Décoction de plantes médicinales

La décoction de plantes médicinales

Décoction de plantes médicinales

Si l’infusion est de moins en moins utilisée parce qu’elle s’inclut mal dans la course de la vie moderne, la décoction, elle, a été complètement rayée de nos habitudes. Pourquoi tous ces tracas lorsque des gélules de plantes pulvérisées sont disponibles?

Et bien laissez-moi vous convaincre qu’une décoction en vaut encore la chandelle, ne serait-ce que pour une question de prix. Car acheter des racines en vrac et en faire une décoction journalière vous coûtera bien moins cher qu’un extrait provenant d’un laboratoire reconnu.

La décoction a d’autres avantages bien sûr : la possibilité de se rapprocher de la plante telle qu’on la trouve en nature, de choisir une racine de qualité en herboristerie, et de revenir à une préparation qui est vivante et qui a du goût !

Et le plus important pour moi : le fait que vous vous investissiez dans la création de vos propres remèdes, ce qui est la première étape vers le rétablissement.

Pour les quantités à utiliser, voir mon guide ici.


Préparation et matériel

La plante

La racine doit être découpée le plus finement possible afin d’augmenter la surface de contact avec l’eau. Pour les racines fraîches (racines de grande aunée ou valériane par exemple), vous pouvez utiliser un couteau de cuisine et les découper en rondelles très fines.

Si les racines sont sèches, elle seront quasi-imposibles à couper finement. Il faudra donc les pulvériser. Lorsque j’ai une grande quantité à pulvériser, j’utilise d’abord un blender pour les couper grossièrement, puis je passe au moulin à café. Si j’ai une petite quantité, je passe directement au moulin à café.

Une note importante au passage : toute racine de qualité doit être automatiquement gardée en tronçons afin d’éviter trop de surface de contact avec l’air (l’air entraîne au long terme une oxydation de la plante). Ci-dessous, des racines de patience (Rumex crispus) conservées en tronçons dans un bocal hermétique.

Décoction de plantes médicinales

L’eau

Idéalement, l’eau doit être la plus pure possible, sans sédiments ni excès de calcaire (ce qui parfois précipite certains composants et les rend moins disponibles). De l’eau distillée ou de l’eau de pluie est idéale. Vous pouvez aussi acheter une eau minérale avec un taux bas de résidu à sec, une information disponible sur l’étiquette à l’arrière de la bouteille. Comparez plusieurs eaux et voyez celle qui à le moins de résidus.

D’une manière pratique, je réalise que nous n’avons pas toujours une telle eau sous la main. L’herboristerie pratique nous dit ceci : il vaut mieux utiliser les plantes d’une manière non-optimale, avec ce que l’on a sous la main, que de ne pas les utiliser du tout.

Alors si vous vous retrouvez coincé et que vous avez besoin de vous faire une décoction, n’hésitez pas à utiliser l’eau du robinet en attendant de pouvoir vous procurer une eau supérieure.

Le récipient

Le seul récipient pratique pour réaliser une décoction est une casserole en inox avec couvercle.

Je mentionne tout de même au passage qu’en médecine chinoise, les préparations de décoction se font dans des cocottes en terre cuite et non dans de l’inox, ce dernier pouvant altérer les propriétés énergétiques des plantes.


La décoction thérapeutique

Le but de la décoction est de ramener l’équilibre à la personne qui a un problème de santé. Il y a donc un effet thérapeutique attendu, et cet effet dépend souvent de la quantité de plante utilisée. Les vieux écrits datant de l’époque où docteurs et pharmaciens prescrivaient les décoctions nous indiquent les poids de plante à utiliser.

Certains ouvrages modernes nous rappellent ces quantités d’une manière générique. Pour avoir une information plus détaillée par plante, il faut passer à un ouvrage tel la Materia Medica de Michael Moore (fondateur de la Southwest School of Botanical Medicine), un ouvrage qui reste la référence aujourd’hui aux Etats-Unis. Je suis en train de traduire en Français l’ouvrage de Moore avec la gracieuse permission de la Southwest School of Botanical Medicine.

Des ouvrages en Français tels « La Phytothérapie » du docteur Jean Valnet vous fournira aussi les quantités de plantes à utiliser en décoction.

La quantité de plante à utiliser dépend aussi des traditions des différents pays. Voici les quantités que je recommande pour la plupart des plantes, sachant que certains ouvrages pourront mentionner d’autres quantités. Notez aussi que ces quantités peuvent varier lorsque l’on parle de certaines plantes en particulier.

Quantités de référence :

  • Entre 25 g et 50 g de plante sèche pour un litre d’eau

Décoction de plantes médicinales

Quelle quantité choisir dans cette fourchette ? Cela dépend de la plante et de votre sensibilité à la plante. Pour une plante inoffensive comme la bardane, 50 g de racine sèche par litre. Si l’on parle de racines de patience, une quantité largement inférieure sera efficace.

