Florent, Adrien, salut, merci de m’accueillir dans votre Ferme de Perdicus ici à Villeperdrix, dans les Baronies Provençales, vous êtes producteur de plantes aromatiques et médicinales, d’olives, de fruits et légumes, 10 hectares de production en bio, on s’ennuie pas ?
On n’a pas le temps.
On n’a pas le temps de s’ennuyer. J’ai eu la chance de rencontrer Florent il y a quelques mois, où j’ai suivi une de tes formations d’une journée à Nyons sur les encens. Et j’adorais ça, et donc je me suis dit, je vais venir leur rendre visite dans leur fief, alors natal pour toi, vu que tu n’es pas ici.
C’est ça, je suis né ici, j’ai grandi là, et je suis allé rouler ma bosse ailleurs, mais je suis revenu depuis qu’on a repris la ferme de mes parents. Et ça manquait. Il suffit de revenir pour voir que du coup, on est quand même plutôt pas mal.
On est plutôt lié à sa terre. Et puis mettre les mains justement dans les productions, les fabrications, les transformations.
Prendre la suite et diversifier.
Oui. Aussi. Aussi. Par rapport à ce qu’a fait toi ton papa… C’est ton papa qui a amené la ferme.
C’est mon papa qui a pris la suite de mes grands-parents. Et puis… Et puis voilà.

En tout cas, ce qui nous amène aujourd’hui ici, c’est la discussion autour des encens naturels, c’est un monde que je connais parce que j’adore les encens, parce que j’en brûle depuis maintenant bien longtemps et ça m’emmène dans tout un tas de sphères et de lieux et d’états émotionnels. Et donc, après avoir suivi la journée avec toi, Florent, j’ai trouvé le sujet absolument fabuleux, le sujet de la fabrication. C’est de ça dont on va parler aujourd’hui. Et on va commencer d’abord avec la naissance peut-être de toi, Adrien, de ton amour des encens. Et je pense que ça commence avec le tonton Denis et sa ciergerie artisanale. Tu nous racontes un petit peu l’histoire ?
C’est quelqu’un qui, du coup, était à la base dans la marine marchande. Absolument rien à voir. Et qu’en fait, il a décidé de s’arrêter et il fallait qu’il trouve un nouveau travail. Il a trouvé une ciergerie sur Marseille. Donc il a appris la fabrication des bougies. Il vendait des articles religieux par l’intermédiaire de la ciergerie. Et en fait, en roulant sa bosse aussi, en croisant différentes personnes qui étaient dans ce milieu-là, il a croisé quelqu’un qui bossait pour une autre entreprise et qui lui a proposé de lui apprendre la fabrication de 4 ou 5 références de mélanges d’encens, des petites recettes, qui étaient utilisées du coup dans les églises.
Il a dit pourquoi pas, ils ont essayé de créer une entreprise, ça n’a pas marché, mais l’idée est restée. Et donc du coup, il avait toujours sa petite ciergerie et avec le temps, il a découvert un fournisseur il a essayé de refaire les recettes qu’il avait trouvées chez ce fournisseur, et au fil du temps, avec les essais, il a réussi à étendre la gamme à une trentaine de recettes différentes, avec des recettes qui étaient dédiées à différentes cérémonies religieuses.
Donc tout ça, c’est très codé, quand tu parles de référence, c’est que chaque…
Quand je dis référence, c’est une recette pour une cérémonie religieuse.
Ouais, d’accord, d’accord.
Et donc, il m’a proposé, en prenant une partie… il prend sa retraite en petits morceaux, on va dire, parce qu’il a gardé les bougies, mais il a décidé de vendre la partie encens, son entreprise, et il m’a proposé de me former. Pour moi, c’était une suite logique. Après ma formation au CFPP à Nyons, qui était dans la culture de plantes aromatiques, médicinales et à parfum, donc c’était continuer à apprendre la parfumerie. Donc moi, je me suis dit, je continue à apprendre, ça me va très bien, et puis je vais bosser pour une entreprise qui est à l’autre bout de la France. Ça me fait découvrir du paysage. Il m’a formé et je suis parti pour Toulouse où j’ai travaillé pour une grosse entreprise de produits religieux. Et me voilà parti et j’ai appris les encens. Et puis le but c’était aussi de développer la gamme. Donc il y avait un côté création qui était intéressant.
Il y a une petite histoire où tu te retrouves sur un salon religieux à Paris, je crois savoir. Tu débarques là-bas en costard-cravate, représentant de la société pour aller vendre des encens et tu fais quelques rencontres intéressantes apparemment.
C’était un peu, c’était très exotique pour moi, c’est que déjà mettre un costard, ça ne m’était jamais arrivé de ma vie. Me retrouver à Paris, je crois que c’était la deuxième fois que j’y allais. Donc j’y suis allé pour représenter la partie ensemble de l’entreprise, en fait. On était trois. Et… Salon religieux, donc en fait, c’est que des gens que j’ai pas du tout l’habitude de voir. Et puis là, le silence se fait à un moment et il y a une mère supérieure qui passe. Enfin, c’était la mère supérieure avec toute sa congrégation derrière et qui était… Enfin voilà, qui suivait le… Qui suivait… C’était un cortège assez étonnant. Le silence se fait et puis elle vient regarder, nous poser quelques questions. Voilà, c’était plutôt… Plutôt étonnant, impressionnant. Mais c’était bienveillant, c’était plutôt… Voilà, ça reste un bon souvenir.
Et ça commence à t’ouvrir des opportunités, on commence à te faire des propositions d’emploi ?
Des propositions d’emploi, j’en ai eu plusieurs, parce que du coup, des ateliers d’encens, il y en a peu. C’est un savoir qui est quand même réservé à très peu de personnes. Et du coup, petite histoire toujours dans le même salon, je n’ai pas le droit de vendre mes ensembles parce qu’on est là pour présenter nos produits. Donc du coup, il y a des gens qui sont là, qui sont là peu de temps, qui doivent repartir. Il faut que j’ai cette nouvelle référence et tout. Combien vous me le vendez ? Je ne peux pas. Je ne peux pas vous vendre la référence. Et à force de questions, ça a fini par me stresser. Et il y a un monsieur qui passe, qui était pour moi un gendarme, parce qu’il était habillé en bleu avec des étoiles. Et en fait, il vient pour me poser des questions. Je lui dis écoute, là, il faut que j’aille fumer une clope. Tu viens, on va dehors.
C’est pas le gendarme.
Pas du tout. On discute. Et en fait, c’était le sacristain général de Notre-Dame de Paris. Et voilà, on discute. Lui, il avait envie qu’on développe des ensembles pour pouvoir avoir un ensemble spécial pour Notre-Dame. Et on a échangé nos numéros et on a commencé à communiquer sur ce thème-là. Et en fait, avec le temps, on a fini par trouver une recette qui lui convenait et qu’il utilisait dans certaines cérémonies parce qu’il utilisait déjà d’autres recettes pour les différentes cérémonies qu’il y avait à Notre-Dame. Et voilà, c’est créé une amitié. Et le but, c’était de décrocher un contrat. Et là, j’avais trouvé un contrat super intéressant pour moi. Ça m’a permis de rentrer dans les coulisses de Notre-Dame. ce qui n’était absolument pas concevable pour moi juste avant. Et voilà, contrat très intéressant.
En termes de matières premières, comment ça se passe ? Où est-ce que vous faites l’acquisition des matières premières ? Les fournisseurs ? C’est une fabrication très traditionnelle je suppose ?
Alors il y a différents fournisseurs, mais principalement c’est un fournisseur qui a des plantations en Afrique et qui après a des partenariats avec les populations locales. il y a des plantations de gommes arabiques qui ne sont pas liées à l’encens. Mais il y a des partenariats et des plantations de boites où il y a aussi. Et en fait, des partenariats avec les populations locales. Le but, c’est d’essayer de les faire, entre guillemets, survivre parce que c’est compliqué pour elles là-bas. La tension entre les différentes communautés, elle est présente un peu en permanence. Il y a des guerres civiles. Donc on a un fournisseur principal et du coup, deux, trois autres fournisseurs, notamment des Grecs, qui nous permettent d’avoir d’autres références qui sont les encens grecs, qui sont faits à partir de résines qui viennent d’Afrique mais qui du coup sont travaillées en Grèce. Donc un fournisseur qui rassemble un petit peu toutes les résines, tout ça pour dire qu’en fait le matériel de base qui est utilisé dans les églises et dans les lieux de culte, ça reste des résines.
Les résines restent l’une des matières premières, principales et probablement celle qui est la plus compliquée à acquérir aujourd’hui dans ce…
Dans le contexte mondial, c’est vraiment très compliqué.
