J’adore la citronnelle. J’en ai toujours quelques pots dans ma serre pour pouvoir me préparer des infusions pendant tout l’été.

Je pense que vous connaissez l’infusion des feuilles. C’est une infusion plaisir, délicieuse à boire. Mais c’est aussi une plante médicinale et ça, on a tendance à l’oublier ! Je vais donc vous présenter ses propriétés décidément très citronnées dans cet article.

Plusieurs citronnelles

Dans la vidéo, je vous montre l’espèce Cymbopogon citratus, qu’on appelle citronnelle mais aussi verveine des Indes.

Vous avez d’autres types de Cymbopogon, des types qui ont été largement développés en aromathérapie car chaque variété a des chémotypes différents. En d’autres termes, elles ont une carte d’identité olfactive différente (et donc des propriétés différentes – on parle des huiles essentielles ici).

Vous avez Cymbopogon flexuosus, qu’on appelle lemongrass, Cymbopogon nardus qu’on appelle citronnelle de Ceylan, Cymbopogon winterianus qu’on appelle Citronnelle de Java, etc. Il y en a d’autres.

Ici je vais faire très simple, on ne va pas parler d’aromathérapie et d’huiles essentielles, on va parler de la plante entière et je vais me concentrer sur citronnelle « classique » ou verveine des indes.

La citronnelle au jardin

La citronnelle est une plante vivace de la famille des Poacées, c’est-à-dire une graminée. Même famille que les céréales, blé, orge, avoine, etc.

Et d’ailleurs, si vous regardez son aspect, vous voyez bien que ses feuilles ressemblent un peu aux feuilles d’avoine par exemple. Les feuilles sont linéaires, lisses et assez coupantes donc il faut faire attention.

Elles sont assez rigides aussi, ce qui est souvent un signe que la plante est riche en silice, confirmé par les études (1).

Pour la multiplier, c’est assez simple. Vous allez faire une division de touffe au printemps. Vous déterrez la motte, vous enlevez la terre et vous allez voir apparaître plusieurs tiges, et des petites racines à la base de chaque tige. Il vous suffit de casser une de ces tiges avec quelques racines que vous pouvez ensuite replanter, vous aurez un nouveau plant qui se développe.

Soleil et douceur

La plante craint le gel, c’est pour ça qu’il vaut mieux de la garder en pot. Quoique j’ai vu d’énormes pieds en pleine terre ici dans ma région, et il faut savoir qu’en plein hiver, les températures chez moi peuvent tout de même descendre en dessous de zéro. Bon en général ça ne dure pas longtemps.

Donc la plante peut probablement tolérer quelques jours de gel si le sol est bien drainé, il faudrait bien la pailler. Mais bon, elle reste relativement sensible. Donc personnellement je garde les miennes en pot et je les rentre pendant l’hiver.

Côté exposition, définitivement plein soleil, la plante adore la chaleur. Je garde mes pots dans ma serre et l’été il peut faire très chaud, mais ça ne lui pose pas de soucis.

Il faut bien l’arroser pendant sa période de croissance, donc printemps et été. Et si vous avec ces conditions réunies, votre citronnelle peut vous donner beaucoup de feuilles. Et ça tombe bien car ce sont les feuilles qu’on va utiliser et qui sont très aromatiques.

Récolte des feuilles

Récoltez les feuilles au besoin, pour faire des infusions avec les feuilles fraîches si possible, c’est comme ça que vous allez maximiser sa puissance aromatique.

Sinon on arrive à la sécher relativement bien (à plat sur une grille par exemple). Elle va garder ses arômes pendant quelques mois.

Certains récupèrent aussi la base des feuilles qui forme quelque chose qui ressemble à un bulbe blanc, c’est cette partie-là que vous allez parfois trouver dans les magasins d’alimentation. Il faut savoir que ça va affaiblir la plante, donc tant qu’à faire, autant utiliser les feuilles tout simplement.

Riche en minéraux

On va maintenant parler des utilisations thérapeutiques de la plante. Tout d’abord, fait qui est peu connu, la plante riche en minéraux. Je vous ai déjà parlé de sa richesse en silice. La silice est un constituant essentiel pour maintenir toutes nos structures. Nous en avons besoin pour former du collagène qui donne l’élasticité à notre peau, qui structure nos os et notre cartilage.

La citronnelle contient aussi d’autres minéraux. Pour 100 g de citronnelle sèche vous avez environ 60 mg de potassium, 40 mg de calcium, 70 mg de magnésium, du Zinc et d’autres minéraux. Donc vraiment un profil intéressant, pas aussi riche qu’une ortie par exemple, mais intéressante.

Donc c’est une plante minéralisante, à une époque où nous sommes tous un peu dans des états de déminéralisation, parce que les sols sont de plus en plus appauvris, parce qu’on est tous un peu trop sous l’influence du stress et que l’hyperexcitabilité nerveuse nous fait consommer énormément de minéraux.

