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Sureau (Sambucus nigra)
Sous la protection du sureau
Cet article est paru dans le magazine Plantes & Santé
J'apprécie tant le sureau que j’en ai planté au jardin. Quand mes amis me signalent qu’il y en a à foison au bord d’un canal à proximité, je leur explique mon envie de posséder un exemplaire de chaque plante médicinale dans mon petit univers pour pouvoir les observer au gré des saisons.
Un hiver sans sureau ? Pas chez moi ! [Lire plus...]
Energétique des plantes : état des tissus
Energétique des plantes : état des tissus : (abonnez-vous au podcast ici)
Energétique des plantes, troisième partie ! ça veut dire que si vous n'avez pas encore regardé les 2 premières pour avoir le contexte, c'est le moment de le faire !
Je réalise que cette dernière partie va peut-être soulever beaucoup de questions vu qu'on rentre dans le vif du sujet. C'est normal. Comme je vous ai dit dans la 2e partie, moi, ça fait pas mal d'années que je trempe dans ces discussions avec des collègues nord-américains, et il m'a fallu du temps pour comprendre la subtilité du système.
Là, mon but, c'est que vous commenciez à vous familiariser avec certains termes, certains concepts. Vous n'allez probablement pas tout comprendre. Mais je pose les bases, ce qui me permettra, dans le futur, de revenir à cette discussion pour aller un peu plus loin. Ou pour éclaircir certains points au travers d'une série de questions-réponses. On verra.
Petit rappel, dans la partie 1, on a parlé des plantes, du fait qu'on peut les classer selon un axe chaud/froid/sec/humide. J'avais aussi rajouté l'axe tension/relâchement que l'on va développer dans quelques minutes. Dans la partie 2, je vous ai parlé de tendances constitutionnelles, donc de qui nous sommes et comment nous fonctionnons globalement, avec ces mêmes termes chaud/froid/sec/humide. Donc ça, c'était le niveau "macro" si je puis dire, niveau de l'individu entier.
Et là, aujourd'hui, on descend dans les parties, dans le "micro", dans des zones du corps qui sont en déséquilibre, et on va décrire ce déséquilibre avec ces mêmes termes. Les Américains appellent ceci "énergétique des tissus et des organes" et je vais garder le même terme. Tissus, dans le sens, le tissu qui constitue notre corps - peau, muqueuse, tissu conjonctif, tissu musculaire, tissu nerveux, etc.
A ce niveau "micro", on va caricaturer les choses. C'est nécessaire. Pour chaque déséquilibre des tissus, on va évoquer une action qui corrige ce déséquilibre. Donc on va faire une association 1 pour 1, comme ça on garde les choses simples. 1 déséquilibre, 1 action qui corrige. Dans le modèle complet, c'est un peu plus sophistiqué, mais on ne va pas y aller aujourd'hui.
Avant de démarrer, des mises en garde. Je ne suis ni médecin, ni pharmacien, ni professionnel de la santé. Je suis là pour partager des informations avec vous. Mais ceci ne remplace absolument pas un suivi médical, et n'a pas vocation d'être diagnostic ou prescription ou autre acte médical. En particulier aujourd'hui, car je vais vous expliquer le modèle américain, qui se pratique dans un environnement juridique différent du nôtre, donc ce n'est pas parce que ça se fait ailleurs qu'on a le droit de le faire nécessairement chez nous.
Energétique des plantes : clarifications
Quelques petites clarifications au sujet des discussions précédentes : je vous avais dit que l'outil principal pour déterminer l'énergétique d'une plante, c'est le goût et la sensation que la plante laisse dans notre corps. On a parlé du fait que le goût acide ou amer veut souvent dire rafraichissant, que le goût épicé ou aromatique veut souvent dire réchauffant, etc. Mais parfois, une plante est classée avec une certaine énergétique, et ça ne va pas vous sembler évident côté goût.
Par exemple, la fleur de sureau est classée comme rafraichissante. Peut-être que ça ne va pas vous parler juste basé sur son goût. Dans ce cas, pour l'instant, fiez-vous à la tradition et au classement que vous utilisez. En ce qui me concerne, je penche plutôt pour les classements des Américains, car c'est là que j'ai appris, en particulier les vues de Matthew Wood et de ses ouvrages, sachant que d'autres auteurs américains ont aussi abordé le sujet.
Ensuite, je me répète, mais ce modèle ne s'applique pas nécessairement d'une manière exclusive, il ne cherche pas à éliminer d'autres modèles de pratique. C'est un outil pour nous guider, c'est une manière de voir, qui m'a servi régulièrement, qui m'a donné de bonnes inspirations... bonnes dans le sens "efficaces", qui aident. Il complémente très bien d'autres modèles de pratique.
Allez, on démarre avec l'échelle de température chaud/froid.
Energétique des plantes : chaleur
En ce qui concerne le chaud.
Un tissu qui est chaud, c'est un tissu qui est en hyperactivité. Le métabolisme est élevé, la fonction est exagérée. Localement, c'est rouge, enflammé. Ce sont des conditions aiguës en général, avec une réponse immunitaire exagérée localement. La douleur peut être aiguë. Il peut y avoir sécrétion de mucus de couleur jaune, voire verdâtre, dénotant une infection.
Donc on parle d'inflammation aiguë ici, en général passagère, avec sensation de chaleur.
Pour une situation infectieuse hivernale par exemple, on pourrait penser aux fleurs de sureau, mélangées à de la menthe poivrée, deux plantes d'énergétique rafraichissante, pour un effet diaphorétique, pour faire sortir la chaleur d'une manière globale au travers des pores de la peau, une stratégie très utilisée par les médecins des années 1800 - début 1900. Ici on accompagne les processus naturels, on ne bloque rien.
Si on avait une condition de peau vraiment rouge et enflammée, une crise d'eczéma peut-être, ou de rosacée, on irait rechercher l'effet rafraichissant et apaisant des rosacées justement, et là je parle de la famille botanique, avec en particulier la fleur du rosier, donc la rose, que l'on pourrait appliquer localement sous forme d'infusion ou d'hydrolat par exemple.
S'il y avait inflammation de la muqueuse digestive, on voit en phytothérapie américaine l'utilisation de plantes acides comme les oseilles, car l'acidité est rafraichissante. En particulier l'oseille crépue (Rumex crispus), mais les autres oseilles sont parfois utilisées, les racines particulièrement.
On peut avoir des crises inflammatoires articulaires, c'est rouge, c'est chaud. En externe, on irait peut-être rechercher l'effet rafraichissant de la gaulthérie. En interne, l'amertume du ményanthe, du moins en phytothérapie américaine, ou l'amertume de la partenelle pour moduler cette inflammation. Sachant que dans ce modèle, l'amertume est vue comme rafraichissante.
Dans ce langage, on peut parfois parler d'un organe qui est chaud, dans le sens "qui a une activité un peu trop exagérée", un peu trop élevée. Un peu comme un moteur qui tourne trop vite et qui va finir par chauffer. Une hyperthyroïdie, c'est une thyroïde considérée comme "chaude" dans ce modèle. Un foie qui fabrique beaucoup de triglycérides et de cholestérol est un foie qui est chaud, qui fabrique beaucoup de matériaux de construction. Un cœur et un système cardiovasculaire qui sont chauds, c'est une situation de rythme rapide, de tension élevée.
Dans ce modèle, pour rafraichir, on va aller chercher dans l'amertume. Par exemple pour un foie un peu chaud, l'amertume de la feuille d'artichaut ou de la fumeterre. Ou dans l'acidité. Pour un cœur un peu chaud, l'acidité des cenelles d'aubépine, de l'hibiscus. Ou retour à l'amertume, avec la feuille d'olivier.
Pour une thyroïde un peu chaude, l'amertume de l'agripaume ou du lycope.
