Résultats de la recherche pour : calendula
Souci (Calendula officinalis)
Souci
(Calendula officinalis)
Lorsqu'on me demande quelle est la première plante médicinale que l'on devrait introduire au jardin, je réponds sans hésiter le souci. Lorsque l'on prend en compte valeur esthétique, médicinale et facilité d'entretien, le souci est dur à battre. Je vous propose sa fiche complète ici, accompagnée d'une vidéo.
Notez que son cousin sauvage, le souci des prés (Calendula arvensis) aux petites fleurs jaunes orangées, peut être utilisé d'une manière interchangeable. Je vous propose des photos de C. arvensis plus bas.
Mais d'abord, une petite vidéo...
[Lire plus...]
Onychomycose : traitements naturels (mycose des ongles des pieds)
Onychomycose traitements naturels (mycose des ongles des pieds) : (abonnez-vous au podcast ici)
Aujourd'hui on va parler d'une condition qui est tout à fait bénigne mais assez pénible à résoudre : l'onychomycose, et on va parler plus spécifiquement des traitement naturels qui sont à notre disposition.
Onychomycose : c’est-à-dire la mycose des ongles, des pieds particulièrement vu que c'est l'endroit qui est le plus souvent touché.
C'est une question que j'ai reçue très souvent au fil des années. Et je crois comprendre qu'il y a une certaine frustration, car on donne l'impression sur internet que s'en débarrasser c'est facile, qu'il suffit d'appliquer quelques gouttes d'huile essentielle de telle ou telle plante sur l'ongle et terminé, mission accomplie, on va voir disparaitre la mycose au bout d'une semaine.
Vous avez bien vu qu'en pratique, c'est pas si simple. Dans cet épisode, on va décortiquer tout ça, on va essayer de prendre du recul sur cette condition, de voir comment on peut l'accompagner d'une manière la plus holistique possible. Et on va bien sûr vous créer, au passage, une boîte à outils simple à mettre en place et la plus efficace possible.
Onychomycose (mycose des ongles des pieds)
On démarre par quelques généralités, parce que avant de décortiquer le problème, il faut le comprendre. L'onychomycose, c'est une mycose de l'ongle du pied. Elle touche entre 8 et 10% de la population (1), donc elle est relativement courante comme vous le savez probablement.
Une mycose, c'est une infection fongique. Une infection fongique, c'est une colonie de champignons microscopiques qui s'installent sur la peau, le cuir chevelu, le tube digestif, la muqueuse génitale, etc. Ici, les champignons se développent sur le plat de l'ongle, donc la partie dure, ou sur le lit de l'ongle, qui est la couche de peau sur laquelle l'ongle repose, donc localisée sous l'ongle.
Et il faut savoir que l'infection peut toucher ces deux zones simultanément, c'est une information importante car ça va nous dire à quel endroit appliquer certaines préparations que l'on verra dans quelques minutes.
Cette mycose va déformer l'ongle, et au long terme lui donner une apparence épaisse, jaunâtre et fragile, qui s'effrite. Parfois il peut y avoir une apparence blanchâtre aussi. Il peut y avoir une séparation du lit de l'ongle par rapport au plat de l'ongle. En tout cas, à ce stade, la première des choses à faire, c'est d'obtenir un bon diagnostic de votre médecin. En particulier pour s'assurer qu'il n'y ait pas une teigne des pieds, ou un traumatisme de l'ongle plutôt qu'une mycose, ou un psoriasis, etc. C'est vraiment important.
Si c'est une mycose, en général ça commence avec l'ongle du gros orteil, et petit à petit ça peut affecter les autres ongles aussi. C'est pas obligé mais ça peut s'étendre. Et oui, c'est contagieux, c'est comme ça que vous l'avez attrapé à l'origine. Mais il faut pousser la réflexion un peu plus loin que ça.
Les conditions idéales pour une mycose des ongles
Comment se développent ces champignons exactement. Pourquoi à cet endroit. Et pourquoi chez une personne en particulier et pas une autre ?
D'abord, parlons des conditions locales au niveau du pied. Si je vous emmène chez moi dans la garrigue provençale, en plein soleil par temps sec, je peux vous garantir qu'on ne va pas voir de champignons. Par contre, si je vous emmène sous les chênes, à l'ombre, avec une bonne épaisseur d'humus, après quelques pluies à la fin de l'été et si la température est bonne, on va peut-être se ramasser quelques cèpes.
Donc déjà, chaleur et humidité sont deux facteurs qui facilitent le développement d'une onychomycose. Il y a donc une réflexion à faire chez le sportif, chez la personne qui transpire souvent des pieds, chez la personne qui a les pieds humides peut-être parce qu'elle travaille en extérieur dans des conditions d'humidité. Bien sécher les pieds après une douche, en particulier entre les orteils, porter des chaussettes et des chaussures qui permettent aux pieds de respirer, etc.
Ensuite, il faut voir s'il n'y a pas de microtraumatisme. Chaussures trop petites par exemple. Si vous avez fait une longue randonnée et que vos ongles frappaient sur le devant de la chaussure, je pense que vous voyez de quoi je parle. Ces microtraumatismes vont affaiblir l'ongle et le rendre plus susceptible aux infections.
Ensuite, vous savez probablement que si vous marchez pieds nus dans des endroits qui sont très fréquentés comme les abords des piscines ou des douches publiques, vous augmentez les probabilités d'attraper ce genre de mycoses.
Onychomycose, le terrain : immunité, circulation, microbiote
Mais c'est toujours pas suffisant. Il faut se pencher sur le terrain global de la personne.