Alors toi Florent, de ton côté, tu as un parcours d’écologue, gestion de la biodiversité. Tu as été chargé de la conservation, de la restauration de l’herbier Bonaparte. Alors, je me suis noté quand même pas Napoléon.
Oui, c’est pas Napoléon.
Mais Roland Bonaparte, petit neveu de Napoléon Ier, 760 000 planches botaniques.
Oui, c’est l’une des plus grandes collections amassées par un particulier au monde. Et c’est quelqu’un qui avait par ailleurs tout un tas de défauts. Mais du coup, il avait quand même le mérite d’être une personne qui s’intéressait aux sciences. Il a construit une espèce de… de templedédié aux sciences, voilà. Il a beaucoup bossé sur les glaciers et beaucoup bossé sur la botanique. Et donc du coup, son objectif, c’était d’avoir un herbier ethnobotanique, et donc il cherchait les plantes à usage partout dans le monde. Et c’était encore l’époque des colonies, donc il y avait un petit peu des émissaires coloniaux partout qui pouvaient fournir le matériel. Et du coup voilà, 4,5 millions de spécimens, plus de 760 000 planches. Donc j’ai eu la chance de bosser là-dessus, c’était l’un de mes rêves, de bosser à l’herbier de la fac des sciences de Lyon, quand j’étais étudiant. Et j’ai eu cette chance-là, avant d’atterrir ici.
Et tu faisais quoi ? C’était la numérisation de l’herbier ?
Ouais, je collectais des données, parce qu’en fait il fallait ouvrir les classeurs, donc faut imaginer comme une espèce d’immense bibliothèque construite sur mesure pour les planches d’herbier sur des formats A3, donc c’est des plantes séchées qui ont parfois plus de 300 ans et elles peuvent avoir été mangées par des blattes, des papillons et tout ça. Donc il faut ouvrir chaque boîte, regarder chaque planche, faire la restauration et ensuite les envoyer sur un banc numérique où il y a des opérateurs qui font des manipulations pour que ça soit pris en photo et numérisé et de manière très fine pour que des chercheurs à l’autre bout du monde n’aient plus besoin de venir en France et simplement en zoomant sur l’ordinateur puissent aller voir le détail d’un poil sur la plante ou une vésicule.
C’est accessible en public aujourd’hui, on peut aller le voir.
Sur le Recolnat, on peut voir toutes les planches qui ont été numérisées là-bas.
T’es là comme un gamin à ouvrir la prochaine boîte pour voir ce qui t’attend.
Un jeu de piste en plus, l’herbier a été acheminé en train, il y a eu des vols, il a été en partie démembré et donc du coup il y a plein d’informations qu’il faut collecter et c’est une espèce de grosse enquête pour savoir quel numéro correspond à quoi, où sont les échantillons, où est-ce que ça a disparu, pourquoi il faisait comme ça.
C’est génial. C’est extraordinaire. Et toi, ce qui t’amène aux encens, est-ce que c’est tout simplement la rencontre avec Adrien, ou tu avais toi aussi déjà cet intérêt pour les plantes à encens à parfum ?
Je m’y suis intéressé pour les encens bâtonnets il y a déjà assez longtemps, parce que le bouddhisme est quelque chose qui m’a pas mal intéressé, du coup c’est lié aux encents bâtonnets depuis que j’étais ado. Et puis après il y a la rencontre avec Adrien bien sûr, parce que là ça m’a fait découvrir tout un monde des encens résines que je connaissais très peu, et en même temps je suis parti au Canada vivre en forêt pendant quelques semaines, Et du coup, j’ai rencontré des guérisseurs qui m’ont parlé du copal, une des résines qui vient du Mexique, là-bas. Et là, voilà, de fil en aiguille, ça m’a amené à découvrir plus, à me poser des questions et à mener des recherches dessus, quoi.
Ces résines, là, qui ont l’air vieilles comme le monde, je remontais à la présentation que vous avez faite, finalement, brûler des résines, c’est aussi vieux que le feu.
Oui, c’est ce que suppose le CNRS, c’est qu’en fait, les encens sont nés avec le feu. Du moment que les humains ont découvert le feu, ils ont découvert les encens.
Donc on a brûlé probablement des résineux qui ont amené certains types de fumée, certains types de parfums, et ainsi commence une très longue utilisation.
Et puis les résines, elles offrent une texture particulière à la fumée aussi, qui est un peu englobante, qui charge l’air de quelque chose. C’est peut-être pour ça aussi qu’ils se sont orientés là-dessus. On a moins le côté herbes brûlées avec les résines que quand on brûle de la sauge blanche par exemple.
Puis c’est facile à transporter aussi. Ça se conserve longtemps. Il y a des résines que moi j’ai depuis… Donc quand je travaillais pour l’entreprise de produits religieux à Toulouse, c’était jusqu’en 2008. Donc on est maintenant en 2025. Ça n’a pas bougé, en fait.
Stabilité totale, conservation…
C’est vraiment très stable. Donc en fait, tu as quelque chose qui est parfumé, qui va du coup pas du tout s’altérer avec le temps, même au bout de 10, 15, 20 ans. Et du coup, ça te permet d’avoir… l’encens pour ta cérémonie ou ton rituel dans la poche un petit peu quand tu veux.
C’est ça, les petites larmes très compactes qui se sont toujours bien transportées. D’ailleurs, on voyait cette espèce de route des encens au Moyen-Orient où des chameaux, tu disais, transportaient jusqu’à des centaines de kilos qui valaient l’or, à l’époque plus que l’or.
D’abord, ils l’ont fait en bateau, les Égyptiens. Et puis, en fait, apparemment, ces côtes-là sont pas facilement… C’est pas facile de les pratiquer en bateau, contrairement aux côtes méditerranéennes, par exemple. Et du coup, à un moment, ça a basculé avec la domestication des camélidés. Je crois que c’est des dromadaires, du coup, dans le coin, là-bas. Et du coup, ils faisaient des caravanes et ils créaient une véritable route à travers le désert pour cette marchandise de luxe qui finissait jusqu’en Europe, en fait, et dans le nord de l’Europe.
Et nous, on va en parler un petit peu plus tard, les alternatives locales, mais nous, déjà à cette époque-là, il y a cette idée que l’encens d’Orient qui vient de destinations…
Ça vient des terres qui sont liées à la Bible aussi.
Qui sont liées à la Bible, voilà. C’est ça, il y a la symbolique du Moyen-Orient et de…
C’est ce que les romains ont apporté au petit Jésus. Donc il y a ce côté un petit peu symbolique, enfin pas qu’un peu, mais le côté symbolique du coup, et ça rend la chose encore plus… Avec l’expansion du christianisme et la force du christianisme qui augmente au niveau des populations, ça devient quelque chose de vraiment très très symbolique et très cher.
Mais apparemment aussi les communautés d’Europe avant la christianisation utilisaient a priori quand même des résines, notamment dans les conifères. Mais comme tout ça a été un petit peu balayé avec la christianisation, on a en fait très peu de traces là-dessus.
Oui, donc on a probablement une tradition. Et tu nous parlais un peu du Genévrier thurifère d’ailleurs, qui est très connu ici, c’est très local, c’est vraiment… On est ici dans les Baronies, la région de ce Genévrier-là, où a priori on traçait les limites des villes en fonction de l’endroit où se trouvaient les Genévriers pour les inclure un petit peu plus dans les propriétés locales. Donc c’était vu aussi comme quelque chose de forte valeur.
Comme il fallait payer des impôts à des seigneurs ou je ne sais pas trop comment s’organiser, les communes qui avaient du genévrier thurifère pouvaient servir de substitut à l’oliban qui venait de très très loin et donc avait une valeur extrêmement élevée. et donc ils ont fini par tracer les limites des communes en dehors de la topographie, ce qui du coup était basé sur la répartition des genévriers pour s’approprier la ressource en quelque sorte et pouvoir payer les impôts avec.
Il y a cette photo, ça aurait dû être assez droit mais on revient à englober le tour de la forêt des genévriers. Alors on ne va pas faire tout l’historique des encens parce que je pense qu’il nous faudrait des jours et des jours et c’est une histoire absolument captivante et fascinante qui est liée aux religions et à tout un tas d’épisodes de l’histoire. Donc on va plutôt essayer de se placer dans l’ère actuelle. Donc on fabrique toujours des encens aujourd’hui. Pour quel type d’application ? Quels sont les différents marchés aujourd’hui pour l’encens ?
