Karkade (Hibiscus sabdariffa)

Karkadé (Hibiscus sabdariffa)


Cet article est paru dans le magazine Plantes & Santé


Rares sont les plantes médicinales qui sont à la fois magnifiques au jardin, succulentes dans la tasse et grandement efficaces d’un point de vue thérapeutique. Le karkadé, ou Hibiscus sabdariffa, fait partie de ce cercle très fermé. N’hésitez pas à solliciter ses services au jardin.

Une boisson thérapeutique

Le karkadé (Hibiscus sabdariffa), ou oseille de Guinée, a la faculté de transformer l’eau plate en un breuvage rafraîchissant appelé bissap (lire la recette ci-dessous), boisson traditionnelle du Sénégal. Ce type d’hibiscus contient des composants antibactériens et antifongiques actifs contre certains pathogènes responsables des infections urinaires. Si vous souffrez de cystites récurrentes, prenez chaque jour en prévention une infusion.

Le karkadé se révèle aussi intéressant d’un point de vue cardiovasculaire. En infusion, il fait baisser la pression artérielle systolique et diastolique. De plus, des études sur les animaux montrent qu’il fait diminuer le cholestérol LDL et les triglycérides sanguins, sans affecter le HDL (le bon cholestérol). Enfin, les calices rouges contiennent de puissants antioxydants, les anthocyanes.

Au jardin

À ma connaissance, le karkadé n’est pas une plante classique des jardineries. Il faudra donc la démarrer de graines. La graine est grosse et doit être scarifiée. Prenez chaque graine et entaillez-la délicatement à l’aide d’un cutter. Vous allez couper l’enveloppe externe marron à un seul endroit afin que l’eau puisse pénétrer dans les couches inférieures. Vous allez ensuite planter directement en godet ou en pot si la destination finale est le balcon.

Remplissez vos godets d’un bon terreau de plantation puis faites un trou d’environ 1 à 1,5 cm de profondeur. Selon la fraîcheur de la graine, je vous conseille d’en placer une à trois par trou, ce qu’on appelle un « semis en poquet », afin de garantir la germination d’au moins une plantule par godet. Si toutes les graines germent, éclaircissez et n’en gardez qu’une par godet.

Karkadé (Hibiscus sabdariffa)

La plantule est relativement fragile dans les premières semaines de croissance. Les chenilles et limaces sont des prédateurs classiques, même dans une serre. Surveillez vos plantules. Si vous voyez des feuilles grignotées, recherchez la présence de limaces. Si vous plantez trop tôt, un vent fort peut casser la tige principale. Attendez donc que la plantule ait une quinzaine de centimètres de haut avant de la passer en pleine terre.

La plante peut devenir très grosse. Il convient donc de séparer les plants d’au moins 40 cm les uns des autres.

La plante apprécie une exposition plein soleil dans une terre relativement riche, qui draine bien. N’hésitez pas à déposer une couche de compost à son pied, qui sera incorporé à la terre avec les arrosages successifs. Un arrosage régulier donnera des plants plus vigoureux. À nos latitudes, la plante est annuelle. Récupérez les graines pour le printemps suivant.

Ramasse et séchage

Une fois que la fleur de karkadé fane, les pétales tombent, mais le calice rouge vif reste sur la plante. Détachez-le et faites-le sécher sur une grille à l’abri de la lumière dans un endroit bien aéré (grignotez un sépale au passage, c’est délicieux).

Vous pouvez aussi procéder en laissant les calices sur les tiges, puis en coupant les tiges entières en fin de saison. Faites-en un bouquet que vous suspendez la tête en bas. Une fois secs, détachez les calices. Notez que les feuilles peuvent être conservées pour des infusions agréables bien que moins goûteuses que les calices.

Une fois secs, conservez les calices dans des sacs en papier. Vous êtes prêt pour confectionner un bissap!

Karkadé (Hibiscus sabdariffa)

À l’atelier : Bissap rafraîchissant

Cette boisson rouge vif d’origine sénégalaise fait toujours le bonheur des invités, en particulier lorsqu’elle est servie pendant les journées les plus chaudes de l’été, accompagnée de quelques glaçons. Voici comment la préparer.

Ingrédients :

  • 2 litres d’eau
  • 50 g de calices de karkadé
  • 4 branches de feuilles de menthe poivrée
  • 1 c. à soupe d’hydrolat de fleurs d’oranger
  • 2 à 4 sachets de sucre vanillé.

