QR4 : trousse secours naturelle, poudres de plantes, ma routine du moment : (abonnez-vous au podcast ici)
Bonjour,
Je vous propose un nouvel épisode questions/réponses au sujet de la pratique de l’herboristerie. C’est le 4ᵉ de la série. J’ai sélectionné 3 questions.
On va partir avec du très terre-à-terre, très pratico-pratique, c’est un peu un défi, c’est au sujet de ma trousse pour les soins d’urgence à la maison : « Que garderais-tu dans ta trousse de secours naturelle, pour les petits bobos de la vie de tous les jours, si tu voulais adopter une approche minimaliste ». C’est un défi car j’ai pas mal de trucs dans les placards, donc je vais me faire violence et voir comment je peux vous sélectionner le strict minimum.
La seconde question, on va parler transformation : « Que penses-tu des poudres de plantes, est-ce que ça se garde, quels sont les avantages et inconvénients de réduire les plantes en poudre ».
Et la dernière question, on va partir en pleine philosophie du conseil et de l’accompagnement. D’abord, la mise en jambe : « Quelles sont les plantes que tu consommes en ce moment et pourquoi ?« . Et pour finir, je vous expliquerai pourquoi je dis toujours que vous aurez rarement le bon programme du premier coup.
Bon, ça nous fait un bon petit morceau. C’est parti avec la première question.
Trousse de secours naturelle minimaliste
On m’a demandé les produits que je garderais pour une trousse de secours naturelle minimaliste à la maison, pour les petits bobos, ça va de soi, sinon c’est direction les urgences. Alors, ce n’est pas un kit super-méga portable, dans le sens pouvoir prendre la trousse et la mettre directement dans mon sac à dos pour mes randonnées à pied ou à VTT. Ça va toujours être un peu trop gros, et il y aura du matériel cassant, donc ça reste à la maison. Et peut-être on parlera une autre fois du mini-kit sac à dos encore plus minimaliste.
D’abord le matériel, puis on parlera des plantes.
Des cotons démaquillants, qui peuvent être lavables et réutilisables. Si c’est le cas, faut juste penser à les laver lorsqu’on les a utilisés et ne pas les remettre directement dans la trousse. Sinon la fois d’après, surprise surprise, ça m’est déjà arrivé. Bref. Super pratiques pour rapidement nettoyer une zone sale. Du style, je viens de me vautrer au jardin, j’ai les bras tout râpés et pleins de terre. D’abord, je passe à l’eau, puis je vais imbiber un coton démaquillant avec un peu d’eau pour bien nettoyer le reste avant de désinfecter.
De la gaze stérile. J’en ai toujours plusieurs pochettes, elles me servent lorsqu’il y a plaie ouverte et que je veux appliquer des teintures diluées pour désinfecter, ou pour protéger une zone en train de se réparer.
Du scotch médical pour maintenir la gaze en place si nécessaire.
Un rouleau de bande de crêpe pour faire quelques tours par-dessus la gaze si nécessaire.
Une petite paire de ciseaux médicaux à bout rond, pour découper la gaze. Si vous connaissez quelqu’un qui vient de subir une intervention chirurgicale et qu’il y a un infirmier ou une infirmière qui passe à domicile, vous pourrez récupérer des tonnes de ciseaux médicaux qui proviennent de ces énormes kits stériles qui doivent être utilisés à chaque fois. Bon, je comprends le besoin d’utiliser des instruments stériles, mais là je ne vous cache pas que le niveau de gaspillage me choque. J’insiste sur le bout rond, car si vous prenez le kit dans le sac à dos justement et que vous chutez, vous ne voulez pas vous retrouver avec le ciseau planté entre la D6 et la D7.
