Jardin de plantes médicinales : 6 erreurs fondamentales : (abonnez-vous au podcast ici)
On va parler jardin de plantes médicinales. J'ai démarré mon jardin début 2010, il a connu différentes phases d'expansion et de contraction au fil des années, en fonction des projets, des expérimentations que je voulais faire, du temps que je voulais y consacrer aussi.
Meilleurs profs au jardin de plantes médicinales : mes bourdes
J'ai planté de nombreuses médicinales du monde entier, très souvent cultivées à partir de graines. Donc j'ai acquis une bonne expérience de jardinage de bout en bout on va dire, du semis à la mise en godets, à la mise en terre, à la récolte et à la transformation. Et toute cette expérience, je l'ai construite par moi-même.
Il est clair que j'aurais pu devenir apprenti d'un jardinier expérimenté. J'aurais appris plus vite, et je n'aurais pas commis autant d'erreurs. Mais ce n'est pas le chemin que j'ai emprunté. Mes maitres, mes enseignants, ça a été mes bourdes, mes ratés et mes râteaux, au sens propre et au sens figuré.
C'est le but de l'épisode d'aujourd'hui. J'ai envie de vous parler de mes plus grosses erreurs au jardin de plantes médicinales, et ce qu'elles m'ont enseigné. Ce sont des erreurs assez fondamentales, des erreurs de vision si vous voulez, de philosophie de jardinage. Je vous ferai un autre épisode avec des petites erreurs plus terre à terre, du style pourquoi le paillis peut être problématique si mal utilisé.
Si vous êtes jardinier expérimenté, vous vous direz peut-être "bah oui, évidemment, fallait pas un doctorat en horticulture pour en arriver à ces conclusions". OK, vous avez raison. Mais j'espère tout de même que toi, jardinière débutante, toi jardinier novice qui m'écoute, tu vas pouvoir en tirer quelques informations utiles.
Pour information, j'ai voulu enregistrer au jardin et pas dans mon studio. Mais j'ai la route qui n'est pas très loin, alors sur la vidéo vous allez entendre des voitures qui passent. Allez, on démarre avec ma liste d'erreurs.
Erreur n°1 : se fier aux livres
Vous avez été nombreux à m'écrire et à me demander quel livre de jardinage des plantes médicinales m'a aidé à faire mon jardin. Aucun. Zéro. Et j'en ai acheté plusieurs. Et au final, je les ai tous donné.
Ceci n'est absolument pas une critique envers l'auteur. Certains de ces livres sont très bien faits. Ils sont écrits par des personnes expérimentées. Ils contiennent de bons conseils.
Mais malheureusement, aucun auteur ne vit là, chez moi. Sur mon terrain. Avec mon exposition bien particulière. Combien de fois j'ai lu "plein soleil" et j'ai cramé mes plantes. Combien de fois j'ai lu "arrosage peu fréquent" et j'ai retrouvé des plantes complètement ratatinées. Personne ne connait la force du mistral qui souffle dans la vallée du Rhône et qui vient dessécher certaines plantes, et pas d'autres.
Peut-être que quelqu'un a écrit un livre du jardinage des médicinales spécifiquement dans mon coin. Mais je ne l'ai pas trouvé. Et les autres livres, ils ont étés éjectés de ma bibliothèque et par la suite, j'ai plutôt consulté des vidéos sur les concepts fondamentaux du jardinage - travail de la terre, permaculture, etc. Si l'auteur n'est pas de chez vous, l'information ne sera pas spécialement fiable.
Erreur n°2 : vouloir mettre la plante au bon endroit dès le départ
C'est pas possible. Aujourd'hui, lorsque j'introduis une nouvelle plante, je ne peux absolument pas dire à quel endroit elle va se plaire dans mon jardin. J'ai des bacs qui sont à l'ombre, d'autres qui sont au soleil, d'autres qui sont mi-ombre mi-soleil.
Ce que je vais faire, c'est introduire 2 ou 3 spécimens de la même espèce, dans 2 ou 3 environnements différents. Le passé m'a bien montré que je ne peux pas le deviner, même si je base mon raisonnement sur la logique.
Je vais vous donner un exemple. Cette année j'ai introduit de la criste marine. Une connaissance a été très sympathique et m'a envoyé des graines. Donc j'ai semé, et j'ai gardé 5 godets. Je vous ai expliqué pourquoi 5 godets dans l'épisode sur comment ne pas se cramer et s'épuiser au jardin, si vous ne l'avez pas encore écouté, je vous conseille de le faire. D'ailleurs je vous expliquais aussi pourquoi je fais en grande partie des vivaces aujourd'hui et peu d'annuelles et de bisannuelles.
