Vigne rouge (Vitis vinifera var. tinctoria) : insuffisance veineuse, hémorroïdes

Si vous avez des problèmes d’insuffisance veineuse ou d’hémorroïdes, vous allez être très intéressé par la plante que je vais vous présenter ici : la vigne rouge.

Et d’ailleurs, pourquoi faut-il qu’elle soit rouge, est-ce qu’on peut utiliser n’importe quel type de vigne ou pas ?

C’est ce que je vous explique dans cet article.

(Note pour les amateurs de botanique : pour illustrer cet article, j’ai utilisé des photos de feuilles de vigne qui ont tourné au rouge. Cela ne signifie pas forcément que l’on parle de Vitis vinifera var. tinctoria)


La vigne « classique »

La vigne, vous connaissez. C’est une plante vivace de la famille des Vitaceae. C’est la vigne pour faire le raisin de table, pour faire le vin.

Elle est cultivée dans à peu près toutes les régions du monde. C’est un arbrisseau grimpant, qui fait des rameaux qui s’accrochent à l’aide de petites vrilles comme vous le savez probablement. Les feuilles sont palmatilobées, c’est-à-dire qu’elles ressemblent un peu à une main avec 5 à 7 lobes.

Les fruits sont disposés en grappes que vous connaissez bien, etc. On ne va pas faire tout un topo sur la partie botanique car vous connaissez bien la plante.

La vigne est employée comme plante médicinale depuis très longtemps en fait. Et dans le passé, on employait les feuilles de tout type de vignes. On les employait pour leurs propriétés astringentes, elles contiennent toutes des tanins, on va y revenir un peu plus tard.

La question, c’est pourquoi est-ce on est s’est mis à utiliser exclusivement la vigne rouge ces dernières décennies.

Vigne rouge


La vigne rouge (variété tinctoriale)

La vigne rouge est un cultivar très particulier de vigne. On parle ici de Vitis vinifera var. tinctoria, la variété tinctoriale. Donc ce n’est pas n’importe quel type de vigne.

C’est une vigne qui donne des raisins noirs, et surtout qui donne des feuilles qui vont tourner partiellement ou totalement au rouge à l’automne.

La vigne rouge contient des tanins, comme la vigne traditionnelle. On va retrouver les 2 grandes familles de tanins dont je vous ai déjà parlé dans ma vidéo sur les tanins. Tanins hydrolysables qui agissent principalement par contact et tanins condensés qui vont aussi pénétrer en circulation sanguine pour avoir un effet vasotonique.

Ces tanins condensés vont tonifier, renforcer la circulation sanguine, en particulier lorsque les veines perdent leur élasticité, leur intégrité, et que l’on rentre dans ce qu’on appelle l’insuffisance veineuse. Donc à la base, les feuilles de vignes, toutes variétés confondues, contiennent ces différents tanins.

Le gros plus des feuilles de vigne rouge, c’est la partie rouge. Ces pigments rouges, ce sont ce qu’on appelle des anthocyanosides, ou anthocyanes, qui sont eux-mêmes des flavonoïdes. Ces anthocyanes vont avoir des propriétés très intéressantes sur la circulation.

Ils vont venir renforcer l’action des tanins condensés (qu’on appelle aussi proanthocyanidols), avec une action à large spectre sur le retour veineux.

Vigne rouge

➜ Ces substances vont diminuer la perméabilité capillaire. Lorsqu’on a un mauvais retour veineux, les capillaires sanguins deviennent perméables, ils laissent sortir les fluides qui vont s’accumuler dans les membres inférieurs. La vigne rouge va permettre de re-perméabiliser les veines pour prévenir ce phénomène. C’est donc une action anti-œdémateuse.

➜ Il y a une action stabilisatrice et protectrice car ces flavonoïdes sont aussi antioxydants, et donc on va stabiliser la situation, on va empêcher que la situation se dégrade encore plus. La plante va protéger le collagène qui constitue une des briques de construction du tissu veineux. On va inhiber l’action de certaines enzymes qui dégradent les tissus à cause de l’inflammation, des enzymes comme la collagénase, l’élastase, etc.