➜ Si la condition résiste aux différents traitements qui ont été fait dans le passé, on va se poser la question suivante : est-ce que l'immunité est bonne ? L'immunodépression est un facteur de risque. Peut-être à cause d'une fatigue, ou d'une condition chronique, ou de la prise de certains médicaments, ou autre. C'est une réflexion à faire si vous avez du mal à vous débarrasser d'une mycose des ongles.
Il peut y avoir une logique de faire une cure de plantes qui soutiennent l'immunité pendant une certaine période. L'une de mes favorites, c'est l'échinacée, que je cultive personnellement depuis plus de 10 ans, et je sais que de nombreux producteurs français en cultivent.
➜ Autre facteur de risque : une mauvaise circulation. Ceci va affecter toute la zone, avec une incapacité à fonctionner d'une manière optimale, à obtenir des nutriments, à éliminer les déchets.
Là il peut y avoir une logique de faire une cure de plantes qui soutiennent le retour veineux et lymphatique, de type feuilles de noisetier, ou galbules de cyprès toujours vert, ou vigne rouge, ou autre.
➜ Il faut parler microbiote aussi. Si des champignons opportunistes se développent sur notre peau, nos muqueuses, nos tissus, c'est peut-être que la flore locale ne nous protège pas assez. Et je vous rappelle que la flore de tous nos tissus est orchestrée par la flore intestinale. Donc lorsqu'il y a chronicité, on revient à l'intestin et on pense aux aliments fermentés, aux probiotiques si nécessaire.
Si vous voulez des solutions durables, ces sujets sont importants. Bon là je passe rapidement car ce n'est pas le but de cet épisode, on va pas s'étendre sur ces sujets, mais ils sont importants. Et ils impliquent bien sûr des réflexions beaucoup plus larges qu'appliquer quelques gouttes d'huile essentielle sur l'ongle. Pour certaines personnes, et selon la durée et la chronicité du problème, elles sont super importantes.
Onychomycose : préparation de l'ongle
Je vous propose maintenant qu'on parle des outils naturels que l'on peut utiliser d'une manière plus locale.
Tout d'abord, il faut préparer l'ongle pour une bonne application. Si l'ongle a déjà été bien affecté par la mycose, qu'il a cette apparence épaisse et qui s'effrite, il faut passer voir un podologue qui va préparer l'ongle pour que vous puissiez faire une bonne application. Sinon votre application locale ne sera pas efficace, elle ne pourra pas atteindre les endroits où le champignon s'est infiltré.
Alors oui, on pourrait faire ça soi-même, à la maison, avec des limes ou autres outils plus ou moins artisanaux... et au fil des années, j'ai vu un peu des horreurs... donc personnellement je ne vous le conseille pas. Vous avez des personnes formées pour ça et qui vous éviteront de faire des bêtises, de vous blesser ou d'affaiblir encore plus l'ongle.
Pour les applications locales, une fois que l'ongle a été nettoyé et désépaissi, je conseille une approche en 2 temps si vous avez la patience de mettre ceci en place.
1. Applications locales infusions/teintures
On va appliquer un mélange avec de l'eau et des teintures. On va faire cette manipulation le soir, avant d'aller au lit. Le but ici, c'est d'appliquer une préparation aqueuse qui va bien pénétrer et imbiber les différentes zones de l'ongle.
Quelles plantes utiliser ? Des plantes antifongiques bien sûr. J'aime beaucoup les plantes aromatiques qui contiennent des constituants antifongiques comme le thym commun, qui est un puissant désinfectant, antibactérien, antiviral, antifongique. Le laurier noble aussi, très bien. On peut très facilement préparer des teintures de ces deux plantes comme je vous explique dans mon programme sur la fabrication de produits à base de plantes.
Il y a d'autres plantes antifongiques qui font d'excellentes teintures pour les onychomycoses. Le souci (Calendula officinalis), sans hésiter, l'une de mes favorites. L'aunée (Inula helenium) est très antifongique aussi. La teinture de brou de noix est excellente.
On peut mélanger plusieurs teintures ou juste utiliser le souci. Et personnellement, en termes de dilution, je fais 1 volume teinture (ou mélange de teintures) pour 2 volumes d'eau ici. Et j'en prépare juste assez pour appliquer directement sur l'ongle à l'aide d'une compresse. Donc par exemple, dans une petite bouteille de 30 ml, je vais mettre 10 ml de teinture, donc 1/3 de la bouteille et je complète avec 2/3 d'eau.
Ensuite on applique en faisant couler quelques gouttes directement sur l'ongle, avec un compte-gouttes. On se met dans la douche pour ne pas en mettre partout. On va essayer de couvrir la zone sous l'ongle et la zone sous la cuticule, des zones qu'on appelle éponychium et hyponychium. Ce sont des replis dans lesquels les champignons vont se développer donc il ne faut pas les oublier.
Ensuite on laisse sécher. On ne va pas rincer bien sûr mais juste laisser sécher. Attention certaines teintures de plantes peuvent tâcher. On laisse à l'air libre, et ça tombe bien vu qu'on fait ça le soir, avant d'aller au lit et qu'on n'aura pas besoin de remettre les chaussures.
2. Applications locales huiles essentielles
Le lendemain matin, on va faire une application grasse à base d'huiles essentielles et d'une huile végétale. Ceci, un peu comme un vernis, qui va vous accompagner pendant toute la journée.
Pour les huiles essentielles, vous en avez de nombreuses qui ont des propriétés antifongiques. Personnellement, j'utilise le tea tree, ou le laurier. On peut aussi utiliser l'huile essentielle de cannelle de ceylan, ou de clou de girofle. Ou d'autres, le choix est vaste. Attention certaines huiles essentielles sont dermocaustiques. Au plus une huile essentielle est dermocaustique, au plus il faut faire attention et diluer plus.
