Accompagnement de la fièvre
La fièvre fait peur. On s'acharne à la terrasser à grands coups d'anti-inflammatoires. Et pourtant, c'est l’une des armes les plus redoutables de notre système immunitaire lors d’une infection. Elle retarde la prolifération des bactéries et des virus et augmente la production de globules blancs.
Les plantes, d'un autre coté, sont là pour la soutenir et l'accompagner. Elles ne bloquent pas. Elles stimulent et favorisent le processus immunitaire.
Dans cet article, je vous propose un protocole simple à mettre en place, qui respecte le processus de fièvre tout en le rendant plus tolérable pour la personne.
Il y aura d'autres mesures à prendre selon le type d'infection. Voir par exemple ici pour l'otite, ou ici pour la bronchite. Cet article se concentre uniquement sur la fièvre.
Mise en garde : dans le doute, consultez toujours un médecin, surtout lorsqu'on parle d'un enfant ou d'une personne âgée.
Fièvre chez l’enfant
L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) nous dit ceci : il n'est pas nécessaire de traiter systématiquement la fièvre, surtout si elle est bien supportée par l'enfant.
L’hôpital et le centre de recherche pour les enfants de Seattle aux Etats-Unis rajoute : une fièvre normale comprise entre 37.8°C et 40°C est bénéfique pour un enfant malade.
La lecture du thermomètre est importante, mais ce qui est encore plus important, c'est la manière dont l'enfant réagit à la fièvre. Si l'enfant est léthargique ou à l'inverse très agité, consultez un médecin.
Aviva Romm, médecin et herbaliste américaine, travaille beaucoup avec les enfants. Voici ses directives : une fièvre commence à partir de 38°C, et la plupart des fièvres varient entre 38,3°C et 39,7°C. Une température au delà de 39,7°C est considérée comme une forte fièvre. Consultez un médecin dans les situations suivantes :
- Chez le bébé de moins de 1 mois. Ceci peut être une urgence médicale ;
- Chez le bébé de moins de 3 mois avec une forte fièvre ;
- Chez l’enfant qui ne veut pas boire, n’urine pas d’une manière normale, ou ne se comporte pas normalement ;
- Chez l’enfant se plaignant d’un mal de cou ou d’un cou raide, d’un mal de tête aigu, ou souffrant de vomissements persistants ;
- Chez l’enfant souffrant de douleurs aiguës au ventre ou à l’oreille ;
- Chez l’enfant léthargique qui n’arrive pas à se réveiller complètement, semble faible, sans vie, et n’établit pas de contact visuel direct ;
- Lorsque la fièvre reste élevée pendant plus de 3 à 5 jours ;
Si vous êtes inquiet pour votre enfant, emmenez-le chez le médecin. Faites confiance à votre instinct maternel ou paternel, mieux vaut rester prudent !
Au sujet des convulsions, l'ANSM explique : avant l'âge de cinq ans et chez moins d'un enfant sur vingt, il peut survenir, au cours de la fièvre, une crise de convulsions. Cette crise ne dure que quelques instants mais est très impressionnante. L'enfant est, tout d'un coup, secoué de spasmes musculaires généralisés ; il agite ses membres de façon saccadée et involontaire, puis il retrouve assez rapidement un état normal. Dans la très grande majorité des cas, la crise est sans conséquence et il n'est pas prouvé que les médicaments antipyrétiques puissent la prévenir. Cependant, devant une crise de convulsions, il est important de consulter immédiatement un médecin pour s'assurer que la fièvre ne résulte pas d'une autre affection sérieuse, comme une méningite.
Soutenir le système immunitaire
Si l'immunité de la personne est faible, ce point important est couvert en détail dans d'autres articles : plantes du système immunitaire et échinacée.
Le processus de fièvre
L'hiver, tout commence lorsqu'une bactérie ou un virus pénètre notre corps, en général au travers du système respiratoire. Nos globules blancs, les macrophages en particulier, vont rapidement démarrer une contre-attaque et libérer des substances dites « pyrogènes » au cours de la réponse inflammatoire. Ces substances vont dire à notre hypothalamus d'orchestrer une montée en température.
