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Derniers articles

Bonjour, bienvenue dans ce 8ᵉ épisode de ma série « brève des herbes », une série dans laquelle je passe en revue des études scientifiques sur les plantes, études qui ont attiré mon attention ces derniers temps.

Je vous rappelle l’état d’esprit de ces revues. Je ne cherche pas de grandes vérités, mais plutôt de nouvelles idées, de nouvelles stratégies, de nouvelles directions pour notre pratique, que ce soit une pratique des familles ou professionnelle. Idées que nous pourrions par la suite valider dans notre pratique, justement.

Dans cet épisode, je vous propose 2 études. Une sur l’aronia et une sur le géranium du cap. De ces deux plantes, j’ai la chance d’avoir cultivé et utilisé le géranium du cap. On en reparle dans une minute.

Mais avant, je vous rappelle qu’à l’école AltheaProvence, nous vous proposons de nombreuses formations en ligne sur les plantes médicinales. Nous avons formé plus de 3500 étudiants depuis 2015. C’est de l’enseignement exclusif, structuré, approfondi, basé sur l’expérience et surtout sur la pratique. C’est en grande partie grâce à l’école que l’on peut vous produire régulièrement du contenu de grande qualité, et toujours accessible gratuitement.

Je vous rappelle aussi que je ne suis ni médecin, ni pharmacien, ni professionnel de la santé. Je suis là pour partager des informations avec vous. Mais ceci ne remplace aucunement un suivi médical, et n’a pas vocation d’être diagnostic ou prescription médicale.

Aronia : protecteur des grandes maladies ?

Allez, c’est parti pour nos deux études. La première (1) concerne le fruit de l’aronia noir (Aronia melanocarpa). C’est en fait une revue d’études qui date de 2022 et qui fait le tour des propriétés de ce fruit.

Je connaissais déjà l’aronia, mais lorsque je suis tombé sur cette étude, je me suis dit qu’il présentait un potentiel vraiment intéressant pour notre santé, note longévité. Et par longévité, je n’entends pas de vivre plus longtemps nécessairement, mais de vivre mieux dans le temps qu’il nous reste et de profiter de la vie jusqu’au bout.

Mais avant de vous parler du potentiel, j’aimerais vous parler de la plante, l’arbuste pour être plus précis.

Aronia en tant qu’arbuste décoratif

Il provient d’Amérique du Nord, c’est un excellent arbuste d’ornement au jardin. Il est solide, rustique. Il appartient à la famille des rosacées. Il a l’air d’être productif en ce qui concerne les fruits, qui sont les parties qui nous intéressent. En revanche, il aime les sols frais et pauvres en calcaire, du coup je n’essaie même pas chez moi en Provence, je pense que c’est grillé d’avance vu que, au contraire, j’ai un sol aride et riche en calcaire.

Mais pour de nombreuses régions de France, ça parait tout à fait jouable, et ça a l’air d’être un bel arbuste qui permet de mettre en place des haies fructifères et médicinales.

Propriétés de l’aronia

Mais revenons à la revue. Le fruit d’aronia est très riche en substances antioxydantes et protectrices, des pigments que l’on appelle des anthocyanes, qui sont responsables de la couleur du fruit. Les chercheurs mettent en valeur les propriétés suivantes :

  • Antidiabétiques, avec des effets bénéfiques sur les états de résistance à l’insuline accompagnés d’hyperinsulinémie, un état assez caractéristique du syndrome métabolique et du diabète de type 2. Dans les études, on voit une baisse de la glycémie, de l’insulinémie, une meilleure sensibilité cellulaire à l’insuline, donc on va dans la bonne direction pour contrer cette maladie de civilisation. Bien évidemment, les deux piliers principaux de la stratégie resteront les réformes alimentaires et l’activité physique. Mais l’accompagnement avec les plantes est une aide tout à fait efficace.
  • Antitumeur, une propriété principalement démontrée sur des lignées de cellules cancéreuses, donc des études plutôt faites in vitro, aucune étude faite sur humains à ma connaissance et c’est toujours compliqué d’extrapoler car il faut que les constituants atteignent les zones en question. Mais globalement, de bonnes indications qu’il peut réduire la prolifération cellulaire, et on va le positionner surtout en prévention.
  • Protecteur cardiovasculaire avec un effet bénéfique sur la lipidémie sanguine – triglycérides, LDL et cholestérol total. On note aussi une diminution de la pression artérielle.
  • Protecteur neurologique : protège contre la destruction des neurones, contre les effets de la plaque beta-amyloïde de la maladie d’Alzheimer.

Donc, je ne sais pas si vous voyez, mais globalement, on a quelque chose de puissamment protecteur contre les maladies des civilisations industrialisées : cancers, maladies neurodégénératives, maladies cardiaques, maladies métaboliques. Les quatre grands groupes qui font peur.

Ça fait réfléchir. On voit le potentiel. Oui, je sais, de nombreuses études dans cette revue ont été faites in vitro ou sur animaux. On a tout de même quelques études sur humains. Trop peu. C’est toujours notre problème dans le monde des plantes. Trop peu d’études pour être pris au sérieux. Pas assez d’investissements de nos autorités de santé pour mettre les plantes médicinales en valeur.

Un remède au jardin ?

Je vous laisse réfléchir à tout ça. En ce qui me concerne, j’estime que les données sont fiables. Pour les quantités consommées, on parle souvent de 200 ml de jus des fruits frais par jour, donc ça fait un bon verre.

Lorsqu’on étudie l’extrait sec (2), il est parfois standardisé en anthocyanes, et si mes calculs sont bons, on parle d’un équivalent en fruits secs qui varierait entre la pincée et la poignée par jour (3). Je vous mets toutes les références sur mon site si vous voulez les consulter.

Du coup, ne pourrait-on pas planter cet arbuste au jardin ? En consommer ses fruits régulièrement ? Les conserver, peut-être à l’état sec pour avoir une provision toute l’année, encore faudrait-il voir l’impact sur la dégradation des anthocyanes ici, mais je pense que si on ne réduit pas le fruit en poudre, qu’on le garde entier à l’abri de la lumière, on devrait pouvoir conserver le plus gros des propriétés jusqu’à la prochaine récolte.

Voilà pour l’aronia. J’espère avoir réveillé le jardinier curieux en vous !

Géranium umcka et sinusite aigüe bactérienne

La seconde étude (4) concerne une petite plante dont je voulais vous parler. Je ne pense pas que vous la connaissiez. Moi, ça fait une bonne douzaine d’années que je l’ai au jardin, en pots pour être exact vu qu’elle ne survivrait pas l’hiver.

C’est un petit géranium qu’on appelle « géranium umcka » ou « umckaloabo » ou encore « géranium du cap ». Pelargonium sidoides. Il est originaire d’Afrique du Sud. On utilise ses racines, et j’avais appris son utilisation lorsque je vivais en Amérique du Nord.

La racine est positionnée comme puissante antiinfectieuse et immunostimulante. De telle manière que dans certains pays comme l’Allemagne, on en fait des préparations  très populaires en pharmacie ou en boutique de produit naturel, sous forme de comprimés ou de sirops ou autre.

Est-ce écoresponsable ? Non. Je m’inquiète pour l’état de la ressource en Afrique du Sud, c’est probablement similaire à la situation pour l’harpagophytum.

Au jardin, chez moi en Provence, je n’ai pas eu trop de mal à faire germer les graines que l’on m’avait confiées. Par contre, la plante pousse très lentement, elle craint le froid, j’ai réussi à en garder 4 pots que je rentre chaque hiver. Et pendant l’hiver, à l’intérieur, elles me font un peu la gueule. Elles repartent ensuite au printemps lorsque je les ramène en plein soleil.

Mais revenons à l’étude. Elle a été faite sur des malades souffrant de sinusite aigüe bactérienne. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà tapé une sinusite aiguë virale, déjà, ça calme. Mais les versions bactériennes, c’est un degré au-dessus d’un point de vue durée, douleurs et symptômes.

La solution classique ici, vu qu’on est dans le bactérien, c’est bien évidemment l’antibiotique. La question que les chercheurs se sont posés, c’est la suivante : est-ce qu’une préparation à base de géranium du Cap pourrait accélérer la guérison, et si oui, quelle est son efficacité comparée à un antibiotique.

On a donc pris 50 patients adultes souffrant de sinusite bactérienne aiguë. On les a divisés en 2 groupes, un groupe recevant 3 fois 20 mg d’un extrait de géranium du Cap par jour, et un groupe prenant 3 fois 500 mg d’amoxicilline par jour. Le tout pendant 10 jours. L’étude est ce qu’on appelle « open label », c’est-à-dire que les chercheurs et les patients savent ce qu’ils prennent, on n’est pas dans le double aveugle, et ça sera la critique principale de l’étude (rappelez-vous la série spéciale que je vous ai faite sur les études interventionnelles dans laquelle je vous explique tout ceci, je vous remettrai le lien dans l’article associé à cet épisode).