Pour l'huile végétale dans laquelle on va diluer les huiles essentielles, chez moi si je veux faire local j'utilise l'huile d'olive. Mais vous avez aussi l'huile de nigelle cultivée qui est fortement antifongique et qui est plus intéressante.
Et pour la dilution, on va utiliser dans les 20% pour les huiles essentielles les moins dermocaustiques, faut tout de même concentrer un peu si on veut une efficacité. Si l'ongle est très abîmé ou que la zone sous l'ongle ou autour de l'ongle est irritée j'aime bien rajouter de l'huile essentielle de lavande vraie dans mon mélange.
Donc par exemple, si je faisais dans une huile de nigelle, pour une dilution à 20%, je pourrais faire :
- 3 ml d'huile essentielle de laurier noble
- 1 ml d'huile essentielle de lavande vraie
- Pour 16 ml d'huile de nigelle
Donc ça me fait un total de 20 ml, j'ai ma petite réserve, et je vais mettre quelques gouttes de ce mélange sur l'ongle tous les matins, bien étaler l'huile sur les différentes zones de l'ongle, on va essayer d'en mettre un minimum sur la peau tout autour. Et puis on peut mettre chaussettes et chaussures.
Pour finir avec les huiles essentielles, vous verrez souvent le palmarosa mentionné, on en parle beaucoup comme huile essentielle antifongique, et c'est effectivement un bon choix aussi.
Pâte avec poudre de henné
Je vous donne une autre astuce que j'ai apprise de mes collègues américains, je ne connaissais pas cette préparation pour une onychomycose. C'est l'application d'une pâte faite à partir de poudre de henné (Lawsonia inermis). Vous trouverez la poudre de henné, qui est une plante, dans de nombreuses boutiques de produits naturels, c'est utilisé pour se teindre les cheveux.
On fait une pâte avec cette poudre et un peu d'eau. Et on étale la pâte sur l'ongle. Attention ça tâche beaucoup. Mais j'ai eu de bons retours, ça a l'air bien antifongique et efficace. On peut bien sûr faire des rotations avec les huiles essentielles, mettre un jour le mélange à base d'huiles essentielles, un jour la pâte à base de henné.
Et puis parfois on ne met rien du tout car faire la même manipulation pendant plusieurs mois, tous les jours, ça soule un peu, j'arrive à comprendre. Si on manque un jour par-ci par-là ça ne devrait pas affecter l'efficacité du programme.

Onychomycose : durée du programme
Pendant combien de jours doit-on faire ce petit programme ? En général, on ne parle pas en termes de jours ou de semaines, mais plutôt en termes de mois. Ces mycoses sont assez compliquées à éliminer, donc il faut parfois les faire pendant 4 à 6 mois d'affilée, si l'ongle a été beaucoup affecté. Le temps que ces produits fassent effet, le temps qu'un ongle neuf repousse.
Eh bien voilà, je pense vous avoir tout dit. J'espère qu'avec tout ça, vous allez arriver à vous débarrasser de ces mycoses des ongles. Je vous retrouve très vite pour une nouvelle discussion autour des plantes médicinales.
(1) https://www.em-consulte.com/article/291063/onychomycosesc-epidemiologie-et-clinique
Jardin médicinal : se faire plaisir sans se cramer !
Jardin Médicinal : Se Faire Plaisir Sans Se Cramer : (abonnez-vous au podcast ici)
Nous sommes à la rentrée 2021, l'été se termine et je ne sais pas chez vous, mais chez moi ça a encore été compliqué au jardin médicinal à cause des variations de climat assez imprévisibles. On a eu quelques pluies, pas beaucoup... pas assez pour un début septembre ça c'est sûr. On a eu des périodes un peu plus fraiches que d'habitude, des périodes super chaudes. Dans certaines régions ça a été l'inverse - du froid, beaucoup de pluies.
Et donc lorsqu'on discute entre jardiniers, une des discussions qui revient en ce moment, c'est la suivante : est-ce que ça vaut la peine de faire un jardin de plantes médicinales avec des conditions qui deviennent de plus en plus complexes ?
Et ma réponse est un oui retentissant, et je vais vous expliquer pourquoi. Ce que je vais faire, c'est prendre le temps de vous faire un petit bilan environ 12 ans après avoir démarré mon jardin de médicinales à partir de zéro, construit sur une terre très pauvre sur laquelle on cultivait des asperges il fut un temps. Où j'en suis aujourd'hui, et pourquoi je tiens absolument à continuer.
J'ai voulu enregistrer au jardin et pas dans mon studio d'enregistrement, mais j'ai la route qui n'est pas très loin, vous allez entendre des voitures. Je m'en excuse, mais pour ceux qui regardent la version vidéo, je tenais à être assis parmi mes chères plantes.
Jardin médicinal : ne pas se cramer à la tâche
Trop...
Premier point, ou disons la première leçon que je tire de ces 12 années, c'est le fait qu'il ma fallu beaucoup de temps pour enfin arriver à doser mon effort. Pour arriver à un point d'équilibre. Pendant toutes les premières années, j'ai passé beaucoup trop de temps au jardin. Et puis surtout, j'ai planté trop de choses. Je produisais une quantité similaire à un petit producteur qui voudrait vendre ses plantes. Mais je n'ai jamais rien vendu sinon mes graines, et pour les graines, on n'a pas besoin de beaucoup de plantes au jardin médicinal.
Pas assez...
Ensuite, j'ai eu quelques années pendant lesquelles vu que j'avais trop fait, j'ai basculé dans un mode où je n'ai pas assez fait. J'en avais marre d'être esclave du jardin, donc je l'avoue, j'ai un peu laissé certains endroits à la dérive. Ça c'était la 2e phase. Pas idéal non plus.