Donc retour à ma criste marine. La logique me dirait quoi ici ? C'est une plante qui pousse sur les falaises du bord de mer. Elle résiste très bien aux embruns et à l'eau salée, elle résiste bien à la sécheresse. La conclusion serait plein soleil, pas beaucoup d'eau. Mais c'est une erreur. Le passé m'a montré encore et encore que lorsque je croyais savoir, je ne savais rien. C'est puissant comme leçon, on rentre un peu dans la philosophie de vie ici.
De ce fait, j'introduis dans mes différentes zones. Je teste. Et en fonction du développement de la plante, je vais, probablement au printemps prochain, déplacer certaines plantes d'un endroit à un autre. Est-ce que c'est fini ensuite ? Non pas exactement. Car je vais peut-être constater que j'avais mis la plante ici, mais elle semble se ressemer un peu plus loin, là-bas. Eh bien peut-être que c'est là-bas, son endroit idéal.
Donc je laisse le jardin m'enseigner tout ça. L'apparence de votre jardin de plantes médicinales dans 5 ans n'aura pas l'apparence de votre jardin aujourd'hui. Et c'est génial, c'est un jardin vivant qui évolue au fil du temps.
Un autre point que vous ne pouvez pas planifier à l'avance, c'est le volume que certaines plantes vont prendre par rapport à d'autres. Et ça on va en parler dans le prochain point sur la diversification.
Erreur n°3 : ne pas créer d'espaces diversifiés
Mon jardin de plantes médicinales les premières années, c'était des rangées et des carrés. Une rangée d'échinacée. Une rangée de partenelle. Une rangée de souci. A côté de moi, mon père faisait une rangée de tomate, une rangée de concombre et une rangée de courgettes. Donc on était dans les rangées. Les rangées de mon père étaient tirées au cordeau, les miennes c'était la ligne droite de celui qui a un peu trop bu, mais ça c'est une autre histoire.
Et puis à un moment, j'ai commencé à faire des zones diversifiées. Parce qu'il me restait telle ou telle plante et je ne savais pas quoi en faire. Donc j'ai commencé à mettre mon vrac à un endroit. Et bien évidemment, je me suis aperçu que les plantes, une fois qu'elles avaient pris leur place, adoraient ça. Et puis elles étaient plus robustes, moins de maladies.
Il y avait les plantes les plus grandes qui faisaient de l'ombre aux plantes plus petites, ou qui les protégeaient du vent. Et là, j'ai commencé à planifier différemment. J'ai basculé sur les zones diversifiées. Chose que j'aurais bien évidemment appris dès le départ si j'avais fait un stage chez une personne qui pratique la permaculture, on est d'accord.
Mais attention, là on retombe sur l'erreur numéro 2, qui est de penser que l'on va savoir où placer la plante dans cet écosystème. En fait, j'en ai aucune idée. Je ne sais pas si mon jiaogulan va grimper sur ma centella asiatica et l'étouffer par exemple. Et la réponse est oui, l'un va étouffer l'autre, chose que j'ai appris cette année.
Autre exemple, j'ai de magnifiques eupatoires perfoliés, qui ont pris un énorme volume dans un de mes bacs et qui commencent à faire trop d'ombre à mes lotiers corniculés. Je ne vais pas vous expliquer ce qu'on fait avec ces plantes car ce n'est pas le but de cet épisode. Mon lotier recherche donc la lumière et devient tout rachitique. Soit il va falloir que j'élague mon eupatoire, soit il va falloir que je bouge mon lotier. Et vu que mes eupatoires sont vraiment magnifiques et me créent une zone d'ombre, je vais probablement bouger mon lotier.
Là encore, créer une zone diversifiée va prendre des années, et acceptez-le fait que chaque année, il faudra bouger certaines plantes, faire de la place ici, ou au contraire resserrer là-bas parce qu'il y a des plantes sensibles au vent, etc.
Erreur n°4 : ne pas avoir créé assez de zones d'ombre
Si vous vivez dans un endroit avec un été chaud, c'est un problème. Là encore, c'est un principe de base de la permaculture, mais moi il m'a fallu pas mal de temps pour vraiment comprendre son importance, et le fait qu'on n'a pas besoin nécessairement d'introduire des arbres. On peut utiliser des plantes qui sont plus hautes que les autres et qui résistent au chaud.
