La consoude

La consoude, charpentier du corps


Cet article est paru dans le magazine Plantes & Santé n°165


Avez-vous des maladroits à la maison, des têtes en l’air qui se donnent des coups de marteau sur les doigts, des imprudents qui dégringolent de l’échelle? Si c’est le cas, vous avez définitivement besoin d’un plant de consoude au jardin.

Cette herbacée est la grande réparatrice de la charpente humaine.

Traumatisme osseux

Consoude (Symphytum officinale)

La consoude, comme son nom l’indique, a la capacité de ressouder les fêlures et les cassures. Elle agit sur les os, le cartilage et, d’une manière générale, sur tout tissu abîmé, peau et muqueuses incluses. C’est sa richesse en allantoïne et en silice qui en font une telle reconstructrice.

Ayez le réflexe consoude si vous avez reçu un choc aux os ou au cartilage. Mais attention, l’os doit être remis en place avant d’appliquer la plante ou il pourrait bien être ressoudé de travers. En cas de la présence d’un plâtre, on fera le maximum pour appliquer la consoude le plus près possible du traumatisme.

Attention pour les plaies ouvertes et profondes: elle les referme rapidement, mais en surface. Si la plaie n’est pas résolue en profondeur, il y a risque d’abcès. J’ai fait moi-même cette erreur à la suite d’une grosse coupure au doigt.

En interne, la plante était jadis prise sous forme de teinture ou d’infusion afin de réparer toute ulcération des muqueuses digestives, ulcère gastrique en particulier. Aujourd’hui, on déconseille son utilisation en interne à cause de la présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, des substances toxiques pour le foie. On s’en tiendra donc à des applications externes : teinture diluée dans de l’eau, infusion bien concentrée des feuilles sèches, huile infusée, onguent ou crème (voir ci-dessous).


Au jardin

Consoude (Symphytum officinale)

La plante est difficile à trouver en jardinerie. Mieux vaut la commander chez un pépiniériste qui connaît les médicinales. Achetez la vraie consoude officinale (Symphytum officinale) et pas la variété russe (Symphytum x uplandicum) qui contient beaucoup plus d’alcaloïdes problématiques pour le foie.

Les graines d’abord

Pour que la graine germe plus facilement, stratifiez-la à froid pendant trente jours avant de semer en plaçant la graine dans un peu de sable humide dans un sac au réfrigérateur. Puis semez dans un terreau et recouvrez d’une fine couche de terre. Tassez bien et gardez humide. La germination peut prendre entre quinze et trente jours.

Une fois germée, gardez la plantule dans des pots individuels pendant au moins trois mois avant de la transplanter. En Provence, la consoude apprécie le soleil du matin et l’ombre l’après-midi. Il lui faut un sol riche et humide avec un bon drainage. Pensez à arroser régulièrement. Si ces conditions sont remplies, votre consoude vous donnera une profusion de feuilles.

Pailler les pieds

Au bout de quelques mois, les feuilles à la base de la plante commencent à dépérir. Afin de relancer une nouvelle croissance, vous pouvez la rabattre et utiliser les feuilles pour faire un paillage tout autour du pied.

Attention, la plante devient vite envahissante. De plus, elle est quasiment impossible à éradiquer : il suffit d’un petit bout de racine pour qu’elle reparte la saison suivante. Afin de calmer ses ardeurs, vous pouvez la garder dans un gros pot (une quinzaine de litres) et placer celui-ci en terre, sachant que vous cueillerez alors plutôt les feuilles que les racines.

La consoude est vivace. Rabattez-la avant les jours froids et n’oubliez pas d’incorporer en surface une bonne couche de compost au début du printemps suivant.

Récolte et séchage

La racine, médicinale, a l’avantage d’être très mucilagineuse. Fraîche, elle fait d’excellents cataplasmes car on peut la pilonner pour la transformer en bouillie. Mais pour la plupart des préparations, la feuille est plus facile à ramasser et tout aussi efficace.