En conclusion, c’est une excellente plante pour tout problème d’insuffisance veineuse et d’hémorroïdes.

Il ne faut pas oublier que les hémorroïdes sont des veines qui ont perdu leur intégrité, ce n’est pas parce qu’elles se situent au niveau du rectum qu’on va les traiter d’une manière particulière. On utilise la même approche et on prend des plantes à action veinotoniques en interne.


Alors, vigne rouge ou « normale » ?

Vous avez raison, nous n’avons pas conclu ! Peut-on utiliser les feuilles de tout type de vigne ou doit-on utiliser la vigne rouge pour les problèmes de retour veineux ?

Je vous donne ma réponse basée sur mes recherches, je pense que toute feuille de vigne aura un effet positif sur le retour veineux, mais il y a un vrai plus avec la vigne rouge, sous forme de ces fameux pigments rouges.

En plus, on n’a pas vraiment l’expérience pratique avec la vigne « normale » aujourd’hui. Personnellement, j’ai toujours conseillé la vigne rouge parce que c’est cette forme que j’ai apprise. Et donc je n’ai pas de recul sur les autres types de vigne.

Aujourd’hui j’ai la curiosité de me poser ce genre de questions et de me dire – pourquoi nous impose-t-on des choses comme ça ? Est-ce qu’il y a une logique thérapeutique, ou est-ce que c’est plutôt une logique de marché où on veut nous vendre la forme que nous n’avons pas chez nous ?

Eh bien ici je vous dirais qu’il y a une vraie logique thérapeutique. Mais du coup cela me donne aussi envie d’expérimenter avec la feuille de vigne traditionnelle, quelque chose que je ferai probablement dans le futur, histoire de voir si on peut vraiment profiter de ce qu’on a localement au jardin.

Pour conclure, car je ne suis pas sûr d’avoir été assez clair dans la vidéo, voici mon ordre de priorité :

  • Les feuilles de la variété tinctoriale vendues en herboristerie ou au jardin (personnellement, je n’en ai pas) ;
  • Les feuilles de nos propres vignes qui ne sont peut-être pas tinctoriales, mais qui tournent néanmoins au rouge à l’automne (et sont donc riches en pigments, je n’ai personnellement pas de recul mais je vais expérimenter avec) ;
  • Les feuilles de vignes qui ne tournent pas au rouge, mais elles seront probablement largement moins actives et demandent de l’expérimentation (idem, pas de recul de ma part).

Vigne rouge


Vigne rouge pour calmer les diarrhées

Vu sa richesse en tanins, la vigne rouge peut freiner les diarrhées mais elle ne va pas les bloquer non plus, ce n’est pas le but. Mais parfois il faut tempérer un peu les choses, en particulier pour certaines formes de diarrhées infectieuses. Et là, les tanins sont intéressants car ils sont aussi anti-bactériens, antiviraux et antifongiques par contact.

De même pour les diarrhées chroniques, parfois il faut tempérer un peu les choses et rajouter des plantes riches en tanins dans les mélanges que l’on va utiliser. Donc là, la vigne rouge peut jouer ce rôle, et elle est relativement agréable à boire et à mélanger avec d’autres plantes, des plantes aromatiques et antispasmodiques pour calmer un peu les crampes associées aux diarrhées par exemple.


Freine les saignements

La encore une propriété classique de certaines plantes riches en tanins, la vigne rouge a des propriétés hémostatiques, c’est-à-dire qu’elle freine les saignements.

La vigne rouge a été utilisée pour les saignements chez la femme, depuis les règles trop abondantes jusqu’aux saignements entre les règles. Là encore on imagine la propriété tonique et astringente sur la circulation, qui « resserre, tonifie et colmate », pour freiner ces saignements.