Première phase : montée en température
La température doit monter afin de détruire le pathogène. Les pores de la peau se referment, il y a vasoconstriction des vaisseaux sanguins aux extrémités du corps afin d'éviter les pertes de chaleur. Le sang est envoyé vers l'intérieur du corps. Vous avez froid, vous grelottez, vous avez envie de vous blottir sous les couvertures.
Pendant cette phase, utilisez les plantes réchauffantes de type épices. En ce qui concerne la quantité de plantes à utiliser, le but est de créer une douce sensation de chaleur. Cette quantité dépend de la tolérance de la personne. Certains auront besoin de plus (ceux qui adorent les épices), d'autres moins. Je vous donne un point de départ ci-dessous, à vous d'ajuster.
Primaires : classées par "force de chauffe" croissante :
Secondaires
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Préparez un litre dans un thermos et buvez bien chaud, une tasse régulièrement.
Chez l'enfant, vous pouvez aussi utiliser le gingembre frais à des doses réduites - une petite cuillère à café de racines râpées ou moins selon la tolérance, avec citron et miel. Sinon une infusion de thym avec du miel fera l'affaire.
Deuxième phase : descente en température
Le corps a maintenant atteint la température désirée, le pathogène est en cours d'élimination et la température va commencer à descendre. Le sang est renvoyé vers la surface pour faciliter les pertes et faire descendre la température. Vous avez chaud, vous vous découvrez, vous transpirez.
Pendant cette phase, utilisez les plantes diaphorétiques qui vont favoriser une meilleure transpiration et une bonne descente en température. Mes favorites sont les suivantes.
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Préparez un litre dans une casserole, filtrez puis laissez refroidir à couvert. Buvez une tasse d'infusion tiède ou froide régulièrement.
Respectez la convalescence
Toute grosse fièvre épuise. Le concept de convalescence, très respecté dans le passé, est aujourd'hui passé aux oubliettes en raison des exigences de la vie moderne. Donnez à votre corps quelques jours pour récupérer. Les plantes pour vous accompagner :
- Gentiane (Gentiana lutea)
- Teinture de la racine, une trentaine de gouttes dans un doigt d'eau 10 minutes avant chaque repas pour relancer la digestion. Combinez à 30 gouttes de teinture d'angélique (Angelica archangelica) afin de faciliter l'assimilation des nutriments.
- Salsepareille (Smilax spp.)
- Pas uniquement réservé aux Schtroumpfs, cet ancien remède pour se remettre sur pied contient des saponines stéroides qui lui donnes des propriétés adaptogènes. Utilisez 60 g par litre, 3 tasses avant les repas en cure de 10 jours.
Où trouver les plantes
- Toutes les plantes mentionnées dans cet article se trouvent dans la plupart des herboristeries.
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Samti Mohamed Hbib dit
merci beaucoup pour ces supers informations
pour le smilax spp on utilise quoi? les feuilles? les racines? les fruits?
et est ce que ça marche en teinture?
sabine dit
bonjour Samti
ce sont les racines qui sont utilisées et on peut récolter les jeunes pousses au printemps (un peu comme les asperges sauvages ou les jeunes pousses de tamier) je n'ai pas encore testé les jeunes pousses
Samti Mohamed Hbib dit
merci beaucoup Sabine
Hervé dit
Bonjour Christophe,
lors du Webinaire vous aviez évoqué l'utilisation de l'écorce de saule ainsi des fiches également, mais, sauf erreur de ma part, vous n'avez pas jusqu'à présent expliqué la façon d'utiliser cette écorce de saule, ni surtout les dosages... Personnellement après élagage d'un saule qui trône dans mon jardin, j'ai enlevé l'écorce d'un certain nombre de jeunes branches de l'année dernière, que j'ai fait sécher et que j'ai broyé... Il y a dégagement d'un mélange de poudre banche et de petites fibres. Comment conditionner et utiliser ces résidus au goût très amer ?... Une fiche technique serait bienvenue... M E R C I Christophe !... 😉
Christophe BERNARD dit
C'est exact, je n'ai pas encore fait de fiche, je mets sur ma liste 🙂 vous pouvez passer au tamis et conditionner cette poudre en gélules.