Les jeunes feuilles contiennent beaucoup d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, les feuilles matures beaucoup moins. Cueillez les feuilles les plus grosses. Faites-les sécher entières ou coupées en morceaux (la feuille peut être très grosse) à plat sur une grille. Gardez-les ensuite dans de grands sacs en papier dans un endroit le plus sec possible. L’humidité les ferait noircir.


A l’atelier : onguent de consoude

Consoude (Symphytum officinale)

Un onguent est une préparation grasse faite à partir du macérat huileux de la plante et de cire d’abeille. Pour plus d’informations concernant le macérat huileux de consoude, voir l’article ici. Vous pouvez également vous le procurer tout prêt.

1. Faire chauffer la quantité de macérat huileux désirée au bain-marie. Rajouter 12 grammes de cire pour chaque 100 ml de macérat. Faire fondre en remuant.

2. Verser le mélange encore chaud dans des pots en verre préalablement stérilisés. Ne pas les refermer tout de suite.

3. Une fois que l’onguent commence à prendre (un fin anneau de cire apparaît sur le bord du pot) et pour chaque 100 ml de macérat huileux de départ, rajouter 6 gouttes d’huiles essentielles et 8 gouttes de vitamine E pour assurer une bonne conservation. Si vous utilisez des pots de 50 ml, cela fait 3 gouttes d’huile essentielle et 4 de vitamine E par pot. Mélanger à l’aide de baguettes et refermer immédiatement les pots. Les huiles essentielles les plus protectrices pour l’onguent sont celles de romarin (chémotype cinéole) ou de lavande vraie.

4. Conserver l’onguent dans un endroit frais, sec et à l’abri de la lumière, jusqu’à deux ans s’il est accompagné de conservateurs. Il s’applique sur la zone traumatisée plusieurs fois par jour.


Teinture de consoude

Pour faire une teinture de consoude, coupez finement la feuille sèche et placez-la dans un bocal. Pour chaque 100 g de feuilles, rajoutez 500 ml d’alcool de fruits à 45° et laissez macérer deux semaines en remuant tous les jours. Lestez les feuilles à l’aide d’un galet si l’alcool ne les recouvre pas complètement. Cette teinture de feuilles diluée dans deux volumes d’eau fournit une excellente préparation à appliquer en compresse. La nature aqueuse et alcoolique de ce liquide assure une pénétration rapide au travers de la peau afin d’atteindre os et cartilage.

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197 réponses

    1. bonjour Lisa
      Oui le macérat de racine de consoude est efficace , vous pouvez même le transformer en onguent ou en crème 🙂

        1. bonjour Lisa
          Oui tout à fait 🙂 , j’aurais tendance à commencer avec un bain marie de quelques heures , puis ensuite laisser macérer pendant 1 mois
          Avec intermédiaire alcoolique ce serait plutôt pour les feuilles , là c’est très pertinent

  1. Bonjour !
    J’ai quelques questions 🙂
    Est ce qu’on peut appliquer une préparation à base de consoude pour aider la réparation d’un ménisque fissuré ? Et qu’en est il d’une hernie discale qui faire des poussées douloureuses régulièrement au niveau du rachis thoracique ? Si la consoude n’est pas indiquée dans ces cas, avez vous des alternatives à conseiller ?
    Combien de temps maximum faut il laisser en place un onguent ou cataplasme ? J’ai entendu dire qu’il y avait un risque d’enraidissement de l’articulation si on le laissait trop longtemps, par cicatrisation excessive.
    Merci beaucoup beaucoup !
    Juliette

    1. Bonjour Juliette
      oui tout à fait , dans la mesure où vous connaissez l’origine de cette « fêlure » , en externe vous pourriez par exemple faire des cataplasmes d’argile (mouillée avec infusion de consoude ) et après le cataplasme passer un onguent ou une crème à base de consoude et par exemple d’arnica
      un onguent va pénétrer dans la peau, il n’y a pas de temps de « pause  » , quant au cataplasme on enlève quand c’est sec et on recommence , vous pouvez aussi faire des compresses : infusions feuilles consoudes (ou décoction de racines) puis mouiller une compresse et l’appliquer sur le genou
      je ne comprends pas votre dernière question sur un risque d’enraidissement de l’articulation par cicatrisation excessive ?
      Avec la consoude il faut faire attention quand une blessure est profonde , car la consoude booste la cicatrisation , et le risque est que la peau cicatrise vite mais en profondeur non et là il peut y avoir un risque d’infection , parfois il faut laisser le temps à l’organisme de se réparer, c’est peut-être cela que vous avez entendu ?