Bien sûr, ces situations demandent une supervision médicale, vous vous en doutez.
Energétique des plantes : froideur
A l'autre bout du spectre, on a la froideur. Et là, on parle de la fonction, d'un ralentissement profond, du fait que la flamme de la vie, dans les tissus, ne brule pas assez fort. Pour certaines conditions, on est passé dans le chronique, le système n'a plus assez de chaleur, de vitalité pour terminer la résolution d'un problème.
Donc ça traine, ça s'installe pour le long terme. Ca ne circule pas assez d'un point de vue artériel, les tissus n'éliminent plus assez les déchets d'un point de vue veineux et lymphatique, on peut avoir stagnation, donc humidité associée à cette froideur.
Ici, on veut ramener la chaleur avec des plantes aromatiques ou des épices. Et on parle surtout des aromatiques du sud, du bassin méditerranéen ici. On ne parle pas de menthe poivrée, qui techniquement est une aromatique, mais rafraichissante. On parle de thym, romarin, sauge, sarriette, origan.
Dans les épices, on a le piment, le gingembre, le raifort, le poivre. Ce sont des plantes qui ramènent la circulation, donc la fonction, au travers soit d'un effet irritant local, soit au travers d'une vasodilatation périphérique. Le thym réchauffe en irritant légèrement, le gingembre réchauffe en vasodilatant.
Un exemple d'une condition froide pulmonaire, c'est peut-être une situation qui traine, il y a eu infection pendant l'hiver, et là, quelques mois plus tard, il y a toujours un fond de toux, une fatigue. On veut réchauffer tout ceci avec du thym, de l'origan, du gingembre. Ceci va redémarrer le processus d'expectoration, stimuler l'immunité au passage. On veut ramener la chaleur et la fonction.
Un exemple d'une condition froide utérine, ce sont des règles longues, mal définies, ça démarre lentement, les pertes et saignements trainent en longueur. Là, on vient réchauffer et faire circuler avec le gingembre, la sauge, l'achillée. En particulier chez la personne qui a déjà une constitution froide.
Sur un terrain digestif froid avec stagnation, fermentations, on a la chaleur des baies de genièvre, des aromatiques du sud, des graines de cumin, de carvi.
Energétique des plantes : sécheresse
La deuxième échelle, c'est l'humidité. On commence par le sec.
Un tissu sec, c'est un tissu qui n'est plus assez irrigué pour maintenir une bonne intégrité. On gardera cette image d'une terre tellement sèche qu'elle se craquelle, comme du parchemin.
Ceci peut toucher les muqueuses - de la bouche, de l'œil, du vagin. Ça peut toucher la peau, le cuir chevelu. C'est pas pour rien qu'on a le réflexe de mettre des lotion ou des crèmes lorsqu'on a une zone très sèche, un endroit qui démange et qui desquame tellement c'est sec.
On fait la distinction entre sécheresse par manque d'eau et sécheresse par manque de lipides, car les deux sont nécessaires pour assurer une bonne qualité des tissus. Sur la peau ou sur les muqueuses, lorsqu'on y a accès, on utilise parfois une émulsion huile/eau, ce qu'on appelle une crème, justement car elle contient les deux éléments.
A l'intérieur, le manque de lipides sera compensé par l'alimentation et l'efficacité de l'axe hépato-biliaire. Le manque d'eau sera compensé par l'hydratation et les plantes mucilagineuses. Les mucilagineuses ont clairement une action humidifiante par contact, sur une muqueuse sèche et irritée, mais elles ont aussi une action systémique. On n'arrive pas à expliquer l'action systémique aujourd'hui vu que les mucilages sont de grosses molécules qui ne pénètrent pas en circulation sanguine. On parle d'action réflexe se faisant au travers du système nerveux. En tout cas, elles soulagent ces situations.
Par exemple, lorsqu'il y a gène pulmonaire, ou inflammation avec sécheresse et peu d'expectoration, les plantes mucilagineuses, comme le bouillon-blanc ou le tussilage, viendront apporter leur aide. Pour une sécheresse digestive avec constipation, fleurs de mauve pour un démarrage en douceur, ou psyllium. Graines de lin si sécheresse vaginale pendant la ménopause, graines qui contiennent aussi des phytoestrogènes.
Humidité
A l'inverse, on a la condition d'humidité.
Un tissu humide, dans son état de déséquilibre, c'est un tissu qui est submergé par les liquides et n'arrive pas à les évacuer. Soit il y a rétention à cet endroit, et donc les systèmes veineux et lymphatiques ne font pas leur travail de drainage, en supposant qu'il n'y a pas d'état pathologique touchant le cœur ou les reins.
Ou alors c'est qu'il y a suintement abondant, ce qui nous amènera aussi à un état qu'on va définir dans quelques minutes de relâchement. Dans le sens où le tissu est trop relâché, trop perméable et il y a exsudations exagérées.
Ici, si l'humidité est à l'intérieur des tissus, on utilise des plantes asséchantes de type diurétiques. L'effet diurétique est, en soi, asséchant, on crée une perte de fluide par le système urinaire. Soit on a accès à la zone et on peut agir par contact dans un cas d'exsudation, et là ce sont plutôt les plantes riches en tanins que l'on va utiliser. Elles vont assécher en resserrant les tissus trop perméables.
Energétique des plantes : tension
Parlons maintenant de l'échelle tension / relaxation. Cette échelle est une spécificité de la pratique Physiomédicaliste américaine, elle sort un peu du cadre classique chaud/froid/sec/humide. Mais elle apporte de l'information en plus. On commence par l'état de tension.
Comme son nom l'indique, c'est une zone qui est trop tendue pour qu'une bonne fonction puisse se faire. La circulation sanguine et lymphatique est entravée. Les échanges se font mal. L'état spasmodique est un état de tension exagéré. Cet état peut toucher les muscles lisses à l'intérieur de toutes les cavités et les tubes du corps, ou les muscles squelettiques.
Les plantes utilisées ici sont des plantes relaxantes des muscles lisses ou des muscles squelettiques, en fonction du besoin. Un autre terme utilisé, c'est le terme antispasmodique. Bien que, techniquement, un spasme est une contraction brusque et temporaire, souvent douloureuse, et ce n'est pas forcément toujours le cas. On peut avoir aussi un état de tension "continu" en quelque sorte.
Comme pour tous les états, on peut voir un état de tension à différents endroits du corps.
Le système respiratoire, avec un état de toux spasmodique et une personne complètement épuisée par ces séries de spasmes, de très fortes tensions musculaires. Le réflexe de toux est une succession de tension et relaxation. Tension, le diaphragme se contracte, on expulse. Relaxation, on regonfle le ballon, on reprend de l'air pour pouvoir re-comprimer le tout. Si l'état est trop tendu, on n'a pas assez d'amplitude du mouvement, donc l'expectoration peut mal se faire. D'où l'utilisation de certaines plantes comme le coquelicot, qui est antispasmodique à affinité respiratoire, mais aussi un relaxant général.
Le système reproducteur féminin avec les crampes pendant les règles, cette forte tension et constriction douloureuse des muscles de l'utérus. Ici, une antispasmodique très classique et remarquable, c'est l'achillée millefeuille.
Le système digestif qui a trop travaillé d'un point de vue musculaire, peut-être par manque de sécrétions digestives, peut-être parce qu'on a trop mangé. Ici une antispasmodique classique c'est la graine de fenouil.
Le système urinaire avec les crampes des différents tubes, une constriction réflexe associées au passage de sable ou d'un petit calcul. Ici les antispasmodiques classiques, du moins dans la pratique américaine, sont la viorne, l'igname sauvage.