Résultats :

  • Tous symptômes confondus, l’extrait de géranium du Cap apporte de meilleurs résultats que l’antibiotique à partir du jour 7 de traitement. Donc il faut quelques jours pour qu’il agisse. Je vous mettrai le graphe avec toutes les améliorations sur mon site pour que vous puissiez voir.
  • En particulier, le géranium est plus efficace que l’antibiotique pour réduire l’obstruction nasale, la sensation de douleur et de pression au visage, pour améliorer l’odorat, pour réduire l’œdème ainsi que les sécrétions purulentes.
  • A noter, le fait que le géranium diminue la présence de 3 souches bactériennes : Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae et Moraxella catarrhalis. L’amoxicilline n’en réduit que deux.
Tiré de : Perić A, Gaćeša D, Barać A, Sotirović J, Perić AV. Herbal Drug EPs 7630 versus Amoxicillin in Patients with Uncomplicated Acute Bacterial Rhinosinusitis: A Randomized, Open-Label Study. Ann Otol Rhinol Laryngol. 2020 Oct;129(10):969-976.

Pourquoi cette étude est-elle intéressante ?

Vous avez sans aucun doute entendu parler de la problématique de la résistance bactérienne aux antibiotiques. Les laboratoires pharmaceutiques n’investissent plus dans la recherche sur les nouvelles molécules aujourd’hui. Car le retour sur investissement est trop mauvais. Pas assez de revenus potentiels (5).

Donc on a intérêt à se bouger les fesses pour trouver de nouvelles approches. On a vu, au fil des études, que les plantes et les molécules naturelles sont parfois redoutablement efficaces contre les bactéries, y compris celles qui sont résistantes aux antibiotiques médicamenteux. On a une synergie de constituant qui vient attaquer ces bactéries d’une manière large et diversifiée, et les bactéries ont beaucoup plus de mal à faire fonctionner leurs mécanismes de contournement, comme les pompe à efflux, l’inactivation enzymatique, etc.

Et on ne parle même pas que l’un remplace l’autre. La puissance du modèle, c’est que si on doit faire face à une grande vague catastrophique de résistance, l’un vienne complémenter l’autre. La plante vient empêcher que la bactérie mette en route tous ces mécanismes de blocage et évacuation de la molécule d’antibiotique, pour qu’enfin elle puisse agir avec toute sa puissance.

Donc quelles sont les plantes que l’on pourrait ressortir en cas d’urgence, en cas de crise sanitaire ? En ce qui me concerne, je rajoute le géranium du cap à ma liste. Et puis si j’arrive à le cultiver en pot chez moi, je pense qu’on doit arriver à le faire pousser ailleurs.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci de vous intéresser à ces sujets de recherche. Comme je vous le dis souvent, pour pouvoir progresser dans le monde des plantes, il faut savoir combiner science, tradition et expérimentation.

A très bientôt pour un nouvel épisode !

Références

(1) Ren Y, Frank T, Meyer G, Lei J, Grebenc JR, Slaughter R, Gao YG, Kinghorn AD. Potential Benefits of Black Chokeberry (Aronia melanocarpa) Fruits and Their Constituents in Improving Human Health. Molecules. 2022 Nov 13;27(22):7823. doi: 10.3390/molecules27227823. PMID: 36431924; PMCID: PMC9696386.

(2) Ahles S, Stevens YR, Joris PJ, Vauzour D, Adam J, de Groot E, Plat J. The Effect of Long-Term Aroniamelanocarpa Extract Supplementation on Cognitive Performance, Mood, and Vascular Function: A Randomized Controlled Trial in Healthy, Middle-Aged Individuals. Nutrients. 2020 Aug 17;12(8):2475. doi: 10.3390/nu12082475. PMID: 32824483; PMCID: PMC7468716.

NOTE : l’étude ci-dessus ⬆︎ est financée par un laboratoire, j’en suis conscient. Je l’ai simplement utilisée pour avoir une idée du dosage en extrait sec employé dans certaines études.

(3) Taheri, R., Connolly, B., Brand, M., & Bolling, B. (2013). Underutilized chokeberry (Aronia melanocarpa, Aronia arbutifolia, Aronia prunifolia) accessions are rich sources of anthocyanins, flavonoids, hydroxycinnamic acids, and proanthocyanidins.. Journal of agricultural and food chemistry, 61 36, 8581-8 . https://doi.org/10.1021/jf402449q.

(4) Perić A, Gaćeša D, Barać A, Sotirović J, Perić AV. Herbal Drug EPs 7630 versus Amoxicillin in Patients with Uncomplicated Acute Bacterial Rhinosinusitis: A Randomized, Open-Label Study. Ann Otol Rhinol Laryngol. 2020 Oct;129(10):969-976. doi: 10.1177/0003489420918266. Epub 2020 May 26. PMID: 32456442.

(5) Fernandes, P., & Martens, E. (2017). Antibiotics in late clinical development. Biochemical Pharmacology, 133, 152–163. https://doi.org/10.1016/j.bcp.2016.09.025.

Bonjour,

On parle aujourd’hui d’une petite plante que vous allez trouver dans les sous-bois de certaines régions. Elle ne pousse pas chez moi en Provence, mais j’ai la chance de pouvoir la ramasser en Haute-Savoie et dans d’autres zones boisées. J’adore la boire en infusion, j’aime beaucoup son goût. Elle me fait du bien… elle me calme. Et j’espère qu’elle en fera de même pour vous.

Elle s’appelle l’aspérule odorante. On l’utilise beaucoup plus en France que du côté anglophone. Je n’ai pas trouvé grand-chose non plus du côté Allemand, du moins dans les ouvrages de Rudolf Weiss. C’est pour ça que pour faire mon travail, je suis allé puiser principalement du côté des grands classiques Français, et de ma propre expérience, comme toujours.

Avant de commencer, je vous rappelle qu’à l’école AltheaProvence, nous vous proposons de nombreuses formations sur les plantes médicinales et l’herboristerie. Nous avons formé plusieurs milliers d’étudiants depuis 2015. C’est de l’enseignement exclusif, structuré, approfondi, basé sur l’expérience et surtout sur la pratique. C’est en grande partie grâce à l’école que l’on peut régulièrement vous produire du contenu de grande qualité, et toujours accessible gratuitement.

Autre point, je vous rappelle que je ne suis ni médecin, ni pharmacien, ni professionnel de la santé. Je suis là pour partager des informations avec vous. Mais ceci ne remplace aucunement un suivi médical, et n’a pas vocation d’être diagnostic ou prescription ou autre acte médical.


Un peu de botanique

L’aspérule odorante, qu’on appelle aussi gaillet odorant, est une plante vivace de la famille des rubiacées. On la trouve dans une grande partie de la France dans les bois et les forêts de hêtres, ou une combinaison de hêtres et chênes, hêtre et charmes, ou hêtres et conifères.

La plante forme des tapis. Les feuilles sont organisées en verticilles sur une tige quadrangulaire (donc à quatre côtés) non ramifiée. On trouve en général entre 6 et 8 feuilles par verticille. Les feuilles sont rugueuses sur les bords.

Les fleurs sont blanches, à 4 pétales soudés disposés en croix, et apparaissent au sommet de la tige. Les fruits sont hérissés de poils crochus comme les autres gaillets que vous connaissez peut-être, le gaillet gratteron en particulier, très commun dans nos campagnes. Les fruits ont donc cette tendance à s’accrocher à vos habits pour faire un petit bout de route avec vous.

La plante a une petite odeur caractéristique de coumarine, de foin, quand on la froisse. Certains y trouvent une odeur de vanille ou de miel. Cette odeur s’accentue au séchage. C’est cette odeur qui fait qu’on l’utilise beaucoup dans le nord-est de la France, en Allemagne et certains pays de l’est pour aromatiser les boissons alcoolisées. C’est l’ingrédient principal du vin de mai que vous connaissez peut-être.

Comme d’autres plantes de la famille des rubiacées, la racine est de couleur rouge, elle était utilisée comme colorant naturel.

fleurs et feuille de l'aspérule odorante


Préservation de la ressource

En ce qui concerne les cueillettes responsables d’aspérule, je vous renvoie vers l’excellent guide de l’AFC (Association française des professionnels de la cueillette de plantes sauvages) qui a publié un livret technique de cueillette sur l’aspérule odorante. Je vous donne un petit résumé, mais allez voir dans le guide qui fait une 50’aine de pages juste pour cette plante, tout y est.

Aujourd’hui, on a deux facteurs qui menacent la plante, vous ne serez pas surpris : le changement climatique et l’industrialisation des forêts.

Les températures augmentent, la sécheresse aussi, ce qui entraîne une réduction de l’aire de répartition du hêtre. Et comme on l’a vu, la hêtraie, c’est là que l’aspérule pousse. Certains cueilleurs ont déjà observé un recul de sa zone de répartition ici en France.

L’exploitation industrielle des forêts est le 2ᵉ facteur problématique. Les coupes, les engins énormes qui passent et qui écrasent tout. La diminution de la zone d’ombre qui en découle. Tous ces facteurs contribuent à rétrécir sa zone.