Une pince à épiler. Le besoin de pince à épiler, chez moi, ça remonte à loin. Ça remonte au jour où j’avais 9 ou 10 ans, et j’ai décidé de me faire un toboggan avec une vieille planche d’échafaudage de mon père, qui bossait dans le bâtiment, donc on avait toujours de quoi faire côté matos. Du coup, je pose ce madrier incliné sur un mur avec une belle inclinaison, et zou, je m’imagine des heures de glissade. Sauf que… des glissades, il y en a eu une seule, et je vous laisse deviner le reste… Donc pensez à la pince à épiler, c’est pour enlever les épines et les échardes, bien placées ou mal placées. Merci Maman pour tout ce que tu as fait pour moi.
Une petite loupe, qui est souvent utilisée en tandem avec la pince à épiler. Si vous avez la loupe botanique pour regarder les détails de nos magnifiques plantes sauvages, vous pouvez l’utiliser. Si vous n’avez pas de loupe botanique, je n’ai qu’une question pour vous : pourquoi ?
Des pansements. Procurez-vous une petite collection avec différentes tailles, c’est pratique.
Et voilà pour le matériel.
Pour les matières premières. On ne va parler que d’applications externes ici. D’abord, pour l’application, j’utilise deux bases, deux véhicules si vous voulez. Une base aqueuse, de l’eau tout simplement. Et puis une base huileuse. La base aqueuse est adaptée lorsqu’il y a plaie ouverte car on veut éviter une couche grasse qui bloque les échanges, ou lorsqu’on veut une pénétration rapide si par exemple on a eu choc, hématome, blessure à l’os, aux tendons, ligaments, cartilage. Je vais utiliser ma base aqueuse pour distribuer mes teintures.
La base huileuse est adaptée lorsqu’il y a plutôt inflammation, abrasion, brulure, égratignure sans profondeur. Je fabrique des petits pots d’onguent et je vais l’utiliser tout seul, très bien, ou je vais rajouter un peu d’huiles essentielles.
Petit rappel, un onguent, c’est un macérat huileux avec de la cire d’abeille tout simplement. On met la bonne quantité de cire pour avoir la consistante voulue. Vous avez peut-être vu sur mon site que pour un onguent d’utilisation générique, dans la maison, j’utilise en général 12 grammes de cire pour 100 ml de macérât huileux. Pour l’été, ou pour prendre dans le sac à dos, j’augmente la quantité de cire pour le rendre plus dur, on pourrait doubler par exemple, monter à 24 g pour 100 ml de macérat huileux. Du coup, lorsqu’il ne fait pas chaud, il faudra le chauffer un peu avec les doigts dans le creux de la main avant de mélanger des choses dedans. Mais l’avantage, c’est qu’il va mieux tenir sous la chaleur pendant l’été.
Pour les petits bobos, j’aime bien préparer mon onguent avec 1/3 de macérat huileux de plantain, 1/3 macérat huileux souci et 1/3 macérat huileux millepertuis. Si vous faites avec 1 seul macérat huileux, juste du souci par exemple, c’est tout bon aussi. Mais d’expérience, j’aime bien mélanger les trois.
Pour mes teintures dans ma trousse d’urgence. Je vais faire 1 portion teinture pour 3 ou 4 portions d’eau. Rapide, à la louche, dans un petit bol. Un compte-goutte rempli de teinture, je rajoute 3 ou 4 compte-gouttes remplis d’eau d’eau. J’imbibe ma gaze stérile puis j’applique. Ça pique un peu si on a une plaie ouverte, c’est normal.
J’ai une bouteille de teinture de capitules floraux d’arnica. J’ai cultivé, au jardin, Arnica chamissonis pendant des années, donc j’ai des réserves de teinture. Pour Arnica montana, c’est une plante qui subit de fortes pressions dans certaines régions françaises, ça c’est noter. Arnica pour les coups, les chocs, les hématomes, pour stimuler la microcirculation et activer l’immunité locale qui va nettoyer et réparer la zone, pour agir sur la douleur aussi. On n’applique pas l’arnica sur une plaie ouverte, ça c’est à savoir.
