De nombreuses femmes souffrent de problèmes dus à une flore vaginale pathogénique. Ceci peut s’exprimer de différentes manières selon la personne : écoulements vaginaux, démangeaisons, mycoses vulvo-vaginales, candidiases, etc.
Je voudrais dans ce article parler d’un outil simple et naturel : les probiotiques en application locale au travers de gels, d’ovules, de tampons ou de suppositoires vaginaux. Ces produits se trouvent relativement facilement sur internet ou dans les pharmacies. Encore faut-il que le produit soit de qualité et contienne les bonnes souches bactériennes.
Voici deux études pour vous convaincre de leur efficacité. Ces études peuvent aussi vous aider à déterminer les souches à privilégier. Notez que ce ne sont pas les deux seules études démontrant l’efficacité des probiotiques pour la flore vaginale. Je cite ces deux car je les trouve intéressantes.
Vaginose bactérienne et candidiase vulvo-vaginale
La première étude, publiée dans le journal « Microbes and Infection » (2010 Sep;12(10):691-9), examine l’impact des probiotiques sur le développement de la flore vaginale pathogéniques. Cette étude fut randomisée, réalisée en double-aveugle et contrôlée par placebo.
95 femmes ayant subi un traitement classique soit pour une vaginose bactérienne, soit pour une candidiase vulvo-vaginale, furent sélectionnées. L’échantillon fut divisé en deux groupes, un groupe placebo et un groupe probiotiques.
Les individus du groupe probiotiques prirent des capsules vaginales contenant les souches suivantes pendant 5 jours :
- Lactubacillus gasseri LN40
- Lactobacillus fermentum LN99
- Lactobacillus casei subsp. rhamnosus LN113
- Pediococcus acidilactici LN23
Des prélèvements et des examimations vulvo-vaginales furent effectués avant et après administration, après la première menstruation, et 6 mois plus tard.
Pour le groupe probiotiques, les résultats furent les suivants :
- Les souches bénéfiques LN mentionnées ci-dessus furent présentes 2 à 3 jours après l’administration des probiotiques chez 89% des femmes (0% dans le groupe placébo) ;
- Après la première menstruation, au moins une des 4 souches fut présente chez 53% des femmes ;
- 6 mois plus tard, au moins une des 4 souches fut présente chez 9% des femmes. Si ce taux vous semble bas, rappelez-vous que les probiotiques ne furent pris que pendant 5 jours, alors que plusieurs semaines sont en général requises pour faire un bon travail ;
- 93% des femmes furent guéries 2 à 3 jours après administration (83% dans le groupe placebo, basé sur le traitement classique qui précédait l’étude – un gain non-négligeable de 10%) ;
- Les écoulements furent réduits d’une manière significative.
Les symptômes ainsi que la récurrence de la vaginose et de la candidiase furent diminués de manière significative dans le groupe probiotiques, grâce à une meilleure colonisation de l’environnement vaginal par les souches bénéfiques.
La deuxième étude concerne les femmes enceintes.
Flore pathogénique chez la femme enceinte
L’étude, publiée dans le journal « Archives of Gynecology and Obstetrics » (2012 Aug;286(2):325-32), examine l’efficacité de probiotiques vaginaux pour corriger une flore vaginale déséquilibrée.
60 femmes enceintes, âgées de 18 à 45 ans et entre 16 et 22 semaines de grossesse, furent divisées en deux groupes : un groupe probiotiques et un groupe placebo. Le groupe probiotiques suivit le traitement suivant :
- Un ovule contenant 40 mg de Lactobacillus rhamnosus BMX 54 (contenant 40,000 unités formatrices de colonie) ;
- Cet ovule fut utilisé 1 fois par semaine ;
- Pendant une durée de 12 semaines.
Toutes les 4 semaines, des prélèvements vaginaux furent effectués afin de mesurer le pH, ainsi que la quantité et la qualité des écoulements. La consistence, la longueur et la dilatation du cervix furent mesurés. La position du fétus fut aussi mesuré.
Les résultats furent les suivants :
- Dans le groupe placebo, on nota une augmentation significative de la flore pathogènique dans les prélèvements, ainsi que de la quantité des écoulements et de leur odeur ;
- Toujours dans le groupe placebo, on nota une diminution de la longueur du cervix, une augmentation de la dilatation de celui-ci, ainsi qu’une position du fetus plus basse.
- Dans le groupe probiotiques, toutes les valeurs restèrent stables pendant la période de test, sauf pour la longueur du cervix qui diminua de manière significative.
Les chercheurs en conclurent que les probiotiques non-seulement empêchent le développement de la flore pathogène, mais aussi modifient de manière positive certains paramètres constituant un risque d’accouchement prématuré.