Un certain équilibre
La 3e phase, ça a été de réduire le jardin médicinal à une taille qui me convenait. De me concentrer sur différentes variétés pour élargir mon expérience, mais de ne pas planter 40 individus de la même espèce. Et du coup, ça m'a aussi permis de créer des zones beaucoup plus diversifiées dans lesquelles un écosystème s'établit, une cohabitation entre les différentes plantes médicinales qui va renforcer la résistance globale de la zone.
Et entre parenthèse, cet épisode du jardin, ça reflète un peu ma vie depuis ma 20'aine jusqu'à aujourd'hui. Je me lance comme un fou dans une activité, je fais énormément, je me crame, je m'écroule, je sors du trou, et là j'envisage un modèle qui semble m'apporter un certain équilibre. Je m'améliore, mais c'est toujours ma tendance.
Jardin médicinal : passion oui, mais attention
Le message que je voudrais vous délivrer, c'est que si vous vous êtes trouvé cette nouvelle passion pour les plantes médicinales, attention. Je lis ça souvent dans vos commentaires, il y a cette envie très fougueuse et irrésistible de semer, de faire germer, d'avoir des godets de partout sur le sol, d'essayer des dizaines de graines différentes. C'est bien, il faut de la motivation pour nous tirer vers l'avant. Mais attention que cette passion ne vous vide pas de votre vitalité.
Ceci dit, passons à des conseils plus spécifiques, parce que là on est toujours dans les généralités. Ces conseils-là, c'est ce qui a fonctionné pour moi, basé sur ma manière de voir les choses, donc évidemment ceci n'est pas une liste universelle de conseils. Mais si vous voulez faire un jardin juste pour votre consommation personnelle et ne pas devenir producteur, je pense que vous y trouverez une certaine sagesse.
Conseil numéro 1 : plus de vivaces, moins d'annuelles au jardin médicinal
Les annuelles, vous avez le scénario idéal ou elles se ressèment toutes seules dans un carré donné. Rien à faire. Enfin, disons un minimum. C'est le cas pour le calendula, la camomille matricaire, l'armoise annuelle, etc. Pareil pour les bisannuelles, si vous plantez du chardon-marie ou de la bardane, même chose, elles se ressèment toutes seules, donc il suffit d'en récupérer une ou deux et de les déplacer au bon endroit dans votre carré lorsqu'elles sont petites. Et de pester, au passage, parce qu'elles sont en train de tout envahir, donc attention avec les plantes comme le chardon-marie par exemple.
Mais à part ces plantes-là qui se ressèment seules, eh bien ces annuelles et ces bisannuelles, faut récupérer les graines, les nettoyer, les stocker, les semer, éclaircir les plantules, les mettre en godet, garder assez de godets pour que, si on inclut la perte du passage de limaces ou des maladies, il en reste quelques-unes pour mettre en pleine terre, etc. Tout ça, c'est du travail. Et ce travail, aujourd'hui, j'essaie de le garder au minimum. J'ai quelques annuelles favorites comme le tulsi ou l'ashwagandha que je sème chaque année. Puis les autres annuelles, soit elles se ressèment seules, soit je ne m'y consacre quasiment plus.
Les vivaces, c'est différent. Ce qui est génial, c'est qu'une fois qu'elles sont en place, on est bon pour plusieurs années. Bien sûr, à un moment, il faudra les renouveler, faire une division de motte pour certaines. Mais c'est un travail relativement minime.
Conseil numéro 2 : n'essayez pas de tout ramasser
C'est le piège classique. On ne peut pas s'en empêcher, on arrive à la fin de l'été, on a plein de plantes qui sont arrivées à maturité, et on veut tout récupérer, faire sécher, transformer, utiliser, faire profiter les amis.
Mais souvent c'est trop. Trop de travail. Et on a l'impression que si on ne ramasse pas, on gaspille les ressources de la nature. Mais je peux vous dire que le gaspillage se fera plus tard. Il se fera au printemps prochain, lorsque vous constaterez que vous avez ramassé toute cette prunelle, toute cette agripaume, et qu'elle commence à perdre sa couleur, et que vous n'en ferrez profiter personne. Avec les aromatiques classiques, la verveine citronnelle, le thym, le romarin, la lavande, etc. - on trouve toujours des amis intéressés. Mais avec les autres plantes un peu plus spécialisées, celles qui nous intéressent beaucoup nous, praticiens en herboristerie, ce n'est pas pareil. Donc on gaspille.
Laissez faire le cycle naturel
Autre point, il faut comprendre que laisser la plante non coupée dans votre jardin médicinal, c'est l'état naturel des choses. L'état naturel, ce n'est pas vous qui faites une coupe. La plante n'a pas demandé quelques coups de sécateurs. Si vous laissez le jardin évoluer tout seul, monter en fleurs, monter en graines, sans ramasser, vous laissez faire le cycle naturel. Vous prélevez un minimum, et peut-être l'an prochain vous prélèverez un peu plus en fonction de vos besoins. Mais n'essayez pas de tout ramasser.
Conseil numéro 3 : faites-vous plaisir pendant les périodes de transition
Voilà ce que j'ai remarqué, c'est peut-être quelque chose de personnel, mais je ne pense pas. En fait, j'ai très envie de jardiner au printemps et à l'automne.
Au printemps, c'est une envie irrésistible d'aller gratter la terre. Je pense qu'il y a quelque chose d'animal en nous, après les lenteurs de l'hiver. La sève remonte dans les arbres et quelque part ça commence à circuler de nouveau à l'intérieur de nous. Les températures deviennent plus douces, on a juste envie d'aller faire partie de ce renouveau.
Donc au printemps, je passe pas mal de temps au jardin médicinal, j'en ai envie, ça me fait du bien. Mais plutôt que de faire comme dans le passé où je démarrais des tas de chantiers qui allaient se traduire par beaucoup d'effort pendant l'été, là je réfléchis à comment je vais, au contraire, minimiser la charge de travail pendant l'été.
