Distinction botanique des différents millepertuis

Chères amies, chers amis,

Eh oui, il existe plusieurs millepertuis médicinaux. Vous saviez ?

Je ne suis pas botaniste. Je connais assez de clés de détermination pour me débrouiller en nature, en particulier dans ma région. Cela me convient. En revanche, de temps à autre, il me faut faire appel à des personnes qui sont largement plus précises que moi et mon baragouinage herbacé. Car la botanique à la provençale, avé les mains, ça manque de spécificité, on est d’accord.

Récemment, il m’a pris l’idée (saugrenue ?) de mettre mon nez dans les clés de détermination des différents millepertuis. Chez moi, c’est le millepertuis perforé. Mais dès que je vais dans mes chères montagnes, je vois bien que ça se complique.

Les différents millepertuis médicinaux

Dans les millepertuis médicinaux, je serais d’avis de suivre notre cher Paul-Victor Fournier, qui nous dit : très voisins à tous égards de H. perforatum sont : H. maculatum et H. montanum.

En interne, j’ai déjà utilisé H. perforatum et H. montanum, ils sont tous deux actifs. En externe, j’ai utilisé H. maculatum et je ne vois pas de gros problèmes à l’utiliser en interne aussi (bien qu’il contienne plus d’hypéricine que les autres).

Du coup, je me suis dit : comment pourrais-je vous aider (et m’aider au passage) à bien faire la distinction entre ces trois ? Mes pérégrinations m’ont emmené sur le site de Jessica Joachim (Les Carnets Nature de Jessica). Et là, je me suis dit waouh ! Je suis à destination. J’ai donc demandé à Jessica de me préparer des planches sur ces 3 millepertuis (merci Jessica !).

Voici donc les jolis dessins. Ensuite, je vous propose 2 clés de détermination, que j’ai classées comme « simples » ou « avancées », ces deux adjectifs étant totalement arbitraires et ne rendant pas justice aux botanistes derrière les ouvrages, mais je pense que vous verrez la logique de cette classification 🙂

Et puis si vous êtes botanistes et que vous avez des suggestions pour que l’on améliore cette tentative, n’hésitez pas à nous poster un commentaire sous l’article. Merci !

PLANTE ENTIÈRE
Hypericum perforatum Hypericum montanum Hypericum maculatum
millepertuis perforé plante entière millepertuis montanum plante entière millepertuis maculatum plante entière
FLEUR
Hypericum perforatum Hypericum montanum Hypericum maculatum
fleur de millepertuis perforé fleur de millepertuis montanum fleur de millepertuis maculatum
FEUILLE
Hypericum perforatum Hypericum montanum Hypericum maculatum
feuille de millepertuis perforé feuille de millepertuis montanum feuille de millepertuis maculatum
TIGE
Hypericum perforatum Hypericum montanum Hypericum maculatum
feuille de millepertuis perforatum feuille de millepertuis montanum tige de millepertuis maculatum

Planche entière (cliquer sur l’image pour afficher en plein écran)

planche des différents millepertuis médicinaux


Clés de détermination « simples »

Voici les descriptions botaniques tirées de la Covillot « Clé d’identification illustrée des plantes sauvages de nos régions, Suisse romande et zones limitrophes de la plaine à l’étage alpin« .

Rappel pour les hypéricacées : fleur jaune. 5 sépales et 5 pétales libres. Étamines nombreuses soudées en 3 faisceaux. Feuilles opposées et sans stipules. Les feuilles sont souvent parsemées de glandes et semblent percées de petits trous.

Plante de 30 à 80 cm. Tige dressée.

↳ Tige cylindrique. Pétales dépassant 2 à 4 fois le calice, sans points noirs. Sépales pointus à cils glanduleux. Haies. Été.

↳ Plante glabre. Feuilles sessiles à points noirs. Les supérieures à points transparents. ➜ H. montanum (lieux secs, sols peu acides ou neutres, rarement en pleine lumière, surtout étage collinéen, conditions moyennes de continentalité avec peu de variations)

↳ Tige marquée de lignes. Sépales non ciliés ou à cils non glanduleux. Plante glabre.