Moi j’ai une deuxième casquette en plus d’être agriculteur, c’est que je travaille toujours pour une entreprise de produits religieux. Quand on s’est installé, on s’est dit peut-être que ce serait intéressant de développer vu qu’en fait il faut qu’on diversifie nos productions, ça pourrait, toi tu as le savoir, ça pourrait être intéressant qu’on s’y repenche, ça pourrait être une manière d’avoir un revenu supplémentaire. Et il s’est trouvé que Tonton Denis, encore lui, m’a dit ben moi je connais, j’ai toujours des contacts, je connais quelqu’un qui a mal au dos, il ne s’est pas bien passé avec son employé, c’est lui qui fait son encens, tu as le savoir, si tu veux je te le présente. Et donc ça fait 7 ans que le partenariat a été créé, et je travaille chez eux régulièrement, et je leur fais leur stock ponctuellement, quand le stock est vide, on m’appelle, on voit ensemble les semaines où il y a besoin que je descende, et je leur refais leur stock.
Mais de matière première ?
De matière première, j’ai remis le tablier fabrication d’encens, et donc du coup, lui, il a ses recettes, qu’il m’a apprises, et donc du coup, voilà, je le refais, ça lui permet de pouvoir avoir un métier de commercial à côté, et du coup, moi je fais la matière première. Donc il y a toujours cette casquette… Et c’était quoi la question ?
Ben les utilisations aujourd’hui que tu les fabriques.
Là ça va de partout. Et là du coup c’est intéressant parce que là j’ai découvert une clientèle différente. Parce que pour moi, quand je travaille sur Toulouse, ça restait très religieux, catholicisme. Et là en fait, comme il y a beaucoup de ventes au Dom Tom, il y a aussi un côté vaudou, il y a un côté regroupement de religions parce qu’il y a un syncrétisme qui est très important là-bas. Et donc, on vend beaucoup aussi pour l’Afrique. On a des gros clients qui sont au Cameroun, on a des gros clients qui sont dans tout ce qui est Afrique noire. Donc en fait, les rituels sont un petit peu différents et les recettes sont totalement différentes. Ça reste de l’ensemble résine, mais on ne va pas chercher la même utilisation ou la même utilité au rituel que ce que je pouvais connaître avant.
Donc c’est basé sur la religion chrétienne, là encore, mais qui a été adaptée localement ?
Adaptée ? C’est basé sur le côté religion chrétienne, mais il y a le côté vaudou, il y a le côté, tout simplement, croyance locale. Donc en fait, je mets vaudou dessus comme nom, mais c’est peut-être pas le cas. C’est peut-être toute une autre religion. Et du coup, c’est utilisé vraiment de la même manière qu’il y a plusieurs centaines ou milliers d’années. Et voilà, l’encens qui est utilisé en résine, plantes, bois, différentes matières, mais qui sert au rituel.
Donc chaque tradition a ses recettes. D’où est-ce que viennent ces recettes ? Comment on bâtit une bibliothèque de recettes ?
Alors, j’en ai pas créé, ou j’en en ai créé avec mon patron actuel, mais c’est… c’est empreint de symbolique. Pour le catholicisme, c’est très représentation des saints et de la personne pour laquelle… de la personne ou du saint pour qui on va prier, ou ce qu’on va rechercher en termes de communication avec le divin. Pour les autres religions, ça reste… ça va plus chercher une action et après on va chercher à travailler sur la symbolique des couleurs, des parfums, pour pouvoir travailler sur le désenvoûtement, sur la protection, c’est des codes qu’on va aller chercher dans les textes religieux.
Voilà. Donc ce sont des recettes très anciennes finalement que vous avez peut-être remis, adaptées au goût du jour parce que les matières premières qui existaient il y a peut-être des siècles ne sont plus nécessairement disponibles donc on remplace avec d’autres résines ou d’autres aromatiques ou d’autres. Il y a un aspect un petit peu d’adapter les recettes aussi aujourd’hui ?
Je pense que, bah oui ça Florent il pourra le dire, il a fait beaucoup de recherches dessus. Puis il y a des choses qui sont introuvables et puis qui sont d’un point de vue éthique aussi introuvables. Je pense à des parties d’animaux qui pouvaient être utilisées et des résines qui sont introuvables parce que les populations ont disparu. Enfin voilà, il y a plein de choses qu’il faut remettre au bout, enfin on a dû remettre au bout du jour.
Alors, On va en revenir aux ingrédients, Florent. Quelles sont les grandes catégories d’ingrédients aujourd’hui qui viennent dans la fabrication d’un ensemble, j’ai envie de dire équilibré, mais il doit y avoir une recette de base qui dit tant de pourcentages de ci, de ça.
En fait ça dépend aussi de la définition qu’on a de l’encens parce que du coup il peut prendre différentes formes entre les résines brutes, les résines brutes qui sont colorées et parfumées auxquelles on peut ajouter des plantes, des poudres de bois et tout ça, des poudres fumigatoires où il y aura des résines broyées et là effectivement il faut une certaine quantité de résine avec les autres plantes qu’on va additionner, puisque derrière si on veut faire du modelage, si on veut en faire des cônes, si on veut le modeler sur des noyaux de bambou, pour avoir des encens comme il est brûlé dans le bouddhisme par exemple, ou en Inde et tout ça, en Asie majoritairement, ben là il faut une certaine quantité de résine pour que ça agglomère les plantes. Donc on va atteindre certains seuils, et ça on peut pas y échapper, c’est pour des raisons de texture après pour pouvoir malaxer en fait. Et puis après on peut travailler simplement avec des plantes broyées pour faire des poudres qu’on met directement sur un charbon. Les proportions et les ingrédients qu’on va utiliser vont varier en fonction de la forme qu’on veut obtenir, de la forme finale de notre encens en fait.
Donc il y a la forme, la texture, il y a le parfum aussi, parce que je suppose que si on veut un certain parfum, on ne peut pas se passer de certains ingrédients comme des résines ou des bois. Donc si on prend un exemple d’encens assez typique comme la petite pyramide, le cône, ou alors le bâtonnet, qui a une texture assez dure et compacte contrairement aux poudres. Dans ces cônes-là, typiquement, qu’est-ce qu’on met ?
Alors, s’il est de bonne qualité… ça veut dire qu’on ne va pas avoir d’ingrédients qui vont alourdir, comme du bois qui n’a pas d’odeur, des genres de sûres qui vont juste faire de la masse, mais qui n’ont pas d’intérêt, si ce n’est de polluer un peu l’air, ni de colle, ni de choses comme ça qui ne sont pas très saines. Donc, on va plutôt avoir jusqu’à 50 % de résine. Donc, ça peut être de la poudre de bain-joint, de la poudre d’oliban, n’importe quelle poudre de résine. Si on veut avoir pas de parfum, on va utiliser de la gomme arabique. C’est aussi une sorte de résine mais dans laquelle il n’y a pas de parfum, donc ça peut permettre juste de donner la texture mais sans parfumer pour mettre en évidence les parfums des autres plantes qu’on va mettre dedans. Une manière de résine neutre en quelque sorte. et puis les 50 autres pourcents, ça va être des mélanges de plantes. Donc par exemple en Inde, ils ont quelque chose qui je trouve est assez judicieux, c’est que pour faire les bâtonnets, c’est assez fréquent qu’ils utilisent des résidus de distillation, donc c’est-à-dire des plantes qui ont été distillées dans des alambics pour faire de l’huile essentielle ou de l’eau florale, ils vont réutiliser ces restes de plantes, les broyer et les réincorporer avec les résines dans les encens, parce qu’elles ont toujours des parfums et des matières. Il y a des molécules qui, dans les distillations, ne passent pas. Je pense aux chanvres, les cannabinoïdes ne ressortent pas dans l’huile essentielle par exemple. Donc on pourrait les retrouver, si on les réutilisait, les réincorporer dans les enceintes, ça pourrait avoir du sens. Donc après c’est leur savoir-faire à eux.
Donc tu as souvent une base de gomme, prenons une gomme arabique par exemple. Si je me souviens un petit peu de la recette que tu présentes, cette gomme, on va la dissoudre dans une base liquide de l’eau. Ensuite, on va incorporer des poudres qui peuvent inclure des résines, des plantes aromatiques aussi. On fait une pâte qu’on va ensuite façonner, soit sous forme de cônes, soit sous forme de bâtonnets.