D'un point de vue muscles squelettiques, parfois une zone va se contracter en réponse à une forte inflammation, ou un dommage. Par exemple, des douleurs aux lombaires peuvent être accompagnées de spasmes douloureux. On peut avoir des céphalées de tension avec une sensation de tension du cou, des épaules. Ici, les antispasmodiques et relaxantes peuvent aider.
Relâchement
Ensuite, nous avons l'état de relâchement. Ici nous avons des tissus qui ont perdu leur intégrité, leur tension naturelle, cette tension qui maintient les fluides à l'intérieur.
Pour comprendre le tissu trop relâché, il faut s'imaginer, par exemple, une muqueuse qui a perdu son intégrité. Elle est boursouflée, suintante, spongieuse, parfois avec micro saignements. Il y a du mucus qui suinte.
Ou parfois, ce sont des tissus qui n'arrivent pas à exercer assez de force pour faire leur travail. Un exemple serait la muqueuse et les tissus du système urinaire dans une situation d'incontinence. On s'imagine une zone qui n'a pas assez de tension pour garder les liquides à l'intérieur. À l'extrême, ça peut être une situation de prolapsus, d'organes qui ne sont plus tenus par la structure musculaire et ligamenteuse.
Ici, pour retonifier la zone, on va utiliser des astringents. Donc dans ce modèle, les tanins sont considérés comme toniques des tissus. On veut resserrer, on veut tendre.
Notez qu'au passage, les tanins vont assécher ici, les suintements de mucus, les micro saignements, c'est l'action asséchante par contact dont on a déjà parlé.
Energétique des plantes : que faire avec tout ceci
OK, c'est terminé pour la revue de tous les états de déséquilibre au niveau "micro", au niveau des tissus. On avait déjà vu le "macro", les tendances constitutionnelles, la dernière fois. Maintenant, on fait quoi avec tout ceci ?
Eh bien, on essaie de sélectionner les bonnes plantes pour les bonnes conditions, et idéalement des plantes qui sont bien adaptées à la constitution de la personne aussi. Ça, c'est l'idéal. Mais je vous dirais qu'au départ, déjà, choisir les bonnes plantes pour la condition locale, pour le déséquilibre "micro", c'est très bien, c'est un bon départ.
Je sais, à ce stade, tout ceci est très générique, je vais envisager d'autres épisodes dans lesquels on ira explorer quelques exemples concrets. Pour l'instant, je vais faire une petite pause de l'énergétique pour passer à d'autres sujets, mais ne vous inquiétez pas, j'y reviendrai plus tard.
Allez, je vous laisse, à très bientôt pour la suite !
Énergétique des plantes : une introduction
Énergétique des plantes : une introduction : (abonnez-vous au podcast ici)
En 2014, j'ai écrit un article qui s'appelait "énergétique des plantes". C'est un article qui a suscité beaucoup de questions et d'intérêt au fil des années. Donc j'ai enfin décidé de vous faire une série sur le sujet.
On va parler de température, d'humidité. Non, ce n'est pas un épisode sur la météo. On va parler d'état des tissus. Non, ce n'est pas un épisode sur la couture, je ne suis vraiment pas qualifié pour parler couture, bien que j'arrive à repriser mes chaussettes, comme ma mémé me l'avait montré !
Non, on va surtout parler de comprendre les propriétés des plantes. Une manière que moi, j'ai apprise des Américains, et qui m'a beaucoup plu de par sa simplicité.
Ce concept étant un peu long à expliquer, je vais diviser en plusieurs épisodes. Vous avez le premier aujourd'hui, j'essaierai de vous faire les autres plus ou moins dans la foulée, c'est pas sûr que j'y arrive. Mais ne vous inquiétez pas, ils vont arriver.
Avant de démarrer, je vous rappelle deux choses importantes. Tout d'abord, je ne suis pas médecin, je ne suis pas pharmacien, je ne suis pas professionnel de la santé. Je suis là pour partager des informations avec vous. Mais ceci ne remplace absolument pas un suivi médical, et n'a pas vocation d'être diagnostic ou prescription ou autre acte médical.
Historique
D'abord, un peu d'historique. Ce concept, il nous vient de la nuit des temps. L'humain a toujours voulu comprendre et expliquer le monde qui l'entoure. Et il l'a fait avec les outils à sa disposition.
À une époque, on ne connaissait pas la chimie des plantes. On ne connaissait pas le fonctionnement du corps humain de l'intérieur vu au microscope. Mais on savait observer, et on savait utiliser tous les sens. Le nez, la bouche, le toucher, l'observation très précise d'une situation. Quelle apparence une personne avait globalement, quelle apparence avait une partie du corps en déséquilibre, comment ça évoluait. Et au fil du temps, on a créé des modèles de compréhension qui arrivaient à expliquer ces observations.
Ces observations, on les a liées au monde tout autour de nous, et aux éléments qui constituent la vie. L'eau, l'air, la terre, le feu, le vent. Une situation pouvait être chaude ou froide. Au toucher, à l'apparence enflammée ou au contraire à une situation qui manque de vie. La chaleur, c'est la vie. La froideur, à l'extrême, c'est la mort. Le vent apporte le changement.
Une situation pouvait être humide ou sèche, au toucher, à l'observation, à l'écoute. C'était un modèle que tout le monde pouvait comprendre. Le microcosme, le monde à l'intérieur du corps, reflétait le macrocosme, le monde à l'extérieur.
Ce modèle, on va l'appeler l'énergétique. Énergétique d'un déséquilibre, et énergétique des plantes qui vont venir rétablir l'équilibre.
Dans toutes les traditions du monde, à un moment où à un autre, on voit apparaitre ces notions de chaud/froid/sec/humide. On les retrouve en médecine chinoise, ayurvédique, tibétaine, unani. Même chez nous, dans les traditions qui sont à la base de nos courants de pensée, c'est-à-dire les civilisations anciennes, grecques et romaines. On voit ces notions dans les écrits d'Hippocrate et de Galien par exemple.
Pourquoi en reparler aujourd'hui ?
Mais alors, pourquoi aller déterrer un vieux modèle poussiéreux comme celui-ci, qui a largement été supplanté par la science ?
Alors d'abord, pourquoi vouloir créer des exclusivités ? Pourquoi ne pourrait-on pas utiliser différents modèles de pratiques ? Il n'y a aucune contradiction entre l'énergétique des plantes et l'anatomie-physiologie humaine, comme on la comprend aujourd'hui. Les Américains ont d'ailleurs très bien connecté les deux.
Moi, j'aime bien piocher dans différentes traditions. De comprendre les plantes par la botanique, par la physiologie humaine, par les catégories de constituants principaux, par la tradition de différents pays, et par l'énergétique.
Ici en France, on a parfois des réactions assez intéressantes, du style : "ouh là, c'est quoi ton truc de perché, commence pas avec tes histoires new-age d'esprits de la nature, de lutins, etc.". L'énergétique, c'est pas ça du tout. C'est quelque chose de très ancré, de très terre à terre.
On est dans le toucher, le goûter, le sentir et le ressenti, on est dans notre corps.
Aujourd'hui, en ce qui me concerne, j'aime ce modèle, pas en exclusivité mais en complémentarité, car d'abord, pour moi, il est beau. Il est beau dans sa simplicité. Il est beau dans sa manière de nous ramener dans notre corps, notre ressenti. Et il est beau car il nous reconnecte aux éléments.
Énergétique des plantes : contexte
A ce stade, il faut que je vous explique où j'ai acquis ces notions, je pense que c'est important d'avoir ce contexte. J'ai fait mon apprentissage aux Etats-Unis, j'y ai passé une quinzaine d'années de ma vie, c'est là que pour moi, tout a démarré, donc je suis assez proche de l'herboristerie américaine.
