Mucilages


Dans cette article, je vous parle d’une famille de constituants qui s’appellent les mucilages.

C’est un terme que vous croiserez très souvent dans les ouvrages sur les plantes. Il est important de vous familiariser avec.


Qu’est-ce qu’un mucilage ?

Un mucilage est une substance que la plante utilise pour garder l’eau dans ses tissus. Cette molécule qui a une grande affinité pour l’eau agit comme une petite éponge.

D’un point de vue chimique, un mucilage est une grosse molécule dérivée des sucres. C’est techniquement un polysaccharide, c’est-à-dire une molécule constituée de sucres attachés les uns aux autres.

Gardez aussi ce terme « polysaccharides » en tête d’ailleurs car vous le croiserez assez souvent dans le monde des plantes. Les polysaccharides sont une grande famille de constituants et les mucilages en font partie.

Il y a plusieurs types de mucilages et la discussion peut vite devenir complexe. Donc je vais simplifier et vous parler des mucilages en général sans rentrer dans des spécificités qui, à ce stade, ne vous serviraient pas à grand chose.

Les mucilages adorent l’eau et ils ont la capacité de former ce qu’on appelle un gel. Mélangez une plante sèche, en poudre et très riche en mucilages à de l’eau, et elle se gonflera d’une manière assez significative.

Ne vous attendez pas à une gélatine de type « jello », le dessert britannique qui est très élastique. Vous obtiendrez un gel plutôt fluide et liquide, c’est normal.


Indigestes – pour notre bien !

Les mucilages ne peuvent pas être cassés par vos enzymes digestives.

Cela veut dire que votre système digestif ne peut pas les transformer en sucres. Ils ne font donc pas monter la glycémie sanguine.

Au contraire, parce qu’ils ont tendance à pomper et capturer les liquides digestifs, ils vont entrainer certains sucres alimentaires loin des sites d’absorption dans l’intestin. Ils peuvent donc, au contraire, faire légèrement baisser la glycémie.

Par contre, un peu plus bas, dans votre colon, ils vont constituer une nourriture de choix pour votre flore intestinale qui va les métaboliser et les transformer en ce qu’on appelle des « acides gras à chaine courte« .

Ces acides gras sont très bénéfiques pour la muqueuse du colon. Ils sont aussi absorbés par votre système digestif et seront utilisés comme source d’énergie par votre corps.

Ce qui explique l’utilisation des plantes très mucilagineuses dans le passé chez le convalescent qui avait un système digestif très faible. On laisse la flore intestinale faire tout le travail !

Ces mucilages agissent donc comme prébiotiques, ils permettent de nourrir la flore intestinale, ce qui est très intéressant de nos jours car nous faisons face à une épidémie de disbyose (dérèglement de la flore intestinale).


Les principales plantes mucilagineuses

  • La mauve (Malva sylvestris) – photo ci-dessous – et la guimauve (Althaea officinalis) avec la guimauve en tête de liste, la racine en particulier. La racine de guimauve est le meilleur représentant de la famille des mucilagineuses. C’est le chef de file.
  • Chez nos amis anglophones, nous avons l’écorce d’orme rouge (Ulmus rubra), qui est utilisé un peu comme la racine de guimauve. Il est hélas un peu trop ramassé en nature, on a massacré ces pauvres arbres. Prenez plutôt la guimauve si vous avez le choix.
  • Le plantain lancéolé (Plantago lanceolata) ou le grand plantain (Plantago major). Le grand plantain est plus mucilagineux que le lancéolé.
  • Le bouillon-blanc (Verbascum thapsus), la fleur en particulier, le tussilage (Tussilago farfara), les inflorescences de tilleul (Tilia platyphyllos), la violette (Viola odorata), etc.

Mauve (Malva sylvestris)

Il y en a d’autres mais là, déjà, vous avez les principales.

