Ancolie
Aquilegia vulgaris
Aquilegia vulgaris. Bauh., T. — Gant de Notre-Dame.
Aiglantine, — columbine.
Renonculacées. — Helléborées. Fam. nat—Polyandrie Pentagynie. L.
L’ancolie (Pl. IV), que l’on cultive dans les jardins pour la beauté de ses fleurs, croît spontanément dans les bois et le long des haies, en France et dans la plupart des autres régions de l’Europe. Les chèvres sont les seules, parmi les bestiaux, qui broutent cette plante, qui appartient d’ailleurs à une famille où les poisons âcres abondent.
Description. — Racine vivace, fibreuse, blanchâtre. — Tige s’élevant de 60 à 80 centimètres, grêle, rameuse, feuillée, velue, rougeâtre, droite. — Feuilles grandes, pétiolées, composées, deux fois ternées ; folioles arrondies, trilobées, crénelées, vertes foncées en dessus, glauques en dessous ; les feuilles qui naissent sur la tige sont alternes, peu nombreuses, et vont en diminuant de grandeur à mesure qu’elles approchent du sommet de la plante ; les supérieures sont petites, sessiles, simplement ternées ou trilobées. — Fleurs terminales, grandes, pendantes, bleues à l’état sauvage, quelquefois rouges, violettes, blanches, panachées, etc., à l’état de culture ; cinq pétales multicapuchonnés ; trente à quarante étamines (juin-juillet) ; cinq ovaires oblongs, rapprochés, pointus, se terminant chacun par un style en alêne. — Fruit composé de cinq follicules droites, presque cylindriques, pointues, uniloculaires univalves, et polyspermes. — Graines ovales, attachées aux deux bords de la suture de chaque follicule.
Parties usitées. — Les racines, les feuilles, les fleurs et les graines.
Culture.— Plante d’agrément qui vient dans tous les sols, excepté dans les fonds argileux et humides, se propage par semis faits au printemps ou par division des pieds pratiquée à la même époque.]
Récolte.— La dessiccation des fleurs exige des soins pour la conservation de leur couleur, qui s’altère par l’humidité.
Propriétés physiques et chimiques. — Le sirop de fleure d’ancolie, d’une belle couleur bleue, décèle, mieux que celui de violette, les acides et les alcalis. Fourcroy dit que les graines de cette plante, qui sont mucilagineuses et un peu âcres, communiquent aux mortiers dans lesquels on les pile une odeur forte et tellement tenace qu’il est presque impossible de la dissiper. L’eau et l’alcool s’emparent des principes actifs de l’ancolie. Les pétales fournissent à l’art tinctorial une belle couleur bleue naturelle.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES
A l’intérieur
- Semences en poudre, 2 à 4 gr. ou en émulsion.
- Infusion des semences, 4 à 7 gr. par demi-kilogramme d’eau bouillante.
- Sirop (1 gr. de fleur sur 2 d’eau et 2 de sucre), 30 à 50 gr. en potion.
- Teinture (4 gr. de fleurs sur 30 d’alcool et 1 d’acide sulfurique), 15 à 30 gr. en potion.
A l’extérieur
- En cataplasmes, fomentations.
Toutes les parties de cette plante ont été regardées comme apéritives, diurétiques, diaphorétiques, antiscorbutiques. Quelques médecins lui ont reconnu seulement une vertu calmante et tempérante, et ont employé le sirop des fleurs pour calmer la toux dans les bronchites et la phthisie. On a administré les semences en poudre, en infusion ou en émulsion, pour favoriser l’éruption de la variole, de la rougeole et de la scarlatine. Cette vertu diàphorétique a été célébrée par Simon Pauli, par Scopoli et même par Linné. Je l’ai constatée chez un enfant de quatre ans, dont l’éruption morbilleuse, suspendue par un état de débilité, s’opéra presque immédiatement après l’usage pendant vingt-quatre heures de l’infusion sucrée de semences d’ancolie. Il est certain que les vétérinaires prescrivent la racine en poudre, à la dose de 30 gr. pour faciliter la sortie du claveau. Quelques auteurs l’ont préconisée contre les fièvres pétéchiales.
