Jeûner et maigrir

Jeûner et maigrir

Faut-il jeûner pour perdre du poids ?

Jeûner et maigrir

Beaucoup se demandent si jeûner est une bonne stratégie pour perdre du poids. Je dirais la chose suivante: maigrir ne doit pas être la première motivation. L’objectif principal est de retrouver une énergie vitale qui a peut-être été perdue il y a bien longtemps.

Vous souvenez-vous de ce que l’on ressent lorsqu’on se lève le matin plein d’énergie, et qu’on arrive à garder cette énergie jusqu’au soir, sans baisse de vitalité et d’humeur, sans ballonnements ni problèmes de digestions ? Probablement pas.

Le jeûne vous permet de faire un grand ménage, un nettoyage de printemps, et de remettre les pendules à zéro afin de commencer une nouvelle période de votre vie, de rebâtir une santé sur des fondations solides.

Ceci étant dit, un des « bonus » du jeûne est effectivement la perte de poids. Alors parlons-en !


Jeûner et maigrir : ce que dit la science

Les études scientifiques sont très claires sur ce sujet : jeûner entraîne une perte de poids non négligeable.

Une étude(1) examine les effets du jeûne sur un groupe de 16 personnes non-obèses : 8 hommes et 8 femmes. Ces participants firent un jeûne un jour sur deux, pendant 22 jours. Un jeûne intermittent en quelque sorte.

Les résultats furent les suivants :

  • La perte de poids moyenne fut de 2,5% ;
  • La perte de masse graisseuse moyenne fut de 4%.

Une autre étude(2) examine les effets du jeûne intermittent sur des participants obèses. 16 personnes participèrent à cette étude : 4 hommes et 12 femmes. Le jeûne intermittent (un jour sur deux) dura 10 semaines. Les résultats furent les suivants :

  • La perte de poids total fut de 5,6 kg par personne en moyenne ;
  • Le pourcentage de graisse corporelle passa de 45% à 42% ;
  • Le cholestérol total, LDL et triglycérides diminuèrent de 21%, 25% et 32% respectivement ;
  • La pression artérielle systolique diminua de 12,4 à 11,6 en moyenne.

En résumé, le jeûne affecta non seulement le poids, mais aussi la régulation métabolique et la lipidémie sanguine.

Une troisième étude(3) confirme la perte de poids, en comparant le jeûne intermittent à la restriction calorique sur une période de 6 mois. En d’autre terme, est-il plus efficace de restreindre les calories d’une manière continue (le régime classique), ou de se priver à intervalles régulières (2 jours par semaine dans le cas de l’étude) ?

  • La restriction intermittente amène une perte de poids de 6,4 kg en moyenne, comparé à 5,6 kg pour le régime classique ;
  • La réduction du taux d’insuline à jeun et de la résistance à l’insuline (à la cause du diabète de type 2) est bien meilleure si la restriction est intermittente.

Inutile de citer plus d’études. Il est clair que le jeûne, sous n’importe quelle forme, amène une perte de poids notable chez la personne.

Mais vous me direz, tout ceci est évident. Si j’arrête de manger pendant une période donnée, je vais puiser dans mes réserve graisseuses et donc diminuer ma masse corporelle. Je suis d’accord avec vous, c’est une évidence. La question intéressante est la suivante :

Jeûner entraîne t’il une modification du métabolisme au delà d’une simple perte de poids ?


Jeûner et maigrir : impact métabolique

Nous rentrons dans le vif du sujet. Qu’apporte le jeûne qu’un régime classique n’arrivera pas à apporter?

Jeûner et hormone de croissance

Hélas non, jeûner ne vous fera pas grandir. Lorsque nous parlons d’hormone de croissance, nous parlons d’une hormone jouant un rôle très particulier dans la formation de nos tissus.

  • Elle favorise la construction de la masse musculaire ;
  • Elle favorise le brûlage de graisses ;

C’est donc l’une des hormones clés pour la perde de poids et le regain d’une silhouette saine.

Une étude(4) démontre que jeûner augmente le taux d’hormone de croissance en circulation sanguine, entraîne une relâche et une consommation d’acide gras, ainsi qu’une préservation des protéines (masse musculaire). Le poids perdu sera donc graisseux, sans atteinte à la masse musculaire.

On notera l’importance de cette hormone dans la régulation du poids : les études montrent que les personnes ayant une déficience en hormone de croissance finissent en général obèse.

Jeûner et taux d’insuline

Un taux d’insuline élevé de manière chronique entraîne une élévation des triglycérides sanguins et un stockage de ces triglycérides dans les cellules adipeuses. En d’autres termes, le taux d’insuline est lié à la prise de poids et de masse graisseuse en particulier.

Jeûner entraîne une diminution du taux d’insuline chez la personne ainsi qu’une augmentation de la lipolyse(1), c’est-à-dire le brûlage de graisses.