En pratique
Si vous souffrez de mycoses ou d’infections vaginales, essayez une application locale de probiotiques. Comme pour les probiotiques intestinaux, les points suivants sont cruciaux :
- Choisissez les bonnes souches. Demandez conseil à votre pharmacien. Comme vous pouvez le constater ci-dessus, la souche Lactobacillus rhamnosus se retrouve dans les deux études et est probablement importante pour le rééquilibrage de la flore. Il vaut mieux choisir un produit qui contienne de multiples souches. L’un des tampons les plus populaires est Florgynal de Saforelle. Je ne suis pas contre pas arrivé à trouver la définition des souches incluses.
- Suivez le protocole pendant une période assez longue. La première étude ne dura que 5 jours, et la pratique nous dit que les probiotiques doivent être appliqués pendant plusieurs semaines afin de bien réimplanter les souches.
Chez la femme enceinte, une flore vaginale déséquilibrée semble être un facteur de risque d’accouchement prématuré ou de fausse couche(1). Les probiotiques peuvent corriger ou du moins améliorer ce problème.
(1) Donati L, Di Vico A, Nucci M, Quagliozzi L, Spagnuolo T, Labianca A, Bracaglia M, Ianniello F, Caruso A, Paradisi G. Vaginal microbial flora and outcome of pregnancy. Arch Gynecol Obstet. 2010 Apr;281(4):589-600.
24 réponses
Bonjour, est-ce qu’il n’est pas nécessaire de prendre avec un probiotique un prébiotique? Concernant les yaourts c’est sans doute préférable, mais dans d’autres cas trop de laitage n’est pas non plus la panacée
bonjour Sylvie
il semble qu’aujourd’hui c’est sous cette forme que sont proposés les probiotiques , avec les prébiotiques Cela semble logique, on réimplante la flore et on la nourrit en même temps.
En revanche, Christophe a eu certains cas de personnes qui tolèrent mal ces nouvelles formes. En effet, lorsqu’il y a hypersensibilité de la muqueuse intestinale, ces FOS (fructo-oligosaccharides) peuvent parfois devenir un peu irritantes. Avant on arrivait à trouver des PRO sans les PRE, mais Christophe ne sait pas si cela existe encore. Voilà, c’est le seul bémol, mais en règle générale, le consensus aujourd’hui est d’inclure les 2 dans le même produit.
merci pour ces précisions utiles. Cordialement
Bonjour, suite à un examen microbiologique, on m’a détecté une candidose vaginale, mon médecin m’a prescrit des antibiotiques mais pourriez-vous me conseiller sur les probiotiques à prendre. Avec tous mes remerciements.
bonjour Rolande
c’est en partie expliqué dans l’article , mais le mieux est de demandé à votre pharmacien
Bonjour est ce que les ovules florgynale peut modifier le résultat d’un test de grossesse ?
bonjour Lea
c’est un médicament à base d’hormones et le mieux est de demander à votre médecin
Bonsoir,
En ce qui concerne les probiotiques que penser des Kéfir de fruit, de lait, et du thé kombucha ? Merci .
Bonsoir Josette
les kéfirs et kombucha sont vraiment de bons compléments pour régénérer le microbiote
Non ! ce n’est pas du harcèlement…. mais étant abonné aux news letter de « passeport santé » que je n’ai pas ouvert depuis près de deux mois, je viens de voir que dans un n° récent le dossier principal est consacré aux mycoses vaginales et un autre article traite des infections urinaires féminines je vous communique à toutes fins utiles le lien : http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=10-conseils-mycose-vaginale
bonne journée…. bonne santé…
Bonsoir Christophe et Youle,
suite à nos commentaires et relations au sujet de la capucine, j’ai trouvé un lien qui pourrait vous intéresser : http://www.wikiphyto.org/wiki/Giroflier
dans lequel il est dit entre autres choses: « Antifongique vis-à-vis de Candida albicans, Cryptococcus neoformans, Aspergillus fumigatus, intérêt dans les vaginites mycosiques [6], avec effet anti-oxydant [7]
Régulateur de la flore intestinale [8] »
Pendant longtemps je distillais des clous de girofle dont la production d’HE est excellente et je consommais cette HE sur un sucre ou dans une tasse d’eau chaude ou en gargarismes l’hiver ou aussi contre des mycoses causées par les candidas albicans…
mais je viens de découvrir que l’HE de girofle provoque des poussées de tension artérielle et je comprends mieux les raisons de pics de TA, aussi j’ai décidé de me proscrire des HE…
A vous, Youle, elles seront peut-être plus bénéfiques…
Merci à vous Christophe pour votre tuyau sur les labos d’analyses…. à + !