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Il faut donc que l’on refasse régulièrement nos réserves, pour stabiliser le système nerveux, pour s’assurer que nos os et que notre structure reste solide lorsqu’on vieillit. Je vous ai déjà expliqué que les plantes comme l’ortie sont très riches en minéraux.

Vous avez aussi les parties aériennes d’avoine, le trèfle rouge, la luzerne, attention certaines de ces plantes ont des précautions d’utilisation donc allez bien consulter les fiches sur mon site ou ailleurs. Et vous pouvez rajouter la citronnelle à la liste.

Puissant antioxydant

C’est une plante qui a un effet antioxydant assez redoutable. Les études montrent qu’elle bloque la péroxydation des lipides dans notre corps (2). C’est-à-dire que les acides gras polyinsaturés que l’on absorbe au travers de notre alimentation ne vont pas rancir dans notre corps, et ça c’est important.

Je vous rappelle, au passage, qu’un des phénomènes impliqués dans le développement de l’athérosclérose, c’est l’oxydation des acides gras insaturés lorsqu’ils sont contenus dans le LDL, qui est un transporteur des acides gras et du cholestérol. Donc la citronnelle en consommation régulière pour faire le plein d’antioxydants, pour protéger nos cellules contre les agresseurs divers et variés, pour protéger nos artères.

Les études montrent que ce pouvoir antioxydant peut protéger nos cellules contre les radiations (2), ce qui est super-intéressant aujourd’hui !

Citronnelle et fièvre

Pour cette utilisation, il a fallu que j’aille fouiller dans les études ethnobotaniques sur la citronnelle. Et ça, c’est toujours quelque chose de très intéressant à faire, on devrait toujours avoir ce réflexe d’aller rechercher comment la plante a été utilisée, souvent pendant des siècles ou même des millénaires.

Elle ne pousse pas chez nous, donc on n’a pas un long historique d’utilisation. Mais on la trouve en Inde, on la trouve dans de nombreux pays d’Asie dans la région tropicale et subtropicale. Les études ethnobotaniques font une longue liste d’utilisations traditionnelle, mais il y en a une qui ressort largement devant les autres, c’est pour gérer la fièvre. D’ailleurs dans les Caraïbes, on l’appelle l’herbe à la fièvre.

Je ne sais pas si vous réalisez mais dans le passé, ce qui représentait une menace, c’était les infections aiguës et de courte durée. De courte durée dans le sens où soit le système immunitaire arrivait à régler le problème, soit parfois on en mourrait. Mais il n’y avait pas beaucoup de conditions chroniques.

Aujourd’hui c’est l’inverse, on est arrivé à minimiser les morts provoquées par les infections aiguës, on espère que ça va durer car vous avez probablement entendu parler de la problématique des bactéries résistantes aux antibiotiques. Toujours est-il qu’aujourd’hui, on est rentré dans une ère de problématiques chronique et dégénérative.

Et on a du mal à s’imaginer que la fièvre était un phénomène qu’il fallait gérer de près. Aujourd’hui, dès qu’il y a un petit peu de fièvre, on essaie absolument de la faire baisser à coups d’anti-inflammatoire alors qu’on sait bien que ce n’est pas productif, qu’on bloque le travail du système immunitaire dans la plupart des cas. Dans le passé, on savait comment accompagner la fièvre, comment la tempérer, comment éviter qu’elle monte trop haut.

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On faisait ceci en ouvrant les bouches d’aération du corps. On prenait des plantes qui ont un effet diaphorétique, c’est-à-dire qui permettent aux pores de la peau de mieux laisser passer l’eau. C’est grâce à la transpiration qu’on évacue la chaleur interne.

Et la citronnelle a un effet diaphorétique marqué, c’est une infusion qu’on peut boire tout au long de la journée pour faciliter ce processus, infusion chaude si on est dans la phase froid et frissons, infusion tiède ou froide si on est dans la phase transpiration abondante et qu’on a envie de se découvrir. On peut bien évidemment faire de bonnes associations avec d’autres plantes diaphorétiques comme les sommités fleuries d’achillée millefeuille, les fleurs de sureau, etc.

Décongestionnante

Je n’ai pas trouvé cette information dans beaucoup d’ouvrages, c’est vraiment quelque chose qui me semblait évident basé sur mon ressenti. Pour moi, elle décongestionne en particulier la région du bas-ventre.

Donc utile lorsqu’il y a cette sensation de congestion, de tension et lourdeur, parfois juste avant ou pendant les règles chez la femme. Ceci peut aussi être une congestion de tout le système digestif après une période d’excès alimentaires. J’ai trouvé cette indication chez Matthew Wood du côté américain qui explique que la plante agit sur la circulation lymphatique, et c’est comme cela qu’elle décongestionne.