Vous m’avez aussi vu écrire la chose suivante dans mes différents articles : s’il y a une bonne association plante-personne-condition, la plante fera son effet quelle que soit la quantité utilisée.

J’ai pu valider cette règle de nombreuses fois, et elle s’applique aux teintures mères aussi bien qu’aux décoctions. Pour une teinture mère, si la plante est bien choisie, 10 gouttes auront autant d’effet que 50 gouttes. Il en est de même pour la décoction, que l’on en boive une petite tasse ou un grand bol, que l’on mette une cuillère à café par litre ou 50 grammes.

L’art est donc de bien associer la plante à la personne, au terrain et à la condition, chose qui est loin d’être facile. Il faut du temps pour en arriver là, et en attendant, je vous conseille de suivre les quantités et doses recommandées dans vos ouvrages de référence.


Technique de décoction

  • Préparez la bonne quantité de plante et d’eau. Sauf si indiqué autrement dans vos ouvrages de référence, utilisez les quantités de référence indiquées ci-dessus dans le chapitre « la décoction thérapeutique » ;
  • Placez la plante dans une casserole en inox ;
  • Versez l’eau froide par dessus et placez un couvercle sur la casserole ;
  • (Optionnel) Laissez macérer quelques heures la plante dans l’eau froide ;
  • Faites chauffer la casserole tout doucement jusqu’à amener le liquide à ébullition ;
  • Lorsque l’eau commence à bouillir, réduisez le feu et laissez frémir pendant 15 minutes. Si la plante est très dure et fibreuse, laissez chauffer un peu plus longtemps. L’expérience vous apprendra à ajuster cette durée par rapport à la plante.
  • Eteignez le feu. Si vous désirez ajouter des plantes à infuser dans cette décoction, ajoutez-les maintenant.
    • Ex : vous avez fait une décoction de racines de pissenlit, et vous désirez mettre des feuilles de pissenlit à infuser pour accentuer l’aspect diurétique du mélange ;
  • Pressez le marc du mieux que vous pouvez, en utilisant si nécessaire la petite presse manuelle mentionnée dans l’article sur les teintures;
  • Filtrez grossièrement à la passoire. Si vous désirez filtrer plus finement, vous pouvez utiliser un filtre à café ;

Lorsque le liquide refroidit, certains composants solubles dans l’eau chaude peuvent commencer à précipiter et peuvent donner à la décoction un aspect désagréable visuellement. Ne vous inquiétez pas, ceci n’affecte aucunement les propriétés médicinales de la décoction.

Les plantes de Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) sont en général pulvérisées très finement. Je trouve que pour ces plantes là, filtrer ne sert pas à grand chose, sauf si l’on utilise un filtre à café. De plus, pour ces plantes là, il est souvent conseillé d’absorber la poudre avec la décoction. C’est de cette façon que je recommande l’astragale de Chine par exemple (Astragalus membranaceus).


Conservation d’une décoction

Préparez la quantité de décoction nécessaire pour une prise ou pour une journée. N’en faites pas plus car la décoction ne se garde pas très longtemps. Dans l’idéal, gardez-la :

  • 12 heures à température ambiante ;
  • 24 à 36 heures au frigo (elle se garde légèrement plus longtemps que l’infusion)

Jetez la quantité restante.

La décoction se conserve mal car :

  • Le solvant lui-même (l’eau) n’a aucune propriété de conservation (contrairement à l’alcool ou à l’huile) ;
  • Certains composants extraits de la plante comme les mucilages et gommes vont fermenter relativement vite. On se souviendra du fait que les bactéries en raffolent (d’où son utilisation pour nourrir notre flore intestinale) ;
  • Les minéraux ionisés et en solution vont commencer à se précipiter au bout de quelques heures, rendant ces minéraux peu disponibles.
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126 réponses

  1. Bonjour, est-ce que pour la racine de pissenlit il fait les broyer, et si oui peut-on le faire avec un blender (qui risque de chauffer les morceaux de racines)?
    Je vous remercie par avance.

    1. Bonjour Guillaume
      vous pouvez les broyer , je ne pense pas qu’un broyage rapide puisse altérer la plante, vous pouvez aussi couper en petits morceaux (pour la décoction c’est très bien ) le mieux c’est de pouvoir les couper lorsqu’elles sont fraiches , après effectivement c’est un peu plus difficile car elles durcissent d’où peut-être l’utilisation du blender .