Et une chose que je fais depuis peut-être 2 ans, c'est utiliser le ricin. Ca pousse vite, ce n'est pas difficile du tout à entretenir, ça résiste à la sécheresse, et ça peut faire une jolie petite canopée. Donc je récupère ces belles et grosses graines, et à l'automne je les plante aux endroits où j'ai besoin d'ombre, et puis je les oublie. Et au printemps, les ricins vont me faire la surprise de sortir. Au début ils sont minuscules, et puis ils vont vite prendre le dessus et me créer des micros zones d'ombre. Et puis c'est une très jolie plante au jardin.
Là encore, retour à l'erreur numéro 2. Est-ce que je sais exactement où placer mes zones d'ombres au départ ? Non. Acceptez le fait qu'il faudra déplacer, ajuster au fil des années.
Erreur n°5 dans le jardin de plantes médicinales : vouloir trop en faire
Et se laisser déborder. Je vous en ai parlé en détail dans un épisode consacré à ce sujet donc je ne vais pas revenir là-dessus, mais pour moi ça a été clairement le point le plus important sur lequel j'ai dû travailler. Si vous êtes de nature à vous laisser emmener parfois un peu loin dans vos passions, je pense que vous voyez de quoi je parle.
Erreur n°6 : se mettre dans tous mes états pour des facteurs hors de mon contrôle
J'ai eu ma période où j'ai complètement déprimé après le passage des sangliers. Ou j'ai eu envie de pleurer parce que j'avais un carré de magnifiques gentianes qui avaient 6 ou 7 ans et qui ont été broyées. J'ai même eu, dans mes rêves les plus fou (surtout ne le dites à personne) cette idée de m'acheter un fusil de chasse pour me poster la nuit, avec une lunette infrarouge, et probablement un bandana sur le front à la John Rambo pour venger mes défuntes gentianes. Mais au final, j'ai dû tout simplement accepter, et j'ai construit des bacs surélevés, en dur, et les problèmes ont été terminés.
J'ai eu ma période où j'ai passé des journées et des journées à pester contre les campagnols, à voir comment je pourrais les éloigner. C'est compliqué, et ces petits animaux sont malins. On a les appareils qui émettent des ultrasons, on a les substances qui sentent très fort pour mettre dans la galerie, on a les conseils du voisin, et de l'oncle, et de monsieur jardinage à la télé. Bref, tout le monde a la sienne. Et au final, j'ai dû accepter, et j'ai adopté la même solution que précédemment, j'ai construit des bacs surélevés et au fond des bacs, j'ai mis un grillage à maillage étroit. Et ça a été terminé avec les problèmes de campagnols.
Puis il y a eu la période où tous les arbres autour de mes bacs ont décidé d'envoyer leurs racines pour aller chercher l'eau dans mes bacs et ont étouffé toutes mes plantes. Puis il y a les limaces. Les fourmis. Les pucerons, les maladies.
Lâcher prise
J'étais dans le contrôle. Et quand j'y pense aujourd'hui, je me dis que c'était complètement stupide. On ne peut pas contrôler tout ça. Et ça sert à rien de se rendre malade. Il faut plutôt être dans l'acceptance et le lâcher prise. Même si ça veut dire que régulièrement, il y aura de la perte. Donc préparez-vous à de la perte, c'est normal. Ce sont juste les cycles naturels. Je sais, c'est du temps et de la sueur. Mais c'est comme ça. Et puis aujourd'hui, je vois même ça comme un don à la nature pour qu'elle m'enseigne quelques petites leçons... de patience en particulier.
En fait, je pense que je m'étais mis dans l'idée (d'une manière très naïve) que l'état normal du jardin, c'est que tout tourne impeccablement. Qu'une année parfaite, ça veut dire qu'il n'y a pas de problèmes. Mais il y a toujours des problèmes. Et puis ce ne sont même pas des problèmes à proprement dit, ce sont des phénomènes naturels au jardin, il faut les voir comme ça.
Voilà, c'est terminé pour cet épisode. Je vous retrouve très vite autour des plantes médicinales !
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Chantal dit
Enfin quelque chose d’intelligent . Comme c’est intéressant de bien faire comprendre que rien ne vaut l’expérience et que si les livres peuvent être un point de départ pour la découverte , il ne faut pas perdre de vue que notre terre n’est pas celle du voisin . Combien de fois ai je pesté en lisant des rubriques de jardinage écrites dans le nord . Je me suis souvent dit « ben viens voir ma terre argileuse en plein cagnard au mois d’août et tu verras si fait mettre telle ou telle plante en plein soleil .
Moi aussi il m.a fallu 20 ans avant de comprendre ce qui clochait . C’est l'expérience , l’observation et le travail qui comptent . Alors c’est là que tout se révèle quand on comprend que chaque sol , chaque orientation et chaque jardinier est différent . Quand on a compris ça on fait un pas de géant .