Aspérule odorante au jardin

Pour contrebalancer la disparition de certaines zones de cueillette, on peut la cultiver. Elle nécessite des températures fraiches, de l’ombre, de l’humidité. Donc autant vous dire que chez moi en Provence, c’est raté. Mais dans d’autres régions, si vous avez une zone fraiche et ombragée du jardin, ça vaut le coup de tenter.

Ce qui semble fonctionner le mieux, c’est de prélever de jeunes plants dans les zones les plus abondantes et les transplanter. Mais on peut aussi tenter la germination de la graine en lui donnant une stratification à froid. Je vous mettrai un lien vers mes guides de germination pour vous expliquer ce terme.


Cueillette et séchage

On cueille en général de mi-mai à mi-juin, en début de floraison lorsqu’on a quelques fleurs ouvertes et les autres en bouton. Certains ramassent avant la floraison, car ils ont noté que l’odeur de coumarine semble plus intense à ce stade.

l’AFC nous explique qu’une coupe à mi-tige permet une meilleure repousse l’année suivante et un maintien du taux de coumarine. Si on coupe au ras du sol, par contre, on provoque un rétrécissement de la population et une baisse du taux de coumarine l’année suivante. La partie la plus couramment cueillie, c’est donc 2 verticilles de feuilles et la sommité fleurie. On laisse les verticilles du bas sur la plante.

En ce qui concerne le séchage, c’est un peu délicat. On veut éviter que la plante ne moisisse au séchage, sinon la coumarine risque de se transformer en dicoumarol qui est toxique avec un effet anticoagulant. C’est commun à toutes les plantes contenant des coumarines en fait, comme le mélilot. Donc on va éviter de l’entasser sur une certaine épaisseur, au contraire, on va bien l’étaler sur les claies de séchage, on va s’assurer que la pièce ne soit pas trop humide, quitte à utiliser un déshumidificateur. Et on va s’assurer qu’elle garde une couleur verte et qu’elle ne tourne pas au marron.

aspérule odorant, feuilles et fleurs


Propriétés de l’aspérule odorante

On va commencer par son action sur le système nerveux. C’est, globalement, une plante relaxante et apaisante, mais vous allez voir que ça devient intéressant lorsqu’on rentre dans les subtilités.

Aide à mieux dormir

Le premier point intéressant nous est donné par Fournier, qui nous dit que c’est une plante « contre l’insomnie des enfants et des vieillards ». Valnet rajoute « insomnie des convalescents ».

On va essayer de déchiffrer ce que nous disent ces références du siècle précédent, car elles renferment en général des clés d’utilisation. Si vous positionnez une plante pour les enfants, les personnes âgées et les convalescents, ça veut dire qu’elle est douce et qu’elle est bien tolérée par tous. Même ceux qui sont épuisés et qui ont parfois un peu de mal à tolérer certaines plantes et à les métaboliser sans faire de petites réactions indésirables.

Donc premier point, c’est une plante douce qui aide à mieux dormir. Mais est-ce qu’on n’aurait pas d’autres clés d’utilisation ?

Neurasthénie

Un terme mentionné chez Valnet, c’est « Neurasthénie ». Un terme qui n’est plus beaucoup utilisé aujourd’hui, mais qui englobe la notion de grande fatigue physique et mentale, d’être usé par la vie, un peu au bout du rouleau, et ceci provoque déprime, manque de motivation, parfois trouble du sommeil.

Pour le sommeil spécifiquement, ça me rappelle ce que dit David Winston, un herboriste américain, qui parle de personnes qui sont tellement fatiguées qu’il n’y a plus assez d’énergie, de force vitale pour démarrer et soutenir le processus de sommeil. Donc, est-ce que l’aspérule odorante ne serait pas une plante qui aide à dormir la personne fatiguée et usée par la vie ou par une longue maladie ?

Et en fait, ça me fait aussi penser à l’avoine. Je vous avais fait un épisode à son sujet, et je vous avais expliqué comment, en phytothérapie américaine, on positionne la teinture des fruits laiteux d’avoine pour un système nerveux dans un état de faiblesse et d’abattement profond. Est-ce qu’on n’est pas, aussi, avec une plante qui peut « nourrir » un système nerveux complètement épuisé et déficient ?

D’ailleurs, chez Cazin, dans son ouvrage de 1868, on voit qu’elle est positionnée comme « légèrement excitante »… peut-être juste assez pour relancer le système nerveux et le ramener à l’équilibre.

Stress, anxiété, déprime

Globalement, on va dire que l’aspérule aide à calmer les états de stress, d’anxiété et de déprime légère.

On revient à Valnet qui liste « mélancolie » et « hystérie » pour la plante. Ne vous attachez pas trop à ces vieux termes qui ne sont plus utilisés aujourd’hui, du moins dans le lexique des termes médicaux. On va juste essayer de voir la texture qu’ils donnent à la plante. Je vais apposer ma propre interprétation ici, donc on s’éloigne peut-être un peu de ce que Valnet avait en tête. Mais je vois une dualité dans cette plante, qui peut à la fois stimuler un état de déficience nerveuse, de manque de réactivité et de motivation, mais aussi calmer un excès, une hyperréactivité face aux stimuli de la vie.

L’aspérule odorante serait donc, peut-être, l’une de ces grandes équilibrantes des nerfs. Disons que c’est comme ça que j’arrive à donner du sens de ce que les anciens ouvrages ont à nous dire.

C’est peut-être l’une de ces plantes qui devient la fondation équilibrante d’un mélange pour les troubles du système nerveux. En tout cas, j’aime beaucoup l’avoir dans mes mélanges à infusions, et vous allez voir, ça fait des préparations délicieuses à boire :

  • Aspérule, millepertuis et tulsi pour les cas de déprime saisonnière
  • Aspérule, aubépine et mélisse pour les cas d’anxiété avec palpitations cardiaques sans pathologie sous-jacente. D’ailleurs, l’aspérule est indiquée dans les palpitations cardiaques d’origine nerveuse.
  • Aspérule, lavande et menthe poivrée pour les migraines d’origine nerveuse, une des indications de l’aspérule d’ailleurs.
  • Aspérule, camomille matricaire et marjolaine pour les tensions digestives…

Aspérule odorante et digestion

L’aspérule est positionnée comme une plante digestive. Mais il faut aller creuser et voir ce qu’on entend par ce terme exactement. Soyons précis. Est-ce que c’est une plante qui relance les fonctions digestives d’une manière globale, comme un orchestrateur, comme une gentiane ou une angélique ? Non, je ne crois pas qu’elle soit une grande tonique digestive à action directe.

Elle est classée comme digestive car :

  1. Elle est antispasmodique des muscles lisses, donc si crampes digestives, elle va soulager.
  2. Elle calme le système nerveux qui est un tel perturbateur de la digestion. Souvenez-vous que le stress inhibe les fonctions digestives. Donc elle freine le facteur freinateur de la digestion si vous voulez. C’est un effet indirect.

Finalement, ça nous la classe un peu dans la même catégorie que ces autres plantes qui calment simultanément les symptômes d’une digestion difficile (en particulier si spasmodique) et les excès du système nerveux, comme la mélisse ou la camomille matricaire.

Tonique du retour veineux

L’aspérule odorante agit sur le système circulatoire, spécifiquement sur les insuffisances veineuses et lymphatiques. On dit qu’elle et anti-œdémateuse, c’est-à-dire qu’elle aide à résorber les œdèmes qui seraient dus à une faiblesse veineuse ou lymphatique.

Donc, on l’a positionnée dans le passé pour les hémorroïdes, les insuffisances veineuse mineure, les thrombophlébites, les lymphœdèmes. Là encore, on la rapprocherait du mélilot avec sa teneur en coumarine (Bruneton nous dit que la plante sèche en contient environ 1 %).

Plutôt en prise interne ici, et idéalement combinée avec des plantes contenant une diversité de tanins, comme la vigne ou le noisetier ou d’autres.

Plante du foie ?

Passons à un point intéressant. L’aspérule est parfois positionnée comme plante du foie dans la tradition. Et purement basé sur son goût, intuitivement, on ne voit pas trop comment elle pourrait être une dépurative du foie, par exemple comme un pissenlit ou un artichaut ou une fumeterre. Alors certes, elle est très diurétique, donc on pourrait dire que c’est une dépurative rénale, mais côté foie, on a un peu du mal à voir comment elle pourrait agir.

J’ai trouvé l’indice chez Matthew Wood qui dit qu’elle décongestionne le système de drainage autour du foie. D’ailleurs Cazin parle lui aussi d’engorgement du foie. Ce qui nous ramène à sa propriété drainante du système veineux et lymphatique aux endroits où il y a engorgement.

Pourquoi y aurait-il congestion au niveau du foie ? Les causes peuvent être multiples. On va bien sûr écarter les causes pathologiques qui peuvent être de nature insuffisance cardiaque, hépatite, jaunisse, etc. Ça, c’est pour la profession médicale.

Mais y a-t-il des situations de la vie qui provoquent une congestion sans état de pathologie associé ? Oui, par exemple on peut avoir une congestion après un repas un peu trop lourd, ou après une période d’excès, donc on pourrait rajouter une sous-propriété digestive qui est décongestionnante hépatique.