Ça peut être aussi, d’ailleurs, si on veut, on peut refaire des pastilles, on peut faire des boulettes, on peut donner un peu la forme qu’on a envie. Et voilà, l’idée, c’est… En fait, on peut tout simplement prendre la résine qu’on casse, on peut la broyer dans un broyeur, un blender, ça dépend après à quelle échelle on travaille, ou un marteau, tout simplement. On la réduit en poudre, on mélange de la poudre de plantes, donc différentes plantes qu’on a réduites en poudre par ailleurs, ça peut être des feuilles, ça peut être des fleurs, ça peut être des racines, peu importe la partie de la plante. On mélange ça de manière bien homogène, on rajoute une eau un peu tiède, jusqu’à obtenir une sorte de pâte, et qui est malaxable, donc faut que ça soit ni trop humide ni trop sec. Et donc on va malaxer, donner la forme qu’on a envie, et puis on laisse sécher une à deux semaines, en fonction de la… est-ce que notre cône est très gros ou plus petit, ça va être plus ou moins de temps à sécher, voilà. Pas en plein soleil, parce qu’il faut pas que ça se dessèche trop vite pour pas que ça craquelle. Donc un séchage assez lent, puis le soleil peut dégrader aussi. Et du coup, à la fin, on a notre petit cône, par exemple, qu’on vient allumer et brûler.
Si je peux ajouter juste un ingrédient, c’est qu’on peut mettre des huiles essentielles aussi. Pour augmenter la teneur en parfum. Si on met des pétales de rose, il va y avoir le côté parfumé qui va quand même être très important. Je cite une huile essentielle, une des huiles essentielles les plus chères, mais qui va être les plus concentrées en parfum. Et donc si on met quelques gouttes d’huile essentielle de rose, ça va sublimer la chose aussi.
Oui, d’accord. Et on parlera après un petit peu de la transformation des constituants lorsqu’on brûle, parce qu’on en parle un petit peu dans la sécurité d’utiliser des encens. Donc on voit ces trois bases, résine, simplifiée en plantes aromatiques et peut-être une gomme pour structurer, est-ce qu’on peut se passer de ces trois ingrédients ? C’est-à-dire, est-ce que je peux faire un encens si je n’ai pas de résine, par exemple, ou alors il manque un truc ? C’est plus de l’encens, c’est autre chose.
En fait, encens, c’est quelque chose qu’on brûle pour faire de la fumée et obtenir… Un parfum. Quelque chose. Des fois, il y a des parfums qui ne sentent pas bon aussi. On va brûler de l’azafétida, ça sent… Est-ce qu’on a envie d’avoir une odeur d’ail un peu bizarre dans toute notre atmosphère de maison ? Pas sûr, après ça dépend peut-être des cultures. Mais du coup, on peut quand même travailler simplement avec des poudres de plantes sans avoir de la résine. C’est possible. Ou si je brûle de la sauge blanche, effectivement là j’ai pas de résine quelque part. Enfin, j’ai pas de résine d’arbre, voilà. Et puis en fait, l’encens au sens strict, ça reste la résine de l’oliban, du boswellia qu’on retrouve, voilà. Ces mots sont même synonymes parfois, quoi. Donc ça, c’est l’encens au sens strict, c’est synonyme d’oliban, l’encens, quoi. Et puis si j’élargis la définition, si je prends un sens large, ça peut être un peu tout ce qu’on peut brûler pour dégager un parfum, une fumée, ça peut être même des morceaux de bois, comme je pense au palo santo, par exemple.
Le côté qui fume, c’est important. Parce qu’en fait, ça fait très souvent, dans toutes les différentes cultures qui utilisent l’encens, il y a le côté voir, aussi, et on voit la fumée, et la fumée, on la voit monter, et ça monte vers…
C’est un symbole d’élévation.
C’est un symbole d’élévation, mais aussi de… Si tu veux communiquer avec les entités supérieures, si tu veux que ta prière, elle monte, c’est la fumée qui va la faire monter vers… Donc il y a le côté voir ta prière qui monte.
Le parfum, c’est synonyme de divin, c’est la représentation du divin, et la fumée, elle permet aussi d’y accéder en élevant.
Si on prend un encens très connu comme les encens indiens, je pense à la marque Satya, qu’est-ce qu’on met dans ces encens-là ?
Alors du coup, ça, c’est ce que Satya, ça veut dire vrai. Du coup, donc, il revendique une sorte de pureté, d’ancestralité ou je ne sais pas comment on pourrait dire. Et du coup, ben là, on est du côté plus bouddhiste, hindouiste. Et très souvent, on a du bain joint en termes de résine. Donc, ça va être un peu les mêmes mélanges qu’on a dit tout à l’heure. Finalement, ça va être des mélanges de résine et de plantes. Très souvent, il y a du sental parce que là, on est en Asie et le centale, c’est voilà. Et puis, il peut y avoir d’autres types de fleurs connues qui sont incorporées dedans. Mais ça reste un mélange de résine à base de bain-joint et de poudre de plante qu’on modèle sur un noyau de bambou pour faire un bâton. Et par rapport, du coup, ça reste en fait les encens de meilleure qualité, ceux-là, on pourrait dire, parce que comme ça s’est beaucoup démocratisé en Occident, on va en trouver dans plein de magasins dont je ne vais pas citer les noms de marques, on va dire qu’ils vendent de l’encens bas de gamme en fait et donc du coup forcément ça va être coupé avec des sûres la résine elle va être remplacée avec des cols et donc là quand on va le brûler il faut imaginer que tout ça on va le retrouver dans l’air en fait et ça va être vraiment vraiment toxique beaucoup plus que si on brûle de la plante naturelle en fait donc quelque part les ancens indiens qui reflètent des traditions ancestrales de fabrication ils sont beaucoup moins toxiques qu’il y a des études qui ont été faites par l’UFC que choisir et tout ça on a des données là dessus quoi comme.
Tu l’as dit juste avant moi j’ai vu puisque je suis déjà allé dans des fabriques où en fait on parfumait, on recevait les bâtonnets avec le bambou et puis la poudre de bois autour, agglomérés déjà, et on les trempait dans un mélange de parfums avec de l’alcool. Et après du coup l’alcool s’évaporait, là on sent garder le parfum, et c’était du bois et de la résine, donc je connais pas l’origine, et des parfums de synthèse. Donc ça je l’ai vu faire et c’est ce qu’on trouve ici. Très souvent. Quand c’est pas des marques qui sont… qui sont des marques qui viennent vraiment d’Inde quoi.
Ouais ouais, d’accord. Alors justement, on parle d’encens le plus naturel possible, le moins nocif possible. Quand on utilise ce mot naturel pour les encens, est-ce que c’est pas un peu galvaudé ? Est-ce qu’il y a pas mal d’abus aujourd’hui sur le marché ?
C’est comme pour beaucoup d’autres mots, c’est fourre-tout, en fait. Parce que du coup, naturel, si tu utilises un parfum qui est issu de résine ou de bois, il y a le côté vraiment… Là, du coup, pour naturel et entier, Et après, on va utiliser des mots pour dire naturel, sauf qu’on a fait un isola, et du coup, il y a le côté où il n’y a pas la totalité de la plante ou de l’huile essentielle, et du coup, ça peut être toxique.
Il n’y a pas de label en plus, donc…
Il n’y a pas de label, donc.
Voilà, je ne sais pas ce que tu peux rajouter dessus, mais en sent naturel, on peut tout dire, quoi.
Pour moi, naturel dans notre société actuelle, ça renvoie à ce qui n’est pas lié à la synthèse chimique, quoi. Donc voilà, après, naturel n’est pas synonyme de bonne santé. Quand je fais un feu de bois dans ma cheminée, la fumée, elle est bien naturelle. Et pour autant, si j’en respire toute la journée, ça va devenir toxique et cancérigène.
Il y a différents niveaux aussi, dans le sens où respirer des colles, ça va probablement être largement pire que respirer une résine.
Après, comme il n’y a pas de label, est-ce que ceux qui revendiquent de la naturalité ont vraiment que des ingrédients en pur ? Et puis moi, ce que je constate aussi, c’est que je ne retrouve jamais d’encens fabriqué à partir de matières en agriculture biologique. Ça veut dire aussi qu’il y a une bonne partie du temps où peut-être j’ai des résidus de pesticides qui vont aussi se retrouver dans l’air en fait. Donc ça, c’est quelque chose qui me pose question aussi, comment ça se fait qu’on n’ait pas d’encens bio par exemple.
Vous avez la réponse beaucoup plus que moi. Comment ça se fait ?
Alors j’aurais tendance à penser que sur les matières premières de type résine, c’est à l’autre bout du monde, c’est pas forcément évident, on est dans plein de zones de conflit, ça devient rare et compliqué pour une bonne partie d’entre elles à trouver, donc c’est peut-être pas le truc principal. Il y a aussi encore beaucoup de cueillettes sauvages.