La bonne quantité
Pas trop de godets
Si j'introduis une nouvelle plante au jardin, je tire tout de suite une nouvelle ligne d'irrigation. Je m'arrange pour avoir 4 ou 5 godets de la même plante et pas plus. J'en plante disons 3 à différents endroits, et j'en garde 2 en pot au cas où. Pas plus. Avant j'avais des godets partout, toujours trop. Là, c'est 5 au total, 3 qui sont mis en pleine terre au bon moment, et 2 en réserves parce qu'il y aura toujours passage d'une bestiole inconnue qui va tailler la plantule à ras du sol, ou les limaces, ou autre.
Les 2 autres godets, je les transplante dans des pots... disons de 25 cm de diamètre, et je les place à un endroit où je garde tous mes pots. Et entre mes pots, j'ai ma ligne de goutte à goutte. Et tout de suite, je mets mes pots à l'arrosage. Ce qui ne veut pas dire que je vais tout de suite démarrer l'arrosage automatique, mais au moins tout est prêt.
Paillez, mulchez : protégez
Dès que je place mes plantes en pleine terre, je paille, ou je mulche, ou j'ajoute tout autre support que j'ai à la maison et qui va me fournir une protection de ma terre tout en freinant l'arrivée des adventices, ce qu'on appelle communément les mauvaises herbes, mais nous on est plus malin, on sait qu'elles n'ont rien de mauvais, au contraire, même le chiendent est médicinal. Donc mulch. Et composté s'il vous plait, je pense que je vous ferai un autre épisode jardinage très bientôt pour vous parler de mes plus belles erreurs au jardin, je vous en dirai plus à ce moment-là.
Jardin médicinal : en résumé
- Ma plante est en pleine terre. Elle a sa propre ligne de goutte à goutte. Elle a son mulch. Je l'ai placée à un endroit qui me semble le plus propice, peut-être à l'abri d'une autre plante, ça va dépendre. Au printemps, j'ai d'autres travaux au jardin bien sûr, nettoyage, acheter du bon terreau en sac pour pouvoir le couper avec ma terre végétale et préparer mes pots, déboucher certaines lignes de goutte à goutte, etc.
- Ensuite arrive la période des grosses chaleurs chez moi. Et à ce moment-là, du moins ces dernières années, j'ai plus envie de passer des heures au jardin comme je l'ai fait entre 2010 et 2015. Donc là, à ce stade, l'arrosage fonctionne automatiquement avec des programmateurs. Je n'ai plus rien à planter, je n'ai plus rien à faire si ce n'est de faire une tournée le matin et le soir.
- Pendant ces tournées, je vais vérifier que tout va bien. Parfois une plante a l'air d'avoir très soif, donc je vérifie la ligne de goutte à goutte, parfois c'est bouché, ça peut arriver. Parfois faut que je mette un coup d'arrosoir en plus. Il peut y avoir l'arrivée de pucerons, ou un nettoyage à faire après un coup de vent. Mais ce sont de petites choses. Donc en 30 minutes, c'est terminé. Et je fais ça un coup le matin vers les 7 ou 8h, et un coup le soir. C'est tout. Parfois je fais juste un passage le matin. Travail minime.
- Arrive l'automne, il fait un peu plus frais, et là j'ai de nouveau envie d'aller travailler au jardin. Et pendant quelques semaines, il y aura des préparatifs pour l'hiver, nettoyage, couper l'eau et purger les robinets pour le gel, etc.
En général, si j'ai des transformations à faire, je les fais à cette période. J'ai ramassé mes fleurs d'arnica pendant l'été, là je vais faire mes macérats huileux. Je vais ramasser quelques racines d'échinacée pour les préparer en teinture. Je vais organiser mes stocks. Si j'a récupéré des graines, je vais les mettre dans de petites enveloppes bien au sec. Mais je fais tout ceci quand je veux, j'ai plusieurs semaines pour m'organiser, je ne suis pas pressé par le temps, tout va bien. - Et puis c'est l'hiver, la période la plus lente. Donc avec ce modèle-là, je travaille beaucoup plus pendant les périodes de transition - printemps et automne - et je fais un minimum pendant les périodes les plus chaudes ou froides - été et hiver. Ca peut vous paraitre évident, mais pour moi, en particulier pendant l'été, ralentir mes activités a été très salutaire.
Conclusion
Donc je répète, pourquoi je vous ai fait cet épisode ? Parce que dans le passé, j'ai voulu trop en faire. Et en parlant avec certains ou certaines d'entre vous, je sais que ça va vous arriver à vous aussi. Je le vois venir. Ca arrive aux personnes qui ont un peu de mal à doser leurs passions, qui deviennent parfois un peu des pulsions.
Et c'est dommage d'arriver à un point où on sent que notre passion nous a trop consommé. Il y a une manière de s'organiser, mais il faut y réfléchir sérieusement. Et le mot clé ici, c'est minimalisme.
Vous pensez que vous avez besoin de 10 pieds de camomille romaine au jardin médicinal ? Probablement pas, commencez par 3. Vous pensez que vous avez besoin de 10 aunées ou de 15 marrubes ou de 20 brunelles ? Probablement pas ! Et laissez tomber la brunelle et le marrube cette année, commencez juste par l'aunée… etc., etc.
Commencez avec peu de plantes de la même espèce, et n'essayez pas d'avoir trop d'espèces à la fois. Avec le temps, vous pouvez en rajouter un peu, chaque année. C'est ça la force tranquille du jardinier. Faut que ça reste pur plaisir, parce qu'on a assez de contraintes comme ça dans la vie. Si le jardin devient une contrainte, et je suis tout à fait franc avec vous, j'ai vécu ça… c'est qu'on n'a rien compris. Je n'avais donc rien compris. Merci la vie de toujours mettre quelques râteaux sur mon chemin, ça réveille, et ça donne une certaine humilité.
