On l’utilise depuis des millénaires, il est à la fois culinaire et médicinal, il est cultivé dans quasiment tous les pays…
Je parle bien sûr de l’ail !
Dans cet article, je vais me concentrer sur ses propriétés thérapeutiques.
L’ail au jardin
Nous sommes à la fin mai au moment où j’écris cet article et je viens de ramasser mon ail nouveau au jardin.
C’est toujours un grand moment de plaisir pour le jardinier, d’abord parce que c’est une des premières récoltes du printemps, mais aussi parce que l’ail nouveau a des gousses tendres et juteuses, un peu plus douces, un peu moins fortes que l’ail qu’on a fait sécher.
C’est aussi la magie du jardinage. A l’automne, on a simplement planté une petite gousse toute maigrichonne. Et là, on récolte une belle tête d’ail. Il n’y a pas de plus grand plaisirs que ces plaisirs simples.
Personnellement, je plante une gousse entre mes autres plantes médicinales afin de ne pas perdre d’espace. Ici entre deux pavots de Californie. Là entre la mélisse et l’hysope. Au printemps, les tiges vertes apparaissent un peu partout dans le jardin.
D’un point de vue culinaire on peut en faire des préparations assez sympathiques avec l’ail nouveau.
Mais nous ne sommes pas là pour parler cuisine ! Nous sommes là pour parler santé.
Je sais que vous avez lu ici et là que l’ail a des propriétés thérapeutiques formidables. C’est vrai. Mais j’aimerais vous aider à y voir un peu plus clair entre toutes ces promesses et la réalité.
Propriétés cardiovasculaires de l’ail
Je commence par les propriétés qui ont rendues l’ail célèbre ces dernières années. Ces propriétés ont été étudiées en détail – ce sont les propriétés cardiovasculaires. Nous avons de nombreuses études qui valident les points suivants :
D’abord l’ail a des propriétés ➜ hypo-lipidémiantes. Un mot compliqué qui veut dire quelque chose de très simple : si vous avez un cholestérol sanguin ou des triglycérides trop élevés, l’ail peut vous aider à les faire baisser.
Et là je ne vais pas rentrer dans la discussion sur le cholestérol. Vous suivez peut-être le débat aujourd’hui : le cholestérol en soi n’est pas un poison qui bouche les artères comme on nous l’avait expliqué dans le passé.
C’est en effet une substance essentielle à la fabrication cellulaire, un précurseur de nombreuses hormones. Voir les articles et vidéos de Michel de Lorgeril sur le sujet si ça vous intéresse.
Les études montrent que l’ail peut faire baisser les taux de cholestérol et de triglycérides en moyenne d’environ 10%. C’est important d’avoir un ordre d’idée des résultats que vous pouvez obtenir. Ce n’est pas une énorme baisse, mais c’est loin d’être négligeable.
Et ce qui est vraiment intéressant, c’est la chose suivante : on pense que les résultats sont obtenus non au travers d’un effet où l’ail bloque la production de cholestérol au niveau du foie et empêche notre corps de faire son travail, mais plutôt au travers d’un effet antioxydant et protecteur.
L’ail bloque la destruction de certains acides gras, il bloque en particulier l’oxydation du LDL, et pour faire très simple, l’ail permet une meilleure utilisation du cholestérol en circulation. On a donc besoin de moins en fabriquer car il est mieux utilisé. C’est un effet régulateur qui semble vraiment aller dans le bon sens.
Ensuite, nous avons des études qui démontrent que l’ail est efficace en ➜ prévention de la plaque artérielle, cette plaque qui s’accumule sur la paroi des artères, qui leur font perdre leur élasticité. Au long terme, ceci peut entrainer une obstruction, ou provoquer un détachement d’un morceau de plaque et entraîner un infarctus du myocarde ou un AVC.
L’ail permet de réduire la perte d’élasticité liée au vieillissement des artères. Une étude menée sur 4 ans montre que grâce à l’ail, le volume de plaque dans l’artère carotide et fémorale progressent moins vite chez les personnes prenant de l’ail et parfois va même régresser.
L’ail a un effet ➜ hypotenseur modeste. Si vous avez une tension artérielle trop haute, l’ail peut donc participer à la faire baisser. Et là je dis bien participer car à lui seul il ne sera pas suffisant pour faire tout le travail.