      1. Merci beaucoup ! ce que j’ai entendu là dessus (par rapport à ma dernière question) n’était pas très précis, je pourrai redemander à la personne en question.

  2. bonjour en ce qui concerne l’étape qui suit celle où la plante est laissé 2 heures dans l’alcool pour mieux extraire les principes actifs, je me demande comment procéder sans blender? le bain marie serait il un bon remplacement mais pendant combien de temps? et à quelle temperature? merci pour vos compétences

  3. Bonjour, peut-on sécher les feuilles de consoude( de mon jardin) au deshydrateur ?
    Merci pour la réponse. Annie

  4. Bonjour Sabine,
    J ai le plus grand mal à faire sécher les feuilles de consoude pour réaliser une TM, sans qu elles ne brunissent, et ça ne me plait pas.
    Vous confirmez que j obtiendrais une TM toute aussi efficace avec plante fraîche et alcool à 96 degrés?
    C est pour ajouter à un baume (cire + Huile de maceration solaire de feuilles fraiches).
    En vous remerciant.

    1. bonjour Estelle
      oui parfois les feuilles de consoude sont rebelles à sécher , oui la teinture de feuilles fraiches est excellente, par contre vous pouvez rajouter la teinture dans une crème , dans un baume je ne sais pas si cela est judicieux

      1. Bonjour Sabine,

        Merci beaucoup pour votre réponse.
        Je sais bien que l alcool n est pas miscible avec l huile…Et parce que vous le soulevez je vais ré-expérimenter la confection d une crème pour y inclure la TM.
        Mes expériences en. « Creme » se soldent toutes par l apparition de moisissures à plus ou moins long terme, y compris lorsque j ajoute EPP, huile essentielle, vitamine E, Olivem 1000, conservation au frais et à l abris de la lumière…

        Joyeuse journée Chère Sabine.

        1. bonjour Estelle
          tenez-nous au courant 🙂 vous conservez vos crèmes dans un endroit frais voire au frigo ?

  5. Bonjour, pour faire la teinture, sachant que l’alcool et l’eau font libérer des substances différentes, faut-il rajouter de l’eau pour obtenir 45° quand on utilise l’alcool 96° non dénaturé? Merci.

    1. bonjour Chris
      L’alcool pur s’utilise pour des plantes fraiches ,l’alcool a un pouvoir de déshydratation et va extraire l’eau de la plante, cette eau (chargée en constituants) va diluer l’alcool.
      Pour une teinture de plante sèche si vous n’avez que de l’alcool pur , et que vous vouliez 45° il vous faudra avant faire une dilution , vous avez la table de gay lussac qui vous indique combien mettre d’eau pour avoir le titrage souhaité https://fnsrpe.com/wp-content/uploads/table_dilution.pdf

  6. Bonjour, j’ai réalisé une teinture mère de feuilles de consoude. Est il possible de la « transformer » en baume ou macérat huileux pour pouvoir facilement l’utiliser?

    1. bonjour Sonia
      vous pouvez faire une crème , vous rajoutez la teinture dans la partie aqueuse , on ne peut pas transformer une teinture en macérat huileux

  7. Bonjour
    Un ami qui a beaucoup de consoude dans son jardin a décidé d’en enlever une grande partie; que je me suis empressée de récupérer. J’ai passé un bon moment à trier tout cela, gardant les plus belles feuilles pour une teinture, les autres, ainsi que les tiges pour le compost. Cependant j’ai du coup plein de fleurs et je me demandais s’il existait un usage pour les fleurs. Je fouille les écrits Anglais et Américains sans succès. Avez vous quelque chose à ce sujet? Je n’arrive pas à me résoudre au fait qu’elles ne servent pas ou alors les ajouter aux teintures et macérats?