A bientôt !
Orgelet et chalazion : quelles préparations naturelles peuvent soulager ?
Orgelets et chalazions : quelles plantes et préparations utiliser ? : (abonnez-vous au podcast ici)
Orgelet et chalazion, vous connaissez ce couple ? J'espère que non.
Mais si vous vous êtes déjà réveillé un jour avec un œil douloureux, rouge et boursouflé, cette discussion va vous intéresser. Et notez qu'on ne parle pas de conjonctivite ici, mais d'infections qui se logent à différents endroits de la paupière. Vous allez voir qu'il y a des mesures toutes simples, des préparations à base de plantes, qui vont pouvoir bien soulager.
Qu'est-ce qu'un orgelet ?
L'orgelet est une infection qui se loge à la base d'un cil. C'est une infection du follicule pilo-sébacé. Expliqué d'une manière plus simple, à la base du cil, vous avez un follicule, une cavité dans laquelle le cil prend sa naissance. Cette glande produit du sébum qui vient lubrifier le cil et la peau aux alentours.
Si cette glande est bouchée ou endommagée, il peut y avoir une infection qui s'y loge. C'est en général une infection au staphylocoque et à ce moment-là, il y a furoncle qui se développe à cet endroit. Cela peut arriver sur la paupière supérieure ou inférieure.
D'ailleurs, vous remarquerez que l'orgelet a cet aspect de furoncle, de gros bouton rempli de pus, il est localisé sur le bord de la paupière, et on repère assez facilement le bouton lui-même qui fait une bosse et qui peut avoir une pointe blanche.
On va le laisser tranquille, ce bouton. Surtout ne pas le toucher, le triturer, et attention de ne pas vous frotter l'autre œil si vous avez touché l'orgelet car il peut y avoir contamination de l'un à l'autre.
En général la situation va se résoudre d'elle-même. Mais nous allons passer en revue des mesures qui vont accélérer la maturation de l'orgelet.
Qu'est-ce qu'un chalazion ?
Le chalazion est un peu différent, il est un peu moins courant que l'orgelet, et l'infection se situe dans une glande sébacée à l'intérieur de la paupière que l'on appelle glande de Meibomius. On va aussi voir apparaitre une boule, mais elle va se trouver dans l'épaisseur de la paupière, et pas sur le bord de la paupière à la racine des cils.
Mais bon, on va dire que de notre point de vue, c'est une situation très similaire, et vous allez voir que l'on va appliquer exactement les mêmes méthodes.
Orgelet, chalazion, quels sont les facteurs de risque ?
Certains vous diront qu'on ne connaît pas l’origine exacte de ces problématiques.
C'est vrai qu'il y a une partie qui semble parfois un peu aléatoire, dans le sens où certaines personnes ont tendance à en faire plus que d'autres.
Mais parfois, lorsqu'on étudie le terrain de la personne, on s'aperçoit tout de même qu'il peut y avoir des facteurs aggravants. On sait que lorsque l'immunité est compromise, ceci peut faciliter le développement de cette infection, une tendance qui peut se constater chez certaines personnes souffrant de maladies qui épuisent l'immunité, des maladies chronique dégénératives qui fatiguent la personne, ou des maladies auto-immunes.
Il peut y avoir une tendance des glandes sébacées à plus sécréter chez certaines personnes, ce qui augmente les risques qu'un follicule se bouche. Parfois un déséquilibre hormonal peut stimuler la production de sébum. On voit dans une étude par exemple (1) qu'un excès de testostérone, chez l'homme comme chez la femme, peut exciter les glandes de Meibomius à l'intérieur de la paupière, qui vont plus sécréter de sébum, et donc probablement aggraver la tendance aux chalazions.
Sinon, les irritants de l'environnement ont fort probablement un rôle à jouer. Polluants dans l'air, application de maquillage qui va boucher les follicules, les réactions allergiques à certaines substances qui vont enflammer les muqueuses de l'œil et l'affaiblir.
En tout cas, si vous êtes sujets aux orgelets ou aux chalazions, une hygiène assez stricte de l'œil est fortement recommandée, y compris éviter tout maquillage.
Traitements classiques
En général, ces orgelets et chalazions ne nécessitent pas de médicamentation particulière, ils vont disparaitre d'eux-mêmes.
Mais si vous avez un doute, ou si la condition est particulière aiguë ou devient chronique, un passage chez le médecin est toujours recommandé, bien sûr. Et c'est vrai que c'est assez rare, mais parfois il faut en passer par une petite intervention chirurgicale pour résoudre le problème.
Du côté des traitements classiques, on vous prescrira parfois des collyres qui contiennent des antibiotiques, ou des crèmes antiseptiques, avec une approche en général entièrement locale.
Orgelet et chalazion : les approches naturelles
En ce qui concerne les outils naturels, tout va se passer en principe localement.
Et en général, c'est suffisant pour accélérer la maturation et la résolution du problème. L'exception : si votre immunité est particulièrement basse, et donc je rajouterai un petit conseil de ce point de vue-là un peu plus bas.
On commence avec les applications locales. Le but est d'appliquer certaines préparations directement sur l'œil, en général l'œil fermé avec une application faite sur la paupière, en s'assurant que la zone concernée est bien recouverte.
Je vais vous proposer 3 méthodes, toutes relativement simples à réaliser, et qui vont dépendre de ce que vous avez dans vos placards :
- On va parler des infusions.
- On va parler des hydrolats.