Jeûner et sensibilité à l’insuline

La réduction de la sensibilité de nos cellules à l’insuline est à l’origine du développement du diabète de type 2 (diabète noninsulinodépendant). L’insuline permet à nos cellules d’absorber et de brûler le glucose. Une trop forte consommation de glucides et de sucres pendant trop longtemps rend nos cellules résistantes à l’insuline. Après avoir été submergé par des taux d’insulines trop élevés d’une manière chronique, nos cellules sous-expriment les récepteurs à l’insuline, probablement afin de se protéger. Le glucose, au lieu d’être brûlé, est transformé par notre foie en triglycérides pour être stocké sous forme de cellules graisseuses.

Jeûner, à l’inverse, entraîne une augmentation de la sensibilité à l’insuline(5). Jeûner renverse donc cette tendance destructrice pour notre santé.


Conclusion

Jeûner entraîne donc une perte de poids nette. Mais d’autres régimes ont le même effet.

Ce qui rend le jeûne si intéressant n’est pas seulement la perte de poids. C’est le retour de nos paramètres métaboliques à des niveaux normaux, et un renversement de certaines tendances destructrices, amenant au long terme à des pathologies de type diabète.

Nous en revenons donc à l’objectif le plus important du jeûne, qui est le retour à la santé d’une manière globale.

Pour finir, n’oublions pas la chose suivante : lorsque la perte de poids n’est pas accompagnée d’un changement d’hygiène de vie, 80% des personnes reviennent à leur poids d’origine(6). C’est la raison pour laquelle un régime classique ne marchera jamais. Car il n’y a en général pas de déclic qui va avec, qui fait que nous nous remettons en cause.

Le fait de se donner le temps de jeûner, dans un endroit en retrait de notre routine de tous les jours, est une expérience plus profonde et peut amener cette remise en question d’une manière durable.


Références

(1) Heilbronn LK, Smith SR, Martin CK, Anton SD, Ravussin E. « Alternate-day fasting in nonobese subjects: effects on body weight, body composition, and energy metabolism. » Am J Clin Nutr. 2005 Jan;81(1):69-73.

(2) Varady KA, Bhutani S, Church EC, Klempel MC. « Short-term modified alternate-day fasting: a novel dietary strategy for weight loss and cardioprotection in obese adults. » Am J Clin Nutr. 2009 Nov;90(5):1138-43.

(3) Harvie MN, Pegington M, Mattson MP, Frystyk J, Dillon B, Evans G, Cuzick J, Jebb SA, Martin B, Cutler RG, Son TG, Maudsley S, Carlson OD, Egan JM, Flyvbjerg  A, Howell A. « The effects of intermittent or continuous energy restriction on weight loss and metabolic disease risk markers: a randomized trial in young overweight women. » Int J Obes (Lond). 2011 May;35(5):714-27.

(4) Moller N, Vendelbo MH, Kampmann U, Christensen B, Madsen M, Norrelund H, Jorgensen JO. « Growth hormone and protein metabolism. » Clin Nutr. 2009 Dec;28(6):597-603. Epub 2009 Sep 20.

(5) Halberg N, Henriksen M, Söderhamn N, Stallknecht B, Ploug T, Schjerling P, Dela F. Effect of intermittent fasting and refeeding on insulin action in healthy men. J Appl Physiol. 2005 Dec;99(6):2128-36.

(6) Rosenbaum M, Leibel RL. « Adaptive thermogenesis in humans. » Int J Obes (Lond). 2010 Oct;34 Suppl 1:S47-55.

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12 réponses

  1. Bonjour,
    le jeune intermittent de 16h par jour est il intéressant! j’ai l’intention de jeuner de 14h à 6h du matin cela est il une bonne solution ( pas pour maigrir, mais pour me sentir mieux dans mon corps.
    merci de votre retour

    1. bonjour Alain
      difficile à dire, c’est à vous de tenir un journal de bord et de noter ce que vous ressentez , tout dépend des personnes

  2. Bonsoir, pour avoir jeûner plusieurs fois, 1 semaine, et 11 jours au plus, à chaque reprise d’alimentation, tous les kg perdus sont revenus aussi vite. Le bénéfice a été une force psychologique, une diminution du rythme cardiaque et de la tension.
    J’ai testé ensuite le jeûne 1 jour et demi par semaine, et là j’ai pu contrôler mon poids. Le jeûne est une aventure, le livre du docteur Françoise Wilhlmi de Toledo m’a été d’un grand soutien et m’a beaucoup éclairé

  3. Bonjour Christophe,
    J’aimerais savoir ce qu’il faut entendre par jeûner pour que nos paramètres métaboliques reviennent à des niveaux normaux : est-ce un jeûne total sans nourriture ni boisson, ou un jeûne partiel, sans nourriture mais avec de l’eau ou des boissons sans calories ? Ou peut-être encore un jeûne de certains éléments tels que la viande, les protéines, etc. ?
    Quel est votre recommandation à ce sujet, sachant que le jeûne n’est pas évident lorsqu’on travaille?
    Merci d’avance.
    Bien cordialement.