Il y a la cueillette sauvage, mais il y a aussi, c’est des plantes qui ont créé, enfin entre guillemets créé, C’est des plantes qui ont des huiles essentielles dans leur résine pour se protéger des aléas climatiques et qui ont très souvent pas besoin.
Et des agresseurs.
Et des agresseurs et qui ont pas besoin, auxquels nous on a pas besoin d’apporter des traitements chimiques parce qu’elles ont les protections. Et c’est justement ça qu’on va chercher, la résine qu’on va chercher, qui correspond à la protection de la plante. Donc en fait, elle est déjà…
Elle n’a pas besoin de pesticides pour… Est-ce qu’on a des plantations de ces résineux aujourd’hui ?
En Afrique, oui, beaucoup. Il y a du sauvage, mais il y a des plantations.
On peut supposer que chacun de ces arbres, comme les boswellias, toute la famille des boswellias qui nous fournit des résines, n’est pas en agriculture biologique, parce que naturellement, l’arbre sait se défendre. Florent, comment est-ce qu’on choisit ces matières premières aujourd’hui ? On assiste à ton cours par exemple et on aimerait s’acheter le petit kit de démarrage. Alors moi je sais où trouver de la gomme arabique, ça va à peu près. Mais il y a les résines, il y a les aromatiques. Où est-ce qu’on peut acheter tout ça ?
Alors si on tape sur internet, on va en trouver une foultitude de résines. Il y a plein de sites, même des herboristeries aujourd’hui qui en vendent. La difficulté, on en parlait tout à l’heure, c’est qu’on n’est pas sûr d’acheter vraiment ce qu’on veut acheter. Parce que comme il y a des résines qui manquent, c’est remplacé par d’autres.
Du coup, à la fin, on n’utilise plus les mêmes plantes, mais le nom français reste le même. Du coup, on n’est plus très sûr de ce qu’on achète.
C’est coupé aussi.
Ça peut être coupé, effectivement.
Des résines, tu peux couper des résines avec d’autres produits ?
Le benjoin, c’est une résine qui est très souvent coupée avec de la gomme d’amar. Parce qu’en fait les productions elles sont plus assez importantes, c’est raflé par d’autres marchés qui sont un gros marché chinois, très souvent. Donc en fait les populations locales mélangent avec la gomme d’un autre arbre qui est moins parfumé mais qui du coup permet d’avoir du volume.
Donc tu fais fondre ta résine, comment ça marche ?
Je sais pas.
Parce qu’elle est réduite en poudre ?
Ouais peut-être.
Agglomérer avec l’autre ou chauffer, je sais.
Pas j’avoue que j’ai pas trop creusé.
La question ça ce sera par exemple le benjoin dragonfly celui-là c’est un benjoin qui est coupé avec une autre résine et on le trouve très fréquemment sur internet quand on cherche du benjoin.
Il sent super bon c’est une résine très intéressante qui est très utilisée mais elle est loin de ce qu’elle était quand on l’utilisait il y a plusieurs dizaines ou peut-être même centaines d’années elle est maintenant mélangée avec d’autres.
Donc, l’ingrédient le plus complexe à sourcer aujourd’hui, on va dire que c’est la partie résine. On parlera des résines locales après. Mais si on voulait vraiment des résines traditionnelles, il faut trouver les bons fournisseurs. Est-ce qu’on arrive à trouver des fournisseurs aujourd’hui de résine ?
Je pense que oui, sur Internet, on peut trouver.
Après, l’entreprise pour laquelle travaille Adrien a en parallèle une boutique de vente directe du côté de Roque-Baron. Et je ne sais pas, est-ce qu’ils vendent sur Internet ?
Non, elle ne vend pas sur internet. On réfléchit à faire un site, mais oui. Mais du coup, c’est possible de trouver, bien sûr, toutes les résines.
Donc, ce que je veux dire, c’est qu’il y a quand même des grossisstes qui importent et qui sont assez sûres de la qualité, qui ont parfois des antennes en vente directe. Donc ça, c’est possible à trouver. Après bon, pour avoir regardé un peu dans les herboristeries un peu grandes là qu’on trouve en France sur internet, il y en a certaines qui en vendent et on trouve de la matière première. Très probablement qu’elles viennent aussi parfois de grossistes.
Comme on est justement des grossistes, on vend à des magasins.
Il n’y a pas tant de gens que ça qui en importent. Et puis après, sur toute l’autre partie plante, ça reste assez…
Là, on peut trouver du local, il n’y a pas de souci, de la lavande, du romarin, du genévrier, tout ça. On peut même ramasser soi-même.
Tout à fait.
Comment est-ce qu’on crée une nouvelle recette d’encens, un nouvel assemblage ? Il y a une histoire de texture, il y a une histoire de parfum, on veut emmener la personne quelque part. Est-ce que quand vous vous formulez des recettes, de nouvelles recettes, bien vous arrivez d’expérimenter avec des nouveaux mélanges, vous recherchez quoi exactement ?
Il y a la recette de base, avec les ingrédients sur lesquels on ne va pas pouvoir déroger en termes de proportion. Si on veut que le cône puisse brûler, il faut qu’il y ait quand même un certain taux de résine, une certaine partie plante. On va rester sur ces proportions-là. Après, ça peut bouger un peu. Et après, du coup, ce qu’on va chercher, c’est…
Il y a à la fois, à mon sens, parce qu’il faut la praticité d’usage. Et une poudre fumigatoire, des fois, ce n’est pas forcément hyper pratique, parce que c’est comme un rituel. Je veux dire, c’est comme se préparer une tisane ou mettre une capsule de tisane dans la machine.
Là, le bâtonnet, c’est un peu la capsule de tisane et la poudre fumigatoire, c’est un peu se préparer sa tisane dans sa théière et tout ça. Donc il y a la praticité d’usage, il y a à quel point est-ce que ça va bien brûler, donc ça peut être lié avec la résine, il y a le parfum que ça peut dégager, il y a qu’est-ce qu’on va rechercher derrière, donc du coup est-ce qu’on va devoir travailler les couleurs, parce qu’on bosse sur des symboliques avec des saints, je ne sais pas quelles sont nos croyances dans ce contexte-là, il va y avoir une texture de fumée qu’on va rechercher, que ça reste un petit peu dans l’atmosphère, que ça ne soit pas trop vaporeux, il faut qu’il y ait une odeur qui aille bien, et puis derrière, si je veux travailler avec du médicinal bien-être, je peux aussi aller creuser là-dedans en fait. Qu’est-ce que ça apporte en termes de propriété du coup ?
Oui, ce qui nous ramène un peu dans le monde de l’aromathérapie, on pourrait créer un mélange en sang qui est fait pour plutôt stimuler les capacités cognitives ou plutôt calmer…
Des résines qui étaient utilisées dans les hôpitaux pour assainir l’air ?
Oui. Là, on a de la publication scientifique, par exemple, là-dessus, qui vient corroborer des usages ancestraux et qui dit, oui, on trouve effectivement là-dessus des propriétés bactéricides et tout ça, de la fumée de telles plantes. Et c’était utilisé pour nettoyer les hôpitaux. Et puis, d’autre part, il y a l’autre partie, à travers des enquêtes ethno-botaniques, où on est allé collecter les savoirs des populations locales, regarder comment est-ce qu’ils utilisaient les encens et les fumigations, dans quel objectif, et puis se dire ça a quel effet sur le corps. Et on va regarder en testant, c’est la science moderne, on va aller tester sur des rats d’abord, on va aller voir les compositions moléculaires de la fumée, et on se rend compte qu’ils ont raison. Finalement, moi j’ai l’impression qu’on est un peu une génération de la synthèse entre les outils modernes et ces savoirs anciens qu’on ne veut pas perdre.
On a un petit peu le pied dans chaque secteur, parfois on fait un petit peu le grand écart parce qu’on nous demande encore et encore des validations scientifiques qui parfois n’existent pas.
Et puis ça reste, la science ça reste une modélisation du monde en fait. Donc à quel point est-ce que ce modèle colle au monde ? Je ne suis pas sûr que des expériences sur des rats en labo ou dans des boîtes de Pétri reflètent la réalité du monde. Et des personnes qui utilisent un enceint ou une poudre fumigatoire depuis 5000 ans et qui ressentent des effets sur leur corps, ils ont peut-être suffisamment expérimenté pour pouvoir prétendre que ça marche.
J’ai mon ami qui est en Haute-Savoie et qui s’intéresse beaucoup aux traditions locales et qui parle de fumigation de racines d’impératoire, qui est une apiacée, une racine très aromatique, un peu comme une angélique. et que certains gamins étaient noirs de fumer, parfois certains hivers, pour les aider à guérir une infection respiratoire. Et donc finalement on voit ça même chez nous, dans nos régions.