(Petite parenthèse… pour les amateurs de chimie des plantes, vous avez peut-être remarqué que je me suis limité à ce qu’on appelle les « mucilages acides » et pas les « mucilages neutres » qui sont un peu moins représentatifs des plantes de notre pharmacopée locale. Je referme très vite cette parenthèse…)


Propriétés des plantes mucilagineuses

➜ Elles calment l’inflammation des muqueuses digestives par contact. Ceci n’est pas une action de longue durée. Elles forment un pansement naturel qui adoucit et rafraîchit, qui calme l’inflammation d’une manière temporaire. Il faut donc les prendre régulièrement, par petite quantité pour tapisser la muqueuse. C’est ce qu’on appelle un effet « émollient » qui s’applique aux inflammations de la gorge, œsophage, estomac, intestin.

➜ En application sur la peau, les mucilages peuvent être utilisés pour calmer une inflammation et tirer les saletés. C’est un peu similaire à ce qu’on appelle les pansements hydrocolloïdes que vous trouvez sur le marché aujourd’hui.

➜ Les mucilages sont à la fois utiles pour la constipation chronique et les diarrhées, chroniques ou passagères. Je vous ai expliqué ça dans la vidéo sur la mauve. Dans les cas de constipation, les mucilages capturent l’eau et humidifient les selles. S’il y a diarrhée c’est qu’il y a inflammation et là les mucilages vont calmer l’inflammation par contact.

➜ Ils calment les inflammations des muqueuses respiratoires et urinaires. Et là, vous allez me dire, comment fonctionnent-ils vu qu’ils ne sont pas digérés, absorbés et distribués en circulation sanguine ?

On pense aujourd’hui qu’ils fonctionnent au travers du système nerveux par action réflexe. Pour l’action sur le système respiratoire, vous avez le nerf vague qui innerve à la fois les organes digestifs et respiratoires. Si vous adoucissez les terminaisons nerveuses au niveau du système digestif, on pense que le « signal adoucissant » est transmis, par le nerf vague jusqu’au système respiratoire.

Cette complexité d’action des plantes médicinales est assez fabuleuse !

Racines de guimauve
Photo : racines de guimauve (Althaea officinalis)

Et là, laissez-moi vous expliquer la différence entre ceux qui ont l’expérience des plantes et ceux qui veulent des décrédibiliser :

  • Les détracteurs des plantes vont « les mucilages ne pénètrent pas en circulation sanguine, donc cette histoire de calmer l’inflammation des bronches ou du système urinaire, c’est n’importe quoi« .
  • Ceux qui ont l’expérience des plantes vont dire, « attendez, il est clair que les mucilages peuvent calmer une inflammation du système respiratoire ou urinaire, les observations actuelles et celles des siècles précédents sont trop nombreuses pour être balayées sous le tapis. C’est donc que cela fonctionne d’une autre manière, essayons de voir ce que ça pourrait être ! » Une attitude un peu plus constructive…

➜ On peut utiliser les mucilages comme prébiotiques afin de travailler sur des problèmes de flore intestinale déséquilibrée, souvent en accompagnement de probiotiques.


Précautions

Comme pour les tanins, les mucilages sont à prendre loin des repas et loin de la prise de médicaments, de compléments alimentaires, etc. En effet, ils vont capturer ces substances et bloquer leur absorption.

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69 réponses

  1. Bonjour Sabine, merci pour cette réponse ! Aussi, j’ai lu dans le livre de Claudine Liu (300 plantes médicinales de France et d’ailleurs) dans les précautions d’emploi qu’il fallait l’éviter après une consommation d’alcool, de supplément en fer ou de produits contenant des tanins (vin, thé, autres plantes), qu’en pensez vous ? Je voulais rajouter de la ronce en plus de la guimauve afin d’adoucir et de raffermir les tissus du système digestif, du coup, j’hésite un peu…:)), puis avez-vous une idée de la raison de la précaution après une consommation d’alcool ?
    En vous remerciant pour votre temps donné .