Bonsoir,
c’est à la suite du renvoi de Christophe vers cette page pour répondre à ma question sur la capucine également mais formulée dans le cadre des plantes permettant de renforcer ses défenses immunitaires que j’interviens ici, car n’ayant pas spécialement d’affinités avec le sujet de la présente fiche…. quoiqu’ayant également eu à faire à lutter contre une candidose très sérieuse suite à des prescriptions « sauvages » et démesurées d’antibiotiques lors d’une infection du pied !… J’ai réussi à limiter la prolifération des candidas albicans en prenant des probiotiques pendant 2 ou 3 mois (je ne me rappelle plus la durée) puis dans le même temps j’ai pris des oligo éléments (liquide en flacons de 500ml) conseillés par une fiche de « l’institut de naturopathie de Nantes »… Ces oligo éléments qui m’ont été proposés étaient le cuivre, le germanium et le zinc… Je ne sais plus lequel oligo élément j’ai choisi, mais çà m’a fait un bien énorme… Je me suis gavé dans le même temps de vrais yaourts au bifidus et étant donné le coût (non remboursé par la SS !..) et me trouvant en meilleure santé, j’ai tout arrêté…
Mais, après ces préliminaires, le but de mon commentaire vise en fait la capucine et je suis tout à fait d’accord avec Youle… J’en ai énormément dans mon jardin et je suis souvent désolé de devoir en mettre des quantités à composter… J’en consomme mélangée à la salade classique (mache ou laitue) et principalement les feuilles, j’ai également fait des essais d’extraction d’huiles essentielles mais sans grands résultats car je ne pense pas que ce soit une plante qui en contienne beaucoup et j’ai utilisé l’eau florale en mélange avec d’autres eaux de distillations (romarin, lavande principalement) pour en faire des eaux de toilette (frictions des cheveux, après schampooing etc…). C’est très efficace à mon humble avis…
Mais, ayant été à l’école de Christophe Bernard pour apprendre à faire des macérations et des percolations, je suis bien décidé à transformer mes capucines de la saison 2015 par ces procédés. Dommage que je ne puisse pas trouver d’alcool à plus de 80° pour faire une macération de capucines fraiches, car en les desséchant je crains qu’elle ne perdre beaucoup de leurs composants actifs… Recevant les news letters de « Créapharma » il y eu un jour des articles sur ce sujet mais que je trouve fantaisiste (Créapharma donne des recettes et des infos sur les plantes et leurs utilisations d’après ce que les lecteurs envoient, sans aucune vérifications scientifiques ou réelles des faisabilités et des résultats obtenus…) néanmoins voici les liens sur le sujet : http://www.creapharma.ch/teinture-capucine.htm et http://www.creapharma.ch/capucine.htm (pour infos)…
Je ne manquerai pas de vous tenir au courant des résultats et manip effectuées suivant les méthodes éprouvées de Christophe.
Intéressant de voir votre témoignage, car je suis aux prises en ce moment avec ce qui est probablement un candida albicans (digestif et vaginal), mais je n’ai pas encore fait de prélèvement donc aucune certitude.
J’ai fait ma teinture-mère de capucine, fraîche dans de l’alcool à 70° et je compte l’utiliser à partir de demain, comme stimulant immunitaire (les gens que je connais l’utilise en remplacement de l’échinacée), et en tablant sur ses propriétés anti-mycosiques, et anti coup de froid (ce qui n’est pas un luxe juste avant l’hiver).
Si cela est concluant, je pourrai revenir ici dire ce que j’ai fait (je ne prends pas que de la capucine).
Et voici le lien vers le document qui m’a donné envie d’essayer la capucine. Je ne sais pas ce qu’il vaut mais c’est un magasine destiné aux droguistes suisses.