Aujourd'hui, ces concepts d'énergétique sont très présents dans la pratique américaine de l'herboristerie thérapeutique. J'estime que ce sont eux qui ont le plus développé l'intégration de cette vision dans nos pratiques occidentales.
Donc soyons clairs, je ne vais pas vous parler de l'énergétique de la médecine chinoise ou ayurvédique, qui comporte des modèles de pratique très sophistiqués, d'autres personnes le feront largement mieux que moi. Ici on va parler d'un modèle très simplifié, mais qui peut s'intégrer facilement dans nos modèles de travail occidentaux.
Dans le reste de cet épisode, je vais donc vous présenter l'énergétique telle que je l'ai apprise, version américaine. Et notez, au passage (vous me connaissez), que mon but, ce n'est pas de m'approprier ce terme "d'énergétique" qui aura différentes significations pour différentes personnes.
Énergétique des plantes : le plan d'attaque
Bien, maintenant qu'on a situé le contexte, on plonge dans le sujet et je vous explique le plan d'attaque.
Dans ce premier épisode, je vais vous parler des termes énergétiques qui s'appliquent aux plantes. Et dans un prochain épisode, je vous expliquerai comment ces mêmes termes s'appliquent à un individu, sa constitution, mais aussi, localement, dans son corps, à un état particulier de déséquilibre. Ce que les américains appellent "l'état des tissus".
Et puis on finira par l'association des deux, comment une plante qui a une énergétique opposée à la condition peut ramener l'équilibre. Bien sûr, on ne va pouvoir que survoler la situation, vous vous en doutez. Mais déjà, si vous commencez à ressentir intuitivement quelques bases, je pense que c'est, pour moi, mission accomplie.
Trois axes de compréhension
Pour décrire les termes d'énergétique des plantes, on va suivre 3 axes. Les deux premiers, vous les connaissez déjà. Le 3e, probablement pas.
Premier axe : la température
Simple. Chaud ou froid ? La plante a-t-elle un caractère réchauffant ou rafraichissant ?
Bien sûr, on ne parle pas de vraie température (en degré Celcius) ici, mais d'impression que la plante va laisser. Si je met un thermomètre dans un piment frais et dans un concombre du jardin, la température sera à peu près la même, celle de la pièce dans laquelle je les ai stockés. En revanche, l'énergétique du piment, c'est clairement réchauffant, et celle du concombre, c'est clairement rafraichissant.
L'été, lorsqu'il fait très chaud, je vais plutôt être attiré par une salade de concombres et une tranche de pastèque, deux végétaux d'énergétique rafraichissante, alors que l'hiver, je vais plutôt être attiré par une soupe un peu relevée, un peu épicée.
Avec la pratique, on peut parler de différents degrés de chaleur ou de fraicheur. Donc une plante peut avoir une énergétique très réchauffante, ou juste tiède. Pareil pour la partie rafraichissante. D'ailleurs, on dit parfois "refroidissante", qui note un degré de froid supérieur à "rafraichissante". Une plante peut aussi être neutre en température, ni réchauffante, ni rafraichissante.
Deuxième axe : l'humidité
Simple aussi. Humide ou sec ? On parle aussi de plante humidifiante ou asséchante.
Et là, c'est pareil, ce n'est pas forcément lié à la quantité de fluides que la plante contient. Mais à l'effet que la plante va créer sur notre système.
On peut avoir différents degrés d'humidifiant ou d'asséchant ici aussi.
Troisième axe : la tension
Celui-là est un peu particulier, spécifique de la pratique américaine, et a été développé, en grande partie, par ce que les Américains appellent le courant Physiomédicalistes des années 1800 à début 1900.
Tendu ou relâché ? On parle aussi de plante tonifiante ou plutôt relaxantes des tissus. Ce dernier axe, je vous en parlerai surtout dans un prochain épisode, lorsqu'on parle des états des tissus de notre corps.
Donc, je répète :
- Réchauffante ou rafraichissante ?
- Asséchante ou humidifiante ?
- Tonifiante ou relaxante ?
Ce sont des notions qui mettent du temps à murir d'un point de vue compréhension. Donc Il faudra faire des passes encore et encore sur le sujet, ne soyez pas trop pressé.
Energétique des plantes : Exemples
Température : Réchauffantes
Prenons une plante comme le gingembre. Elle est de nature réchauffante, cela ne vous surprendra pas. C'est l'effet qu'elle nous laisse en bouche, puis plus tard dans le tube digestif et plus tard encore dans tout le corps. Et localement aussi, si on appliquait une préparation huileuse à base de gingembre sur des muscles ou des articulations par exemple.
Globalement, les épices sont réchauffantes : cannelle, piment, safran, curcuma, poivre, clou de girofle, etc. Chacun à différents degrés. On comprend que le piment est largement plus réchauffant que le curcuma par exemple.
Les aromatiques du sud de type thym, romarin, sarriette, origan sont aussi de nature réchauffantes. Et là, on pourrait dire que tout ce qui est riche en substances aromatiques qui irritent un peu les tissus, qui piquent un peu, c'est réchauffant. Ce qui irrite un peu ramène la circulation, et donc la chaleur, la vie, la fonction.
L'ail est considéré comme réchauffant. Toutes les plantes qui contiennent des glucosinolates, ces fameux constituants soufrés, comme les brassicacées, les moutardes, sont réchauffantes. Eh oui, c'est piquant, ça fait circuler. Comment pensez-vous que le cataplasme à la moutarde fonctionne ?
Tout ce qui est excitant et stimulant du système nerveux est souvent considéré comme réchauffant. Car la chaleur est associée au mouvement. On a de l'activité, du métabolisme. Le ginseng asiatique est considéré comme chaud. Chez nous ,les toniques aromatiques comme le thym le romarin, la sauge, la sarriette, ces plantes que l'on prenait lors des convalescences, sont réchauffantes.
Globalement, tout ce qui fait circuler, qui réchauffe l'intérieur, qui fait du bien en hiver lorsqu'on se sent un peu froid, ce sont des plantes qui ont une énergétique réchauffante. Regardez la tradition.
Alors attention, on ne parle pas des plantes que l'on utilisait dans les fortes fièvres, car là on va rentrer dans le refroidissant, on en reparlera dans un prochain épisode. On parle d'un tout début de froid, lorsqu'on sent le froid qui a pénétré le corps, on grelotte… A ce stade, on voulait réchauffer.
Température : Rafraichissantes
La menthe poivrée (ou les autres menthes d'ailleurs) ont une énergétique rafraîchissante. Elles laissent cette impression de fraicheur en bouche ou localement si on applique une préparation à base de menthe sur un endroit du corps.
Les plantes diaphorétiques, qui font transpirer sans être de nature épicée, qui font évacuer "l'eau chaude du corps", comme le sureau ou le tilleul, sont classées comme rafraichissantes.
Les plantes amères comme la gentiane, l'agripaume, la verveine officinale, la passiflore, le pavot de Californie, le chardon bénit et bien d'autres amères sont de nature rafraichissante.
Les plantes qui ont un goût acide comme l'hibiscus karkadé, la mélisse, les baies de sumac, les baies de sorbier sont de nature rafraichissantes.
Les plantes riches en mucilages sont de nature rafraichissante car elles capturent et véhiculent l'eau et c'est cette eau qui va apporter la fraicheur, laisser une sensation apaisante lorsqu'une zone est un peu irritée.
Humidité : Humidifiante
La guimauve. C'est l'exemple typique de l'humidifiante. Cela ne vous surprendra pas, sa richesse en mucilage, son effet gélatineux en bouche, son effet apaisant si on l'applique localement là où c'est sec. Mais on vient de voir qu'elle est de nature rafraichissante aussi. Donc elle a les deux étiquettes.