J’ai une bouteille de teinture de feuilles de consoude, pour tout ce qui est choc à l’os, au cartilage, aux tendons, aux ligaments. Fractures, fêlures, déchirures, ruptures, etc. Bien sûr, faites diagnostiquer d’abord.
Et pour finir, une teinture de capitules floraux de souci (le calendula officinal) que j’utilise comme désinfectant ainsi que pour stimuler la réparation peau et muqueuses. Donc on est plutôt dans les plaies ouvertes ici. Il m’est arrivé de mettre de la teinture diluée dans un petit vaporisateur pour désinfecter, c’est pratique.
Dans les huiles essentielles, je n’en garde qu’une, la lavande fine que j’utilise pour toute inflammation peau et muqueuse, brûlures, démangeaisons, et même comme anti-inflammatoire générique, antispasmodique si la zone est un peu spasmée à cause d’une chute. La lavande aspic serait un peu plus spécifique pour les piqures et démangeaisons, c’est vrai, le romarin à camphre plus spécifique pour les contractures, c’est vrai, mais plus délicat à utiliser avec leur teneur en camphre. Donc je fais simple et minimaliste. En fait, la lavande fine, c’est une trousse de secours à elle seule.
Je vais mettre un peu d’onguent ramolli dans le creux de ma main, 3 à 5 gouttes d’huile essentielle de lavande, je mélange et j’applique. Soulagement rapide. Et ça relaxe d’un point de vue olfactothérapie.
Voilà pour ma trousse minimaliste pour les petits bobos de la vie de tous les jours ! C’est une proposition, on peut faire de 100 manières différentes, avec d’autres teintures, d’autres huiles essentielles, c’est tout bon tant que vous avez soumis votre trousse au test ultime de la pratique : ça soulage, ou pas ?
Poudres de plantes : avantages et inconvénients
Seconde question : quelle est mon opinion au sujet des poudres de plantes. Est-ce qu’on abime la plante lorsqu’on la réduit en poudre, conservation des poudres, etc.
Je trouve que les poudres de plantes peuvent avoir une grande utilité. C’est une forme valable, mais pas pour toutes les plantes. On va utiliser un test très simple ici : si la plante contient beaucoup de composants aromatiques et volatils, on va éviter de réduire en poudre. Car vous allez augmenter la surface de contact avec l’air et vous allez perdre ces substances aromatiques. Prenez des feuilles de romarin ou basilic ou camomille romaine et passez-les au moulin, vous allez voir que ça va sentir super bon dans la pièce. Si ces belles odeurs vous remontent jusqu’aux narines, c’est qu’elles ne sont plus dans la plante. Eh oui ! Dommage…
Je prends des parties aériennes de fumeterre ou de pavot de Californie, j’écrase, je sens : ce n’est pas très aromatique, donc je me permets de réduire en poudre. Bien sûr, ça sent toujours quelque-chose, le vert, le végétal. C’est normal. Mais rien à voir avec ce qu’on appelle les « plantes aromatiques ». Je prends de la racine de valériane ou de la racine d’aunée, et là, je me dis waouh, ça sent fort, c’est très aromatique, je vais éviter de réduire en poudre. Pareil pour le lierre terrestre ou l’hysope ou la lavande.
Par contre, la feuille d’aigremoine ou de passiflore, la salicaire, la verveine officinale (attention pas la verveine citronnée, je parle bien de l’officinale), je m’autorise… J’utilise donc mon nez, d’une manière simple.
Bien sûr, ce n’est pas une méthode infaillible, car d’autres constituants fragiles, qui ne sont pas aromatiques, peuvent s’abimer aussi. Certains pigments, comme les caroténoïdes ou les anthocyanes, peuvent s’oxyder en rentrant en contact avec l’air. Donc on va peut-être rajouter sur la liste les plantes qui ont des couleurs vives – le rouge du karkadé, le violet de la mauve sylvestre, . Les vitamines antioxydantes comme la vitamine C. Donc on va éviter de pulvériser les cynorrhodons de l’églantier ou les fruits secs d’argousier. Mais bon, globalement, pour une pratique maison, sachez que vous pouvez vous fier à cette règle simple – si c’est aromatique ou que ça a de belles couleurs vives, on évite de pulvériser.