http://d-inside.drogoserver.ch/f/1010/intimpflege.pdf
Merci pour les infos publiées dans le document et que j’ai trouvé très intéressant et instructif…
Personnellement je ne suis pas aussi avancé dans la confection d’une teinture de capucine car contrairement à vous qui avez utilisé la capucine fraiche, j’ai mis une grosse brassée à sécher sur mes filets, et qui comprennent la totalité de la plante : tiges coupées et sans racines, feuilles, fleurs…Bien que ce soit dans l’obscurité, les tiges continuent à pousser et d’innombrables fleurs poussent !… Je pense devoir les broyer et les remettre au séchoir… car dans le doute je préfère mettre toute la plante et non seulement les feuilles (???…). Je vous tiendrai au courant de l’évolution… En attendant bon courage dans votre lutte contre les Candidas Albicans ou tout autre parasite et champignons car ces hôtes indésirables finissent par « pourrir » la vie des porteurs…
Bonsoir Christophe, bonsoir Youle,
J’ai effectué depuis maintenant deux semaines environ, une teinture mère de CAPUCINE suivant la méthode de Christophe, des plantes à moitié sèches… Je suis vraiment enthousiasmé … Je l’utilise à diverses fins : en doses d’une cuillerée à café deux fois par jour car je reste persuadé que la capucine agit comme stimulant du système immunitaire (sans en avoir les preuves), comme lotion capillaire également et là j’en ai les preuves car en applications après shampooing la chevelure devient brillante et soyeuse … Il serait intéressant de pouvoir analyser le contenu de la teinture de capucine. Comment peut-on faire ces analyses ? où s’adresser ? un simple labo d’analyses médicales peut-il le faire et dans ce cas que faut-il demander de rechercher ?… En tout cas, question goût et couleur la teinture est géniale…. J’attends de pouvoir faire une teinture de capucine sèche, pulvérisée et percolée…
et vous Youle avez-vous des succès contre les albicans ?…
Bonjour Hervé,
Pour les analyses, les labos de ce type :
http://www.lppam.net/fr/activites/analyse-chimique-expertise/
Bonjour, c’est encore moi !
En lisant les propriéts de la capucine (je compte en faire une teinture-mère car paraît-il, elle peut remplacer l’échinacée pour ce qui est des propriétés immuno-stimulantes). Et je vois qu’elle est entre autre, anti-fongique, apéritive et digestive.
Ayant actuellement mycose et reflux gastrique (d’ailleurs je me demande si le reflux n’est pas dû à une mycose digestive), je me dis qu’elle peut être intéressante pour moi.
J’ai plusieurs questions : l’utilisez-vous, si oui dans quels cas ? Quelles parties de la plante pour la teinture-mère, les feuilles suffisent ou est-il mieux de rajouter les fleurs ?
Bonjour,
Désolé, pas une plante que je connais. Mais effectivement, très intriguant, je constate qu’elle est utilisée depuis les années 50 pour les cas d’infections pulmonaires et urinaires. Les indiens Péruviens utilisent les qualités antibiotiques de la plante pour les problèmes de toux et pulmonaires. C’est apparemment les composés soufrés (similaires à ceux de la moutarde) qui ont un effet antibactérien contre les bactéries à gram positif ou négatif, et des propriétés anti-mycoses.
(et une petite étude in-vitro)
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17260672
Merci pour ce retour 🙂 Je vais aller lire l’étude. J’ai une amie qui me dit l’utiliser avec succès pour les maux de l’hiver. Ça m’intéresse beaucoup car la capucine est extrêmement facile à faire pousser, et très productive. Une fois qu’il y en a au jardin, il y en a toujours trop 😀
Super, dites nous si vous expérimentez avec la plante.
Article intéressant, mais je suis surprise que vous ne parliez pas d’un aliment plus simple et moins cher que les probiotiques, qu’on peut fabriquer soi-même (et donc être plus indépendant de l’industrie, de la même manière que lorsqu’on commence à ramasser des plantes sauvages), il s’agit du yaourt. Du vrai yaourt non pasteurisé peut guérir une mycose à lui seul si celle-ci n’est pas trop récalcitrante, et sinon il y a d’autres méthodes à utiliser (douche vaginale au bicarbonate, ou au vinaigre, huiles essentielles (et donc plantes)), citées dans le « Mamamélis » de Rina Nissim (une bible pour soigner les problèmes gynéco par la naturopathie).
Oui absolument, je m’oriente de plus en plus vers les aliments fermentés d’une manière générale pour les probiotiques plutôt que les petites capsules. Pour la flore vaginale, je n’est effectivement pas mentionné le « vrai » yaourt qui est une approche tout à fait valable. Merci pour ce rappel très important, et qui s’aligne bien avec les valeurs d’indépendance.
Oui exact, j’ai oublié de mentionner les aliments (lacto-)fermentés, le kéfir, puisque les mycoses sont liées à un déséquilibre du PH et donc la flore vaginale et intestinale, rééquilibrer la flore intestinale permet de régler les autres problèmes.
Ça ne fait pas longtemps que je connais la lacto-fermentation, et pourtant c’est d’une simplicité enfantine (conserves de légumes auxquelles on ajoute une saumure et qu’on laisse fermenter, pour ceux qui ne connaissent pas), et cela permet aussi d’avoir une bonne flore. L’ail lacto-fermenté par exemple est intéressant car il devient moins piquant, donc intéressant quand on veut se soigner avec de l’ail cru 🙂