Merci de votre écrit si plein de vérités .
Marie Laurence dit
Le jardinage intuitif enseigne cette sagesse bien particulière qu'on ne trouve nulle part dans les livres. Ce n'est pas toujours productif en terme de rendement, mais c'est fort enrichissant...la nature a tellement à nous apprendre si on l'observe et c'est elle, quoique l'on fasse qui a le dernier mot: son intelligence est implacable! Chez moi les productions ne sont jamais aussi prospères que semées par le vent! Hihi! Mmmmm beau chat! Vous n'êtes pas mal non plus 😉 Merci pour vos vidéos, votre érudition (oui, oui!) et votre belle humeur.
pascal27 dit
Bonjour Christophe et Sabine, merci pour ce billet sur les erreurs au jardin, je me retrouve assez bien dans vos propos.
Ma maigre expérience au regard de la complexité du fonctionnement des sols, me fait dire que bien souvent on grille des étapes importantes de compréhension de la vie du sol, des répercussions climatiques et une méconnaissance des répercussions de nos pratiques sur le travail du sol. En fait on modifie (contrarie) la vie du sol qui s’installe sur des centaines d’années.
Après maintenant dix années de permaculture ; je continue à chercher, à observer et à me faire surprendre.
Je peux vous dire que j’ai bien pratiqué ces trois erreurs
1) En faire de trop et ça Christophe nous le dit aussi.
2) Aller trop vite sans prendre en compte les partenaires que sont le sol et la plantes
3) Me décourager sans analyser mes erreurs qui ne pourtant des enseignements.
Néanmoins, je ne peux qu’encourager la persévérance tant la nature est généreuse et bienfaitrice pour notre équilibre physique et mental, elle est d’une résilience extraordinaire.
Il y a les jours « sans », la forêt permet de me ressourcer et des jours « avec » alors je courbe le dos et entre en contact avec le sol, la terre et les plantes pour une recharge magnétique et énergétique, c’est fabuleux !
Si je devais commencer un jardin :
Avant de projeter quoi que ce soit dans un jardin médicinal ou légumier; il faut observer l’existant, effectuer une sorte d’inventaire des plantes et de leur état de santé et ce, au printemps et courant été/automne. Bien distinguer la proportion des plantes annuelles et des plantes vivaces.
Puis relier cet inventaire au climat de la région soleil/pluie/vent et périodes des pics climatiques.
Erreur d’Arrosage : on arrose de trop par peur que la plante ne pousse pas !
Un hiver pluvieux favorise un enracinement en surface et par conséquence une sensibilité à la sécheresse pour le printemps et l’été si la pluviométrie vient à faire défaut. Ce qui revient à dire que trop arroser rend la plante fainéante et donc sensible à la première sécheresse venue.
L’installation d’un goutte à goutte favorise certes la production et engendre de la quantité. Autrement dit on produit de la luxuriance foliaire fragilisant les plantes aux différents pathogènes, pucerons et autres prédateurs… les producteurs de chimie l’on bien compris en favorisant la productivité puis en exigeant la qualité (pour moi, c'est inconciliable)
Ce que je pense avoir compris : L’arrosage est utile lors de la transplantation de façon à réunifier terre et racines (favoriser les agrégats (humus, argile, limon) de sol autour des racines). Ici la teneur en argile du sol joue un rôle indispensable.
Concernant les semis, pour bien des semences, il est souhaitable de semer dans un sol frais. Pour les sols argileux il faut bien affiner le lit de semis du sol afin de ne pas favoriser les limaces en terre creuses (trop motteux). En sol limoneux, recouvrir de résidus de culture le rayon de semis pour éviter une croûte de battance qui peut empêcher les coléoptiles (jeune tige) d’émerger. Certaines graines demandent un sol sec ou une vernalisation (froid) pour sortir de leur dormance, c’est une signature. Le système hormonal est le point clé du réveil des semences et du développement des organes… Une graine qui à commencé à entrer en osmose avec l’humidité du sol doit germer et sortir rapidement de terre. Si entre temps une période de sec intervient, là j’arrose pour que le cycle germination/levée se s’interrompe pas !
En système permaculture, le fait de ne pas travailler le sol ; certaines graines de l’année précédente émergent toute seule et se comportent très bien. Une graine qui se débrouille naturellement ne se trompe pas, je laisse ces quelques plants naturels, ça me permet d’observer la vigueur et le comportement des plantes/sol, plantes qui ont décidé de germer sous l’effet des lois telluriques du sol...