- Et on va parler de teinture de plante, donc une macération alcoolique, mélangée dans un liquide physiologique.
Et si vous vous intéressez aux plantes médicinales, il est fort probable que vous ayez déjà certains de ces produits dans vos placards.
En ce qui concerne le choix des plantes, vous avez de nombreuses possibilités. Personnellement j'aime bien activer 3 leviers.
Un levier antibactérien, vu qu'on a une infection au staphylocoque. Un levier décongestionnant, pour essayer de soulager un peu cette rougeur et ce gonflement de la paupière. Et un levier anti-inflammatoire, pour calmer un peu l'inflammation sans pour autant la bloquer. Les plantes sont excellentes pour ça, moduler, équilibrer, sans bloquer.
1. Une infusion pour les orgelets
Dans notre tradition, lorsque l'on parle d'infusion ou de tisane, on pense plutôt à une boisson digestive ou une boisson soir pour mieux dormir. On pense rarement au fait qu'on peut appliquer une infusion localement sous forme de compresse, et que c'est super utile.
Dans notre situation, il y a plusieurs plantes que j'aime beaucoup :
- Les fleurs de sureau noir (Sambucus nigra)
- Les fleurs de camomille romaine (Anthemis nobilis)
- Et les parties aériennes d'euphraise (Euphrasia officinalis)
Ce sont trois plantes très classiques des herboristeries. La fleur de sureau est très facile à trouver en nature, la fleur de camomille romaine est une grande classique des jardins médicinaux.
Pour l'euphraise, c'est un peu plus compliqué, c'est une plante des montagnes que l'on trouve dans les Alpes, le Massif-Central. On en trouve en herboristerie aussi. L'euphraise est vraiment très bien pour ce genre de situation car elle est très décongestionnante, et de par sa richesse en tanins elle va avoir un fort effet antibactérien par contact.
Mais là, je vous propose de faire simple avec 2 plantes que l'on trouve très facilement autour de chez nous ou dans le jardin, sureau et camomille romaine.
Faire ses compresses avec l'infusion
On va d'abord préparer une infusion. Pas 1 litre, ça serait du gâchis, mais simplement une petite tasse. Une bonne cuillère à café de fleurs de camomille romaine, une bonne pincée de fleurs de sureau, on verse l'eau chaude sur les plantes, on couvre, on laisse infuser 10 minutes puis on attend que ça refroidisse un peu.
Ensuite on filtre, on trempe un morceau de gaze stérile dans l'infusion, on ferme l'œil affecté et on applique sur la paupière. On va tout de même appliquer chaud, pas trop chaud non plus bien sûr, mais la chaleur va aider l'orgelet ou le chalazion à murir.
On va faire cette manipulation plusieurs fois par jour, la fréquence est importante. Vous pouvez conserver l'infusion au réfrigérateur pendant toute la journée. Et le lendemain, il faudra préparer à nouveau une tasse. Attention aux mesures d'hygiène bien sûr, si vous vous êtes touché l'œil, on ne va pas mettre les doigts dans la tisane. Et on ne va surtout pas retremper la gaze utilisée dans l'infusion.
Voilà, c'est tout simple et ça soulage. Bien sûr, si vous n'avez qu'une de ces deux plantes, vous pouvez l'utiliser seule. Si je n'ai que des fleurs de sureau par exemple, je vais tout simplement faire une infusion de fleurs de sureau.
2. Orgelet et chalazion : un mélange d'hydrolats pour soulager
Je vous fais un petit rappel de ce qu'est un hydrolat. Il est obtenu par un processus de distillation. On met la plante dans un alambic, on fait passer de la vapeur d'eau au travers, on va récupérer la vapeur d'eau qui s'évapore dans des tuyaux que l'on va refroidir, ce liquide va se condenser dans un récipient, et va se séparer en 2 fractions.
Une fraction qui représente l'huile essentielle de la plante, lorsqu'il y en a. Si vous distillez de l'ortie par exemple, il n'y aura pas d'huile essentielle. Et une fraction aqueuse qui est l'hydrolat, qu'on appelle aussi eau florale.
Si la plante est aromatique, cet hydrolat conserve des molécules parfumées qui sont hydrosolubles, donc solubles dans l'eau. Le plus gros des aromes se retrouve dans l'huile essentielle, c'est clair, mais l'hydrolat est toujours bien aromatique.
Notez qu'on ne va jamais appliquer une huile essentielle dans l'œil, sur la conjonctive, ça peut brûler et faire des dégâts. Mais on peut utiliser les hydrolats qui sont beaucoup plus doux tout en gardant certaines propriétés de la plante.
On pourrait utiliser les mêmes plantes ici et faire un hydrolat de sureau et un hydrolat de camomille romaine. Mais j'aimerais vous présenter 2 autres plantes, histoire d'élargir votre panel d'outils.
Ici, je vous propose 2 hydrolats très simples :
- Hydrolat de lavande vraie (Lavandula angustifolia)
- Hydrolat de bleuet (Centaurea cyanus)
La lavande est une plante qui apaise, qui facilite la réparation des tissus. Le bleuet, c'est un peu le spécialiste des soins de l'œil, il est astringent et anti-inflammatoire.
On applique ceci d'une manière très simple. On fait un mélange 50/50 des 2 hydrolats, et on applique à l'aide d'un morceau de compresse stérile, plusieurs fois par jour. On peut s'allonger, faire l'application puis se relaxer, les yeux fermés, pendant 5 minutes, ça ne peut pas faire de mal. Et pourquoi pas faire 5 minutes de méditation au passage.
3. Teinture diluée pour les orgelets
Je ne sais pas si vous connaissez cette méthode, mais elle est très pratique. On va mélanger une teinture, c'est-à-dire une macération alcoolique de plantes, dans du sérum physiologique, que vous préparez vous-même ou que vous pouvez acheter en pharmacie. Pour le préparer soi-même, on utiliser 9 g de sel par litre d'eau, on fait bouillir l'eau pour la désinfecter, puis on dilue le sel.