Ce que montrent les enquêtes ethnobotaniques qui ont été faites sur les cinq continents, c’est qu’il y a avant tout des usages justement pour ça, de la fumée, pour les systèmes respiratoires et pour ce qui est neuropsychologique. Et puis après, une toute petite portion qui est pour le côté dirigé vers des organes, la peau, les parties génitales, ça c’est plus… voilà. Et très souvent c’est dirigé tout ça, et en fait c’est une infime petite partie, ce qui aujourd’hui est répandu chez nous, c’est-à-dire de le répandre dans l’air comme ça de manière non ciblée, c’est 4% des usages dans ce qui a été retiré des enquête Ethnobota. Il y a un peu l’idée que la fumée pénètre les orifices en fait.
Est-ce que tu pourrais nous montrer quelques matières premières très connues et puis leurs provenances ? Il y a des belles couleurs, il y a des beaux parfums.
Ah, parler des différentes résines ? Du coup, là, c’est des larmes de Somalie. Donc en plus, j’ai trié… Alors, pas ça, parce que ça, c’est de la gomme arabique. Il y a des petites gouttes de gomme arabique. Mais en fait, du coup, ça, c’est boswellia sacra. Donc c’est les encens qu’a fait planter Hatshepsut, qui est allé en Arabie, qui a fait partir… Enfin, qui est allé, qui a emmené des gens sur la péninsule arabique pour qu’ils leur ramènent ces encens-là. Donc, ça fait partie des choses les plus chères et les plus recherchées.
D’accord. Boswellia sacra, c’est l’un des résidus les plus chers.
Voilà, c’est l’encens de base, en fait. Et du coup, il y a des gouttes qui sont des fois, tu vois, bleutées.
Ah oui, oui.
Vertes, bleutées. C’est un petit peu le gage de qualité, quoi. Mais ça, sur un sac de 25 kg, si je m’amuse à trier, j’en sors, allez, 200-300 grammes.
Tu veux dire les bleutés ?
Les bleutés, il y en a vraiment très peu.
Les plus pures ?
Les plus pures et c’est peut-être même celles qui sont les plus chargées en huile essentielle. Je ne sais pas vraiment. Il y a une autre espèce qui s’appelle Boswellia freireana qui fait presque que des gouttes vertes comme ça, vertes bleutées. Donc ça c’est la base pour ce qui est péninsule arabique et puis un peu Afrique aussi. On a cette plante-là qui est le sang, enfin cette plante, cette résine, c’est le sang de dragon donc ça se présente sous cette forme-là quand on le reçoit.
Ça c’est une boule de résine pure ?
C’est une boule de résine pure, c’est issue soit d’un palmier, soit d’un dragonnier. Donc du coup, un dragonnier, c’est la petite plante qu’on a là, je ne sais pas si on la voit, un Dracaena. Les gens connaissent cette plante-là. C’est une plante qui a une résine qui est rouge. Et donc ça du coup, c’est Daemonorops draco ou une autre espèce, c’est un palmier grimpant. on récupère la résine qu’il y a autour du fruit, et après, en fait, avec un torchon ou un tissu, on vient presser, et c’est pour ça qu’il a cette forme. Et ça, c’était la petite étoile, c’est.
Le petit sceau de qualité.
Du coup, ça pouvait venir à la fois pour certains arbres, des Canaries… Des Canaries, de Socotra. Socotra, c’est très compliqué maintenant à faire venir, et puis on protège le milieu aussi. Ou alors de Malaisie. Ça, ça vient de Malaisie, du coup.
Donc ça, une boule comme ça, on pourrait la garder des décennies, même des siècles, sans perdre…
Des siècles, je sais pas, j’en pourrais pas aller jusque là. Mais du coup, ça c’est une boule qui vient de l’ancien travail que j’avais, donc ça fait 20 ans presque que je l’ai. Ça n’a pas bougé. Et si on s’amuse à en casser, l’odeur est la même que celle qu’on peut trouver encore maintenant. T’as du bainjoint, donc pareil, c’est la péninsule… tout ce qui est péninsule asiatique. Ça c’est benjoin du siam et c’est celui qu’on citait juste avant pour la… il a un côté caramel vanille mais il y a des molécules du coup qui vont servir à désinfecter l’air.
D’accord, et là, ça va donner une fumée de couleur légèrement rosatre.
La fumée, je crois qu’elle ne change jamais de couleur.
Ça reste blanc.
Ça serait intéressant de trouver un truc qui colore la fumée.
Ça, c’est du copal. Flo l’a cité tout à l’heure. Et ça, c’est le côté encens maya. Maya et Amérique centrale. Et du coup, ça doit s’être exporté en Amérique du Nord. Je pense que du coup, les populations, elles communiquaient. Ils ont dû faire la même chose que chez nous en termes de route de l’encens.
Et vous, quand vous respirez, quand vous sentez un encens aujourd’hui, vous arrivez à peu près à dire, ça c’est un encens indien, ça c’est un encens qui vient de…
Oui, quand tu connais les résines, après tu sens… Quand tu connais les résines, tu vois les régions d’où ça provient. T’as la sauge blanche d’un côté, et puis la sauge officinale de l’autre, qui est notre sauge locale. Et puis celle-ci, c’est plutôt la… Tu la connais bien. C’est la sauge qui vient de Californie.
Tu veux parler de cela, peut-être ?
Oui, en fait, je voulais aussi montrer ça. Du coup, ça est la résine d’épicéa. Parce que là, pour le coup, on est du côté local. Voilà, donc ça, ça peut être simplement, on n’est même pas obligé d’aller faire du gémage, faire des incisions sur les arbres et tout ça pour récolter. En fait, il suffit de se balader sur les pistes forestières en montagne. Et puis, quand les arbres ont été blessés par les coupes des branches pour pouvoir laisser passer les véhicules, on a de la résine qui a séché ou partiellement séché. On la collecte, on la fait sécher pendant des semaines, des mois à l’air libre et puis au bout d’un moment, ça nous fait des gouttes comme ça qu’on peut tout à fait utiliser en ensang derrière.
Du coup, c’est quoi le problème d’utiliser une résine de conifère de chez nous, de pin, d’épicéa, de sapin ?
Je pense que la densité de la résine n’est pas la même. Et en fait, le côté oliban, il est présent en termes de l’essentiel et d’odeur. Un peu frais, un peu citronné, mais j’en parlais justement avec mon oncle, parce qu’il a essayé aussi. Et en fait, c’est la durée de combustion. Peut-être que c’est une sorte de densité d’huile essentielle. Et du coup, la durée de combustion n’est pas la même. Et en fait, ça va fumer. Ça va fumer plus longtemps, peut-être. Mais le côté parfumé, frais est présent moins longtemps qu’avec l’oliban.
On a vite un côté… Enfin, à la fin, on termine souvent avec un côté bois brûlé plus rapidement qu’avec une résine de boswellia, par exemple. mais ça dépend ce qu’on utilise encore, parce que si on prend dans les conifères du pin ou de l’épicéa, ça peut faire ça, la résine a la tendance à bouillir sur le charbon, et par contre je trouve que si on fait ça avec des genévriers, on l’a fait avec plusieurs genévriers, du fénici, du cade, voilà, on a moins ça quand même, ça se rapproche déjà plus de l’oliban pour moi, ce qui expliquerait peut-être qu’après le turifère qui est réputé pour avoir un côté élévation encore plus fort que les autres genévriers a été utilisé, parce qu’il se rapproche dans la manière dont il brûle, du boswellia par exemple.
On ne l’a pas encore essayé celui-là.
Après pour les fabrications d’encens maison, on va dire que ça brûle un petit peu plus ou un petit peu moins. Ça va le faire, c’est juste qu’après pour les parties encens scriptées.
Pour ton rituel, si tu as un encens qui au bout de deux minutes commence à sentir le bois brûlé, c’est moins… Donc du coup, c’est pour ça qu’ils utilisaient plutôt l’oliban. En l’occurrence, moi, ce que je connais, c’est dans les églises. Voilà, c’est le côté, tu balances ton encensoir et puis les gens qui sont au fond n’auront pas le côté bois brûlé par rapport à ceux qui sont devant.
D’accord, d’accord. Qu’est-ce qu’on a ici ?