Le système racinaire fonctionne par osmose (de la solution la moins concentré (racine) vers le plus concentré (eau et/ou anion, cation), limiter l’arrosage oblige la plante à descendre ses racines vers la fraîcheur (attirance par osmose) et ainsi être plus résistante en cas de sec prolongé. La couverture du sol limite l’évapotranspiration du sol. Un sol humecté en surface favorise la vie microbienne et donc l’évolution humique des résidus devenant disponible pour la nourriture des plantes et favorise aussi les réseaux mycéliens. Voilà ce que je pense avoir compris de cet équilibre symbiotique entre le sol et la plante…
Erreur de manque de connaissance de la texture et de la structure du sol :
Un minimum de connaissance de la texture du sol est primordiale. Voici un lien qui nous en dit plus pour avoir les bases de la constitution d’un sol http://edd.ac-creteil.fr/IMG/pdf/fiche_test_du_bocal_-_version_1_1_.pdf
1) Un sol sableux sera sensible à la sécheresse et retiendra peu d’eau, ces sols conviennent à des plantes vivaces peu exigeantes en eau. C’est un peu peine perdue que de vouloir jardiner dans ce type de sol, ce qui n’exclue pas toutes les plantes.
2) Un sol argileux (plus de 20%) est compact mais riche en éléments fertilisants et retient bien l’eau. On dit que c’est un réservoir alimentaire pour les plantes s’il est accompagné d’humus et de calcaire. L’implantation y est difficile mais à toutes épreuves si elle est réussie.
3) Un sol limoneux est l’idéal à condition qu’il soit équilibré avec au minimum 15% d’argile (plus c'est mieux). Les sols limoneux sont de structure battante sous l’action de la pluie. Ce type de sol est propices à toutes sortes de plantes.
4) Tous les types de sols fonctionnent avec la présence de matières organiques (humus) et de calcaire, c’est ensuite la roche mère qui détermine la présence des autres éléments.
5) Il subsiste sans doute des plantes qui vivent dans des sols dépourvus d’argile et de limons
6) A l’origine les sols sont magmatiques, la présence de mousses, lichens puis de plantes à photosynthèse plus élaborée ont tout doucement constitué des résidus de matières organiques donnant vie à un microbiote faunistique complexe et super organisé. Tout ça sans produire de déchets depuis des « lustres » !
Ainsi tous les types de sols ont leurs avantages et leurs inconvénients; il n’existe pas de mauvais sols mais des mauvaises pratiques. Observer l’existant est un renseignement très important pour orienter le choix des plantes sur un terrain…
Ce que je penses avoir compris :
Pour qu’une permaculture fonctionne, il est important de respecter la faune du sol et la structure du sol afin que les réseaux mycéliens (champignons) soient actifs en apportant les minéraux issus de la roche mère du sous sol. Le travail profond du sol détruit ces réseaux qui sont des liens d’échanges de minéraux (roche du sous-sol) en échanges de glucides élaborés par la photosynthèse. Ces échanges s’opèrent au niveau des racines des végétaux. Un sol labouré à plus de 15cm se trouve coupé des réseaux mycéliens, les plantes récoltées seront très pauvres en minéraux.
Dans la nature tout fonctionne par échange, rien n’est gratuit, le résultat cette organisation ne produit pas de déchets !.
La permaculture est une pratique qui s’apparente au système forestier et prairial. C’est l’expression d’une couverture permanente du sol, un matelas vivant..
Un sol constamment couvert abrite, protège une faune utile au fonctionnement sol/racine/mycorhize/plante. La couverture du sol améliore nettement tous les types de sols. La permaculture ne permet pas tout, elle est soumise aux limites des différents sols. Par contre ce mode de culture est favorable à l’expression d’une vie symbiotique (faune/flore/mycorhize) du sol et permet d’obtenir des plantes de qualité énergétiques.
La pratique de la permaculture intègre le non travail profond du sol, occulte tout apport chimique qu’il soit minéral ou lutte chimique contre des prédateurs pathogènes ou insectes. Les apports d’azote, de sang, de compost évolué, d’engrais court-circuitent le rôle de la faune du sol, la plante puise directement ces apports externes et entre en luxuriance. Un développement excessif de feuillage devient très vite vulnérable aux pathogènes/insectes et à la moindre sécheresse… C’est un cercle vicieux que de vouloir trop nourrir ses plantes. Le seul apport que je conçoit est la marne (300 à 500g/m2 tous les 5 ans en automne), ce calcaire naturel encore à l’état de roche s’intègre lentement dans le sol et interagit avec les argiles et les humus. C’est ce que l’on appelle le complexe argilo-humique base de la CEC (Capacité d'Echanges Cationiques) qui se charge de cations pour alimenter la réserve labile du sol (le disponible alimentaire absorbable par les racines). Une mesure du pH est souhaitable avant d’effectuer des apports calcaires https://www.promessedefleurs.com/conseil-plantes-jardin/ficheconseil/ph-du-sol-quest-ce-que-cest
Encore une erreur : On ne peut pas extraire de la biomasse d’un sol sans compensation.