Pour savoir comment pulvériser et tamiser en poudre fine, j’en ai déjà parlé ailleurs, j’en parle dans ma formation sur la fabrication de produits à base de plantes, donc je vais passer rapidement. On s’en sort très bien avec un moulin à café et une passoire de cuisine à mailles fines. Il faut prédécouper les plantes en petits morceaux avec un sécateur ou un ciseau. Pour les parties très dures comme écorces et racines, il faut faire attention, et je ne vous cacherai pas que j’ai grillé plusieurs moulins à café. J’ai aussi un moulin professionnel assez gros, je vous en avais parlé dans un autre épisode qu’on mettra en lien si vous êtes intéressé, que j’ai récemment grillé sur une racine que je n’avais pas coupée assez petit, elle m’a coincé la lame et a grillé le moteur. Ça peut arriver.
Pourquoi réduire en poudre ? Il y a plusieurs bénéfices potentiels. Le premier, c’est que pour les plantes un peu dures qui nécessitent une décoction, comme la racine de pissenlit, une fois que vous avez la poudre, une simple infusion sera suffisante. Vous avez cassé tout l’aspect fibreux, vous permettez à l’eau d’aller chercher tous les bons constituants, et donc une simple infusion sera suffisante. Par exemple, si je me fais une infusion de feuilles de frêne, je peux rajouter une petite cuillère à café de poudre de racines de pissenlit et le tour est joué, j’ai une action sur les reins et sur l’axe hépato-biliaire avec une simple infusion, pas besoin de faire une décoction d’abord avec mes racines de pissenlit puis rajouter les feuilles de frêne pour l’infusion. Vous voyez le truc ?
On peut facilement rajouter les poudre dans l’alimentation. Une cuillère à café de feuilles d’ortie en poudre dans ma compote pour les minéraux et un aspect anti-inflammatoire. Quelques pincées de poudre de racine de chicorée sauvage sur ma salade pour un effet prébiotique avec sa richesse en inuline.
On peut intégrer les poudres dans du miel liquide, et manger cette pâte lorsque le goût n’est pas forcément transcendant. La poudre de racine d’ashwagandha, le gingembre ou le curcuma en poudre. Et là, attention, il faut que la poudre soit bien fine, bien tamisée.
Et pour finir, la poudre, c’est super intéressant pour faire des cataplasmes. Je vous propose un mélange : on fait moitié argile verte, et moitié poudre de plantes de votre choix. Donc en gros, moitié minéral, moitié végétal. Exemple, pour des problèmes d’inflammations articulaires dues à l’arthrose, moitié argile verte, ¼ poudre de prêle et ¼ poudre d’ortie. On imbibe pour faire une pâte, on applique et on laisse agir.
Les poudres vont se conserver dans un endroit bien sec (attention à l’humidité) et à l’abri de la lumière. Elles se conserveront largement moins longtemps que les plantes en gros morceaux. Plus le morceau est gros, plus les constituants sont protégés à l’intérieur. Pendant combien de temps pour les poudres ? Il n’y a pas de règle. On m’avait fait cadeau d’un sac de poudre de racines de gentiane qui a maintenant plus de 6 ou 7 ans et qui est toujours aussi bonne. Et puis parfois, je dois jeter une poudre de feuilles de plantain au bout de 6 mois, car elle a perdu sa couleur ou parce que j’ai des petites mites qui sont venues établir leur foyer dans mon bocal. Donc ça dépend, j’observe, je sens, je goûte, et je composte si nécessaire.
Donc voilà, les poudres, ce n’est pas la forme idéale, on va exposer la plante à plus d’oxydation, on ne va pas pulvériser les plantes fragiles, mais globalement, je les trouve très pratique, et je continue de les utiliser pour ma pratique personnelle et dans les conseils que je délivre.