Préparation :

  1. Les calices peuvent parfois contenir un peu de sable, auquel cas il est conseillé de les faire prétremper dans de l’eau froide et de bien les remuer. Pour savoir s’ils contiennent du sable, prendre quelques sépales et les mâcher. Le goût est très agréable. Si cela craque sous la dent, un petit nettoyage est nécessaire.
  2. Placer les 2 litres d’eau froide dans une grande casserole avec les calices et porter à ébullition. Faire frémir pendant cinq minutes à couvert.
  3. Arrêter le gaz, soulever le couvercle et rajouter la menthe poivrée. Laisser refroidir.
  4. Filtrer le liquide refroidi, rajouter l’hydrolat de fleurs d’oranger et le sucre si désiré.
  5. Mettre en bouteille et conserver au frais au réfrigérateur.

Pour plus d’effet, vous pouvez presser le jus d’un citron vert et tremper les rebords de vos verres dedans, puis les passer dans un peu de rapadura (à base de canne à sucre) avant de les mettre au congélateur.

Sortez les verres juste avant de servir, versez le bissap, ajoutez éventuellement un ou deux glaçons et décorez d’une ou deux feuilles de menthe poivrée fraîchement cueillie.

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32 réponses

  1. Merci. C’est très instructif.
    J’avais aussi lu quelque part que l’hibiscus pouvait être utilisée pour des règles douloureuses.
    Merci d’avance

  2. Les fleurs d’althea (Hibiscus syriacus) aussi appelé mauve arbustive ont-elles des propriétés similaires à celles de la Mauve ?

    1. bonjour Gérard
      oui les fleurs d’Hibiscus syriacus sont comestibles et des propriétés similaires aux fleurs de mauve

  3. Bonjour Christophe,

    Comme toujours super vidéo, merci.

    Par contre, je suis surprise que tu (ou vous, peut-être ; je ne sais pas si on peut se tutoyer ?…) 🙂 ne parles pas de la fleur.
    J’ai vécu 14 ans en Allemagne et la tisane culte est celle du cynorrhodon avec fleur d’hibiscus (Hagebuttentee mit Hibiskus), considéré comme duo dynamique ; elle se boit le soir au cours du repas, tellement elle est agréable, mais aussi lors de coups de froid, car bourrée de vitamine C.
    Dans les hôpitaux elle est servie à volonté aux malades, pour aider à la convalescence, car elle booste le système immunitaire.

    Comme j’avais lu un article précisant que la vitamine C (entre autres) aidait à combattre le virus, je me suis même demandé si la tisane ne pouvait aussi avoir eu un impact sur le nombre de morts dues au Covid-19, car le nombre de cas est plus élevé qu’en France, mais le nombre de morts est vraiment moindre.
    Tu en penses quoi ? Ça pourrait être un facteur d’incidence positive ?

    Après recherche sur le net, ça me semble assez difficile de trouver des graines ou des plants bio, aurais-tu éventuellement une adresse à nous donner ?

    Merci à l’avance et bonne journée.

    Dominique

  4. Bonjour,
    J’achète des « groseilles peyi » aux Antilles. Je les ramène donc fraîches. J’en fais des jus, des gelées, du sirop.
    Peut-on congeler les calices ou doit on plutôt congeler le jus?

  5. Bonjour, j’ai lancé une petite culture de karkadé. combien de temps après floraison cueille-t-on le calice? j’ai vu sur le net qu’il fallait « décalicer » avant séchage, est-ce indispensable? merci

    1. Bonjour Stéphane
      je vous invite à relire l’article 🙂 voici ce que Christophe explique concernant la cueillette
      « Une fois que la fleur de karkadé fane, les pétales tombent, mais le calice rouge vif reste sur la plante. Détachez-le et faites-le sécher sur une grille à l’abri de la lumière dans un endroit bien aéré (grignotez un sépale au passage, c’est délicieux).Vous pouvez aussi procéder en laissant les calices sur les tiges, puis en coupant les tiges entières en fin de saison. Faites-en un bouquet que vous suspendez la tête en bas. Une fois secs, détachez les calices. Notez que les feuilles peuvent être conservées pour des infusions agréables bien que moins goûteuses que les calices.
      Une fois secs, conservez les calices dans des sacs en papier. Vous êtes prêt pour confectionner un bissap! »

      1. Bonjour, ma question était peut-être mal tournée… lorsqu’on cherche « culture bissap » dans un moteur de recherche on tombe rapidement sur un manuel de culture au Sénégal (malheureusement pas en bio!): il est préconisé d’enlever le coeur du calice avec une « écorcheuse de calice » avant séchage. Cela facilite-t-il le séchage ou apporte un gain qualitatif? J’observe mes plants, qui fleurissent depuis un mois environ (sous une serre tunnel): les pétales ont tendance à rester accrochés lorsque la fleur fane engendrant une moisissure du coeur du calice s’il ne sont pas retirés, certainement dû à l’hygrométrie élevée en fin de saison. Les premières fleurs forment une « capsule » qui grossit où se développent les graines, certes le calice est plus gros pour la récolte mais est-il aussi qualitatif? d’où ma question sur le délai optimal de récolte après floraison. Merci. Cordialement,