    1. bonjour Elodie
      Toujours compliqué d’avoir à commenter ce que dit une autre personne surtout des personnalités comme Claudine Luu , je ne peux que faire des suppositions :
      La guimauve et la ronce contiennent des mucilages et des tanins, qui agissent en formant une couche protectrice sur les muqueuses, il se peut qu’après une consommation d’alcool, les muqueuses puissent être irritées ou altérées. Les tanins, en particulier, pourraient interagir avec les protéines des muqueuses déjà sensibilisées, entraînant un effet astringent excessif ou un inconfort digestif.
      De mon point de vue la synergie guimauve ronce est une bonne option; la ronce (astringente, raffermissante) et la guimauve (émolliente, adoucissante) peuvent être complémentaire pour soutenir les tissus du système digestif, il faut simplement veiller à ajustez la proportion de ronce pour éviter un effet astringent trop marqué, surtout si les muqueuses sont déjà sensibles.

  2. Bonjour,

    Tout d’abord un grand merci à vous pour les informations précieuses de votre site !
    Je me demandais si les mucilages comme la racine de guimauve pouvaient diminuer l’efficacité de la prise de probiotiques ? Puisque l’on sait qu’elle va tapisser les parois digestives.
    En vous remerciant de votre réponse.

    1. Bonjour Elodie
      il faut les prendre la racine de guimauve loin de la prise des probiotiques , en général il est bon de prendre les probiotiques le matin à jeun

  3. bonjour, Merci pour cet article : est ce que les mucilages neutres ont aussi des propriétés adoucissantes et emollientes et se transforment en gel au contact de l’eau ? Les deux types de mucilages (neutres et acides) ont exactement les mêmes propriétés du coup c’est ça ? merci

    1. bonjour Haziel
      en gros oui , les mucilages, qu’ils soient neutres ou acides, ont généralement des propriétés émollientes et adoucissantes, ce qui les rend utiles dans diverses applications médicinales et alimentaires.
      mais si vous voulez allez plus loin , j’ai trouvé cette définition ici >> https://dictionnaire.acadpharm.org/w/Mucilage .

  4. À nouveau un grand merci pour tous vos articles. Celui-ci m’éclaire à plus d’un titre mais ne répond pas à mes recherches sur les formes d’extractions de mucilage végétale. Je souhaitais vous demander quel serait la meilleure méthode pour utiliser la fleur et la feuille de Verbascum Tapsus dans une préparation de baume à la cire d’abeille. Dans l’idée de rendre ce baume onctueux et légèrement gras. Merci pour votre amabilité et votre gentillesse.

    1. bonjour Alexandre
      vous pouvez faire sécher les fleurs et les mettre en macération huileuse, ce qui va rendre le baume onctueux seront les « gras » que vous aurez choisi et la qualité des huiles (par exemple rajouter avec le mh un peu d’huile de coco , du karité etc…)

  5. Bonjour
    Quand vous dites les plantes mucilages à prendre loin des repas, c’est à dire ? 2 heures après ou avant repas environ ? Car si c’est pour empêcher un reflux par exemple d’irriter l’oesophage.
    Merci pour votre réponse.
    Bravo pour votre site.

    1. bonjour Pascal
      les mucilages vont adoucir et aider à réparer la muqueuse, par contre ils n’ont pas vocation à empêcher un reflux gastrique, pour le reflux gastrique il va être important de bâtir un protocole adapté et remonter à l’origine du problème.
      Pour en revenir aux mucilages, les prendre au moins 1/2 h avant le repas ou 2-3 h après, il faut prendre par exemple le gel de guimauve , par petites gorgées tout au long de la journée, question de bien tapisser petit à petit les muqueuses de l’estomac et de l’œsophage .
      Mais quant il y a brûlure (même après le repas) le gel de guimauve calme assez rapidement la sensation de brûlure (il fait presque office de pompier 🙂 )

      1. Ok, merci Sabine, c’est très clair.
        Du coup il vaut mieux tout de suite après le repas une plante qui produit du mucus comme la réglisse par exemple.
        Sinon pour cicatriser la muqueuse, il y a toujours l’argile verte mais ce n’est pas une plante

  6. Bonjour
    Bravo pour votre merveilleux site.
    Il me semble que j’avais lu quelque part que la guimauve diminuait l’acidité dans l’estomac, je n’en suis pas certain.
    Et manquant d’acidité pour une bonne digestion ( test du bicarbonate de soude) je voulais être sûr que la guimauve n’agit pas dans ce sens sachant qu’elle est très utile pour l’irritation de l’œsophage suite au reflux.
    Merci pour vos précieux conseils.