En tout cas, le point important, c’est le suivant : je ne pense pas que ce soit nécessairement une plante dépurative, qui stimule l’activité des hépatocytes, qui augmente la sécrétion biliaire. Elle me parle beaucoup plus en tant que circulatoire et décongestionnante de l’organe.

Calmant des bouffées de chaleur

Nous avons une indication pour les bouffées de chaleur, qui nous est donnée par le docteur Jean-Michel Morel, je cite : « les plantes à coumarines agissent bien sur les bouffées de chaleur, à faible dosage« . Pour le mélilot, il explique que si on dose trop, au contraire, on va créer un effet de congestion et de vasodilatation, ce qui n’est pas désirable dans le cas des bouffées de chaleur, ça va aggraver les symptômes.

Donc si aggravation, Morel dit de baisser les doses pour le mélilot, mais je crois comprendre qu’il parle des plantes à coumarines en général.

Donc on pourrait mettre l’aspérule odorante en faible proportion dans un mélange pour les bouffées de chaleur, pour ne pas trop le doser. Je n’ai personnellement pas d’expérience avec l’aspérule dans le contexte des bouffées de chaleur, mais si vous en avez, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire.

Réparation des plaies

En application externe, nous avons une utilisation assez intéressante comme réparatrice des plaies et calmante des brûlures. Jus de la plante fraiche, infusion en compresse, teinture diluée, etc.  En faire un macérat huileux ou un onguent comme on ferait avec le gaillet gratteron.

On a d’ailleurs une étude faite sur animaux qui démontre son aspect réparateur sur les brûlures, avec des effets supérieurs lorsqu’on utilise une forme aqueuse par rapport à une forme alcoolique (Kahkeshani 2013).


Formes et quantités

  • Infusion de la plante sèche : chez Valnet, 1 cuillère à dessert par tasse d’eau. Infuser 3 à 5 minutes (ne pas faire bouillir), 3 tasses par jour.
    • Fournier précise que si on fait infuser plus de 10 minutes, l’amertume ressort aux doses qu’il recommande, c’est-à-dire 30 à 50 g de plante sèche par litre, ce qui est énorme pour les normes d’aujourd’hui.
  • Hydrolat : Valnet mentionne 20 à 30 g par jour. Je n’ai jamais vu d’hydrolat d’aspérule ici en France (ou alors, j’ai mal regardé). Mais de toute manière, vu les inquiétudes qu’on au sujet de la ressource, distiller la plante (qui nécessite de fortes quantités) n’est probablement pas judicieux.
  • Teinture ou alcoolature : rien de clair dans mes ouvrages de référence en ce qui concerne les dosages. Je dirais de tester dans les 20 à 40 gouttes de 2 à 3 fois par jour.

Précautions

J’en profite pour rappeler que les coumarines ne sont pas anticoagulantes comme on pourrait le lire à certains endroits. Je vais citer le docteur Morel ici :

« Ces principes actifs sont principalement des anti-inflammatoires à tropisme vasculaire, souvent antiagrégants plaquettaires, et stimulant de la protéolyse macrophagique en accélérant le drainage lymphatique. Ils ne sont pas anti-coagulants contrairement au dicoumarol qui en dérive, à l’origine des anticoagulants de synthèse« .

Vous vous souvenez ? Si on fait mal sécher l’aspérule et qu’elle fermente, on va transformer la coumarine en dicoumarol qui est un anticoagulant puissant que l’on retrouve dans les premières versions de la mort aux rats, on tuait les rats par hémorragie. Mais dans l’aspérule ou le mélilot, pas de dicoumarol.

Cela dit, prudence, on évitera à forte dose ou sur le long terme chez la personne :

  • Sous anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires
  • Ayant des troubles de la coagulation ou un risque hémorragique
  • Devant subir une intervention chirurgicale

Morel pousse un peu plus loin les précautions en nous disant « Utiliser à faibles doses et peu de temps en raison de risques hémorragiques potentiels« .

Dernier point, la plante pourrait provoquer des maux de tête à fortes doses, peut-être qu’on peut expliquer ceci par le point soulevé par Morel au sujet de la congestion à la tête et vasodilatation.

Voilà qui termine cet épisode sur l’aspérule, j’espère que vous l’avez trouvé utile. S’il vous en reste un peu dans vos placards, plutôt que de la faire macérer dans du vin blanc, je pense que vous pouvez maintenant la tester en tisane et voir si elle vous fait du bien.

Merci pour votre écoute, à très bientôt !

gros plan sur de jeunes feuilles d'aspérule odorante


Aspérule odorante : références

Kahkeshani N, Farahanikia B, Mahdaviani P, Abdolghaffari A, Hassanzadeh G, Abdollahi M, Khanavi M. Antioxidant and burn healing potential of Galium odoratum extracts. Res Pharm Sci. 2013 Jul;8(3):197-203. PMID: 24019829; PMCID: PMC3764671.

Bruneton, J. (2016). Pharmacognosie : Phytochimie, plantes médicinales.

Valnet, J. (1986). Phytothérapie : se soigner par les plantes. LGF/Le Livre de Poche.

Morel, J.-M. (2002). Traité pratique de phytothérapie. Éditions Grancher.

Bonjour,

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un sujet dont on ne parle quasiment jamais, mais qui semble affecter pas mal de monde, c’est l’hypotension. On parle beaucoup d’hypertension bien sûr, car c’est une situation qui affecte un pourcentage significatif de la population. Et puis c’est un risque significatif sur la santé cardiovasculaire, donc on voit pourquoi il faut en parler.

Mais pour l’hypotension, en général c’est ignoré, car la médecine classique n’a pas vraiment de solution. À moins de vous coller ce produit connu qui est, en gros, de la caféine avec de la vitamine C. Du coup, je vous propose qu’on passe en revue cette condition, qu’on essaie d’éplucher les causes possibles et que l’on discute des solutions naturelles potentielles.

Avant de commencer, je vous rappelle qu’à l’école AltheaProvence, nous vous proposons de nombreuses formations en ligne sur les plantes médicinales. Nous avons formé plus de 3500 étudiants depuis 2015. C’est de l’enseignement exclusif, structuré, approfondi, basé sur l’expérience et surtout sur la pratique. C’est en grande partie grâce à l’école que l’on peut vous produire régulièrement du contenu de grande qualité, et toujours accessible gratuitement.

Autre point, je vous rappelle que je ne suis ni médecin, ni pharmacien, ni professionnel de la santé. Je suis là pour partager des informations avec vous. Mais ceci ne remplace aucunement un suivi médical, et n’a pas vocation d’être diagnostic ou prescription ou autre acte médical.


Description du problème

Allez, on parle d’hypotension. Tout d’abord, la description médicale du problème dans son état pathologique. Je vais faire rapide, car je ne pense pas avoir beaucoup de valeur à apporter ici. Mais c’est toujours utile de comprendre le problème en question.

L’hypotension, c’est une tension artérielle trop basse pour le bien-être de la personne, trop basse pour un bon fonctionnement corporel. Avoir une bonne tension artérielle, c’est nécessaire pour que le sang, l’oxygène, les nutriments, nous parviennent dans toutes les parties du corps, en particulier la tête et le cerveau, qui est la partie la plus haute du corps lorsqu’on est debout, donc la plus complexe à atteindre à cause de la gravité.

Du coup, avoir une tension trop basse, ça vient avec des risques. Le symptôme dont on parle le plus, ce sont des vertiges avec risque de chute ou pire, ça peut aller jusqu’aux évanouissements. Bien sûr, si la tension continuait à baisser au-delà de ce point, on atteint vraiment un point très pathologique avec des organes qui ne peuvent plus fonctionner.

Mais on ne va pas parler de ce type de manifestation. On ne va pas parler des hypotensions qui créent des évanouissements ou des états de choc. Ça, on le réserve à la profession médicale.

hypotension et vertiges

 


Contexte

On va parler d’une situation un peu entre les deux. J’aimerais vous donner le contexte et pourquoi je vous en parle aujourd’hui. Le contexte, c’est qu’on m’a parfois demandé un petit coup de pouce lorsqu’on est venu me consulter. Ce n’est jamais la demande principale. Mais c’est une situation qu’on mentionne en passant. Du style, j’ai toujours été comme ça, j’en ai parlé à mon médecin, mais il n’y a rien à faire, est-ce que vous avez un conseil qui pourrait m’aider.

Moi qui ai vécu sur le continent nord-américain, je me souviens des cardiologues qui étaient super content de voir des tensions systoliques autour des 9 ou 9,5. On vous félicite, littéralement, car vous n’avez pas les risques classiques associés à l’hypertension, qui est l’un des problèmes les plus redoutés des cardiologues probablement.

Le problème, c’est que chez certaines personnes, cette hypotension peut avoir un impact négatif sur la qualité de vie.