Ce que je prends en ce moment
Question suivante : ce que je prends en ce moment et pourquoi ?
OK, faut que je vous emmène un peu dans ma situation actuelle. Je bosse beaucoup, plus que d’habitude, on va dire. J’ai plusieurs projets en cours, je suis à la maison (qui est aussi mon bureau) pendant la semaine, je suis souvent en déplacement le week-end pour aller travailler avec des partenaires. Donc clairement, je ne mange pas toujours ce qui me convient, un peu plus de stress, un peu plus de fatigue car je ne dors pas tout le temps dans mon lit… Et donc dans ce contexte, j’ai des petites inflammations qui reviennent.
Chez moi, ça s’exprime un peu dans les articulations le matin, je sens que ça tire, ça fait un peu mal. Ces douleurs ont démarrées il y a une quinzaine d’années quand j’ai fait pas mal de travaux dans le lieu où j’habite, et en même temps je me suis lancé à fond dans le jardinage, sachant qu’avant j’avais un travail de bureau, donc j’ai probablement beaucoup sollicité certaines structures qui n’étaient pas forcément préparées à ça. Du coup, aujourd’hui, c’est un peu mon baromètre. Je sens que j’ai une inflammation de bas grade dans les articulations, dans certains tendons, et pour finir mes migraines qui reviennent me tirailler un peu, ça reste très gérable, mais y a un fond.
Dans ces situations-là, bien évidemment, je vais faire de mon mieux pour reprendre toute mon hygiène de vie en main, et en particulier vite terminer les dernières tablettes de chocolat qui trainent dans les placards pour éliminer toute tentation possible, sachant que d’autres individus en rachètent. Je me retrouve donc, tel Sisyphe, à terminer cette tablette qui réapparaitra dès que j’aurai le dos tourné. Terrible…
Cela dit, j’ai aussi appris à connaitre les plantes anti-inflammatoires qui fonctionnent très bien sur moi.
Alors déjà, dans cette phrase, il y a des informations super importantes. Ça veut dire que l’efficacité des plantes dépend de la personne, de son terrain, de toute la complexité sous-jacente. Par exemple, si une personne a une inflammation intestinale chronique, ça pourrait provoquer ou aggraver une inflammation systémique qui va s’exprimer à d’autres endroits. Et là, il est possible que des anti-inflammatoires comme la camomille matricaire, le souci, le plantain aident beaucoup.
Si c’est une cause de stress chronique qui perturbe tout le système de régulation de l’inflammation, alors d’autres plantes fonctionneront peut-être mieux, des anti-inflammatoires qui ont aussi une affinité pour l’axe nerveux, pourquoi pas la lavande ou basilic sacré. Il peut y avoir des causes hépatiques avec un système de détoxification qui peine à éliminer une certaine surcharge de déchets inflammatoires. On est tous différents, on a tous une inflammation différente, et donc au fil des années, on apprend à se connaître.
Et chez moi, une anti-inflammatoire qui marche remarquablement bien, c’est la partenelle (Tanacetum parthenium), elle soulage mes maux de tête, mes petites douleurs articulaires et tendineuses. Elle est amère, et l’amertume me convient bien, je recherche ce goût, je sens qu’il me fait du bien. Je rajoute du romarin, pour calmer l’inflammation, pour accompagner la fonction hépatique. Je rajoute parfois des feuilles de frêne, pour accompagner l’action rénale et pour cette spécificité articulaires que j’aime beaucoup.
Donc en ce moment, près de ma bouilloire, des fleurs de partenelle, des feuilles de romarin, des feuilles de frêne. Je mets 1 cuillère à café de fleurs de partenelle, une pincée de romarin, une pincée de feuilles de frêne pour une grosse tasse à thé qui fait probablement 400 ml. Une fois que ça a bien infusé et un peu refroidi, un filet de citron, et je bois matin et soir. Et ça me fait énormément de bien. Je vais probablement faire une cure pendant 2 à 3 semaines, et me connaissant, ça ira mieux. Jusqu’à la prochaine occasion où j’en aurai besoin.