Globalement, les plantes riches en mucilages seront de nature humidifiante : fleur de mauve, fleur de bouillon blanc, feuilles de grand plantain, feuilles de violette, rhizome de réglisse, la stellaire intermédiaire, le gaillet gratteron, etc.
Humidité : Asséchante
La ronce est de nature asséchante. Elle laisse cet effet astringent en bouche, elle va freiner les échanges de liquides au niveau local. Effet bouche sèche et pâteuse.
Globalement, les plantes riches en tanins seront asséchantes, surtout localement sur les tissus.
Et les plantes très diurétiques comme l'ortie seront asséchantes, globalement, sur la personne. Logique, on va perdre une partie de nos fluides.
Les épices et autres plantes classées dans les fortement réchauffantes sont aussi asséchantes. Ici on a cette image du feu qui fait évaporer l'eau.
Donc vous voyez déjà comment je fais la distinction entre l'effet global, sur la personne, et l'effet local, sur les tissus. Mais ça, on en reparlera plus tard dans un autre épisode sinon je vais trop compliquer les choses aujourd'hui.
Tension : Tonifiante/relaxante
Pour l'instant, je ne vais pas vous parler non plus du dernier axe tension/relaxation, j'introduirai ceci plus tard. Je voulais juste planter une petite graine au sujet de cet axe.
Energétique des plantes : plusieurs étiquettes
Du coup, basé sur ce qu'on vient de dire, vous commencez à voir comment une même plante peut être classée sur les 2 axes chaud/froid et sec/humide.
La guimauve : rafraichissante et humidifiante.
Le romarin : réchauffante et asséchante.
Idéalement, toutes les plantes seraient classées sur ces deux axes. Mais c'est parfois compliqué de trouver le couple. Parfois on a juste une classification sur un seul axe. Et puis parfois, il n'y a pas d'accord entre différentes traditions, différents pays, différents auteurs.
Parfois aussi la réflexion est complexe car l'action de la plante est complexe. Prenons notre chère achillée millefeuille. Elle est bien amère, donc plutôt rafraichissante. Oui mais elle a aussi cette partie aromatique et circulatoire, elle fait bouger le sang, décongestionne, donc un aspect plutôt réchauffant. Et puis elle est aussi diaphorétique, elle aide à évacuer la chaleur. Waouh... Alors ?
Eh bien pour l'instant, on va botter en touche, car si on commence à parler de tous ces cas particuliers, je vais vous perdre et on va perdre la beauté et la simplicité du modèle. Donc restons avec du simple. Mais je voulais tout de même vous montrer que nous aussi, au fil de la pratique, on va décliner ce modèle à des niveaux montants de complexité.
Energétique des plantes : rester dans les sens
Si vous lisez l'anglais, vous n'aurez pas trop de mal à trouver des classifications pour les plantes les plus communes. Plusieurs auteurs ou praticiens américains en parlent régulièrement : Matthew Wood, David Winston, Jim McDonald, Rosalee de la Forêt et d'autres.
Mais vous voulez peut-être faire l'évaluation par vous-même. Je pense que c'est important de le faire si vous vous intéressez à ce sujet, de s'entrainer en quelque sorte. Si vous le faites, un point important : il va falloir rester dans le corps et dans les sensations. C'est compliqué au départ pour les plus cérébraux d'entre nous.
N'allez pas trop analyser le pourquoi, le comment ça fonctionne. On est dans les impressions, dans le ressenti. On va se laisser guider par la bouche, le nez, et ce qu'on ressent à l'intérieur du corps, et ceci à différents moments :
- D'abord, au moment où l'on va toucher, sentir, goûter un petit morceau de plante fraiche, ou alors mettre un peu de teinture en bouche, un peu d'infusion. On mâchouille un petit morceau de feuille de mauve, on sent un petit gel mucilagineux qui se forme, on a une impression d'humidité. On boit une gorgée d'infusion de vigne rouge, on a l'impression que la bouche s'est asséchée tout à coup.
- Ensuite, quelques minutes, parfois quelques heures plus tard, un ressenti dans le corps, là c'est un peu plus dur à ressentir. Mais souvent il y a des petites choses qui bougent au niveau digestif ou pulmonaire ou nerveux ou circulatoire ou cardiaque ou autre.
- Et parfois même, un ressenti dans le corps au bout de quelques jours ou semaines d'utilisation. L'effet asséchant de l'ortie, par exemple, se fait souvent ressentir au bout de quelques jours.
Parfois, cette évaluation va vous sembler une évidence. Oui, ok, on revient au piment. Et puis souvent, au départ, ça peut sembler un peu tiré par les cheveux car... vous n'allez pas ressentir grand-chose ! Mais c'est normal, il faut de l'expérience, un peu comme il faut pratiquer la dégustation du vin, il faut pratiquer cette évaluation énergétique.
Une fois que vous avez fait une première lecture de la situation, vous pouvez aller valider vos impressions dans les classements déjà faits, comme je vous disais plutôt du côté américain si vous voulez une approche qui s'intègre dans les vues occidentales.
Energétique des plantes : à quoi ça sert ?
Du coup, à quoi ça sert l'énergétique des plantes? Eh bien, c'est une manière d'associer les plantes à des personnes, des constitutions, et des conditions de déséquilibres.
Quelles conditions ? Je pense que vous vous en doutez, les plantes rafraichissantes soulageront les conditions chaudes, les plantes asséchantes les conditions d'humidité, etc. Mais ça, on va se le garder pour un prochain épisode.
Merci d'être là, à très bientôt !
Histoire des plantes 12 : Sainte Hildegarde de Bingen : partie 2, la santé et les plantes
Histoire des plantes 12 : Hildegarde de Bingen : Partie 2 - La santé et les plantes : (abonnez-vous au podcast ici)
Je vous retrouve pour cette 2e partie de mon épisode sur Sainte Hildegarde de Bingen. Dans la première partie je vous ai parlé de sa vie remarquable, de son œuvre. Je vous ai aussi expliqué mon approche pour faire mes recherches et les références que j'ai utilisées, et que tout ceci n'avait pas été un travail facile.
Dans cette 2e partie, on va se concentrer sur deux ouvrages majeurs qui sont en lien avec le soin et les plantes médicinales. Sainte Hildegarde a écrit de nombreux ouvrages au cours de sa vie, mais deux se distinguent des autres pour nous, amateurs de plantes. Le premier s'intitule "De Physica" et le deuxième "Causae et curae".
Description des deux ouvrages de Sainte Hildegarde
D'une manière très simpliste, on va dire que le Physica est un peu comme une encyclopédie de sciences naturelles. Sainte Hildegarde a probablement été l'une des premières naturalistes d'Allemagne à produire un tel ouvrage. À l'intérieur, on y trouve des monographies de plantes. Nous, on appelle ça en général une Materia Medica, ou Matière Médicale. C'est ce qui nous permet d'aller à la section "sureau" ou "thym" par exemple, et de voir les propriétés.
Le "Causae et curae", lui, se concentre plus sur la santé, les pathologies, et les remèdes et méthodes pour soigner. Si on traduit du latin, ça signifie "les causes et les remèdes".
Notez bien qu'on ne connait que 2 ouvrages médicaux composés en Occident au XIIe siècle, et ce sont ces deux-là. C'est pour vous dire leur importance.
On ne sait pas trop quelle a été l'inspiration de Sainte Hildegarde pour ces deux ouvrages. On ne trouve aucune référence à des visions comme pour d'autres ouvrages. Donc pas de grandes révélations qui se sont présentées. Mais alors, d'où vient ce savoir ? Est-ce le produit d'une autorité qui la précède, des grands ouvrages classiques grecs et romains par exemple ? D'autres ouvrages médicaux peut-être ? Ou de la tradition populaire ?