La compensation des exportations (récolte de légumes et autres) se fait par des apports de végétaux frais comme la grande consoude, le sarrasin, la phacélie, certaines crucifères, des légumineuses comme le trèfle, la luzerne, des pailles, du fumier de cheval (éviter les fumiers de porc, mouton, lapin « trop riches en azote », à la rigueur un peu de fumier de bovins sans trop de bouses)… ces apports servent de couvre sol naturels en saison et en automne/hiver après récolte. On peut également apporter des feuilles, des fougères et du BRF afin de recharger le sol en humus lent (humus de fond). Par contre ces humus lents (c’est à dire très long à se décomposer) adsorbe azote, phosphore, potassium et magnésium pour se décomposer ce qui peut appauvrir la disponibilité de la solution nutritive des sols légers…
En général pour tous les types de sols on évitera les apports de compost qui sont trop chargés d’azote (oui je sais c’est très souvent conseillé !). Le sol est capable de composter lui même les résidus de culture et autre avec sa faune microbienne de surface et de profondeur.
Des erreurs en permaculture :
1) la permaculture n’est pas la solution parfaite pour toutes les plantes
2) La perrma est dépendante du type de sol, une butte et un plat ont des orientations de culture différentes selon les saisons et l’exigence en eau des plantes.
3) La perma améliore le taux d’humus du sol mais ne modifie pas sa texture
4) La perma permet une meilleure utilisation de l’eau selon la couverture végétale du sol
5) Au départ, mulots et limaces sont un véritable enfer, il faut favoriser un biotope afin de trouver l’équilibre entre prédateurs et déprédateurs. Créer un point d’eau pour les batraciens et les couleuvres, des abris pour les hérissons, des perchoirs pour les rapaces nocturnes. Implanter un biotope favorable aux abeilles et autres pollinisateurs pour la fécondation des végétaux. Planter des arbres divers comme les fruitiers, bouleaux, frêne, acacia, sureau, saule(s), peupliers, aubépine, prunelliers , noisetier, châtaigniers… pour la régulation oiseaux/insectes et les échanges entre racines. L'arbre est important dans un jardin, il unifie les énergies cosmiques aux énergies telluriques.
6) La permaculture c’est le résultat d’un ensemble de pratiques et pas simplement une butte de sol avec un paillage.
Essayer de comprendre le fonctionnement du sol est un exercice passionnant, rien n’est figé, tout s’adapte en permanence. Pour ma part je n’émet aucunes certitudes ni de méthode imparable. Vivre avec le sol reste intuitif, sans sol pas de vie…
J’espère n’avoir découragé personne sur un sujet assez complexe mais vivant. Désolé pour les quelques mots techniques qui m'ont échappés.
Gratitudes
pascal
sabine dit
bonjour Pascal
Mais quel plaisir de vous lire, en plus je viens de démarrer un stage permaculture (en région sèche) avec au programme gestion de l'eau, et ce que vous venez de nous partager est super précieux , je vais vous lire et relire , un grand merci à vous 🙂
pascal27 dit
Réponse de Sabine
bonjour Pascal
Mais quel plaisir de vous lire, en plus je viens de démarrer un stage permaculture (en région sèche) avec au programme gestion de l'eau, et ce que vous venez de nous partager est super précieux , je vais vous lire et relire , un grand merci à vous
Ma réponse
Bonjour Sabine
Merci pour votre appréciation, j'avais peur que ma "prose soit trop longue, le sujet est tellement riche.
N'hésitez pas à me poser des questions, si elles sont dans mes recherches j'y répondrai.
J'espère que dans votre stage vous aborderez en détail les rôles de l'argile et de l'humus ainsi que le travail inestimable des micro-organismes du sol. un autre sujet concerne les effets de l'érosion des sols (éolien et hydraulique) ainsi que le rôle de l'eau (dont les cycles sont en lien avec les cycles de la nature) et les effets du dérèglement climatique.
L'eau n'étant pour moi qu'un vecteur de vie indispensable certes mais sans excès. Par contre l’hygrométrie de l’air est indispensable à toutes vies. Des plantes comme la luzerne et certaines graminées (fétuque élevée) deux vivaces, s'enracinent à plus de 10 mètres, les sécheresses ne les atteignent pas. Certaines plantes dont la respiration fonctionne en C4 (chénopode...) sembleraient moins sensibles aux sécheresses et seront sans doute notre nourriture de demain mais entre temps il faut que nos enzymes s'y adaptent.
