Vous avez probablement déjà vu cette petite fleur orange dans les jardins.
Elle nous vient tout droit de Californie, on l’appelle l’escholtzia ou le pavot de Californie et c’est une plante médicinale très utile.
J’ai eu la chance de voir, au printemps, les escholtzias en fleur dans le désert Californien et je peux vous dire que c’est tout simplement époustouflant : un océan orange à perte de vue !
C’est vraiment une petite plante magnifique qui produit une grande quantité de fleurs. Comme quoi on peut créer un jardin médicinal qui est à la fois utile et esthétique. L’un n’empêche pas l’autre.
Un peu de botanique...
C’est une plante de la famille des papaveracées, et donc une cousine du coquelicot et de la chélidoine.
Son nom scientifique : Eschscholzia californica.
Elle se comporte en principe comme une annuelle sous nos latitudes, mais certaines années j’arrive à garder les miennes 2 ans au jardin, tout dépend des températures hivernales. Si l’hiver est froid elle va disparaitre et il faudra la ressemer au printemps.
Elle aime les sols secs et sablonneux, qui drainent bien et surtout un plein soleil.
Elle a des feuilles alternes qui sont profondément découpées en segments linéaires, de couleur bleu-vert-grisâtre.
Le calice se détache pour laisser place aux pétales froissés. Ensuite la fleur va s’ouvrir.
Les 4 pétales sont de couleurs orange vif et la fleur a de nombreuses étamines.
L’ovaire va ensuite laisser place au fruit qui est une "silique" de forme allongée renfermant de nombreuses graines de couleur noire.
Constituants
Le pavot de Californie est ce qu’on appelle une plante à alcaloïdes. Ceci nous rend toujours un peu nerveux car dans le monde des plantes, nous avons des plantes à alcaloïdes qui sont très puissantes et très toxiques.
Mais ne vous inquiétez pas, celle-ci est tout à fait inoffensive aux doses traditionnelles.
Elle contient de nombreux alcaloïdes : eschscholtzine, californidine, californine, fumarine, sanguinarine, etc.
Je vous donne ici une citation de Michael Moore, herboriste américain de renom :
Les nombreux alcaloïdes du pavot de Californie rendent les pharmacologistes nerveux... Car séparément, ils sont toxiques. Mais tous ensemble, ils ont une action diffuse et ils s’équilibrent. Les plantes les plus vieilles, celles de la fin de l’été, contiennent moins d’alcaloïdes. Cueillie au printemps par contre, la plante est très riche en alcaloïdes et donc si tout ceci vous rend nerveux, ramassez-là vers la fin de l’été. Mais franchement, l’escholtzia est une plante tout à fait inoffensive aux doses traditionnelles.
La plante contient d’autres constituants :
- Des caroténoïdes dans la fleur qui sont responsables de la belle couleur orange ;
- Des flavonoïdes protecteurs ;
- Des phytostérols ;
- Etc.
Ceci étant dit, les propriétés principales de la plante sont des à ses alcaloïdes.
Propriétés du pavot de Californie
C’est tout d’abord un ➜ sédatif simple, direct et sans fioritures.
On l’utilise pour les problèmes de sommeil. Soit lorsqu’on a du mal à s’endormir, soit lorsqu’on se réveille dans la nuit.
La plante a un "double caractère". Chez certaines personnes elle agit très vite, le jour même, souvent dans l’heure qui suit la prise.
Chez d’autres personnes, il y a un effet plus lent qui va apparaître au bout de 3 à 4 semaines. Donc il faut parfois insister un peu.
Pour des problèmes de sommeil ponctuels, on peut tout à fait prendre la plante d’une manière ponctuelle. Pour les problèmes chroniques et de longue date, il faut souvent insister et la prendre sur le plus long terme.
La plante a des propriétés ➜ anxiolytiques, donc on peut l’utiliser pour tout ce qui est crises d’anxiétés et angoisses. On peut l’utiliser seule ou l’accompagner d’autres plantes anxiolytiques comme la mélisse fraiche, la passiflore, l’aubépine, le kava si vous habitez en Amérique du nord, etc.
Elle a une action ➜ antispasmodique, elle peut donc atténuer les spasmes douloureux, spasmes digestifs, spasmes biliaires. C’est une utilisation un peu moins classique, un peu moins connue de la plante, mais elle a une certaine efficacité de ce côté-là.
On peut aussi l’utiliser comme ➜ antalgique, donc pour la gestion de la douleur, mais il faut l’utiliser à de plus fortes doses, et je ne vais pas rentrer dans ce sujet-là qui ne se traite pas à la légère.
Utilisation chez l'enfant
Aux États-Unis on la donne aux enfants.
Chez nous, la commission Européenne recommande de ne pas utiliser la plante avant 18 ans car nous n’avons pas de données pour confirmer que la plante peut être prise plus jeune.
Mais dans le monde anglophone, on ne se pose même pas la question, on l’a toujours utilisée chez l’enfant sans aucun problème.
Par exemple, le docteur Cori Burke qui est médecin de famille dans l’Oregon explique qu’on peut l’utiliser à partir de 2 ans.
Bon, personnellement cela me parait beaucoup trop jeune sachant qu’on a des plantes beaucoup plus douces pour cette tranche d’âge.