Est-ce que ces écrits proviennent simplement de son sens de l'observation dans l'acte du soin ? Mais on a vu dans l'épisode précédent qu'un doute plane sur sa pratique du soin médical. Certains experts notent aussi le fait que le monastère de Rupertsberg où elle vivait (je vous ai parlé de la construction de ce lieu dans la première partie), n'était pas un centre reconnu de soins médicaux à l'époque. Donc, on ne sait pas trop sur quel savoir a été construit ce livre, on va supposer qu'il y a un mélange de toutes ces influences.
On ne sait pas trop, non plus, et contrairement aux autres ouvrages, quand ils ont été écrits, et si des ajouts ou modifications ont été faits à ces textes après sa mort, donc au travers d'autres contributeurs. Et un autre point complexe, on pense que ces deux ouvrages sont dérivés d'un seul ouvrage qui n'a pas survécu, et qu'après la mort d'Hildegarde, on a fait cette division en deux livres et on les a mis dans son dossier de canonisation, peut-être pour mieux organiser son héritage.
Donc rentrer dans ces subtilités, ça va être trop complexe pour notre survol, on va les laisser aux experts (Bain, 2021), mais si ça vous intéresse je vous ai mis toutes les références que j'ai consultées en fin d'article.
Il faut savoir que ces deux ouvrages ont été reconstitués au fil des siècles à partir de multiples fragments. Ne pensez pas qu'on a trouvé ces 2 ouvrages tels quels dans les bibliothèques de monastères. On a des morceaux qui proviennent de Berne, Berlin, Paris, Bruxelles, Florence. Ces fragments ont été retrouvés au fil des siècles, certains au XIIIe, XIVe, XVe. On a même retrouvé deux nouveaux fragments dans les années 1980 à Trèves et au Vatican.
Tout ceci fait que ce sont des ouvrages hétérogènes et complexes. Si vous y cherchez un grand tout consistant, vous ne le trouverez pas. C'est plutôt un collage de différentes informations.
De Physica - Livre 1 sur les plantes
Le Physica est divisé en 9 livres.
Le premier livre, qui est le plus épais, est une collection de 200 chapitres sur les plantes. Contrairement à d'autres herbiers du Moyen Âge, ce livre ne se penche pas sur l'identification de la plante hélas. Mais on voit bien que les plantes médicinales étaient un sujet qui l'intéressait particulièrement, ce qui est logique vu la place des plantes comme remèdes au Moyen-Age.
Le classement des plantes se repose sur les 4 éléments - chaud/froid/sec/humide. Chaque plante a une constitution énergétique, chaque problématique de santé aussi, et donc on va choisir la bonne plante en fonction de la condition. Si une condition est froide, on va aller chercher une plante chaude. Si elle est humide, on va aller chercher une plante asséchante, etc.
A noter le fait qu'Hildegarde va particulièrement insister sur la caractéristique chaud ou froid de chaque plante. Par exemple nous avons une plante dénommée "Juncus", on va supposer que c'est un jonc, qui est classé comme ni chaud, ni froid, et donc n'a aucune utilité pour les soins. Du mois c'est ce qu'elle nous dit. Eh oui car du coup, on a bien du mal à classer son action. Dans d'autres traditions, on parlerait d'énergétique neutre avec tout de même une utilité, mais là, ce scénario est écarté par Hildegarde. Si c'est neutre en température, ça n'a pas d'utilité.
Un autre exemple, la tormentille est classée comme froide, et cette froideur est bénéfique contre les fièvres, condition chaude par excellence, et des fièvres particulières ici, celles qui se développent à cause de nourriture avariée. Elle nous conseille de cuire la tormentille dans du vin avec un peu de miel, et de la boire à jeun le soir pour soigner la fameuse fièvre.
Parfois, il faut combiner différentes plantes pour obtenir un certain remède. Par exemple, on mélange de l'érodium bec de grue avec un peu de... et là on ne sait pas trop de quelle plante on parle, probablement d'une plante du genre Tanacetum, partenelle ou autre. On rajoute aussi un peu de noix de muscade. On mélange le tout et on a un remède pour les troubles cardiaques.
Les formes les plus conseillées, ce sont des macérations dans un bon vin, ou alors la confection de petites galettes qui contiennent la plante indiquée. Donc c'est super intéressant ça ! On mêle alimentation et remède, et on rend la plante agréable à consommer. Je cite : "réduire du serpolet en poudre, mêler cette poudre à de la fleur de farine et de l'eau, en faire de petites galettes et en manger souvent".
Écoutez ceci : "Le parfum de la première poussée de lis et le parfum de leurs fleurs réjouissent le cœur de l'homme et suscitent en lui de juste pensées". Si ça c'est pas de l'aromathérapie !
En principe, la plupart des plantes qu'elle mentionne proviennent de la nature environnante ou de plantes médicinales des jardins de monastères, donc que l'on peut facilement cultiver à l'époque. Les ingrédients les plus exotiques comme le gingembre, le poivre, l'encens, la muscade sont importés bien évidemment, même à l'époque. Le commerce des plantes et épices a commencé très tôt dans l'histoire.
De Physica - Livre 3 sur les arbres
Les arbres sont le sujet du 3e livre. Ce livre donne une image plus complexe à comprendre que celui sur les plantes. Car on va regarder les transformations des arbres au fil des saisons, ainsi que leur capacité à porter des fruits.
L'attribut chaud ou froid est déterminé en fonction de la quantité et de la taille des fruits. Un arbre qui produit beaucoup de gros fruits sera plus chaud qu'un arbre qui produit des fruits plus petits et plus éparses. Probablement car il est vu de l'extérieur comme plus actif, avec un métabolisme plus élevé. Là c'est moi qui spécule ici, je précise.
Elle nous explique que l'on ramasse les feuilles avant que les fruits ne maturent car sinon, les fluides vitaux vont se retrouver dans le fruit et ne seront plus dans la feuille, logique. Par exemple, elle donne la recette d'un onguent pour les yeux préparé à partir de feuilles de pommiers, qui doivent être récoltées au printemps lorsqu'elles sont fraiches et en pleine santé, avant les fruits.
Les fruits doivent être mangés crus chez la personne en bonne santé, cuits chez la personne malade. Les poires doivent toujours être cuites. Pour les coings, ça dépend de ce qu'on veut en faire et de l'effet asséchant désiré. C'est intéressant car aujourd'hui, on connait bien cet effet asséchant des muqueuses qu'on appelle astringent et qui est dû à la présence des tanins. Hildegarde nous dit que le coing peut aider ceux qui souffrent de salivation excessive, ou qu'il peut être appliqué en externe sur un ulcère pour l'assécher.
Hildegarde utilise le pêcher et le cerisier comme remède plus que comme aliment - on utilise les feuilles, l'écorce, les noyaux pour différents types d'infection de la peau, pour le mal de tête, ou pour les vers intestinaux. J'ouvre très vite une parenthèse, attention de bien valider tout ceci aujourd'hui car certains de ces conseils ne sont pas dénués de toxicité en fonction des quantités ingérées.
On retrouve certains arbres que l'on aime beaucoup dans notre pratique aujourd'hui, comme le laurier noble, qui est classé, sans surprise, comme chaud et sec, avec de nombreuses indications à la fois en interne et en application externe. On retrouve notre cher olivier, cyprès, cèdre, genévrier, sureau.
De nombreux arbres de nos forêts sont mentionnés : chêne, frêne, etc. Donc ce livre 3 est relativement riche lui aussi, bien que la classification soit un peu plus complexe que pour les plantes.
De Physica - Autres livres
Ensuite, nous avons des livres sur les éléments. Nous avons des livres sur les pierres précieuses, les métaux, les animaux (poissons, oiseaux, reptiles). Ces autres livres sont un peu plus compliqués à classer que la partie sur les plantes.