Eysel prétend que l’ancolie guérit le scorbut, et, si l’on en croit Le Bouc (Tragus), l’ictère ne lui résiste point. Quelques médecins ont cru lui reconnaître une propriété emménagogue (ciet urinam et menses, dit Schrœder), et l’ont même considérée comme pouvant faciliter l’accouchement. Cette propriété, que l’on a aussi attribuée à la nigelle, plante de la même famille, se réduit à une action plus ou moins spéciale sur l’utérus, et que l’observation seule peut constater. Ne soyons pas trop prévenus contre l’engouement thérapeutique des anciens. Il y a quelquefois du vrai et du bon dans ce que nous rejetons sans examen comme faux ou absurde. Nous dédaignons trop légèrement ce que nos prédécesseurs ont avancé avec exagération sur les propriétés de nos plantes indigènes. On doit prendre en considération les faits qu’ils ont signalés ; car les faits, dépouillés des théories trop souvent erronées qui les obscurcissent, sont de tous les temps, et conservent leur autorité. Ce sont des perles trouvées dans le fumier.
J’ai lu dans un auteur du XVIe siècle, dont je ne me rappelle pas le nom, que l’émulsion de semences d’ancolie préparée avec l’eau d’endive, réprime l’effervescence fébrile à son début : In principio effervescentiam febrilem compescit, y est-il dit. L’ancolie, quoique beaucoup moins énergique, aurait-elle sur le cœur une action sédative analogue à celle de l’aconit ? Ce que j’ai pu constaler, c’est que, comme cette dernière renonculacée, elle produit, à dose élevée, la diaphorèse ou la diurèse, suivant les dispositions individuelles ou l’état des organes. Frappé de ces effets, j’ai employé la graine d’ancolie avec succès comme dépurative dans les affections cutanées chroniques, et notamment dans les croûtes de lait, où je l’ai vue réussir principalement chez trois enfants dont le cuir chevelu et presque toute la face étaient envahis par cette éruption séro-purulente. Je l’administrais en émulsion à la dose de 50 centigr. à 2 gr., suivant l’âge, ou en infusion depuis 1 gr. jusqu’à 4 pour 200 gr. d’eau bouillante, à prendre dans les vingt-quatre heures, coupée avec le lait et édulcorée avec le sirop de pensée sauvage. L’amélioration est sensible après dix à quinze jours de l’usage de ce médicament, et la guérison a ordinairement lieu au bout d’un ou deux mois. Souvent le mal augmente pendant les premiers jours de l’usage du médicament.
La plupart des auteurs signalent l’ancolie, en raison de la famille à laquelle elle appartient, comme une plante suspecte et dont on doit se défier. On peut attribuer à cela l’oubli dans lequel elle est tombée à une époque où l’on redoutait l’emploi thérapeutique des plantes vénéneuses, telles que la belladone, la stramoine, l’aconit, etc., dont l’utilité est aujourd’hui généralement reconnue.
« L’ancolie, dit Lieutaud, s’emploie à l’extérieur comme remède vulnéraire, détersif et antiputride ; c’est pour remplir ces indications qu’on en met souvent dans les gargarismes antiscorbutiques ou détersifs. La teinture, mêlée avec du miel et un peu d’esprit de nitre dulcifié, forme un collutoire indiqué par Schrœder pour déterger les ulcères scorbutiques de la bouche, etc. »
2 réponses
Bonjour, je suis désolée de vous poser cette question mais il ne me semble pas avoir lu ma réponse plus haut :Pourriez vous s’il vous plaît me faire une rapide description de l’odeur de la fleur de façon objective ?
Merci d’avance.
bonjour Jeanne
désolée , non je ne sais pas, car je n’ai jamais travaillé l’ancolie , juste pris des photos