Certains personnages marquent à jamais l'histoire des sciences.
Dans le monde de la phytothérapie, Henri Leclerc a été un personnage déterminant. Ses ouvrages ne sont hélas plus disponibles aujourd'hui, mais j'ai la chance d'avoir de vieilles éditions et ses écrits m'ont beaucoup influencé.
Je poste ici une eulogie écrite par Eugène-Humbert Guitard, contributeur de la Revue d'Histoire de la Pharmacie de 1913 à 1976. Ce texte date de 1955.
J'aimerais signaler au passage que l'une des marques des grands hommes est l'humilité. Ils ne sont grands que dans les yeux des autres, leur ego ne prend pas beaucoup de place.
(Le mot "arbolayre" que vous rencontrerez plus bas dans le texte signifie "herbier")
Eulogie au docteur Henri Leclerc
Quand on établira un jour le livre d'or de notre société, on s'émerveillera de voir figurer sur la liste de ceux qui lui prouvèrent leur affection fidèle le docteur Henri Leclerc.
Car le nom d'Henri Leclerc, qu'une crise cardiaque vient de nous ravir, à 84 ans, le 15 mars dernier, restera dans la mémoire des hommes et figurera certainement dans tous les dictionnaires biographiques.
Est-il besoin de rappeler dans cette revue, à laquelle il donna généreusement à diverses époques des études originales si appréciées, que le docteur Henri Leclerc était à la fois le grand technicien et le grand historien de la phytothérapie ?
Comme il l'a dit lui-même, il ne séparait pas la science du passé de celle du présent ; il appliquait à ses malades, après les avoir prudemment expérimentées et amendées, les recettes de botanique médicale recueillies par lui dans les vieux arbolayres.
Au Moyen Age, qu'il connaissait comme s'il y avait vécu, il n'empruntait pas seulement ses formules, mais encore l'étourdissant vocabulaire qui faisait le charme de ses œuvres universellement connues : Précis de phytothérapie, Fruits de France, Légumes de France, En marge du Codex, les Épices, et des savoureux articles qu'il a publiés notamment dans La Presse médicale et dans la Revue de phytothérapie fondée par lui-même en 1937.
Henri Leclerc était né à Paris le 5 octobre 1870, donc pendant le siège. Étudiant en médecine, il s'était lié avec Huysmans et Verlaine. Il se fit d'abord médecin de campagne et ne s'établit à Paris qu'en 1908. Il y conquit très vite une clientèle des plus huppées, tandis qu'il soignait en même temps avec un dévouement affectueux une foule de pauvres gens dont il n'acceptait aucun
salaire.
D'une humilité et d'une affabilité exquises, notre grand ami était peut-être le seul à ignorer sa bonté et sa valeur.
Mme Henri Leclerc et M. le docteur Roger Vergey-Leclerc ne douteront pas que leur douleur ne soit aussi la nôtre.
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