Le catalogue sur les pierres précieuses fournit la liste des pierres mentionnées dans la Bible. L'émeraude est un peu le chef de toutes les pierres. C'est une pierre spécifique pour les douleurs du cœur, de l'estomac, de la tête. On applique la pierre à l'endroit en question pour obtenir le soin. Parfois, on laisse la pierre dans du vin et on boit le vin comme remède, une option qui plaira probablement à certains, plus que de boire une infusion bien amère !
Hildegarde associe les propriétés chaud ou froid aux pierres aussi. Par exemple, l'albâtre est considéré comme tiède et donc apporte très peu de propriétés médicinales.
Pour les poissons, idem, ils sont classés par degré de chaleur et d'utilité pour différentes maladies. Le goujon par exemple est d'énergétique chaude. L'ombre est un poisson d'énergétique froide.
Idem pour les oiseaux. Parfois on trouve des description un peu loufoques, comme le fait que l'autruche est de nature tellement chaude qu'elle ne peut pas couver ses œufs sans les faire bouillir.
On trouve aussi des remèdes qui requièrent une manipulation cruelle de l'animal, je ne vous décrirai pas le remède pour la jaunisse et le traitement à faire subir à une chauve-souris. Il ne faut pas oublier qu'Hildegarde représente une position dans laquelle les plantes et les animaux sur cette planète ne sont présents que pour leur valeur utilitaire pour l'humain, qui est l'élu. C'est dans ce contexte que les livres sont écrits.
On apprendra que la brebis est de nature froide et humide, donc on en mangera plutôt en été qu'en hiver. L'écureuil, lui, est de nature chaude. Le chien semble hors concours car classé comme ami de l'Homme.
Certains reptiles sont chauds, les escargots et limaces froides. Etc.
Donc pour résumer, le Physica et ses 9 livres passent en revue tous les éléments et êtres vivants connus d'Hildegarde et même provenant de destinations largement plus exotiques, et les classent en tant que nourriture ou remèdes.
Mais que faire de ces remèdes ? Comment comprendre l'être humain dans toute sa complexité ? Quel est le modèle de pratique ? Ça, c'est l'objectif de notre ouvrage suivant.
Causae et curae
Cet ouvrage s'intitule "Causae et curae", et c'est un ouvrage médical.
Dans cet ouvrage, on voit que les soins mentionnés par Hildegarde requièrent la coopération de Dieu. Certains remèdes demandent des invocations quasi-liturgiques. D'autres simplement le fait que la santé requiert une position de paix et la joie intérieure qui, elle-même, est fondée sur l'aspiration à Dieu. Dieu est décrit comme "le grand médecin de toutes les maladies". Ce qui ne doit pas nous étonner provenant d'une ecclésiastique.
On suspecte que certains savoirs médicaux proviennent directement de Pline ou de Galien ou d'autres grandes figures de la médecine classiques de l'époque. Donc elle n'est probablement pas partie de zéro pour cet ouvrage. Mais on voit aussi qu'une importante partie du contenu est original et introduit une vision bien particulière des choses.
L'ouvrage est divisé en 5 livres et il est largement plus complexe à comprendre que Physica.
Le livre 1 démarre avec la création du monde et sa description avec une base biblique. Au cours de ce récit, elle introduit la théorie des 4 éléments - terre-eau-air-feu - qui va devenir la toile de fond du fonctionnement de la vie, et qui nous amène aux stratégies de soin avec les vues chaud-froid-sec-humide.
Le macrocosme est expliqué. On voit que le vent est la substance qui tient le firmament, un peu comme l'âme tient le corps. Les étoiles dans la voute céleste sont comparées aux veines dans le corps. Donc on superpose le macrocosme et le microcosme, l'un est une réflexion de l'autre. On retrouve ces concepts de macrocosme-microcosme dans de nombreuses traditions. On essaie de tracer des correspondances entre toutes les dimensions de la vie - les 4 éléments, les 4 qualités de chaque remède, les 4 périodes de la vie humaine, les 4 saisons, etc.
Le livre 2 se concentre sur le rôle de l'Homme dans cet univers, il explique une théorie des humeurs que l'on connait depuis Hippocrate. On y décrit aussi les maladies, c'est le livre le plus épais de cet ouvrage. Les maladies naissent d'un déséquilibre *aigu* des 4 humeurs. Par exemple, les maux de tête et l’épilepsie proviennent d’une trop grande sécheresse dans le corps, alors que la mélancolie et la pleurésie sont dues à trop d'humidité.
A contraster avec les constitutions humaines - colérique, sanguine, flegmatique et mélancolique - qui, elles, sont basées sur un déséquilibre *chronique* des humeurs. Le tempérament flegmatique dénote un excès d'eau par exemple, alors que le tempérament colérique dénote un excès de feu.
On voit parfois un traitement des humeurs qui diffère des vues traditionnelles Hippocratiques. Donc il semble qu'elle se soit construit son propre modèle de pratique, grandement inspiré de la tradition, mais aussi modifié pour correspondre à sa vue des processus vitaux.
Par exemple, chez Hippocrate, le sang est lié à l'élément air. Chez Hildegarde, le sang est lié à l'élément eau. Et l'air, dans le corps, est représenté par l'air lui-même, l'air que l'on inspire et que l'on expire. Et donc tout ceci ne nous facilite pas la tâche de compréhension, car on avait les humeurs Hippocratiques qui nécessitent déjà qu'on étudie le modèle pour comprendre, et là on n'est pas exactement sur le même registre.
Les livres 3 et 4 contiennent les remèdes pour les différentes conditions exposées dans le livre 2. Les remèdes sont principalement à base de plantes. Les préparations et prescriptions sont largement plus complexes que dans le Physica.
Et les derniers livres sont un mélange de pas mal de choses difficiles à classer - par exemple une manière de faire des diagnostics basés sur l'astrologie. On a aussi toute une partie sur la procréation en fonction des lunes, sur les différences hommes et femmes, sur les relations sexuelles.
On a l'impression qu'Hildegarde aurait voulu d'abord dresser toute la liste des problématiques de santé, ensuite toute la liste des remèdes, avec une correspondance claire entre les deux. Mais qu'au final, peut-être au fil des écritures, au fil des années, elle a pris pas mal de tangentes, ce qui fait qu'on ne trouve pas cette correspondance claire. Là encore purement spéculatif de ma part.
Pour les remèdes, c'est une collection assez ésotérique de pas mal de choses et qui reflète les vues de l'époque. Donc lorsque je dis "ésotérique", effectivement, j'appose un jugement en tant que personne du 21e siècle. En fait, j'essaie de vous expliquer que dans cet ouvrage, vous trouverez aussi bien l'utilisation de préparations à base de pavot pour les migraines, que l'utilisation d'une chienne, je parle de l'animal, que l'on fait tremper dans de l'eau, on récupère l'eau et on s'y baigne la tête lorsqu'on est dans un état d'ébriété. Pour l'épilepsie, l'utilisation de bec de canard, etc.
On va retrouver ce mix entre des choses qui nous semblent logiques, et des choses qui nous semblent bizarres pour notre connaissance actuelle. Là encore, on n'est pas là pour juger, juste pour comprendre la personne et ses ouvrages. De toute manière, juger un ouvrage du 12e siècle avec un cerveau du 21e, on ne peut pas faire ça.
Parlons de quelques plantes
A ce stade, j'aimerais qu'on parle de quelques plantes décrites par Hildegarde. Je ne vais pas vous donner toutes les descriptions, mais vous en donner quelques-unes que j'ai sélectionné juste pour vous montrer ce qu'on peut apprendre si on garde un œil curieux. Du moins les idées que moi j'en ai tiré.
