Torticolis : quels sont les remèdes naturels efficaces ? : (abonnez-vous au podcast ici)
Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé de vous réveiller un matin avec le cou complètement bloqué et douloureux, et vous passez votre journée à tourner le buste plutôt que de tourner le cou, de peur de réveiller la douleur d'un méchant torticolis?
Eh oui, c’est assez classique, mais vous allez voir qu’il existe des remèdes naturels qui peuvent vraiment bien soulager la situation.
Je démarre avec une petite mise en garde, n’oubliez pas qu’un torticolis peut cacher une condition qui demande un diagnostic, peut-être un problème articulaire, ou inflammatoire, ou neurologique ou autre.
Bref, si le problème est récurrent ou si vous avez un doute ou si la douleur est particulièrement intense, faites toujours appel à un professionnel de la santé pour avoir un diagnostic précis. Et cette information pourra par la suite vous aider à mieux cibler tout programme naturel.
C'est quoi un torticolis, exactement?
On va commencer par une description du torticolis. C’est quoi exactement, et pourquoi est-ce qu’on se réveille un jour avec l’impression qu’on a le cou pris dans un bloc de béton.
A l’origine du problème, il y a une contracture musculaire. C’est-à-dire que votre système a décidé de verrouiller les muscles de votre cou, de les tendre, de les contracter, afin de protéger la zone. Vous n’y pouvez absolument rien, ceci n’est pas volontaire bien sûr, vous n’avez pas décidé pendant la nuit de soudainement contracter ces muscles. C’est votre système qui va décider de mettre cette mesure en place afin de vous protéger. C’est un peu comme une minerve naturelle si vous voulez.
Et cette contracture musculaire va faire mal, c’est accompagné de douleur. Une douleur spasmodique. En général, le torticolis touche ce fameux muscle qui est compliqué à prononcer, le sterno-cléido-mastoïdien, qui est vertical et qui relie la clavicule et le sternum avec les os du crane, qui permet certains mouvements de la tête, les mouvements de rotation par exemple. Et le muscle trapèze peut aussi être touché. Ces deux muscles vont faire mal car ils sont spasmés pour immobiliser la zone. Et ils vont aussi nous empêcher de tourner la tête d’un côté ou de l’autre.
Pourquoi le torticolis fait mal
La douleur, en fait, c’est toujours un signal pour attirer notre vigilance et nous dire attention, ralentit, y a un truc qui va pas.
Pareil pour un lumbago, tous ces mécanismes sont faits pour nous protéger. Mais nous protéger de quoi exactement ? Eh bien il peut y avoir diverses agressions qui vont déclencher ces mécanismes. Ici dans le cas du torticolis, ça peut être une mauvaise position qui a étiré certains muscles.
Mauvaise position pendant la nuit, ou peut-être une période particulièrement tendue avec beaucoup de travail à l’ordinateur, on a vu ça pendant ces périodes de confinement et de télétravail. Peut-être un effort physique qui a affecté les muscles du cou.
Toujours est-il que ça fait mal et on a besoin de solutions.
La première solution se trouve dans le mouvement.
Mais pas n’importe quel type de mouvement bien sûr. Il ne faut pas se faire mal, il ne faut pas aggraver la situation. Et je ne vais pas m’attarder sur cette partie-là car ce n’est pas mon expertise, vous trouverez certaines vidéos sur internet qui sont faite par des praticiens expérimentés – kinés, ostéopathes, chiropracteurs, etc. – et qui vont vous aider.
Pour ces mouvements, le but, c’est toujours de ne pas forcer, de ne pas aller au-delà du point de douleur.
Et parfois, lorsqu’on est vraiment bloqué, c’est assez limité comme mouvement. C’est normal, on a l’impression qu’on n’arrive quasiment pas à bouger. Mais ces mouvements vont accélérer le processus de retour à la normale.
Donc il y a des séries d’exercice de rotation de la tête, tout doucement, vers la droite, puis vers la gauche, sans provoquer une réaction de douleur. Il y aura des exercices où on incline la tête en approchant tout doucement l’oreille de l’épaule côté gauche, puis côté droit. Des mouvements de l’avant vers l’arrière, etc. Donc là encore, vous allez trouver ces exercices en vidéo, assurez-vous que ces vidéos soient faites par des thérapeutes compétents bien sûr.
Appliquer du chaud
Ensuite, le réflexe à avoir, c’est d’appliquer du chaud. Ca peut être une douche, ou vous placez tout simplement une bouillotte au niveau des cervicales et des trapèzes. Vous pouvez répéter pendant la journée, vous allez voir, ça fait beaucoup de bien.
Soulager le torticolis avec les plantes : deux approches
En ce qui concerne l’utilisation des plantes, on peut envisager 2 approches.