Il faut le combiner avec la feuille d’olivier ou avec l’aubépine, la passiflore ou avec des plantes à action très diurétique. Avec l’ail seul, on parle d’une diminution qui tourne autour des 5% d’après une étude. Une autre étude montre une diminution moyenne de 1,6 pour la pression systolique et de 0,9 pour la pression diastolique, ce qui est pas mal du tout.
Une autre étude montre une diminution de 0,46 pour la pression systolique, un peu moins bien. Dans l’ensemble, l’ail va apporter une diminution modeste de la pression artérielle, ne vous attendez pas à des résultats fulgurants, mais vu qu’il a toutes ces autres propriétés sur le système cardiovasculaire, c’est vraiment une excellente plante à utiliser si on souffre d’hypertension.
Ensuite, l’ail va agir sur les paramètres de coagulation du sang. Il a ce qu’on appelle un effet ➜ antiagrégant plaquettaire. C’est-à-dire qu’il va inhiber l’agrégation des plaquettes.
Les plaquettes sont de petites cellules qui circulent dans le sang et qui jouent un rôle très important dans la coagulation sanguine. En fait, lorsqu’il y a une blessure, elles vont s’agréger entre elles et colmater la blessure. C’est très bien, c’est le fonctionnement normal.
Mais lorsqu’on souffre d’athérosclérose, qu’on développe de la plaque artérielle, les plaquettes peuvent contribuer, dans certaines situations, à la formation d’un caillot et là, ce n’est plus constructif du tout. Donc dans ce contexte, et à des doses relativement basses d’après les études (on tourne dans les 600 à 800 mg d’ail en poudre), on voit un effet notable et bénéfique et protecteur.
Propriétés antibiotiques de l’ail
L’ail peut assister le corps à mieux combattre une infection.
Tout d’abord l’ail a un effet ➜ stimulant du système immunitaire. Les cellules immunitaires sont mieux armées, plus actives face à tout type d’infection lorsqu’on prend de l’ail.
Les études montrent que le système immunitaire est aussi plus apte à faire face aux cellules cancéreuses.
L’ail contient aussi des substances prébiotiques qui vont permettre à la flore intestinale de bien se développer, et on connait aujourd’hui l’influence majeure de la flore sur une bonne immunité.
Ensuite l’ail a un effet➜ antibactérien, antiviral et antifongique puissant par contact. Il va donc agir aux endroits où il a accès, là encore par contact – les infections entériques résistantes par exemple.
On peut aussi l’utiliser dilué et en application sur la peau, nous avons par exemple une étude qui montre qu’une crème contenant 1% d’ajoene (l’une des substances actives de l’ail) est efficace pour éliminer le pied d’athlète, une infection fongique.
C’est un redoutable désinfectant des poumons lors des bronchites, l’ail va fluidifier la production de mucus, faciliter l’expectoration et détruire les pathogènes au passage. Sachez que la fameuse haleine à l’ail vient tout autant des poumons que de la bouche, signe que les substances aromatiques de l’ail sont relâchées au niveau des alvéoles pulmonaires.
On peut donc faire beaucoup de choses avec l’ail dans le contexte des infections hivernales ou autre type d’infections chroniques ou aigües.
Je vais m’arrêter là pour les propriétés, je sais qu’il peut faire d’autres choses, mais j’ai choisi les deux domaines d’actions pour lesquels l’ail est les plus prometteur.
Formes à utiliser
Sachez tout d’abord que toutes les formes testées dans les études démontrent les propriétés cardiovasculaires et anticancer : ail frais, ail cuit, ail sec et en poudre.
Pour les propriétés antibiotiques il faut plutôt aller voir du côté de l’ail cru.
Donc si vous lisez des informations expliquant qu’uniquement certaines formes d’ail très spécifiques (et accessoirement très chères) ne sont efficaces, je peux vous dire que c’est faux.
Il est vrai que les produits à base d’ail vieilli, ou d’ail noir vieilli, sont intéressants car ils ne sont pas aussi irritants que les autres formes, ils sont mieux tolérés d’un point de vue digestif. Mais ce sont des formes chères.
On a fait aussi une grande fixation sur l’allicine, substance très importante de l’ail certes. Mais il y en a plus de 25 autres que l’on a recensé et qui ont une activité thérapeutique, sans parler des substances que nous n’avons pas encore identifié !
Alors vous savez quoi ? On va simplifier les choses. Si vous le tolérez, on va utiliser l’ail cru, tout simplement.
