité de réparation pour la cicatrisation des muqueuses digestives par exemple.
Pour vous aider à utiliser la consoude d’une manière judicieuse :
- Attention à la consoude de Russie, Symphytum x uplandicum, c’est un hybride et il contient beaucoup plus d’alcaloïdes que Symphytum officinale. Il est souvent vendu dans les jardineries, donc achetez plutôt l’officinal ;
- Les racines contiennent plus d’alcaloïdes que les feuilles ;
- Les feuilles en pleine croissance contiennent beaucoup plus d’alcaloïdes que les feuilles matures, donc si vous décidez d’en consommer, mieux vaut couper les feuilles les plus matures, même si elles sont un peu moins tendres ;
- La prise chronique est plus problématique qu’une prise ponctuelle ;
- Les personnes jeunes, un enfant, le bébé dans le ventre de sa mère, ont un foie plus fragile et seront plus à risques que les adultes ;
- Et dernier point, au plus la consommation est répétée, au plus il y a risque.
En application externe :
- On sait que ces alcaloïdes ne pénètrent quasiment pas au travers de la peau ;
- Lorsque la peau est abimée, il est probable que plus d’alcaloïdes passent en circulation mais la quantité reste toujours minime par rapport à la quantité ingérée si consommation interne. On parle ici d’application d’un peu d’infusion ou d’onguent sur un endroit localisé par rapport à l’ingestion directe au travers de la muqueuse intestinale d’une quantité supérieure de produit.
- Les muqueuses absorbent plus d’alcaloïdes que la peau, certains décident donc d’éviter l’application sur les muqueuses.

Préparations de la consoude
Pour les préparations, je vous ai déjà parlé du cataplasme des racines ou des feuilles.
Vous avez aussi l’infusion appliquée en compresses, vous avez la teinture diluée dans un peu d’eau.
Et surtout, vous avez ma préparation favorite, le macérat huileux de feuilles de consoude mais attention, pas le macérat classique, celui réalisé par une méthode que j’appelle par intermédiaire alcoolique.
➜ Je vous explique tout ça dans ma formation sur la fabrication de produits à base de plantes, cela donne un macérat huileux d’un vert incroyable, très efficace pour la réparation des tissus.

Références
(1) Staiger C. Comfrey: A Clinical Overview. Phytotherapy Research. 2012;26(10):1441-1448. doi:10.1002/ptr.4612.
(2) Pour la consoude homéopathique, voir par exemple le travail de S. Chandel ici : “Role of Symphytum Officinale As An Osteoinducer In Long Bone Fracture Repair In Canine”
(3) Voir herboristerie Bardou ici : http://www.herboristeriebardou.com.fr/PP189fr
(4) Voir Bruneton, « Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales (4e ed.) »
Exemple de cas de toxicité sur humain :
- Ridker PM, Ohkuma S, McDermott WV, Trey C, Huxtable RJ. Hepatic venocclusive disease associated with the consumption of pyrrolizidine-containing dietary supplements. Gastroenterology. 1985 Apr;88(4):1050-4.
Explication de la transformation AP en pyrroles (document très technique) :
- https://pdfs.semanticscholar.org/85e7/4db0772d1db00ea6c9d228beedb0af158c07.pdf
Pour aller plus loin au sujet des alcaloïdes :




395 réponses
Bonjour,
Est-il indiqué d’appliquer de la consoude après une opération de la mâchoire?
Vaut-il mieux laisser se resouder pendant quelques semaines avant d’appliquer de la consoude, et préférer par exemple de l’arnica/gaulthérie… ?
Merci!!
Bonjour Mélina
il faut être certain qu’il n’y ait pas une plaie dans la mâchoire avant d’appliquer la consoude
Bonsoir, ma fille a fait une mauvaise réception après un saut.
Elle a le cartilage de croissance du pied abîmé, elle porte une attelle.
J’ai un baume à la consoude acheté chez un producteur près de chez moi.
Y a t’il un réelle danger si je lui en applique pendant quelques jours ?
L’article m’a un peu refroidit dans mon choix.
Bonjour Estelle
De mon point de vue , il pourrait y avoir problème si il y avait une blessure en surface en plus de la lésion du cartilage , dans le cas de votre fille je ne vois pas de problème à appliquer baume de consoude
Bonjour,
J’ai de la consoude officinale dans mon jardin et en donne régulièrement des feuilles à mes poules. Est-ce-que cela peut leur être néfaste?
Merci
Bonjour Marthe
d’après mes recherches , il y pas mal d’études qui stipulent que les AP sont toxiques aussi pour les volailles, par exemple Le rapport Scientific Opinion on Pyrrolizidine alkaloids in food and feed par l’EFSA (2011) conclut :
Les alcaloïdes pyrolizidiniques sont un risque pour la santé humaine et animale, notamment par ingestion via le fourrage contaminé.Des cas d’intoxications accidentelles chez animaux d’élevage (incluant volailles) ont été signalés dans l’UE, bien que rares https://www.researchgate.net/publication/322263699_Scientific_Opinion_on_Pyrrolizidine_alkaloids_in_food_and_feed
ou celle ci issue de l’Anses rappelle qui rappelle que les PA sont métabolisés en métabolites hépato-génétiques, causant des lésions irréversibles chez les vertébréshttps://www.anses.fr/fr/system/files/ALAN2015SA0076.pdf?utm_source=chatgpt.com
Bonjour,
Auriez vous des informations concernant les possibilités de la consoude à refermer une perforation du cartilage ? Merci
Bonjour Yoann
Comme Christophe l’écrit au début de son article
« La consoude est une plante qui a des propriétés cicatrisantes assez incroyables. Elle s’attaque à tout type de tissu : os, cartilage, tendons, ligaments, peau. » »