Philippe Martine dit
bonjour,
je suis en train d'élaguer mes saules blancs et je ne trouve pas de fiches. avez-vous eu le temps d'en faire une? je n'ose pas improviser 🙁
Merci d'avance.
sabine dit
bonjour Martine
Désolée mais non Christophe n'a pas encore fait de fiche sur le saule , mais si vous voulez récolter l'écorce , vous choisissez les branches qui ont environ 2 ans , et vous les "épluchez" et les faites sécher
Martine Philippe erci dit
Merci Sabine, pour cette information. Merci pour votre travail remarquable !
Laure dit
Super article comme d'habitude, un très bon récap, merci 🙂
Hervé GOURIOU dit
J'ai eu une conclusion trop hâtive car j'ai omis de dire que désormais, au lieu de tâtonner, je garde à portée de mains votre article qui va être un pensum et une ordonnance de premier ordre, tant pour moi que pour toute ma famille... Bonne journée et surtout bonne santé 🙂
Christophe BERNARD dit
Ah mais je me dois de laisser un petit commentaire suite à l'utilisation du mot "ordonnance", car vous savez que je ne suis pas docteur. J'informe mes lecteurs, tout au plus 🙂
Hervé GOURIOU dit
OK patron... mais il y a ordonnance et ordonnance et personnellement je n'ai aucune affinité pour celles qui émanent des toubibs...:-)
Hervé GOURIOU dit
bien le bonjour Christophe !... Votre article tombe pile poil !... j'étais en pleine forme depuis plusieurs mois grâce à tous vos conseils judicieux et surtout ceux, récemment concernant le boostage du système immunitaire....mais en fin de semaine dernière j'ai accepté une invitation au restau formulée par ma fille puis une virée Place de la République à Paris.... Une clim au restau m'a complètement refroidi et les courants d'air des couloirs de métro m'ont achevé... Le soir j'avais un mal de gorge terrible, le nez qui coulait et une T° de 38.7!!!... J'ai relu vos conseils ("un hiver sans mouchoirs" dans plantes et bien-être et ceux de votre présent blog... Voilà les oins que je me suis prodigué pendant 3 jours : gargarismes avec feuilles et fleurs de sauge...Echinacéa: 30 gouttes 4xjour... extrait de propolis macéré dans alcool 25 gouttes 3xjour....tisane de gingembre+citron+bissap.2xjour..... une cuillerée à soupe d'une macération alcool d'écorce de quinquina 2xjour....une cuillerée à café de feuilles de plantain pulvérisées mixée dans un yaourt 2xjour.... un demi verre à liqueur d'ail macéré dans alcool 2xjour.... Trois jours de traitements et je viens d'aller acheter un spray nasal composé d'huiles essentielles de géranium et de niaouli + camphre afin de nettoyer la fosse nasale et chaque narine...
J'ai constaté que pour plusieurs plantes nous avons eu les mêmes affections... N'empêche que j'ai voulu mettre tous les atouts en ma faveur et faire tomber la fièvre avec l'extrait de quinine (fabrication maison), mais je resté persuadé que l'Echinacee a été la pièce maitresse de mon rétablissement rapide... Grâce à vous, cher Maître !...
Christophe BERNARD dit
Et coté doses, vous auriez pu monter largement plus haut - 1 c-à-café toutes les 2 heures jusqu'à 5 fois par jour.
La propolis à ces doses, ça devait être costaud à boire !
Le gingembre + citron + bissap m'interpelle. Je suis un adepte du gingembre + citron, et rajouter une autre acidulée me plait bien. Et j'ai le stock qui va bien 🙂
Hervé GOURIOU dit
bonsoir Christophe... je réagis rapidement car depuis quelques jours Google me transmets vos réponses directement sur mon phone sur MG. et c'est génial !...
oui la propolis provoque d'ailleurs une réaction blanchâtre dès que je l'incorpore aux autres composants... ?... mais en ce qui concerne l'ajout du bissap, j'aime beaucoup ce goût très acidulé, sans sucre ajouté... D'ailleurs c'est comme le café : vos collègues de Plantes et santé qui viennent d'y consacrer un long article que j'ai lu ce matin m'ont fait découvrir bien des choses et désormais je vais dégressive ment supprimer le sucre dans ma tasse de café pour en savourer tous les arômes... et conserver ma poudre de café ...au congélateur comme conseillé par l'auteur de l'article !... mais j'en bois de plus en plus rarement (2tasses/jour) que je substitue par une infusion de Romarin ( encore une de vos suggestions...).