        1. Bonjour Stéphane,
          En général, pour ce type de conseil de récolte, c’est souvent une histoire de faciliter la transformation.
          Effectivement chez moi avec le temps sec et la culture en extérieur je n’ai pas ce type de problème, mais vu votre humidité, j’arrive à voir la complexité. Donc si je comprends bien, l’idée ici serait de détacher les sépales de l’ovaire (capsule contenant les graines) ? Effectivement, vu que ce que l’on vous vend sur le marché ce sont les sépales sans le coeur, cela me semble logique. Cette opération est probablement faite au moment où les sépales sont les plus grosses et juteuses (vu que tout ceci est vendu au poids).
          En revanche, de là à vous donner le délai optimal, je ne pourrais pas vous dire, je me concentre sur un jardinage à petite échelle et je ne systématise pas vraiment ce que je fais.
          Bon du coup je ne sais même pas si j’ai répondu à la question 🙂

  6. Peux t on faire une infusion avec les fleurs fraiches . Ou faut il les laisser sécher.
    On m a offert des graines au printemps, je les ai fait germé dans un peu de coton bio humide, elles ont germé très facilement. Mes plants ressemblent à des buissons, pleins de petits calices et de fleurs jaunes ou roses

  7. Bonjour,
    Je souhaiterais acheter des graines de hibiscus Roselle (Sardariffa). Pourriez-vous m’orienter vers un vendeur. Livraison sur l’Ile de la Réunion.
    REMERCIEMENT

    1. Bonsoir Jean Claude
      désolée mais nous ne savons pas où en trouver, dès que j’ai des infos fiables je reviens vers vous

    2. Je commande mes graines sur EBAY, il y a deux vendeurs qui en proposent à des prix très raisonnables.

  8. Bonjour,
    J’ai un hibiscus syriacus dans mon jardin. Est ce que je peux l’utiliser de la même manière que le karkade? en d’autre termes, est ce que toutes les variétés d’hibiscus ont les même propriétés médicinales?
    Je vous remercie de votre réponse

    1. Bonjour Carine,
      Non cet hibiscus n’aura pas l’acidité et la richesse en pigments du karkade. Toutes les variétés n’ont pas les mêmes propriétés médicinales, bien que en principe, la fleur est au minimum mucilagineuse et adoucissante.

  9. Bonjour,
    Je rêve d avoir un tel hibiscus dans mon petit appartement, ne serait ce que pour préparer mon Tonique hydratant au gel de lin ( que je prépare moi même), pour visage et cheveux….une pure merveille pour leur beauté!
    Avez vous une boutique où je pourrais vous acheter une dizaine de graines?
    Merci d avance

    1. Bonjour Lucile,
      Je suis impressionnée par votre commentaire, vos préparations sont elles réalisable par … une néophyte comme moi? Je me lance dans quelques préparations ( retour au Naturel) j’aimerai, si cela est possible, que vous me communiquiez vos « recettes » afin que je puisse élargir mes connaissances. Je vous en remercie d’avance .

      1. Bonjour Marie,
        C’est avec plaisir que je vous transmets ce beau savoir faire 100% BIO du gel de lin, avec la video d’alys boucher (je vous conseille vivement de faire un tour sur son excellente chaine youtube qui vous ravira si vous souhaitez vous lancer dans la cosmétique faite maison!)

        https://www.youtube.com/watch?v=VWmOcwTPZXs

        NB: je vous conseille la methode à froid afin de conserver toutes les vertus du gel de lin et des fleurs d’hibiscus séchées (karkade) dont vous aurez ajouté une bonne cuillère à soupe avec les graines de lin. Le tout infusera donc toute la nuit, l’ideal c’est 24 heures.

        Bonne préparation,
        Lucile

        1. Merci beaucoup Lucile pour ce lien sur la fabrication du gel de lin!!!
          Simple, facile et efficace, à faire tourner absolument!
          A bientôt
          Christine

  10. Bonjour Christophe,

    J’en prépare dès qu’il fait chaud. La menthe donne une sensation de fraicheur mais je l’ai supprimée car, à mon goût, elle marque trop le parfum de l’infusion. En ce moment, je fais bouillir 4mn dans un litre d’eau quelques fruits secs (pas trop pour ne pas trop sucrer: par exemple, 2 à 3 pruneaux, 2 abricots, 1 figue et une cuillère à soupe de raisins), je rajoute le karkadé et fais bouilloter 1mn de plus puis laisse refroidir le tout à couvert; Ensuite je filtre , garde les fruits pour mon quatre heures (ou autre) et conserve le jus au frais dans une bouteille. Ravigotant à souhait.
    je te souhaite un bel été;

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