Interview de Thomas Echantillac "le Guide de bonnes pratiques de cueillette de plantes sauvages" : (abonnez-vous au podcast ici)
Oui, je sais, la version PDF est disponible gratuitement.
Mais lorsque vous verrez le travail fourni, je pense que vous serez d'accord avec moi :
Donnons-leur un coup de pouce (en allant ici) !
Bonjour, je suis aujourd’hui avec Thomas Echantillac de l’Association Française des professionnels de la Cueillette et on va parler d’un nouveau guide : le "Guide de bonnes pratiques de cueillette de plantes sauvages" qui est disponible dès maintenant. J’ai envie de l’appeler « le guide ultime de la cueillette » pour le cueilleur professionnel, mais aussi pour le cueilleur amateur. J’ai eu la chance de l’avoir en ma possession. Je l’ai lu de la première page à la dernière page et j’ai été complètement impressionné par le travail titanesque. D’ailleurs, juste avant qu’on commence à enregistrer, Thomas m’a dit « Est-ce que tu as été surpris par ce que tu as vu dans ce guide ? » et en toute franchise, j’ai été très surpris par la profondeur du sujet. Ça m’a ouvert les yeux sur pas mal de choses, y compris le métier de cueilleur professionnel et toute la complexité qui va avec, mais aussi le travail qui est investi dans ce guide.
C'est un magnifique ouvrage, bien illustré, et surtout rempli de conseils essentiels pour préserver la ressource. Ce guide, que j'ai dévoré de la première à la dernière page, m'a fait réaliser les opportunités et les défis auxquels doivent faire face les cueilleurs professionnels aujourd'hui. C'est l'objet de cette courte discussion avec Thomas Echantillac. Œuvrons dans la connaissance, faisons confiance à ceux qui vivent de ce métier et ont fait tout ce travail (titanesque) de réflexion pour nous. Et surtout, soutenons-les en achetant le guide ! Nous avons besoin d'eux.
Vous pouvez trouver ce guide ici : http://www.cueillettes-pro.org/GUIDE-DE-BONNES-PRATIQUES-431.html
Bienvenue dans cette discussion.
Merci.
La première question que j’avais pour toi Thomas, parce que c’est un travail absolument titanesque, c’est combien de personnes il a fallu pour produire ce guide ?
Il a fallu un paquet de temps et un paquet de personnes. Je n’ai pas compté précisément, mais facilement une trentaine de personnes. Un noyau dur de rédacteurs d’une quinzaine de personnes et après, on a fait appel à des rédacteurs complémentaires. Beaucoup de relecteurs aussi pour compléter les informations. C’est un document sur lequel on réfléchit depuis plusieurs années et on a commencé à mettre les idées dans l’ordre ces deux dernières années. Ça nous a pris deux ans à mettre beaucoup d’énergie à plusieurs et en faisant quelques réunions.
D’ailleurs, il y a deux personnes au début du guide, des contributeurs, je pense, avec deux passés assez conséquents.
C’est ça.
Un guide super ludique avec des petites bandes-dessinées, pas mal de dessins, d’illustrations.
Oui, on a essayé de faire quelque chose qui soit accessible à tous les cueilleurs, parce que l’AFC s’adresse à tous les cueilleurs qui font de la cueillette professionnelle, c’est-à-dire des gens qui tirent un revenu non-négligeable de leur activité de cueillette professionnelle. Et c’est la première version, donc ce n’est pas le guide ultime.
Ah ! Il y aura une version 2.0, c’est ça ?
Il y aura certainement des améliorations et des compléments qui auront lieu par la suite.
D’accord. Qui viendront probablement des cueilleurs qui ont commencé à utiliser ce guide, je suppose qui auront des retours pour vous ?
Exactement.
Un des sujets qui est soulevé par ce guide, c’est la préservation de la ressource. Et dans le guide, vous expliquez cette tension aujourd’hui, entre la demande grandissante, je pense, des consommateurs de plantes médicinales, entre le besoin d’être profitable, de gagner sa vie et aussi, toujours pareil, préserver les ressources. Est-ce que dans ce guide, on commence à trouver des outils qui nous aident à structurer cette réflexion ? Comment arriver à allier les deux ? Comment arriver à en faire un métier, à gagner sa vie, à préserver les ressources aussi ?