Une approche qui consiste à faire une application externe, sur les muscles du cou, à l’endroit où ça fait mal. Et une approche en interne, car certaines plantes peuvent agir en passant par la circulation sanguine et en allant distribuer leurs bienfaits un peu partout, y compris aux endroits où ça fait mal. On appelle ça une action systémique. Ces deux approches sont complémentaires.
Dans le cas de douleur intense, les deux sont parfois nécessaires, en supposant que vous ayez consulté un professionnel de la santé avant, je me répète mais c’est important afin de ne pas faire de bêtises. Et si la douleur est relativement gérable, alors une application en externe sera suffisante. Je vais maintenant passer toutes ces mesures en revue, et ensuite je vous explique comment je combinerais tout ceci.
L'application externe : l'arnica
On va donc démarrer par l’application externe vu que ça va constituer la base du soin.
Ici on va utiliser une forme grasse pour appliquer les plantes localement. La bonne forme, c’est un macérat huileux, c’est-à-dire une huile végétale dans laquelle on a fait macérer des plantes bien particulières dont on va parler.
On peut épaissir le macérat huileux avec de la cire d’abeille, et on appelle ça un onguent, c’est un peu plus simple à utiliser car ça va moins dégouliner.
Et n’oubliez pas que si vous ne savez pas comment fabriquer toutes ces formes, vous avez mon programme « fabrication de produits à base de plantes » qui vous permettra de réaliser toutes ces préparations dans le confort de votre cuisine. Vous pouvez aussi trouver ces produits dans le commerce.
Vous avez ici plusieurs macérats huileux possibles.
Un que j’aime beaucoup, c’est le macérat huileux de belles fleurs jaunes que vous avez peut-être croisé dans les Alpes, ou le massif central, ou les Pyrénées. C’est une fleur typique des montagnes, l’Arnica montana. C’est une plante qu’on utilise en application externe seulement, et qui apaise les contractures musculaires ou les inflammations articulaires. Dans ce macérat huileux, je vais rajouter une huile essentielle dont je vais vous parler dans quelques minutes.
Le piment
Un 2e macérat huileux que j’adore…
Je vais vous laisser deviner en revenant à ma bouillotte en fait. Lorsqu’il y a contracture, on veut appliquer du chaud. Le chaud va délier les nœuds. Est-ce que vous connaissez des plantes qui chauffent, qui vont fournir cette sensation de chaleur ? Moi j’en connais une, c’est une épice, elle est culinaire… ce n’est pas le gingembre, c’est le piment.
Attention, cette préparation est pour les plus aventureux car elle peut parfois être un peu trop irritante, donc il va falloir bien doser.
Pour faire un macérât huileux de piment, c’est super facile. Vous laissez macérer du piment sec et en poudre, de bonne qualité, c’est important, pas du piment de supermarché. En général je fais ma macération en m’assurant que j’ai une couche d’huile qui recouvre bien ma poudre dans le bocal.
Il faut laisser reposer bien 24 heures, ensuite il faut parfois rajouter de l’huile car la poudre en aura bu une partie, c’est normal, le niveau va baisser. On en rajoute pour qu’il y ait toujours une couche d’huile sur la poudre.
Ensuite on va laisser macérer 3 ou 4 semaines dans un endroit avec une température douce et on va remuer régulièrement ce mélange. Puis on filtre. Après, il faut tester sur la peau, à un endroit particulier, à l’intérieur du bras par exemple.
Attention aux muqueuses, attention aux yeux, lavez-vous bien les mains une fois le test effectué.
En fonction du ressenti de chaleur, je vais plus ou moins diluer mon macérat huileux avec une huile végétale de type olive, amande douce, ou autre. Car vous avez différents piments dans le commerce et chacun a sa force, c’est donc compliqué de savoir à l’avance… Rappel : je vous ai fait une vidéo sur le piment
Pourquoi j’ai choisi le piment ? Parce que cette sensation de chaleur va dans la bonne direction, on veut du chaud.
De plus, le piment est antispasmodique, et il interfère aussi la substance-P, qui est un peptide fabriqué par notre corps, pendant la réaction inflammatoire, pour véhiculer le signal de douleur. Le piment va interférer avec ce mécanisme et donc rendre la douleur plus tolérable.
C'est un macérat huileux que j’adore pour toute contracture musculaire, mais comme je vous le disais, attention à sa manipulation, pas sur les muqueuses, et assurez-vous qu’il ne chauffe pas trop non plus en fonction de votre tolérance.
Soulager le torticolis avec des huiles essentielles
Encore une autre manière de vous faire une préparation rapide et efficace pour application externe, c’est de mélanger une huile végétale, type olive, ou amande douce, ou un macérat huileux, d’arnica par exemple, avec des huiles essentielles.