Mais je peux vous dire que c'est largement plus pratique d'avoir quelques petits flacons de liquide physiologique déjà prêts à utiliser, que vous pouvez acheter dans votre pharmacie.
Pour les dilutions j'utilise entre 1/2 goutte et 1 goutte de teinture par mL de liquide physio. 1 goutte par mL, ça pique un peu, mais c'est efficace. 1/2 goutte, ça pique beaucoup moins mais c'est un peu moins efficace. En général, si vous achetez le sérum physiologique en pharmacie, on va vous vendre des doses de 5 ml.
Appliquer la teinture diluée sur l'orgelet
Donc là, on rajoute 3 à 5 gouttes pour cette dose de 5 ml. On place le tout dans un petit flacon compte-goutte, et on va déposer 1 à 2 gouttes de ce mélange sur l'orgelet ou le chalazion. Mieux vaut s'allonger, et demander à quelqu'un de le faire. Ensuite ça va dégouliner un peu dans l'œil, ou sur le côté de l'œil, c'est pas bien grave. Et ça peut tacher si ça tombe sur les habits.
On peut aussi imbiber un morceau de gaze stérile avec ce mélange et l'appliquer à l'endroit voulu. Et là même topo, on va penser à appliquer plusieurs fois par jour pour soulager le plus rapidement possible.
En ce qui concerne les plantes, il y en a 2 que je trouve excellentes. Ce sont des teintures résineuses. Les résines sont très fortement antibactériennes, elles ont un effet astringent qui va resserrer et calmer les tissus boursouflés. Je vous propose 2 teintures ici :
Attention, jamais de teinture pure dans l'œil, ça va brûler. On dilue d'abord, je répète, entre 1/2 et 1 goutte de teinture pour chaque mL de sérum physiologique. On mélange bien, on applique, et s'il en reste, on garde au réfrigérateur, ça se garde plusieurs jours sans problèmes.
Voilà pour les mesures externes, je vous ai présenté 3 méthodes d'application à connaître, on a passé en revue 6 plantes qui ont des profils différents, des propriétés différentes, mais qui sont toutes adaptées pour les situations d'orgelet ou de chalazion.
Si l'immunité est basse
Si vous suspectez que votre immunité est basse. Peut-être que vous traversez une période de grande fatigue. Peut-être que vous dormez mal en ce moment, ou que vous traversez une forte période de stress. Ceci affecte l'immunité d'une manière significative. Ou peut-être que vous avez constaté l'hiver dernier que vous avez été souvent embêté avec des froids, des rhumes, ou des infections respiratoires plus corsées.
Si c'est le cas, alors personnellement je rajouterais aussi une prise en interne d'échinacée. Ma forme préférée, c'est la teinture des racines fraiches, qu'on appelle aussi alcoolature des racines. Et chez l'adule, j'estime que des doses qui tournent autour de la petite cuillère à café, une centaine de gouttes, 3 fois par jour est une bonne dose stimulante dans ce contexte.
C'est une plante qui agit rapidement, et vu qu'un orgelet ou un chalazion dure en général plusieurs jours, à ces doses, elle aura le temps d'agir et de stimuler l'immunité pour aider à combattre l'infection.
Pour les précautions à prendre avec l'échinacée, je vous laisse explorer ma fiche sur cette plante.
Autres plantes possibles pour les orgelets ?
Aurait-on pu choisir d'autres plantes ici ? Bien sûr. Et vous avez peut-être déjà testé plusieurs autres plantes. Une que j'aime beaucoup, ce sont les graines de fenouil (Foeniculum vulgare). Ca va peut-être vous surprendre, mais elles sont bien efficaces, sous la forme d'une infusion bien concentrée.
On pourrait utiliser une teinture diluée de plante bien aromatique comme le thym, qui sera très antibactérienne. Ou d'une autre plante résineuse comme le souci (Calendula officinalis) là encore diluée dans du sérum physiologique. On pourrait utiliser un hydrolat astringent et réparateur comme l'hydrolat de rose ou l'hydrolat de plantain (lancéolé ou majeur).
En fait, ce qui est plus important ici, c'est de comprendre les propriétés des plantes et les différents leviers à activer, beaucoup plus que de connaître une plante spécifique. L'effet astringent est important dans cette situation. Si vous n'avez pas d'euphraise ou de bleuet ou de plante résineuse, il y a le plantain, il y a l'aigremoine, il y a la feuille de noisetier. On peut toujours se débrouiller si on connaît les bons leviers.
Donc les combinaisons sont infinies, le tout est de savoir où piocher, c'est ce que j'essaie de vous enseigner dans mes formations, comprendre d'abord la stratégie avant de choisir les plantes.
Le plaisir des remèdes maison
Je vais vous dire ce qui me plait dans toutes ces approches : le fait qu'on peut tout avoir chez soi, on peut tout préparer chez soi. On peut faire de petits stocks en cueillant soi-même en nature ou au jardin. On peut avoir des petits stocks dans nos placards au cas où.
On peut aussi faire travailler nos petits producteurs qui cultivent dans le respect du vivant. Et tout ça, je sais pas ce que vous en pensez, mais moi ça me donne vraiment envie de continuer à explorer ce monde fascinant des plantes médicinales.
Références
(1) Sahin OG, Kartal E, Taheri N. Meibomian gland dysfunction: endocrine aspects. ISRN Ophthalmol. 2011;2011:465198. Published 2011 Oct 20. doi:10.5402/2011/465198
- 1
- 2
- 3
- …
- 10
- Page suivante »