C’est la thématique principale qui anime l’association des cueilleurs de plantes sauvages, donc bien sûr, dans ce document, on va trouver toutes les solutions auxquelles on a pu réfléchir, et même les réflexions qui n’ont pas encore abouti à des solutions. Parce que souvent, on apporte des éléments de réponse, mais c’est tellement au cas par cas, qu’il faut s’approprier les problématiques pour trouver les solutions dans son propre cas.
C’est vrai. C’est une des discussions qui nous préoccupent le plus ces prochaines années. On espère arriver à allier les deux. Une question que j’avais pour toi, c’est « Est-ce que ce guide a aussi beaucoup de valeur pour le cueilleur amateur ? » Je me suis fait ma propre réponse, je suis convaincu que oui. Est-ce qu’il n’y a pas un souci aussi et on en a déjà discuté, que si tout le monde se met à cueillir, c’est un modèle qui devient vite insoutenable ? Est-ce que le cueilleur amateur va trouver les bonnes pratiques nécessaires aujourd’hui, à ce que l’on fasse une cueillette dans le respect du végétal ? Même si on est amateur, est-ce que l’on va pouvoir bénéficier de ce guide ?
C’est vrai que ce guide a été conçu pour le professionnel avec le cadre législatif français sur le territoire métropolitain, donc il peut être lu par un amateur, il va trouver toutes les réflexions nécessaires dans cette démarche de cueillette. Après, je pense qu’au niveau de l’association, on va se concentrer à faire des documents plus spécifiquement pour les cueilleurs amateurs. Pas qu’ils soient forcément plus allégés, mais qui peut-être, se posent d’autres questions et qui seront complémentaires.
D’accord. Ce Guide de bonnes pratiques de cueillette de plantes sauvages, c’est le départ d’une initiative de l’association, qui va, par la suite, produire beaucoup plus de ressources.
Voilà.
Quelque chose qui m’a impressionné et que je n’avais jamais réalisé, c’est le travail que le cueilleur va faire sur le site de cueillette particulier. Vous vous organisez, ça peut paraître logique, par sites.
Oui.
Un cueilleur peut s’occuper de plusieurs sites et il faut vraiment utiliser ce terme de s’occuper ou même de gérer. Il y a ce sentiment de s’investir dans un site, de le suivre au fil du temps, de voir comment il évolue et de le préserver. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu plus de cette relation entre le cueilleur et son site ? J’ai trouvé ça marrant.
C’est une des clés de la gestion de la ressource. C’est-à-dire que quand on va fréquenter un site pour aller cueillir dessus, on n’est pas les seuls à intervenir, ce n’est pas comme dans un jardin que l’on va entretenir du 1er janvier au 31 décembre. Là, on intervient une ou deux fois dans l’année et si on fait juste ça, on risque de perdre cette relation qui existe même si elle est selon le cueilleur, selon le site. Elle peut être plus ou moins intense.
Ce que l’on peut voir, c’est qu’un site de cueillette, c’est quelque chose de vivant qui évolue au fil du temps, et même dans le guide, vous citez quelques exemples. Par exemple, après un débroussaillage, des feux ou une coupe, on va avoir certains types de végétations qui vont peu à peu se retransformer en végétation un petit peu plus ligneuse et évoluer, au fil du temps, on l’espère, vers des arbres et un retour à la forêt. Un cueilleur peut rester sur ce site ? Comment ça se passe ?
Une autre clé de la cueillette, je dirais, c’est l’observation. L’observation, elle nous permet de comprendre où on intervient et elle se fait à différents niveaux. Elle se fait au niveau du paysage, au niveau du site, au niveau des individus, des plantes, des saisons, etc. C’est en fréquentant les lieux que l’on va apprendre son site et que l’on peut s’adapter à lui. Par rapport aux plantes, les sites sont en perpétuelle évolution. On n’a pas de forêt primaire par exemple en France, parce qu’on a des activités humaines un peu partout, qu’elles soient actuelles ou qu’elles aient été passées. Du coup, les plantes que l’on va rencontrer sont dans une logique d’évolution végétale. Ce qui fait que c’est un site de cueillette, c’est qu’il y a une concentration importante de la plante qui nous intéresse et il y a peut-être des facteurs particuliers qui font que cette concentration, on la trouve ici et pas ailleurs.