↳ Pétales dépassant 1 à 3 fois le calice. Feuilles se rétrécissant à la base.

↳ Sépales arrondis au bout, à points noirs. Tige à 4 angles. Feuilles du bas sans glandes, les supérieures à rares glandes. Pâturages, en montagne. Printemps-été. ➜ H. maculatum (lieux humides à très humides – grandes variations, très humides après un orage, très secs en cas de sécheresse, sols peu acides ou neutres, plante de pleine lumière supportant un peu d’ombre, lieux froids ou lieux alpins ensoleillés ou zone subalpine, conditions moyennes de continentalité avec peu de variations).

↳ Sépales pointus à points noirs. Tige à 2 lignes. Prés secs, haies. Printemps-été-automne.  H. perforatum (lieux secs – grandes variations, très humides après un orage, très secs en cas de sécheresse, sols peu acides ou neutres, rarement en pleine lumière, surtout étage collinéen, conditions moyennes de continentalité avec peu de variations)


Clés de détermination « avancée »

Voici les descriptions botaniques tirées de la Tison, Jauzein et Michaud « Flore de la France méditerranéenne continentale« .

Plantes herbacées, sous-arbrisseaux ou arbrisseaux ; feuilles opposées ou parfois verticillées, entières ou subentières, souvent ponctuées de glandes transparentes et/ou de glandes noirâtres ; inflorescences en cymes ; fleurs actinomorphes, hermaphrodites, généralement 5-mères (rarement 4-mères) ; sépales et pétales libres ; étamines nombreuses, groupées en 3 ou 5 faisceaux plus ou moins nets ; ovaire supère à 3-5 carpelles soudés ; fruit : capsule (rarement bacciforme, c’est-à-dire en forme de baie).

La clé de détermination est basée en bonne partie sur les glandes des feuilles, qui sont très fiables. Ces glandes sont toujours à examiner à la loupe dans la région submarginale (à moins de 1 mm de la marge), où elles sont les plus nombreuses. Elles apparaissent comme des ponctuations, les unes noirâtres et visibles en éclairage direct, les autres transparentes et visibles surtout à contre-jour. Attention : lorsque les feuilles n’ont pas de glandes noires, les bractées en ont souvent : bien distinguer ces deux types d’organes. Les sépales ont souvent aussi de telles glandes, parfois accompagnées de glandes marginales saillantes, noires ou rougeâtres, pédicellées ou sessiles ; bien distinguer aussi ces deux positions.

Voici les clés qui mènent à H. perforatum, H. montanum et H. maculatum :

Feuilles munies de glandes noires, au moins en région submarginale

↳ Sépales sans glandes noires marginales (mais parfois des submarginales)

↳ Sépales égaux ou peu inégaux, tous nettement différents des feuilles ; tiges dépassant normalement 1 mm d’épaisseur à la base, à 2 ou 4 côtes nettement apparentes

↳ Tige à 2 côtes ; capsule mûre portant des rangées longitudinales de vésicules obliques (parfois très petites et alors semblables à des granulations) ➜ H. perforatum

↳ Tige à 4 côtes ; capsule mûre sans vésicules.

↳ Tige à côtes non ailées ; pétales jaune d’or longs de 7 à 12 mm

↳ Sépales ovales, obtus à subaigus ➜ H. maculatum

Sépales munis de glandes noires marginales, souvent pédicellées et à aspect de franges, parfois sessiles

↳ Tiges et feuilles glabres, d’un vert franc ou lavées de rouge

↳ Sépales à glandes marginales nettement pédicellées (pédicelles les plus longs atteignant au moins 0,2 mm, souvent 0,4 à 1 mm)

↳ Feuilles caulinaires médianes ovales à subtriangulaires, au maximum 3 fois plus longues que larges, à marges planes

↳ Feuilles, au moins les supérieures, avec glandes transparentes ; pétiole ne dépassant pas 12 mm de longueur

↳ Capsule mûre portant des rangées de vésicules : tige généralement munie de 2 côtes apparentes ; feuilles des 2 ou 3 paires supérieures cordées, nettement embrassantes ➜ H. perforatum