Notez ici que je ne suis pas en train de vous dire que ceci va fonctionner pour vous, pour vos articulations, pour votre fond de mal de tête qui revient vous embêter. Peut-être. Je ne sais pas car je ne vous connais pas. Mais je vous expose une manière de réfléchir et de travailler avec les plantes. Ce qui nous amène à la question suivante.
Patience avec les plantes
Pourquoi est-ce que je dis souvent qu’on n’a pas tout juste du premier coup lorsqu’on accompagne quelqu’un qui a une problématique chronique ?
C’est une question super importante. Si vous pensez que vous aurez votre programme à base de plantes tout juste du premier coup, vous allez être déçu. J’ai exposé ce point de vue à quelqu’un récemment, et j’ai bien vu une réaction d’incompréhension, du style « ben oui mais alors faut peut-être retourner à l’école pour maitriser ton truc ». Du style, si un maçon vient chez moi pour monter une cloison et que la cloison n’est pas de niveau, il peut retourner s’entrainer, mais alors chez lui, pas chez moi.
Alors, il y a du vrai bien évidemment, dans le sens où on peut recommander des plantes qui ont été mal choisies pour la situation, avec des formes qui ne sont pas optimales, des quantités qui ne sont pas optimales, parce qu’on ne s’est pas assez formé, parce qu’on s’est lancés un peu trop vite dans la pratique. OK. Bien sûr que c’est possible.
Mais là, je parle d’autre chose. On a de grands leviers d’action qu’il faut connaître, ce que j’appelle les « grands piliers du bien-être ». J’ai même fait une formation complète sur le sujet, si ça vous intéresse. Mais quels leviers va-t-on activer chez vous ? Souvent, on a des suspicions que le levier digestion va mieux fonctionner que le levier détoxification hépatique, ou que la gestion du stress va mieux fonctionner que le travail sur le cycle menstruel… etc… mais c’est l’expérimentation qui va déterminer ce qui constitue les bons leviers. C’est en tirant sur ces leviers qu’on va savoir.
Et là, tout à coup, ça fait un peu peur… tu veux dire quoi par expérimentation ? Je deviens un cobaye, c’est ça ?
Alors non, pas comme ça. Je veux dire que j’ai peut-être une suspicion que chez vous, basé sur toute la discussion qu’on a eue, j’ai l’impression que tel levier d’action est plus important qu’un autre. En revanche, on ne saura que dans quelques semaines lorsqu’on aura mis en place un petit plan et qu’on sera arrivé à vous aider sur ce pilier-là.
Voilà pourquoi aujourd’hui, après 20 ans de travail sur moi avec les plantes et la nutrition, je pense me connaître dans mes forces et mes faiblesses. Lorsque j’agis en tant que praticien, je dis souvent que pour une condition chronique, on aura probablement besoin de 4 à 6 mois de travail pour commencer à y voir clair. Pas pour encaisser les rendez-vous, car je peux vous assurer qu’on ne s’enrichit pas en étant praticiens. Mais juste parce que pour moi, ça aura été une réalité.
À mes débuts, lorsque je recevais des personnes, à la fin du premier rendez-vous, j’avais le gros stress. Le gros stress d’avoir LE bon programme. D’avoir choisi LES bonnes plantes. Et ensuite, lorsqu’on se revoyait 4 semaines plus tard et que parfois la personne me disait que rien n’avait bougé, je prenais ça comme un échec. J’ai appris à gérer ça. J’ai appris qu’il faut être patient, que globalement, j’ai besoin de plus de temps. On a, bien évidemment, des personnes qui voient des résultats très rapidement, on est content. Mais parfois, on a besoin de plus de temps.
On n’a pas de vérités. Si vous pensez avoir de grandes vérités et que vous commencez une pratique de conseil, vous aurez régulièrement une personne qui vient vous demander de l’aide, et qui va venir tordre ou casser vos grandes vérités. Je le dis en toute humilité, car c’est du vécu. Et vous savez quoi ? Ça fait du bien, ça nous remet à notre place. Une petite poussière, mais qui a un rôle important à jouer.