    1. bonjour Joule
      à ma connaissance seules les racines et les feuilles ont des propriétés médicinales, pour les fleurs je n’ai pas d’infos non plus

  8. Bonjour
    Est ce que l’allantoïne et la silice sont convenablement extrait avec de l’huile ? Et donc un macérat est il vraiment efficace ? J’ai lu que l’allantoïne était mieux extraite dans un ph acide comme le vinaigre par exemple. Quand pensez-vous ? Merci

    1. bonjour Pascale
      non l’huile n’est pas le meilleur solvant , il extrait un peu de tout mais en petites quantités
      pour l’allantoïne je ne sais pas trop, déjà parce que l’on regarde l’action de toute la plante, et pas un constituant isolé

      1. Merci de votre réponse,
        Lorsque je réalise un baume de racine de consoude, fait avec une huile de macération de racine, j’ajoute de la teinture mère de racine de consoude. Qu’en pensez-vous ? Et encore merci de votre réponse.

        1. bonjour Pascale
          vous arrivez à tout bien mélanger? mais du coup c’est plutôt une crème que vous faites ? un baume par définition ne contient pas de phase aqueuse

          1. Dans ma préparation il y a de la cire d’abeille, une huile de macération de racine de consoude, quelques gouttes d’huile essentielle de lavande fine, et deux cuillères à soupe de teinture mère. La texture reste celle d’un baume, ce n’est pas crémeux. Est ce que ce l’apport de la teinture mère vous paraît judicieux pour accentuer l’effet de la consoude ?

            1. si la consistance vous plait et tient dans le temps, cela parait pas mal , et oui la teinture apporte un plus , ça me donne envie d’essayer , ce que je vais faire d’ailleurs 🙂

          2. Bonsoir Sabine,
            Oui en effet c’est plutôt un onguent !
            La texture avec la teinture mère reste celle d’un onguent.
            C’est une préparation qui me satisfait beaucoup, pour soigner brûlures et contusions. Merci

  9. Bonjour, peut on utiliser de l’alcool de fruits à 40 degrés pour la teinture? Je n’ai pas trouvé d’alcool de fruit plus fort.

    1. bonjour Lisa
      si vous faites sécher les feuilles ou la racine , pourquoi pas , un peu juste mais mieux que rien , tenter l’expérience et voyez ce que ça donne (attention pas en interne )

      1. D’accord merci du renseignement, je peux aussi utiliser du rhum par exemple qui sera plus fort. Est-ce important que ce soit de l’alcool de fruit ou est ce que ca peut etre autre chose?

        1. bonjour Lisa
          souvent ce que l’on trouve c’est de l’alcool pour fruit (souvent issu de la distillation de blé ou d’autres céréales) l’alcool de fruit qui est ce qu’on appelle de l’eau de vie (style la gnole par exemple) ont des goûts plus marqués, mais effectivement on peut aussi les utiliser si c’est ce qu’on a sous la main (hum j’ai essayé en prenant une vieille « prune » pour faire ma macération de verveine , mon mari fut fort fort contrarié 🙂 )

          1. Bonjour Sabine, merci de ta réponse.
            Ma question était relative à la fin de l’article au dessus : « ajoutez 500 ml d’alcool de fruits à 45° ». Je me demandais si ce qui importait dans la cas de cette teinture était que ce soit de l’alcool de fruit ou que ce soit à 45 degrés. Comme je n’ai que de l’alcool de fruit à 40 degrés je me demandais si ne ferais pas mieux de prendre un autre alcool qui ferait 45?

            Bonne journée et bonne année!

            1. bonjour Lisa
              ce qui compte c’est le degré , 45° mais si vous n’avez que 40° et que la plante est sèche je pense que ça passe

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