↳ Capsule mûre sans vésicules ; tige sans côtes apparentes ; feuilles des paires supérieures ovales ou ovales-triangulaires, semi-embrassantes ➜ H. montanum


Autres millepertuis

Quelques informations additionnelles, en essayant de rester sur des critères simples au maximum :

  • H. androsaemum : aucune glande sombre sur les pétales et les sépales, feuilles très larges, les fruits forment des boules charnues noires à maturité
  • H. coris : feuilles très étroites, linéaires
  • H. hyssopifolium : feuilles très étroites, linéaires
  • H. nummularium : feuilles presque rondes, sans glandes transparentes. Sépales bordés de cils à glandes noires
  • H. richeri : pas de glandes transparentes sur les feuilles, tige ronde
  • H. hirsutum : plante velue (d’où son nom), ce qui est assez visible sur la tige. Sépales bordés de cils à glandes noires
  • H. tetrapterum : possède 4 côtes sur la tige (comme H. maculatum) mais contrairement à ce dernier, ses sépales se terminent en une pointe aiguë
  • H. humifusum possède de petites fleurs dont les pétales ne sont pas beaucoup plus grands que les sépales, sa tige est cylindrique à 2 côtes peu saillantes
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14 réponses

  1. Bonjour
    Quoique tardivement,j’aimerais ajouter une autre millepertuis qui s’apelle « Achillea Ketenoglui,H,Duman » , autrement dit « Şah civanpercemi ou Ankara Şahcivanpercemi dont ses fleurs sont blanches.On peut en avoir une idee la dessus dans le page de « floranatolica « .

  2. Bonjour à Toutes et Tous, En photographiant les fleurs ou les feuilles des plants de vrais millepertuis de mon jardin (car il en est également de faux – millepertuis « Truffaut » pour décoration de jardin – aux fleurs et feuilles immenses – certainement transgéniques, en tout cas modifié de façon artificielle…), l’application  » Pl@ntnet » identifie le millepertuis de mon jardin comme des « Hypericum Perforatum » et quand je détache une feuille pour l’examiner en transparence à contrejour, les « mille trous » qui perforent cette feuille sont réellement apparents ainsi que les points noirs qui les saupoudrent du centre au pourtour. Donc, du véritable millepertuis identifié comme étant Perforatum !… Toutefois, les feuilles sont, toutes, de formes ovales allongées (montanum) alors que les tiges varient entre 2 et 4 nervures en reliefs bien dessinées visibles à l’oeil nu et au toucher…(mélange de « maculatum » et « perforatum »). L’inflorescence est nettement en panicules du type Perforatum… et les pétales sont nettement « perforatum » ainsi que les sépales qui sont effilées et pointues. Pourtant, des absences font tâches pour les identifier dans cette famille car, il n’y a pas de points noirs à l’arrière des pétales !… Je m’y perd en conjonctures et je pense que j’ai affaire à des hybrides qui s’apparentent plus à des H. Tetrapterum/Perforatum ?… Les mix de textes descriptifs de Christophe Bernard et les planches de dessins détaillés de Jessica Joachim sont splendides !.. Merci à ces deux architectes géniaux de nous avoir abreuvé de tant de beautés savoureuses…

  3. bonjour
    comme toutes vos diffusions magnifique description j’adore votre façon de décrire la nature qui nous entoure et nous permet de mieux utilisé celle ci

  4. Un grand merci pour ce partage, hypericum interessanum Les planches sont très belles et précises, quel magnifique travail !
    Petite question concernant un autre millepertuis Hypericum Calycinum. Est-il possible d’en faire un macérât huileux et a-t-il des propriétés similaires aux trois cités dans l’article ?

  5. Il est superbe le site de Jessica et bravo à toi Christophe d’avoir croisé son chemin, les planches de millepertuis sont magnifiques ! Bonne continuation !

  6. Bonjour,
    Très belles planches et explications claires et détaillées….
    Je valide J’aime beaucoup la planche récapitulative synthétique.

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