Vous avez de nombreuses huiles essentielles qui vont soulager le torticolis.
Mais il y en a une qui m’interpelle tout particulièrement. D’abord parce qu’elle pousse dans ma région et que c’est une plante que j’affectionne particulièrement. Ensuite parce qu’elle a ce caractère chaud qui va faire du bien sur un torticolis. Et dans ma région, on trouve un chémotype bien particulier qui va être particulièrement efficace ici.
La plante, c’est le romarin. Le chémotype, c’est le camphre.
Si vous utilisez régulièrement les huiles essentielles, vous avez remarqué que certaines plantes sont chémotypées, c’est-à-dire qu’on va vous donner leur dominante chimique. Parce que pour la même plante, le romarin par exemple, vous allez avoir des huiles essentielles qui vont avoir un profil qui est différent selon la région du monde où on le trouve. Et ça, ça va nous donner une information importante sur les propriétés et sur les précautions à prendre avec cette huile essentielle.
Chez moi, en Provence, on a le chémotype camphre qui domine. Et quand vous achetez votre huile essentielle de romarin, si vous voulez un effet décontractant musculaire remarquable, c’est le chémotype camphre qui va se démarquer. Cette huile essentielle est aussi antiinflammatoire, antalgique et c’est vraiment l’huile essentielle des contractures musculaires.
Toutefois attention. C’est pas l’huile essentielle la plus facile à utiliser, parce qu’il y a des précautions à prendre avec elle, parce qu’elle est si riche en camphre et le camphre appartient à une famille de constituants qu’on appelle les cétones. Et les cétones, on les manipule avec précautions. Elles sont neurotoxiques à certaines doses.
Quelques précautions
Prudence et ensuite on peut se relaxer un peu, je vous donne la manière de l’utiliser.
- Ne pas utiliser chez les personnes épileptiques
- Pas chez la femme enceinte ou allaitante
- Pas chez les jeunes enfants
- Ce n’est pas une huile essentielle que l’on consomme en interne
- On va limiter son utilisation à une fenêtre courte dans le temps
- Et la bonne habitude avec les huiles essentielles, c’est de tester votre préparation sur l’intérieur du bras au moins 48h avant de l'utiliser. Bon, là, un torticolis ça arrive à l’improviste. Mais il serait bon de toujours tester une huile essentielle avant pour éviter des réactions allergiques, ça peut arriver.
Utilisation :
vous pouvez placez 3 gouttes d’huile essentielle dans 10 gouttes d’huile végétale type amande douce ou olive ou ce que vous avez à la maison. Ou dans 10 gouttes de macérat huileux d’arnica.
Ou alors, autre possibilité, vous placez un peu de gel d’aloe véra dans le creux de votre main, on peut acheter des tubes avec une pompe, très pratique à utiliser, et vous rajoutez 3 gouttes d’huile essentielle de romarin à camphre.
Pas 10 gouttes. Pas 20 gouttes. 3 gouttes. Avec les huiles essentielles, plus, ce n’est pas mieux. Au contraire, plus, ça peut vite devenir problématique.
Ensuite vous mélangez bien et vous appliquez en massage sur les muscles du cou.
Torticolis et baume du tigre rouge
Et si vous ne voulez absolument rien préparer du tout, je vous donne encore une autre alternative, c’est le baume du tigre rouge, qui va lui aussi vous chauffer la zone et relaxer les muscles au travers de certaines huiles essentielles comme celle de cannelle et de clou de girofle.
Bon, du coup ça vous fait une bonne liste d’outils pour une application externe.
Soulager le torticolis : la viorne en application interne
On va maintenant parler d’une prise interne, histoire de complémenter les applications externes.
Personnellement, j’estime qu’une application externe est suffisante dans la plupart des cas de torticolis. Mais pour un cas vraiment aigu, effectivement, j’irais voir ce que j’ai dans mes placards… et on va chercher quoi exactement ? On va chercher des plantes qui ont une action antispasmodique.
Des plantes qui sont connues pour relaxer les muscles, pour calmer le système nerveux qui est impliqué dans ces contractions. Si vous faites des recherches sur internet, vous verrez souvent la valériane pour soulager le torticolis. C’est vrai qu’elle est relaxante. C’est vrai qu’elle est antispasmodique des muscles squelettiques. Mais je trouve qu’il y a encore mieux, encore plus spécifique que la valériane.
C’est peut-être une plante médicinale que vous ne connaissez pas encore : c’est la viorne. La viorne est un arbuste que l’on trouve dans différentes régions du monde.