    1. Bonjour Danielle,
      Les études nous disent que les bénéfices du jeune (« nettoyage au niveau cellulaire ») se font sentir lorsque le corps rentre en mode d’autophagie, et ceci n’est possible que pendant le jeune hydrique, c’est à dire jeûne total sans nourriture mais avec boissons de type tisanes / thé non caloriques (pas de jus, ni de fruits ni de légumes). Les protéines interrompent le processus d’autophagie, ainsi que les glucides. Les lipides n’ont pas l’air d’interrompre le processus (Paul Jaminet a bien décrit cela dans ses écrits du coté Américain, recommandant une salade verte – des fibres et de l’eau, les fibres étant transformées par notre flore en acides gras, accompagnée d’huile d’olive – le tout étant métabolisé en 100% lipides).

      Maintenant, entre le noir et le blanc, il y a plusieurs niveaux de gris. Le jeune intermittent par exemple (ne pas manger pendant 1 jour chaque semaine) semble fournir certains avantages – pas autant que le jeune hydrique qui dure entre 7 et 10 jours.

      Mais les recherches à ce sujet sont relativement nouvelles. Il n’y a pas encore de paramètres bien établis. Je pense que c’est à chacun d’expérimenter, en commençant par 1 jour, puis 3 jours, puis plus si voulu. Quelles améliorations ces premières expériences apportent-elles sur le bien être, la personne est-elle prête à continuer l’expérience, etc.

  4. Bonjour, je suis étudiant en naturopathie, à la Rochelle, j’ai déjà jeuné 1 semaine en étant encadré et y ai trouvé beaucoup de bienfaits, une prise de conscience au niveau alimentaire, et aussi un changement au niveau des goûts (moins de gout pour le sucré, plus pour certains légumes crus par exemple) comme si le corps se remettait de ses « émotions » et retrouvait une certaine lucidité gustative.
    j’ai une question par rapport au diabète, si j’ai bien compris jeuner diminue la résistance à l’insuline, donc pourrait être très conseillé aux pré-diabétiques. Pourtant, dans votre autre article sur le jeune, vous dites qu’une des principales contre -indication est justement le diabète.
    où se situe alors la limite pour conseiller une cure de jeune ou tout du moins un jeune intermittent ?
    cordialement

    1. Bonjour Florent,
      Excellente question. Le jeune est un outil excellent pour ce que l’on appelle le syndrôme métabolique, ou le pré-diabète non-insulinodépendant. Dans cette phase de résistance à l’insuline sans diabète déclaré, le jeune peut effectivement être utile pour redonner la sensibilité aux cellules. Par contre, lorsque diabète déclaré et médicamentation pour réguler la glycémie, la personne peut effectivement tomber en hypoglycémie et même coma, car les médicaments supposent qu’il y a consommation de nourriture.

      1. Bonjour Christophe,
        est ce que il y a des recherches sur le comportement du corps au niveau du stockage cellulaire après une période de jeune? Est ce que il n’y aurait pas une mémoire cellulaire de stress et de privation qui fait que en amenant à nouveau des nutriments ils sont de suite stoqués en vue d’une nouvelle période « maigre? » J’ai pratiqué le jeune et en ai ressenti les bienfaits mais cette question m’intrigue et depuis j’en n’ai pas refait….

        1. Bonjour Monica,
          Je n’ai rien trouvé sur le sujet. Basé sur mes observations très qualitatives (donc à prendre avec un grain de sel), il se passe 2 choses pendant et après un jeune :
          – la personne traverse une période de remise en question qui fait qu’après le jeune, cette personne devient (du moins pendant une certaine période) plus selective avec ce qui passe dans sa bouche, elle fait du ménage
          – il me semble, là encore très qualitatif comme observation, que le métabolisme après un jeune semble mieux tourner. Meilleure gestion de la glycémie, meilleure utilisation des nutriments.
          Donc… dans l’ensemble, il me semble qu’il y a des petits changements durables qui font que la personne est mieux capable de gérer son poids après un jeûne.

          1. Merci pour ta réponse Christophe,
            ce que tu dis me parle, en effet concernant la façon d’ appréhender sa propre nutrition, sauf si en effet c’est utilisé comme excuse pour faire des excès par la suite car ‘ de toute façon on jeune après ».Il faut quand même vraiment y mettre de la conscience. Par contre je me rappelle qu’une fois j’avais fait une semaine de « repos digestif  » pendant laquelle je ne buvais que des jus de légumes et par la suite j’avais pris du poids…..1-2kg…..d’ou mon questionnement par rapport aux mécanismes d’adaptation du corps quand on le met en situation de stress

            1. Cela reste une bonne question. De plus, certains jus de légumes peuvent être très glycémiques. Donc en fait, on fait un repos digestif vu qu’on écarte tous les aliments qui sont denses d’une manière calorique. Par contre, on se retrouve parfois avec beaucoup de sucre sans le savoir, sucre qui n’est pas associé aux fibres car sous forme de jus, donc absorbé d’une manière très rapide. Ceci peut effectivement mettre le corps en état de stress. Note la cascade suivante :
              – grand verre de jus glycémique (disons pommes, carottes, et autres fruits par exemple)
              – pic d’insuline avec hypercompensation
              – hypoglycémie réactionnelle
              – sécrétion de cortisol pour libérer le glucose stocké sous forme de glycogène (= STRESS !)

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