  2. Merci infiniment pour cet article très bien documenté et très clair pour tous les novices, dont je suis !

  3. Bonjour si je fais ma décoction avec un litre d’eau et que je rajoute un demi-litre après (pour des raisons de taille de thermos) est-ce que cela change les propriétés de ma décoction ? Merci

    1. bonjour Françoise
      Vous la diluez mais cela (à ma connaissance) n’enlève rien aux propriétés de la plante (si vous consommez tout )

  4. Bonjour, je souhaite réaliser une décoction de persil et basilic pensez-vous que les deux plantes aillent bien ensemble ou il vaut mieux que je fasse deux décoctions différentes ? En fait j’ai acheté ces herbes fraîches pensant les intégrer à ma cuisine, je suis enceinte j’ai donc regardé sur internet et j’ai trouvé que l’usage était déconseillé ou avec modération et comme j’ai deux gros bouquets j’aimerais bien en faire quelque chose pendant qu’ils sont frais. Que me conseillez vous ? Merci beaucoup

    1. bonjour Cahn
      à part pour émietter dans votre alimentation je vous déconseille les infusions de persil qui sont anti galactogènes
      pour faire court basilic et persil non recommandés pendant la grossesse sauf en condiment dans l’alimentation

  5. Bonjour
    Pourquoi faut-il attendre que la décoction soit refroidie à moins de40 degrés pour la filtrer ?
    Merci d’avance.

    1. bonjour Catherine
      bonne question, d’ailleurs Christophe a corrigé, je pense que c’était une coquille 🙂

  6. Bonjour , je reçois régulièrement les conseils de Christophe Bernard sur les plantes (lettre hebdomadaire et you tube) et je vous remercie pour votre objectivité dans vos explications . Au jourd’hui je faisais une recherche sur les lichens et particulièrement le lusnia . Parmi les sites affichés il y avait le vôtre avec les conseils sur la décoction mais je n’ai pas trouvé des explications sur les lichens . Pouvez vous me dire oû je peux trouver du lusnia , il paraît que c’est un lichen recommandé pour ces propriétés antivirals ou anti bactériens . D’avance merci .

    1. bonjour Nasr
      je suppose que vous parlez de l’usnée (Usnea ) ?
      c’est un lichen que l’on trouve dans certaines forêts de conifères de moyenne et haute montagne

  7. Bonjour, j’ai besoin de faire un extrait de pépin de pamplemousse mais je ne trouve aucune manière de faire sur internet, est-ce que vous pourriez me faire une recette ? C’est urgent.

    1. bonjour Copol
      il semblerait que ce soit un mélange de pépins broyés et mélangés à de l’eau et de la glycérine, mais je n’ai jamais fait et je ne saurait vous en dire plus

  8. Bonjour, je voudrais demander si la taille de la casserole en inox jouet une rôle pour faire les décoctions. J’utilise une casserole de 2,5 l pour faire 300 ml de décoction…toujours bien couverte et suivant vos instructions. Pensez-vous que cette taille un peu trop grande peut faire diminuer l’efficacité de la décoction et je devrais me procurer d’une casserole plus petite? Merci pour votre conseil et bonne journée 🙂

    1. bonjour Lenka
      la taille joue oui un peu , non dans l’efficacité des plantes, mais dans un côté pratique, il faut que la plante « soit à l’aise dans son eau » et qu’il n’y ait pas de parties qui soient à l’air pour une meilleure extraction

      1. Bonjour, merci beaucoup pour votre réponse. Je l’utilise pour une décoction des racines de pissenlit et ils sont toujours bien couverts :). Je posais la question surtout pour savoir si une partie des substances ne peut par être perdu dans une grande casserole, car j’ai lu que Christophe recommande tes bocaux qui ne laissent pas beaucoup d’espace vide par exemple pour les teintures, mais si pour les décoctions cela n’est pas le cas tant mieux.

    1. tout dépend de la manière dont on la conserve et de quel genre de plantes (fragile ou pas ) en général une année parfois moins parfois plus

        1. tout dépend de la plante , si racine aromatique par exemple, c’est plus délicat, et il vaut mieux éviter de les conserver à l’air libre , une fois séchées on les range dans des contenants hermétiques

  9. Bonjour,
    En médecine traditionnelle chinoise on boit effectivement la poudre. Et Christophe préconise de consommer l’astragale de Chine de cette façon. Pourriez vous me dire quel en est le bienfait et si on avait pas avantage de boire nos plantes ainsi.
    Un grand merci pour votre réponse.

    1. bonjour Aline
      nos sucs digestifs étant nos meilleurs solvants et réduire en poudre une plante pour l’ingérer peut être une bonne solution , mais toutes les plantes ne peuvent être pulvérisées , car ce processus peut entraîner une perte de certaines substances comme les huiles essentielles,
      et la pulvérisation réduit généralement la durée de conservation de la plante et l’oxyder plus rapidement , donc pour certaines plantes plus fragiles à éviter pour les autres rien ne l’empêche

  10. Merci, cette article est vraiment complet et donne des informations claires. J’ai longtemps cherché des informations pratiques sur les bienfaits des décoctions sur internent sans succès ( beaucoup de gens confondent infusion et décoction).

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