  1. Il y a souvent une hypotension orthostatique. C’est-à-dire que si vous voulez levez trop vite de la position couchée ou même assise, waouh… ça tangue, on a la tête qui tourne. Lors de ces changements de position, il y a une activation très rapide du système nerveux sympathique, qui entraine une vasoconstriction périphérique et une augmentation de la fréquence et de la contraction du muscle cardiaque pour soutenir ce changement de position et envoyer le sang vers le haut. Mais pas assez soutenu lorsqu’un a une tension déjà faible.
  2. Autre point, il y a souvent une sécheresse globale de la peau et des muqueuses. Une petite tension, chez certaines personnes, s’accompagne d’un manque de liquide pour irriguer tous les tissus. Il n’y a pas assez d’eau dans les tuyaux si vous voulez. Les reins éliminent trop d’eau, en quelque sorte. On voudrait que les reins en retiennent un peu plus pour mieux fonctionner globalement.

Et là, attention, je fais bien la distinction entre la personne qui a une petite tension et qui a toujours très bien vécu avec.  Donc pas de problème. Et la personne qui trouve que ça affecte d’une manière négative sa qualité de vie. Si ça affecte la qualité de vie, on voit comment on peut aider.


Causes

Alors… Les causes possibles, difficile à dire. On a l’impression que certaines personnes sont faites comme ça, sont nées comme ça.

Il peut y avoir des causes médicamenteuses ou pathologiques. Parfois, c’est un diurétique mal dosé. Ou une situation pathologique avec trouble cardiaque. A voir avec le médecin.

Ici, on va plutôt réfléchir lorsqu’il n’y a pas de cause médicamenteuse ou pathologique, et que le médecin a dit : c’est comme ça, vous êtes faite comme ça, on n’y peut pas grand-chose.

Il faut réfléchir d’une manière systémique. Il y a plusieurs systèmes impliqués dans la régulation de la tension :

  • Le système nerveux qui pilote, globalement, le cœur et la constriction artérielle. On parle de fonction « neurovasculaire » ici car il y a les deux composants, neuro et vasculaire.
  • Le système circulatoire artériel avec le cœur, qui pompe activement les liquides vers les extrémités.
  • Le système circulatoire veineux, qui ramène tous ces liquides vers le cœur.
  • Le système rénal avec ici des reins qui ne retiennent pas assez de sodium et donc d’eau, sachant qu’au niveau des reins, c’est une régulation plus lente que le système cardiovasculaire.

Et vous allez voir que les suggestions de remèdes que je vais vous donner agissent en général sur plusieurs de ces systèmes.


Faut-il boire plus d’eau ?

Petite parenthèse : je ne suis pas convaincu que le conseil habituel de boire plus d’eau soit réellement efficace. Sauf si vraiment la personne ne boit pas assez pendant la journée. Mais si elle boit déjà régulièrement, boire plus n’aura pas vraiment d’impact, les reins vont juste évacuer le surplus et continuer d’évacuer un peu trop pour les besoins en liquide. C’est une petite faiblesse constitutionnelle. On est probablement nés comme ça.

J’ai observé que saler un peu plus l’alimentation semble avoir un effet globalement positif sur la personne qui souffre d’hypotension. D’ailleurs, elle aura souvent ce réflexe. Lorsqu’elle se sent particulièrement faible de ce point de vue-là, elle sera attirée par les aliments salés. Normal, c’est un réflexe du corps qui sait qu’une tension trop basse pourrait être due à un manque de sodium. Alors oui, c’est vrai qu’on fait la guerre au sel aujourd’hui, car tous les plats préparés sont très salés. Mais si on prépare tout maison et qu’on fait une utilisation raisonnable de sel, saler un peu plus pourrait être bénéfiques à ces personnes, tant qu’elles consomment une alimentation riche en potassium, que l’on trouve abondamment dans les fruits et légumes.

Attention aux tisanes très diurétiques : reine des prés, ortie, prêle et compagnie. Une infusion de temps à autre, très bien. Mais de fortes quantités, pour se reminéraliser par exemple avec 1L d’infusion d’ortie bien dosée, ça peut assécher une personne déjà sèche, et aggraver ce ressenti d’hypotension. Et ça, j’ai déjà vu plusieurs fois en situation réelle. Ce n’est pas juste théorique et spéculatif.

bol rempli de sel


Hypotension et plantes médicinales

On va parler maintenant de solutions possibles dans le monde des plantes. Je ne vais pas faire une revue de chaque plante, son utilisation, ses préparations, dosages, précautions, etc. Trop long. Je vous renvoie vers mes fiches de plantes pour plus de détails. C’est important de faire ce travail, de faire toutes les recherches qui vont avec.

Dans la suite de cette discussion, j’aimerais vous faire réfléchir plutôt que de vous donner des solutions toutes mâchées. Car votre hypotension est probablement différente de celle de votre voisin. Ce qui va faire qu’un programme fonctionne mieux qu’un autre, c’est sa correspondance avec les faiblesses de terrain de la personne. Vous me suivez ?

Donc je vais essayer de vous donner des indices pour voir si telle ou telle catégorie de plantes pourrait vous aider en fonction de qui vous êtes. Pour mieux comprendre vos forces et faiblesses de terrain, votre constitution et tempérament, je vous rappelle que vous avez ma formation Piliers du bien-être et Bilan.

Et puis on fera aussi un petit exemple de programme à la fin de cet épisode, mais c’est vraiment pour illustrer mes propos plus que pour vous donner une formule toute prête. Lorsque les stratégies sont précuites à l’avance, ça fonctionne très moyennement.


Réglisse et hypotension

La première plante, ça va peut-être vous étonner, c’est la réglisse. Elle agit au niveau des reins en provoquant une rétention de sodium et une fuite de potassium. Et vu que l’eau suit le sel, on va retenir plus d’eau dans le système. Du coup, attention de ne pas augmenter trop la consommation de sel avec la réglisse, et de consommer une bonne quantité de potassium au travers de fruits et légumes.

Elle est particulièrement indiquée chez la personne qui a ce sentiment de peau sèche et muqueuse sèche avec une tension faible.

Le seul herboriste que je connaisse et qui a positionné la réglisse pour l’hypotension, c’est Michael Moore aux États-Unis. Et c’est lui qui m’a donné l’idée et qui a fait que plus tard, c’est une plante que j’ai souvent conseillée dans ce contexte bien précis. Contrairement à ce qu’on pourrait penser (vu qu’on la met dans pas mal de confiseries), ce n’est pas la plante la plus simple à manipuler. Mais voyons comment rester dans une zone relativement sécuritaire pour que vous puissiez tester.

On pourrait partir de plusieurs points, de l’expérience en particulier. Mais là, je vais partir d’une étude de 2024, faite sur 28 participants (Af Geijerstam, 2024), qui montre une augmentation de la pression systolique d’un peu plus de 0,3 avec des pastilles de réglisse standardisées pour fournir 100 mg d’acide glycyrrhizique par jour pendant 2 semaines. Alors, 0,3 de systolique en plus, pour 2 semaines de prise, c’est déjà notable.

Bruneton, notre expert en phytochimie, nous dit que le rhizome sec, c’est-à-dire le fameux bâton de réglisse, contient de 3 à 5% d’acide glycyrrhizique « ou plus » (Bruneton, 2016). Bon, le « ou plus » est un peu problématique. J’ai regardé certaines études que je vous mettrai en référence dans l’article associé à cet épisode, et j’ai trouvé entre 3 et 4 % dans une étude (Hennell, 2008), j’ai trouvé entre 1,36 et 3,4 % dans une autre étude (Eyed, 2014).

Du coup, prenons dans les 3% du poids sec pour avoir une idée. Pour obtenir 100 mg d’acide glycyrrhizique par jour, il faudrait consommer dans les 3,3 g de réglisse par jour en supposant qu’on extraie la totalité de cet acide dans notre préparation, ce qui est assez ambitieux. Le docteur Eric Lorrain recommande de ne pas dépasser les 125 mg/jour (Lorrain, 2024). Donc on reste dans les marges qui semblent sécuritaires pour la plupart des personnes souffrant d’hypotension.

Je vais m’arrêter là avec la réglisse sous peine de vous embrouiller. Pour cette discussion grand public, je vais simplement vous proposer de l’intégrer à un mélange à tisanes et de faire une cure qui ne dépasse pas 6 semaines, là encore conseil du docteur Eric Lorrain. Si on vise autour des 3 g de réglisse en poudre, ça nous fait une cuillère à café par jour. On intègrera ça plus tard lorsqu’on parle d’un mélange à tisanes. On pourrait faire plus. Mais on va rester prudent.

bâtons de réglisse


 

Faiblesse du retour veineux

La seconde catégorie de plantes dont je voudrais vous parler, ce sont les toniques du retour veineux et lymphatique. Et je pense que ça ne va pas vous surprendre.

Si la personne qui souffre d’hypotension a aussi une faiblesse du retour veineux, type insuffisance veineuse, rétentions d’eau dans les parties basses du corps, certaines douleurs dans les mollets lorsqu’il fait chaud ou lorsqu’elle est restée longtemps debout (et après être passé voir un médecin bien sûr pour un diagnostic précis), alors les plantes de type noisetier, vigne rouge, aigremoine, marronnier d’inde, fragon petit houx (et d’autres) seront bénéfiques.