Bonne plante pour les saignements des règles pendant la périménopause. Et n’oubliez pas d’aller toujours consulter un médecin pour tout type de saignement pour écarter une situation qui pourrait être sérieuse bien évidemment.

Vigne rouge


Gargarismes, applications externes

On peut l’utiliser en bain de bouche pour les inflammations des gencives, ou en gargarisme pendant une angine.

Dans le passé, on a utilisé l’infusion appliquée sur la peau pour les problèmes de couperose ou de pétéchies, c’est-à-dire des conditions dans lesquelles il y a une fragilité capillaire. La vigne rouge va renforcer ces petits vaisseaux qui sont enflammés ou qui éclatent.


Formes et quantités

On peut utiliser soit une infusion des feuilles (ou mieux une courte décoction, voir plus bas), c’est la forme classique, soit la teinture des feuilles, c’est-à-dire une macération des feuilles dans de l’alcool.

Pour les dosages infusion/décoction, chez Fournier on trouve de 30 à 60 g des feuilles par litre d’eau, et là d’expérience je pense que les plus fortes quantités sont pour une application externe.

De plus Fournier ne parle pas de vigne rouge, il parle de la vigne en général avec peut-être le besoin d’utiliser des quantités plus importantes vu qu’on a quelque chose de moins actif.

Sinon les dosages de Valnet sont les plus classiques, une cuillère à soupe de feuilles coupées de vigne rouge par tasse, 2 à 4 tasses par jour entre les repas. Valnet recommande de faire un petit peu bouillir, donc une petite décoction plutôt qu’une infusion, vous faites frémir 2 ou 3 minutes ça suffit, puis infusion pendant une 10’aine de minutes.

On peut bien sûr combiner la vigne rouge avec d’autres plantes de la circulation, l’achillée millefeuille par exemple, le mélilot, les feuilles de noisetier, etc.

Vigne rouge

Pour la teinture, vous pouvez acheter les feuilles déjà finement coupées en herboristerie, vous n’aurez plus qu’à les recouvrir d’alcool (voir mon article sur la préparation des teintures).

Pas besoin de préparer la teinture avec des feuilles fraîches, les feuilles sèches donnent un bon résultat. Un alcool à 45° suffit pour faire ce travail.

Pour les dosages, 30 à 60 gouttes dans un peu d’eau de 2 à 3 fois par jour en fonction de la condition.

Là encore on peut faire des mélanges de teinture, très bonnes combinaisons avec la teinture de marronnier d’inde et la teinture de fragon petit-houx, etc.

Et en général on fait des cures régulières de ces plantes pour les problèmes de circulation. La durée de la cure dépend de la situation bien sûr, mais 2 à 3 semaines sont assez classiques. Et vous verrez qu’elles sont actives assez rapidement, déjà au bout de 2 ou 3 jours souvent on ressent une amélioration.


Précautions

Prenez la vigne rouge loin des repas, des prises de médicaments et de compléments alimentaires car comme je vous ai expliqué dans la vidéo sur les tanins. En effet, les tanins peuvent bloquer en partie l’absorption intestinale des nutriments et autres molécules.

Vigne rouge

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100 réponses

  1. Bonjour Sabine,
    Je viens d’écouter une émission avec le Dr J.C Charrié (institut endobiogenie) sur le cholestérol et celui-ci indique la vigne rouge comme une plante « active sur le foie, qui régulerait le métabolisme du cholestérol ». Qu’en pensez-vous chez Althea Provence ?
    Merci

    1. bonjour Fabienne
      voici la réponse de Christophe
      oui les polyphénols de la vigne rouge protègent le foie contre certains constituants toxiques. Donc effet antioxydant et protecteur. Je n’ai rien trouvé sur un effet régulateur sur le cholestérol. J’ai en revanche trouvé des infos sur les extrait de jus de raisin qui contiennent certains polyphénols que l’on retrouve dans la feuille, et qui régulent le métabolisme lipidique. Peut-être une extrapolation de ces études, je ne sais pas.

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