Du côté Français on utilise plutôt la viorne aubier (Viburnum opulus) parce qu’elle très présente chez nous, je vous mets ici la carte de répartition , pour information .
Du côté américain c’est plutôt la viorne à feuille de prunier (Viburnum prunifolium), qui est très présente dans certains états. En France, vous verrez aussi l’utilisation de la viorne lantane (Viburnum lantana), sous forme de macérat de bourgeons, donc ce qu’on appelle la gemmothérapie.
Viorne en décoction
Si vous arrivez à trouver de l’écorce de viorne en herboristerie, vous pouvez la préparer en décoction. Vous placez l’écorce dans de l’eau froide, vous faites chauffer puis vous laissez frémir pendant 5 à 10 minutes à couvert. Ensuite vous laissez reposer encore une dizaine de minutes, vous filtrez et vous buvez.
Ce n'est pas une boisson plaisir. Donc on peut mettre un peu moins de viorne, un peu plus de certaines plantes aromatiques comme la menthe poivrée ou la mélisse si nécessaire. Pour les quantités à utiliser, Valnet recommande 30 g d’écorces par litre, 2 à 3 tasses par jour.
Viorne en teinture
Pour la teinture de l’écorce, on peut utiliser entre 60 et 90 gouttes jusqu’à 5 fois par jour pour soulager les contractions des muscles du cou. Dans le commerce, vous trouverez plutôt de la teinture de viorne aubier (Viburnum opulus) ou de viorne à feuilles de prunier (Viburnum prunifolium). Les deux fonctionnent.
Et on pourrait utiliser la viorne pendant… allez… un jour ou deux, pour aider pendant le plus gros des spasmes.
Macérat de bourgeons de viorne :
Est-ce qu’on pourrait utiliser le macérat de bourgeons de viorne lantane pour un torticolis ? Parce que ça serait super pratique, on trouve cette préparation assez facilement dans le commerce en France. C’est une bonne question, et un torticolis, c’est définitivement pas quelque chose que vous allez trouver dans la liste des indications principales pour ce macérat de bourgeons. Mais il y a tout de même quelque chose d’intéressant.
J’ouvre une petite parenthèse qui devrait vous intéresser si vous utilisez la gemmothérapie. Une des indications principales du macérat de bourgeons de viorne, ce sont les situations allergiques qui affectent, en particulier, le système respiratoire. Pas que lui, mais en particulier les bronches. Et plus spécifiquement les conditions spasmodiques des bronches, c’est-à-dire l’asthme.
Si on regarde de plus près, on s’aperçoit que ce macérat va agir comme sédatif de certaines terminaisons nerveuses, qui pilotent la contraction musculaire. On retombe donc sur une propriété antispasmodique.
C’est donc un macérat qui a du potentiel, mais pour moi, ça serait plutôt pour une condition qui a basculé dans la chronicité, car là, sur 24 à 48 heures, personnellement, je préfère avoir recours à la viorne sous forme décoction ou teinture. Je referme cette parenthèse pour ce macérat de bourgeons, qui sait faire pleins de choses, mais je limite la discussion au contexte du torticolis.
La conclusion
Si je me lève, un jour, avec un torticolis de derrière les fagots, comment est-ce que je vais m’organiser ?
• Premièrement, je vais me faire une application de chaleur sur le cou, pour bien délier les nœuds. Si c’est le matin, c’est probablement la douche qui aura cette fonction. Si c’est plus tard dans la journée, c’est la bouillotte.
• Ensuite, une fois que j’ai un peu détendu les muscles avec la chaleur, je vais faire ma série d’exercices tout en douceur.
• Une fois que j’ai terminé mes exercices, je vais appliquer localement mon macérat huileux, ou mon mélange huile végétale + huile essentielle de romarin chémotypée camphre. On applique sur les muscles du cou, de la base du crane vers les trapèzes, des 2 côtés. On peut en utiliser d’autres huiles essentielles bien sûr – gaulthérie couchée, eucalyptus citronné, etc. Mais moi, j’adore le romarin. Attention, ces préparations sont grasses et vont tâcher, donc vaut peut-être mieux porter un vieux t-shirt pour l’occasion.
• Et si je suis vraiment bloqué, là je vais aller sortir mon écorce de viorne, ou ma teinture de viorne. Et si j’ai tendance à avoir un torticolis régulièrement, je vais définitivement avoir un sachet d’écorces ou une bouteille de teinture dans mes placards.
En fonction de la douleur, il se peut que je répète ce petit rituel 3 à 4 fois par jour. Et avec ça, en principe, je vais pouvoir retrouver un cou normal avec une mobilité normale d’une manière relativement rapide.
Voilà. J’espère sincèrement que tout ceci vous sera utile !