Digestive

D’un point de vue digestif, je vous ai déjà parlé de l’aspect décongestionnant. Mais elle a aussi clairement un aspect antispasmodique, donc qui va calmer les crampes digestives. Ses substances aromatiques sont clairement antibactériennes, c’est pour cela qu’on l’utilise pour certains types d’infections entériques en Inde.

Donc voilà, d’un point de vue digestif on a une action sur des fronts multiples qui en font une plante de choix pour tout ce qui est spasmodique ou infectieux. Et bonus, au passage, les études nous disent que les substances aromatiques de la plante ont un effet anti-helicobacter pylory (3). L’hélicobacter est une bactérie responsable d’une grosse partie des ulcères gastro-duodénaux aujourd’hui.

Anti-inflammatoire, anti-herpès

Nous avons un effet anti-inflammatoire par contact, donc ici on va plutôt parler de macérats huileux ou d’onguents en application locale. Pour ce type de plante personnellement j’utilise une macération huileuse en utilisant de l’alcool pour faciliter l’extraction, la méthode est expliquée sur la page des macérats huileux.

Excellent macérat pour tout ce qui est entorses, douleurs musculaires, douleurs articulaires, névralgies. A combiner avec d’autres macérats huileux si nécessaire, citronnelle et millepertuis pour les névralgies, citronnelle et laurier noble pour les douleurs articulaires, etc.

Toujours par contact, on a un effet anti herpès démontré in vitro (4), et là on parle plutôt de l’huile essentielle. Donc on peut faire une application de l’huile essentielle sur un bouton de fièvre. Vous avez peut-être lu que l’huile essentielle de mélisse a cette action-là aussi, mais elle est super-chère. Avec la citronnelle, on a une huile essentielle qui est largement plus abordable.

Calmante

Dernière utilisation, l’infusion est calmante. Elle est « rafraichissante » pour les nerfs, elle calme les esprits un peu trop enflammés.

Elle a aussi un effet hypotenseur (5), donc elle va faire légèrement baisser la tension, elle a un effet antispasmodique, donc elle va relaxer les muscles qui sont tendus.

Ses substances aromatiques ont un effet anxiolytique (6). Donc vous voyez, si vous mettez tous ces effets ensemble, on a en fait une bonne petite plante pour les situations de tension nerveuse.

Il y a d’autres utilisations bien sûr, culinaires, pour repousser les insectes, etc. Mais je vais m’arrêter là, je pense que j’ai couvert les points principaux.

Formes et quantités

Pour les formes à utiliser, il ne faut pas se compliquer la vie, l’infusion est excellente.

Et si vous voulez capturer la force de la plante à l’état frais, vous avez aussi la teinture de plante fraîche aussi, qu’on appelle alcoolature ici en France.

Pour la quantité de plante à utiliser pour l’infusion, franchement pour ce type de plante, vous faites au goût, vous en mettez assez pour avoir une infusion bien aromatique, une bonne pincée, plus ou moins en fonction de la force aromatique de la plante que vous avez.

Précautions

Aucunes connues aux doses traditionnelles.

Références

(1) Firdaus, Mohamed & O, Hakimah & Metselaar, Hendrik & Rozyanty, A.R.. (2016). Preparation and Characterization of Active SiO2 from Cymbopogon citratus Ash Calcined at Different Temperature. BioResources. 11. 10.15376/biores.11.1.2839-2849.

(2)  Rao, B.S.S., Shanbhoge, R., Rao, B.N., Adiga, S.K., Upadhya, D., Aithal, B.K., & Kumar, M.R.S. (2009). Alcoholic extract of Cymbopogon citratus against radiation- induced DNA damage on V79 cells and free radical scavenging ability against radicals generated in vitro, doi. Hum Exp Toxicol, 28 (4 ), 195-202.

(3) Ohno T, Kita M, Yamaoka Y, Imamura S, Yamamoto T, Mitsufuji S, Kodama T, Kashima K, Imanishi J. Antimicrobial activity of essential oils against Helicobacter pylori. Helicobacter. 2003 Jun;8(3):207-15.

(4) Minami M, Kita M, Nakaya T, Yamamoto T, Kuriyama H, Imanishi J. The inhibitory effect of essential oils on herpes simplex virus type-1 replication in vitro. Microbiol Immunol. 2003;47(9):681-4. PMID 14584615

(5) Caluscusin IR. The effect of twice-a-day intake of lemon grass decoction among hypertensive individuals in Barangay Situbo, municipality of Tampilisan, province of ZamboangadelNorte. ADZU-SOM (http://som.adzu.edu.ph/research/index.php), 2010.

(6) Costa CA, Kohn DO, de Lima VM, Gargano AC, Flório JC, Costa M. The GABAergic system contributes to the anxiolytic-like effect of essential oil from Cymbopogon citratus (lemongrass). J Ethnopharmacol. 2011 Sep 1;137(1):828-36