C’est un axe important du travail, à ne pas négliger. Les plantes du retour veineux sont relativement efficaces avec un effet bénéfique qui peut arriver dès les premiers jours de prise. En revanche, en général, c’est un travail sur le long terme, avec des cures régulières au fil des années. Là encore, je me répète, mais s’il y a insuffisance veineuse.


Hypotension associée à une fatigue qui dure

Si on a un passage de fatigue et faiblesse qui dure et qui accentue l’hypotension, on va penser aux plantes adaptogènes les plus toniques et qui sont parfois contrindiquées dans les cas d’hypertension. Elles deviennent tout à coup plutôt indiquées ici. Le ginseng rouge est probablement le plus stimulant, le ginseng blanc en choix numéro 2, l’éleuthérocoque en choix numéro 3 (du moins basé sur mon expérience). En s’assurant que ces plantes, en particulier le ginseng, ne deviennent pas trop stimulantes et perturbatrice du sommeil. On voit parfois ceci chez la personne qui n’avait pas forcément un état de fatigue qui justifie l’utilisation de ces plantes.

Pour des alternatives plus locales aux adaptogènes (qui sont en général des plantes importées aujourd’hui, avec quelques exceptions), je vous renvoie à mes 2 épisodes sur les plantes adaptogènes revisitées (on vous mettra les liens dans l’article : partie 1partie 2). On pourra aussi penser à d’autres outils comme la gemmothérapie de cassis et de chêne pédonculé pour cette situation.

éleuthérocoque
Eleuthérocoque

Plantes riches en caféine ou équivalent

Autre catégorie : les plantes contenant de la caféine peuvent être bénéfiques pour certaines personnes, car elles agissent au niveau nerveux et cardiaque, en tant que tonique cardiovasculaire. On pensera aux différents thés, au maté, au guarana, à la noix de kola. Et bien sûr au café, qui peut devenir remède dans certaines situations.

En général, vous saurez si cette catégorie vous correspond car vous avez déjà utilisé ce remède qu’est le café ou le thé dans le passé lorsque vous vous sentiez particulièrement relâchée, hypotendue et ça vous a relancé pour quelques heures. Et si vous arrivez à faire la différence entre cet effet bénéfique et une dépendance totale à la caféine qui n’a rien à voir avec votre tension faible. Ce n’est pas forcément facile à voir. Mais c’est un bon axe de la réflexion.


Toniques aromatiques circulatoires

Ensuite, nous avons les plantes toniques, aromatiques et circulatoires de la famille des lamiacées, que j’appelle les « aromatiques du sud ». Je pense ici au thym, au romarin, à la sarriette, à la sauge qui font toutes trois de bons mélanges à tisanes. Valnet parlait en particulier du thym et de la sauge pour l’hypotension.

Au passage, Valnet parlait aussi du chardon-marie, qu’il positionnait comme plante à action globale sur la partie cardiaque et rénale lorsque hypotension.


Composer en fonction de la personne

Du coup, ça nous fait pas mal de catégories. Et idéalement, il faudrait vous approprier cette réflexion pour voir dans sur quel axe vous voulez insister tout particulièrement. Et n’oubliez pas que le processus est toujours très itératif, on n’a rarement le bon programme dès le premier coup.

Cela dit, essayons de composer un petit mélange à tisanes pour une personne qui se plaindrait d’une petite tension, elle n’est pas sous médicaments, elle a consulté un médecin qui lui a dit que tout va bien, qui traverse une période de fatigue et qui a une petite faiblesse du retour veineux.

Par tasse, on pourrait faire :

  • Réglisse : 1/2 cuillère à café de la poudre
  • Romarin : une bonne pincée des feuilles
  • Maté : une cuillère à café des feuilles finement coupées ou des feuilles en poudre
  • Noisetier : une pincée des feuilles coupées finement

On pourrait faire 2 tasses par jour pendant 3 ou 4 semaines et voir si ça aide.

En fonction de l’état de fatigue, on va peut-être rajouter une teinture ou des gélules de ginseng. Ou une gemmo de cassis et de chêne, en cure de plusieurs semaines.

Voilà, je vais m’arrêter là. Avec un petit mot d’encouragement pour vous dire que dans mon expérience, avec un peu de patience, on arrive à améliorer la situation avec les plantes. Merci pour votre écoute, et à très vite pour un nouvel épisode.


Hypotension : références

Af Geijerstam P, Joelsson A, Rådholm K, Nyström FH. A low dose of daily licorice intake affects renin, aldosterone, and home blood pressure in a randomized crossover trial. Am J Clin Nutr. 2024 Mar;119(3):682-691. doi: 10.1016/j.ajcnut.2024.01.011. Epub 2024 Jan 20. PMID: 38246526.

Hennell, J., Lee, S., Khoo, C., Gray, M., & Bensoussan, A. (2008). The determination of glycyrrhizic acid in Glycyrrhiza uralensis Fisch. ex DC. (Zhi Gan Cao) root and the dried aqueous extract by LC-DAD.. Journal of pharmaceutical and biomedical analysis, 47 3, 494-500 . https://doi.org/10.1016/j.jpba.2008.01.037.

Eyed, Ohamad, hmadi, Osseini, ohammad, Azem, Ouri, Asrin, Arhadi, Oghaddam, Eza, Midbaigi (2014). Changes in Glycyrrhizin Content of Iranian licorice ( Glycyrrhiza glabra L . ) Affected by Different Root Diameter and Ecological Conditions.

Lorrain, E. (2024b). Grand manuel de phytothérapie.

Bruneton, J. (2016). Pharmacognosie : Phytochimie, plantes médicinales.

Voici une petite recette de tisane de ronces fermentées.

  • Cueillez les feuilles de ronces (choisissez les plus belles et attention aux épines !)
  • Étalez-les sur un drap et laissez sécher à l’ombre.
  • Une fois les feuilles séchées, hachez-les grossièrement et imbibez-les d’eau, essorez-les puis roulez-les dans un linge humide et laissez-les fermenter pendant 3 jours. Les feuilles brunissent, c’est tout à fait normal.
  • Séparez le tout, étalez bien vos feuilles de ronces et les faites de nouveau sécher.

Voilà, vos feuilles sont sèches et prêtes pour préparer ce qui ressemble à un thé noir, sans caféine, mais avec un petit goût de thé noir et un petit parfum fruité caractéristique.

Bernard Bertrand, dans son livre « Pour l’amour d’une ronce », nous donne une alternative avec un goût nettement plus satisfaisant :

  • 2 parts de feuilles de ronces
  • 1 part de feuilles de framboisier

Origine de la tisane de ronces fermentées

Mais quelle est l’origine de cette recette qui aujourd’hui a le vent en poupe ? 
Car côté scientifique, pas d’étude à nous mettre sous la dent, et pas d’information non plus côté tradition, alors une recette « Miss terre » ?

Bernard Bertrand nous propose une piste : une recette publiée dans le journal munichois Hell und Gewurz Pflanzen en 1918. Cette recette était vendue sous le non de Ersatztee, recette élaborée pour tenter de minimiser la pénurie (entre autres) de café et de thé liée à l’embargo de la 1ʳᵉ guerre mondiale, imposé par les puissances alliées.

Il fallait, je cite Bernard Bertrand, obtenir 3 choses, le principe excitant, l’arôme et le goût (…) et c’est avec les feuilles de framboisiers, de Ronce et de Fraisiers qu’ils obtinrent les meilleurs résultats, un mélange de torréfaction et de fermentation bien contrôlées.

Et souvent, qui dit recette dit voyage, évolution, transformation. Celle des feuilles de ronce fermentées n’échappe pas à cette règle. Conçue et élaborée dans une période historique sombre, s’inspirant de méthodes traditionnelles venues de loin (comme la Chine pour la fabrication du thé) et pétrie par l’imagination et la créativité des populations, elle continue sa route, se frayant petit à petit un chemin dans l’univers de la cuisine sauvage et de celles et ceux à la recherche d’une consommation locale et autonome.

Certes, notre tisane de roces fermentées n’a pas encore ses lettres de noblesse côté scientifique. Lais il est logique de penser que, comme pour d’autres plantes (par exemple, les feuilles de thé) le processus de fermentation/oxydation modifie la composition chimique. Les polyphénols se transforment en composés plus complexes, influençant la saveur, l’arôme et les propriétés antioxydantes. On peut donc raisonnablement envisager que ces transformations agissent aussi sur nos feuilles de ronce fermentées, tant sur le plan gustatif que pour leurs bienfaits thérapeutiques.

Fermentation ou oxydation ?

Pour être juste : l’utilisation du mot « fermenté » n’est pas vraiment le terme correct, il faudrait plutôt dire  : oxydation enzymatique contrôlée !
En effet, les feuilles sont hachées et humidifiées, ce qui active les enzymes naturelles présentes dans les feuilles. Ces enzymes, en présence d’oxygène, déclenchent des réactions chimiques qui modifient la composition des polyphénols, responsables du goût et des propriétés du produit final.