Christophe BERNARD dit
Oui j'ai rajouté une nouvelle option sur mon site pour informer lorsqu'il y a un nouveau commentaire. L'effet blanc translucide est typique de toutes les teintures résineuses lorsqu'on les rajoute à l'eau - propolis, myrrhe, etc. Et pour le café, je confirme le fait que sa teneur en acides gras polyinsaturés nécessitent le maintien au frais afin de les protéger contre le rancissement. Idéalement, il faudrait aussi le moudre au dernier moment...
Hervé GOURIOU dit
Merci Christophe !... je continue actuellement mon traitement en réduisant le nombre de prises d'échineacée ou de propolis et de certaines autres ainsi que le dosage.... pour m'accompagner jusqu'au bout , mais il va me falloir trouver du Marrube blanc pour finir le "nettoyage"... Je vais retourner voir ce que vous dites au sujet de la bronchite car par moment j'ai quelques quintes de toux très désagréables surtout le soir une fois couché...
J'ai commencé, ce soir une percolation de poudre d'ail mais je crois me rappeler que mon précédent essai avait été un échec et que j'avais tout basculé en macération... En tout cas je préfère l'ail macéré (ou percolé) que de le consommer tel quel (frais ou sec) !!!
Hervé GOURIOU dit
je viens de relire votre excellente fiche sur la "bronchite et plantes médicinales" que vous aviez écrit en 2013 à la suite de votre bronchite et de ses retombées... J'ai noté beaucoup de choses car même sans qu'une bronchite ne se déclare après un gros rhume (car une bronchite donne une forte fièvre...), on peut, c'est mon cas, être entre les deux situations, et ne pas basculer dans une situation de complications pulmonaires mais avoir une toux grasse après une légère trachéite et un gros rhume, qui continue à m'enquiquiner et je sais maintenant comme l'achever après lecture de votre analyse dans "bronchite" et suivant ce que vous me disiez précédemment : rapprocher les prises d'échinéacée et augmenter les doses... et peut-être idem pour l'ail ou la propolis ou autres plantes actives, au lieu d'espacer les prises comme je l'ai fait lorsque j'ai senti un petit mieux-être... Je vais donc remettre le couvert et rajouter le marrube ...
Bon sang de bois !!!...
Christophe BERNARD dit
Bon courage pour l'infusion de marrube 😉 si vous connaissez le goût de la plante vous savez de quoi je parle.
Maya dit
Merci pour tous ces renseignements, je prend bonne note - Merci
Jean-François Noulin dit
Bonjour Christophe
Je cite: "Ils vont aussi libérer des substances dites « pyrogènes » qui vont dire à notre hypothalamus d’orchestrer une montée en température....La température doit monter afin de détruire le pathogène."
Vous m'avez amener à envisager que la fièvre pouvait être un moyen de défense contre les pathogènes et pas seulement une conséquence de l'infection et des mécanismes mis en oeuvre par le système immunitaire pour lutter contre elle ?
En revanche, il me semble plus juste d'écrire que les agents pathogènes sont reconnus comme étrangers par notre système immunitaire. Sa première réaction (mais aussi la moins spécifique) est alors une réaction inflammatoire au cours de laquelle des messagers chimiques sont libérés. Ces messagers chimiques, entre autres des cytokines, sont produites par les cellules de notre système, notamment les macrophages dans le cas de l'immunité non spécifique, et induisent la montée en température. Ce ne sont pas les substances libérées par les pathogènes qui sont pyrogènes.
Bonne journée
Christophe BERNARD dit
Vous avez raison Jean-François, soyons précis. Je vais rectifier le tir.