Permettez-moi de rêver un peu, mais il semblerait que si nous arrivions à vivre d'énergie; l'eau nous serait suffisante uniquement par l'hygrométrie de l'air ambiant. Je pense que c'est de même pour les plantes qui auraient cette capacité plus que d'autres. En sécheresse prolongée, cette hygrométrie est parfois suffisante pour certaines plantes (vivaces et quelques annuelles ayant la capacité à stocker de l'eau dans leurs organes « comment font les cactus dans le désert ? … »).
Dans votre région j'ai été surpris d'observer la capacité du Plantain à capter de l'eau et de la stocker dans ses feuilles. ça se voit très bien avec une petite loupe. Enfin j'ai déduit que ces petites anfractuosités étaient de l'eau car le plantain résiste assez bien au conditions et terrains sec.
Néanmoins l'eau représente 70 à 80% de notre constitution ainsi que de celle des plantes et je crois que la présence de l'eau ne serais-ce que par les océans,sur notre planète terre occupe une très-très grande place. L'eau c'est la vie et elle peut aussi inonder et tout détruire. Il est intéressant d'essayer de comprendre la répercussion des mouvements de l'eau des océans et les liens avec le climat et les saisons... Encore l'eau !
belle journée et bon stage à vous
pascal
sabine dit
bonjour Pascal et merci beaucoup
je prend note , et oui effectivement je remarque que le plantain lancéolé recouvre une bonne partie de mon terrain, je vais y aller avec ma loupe 🙂
pascal27 dit
Bonsoir Sabine, je voulais partager ces deux liens avec vous, en corrélation avec la permaculture, l'eau, notre planète, et le réchauffement climatique
https://vernoux.org/agriculture_regenerative/L_Eau_et_l_Hydrologie_Naturelle_de_la_Planete_sont_au_Coeur_du_Controle_Climatique.pdf
et la compréhension de nos erreurs pour reverdir la planète
Reverdir la planète commence ici : : https://www.ted.com/talks/allan_savory_how_to_fight_desertification_and_reverse_climate_change/transcript?language=fr
Espérant rester dans la bonne démarche d'utilisation de ce blog. Bonne découverte à vous
pascal
Anne dit
Bonsoir Christophe Sabine
Ah merci... Je me sens moi seule tout d un coup dans l expérimentation d un jardin medicinal !
Je confirme qu il n y a pas de bouquins ... Que seuls l'observation, la connaissance de son terrain et le bon sens font progresser... Et les erreurs !... J.'en ai une 7e. L introduction sans contrôle de quelques medicinales ... Origan... Achilee.. Mélisse.. Agripaume... Nigelle....menthe... Aïe... A mettre en pot ou à planter avec des systèmes de contrôle racinaire. Pour les plantes à graines bien couper l inflorescences avant dispersion....
Bonne soirée..
Jean-Louis dit
Mes erreurs (entre autres): j'achète des graines de fenugrec, pas de fleurs donc de graines, puis l'année suivante ça continue à grandir alors que c'est une plante annuelle ! et toujours ni fleurs ni rien, conclusion, arnaque...
Puis
Evie dit
Bonjour Christophe et merci pour cette belle leçon d'humilité !
Joël Gord dit
Magnifique conclusion!
Merisier dit
Sans oublier un perchoir pour un rapace nocturne, un couple de hérissons et accessoirement une couleuvre.
jocelyne Ancelet-Denry dit
Toujours un plaisir de vous lire quand on a le temps . Un grand merci
Colette Schwarz dit
Merci. C est toujours un plaisir de vous lire et c est bien vrai, les plantes en font à leur tête, les animaux et les bestioles aussi. Parfois on a de merveilleuses surprises et parfois on est très déçu. En vous lisant j apprends toujours beaucoup. Merci encore de nous faire part de toutes vos connaissances sur les plantes medicinales. A bientôt de vous lire et bon week end. Colette
FAUCHEUX-MATTER Marie Blanche dit
Comme d'habitude, les articles sont toujours très intéressants, y compris ceux qui déculpabilisent (quand on n'arrive pas à tout gérer au jardin ou qu'on se plante...)