Ce processus est similaire à celui utilisé pour produire le thé noir ou le thé oolong à partir des feuilles de Camellia sinensis. Tandis qu’une fermentation au sens strict implique l’action de micro-organismes (bactéries, levures, moisissures) qui consomment des sucres et produisent des sous-produits (comme l’acide lactique ou l’alcool), comme pour le thé Pu-erh (Fermentation Microbienne), ce thé est unique car il subit une véritable fermentation microbienne après un séchage initial. Les micro-organismes décomposent les constituants des feuilles, créant des saveurs complexes et une texture souvent plus douce.

Dans notre recette, aucun micro-organisme spécifique n’est introduit ni favorisé, ce qui rend improbable une fermentation significative. Elle ressemble plutôt à la recette du thé noir. 
Le champ des possibles est ouvert et nos feuilles de ronce n’ont pas dit leur dernier mot !

Bonne dégustation de votre tisane de ronces fermentées !

Références

BERTRAND Bernard, Pour l’amour d’une ronce, Ed. de Terran, avril 2008

Bonjour,

Une année qui s’achève bientôt ! On a été très actifs et très occupés à Altheaprovence pour vous préparer de nouveaux épisodes, de nouveaux programmes de formation au sein de l’école. Vous avez peut-être vu qu’on a lancé une nouvelle version du site internet, car la version précédente commençait à être un peu vieillotte. Donc pas mal de travail en cette fin d’année.

Et là, eh bien je voulais faire un épisode un peu plus léger aujourd’hui, commencer à passer en mode parasympathique (si vous voyez ce que je veux dire), repos et relaxation. Et l’idée du jour m’est venue d’une amie, qui m’a demandé : « vous offrez quoi, à Noël, vous, les herbos ? ».

Du coup, c’est ce que je vous propose, un épisode un peu plus relax dans lequel je vais vous parler d’idées de cadeaux en lien avec l’herboristerie. Vous allez voir, on va faire simple : des mélanges à tisanes (et au passage j’espère vous apprendre 2 ou 3 petites choses au sujet des mélanges), quelques livres qui m’ont marqué ces derniers mois, et un peu de vrac avec quelques petites friandises qui croustillent. Je ne vous en dis pas plus.

Avant de commencer, je vous rappelle qu’à l’école AltheaProvence, nous avons formé plus de 3500 étudiants depuis 2015 sur l’herboristerie et l’utilisation des plantes pour maintenir équilibre et bien-être. C’est de l’enseignement exclusif, structuré, approfondi, basé sur l’expérience et surtout sur la pratique. C’est en grande partie grâce à l’école que l’on peut vous produire régulièrement du contenu de grande qualité, et toujours accessible gratuitement.

Autre point, je vous rappelle que je ne suis ni médecin, ni pharmacien, ni professionnel de la santé.

idées cadeaux pour les herboristes

 


Mélanges à tisane

On va commencer par quelques mélanges à tisanes qu’il est bon d’offrir dans cette période de l’année. Je ne vais pas vous faire une liste de producteurs ou de boutiques qui vendent ces types de mélanges.

C’est un choix que j’ai fait dans la partie « grand public » de mes activités. Vu le trafic sur ma chaîne et sur mon site, je ne veux pas, aujourd’hui, mettre en valeur une boutique plutôt qu’une autre, ça me met dans des positions délicates par rapport à tous les gens que je connais et que j’apprécie dans notre milieu.

Dans les formations de l’école Altheaprovence, on a pris la position inverse, c’est-à-dire qu’on vous a fait un annuaire des producteurs et des boutiques de vos régions, car vous nous l’avez demandé et à a bien vu que pour construire votre pratique, au début, c’est une forte valeur ajoutée. On a une liste que l’on maintient depuis 2015, des différents fournisseurs de matériel, de plantes, de graines, etc. Mais ici, aujourd’hui, désolé, aucun fournisseur ne sera donné.

1. Mélange digestion et foie

Le premier mélange qu’il est bon d’offrir dans cette période concerne, comme vous pouvez vous en douter, la digestion.

L’approche classique consiste à donner un petit coup de pouce lorsqu’on a trop mangé. Globalement, si je simplifie, on met dans le mélange des plantes antispasmodiques et carminatives. Donc qui calment les crampes et les ballonnements.

Mais là, on va essayer de trouver un mélange d’action un peu plus large, qui peut se prendre pendant plusieurs jours autour de la période des fêtes, qui est plus englobant et qui inclut une action sur tout l’axe hépatobiliaire.

Donc voici les propriétés des plantes qu’il serait bon de retrouver dans ces mélanges. Si vous voulez acheter un mélange sans vous prendre la tête et sans regarder l’étiquette, c’est très bien, vous faites confiance à votre gentil producteur ou vendeur. Mais vu qu’on est là pour apprendre, j’aimerais disséquer tout ceci avec vous. Si vous comprenez les propriétés, vous pouvez ensuite faire vos propres mélanges ou regarder les étiquettes avec un œil un peu plus aiguisé. Et vous dire « cette tisane, oui, celle-là, il manque un truc ».

  1. Antispasmodique : c’est la base du soulagement digestif. Si on a des petites crampes, car on a trop mangé, les antispasmodiques vont détendre un peu les muscles lisses qui ont trop travaillé.
  2. Carminatif : si on a des stagnations avec ballonnements et production de gaz, ces plantes vont calmer les ballonnements. C’est plutôt appréciable lorsqu’on est en famille et qu’on ne se permet pas un échappement « libre »…
    • Exemple : angélique, basilic, toutes les graines d’apiacées que l’on a en herboristerie (c’est-à-dire cumin, carvi, anis, fenouil, coriandre, etc.)
  3. Anti-nauséeux : eh oui, si on a un fond de nausée à cause des abus. Parfois, le lendemain, on se sent un peu vaseux.
  4. Adoucissant digestif : c’est un peu moins important, mais ça peut être bénéfique si on a des petits reflux gastriques, ou si vous êtes une personne qui a vite une petite diarrhée dès qu’elle force un peu sur le fromage ou sur la buche à la crème de marron.
  5. Cholérétique et cholagogue : ce sont nos plantes du foie, qui lui permettent de faire une meilleure production et excrétion de bile, ceci afin de mieux digérer tout ce qui est gras, de faciliter un transit tendance constipation, d’aider le foie à évacuer. Attention, certaines de ces plantes sont très amères, donc si c’est le cas, on les utilise avec modération. Mais cette catégorie est importante.

Donc voilà, si je devais composer mon mélange parfait, j’essaierais de piocher dans ces 5 catégories. Mais attendez, ce n’est fini. Ceux qui vous préparent des mélanges ont d’autres petits devoirs à faire…

Homogénéité du mélange

Si je mélange ces plantes à l’avance et que je les vends, il faut que mon mélange soit « homogène », avec des parties de plantes de taille et de poids à peu près semblables. Sinon, si je fais un mélange avec des fleurs de mauve, très grosses et légères, et des graines d’anis, très petites et compactes, une fois que j’ai malmené mon sec quelques fois, car je l’ai sorti du tiroir, ouvert, j’ai plongé la cuillère dedans, puis je l’ai rangé… A force de le secouer, les graines se retrouvent au fond du sac et les fleurs sur le dessus.

Ce n’est plus un mélange homogène, ce sont des couches de plantes unitaires au sein du même sachet. Et quand je vais piocher sur le dessus avec ma cuillère, je n’aurai plus la diversité recherchée. Donc ça, c’est la première complexité pour une boutique.

Efficacité, goût, apparence

Ensuite, il faut que le mélange soit efficace tout en ayant bon goût. Eh oui, et puis là, c’est pour un cadeau. Si j’offre un truc dégueulasse, je doute qu’on m’invite la prochaine fois. Et en pratique, ce n’est pas si facile que ça. Il faut en faire beaucoup, en goûter beaucoup, et garder les meilleurs. C’est comme ça qu’on se fait la main.

L’apparence est importante aussi. Il faut que ce soit un bal des couleurs à la fois dans le sachet et dans la théière. Je vais laisser ce point de côté, car sinon ça va trop compliquer. Mais c’est pour cela que vous verrez des pétales de bleuet, de souci, de monarde, pour apporter de la couleur et de la beauté dans les mélanges.

Mon mélange digestion et foie

Du coup, si je devais faire un mélange très simple, efficace, avec un goût relativement agréable, avec des plantes que j’ai au jardin ou près de chez moi, voici ce que je mettrais :

  • Menthe poivrée (ou tout autre type de menthe, on peut jouer avec les goûts ici – menthe ananas, menthe chocolat, menthe pomme, menthe bergamotte, etc.) : antispasmodique, carminative, antinauséeuse.
  • Romarin : antispasmodique, cholérétique et cholagogue, donc ma plante du foie. La menthe poivrée, d’ailleurs, a aussi cette propriété.
  • Basilic : pour les gaz et pour son petit goût agréable, attention que les feuilles ne soient pas trop vieilles sinon ça goûte plus rien.
  • Camomille romaine (un peu) : car j’ai envie d’une touche d’amertume, pour mon foie.
  • Mauve sylvestre (un peu) : car c’est beau et ça apporte la douceur des mucilages.