Ça, c’est une poudre qu’on fait nous. Du coup, qui est un mélange dans les proportions qu’on disait tout à l’heure. tu en as la moitié qui est une résine, donc là en l’occurrence c’est de l’oliban, et puis l’autre moitié c’est deux plantes, tu as de l’absinthe et du laurier noble. Et là l’idée c’était de travailler à la fois entre ce qui est trouvé dans les enquêtes ethno et ce qu’on montre dans les propriétés de la fumée, de faire un ensemble qui était dédié à la méditation et à la concentration. Un peu côté à la fois apaisement, anxiolytique, puis stimulation, de la mémoire, de la créativité, quoi.
Et ces poudres-là, on les met sur un petit brûloir ?
Soit tu peux simplement chauffer par dessous pour libérer un parfum, et ça c’est bien parce que tu sais que dans l’air, t’auras pas de molécules issues de la combustion, soit tu peux la faire brûler pour avoir de la fumée, et comme t’as 50% de résine, t’auras une fumée assez dense pour faire un petit peu le reste. Mais surtout, l’intérêt, c’est que derrière, tu peux modeler tes petits cônes, en fait, quoi.
Donc avec la poudre, tu peux fabriquer tes cônes, après ?
Ouais. Tu peux les fabriquer comme ça ou derrière c’est le même mélange pour lequel tu pourrais, ça c’est pas nous qui le faisons, c’est issu des encens indiennes, mais c’est comme ça qu’ils font, c’est ce genre de poudre qui est roulé là-dessus.
Une poudre à encen, de la gomme arabique, de l’eau.
Ou même pas forcément de la gomme arabique. Tu peux avoir simplement de la résine et des plantes.
Donc si je mélangeais cette poudre avec un petit peu d’eau, je fais mes cônes, ça va brûler bien ?
Celui-là, il est juste ça. Alors le seul truc c’est qu’il faut le laisser sécher au moins entre une et deux semaines pour que ça brûle correctement, parce que comme c’est épais quand même, il faut que ça sèche au cœur.
oui, oui, je vois. Sinon ça ne brûle pas.
C’est un peu l’idée du truc.
D’accord. Bon, ensuite on a des encens indiens ici, de différentes marques.
C’est ça.
Du coup celui-là est différent, il n’a pas le bambou.
Ça c’est des encens français. Ah oui, c’est vrai qu’on n’en a pas parlé. ça, en fait, c’est cette poudre-là, mais au lieu, enfin, c’est ce genre de poudre, au lieu de la rouler en cône, on la roule en boudin, en fait, mais simplement, il n’y a pas de noyau de bambou. Donc là, c’est intéressant aussi parce qu’on n’a pas ce bois qui va brûler avec. On enlève encore une partie qui serait peut-être indésirable et qui n’a pas vraiment d’intérêt. Ça c’est vraiment un des encents en médecine en tibétaine.
Ça c’est un encent qui est pressé. C’est dans un piston et puis ils pressent et après ils mettent les petits boudins.
J’avais une question au sujet d’un encens 100% local. On revient un petit peu à cette histoire de circuits courts, est-ce que c’est un fantasme occidental de penser qu’on aurait tout ici pour fabriquer nos ensembles et qu’on y faire, ou même dans les résines on a le pistachier lentisque, on a la propolis, on a plein de résines ?
Je pense que oui, complètement. Finalement on substitue la résine par une autre, puisqu’on en a plein, voilà tu les as cités, on peut prendre dans les genévriers, dans les épicéas, dans les pins, dans les pistachés. On peut utiliser de la propolis et puis derrière on utilise d’autres plantes, on peut faire de la poudre de bois de cèdre, de la poudre de bois de cadre qui pourrait remplacer du sental, la poudre de sental voilà on peut tout à fait formuler localement.
Et si on parlait des bénéfices et des inconvénients pour la santé, justement. On a commencé à en parler un petit peu, de la fumigation. Donc les bénéfices pour la santé, on a évoqué le système aspiratoire, avec peut-être assainir l’air, tout ce qui est infectieux. Le système nerveux, parce que bien sûr on peut relaxer, stimuler la sphère cognitive. On nous a parlé de fumigation, qui était peut-être ciblée vers des zones du corps, toujours dans des buts de désinfection, je suppose, des situations infectieuses.
Pas forcément. J’ai lu des enquêtes ethnobotaniques, notamment en Afrique, où les personnes utilisent des fumigations orientées vers les parties génitales. Ça peut être pour favoriser des accouchements, par exemple. Donc là, on n’est plus dans un autre domaine.
Côté littérature scientifique, toi tu as fait une recherche bibliographique assez avancée, je pense. On a quelques données, on a des études sur animaux, on a des études qui sont faites sur des pièces de différentes tailles pour montrer que les encens détruisent différents types de bactéries, différents types d’insectes. On n’a pas d’études sur humains, je suppose, à l’heure actuelle.
Si, on a quand même un encens à base de santal et de lavande, où on a mesuré les ondes cérébrales pendant la fumigation sur des humains pour le coup. Et là, en fonction des ondes qui sont observées avec, je crois que c’est un électroencephalogramme, ils arrivent à voir un effet sur la personne pour ce qui est côté relaxant et compagnie. Ça fait un changement d’état d’onde cérébrale avec l’exposition à l’encens santal lavande par exemple.
Oui, je suppose que c’est compliqué vu qu’on a décidé de mettre les encens dans la catégorie problématique pour la santé. Tu me dis si je me trompe, mais voilà, ça a été un peu classifié comme problématique pour le système respiratoire, irritant. J’ai ta page où tu parles des substances justement problématiques. Benzène, toluène, éthylbenzène, styrène, formaldéhyde, acétaldéhyde, acroléine. Alors pas tous les ensembles vont libérer ces substances-là bien sûr parce que s’il n’y a pas de colles, s’il n’y a pas d’ingrédients de la pétrochimie ou autre, on ne va pas avoir ce type de problème. Mais globalement, parlons un petit peu toxicité et bonne pratique.
L’idée qu’il faut avoir en tête quand même de base, c’est que si on brûle quelque chose, que ça soit naturel du coup ou synthétique, il y a une transformation des molécules et dans l’air on va avoir des molécules qui sont toxiques. Après pour moi c’est toujours l’idée, est-ce qu’on est exposé souvent ou pas, et ça c’est ce que les études sur la santé démontrent aussi, c’est que si on a une pratique où on ne s’expose pas trop souvent, puis ça nous renvoie aussi au fait que les encens c’est aussi des matières précieuses, et que c’est pas juste un objet de consommation, voilà, donc ça fait le lien entre à la fois le respect de la matière et notre propre santé, je trouve que c’est intéressant, donc on essaye de pas s’exposer trop souvent, et puis l’idée derrière c’est d’aérer les pièces. Donc on essaye de pas rester enfermé dans la fumée, on fait sa fumigation, dans l’idéal on peut même ouvrir pendant qu’on fait la fumigation, et puis derrière on ouvre la pièce. En fait les mesures de toxicité, elles démontrent que ça décolle de manière exponentielle au fur et à mesure que la fumée s’accumule. Et puis dès qu’on ouvre, ça décroît de manière exponentielle en fait. Donc en fait si on baigne dans la fumée, on s’expose à un risque, peu importe la matière. Après, ce qui démontre, c’est que des usages à une, deux, trois fois par semaine ne sont pas tellement problématiques. J’imagine qu’habiter au bord des périphériques, c’est bien plus dangereux que brûler de l’encens deux fois par semaine.
Qu’est-ce qui nous manque en termes de données scientifiques ? S’il y en avait un budget qu’on peut investir dans la recherche, c’est quoi que vous intéresserez-vous de savoir au sujet des encens pour les bénéfices de santé ?
Là on l’a dit un petit peu, finalement dans les recherches sur les produits, on va dire qu’il y a des usages traditionnels. on va faire brûler cet encens, on va regarder la composition de la fumée, et est-ce que les molécules peuvent corroborer, de ce qu’on sait comment elles agissent sur le corps, l’usage traditionnel. Donc ça peut être ça la démonstration, ou ça peut être on va exposer des rats ou des souris à ces fumées-là, et on va voir qu’est-ce que ça leur fait. Et du coup finalement il y a très peu d’études où on expose directement des humains pour voir ce que ça fait en fait. Donc peut-être ce serait ça, ce serait si on veut bricoler de manière scientifique aujourd’hui, ça serait peut-être d’aller simplement chercher des humains et refaire la même chose qu’on fait avec les rats, mais avec des humains.
Puis il y a l’approche aussi, c’est-à-dire que si tu cherches quelque chose, tu vas le trouver ou pas. Mais on peut se dire, qu’est-ce que ça fait, sans forcément poser de pseudo-réponse ou de réponse potentielle à la fin, et dire bon ben voilà, on va utiliser cette plante, cette résine, et on va essayer de voir qu’est-ce qui change dans le… je sais pas si c’est la psyché ou du moins dans le corps de la personne et essayer d’être un peu plus ouvert sur ce qui peut advenir quand on met en place le rituel et qu’il y a l’émission de la fumée.