Donc on relâche tout, on fait confiance, et on démarre un processus certes prudent, mais aussi expérimental, dans le sens ancré dans l’expérience. Nous sommes des empiristes plus que des théoriciens.
Voilà pourquoi, aujourd’hui, je vous dis que globalement, vous n’aurez pas le bon programme du premier coup. N’abandonnez pas. Ne laissez pas tomber. C’est un voyage à la découverte de vous-même.
Merci d’être là, c’est terminé pour aujourd’hui, portez-vous du mieux possible, et sur ce je vous dis à très bientôt !
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4 réponses
Personnellement je suis un adepte de la pulvérisation des plantes, d’une part pour en faire des gélules mais ensuite pour les infusions avec une petite passoire ou une boule à thé… les arômes sont plus libérés et le contact avec l’eau plus évident…
Pour ce qui concerne la trousse de secours, voici 2 semaine que vous avez édité vos post et vidéo, mais je vous informe qu’à la date du 22 juin La Croix Rouge vous emboite le pas… mais pas spécialement pour aller faire des randonnées ou des cueillettes de plantes médicinales : https://www.journaldugeek.com/2024/06/21/la-croix-rouge-demande-aux-francais-de-preparer-un-sac-durgence-et-ce-nest-pas-bon-signe/
Sacré Christophe ! j’ai bien ri avec l’épisode du toboggan sur le madrier…
Je suis aussi une inconditionnelle de l’HE de Lavandula vera depuis 40 ans (d’abord ça sent tellement bon…) d’une efficacité vraiment parfaite pour tellement de choses (mes enfants ont continué la tradition et en ont tous dans leur pharmacie perso !).
Je n’ai pas pensé à cette histoire de perte d’arômes en pulvérisant mon mélange T.R.L (thym/romarin/laurier)…je mets ça dans un flacon à trous de récup pour parsemer sur mes légumes, riz, soupes, sauce crudités… c’est que je suis obligée de monter chercher du thym dans un endroit éloigné (le mien est tellement rastacouère, que bon….) et dès qu’il est sec, pof, je le réduis en poudre avec les copains ! Si je ne fais qu’au fur et à mesure, ça va vite me gonfler (rhâââ la feignasse !), sans compter que salir le mini-blender pour 1/4 de cuillerée de mélange (le reste on le prend dans les naseaux quand on ouvre le blender, hahaha !)
Breffff, j’ai été très intéressée par tout ce que tu nous apprends, COMME TOUJOURS c’est hyper-intéressant : un grand MERCI à toi !!!
Bonjour Christophe, merci encore pour ton partage régulier et merci à toute l’équipe.
Tu dis dans cette vidéo que poudre = oxydation, je comprends.
Tu dis par ailleurs que rendre plus petits les morceaux de plantes augmente la surface d’échange et donc de dilution, et donc l’efficacité de la dilution des principes actifs dans l’eau (par exemple). Ce qui semble être une observation de bon sens.
Si l’on met en poudre une plante sèche, AU MOMENT DE LA PREPARATION, n’a t on pas « tout bon »?
Par ex, le romarin sec ayant une feuille dure et luisante je la broie le matin juste au moment de la mettre dans l’eau… Aurais-je tout faux ?
L’oxydation favorisée par la mise en poudre pose problème uniquement si le broyage se fait longtemps à l’avance ? Non ?
Merci de bien vouloir me rassurer….
Amicalement,
jm
Bonjour Jm
oui , au dernier moment c’est très bien , effectivement l’oxydation va s’installer dans le temps.
Après pour le romarin , même si on laisse les feuilles entières (sans le bois) l’infusion est très très efficace pas forcément utile de broyer le romarin pour l’infusion (sauf à avaler la poudre avec l’infusion ,là c’est le top on a en plus les fibres)