Et c’est déjà pas mal. Si vous êtes curieux de voir les proportions que j’ai associées à chaque plante, c’est sur mon site. Est-ce que le mélange est homogène ? Oui, à peu prés, je pense. Est-ce qu’il aura bon goût ? Oui, parfait pour moi. Est-ce qu’il sera beau ? Je pense, il y aura du vert, du blanc, du mauve… Et on mettra 1 cuillère à soupe du mélange pour 1 tasse d’infusion.

Pour 100 g de mélange :

  • 30 g : Menthe poivrée
  • 30 g : Romarin
  • 20 g : Basilic
  • 10 g : Camomille romaine
  • 10 g : Mauve sylvestre

2. Mélange de Noël

Le 2ᵉ mélange que j’aime bien offrir, c’est ce que j’appelle le « mélange de Noël ». C’est un mélange doux et épicé, pour quand on a froid, pour quand on est en bonne compagnie et qu’on a juste envie de partager ce moment autour d’une bonne tasse.

Vous aurez des versions avec des thés noirs, des thés verts. Vous aurez des versions avec des plantes de chez nous, je pense qu’il serait intéressant de tester avec des feuilles de ronce fermentées par exemple (processus et recette ici).

Le but, c’est de créer un goût fruité et épicé. Pour les épices, certains essaient de créer avec du purement local. Moi, j’ai du mal à me passer de mes épices, je dois vous l’avouer. Vous pouvez faire confiance à votre boutique pour composer le bon équilibre des goûts.

Cela dit, j’aimerais aussi vous inciter à expérimenter avec des choses toutes simples :

  • Moi, je prends une base de thé noir, car je trouve que son goût est assez robuste et il peut bien tolérer les goûts typés, forts, épicés qu’on va lui associer. Le thé vert à un peu plus de mal. Si vous voulez tester quelque chose de plus local, vous pouvez faire fermenter des feuilles de ronces, ce n’est pas très compliqué à faire.
  • Ensuite, je vais jouer avec les épices. Les classiques : la cannelle de Ceylan (pas la cannelle casse), la cardamome, le gingembre, les clous de girofle, la noix de muscade.
  • Ensuite, les agrumes. J’adore les écorces d’agrumes. Vous les récupérez sur des agrumes bio, vous découpez juste la partie externe aromatique, pas la partie blanche. Vous coupez finement, vous faites sécher et vous les intégrez ensuite. Vous aurez du plus doux, comme l’orange douce (qui est l’orange de consommation), au plus amer comme l’écorce d’orange amère qui provient du bigaradier. La mandarine est super intéressante aussi, je trouve.
  • Ensuite, du fruité : des petits morceaux de pomme séchée (je trouve que ça donne un goût délicieux), des raisins secs, des petits morceaux de figue séchée. Pas trop, faut trouver le bon équilibre.
  • Parfois, on rajoute un petit goût anisé avec l’anis vert ou la badiane. Pour du plus local, on a l’agastache anisée. Pas trop non plus, et ça dépend des goûts. Moi, je préfère m’en passer pour mon mélange de Noël.
  • J’ai vu des tisanes de Noël avec des feuilles de frêne, avec des feuilles de murier. Ça rajoute un petit goût particulier.
  • J’aime beaucoup le parfum floral des pétales de rose que l’on retrouve dans certains mélanges. Pas beaucoup non plus, faut pas que ça prenne trop le dessus.

Donc ici, on est beaucoup moins centré sur les propriétés, beaucoup plus sur les saveurs, bien que, je vous dirais que nombreuses de ces plantes auront un effet stimulant, circulatoire, digestif, immunostimulant qui sera intéressant pendant cette période.

Et vraiment, l’idée c’est tout les ingrédients en modération, une petite touche de chaque catégorie par-dessus une bonne base de thé noir, type Assam ou Ceylan, et de venir ensuite parfumer avec parcimonie.

Si je devais démarrer avec des proportions, je dirais :

  • 70 % thé noir en poids
  • 20 % fruits secs (agrumes inclus)
  • et 10 % épices

Je pars de là, je goûte et j’ajuste. Et si vous voulez une suggestion détaillée pour 100 g, voir mon site, mais je vous préviens, ça fait un moment que je me la suis notée sur un morceau de papier et je ne l’ai pas encore testée… Et puis j’aime quand c’est bien épicé, donc vous êtes prévenus !

  • Thé noir Ceylan : 70 g
  • Fruits secs : 20 g
    • Écorces d’orange douce : 10 g
    • Petits cubes de pomme séchée : 5 g
    • Petits cubes de figue séchée : 5 g
  • Épices : 10 g
    • Cannelle de Ceylan écorce, concassée grossièrement : 5 g
    • Gingembre, rhizomes séchés coupés finement : 2 g
    • Cardamome écrasée : 2 g
    • Clous de girofle : 1 g

mélange tisane cadeau


Livres à offrir

Allez, on passe maintenant à 3 livres qui vont faire de sympathiques cadeaux. Les deux premiers sont un peu plus ludiques, une lecture facile et légère, on va dire. Ils feront de très bons livres pour laisser sur la table du salon.

Le premier, c’est le livre de Boris Presseq sur les arbres, et qui s’appelle « Arbres« , tout simplement. On m’a offert ce livre dans le courant de l’été et j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Boris est botaniste au Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse. Un gars passionné et ça se sent. Le livre explique ce qu’est un arbre, son anatomie, son milieu de vie. On y trouve des petites pépites comme la lecture de la litière d’une forêt pour connaître les arbres qui poussent dedans. C’est joli, rempli de photos, de dessins, de couleur. Un prix très abordable, donc un chouette petit cadeau.

Le deuxième, c’est une bande dessinée qui s’appelle « L’Homme qui aimait les plantes » de Stéphane Piatzszek. Je ne suis pas du tout bande dessinée, je lis plutôt des livres. Mais cette bande dessinée, elle est un peu particulière. Elle décrit la vie de Jacques Fleurentin, qui est enthnopharmacologue et qui a parcouru différents pays du monde pour aller documenter les plantes utilisées par certains peuples. Il a dirigé le laboratoire de recherche de Jean-Marie Pelt à l’Université de Metz. Il a étudié sous Jean-Marie Pelt, respect. Il a écrit ce magnifique livre « Plantes des dieux, des démons et des hommes« . Qui n’est plus disponible apparemment, c’est fort dommage.

Et j’ai eu la chance de le rencontrer et d’échanger avec lui pendant plusieurs jours lors d’une fête des plantes en Normandie (et un grand merci au passage au collectif PAM-PAM qui organisait cette fête avec une énergie incroyable). Je vais vous dire : c’est tellement rare de rencontrer des gens reconnus dans leur domaine, avec des connaissances et une expérience hors norme, et qui ont cette simplicité et cette humilité. Moi, ça me touche à chaque fois.

Donc, j’irai interviewer Jacques en 2025. En attendant, c’est de la BD dont je voulais vous parler. Elle retrace son parcours, ses aventures dans différents pays. Donc laissez-vous transporter au travers de ce voyage.

Le 3e est pour celles et ceux qui s’intéressent de près au sujet du cancer, ou qui sont praticiens. C’est le livre de Jean-Loup Mouysset « Oncologie intégrative – Du cancer vers la santé« . Un personnage remarquable qui est en train de chambouler toute l’oncologie intégrative. J’ai assisté à plusieurs de ses séminaires, soit au centre Ressource à Aix-en-Provence, soit en ligne, et il a à la fois une connaissance et une humilité assez exceptionnelle. Il n’hésite pas à prendre certaines suppositions qu’on avait faites jusque-là et les retourner comme une crêpe.

J’ai bien l’intention d’aller l’interviewer en 2025. J’aimerais aussi vous faire une revue complète du livre. En attendant, ce livre deviendra, je pense, une référence. Plus de 600 pages de contenu. Très bien investi si vous voulez pousser la réflexion sur le cancer, son traitement et sa rémission.

trois livres à offrir


D’autres idées de cadeaux

Vous avez bien sûr plein d’autres choix de cadeaux.

Je ne sais pas si vous avez déjà goûté des feuilles de menthe poivrée ou de verveine citronnée cristallisées dans du sucre. C’est vendu dans des petites boites, ça croustille, ça garde le goût de la plante (c’est assez bluffant). Et oui, c’est très sucré, on est d’accord, c’est pour juste en prendre une petite pendant les fêtes et avoir cette explosion de goût en bouche… Promis, juste une petite…

Certains font des cartes à jouer avec de belles images de plantes, d’autres font des cartes postales. Si vous utilisez un agenda papier, vous trouverez des versions illustrées avec des plantes médicinales. On m’a récemment offert un magnifique marque page fait avec des feuilles et des fleurs… Donc les possibilités sont nombreuses. Mais bon, fallait bien faire un choix pour cet épisode !

Allez je vous laisse, passez du bon temps avec les gens que vous aimez et qui vous aiment. C’est le plus important. Et surtout, merci d’être là !

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