Si vous ne le supportez pas et que vous avez accès à de l’ail sec en poudre de bonne qualité, pourquoi pas. Et vous avez l’ail vieilli, plus cher certes mais qui peut rendre service. Et n’oubliez pas, pour l’effet anti-infectieux, c’est l’ail cru qu’il faut utiliser.
Pour les préparations, vous avez différentes manières de procéder :
- Râpez l’ail frais, idéalement avec une râpe microplane ;
- Laissez-le reposer 10 à 15 minutes, certaines réactions importantes qui vont s’opérer au contact de l’air pendant cette période ;
- Rajoutez-le à la nourriture, ou mélangez-le avec de l’huile d’olive, un peu de jus de citron, du miel liquide, un peu de vinaigre de cidre, etc. Chacun a ses petites astuces…
Dosage
Cela va vraiment dépendre de la situation et de l’objectif.
- Une à deux gousses par jour en cas d’infection si vous les supportez, à faire pendant la durée de l’infection.
- Pour la protection cardiovasculaire disons ½ gousse 2 fois par jour.
- Avec l’ail en poudre on tourne autour des 2 à 4 g par jour.
- Vous pouvez faire une teinture d’ail frais si vous avez accès à de l’alcool fort, il vous faudra de l’alcool à 80° minimum, vous coupez les gousses en tranches très fines, vous les mettez dans un bocal puis vous recouvrez à peine d’alcool, idéalement 200 ml d’alcool pour 100 g d’ail frais. Voir ma formation sur la fabrication de produits.
- Pour les doses on tourne dans les 20 à 30 gouttes dans un peu d’eau de 2 à 3 fois par jour.
Et bien évidemment, vous pouvez tout simplement consommer de l’ail régulièrement, en prévention, même si vous n’avez pas de problèmes de santé : pour réguler votre flore intestinale, pour stimuler votre immunité, pour protéger vos poumons, vos artères et comme aliment anti-cancer.
Effets indésirables
- La fameuse haleine à l’ail, désolé mais je n’ai pas de recette miracle pour la faire disparaitre. L’odeur d’ail va aussi très souvent ressortir par les pores de la peau en fonction de la dose.
- L’ail frais peut être irritant pour la muqueuse digestive, ça c’est assez classique, il peut provoquer des brulures d’estomac, reflux gastrique, diarrhées, nausées. Donc allez-y doucement.
Précautions
- Attention si vous prenez des anticoagulants, demandez conseil à votre médecin mais en principe l’ail vous est contrindiqué
- Ne prenez pas d’ail si vous vous apprêtez à subir une intervention chirurgicale car il va modifier vos paramètres de coagulation.
- L’ail peut avoir un effet hypoglycémiant, à savoir si vous êtes diabétique.
- D’une manière générale, n’en prenez pas trop non plus, toujours avec modération
101 réponses
Bonjour,
Merci pour cet article enrichissant.
Pour éviter les désagréments de l’ail cru, je préconise la lacto-fermentation longue (en gousses entières, avec la peau). Bien plus digeste et moins fort, cela permet d’en consommer en plus grande quantité. Un de mes alliés indispensables l’hiver, tant préventif que curatif.
Beau 2025 à toustes
Bonjour Sabine,
Avez-vous connaissance d’études ou d’articles, même anciens, francophones ou non, sur l’usage de la gousse d’ail en suppositoires ?
bonjour Nadège
Non nous n’avons pas d’infos concernant l’ail en mode suppositoire
Et j’aurais tendance à être prudente vis à vis de l’ail en suppo
Car une application directe de l’ail sur les muqueuses peut entraîner des brûlures, des inflammations ou des lésions, car si je mâche une gousse d’ail pur, mes muqueuses buccales me rappellent à l’ordre, donc j’imagine pour les muqueuses de l’intestin, d’autre part une irritation ou une brûlure (créé par le contact pur de l’ail) pourrait augmenter le risque d’infection.
Et je me pose la question à savoir puisque les composants actifs de l’ail peuvent être absorbés par voie rectale, sa concentrations en principes n’est pas vraiment « filtrée » et passe directement en circulation sanguine, quelles conséquences ?
De mon point de vue prudence
Bonjour et merci pour toutes ces précieuses informations !
Que pensez vous de la macération huileuse d’ail ? Quelle technique recommanderiez vous ? macération fraîche ou sèche ? classique ou intermédiaire alcoolique ?
Merci de votre conseil !
Bonjour Stéphanie
Pour éviter tout risque de botulisme je privilégie sec , après par intermédiaire alcoolique je n’ai jamais testé , je ne sais pas mais l’idée peut être intéressante