Vous avez parlé du papier d’Arménie, Florent, c’est-à-dire d’abord faire une macération alcoolique de résine ou d’autres substances, et ensuite on trempe un papier dedans, on l’imbibe de cette substance résineuse aromatique pour la faire brûler. Par la suite, on connaît bien le papier d’Arménie pour ça. Est-ce que vous avez déjà testé d’autres macérations peut-être sur d’autres papiers ? C’est un truc que vous avez… Un petit peu exploré ?
Non, on n’a pas testé ça particulièrement. Pourtant en plus, je pense que ce n’est pas si difficile que ça à mettre en œuvre. Parce que l’idée, c’est de charger le papier en sel pour qu’il ne se consume pas trop vite d’abord. le faire sécher et derrière, effectivement, on trempe dans un bain de résine qu’on a dissous dans l’alcool et on le fait sécher.
Moi, j’ai déjà fait tremper des résines dans de l’alcool pour pouvoir faire des parfums d’intérieur. Donc, en fait, on aurait juste à récupérer ce parfum-là pour pouvoir l’appliquer sur le papier d’Arménie.
D’accord. Je vais simplifier à l’extrême, mais dis-moi si ça marche. Je prends un papier buvard, je le trempe dans une eau qui est peut-être saturée en sel, Je fais sécher et ensuite je trempe ça dans une teinture de propolis. Je fais sécher, je découpe des petites mandelettes. Ça fonctionne ?
Ça devrait. Dans l’idée, ça devrait, oui.
Il n’y a pas de raison que ça ne puisse pas marcher.
On va peut-être essayer. Ce n’est pas compliqué de tester ça. Est-ce qu’un jeune qui voudrait se lancer, fabriquer des encens naturels pour en vivre, est-ce qu’il y a un métier ? On a besoin de quoi pour réussir ?
Je pense que oui, mais après, il y a beaucoup de côtés. Tout dépend de l’optique, mais un côté autodidacte si quelqu’un veut se lancer là dedans. Parce que moi, c’est quand même vraiment très, très particulier ce que je fais. C’est que du coup, on est vraiment très peu à faire ce métier là et on utilise des vieilles recettes qui sont destinées à des lieux de culte.
Si tu vas sur un truc qui est plus alternatif, présent, je pense que du coup, il faut aller piocher dans tout ça, tout ce qu’on peut trouver, notamment ce que fait Flo, donc aller faire de la biblio et aller chercher un petit peu partout pour essayer de créer une synthèse de tout ça. Mais oui, je pense qu’il y a quelque chose qui peut être intéressant.
Quelque part, c’est la question que tu soulèves. Est-ce qu’on peut le faire de manière locale ? Quelqu’un qui veut se lancer pourrait tout à fait imaginer travailler comme ça, que ce soit un petit peu le… le cœur de son travail et puis cibler des gens qui s’intéressent à de la matière 100% locale, éthique, bio.
Tu dis, Adrien, il y a un marché religieux qui est très scripté, fermé avec des canaux de vente qui sont probablement réservés à quelques sociétés ?
C’est maintenant des grosses sociétés. Et puis du coup, il y a le culte qui fait qu’il y a des habitudes de consommation de telle ou telle paroisse. Et donc ça, c’est quelque chose qui va être un petit peu plus dur à faire bouger. Après, quelqu’un qui va aller avec une démarche un peu alternative, sur des terrains qui peuvent être le bien-être, qui peuvent être le néo-chamanisme, qui peuvent être religieux mais peut-être un petit peu moins dogmatique et un petit peu plus emprunt d’une tolérance et de diversité, va pouvoir développer une gamme qui marche.
Et vous, dernière question avant de terminer, vous utilisez pourquoi les encens ?
Alors, on en discutait justement tout à l’heure, il y a pas mal le côté parfum, donner une bonne ambiance. Quelque chose que je retrouvais dans les publis et qui m’a fait poser moi-même question, c’est en fait le côté convivial, effectivement. Il y a quelqu’un qui vient chez toi, tu fais brûler un encens avant. Il n’y a pas que le parfum, ça donne une atmosphère en fait. Voilà, il y a ce côté-là. Parfois je vais me dire, bah tiens, je vais brûler du bainjoin pour assainir la maison, la purifier d’un point de vue bactériologique par exemple. Ou du coup, si je m’oriente vers une pratique bouddhiste, ça peut être une offrande d’ensemble, parce que c’est l’offrande qui remplace toutes les autres offrandes, par exemple. Ça peut être aussi une manière de se préparer à une méditation ou à un enseignement. Ça peut être de se dire, je vais un petit peu chercher de l’apaisement, quelque chose un peu anti-stress, je vais utiliser un boswallia, un oliban, un côté anxiolytique. On peut après aller rechercher les résines ou les plantes, qu’est-ce qui est décrit, quelles sont leurs propriétés, et puis l’utiliser comme ça. Moi, je vais assez faire ça.
Pour te mettre dans un certain état d’esprit ?
Oui. Ou par exemple, je vais me dire aussi, si je brûle du storax, ou si j’utilise un lien avec le sys, ça a quelque chose d’hyper sensuel, ça donne une autre ambiance dans la maison.
Oui, puisqu’il nous parle à nous aussi personnellement, parce que dans ce qui me concerne, j’ai testé pas mal d’encens et de parfums, et dans certains moments difficiles, ce qui m’a le plus aidé, c’est la sauge blanche. Je pourrais pas expliquer pourquoi, mais c’est venu me poser une chape de tranquillité sur moi et m’ouvrir, et ça m’a fait un bien fou, alors que d’autres résines ou parfums ou encens n’ont pas cet effet-là sur moi.
Moi, c’est marrant, j’ai eu cette discussion avec mon oncle, du coup, la semaine dernière, Et il me disait, c’est un bricoleur invétéré, il aura toujours son petit atelier. Il me dit, des fois quand je bricole, je mets un charbon et puis des petites gouttes d’oliban. Et en fait, ça me met bien, ça me met dans une espèce d’ambiance apaisée. Et j’ai plus de lucidité quand je vais bricoler, quand je vais créer mes objets. Parce qu’en fait, quand il n’a pas une pièce, il l’usine, il la crée. Et du coup, ça le met dans un espèce d’état de quiétude qu’il n’a pas sans ça, en fait. Il a 80 ans et il utilise toujours tout plein de machines et il est toujours en train de créer des nouveaux trucs avec son petit oliban qui brûle à côté.
Et voici une pensée pour la fin. Brûler de l’encens pour trouver la créativité de créer de nouveaux encens. On va terminer là-dessus. Florent, merci, Adrien, merci pour votre générosité, pour votre partage. On est ici à la ferme de Perdicus. Merci pour toutes ces connaissances.
Merci à toi.
Petite rectification : une lectrice nous dit que « nature et progrès » a un cahier des charges très précis et délivre une certification bio concernant les encens.
Avant de poster, merci de lire les instructions ici
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5 réponses
Merci pour cette interview qui m’a fascinée et particulièrement intéressée!
Florent et Adrien sont passionnés et passionnants. J’habite Miami d’où je vous suis, mais je viens de consulter leur site internet, et j’espère vraiment que j’aurai l’occasion d’aller visiter la ferme un jour et acheter de leurs produits!
En tout cas, je prends note de ce lieu paradisiaque.
la purification de l’air intérieur par de l’encens même naturel est efficace?
les personnes ayant des pathologies respiratoires ne doivent pas utiliser ces produits, car cela relargue des irritants respiratoires naturels et de synthèse (aldéhydes, alcools).
Un jour, je vais chez une patiente qui possédait de l’encens tressé tibétain qu’lle brûlait dans ses toilettes…j’ai mesuré une énorme concentration de formaldéhyde.
L’air ne doit pas avoir d’odeur.
Un grand merci !
Très intéressant, j’ai appris pas mal sur le monde de l’ encens.
Merci aussi d’ avoir développé les questions sur le côté local, très inspirant.
Extrêmement intéressant ! Merci beaucoup pour cette interview qui ouvre des perspectives et qui couvre large !
Un seul commentaire négatif… j’ai compté 112 » du coup » (désolée pour les guillemets anglais) en 60 minutes d’interview ! Merci mille fois de les avoir effacés à la transcription !!
merci monsieur pt votre connaissance passionnée je suis fil d’un grand de la medecine et de la recherche