    1. bonjour Pascal
      à ma connaissance , la guimauve n’a pas d’action sur la production d’acide gastrique , elle protège les muqueuses de l’œsophage et de l’estomac

  7. Bonjour Sabine, j’utilise les plantes mucilagineuses pour éliminer les toxines des allergies alimentaires. Cependant l’effet est parfois limité avec la Mauve ou Orme rouge. Est ce qu’il existe des plantes avec un taux d’absorption et d’élimination fort pour les toxines ? J’utilise en complément du charbon actif, psyllium et argile. Merci, Yoann

  8. Bonjour,
    C’est le premier commentaire que j’écris, donc je commence par vous dire un grand merci pour tout ce que vous partagez si généreusement.
    Concernant les mucilages : En tant que chanteuse, la mauve m’est bien utile pour adoucir les cordes vocales qui picotent. Par contre en cas de gorge qui brûle plus fort, la ronce me paraissait être une bonne solution… mais je me pose des questions. Il est parfois difficile de savoir à quel niveau d’inflammation on se trouve, et si c’est plutôt mucilages ou tanins qu’il faut. D’où ma question : serait-ce complètement absurde d’associer mauve et ronce (d’abord parce que la mauve arrange bien le goût de la ronce!)? En gros : associer des molécules à effets contraires est-il inutile / dangereux / absurde? (je ne me vexerai pas, hein… si vous me dîtes que je suis absurde ;-))
    Merci!

    1. bonjour Isabelle
      tout d’abord il n’y a aucune question absurdes 🙂
      et oui bonne association tanins et mucilages

      1. Merci Sabine, j’en conclus donc que je peux mélanger mauve et ronce dans une même tisane sans que les molécules se « contrarient »? Si oui, ça va me simplifier la vie!
        Bonne journée.

  9. Bonjour , UN IMMENSE MERCI pour vos précieux conseils, je suis une adepte des plantes avec lesquelles je me sens vraiment en harmonie. Concernant la guimauve , je viens de lire un article disant qu’il faut éviter de prendre de la guimauve avec des tanins : vin, thé et plantes (artichaut, aubépine, basilic, bouleau, bruyère cendrée, busserole, hamamélis, sureau noir, ronce, thym). Les mucilages et les tanins peuvent former des molécules toxiques pour l’organisme. Là c’est compliqué car je prends des tisanes de thym et de l’aubépine et je comptais prendre de la guimauve pour adoucir la gorge (reflux gastrique) Je vous remercie pour votre réponse

    1. bonjour Claudine
      je serai intéressée par vos sources ou le lien de l’article en question , car à ma connaissance non il n’y a pas de genre d’interaction , je demande confirmation à Christophe

  10. Bonjour, Merci pour vos excellentes vidéos et le partage de votre expertise.
    Vous avez parlé de MK2 en produit naturel, par un producteur. Où le trouver ? De même, la prêle en poudre, bio, de bonne qualité ? Avant, en vrac à la Vie Claire…maintenant, non.
    Conseillez vous aussi l l’astragale pour les telomeres ? Où s’en procurer de source crue et bio ? Un grand merci à Vous ! Chaleureusement.

    1. bonjour Thérèse
      qu’appelez vous MK2?
      pour la prêle vous en trouvez en herboristerie, en général il n’y a pas de problème de qualité
      pour les télomères je ne sais pas

  11. Bonjour !
    Merci pour cet article très intéressant.
    Est-ce que les pétales de rose trémière, les fleurs de guimauve, la mauve de mauritanie et la mauve des champs sont également autorisées pendant une grossesse et l’allaitement ?
    En vous remerciant pour votre réponse

    1. bonjour Aude
      je n’ai pas trouvé de contre indication de l’utilisation de ces malvacées pendant la grossesse, mais toujours le signaler à votre médecin

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