J'aurai une question à poser concernant la conservation des feuilles en vue de tisanes pour l'hiver. Serait ce judicieux quand on a pas de sachets en papier kraft, de les conserver dans des sachets en coton? Encore merci .
sabine dit
bonjour Marie Blanche
oui tout à fait , il faut bien les conserver à l'abri de la lumière, sans trop de variation de température
L'Abeille Bleue dit
Coucou Marie-Blanche : avez-vous songé à réutiliser les sachets (justement en papier kraft) qui vous servent pour transporter vos légumes quand vous les achetez ) La Biocoop, Satoriz ou autre magasin bio ? Je réutilise ces sachets des dizaines de fois pour mes courses chez eux ET... pour donner des plantes à mes amis ET pour mettre mes plantes séchées aussi (tilleul, verveine etc)
Manon D. dit
Je vous remercie pour le partage de vos expériences. Elle sont très instructives et je les apprécie beaucoup. Je n'ai pas encore expérimenté le jardinage, mais je réserve cette activité pour une prochaine année.
Merci encore et félicitations pour votre travail.
Armand dit
Bonsoir Christophe
Merci beaucoup, c’est toujours un réel plaisir de vous lire.
Est il préférable de faire des bacs ou de planter et semer a même le sol ?
J’habite à 3/4 d’heure de chez vous, en plus mon terrain est plein de cailloux avec seulement 5 à 10 cm d’humus.
Je perd un temps fou à lire encore et encore des ouvrages mais je n’avance pas.
Compliqué de trouver des plantes adaptées à ce terrain.
Comment puis je faire pour gagner du temps, je m’éparpille.
Merci
Cordialement Armand
sabine dit
bonjour Armand
lorsque j'ai quitté le Sud Ouest pour le Sud Est (garrigue) (avec ma cargaison de médicinales ) je n'ai eu d'autres choix que de construire des bacs dans lesquels j'ai mis du bon terreau , en les disposant de préférence à l'ombre , ce qui m'a permis de pouvoir élever mes petites , j'ai même introduit des orties, de la consoude, du lierre terrestre ....qui se portent bien par contre je dois bcp arroser et cela me pose problème alors en parallèle je tente de nourrir une ou deux parcelles pour tenter d'avoir une terre sur laquelle puisse pousser quelque chose, du coup je vais suivre un stage de permaculture en climat méditerranéen et surtout apprendre la gestion de l'eau en climat sec ...à suivre 🙂
pascal27 dit
Bonsoir Armand. Les plantes poussent naturellement "spontanément" sur des sols qui leur "vont bien".
Quand on se situe dans des régions où les sols sont bien équilibrés en argile, limons, sable, humus (fertiles) et dont la pluviométrie est > à 70mm/an et surtout bien répartie... Tout pousse avec parfois des invasions d'insectes et de pathogènes car les plantes sont peuvent être trop luxuriantes.
Sur des sols caillouteux de peu de profondeur, souvent très faibles en argile et limons, le facteur pénalisant est l'eau et la réserve du sol en humus. Pour cultiver ces sols, il faut qu'ils soient en permanence couverts par des végétaux persistants ou des paillis (pb de mulots).
Regardez ce qui pousse spontanément dans votre jardin et essayez d'identifier la famille de ces plantes et restez dans ce cadre. Je reconnais que c'est se limiter mais quoi que vous fassiez c'est le sol et la nature qui décident.
Dans ces sols l'arrosage est utile pour les semis, les transplantations mais pas sur le long terme, vous-vous épuiserez à arroser, ces types de sols ne retiennent pas l'eau. Trop arroser peut parfois provoquer l'inverse.
Maintenant, vous pouvez améliorer votre sol (ce sera long) en apportant des couverts pailleux et permanent, des tontes de pelouse à demi séchées et laisser les plantes qui viennent naturellement installer leur système racinaire pour lier les sol arable au sous-sol ce qui favorisera la vie microbienne de votre sol et peut être des remontées d'eau par capillarité. La phacélie est une plante qui apporte de la vie dans le sol, de l'humus, un bon couvert de surface et est très mellifère... Excellent pour les sols.
Pratiquer plusieurs petites parcelles de jardin avec des temps de repos (rotation) d'au moins 2 ans pour que votre taux d'humus s'améliore pour retenir plus d'eau dans la couche arable (15 premiers cm). Faites une analyse granulométrie de votre sol pour en connaitre sa composition physique. En dessous de 10% d'argile votre sol sera plus prospère en cultures d'automne (ail, échalote...) que de printemps.
Voilà pour vous partager quelques pistes, mais le sujet est plus complexe qu'il n'y parait. Observez l'existant c'est le bon repère, puis l'évolution de nouvelles plantes spontanées (évolution)...
Cordialement, pascal27
Monica Moyse dit
Merci pour ce partage...