Mon premier exemple, c'est la partenelle (Tanacetum parthenium). Hildegarde nous dit que la personne bien portante devrait en manger pour diminuer le risque de maladies et augmenter son "bon sang" et éclaircir l'esprit. La plante permet une bonne digestion. Et une personne qui a de la congestion dans la tête sera moins congestionnée.
Donc là, on a plusieurs points intéressants. Un concept de prévention, de retour à la santé, de stimulation de la digestion qui correspond bien à ce qu'on attendrait d'une "tonique amère" comme la partenelle. Elle permet un sang meilleur, ce qui nous ramène à son action sur le foie, vu que le foie filtre le sang. Le point sur la congestion de la tête est vraiment intrigant vu qu'on va l'utiliser, mais bien plus tard, on parle des années 1900, pour soulager les migraines.
Hildegarde explique qu'il faudrait en manger régulièrement (probablement pas beaucoup parce que ce n'est pas bon à manger, c'est amer et camphré, mais la feuille reste tendre) pour prévenir différentes maladies. Donc on revient à sa position de tonique amer, mais plutôt que l'infusion pourquoi ne pas rajouter une feuille ou deux dans une salade. Ce n'est pas une idée qui me serait venue à l'esprit.
En ce qui concerne la rose, Sainte Hildegarde parle de l'utilisation de la feuille uniquement. Une feuille de rose appliquée sur les yeux pour les soulager, des feuilles de rose sur un ulcère pour tirer le pus. Mais pourquoi la feuille alors que de tout temps, on a plutôt été attiré par la fleur ? Les pétales sont astringentes et sentent super bon, donc logiquement c'est la partie qu'on va ramasser d'abord. Mais la feuille ? Pourquoi on ne l'utilise pas ? Et pourquoi, une personne d'expérience, ne l'a pas utilisée, n'a pas été attirée par ce parfum ? C'est là encore intrigant, et ça me donne envie de tester la feuille de rosier, chose que je n'ai pas encore fait.
Pour le thym, un commentaire très intéressant d'Hildegarde. Elle dit que chez la personne qui a de la gale, il faut consommer du thym sauvage. On ne sait pas pendant combien de temps par contre. Et pour ceux qui ont une petite zone de gale, d'appliquer un onguent fait avec du thym sauvage et du lard. Donc quelque part, elle souligne la puissance du thym sauvage pris en interne, avec une action systémique, lorsqu'il y a un parasite de la peau.
Pour le plantain, elle mentionne que le jus de la plante mélangé à du vin et du miel peut mettre fin à une crise de goutte. Là encore intéressant car le plantain, du moins à ma connaissance, n'est pas vraiment positionné comme une plante qui peut soulager la goutte.
Je vais m'arrêter là avec ma petite sélection, mais au travers de l'ouvrage, j'ai pu identifier pas mal d'informations que je trouve intéressantes, intrigantes parfois, qui me donnent envie d'expérimenter avec sa manière de faire. Bon ensuite, il y a aussi énormément d'information qui moi me semblent un peu trop exotiques ou bizarroïdes par rapport à mes connaissances du moment.
Ce que je tire des ouvrages de Sainte Hildegarde
Maintenant qu'on a fait le tour rapide des ouvrages d'Hildegarde sur la nature et la santé, j'aimerais vous présenter ce que moi j'en tire. En toute humilité.
➜ Tout d'abord, on peut faire une passe relativement simple dans les monographies de Sainte Hildegarde pour en tirer des bribes d'informations utiles. Ça, c'est le plus simple. Et je pense que des ouvrages de vulgarisation l'ont fait.
➜ Aller vraiment au fond des ouvrages et comprendre son modèle, je ne sais pas si c'est possible aujourd'hui. Je ne sais pas si on pourrait arriver à tout comprendre sans l'auteur et la culture de l'époque, la compréhension du modèle Chrétien quelque peu remodelé par Hildegarde. Je ne pense pas. Du coup, on ne pourra peut-être jamais pénétrer la subtilité de la connaissance d'Hildegarde. Mais peut-être que je me trompe ?
➜ Certains seront peut-être offensés par des informations dans ces ouvrages. Peut-être le fait que le religieux est mêlé aux soins. Peut-être le fait que plantes, poissons, animaux - tout est remède, tout peut être sacrifié à des fins utiles. Si ce genre d'information vous fait rejeter un ouvrage en bloc, alors ne consultez pas Sainte Hildegarde de Bingen. Mais comme je vous disais, personnellement, je me refuse de juger un ouvrage du 12e au 21e siècle. Ce sont deux univers différents. Personnellement, je lis, je trie, je pioche ce qui m'intéresse et je laisse ce qui ne m'intéresse pas, ou ce que je ne comprends pas, je n'ai aucun problème avec ça.
➜ Je pense qu'il y a un message important, qui est la nécessité d'adopter une vue holistique de la vie, de la personne, essayer de créer un modèle qui nous permet de faire des correspondances. Une vue holistique corps et émotions, ou corps et âme, corps et esprit, corps et univers. En ce qui me concerne, ça m'aide à me sentir minuscule, mais finalement utile, connecté à tout le reste et à ma place en quelque sorte.
➜ Lorsque Sainte Hildegarde nous dit de s'en remettre entre les mains de dieu, que l'on soit croyant ou pas, quelque part, ce qu'elle nous enseigne, c'est le lâcher prise. C'est faire le maximum, faire tout ce qui est en notre pouvoir, puis faire confiance et lâcher prise. Je pense que lorsqu'on traverse des problèmes de santé, il y a beaucoup de sagesse dans ce point particulier.
➜ - Vous trouverez aussi une certaine sagesse médicale : elle nous dit qu'il n'y a pas de maladies mais véritablement des malades. Des individus qui sont une partie intégrante d'un univers, univers qui a contribué aux déséquilibres, et qui fournira donc aussi les remèdes.
Je vous remercie de m'avoir écouté pendant ces 2 épisodes sur Sainte Hildegarde. Personnellement, ça m'a plongé dans tout un univers, j'ai trouvé ça super intéressant. Avant de faire mes recherches, je pensais connaître à peu près Hildegarde. Eh bien je peux vous dire que ce plongeon m'a donné beaucoup d'humilité sur le sujet.
En fait, je ne connais quasiment rien, j'avais juste gratté la surface. Sainte Hildegarde, c'est un univers qui nécessite peut-être toute une vie à déchiffrer. En présumant qu'il soit déchiffrable !
A très bientôt...
Sainte Hildegarde : références
Sabina Flanagan, Hildegard of Bingen : a visionary life, seconde édition. https://books.google.fr/books/about/Hildegard_of_Bingen_1098_1179.html?id=9AMOAAAAQAAJ&redir_esc=y
Audrey Fella, Hildegarde de Bingen. Corps et âme en Dieu. Points, 2015.
Sylvain Gouguenheim, La Sibylle du Rhin. Hildegarde de Bingen, abbesse et prophétesse rhénane, Publications de la Sorbonne, 1996
Les Causes et les Remèdes, trad. et prés. par Pierre Monat, Grenoble, Jérôme Millon, 1997 ; rééd. 2007
Régine Pernoud, Hildegarde de Bingen, conscience inspirée du XIIe siècle, Paris-Monaco, Éditions du Rocher, 1994 ; rééd. 1995.
Bain, J. (Ed.). (2021). The Cambridge Companion to Hildegard of Bingen (Cambridge Companions to Literature). Cambridge: Cambridge University Press. doi:10.1017/9781108573832
Moulinier, Laurence, 1999. Deux fragments inédits de Hildegarde de Bingen copiés par Gerhard von Hohenkirchen (†1448). Sudhoffs Archiv, Franz Steiner Verlag Wiesbaden. pp.224-238
Hildegard. (2002). Hildegard’s Healing Plants (B. W. Hozeski, Trans.). Beacon Press.
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