Du côté français vous allez souvent voir la mention « à partir de 12 ans », mais au final il n’y a pas vraiment de consensus sur l’âge.
Je vous dirais qu'en moyenne, les thérapeutes anglo-saxons commencent à l’utiliser ➜ à partir de 5 à 6 ans.
Récolte et transformation
Pour la récolte, coupez toutes les parties aériennes, fleurs, feuilles et tiges. Faites ceci au printemps, en début de floraison, c’est toujours mieux.
Si vous avez de l’alcool fort à 80° minimum, préparez une teinture de plante fraîche, c’est la meilleure préparation ! Utilisez 200 ml d’alcool pour 100 g de plante fraîche et coupée très finement. Voir ma formation sur la fabrication de produits à base de plantes pour toutes les étapes et précisions.
Si vous n'avez pas d'alcool fort, faites sécher la plante. Vous pouvez ensuite en faire des infusions, mais je vous préviens, c’est très amer et pas agréable à boire du tout !
De plus, vu que c’est une plante riche en alcaloïdes, mieux vaut utiliser de l’alcool pour extraire tous ces constituants. Et donc, là encore, préparez une teinture mais de plante sèche cette fois. Utilisez 500 ml d’alcool à 50°, du rhum par exemple, pour 100 g de plante très finement coupée. Laissez macérer 2 semaines en remuant tous les jours, puis vous filtrez et vous pressez.
Pour les dosages, on va aller voir du côté des experts anglophones qui connaissent bien la plante (David Hoffmann ici) :
- De 1 à 4 ml le soir pour les problèmes de sommeil chez un adulte de 70 kg (entre 25 et 100 gouttes)
- Pour un enfant on fait une règle de 3 par rapport au poids.
- Pour les problèmes d’anxiété ou pour l’action antispasmodique, jusqu’à 2 ml 3 fois par jour chez l’adulte, ce qui nous fait jusqu’à 50 gouttes 3 fois par jour.
Précautions
Il peut y avoir un effet additif avec les médicaments sédatifs et anxiolytiques.
Il existe aussi une contrindication (assez obscure je dois dire, un peu tirée par les cheveux) chez la personne souffrant de glaucome en particulier si on utilise la racine. Il y a beaucoup moins de risques avec les parties aériennes. Donc pas de racines dans vos préparations par principe de précaution.
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Annette CARATTI dit
Bonjour, mon mari désire mettre quelques pétales dans une grande tasse de tisane le soir, combien peut il en mettre ? ... Merci beaucoup
sabine dit
bonjour Annette
oui , ensuite tout dépend l'objectif , juste pour le plaisir de la découvertes quelques pétales c'est bien, pour un objectif thérapeutique la teinture est plutôt conseillée (l'infusion étant vraiment très amère , les parties utilisées sont feuilles et fleurs.
yoann dit
Bonjour, peut-on encore se procurer du Pavot somnifère afin d'utiliser de l'opium en cas de crise par exemple ? L'idée est de relâcher les muscles de l'intestin en prévention blocage. Cdlt
sabine dit
bonjour Yoann
désolée mais je ne sais pas
Christel L dit
Bonjour Sabine & Christophe, j'ai bien compris qu'il prendre le pavot sous forme de teinture était recommandé. Toutefois, pour les intrépides du goût qui se risqueraient à l'infusion, j'ai noté dans le formidable tableau répertoriant les dosages et modalités d'emploi communiqué par Christophe que Valnet conseille 2,5 à 5g par litre. Toutefois, la témpérature et le temps d'infusion/macération ne sont pas mentionnés. Un conseil sur le sujet ? Merci par avance !
sabine dit
bonjour Christel
comme une infusion normale , faire monter à frémissement , éteindre le feu et laisser 10mn à couvert et filtrer
ensuite comme vous dites , les aventuriers du goût ne craignent degun 🙂
Rayan dit
Bonjour,
Sur internet, ils disent que les graines de pavot contiennent de la morphine et de la codéine (cf poppy seeds en anglais).
Est-ce vrai? N'est-il pas dangereux d'en consommer?
Si on en consomme, faut-il les moudre comme les graines de lin, ou peut-on les consommer sans les moudre?
sabine dit
bonjour Rayant
vous parlez du pavot Papaver somniferum , l'article est dédié au Pavot de Californie (Eschscholtzia californica) et Christophe explique bien dans l'article à quels alcaloïdes nous avons à faire
ce ne sont pas les graines qui sont utilisées
William Le galliot dit
Bonjour, par rapport au coquelicot, il y a beaucoup de différences en terme d'effets?
sabine dit
bonjour William
je dirais que le coquelicot est plus "spécialisé" pour soutenir les problèmes de toux alors que l'escholzia sur les problèmes liés au sommeil
Clara A dit
Bonjour,
Je souhaite utiliser la fleur et les feuilles de cette plante pour un dressage d’assiette.
Il y a t-il un risque toxique à les consommer fraîches ?
Merci d’avance
sabine dit
bonjour Clara
disons qu'il n'y a pas de risque d'empoisonnement , mais côté gustatif ce n'est pas vraiment l'idéal , sauf bien sûr si vous ou vos invités êtes des aventuriers des goûts extrèmes 🙂 car l'amertume est bien bien présente