Oui, donc un cueilleur peut avoir différents sites, à différents stades de végétations et chacun va apporter un certain type de plante.
Voilà.
Et le cueilleur va suivre tous ces sites avec intérêt, voir qu’il n’est pas trop cueilli à tel et tel endroit, toujours avoir des sites d’avance pour ne pas abîmer.
Voilà. Après, il y a des différents profils de cueilleurs. Il y a des personnes qui vont cueillir autour de chez elles, qui vont avoir une dizaine de sites et qui vont très bien les connaître. Il y a des personnes qui vont cueillir des centaines de plantes dans l’année et qui ont une variété de sites telle, qu’ils ne pourront pas les suivre de manière aussi fine. Ce qui ne les empêche pas d’avoir ce lien avec les sites, de les connaître et d’avoir aussi l’intuition parfois, de ce qui se passe dessus.
D’accord. Autre chose qui m’a surpris, c’est le travail que le cueilleur va faire avec toute une équipe d’individus, qui participent à l’évolution de ce site. Il peut y avoir les services des forêts, il peut y avoir des gens qui s’occupent des feux, des bergers.
On part en cueillette, on a l’impression d’être seul dans la nature, de s’immerger dans un cadre qui est différent et peut-être même de s’isoler de la société et en fait, on arrive sur une propriété privée, sur un lieu qui peut avoir d’autres usages que ce soit la chasse, l’agriculture, la sylviculture, du tourisme, pourquoi pas, etc. Forcément, il y a d’autres intervenants. Certainement pas le même jour, mais ce sont des personnes avec lesquelles on devrait être en contact.
Il y a cette notion d’être un bon citoyen qui fait partie de cette équipe locale et tout le monde arrive à cohabiter. Il y a une phrase qui m’a beaucoup marqué, elle est tirée du guide, je vais vous la lire. « Sur son territoire, le cueilleur connaît les milieux ; les propriétaires ; les voisins ; les agriculteurs ; les forestiers ; les autres cueilleurs – parce que l’on peut être plusieurs cueilleurs sur le même site de cueillette – les anciens qui connaissent l’historique des plantes, les vieux bâtiments peut-être, tout ce tissu local. » Le cueilleur est connecté à toute cette équipe et à cette notion d’être un bon citoyen du site et de coopérer avec tous ces gens.
Et de s’intégrer dans le paysage local.
Oui, de s’intégrer dans le paysage local. À une époque où on prône le retour au contact humain et à un petit groupe local de gens qui se connaissent tous, c’est une chouette image que vous véhiculez dans le guide. Est-ce que tu pourrais un petit peu nous décrire la partie « fiches pratiques » du guide ? Qu’est-ce que vous avez mis dans cette partie ?
Je vais reprendre la structure. On a fait quatre parties. On s’est concentrés dès le départ sur ce qui est devenu la deuxième partie, le chapitre deux, finalement, sur les différentes étapes que va parcourir le cueilleur pour aller cueillir. Quand on s’est penchés sur toutes ces étapes, ça nous a posé beaucoup de questions. On s’est posé beaucoup de questions. Du coup, on a décortiqué tout le travail du cueilleur. On a intégré des concepts qui sont dans la première partie. On a fait la première partie aussi avec tout ce qui est gestion de la ressource. Quelle stratégie on peut mettre en place gérer un site de cueillette, pour gérer la ressource en question ? Et il y a tout un tas de questions, on s’est dit, « Comment on les traite ? Si on les traite dans le guide, ça sera illisible. » On a fait des focus pour tout ce qui est très pratique. On a fait des fiches méthode thématiques, qui correspondent à chacune des étapes du chapitre deux. Ensuite, il y a les questions supplémentaires que l’on a traitées en focus thématique, qui ne sont pas indispensables pour le cueilleur, mais qui sont des réflexions très intéressantes, connexes, qui peuvent aussi apporter des éléments d’information pour comprendre où le cueilleur intervient.
Je vais vous donner un ou deux exemples de ces fiches pratiques. Il y a par exemple une fiche avec une demande d’autorisation pour cueillir sur le site. Ça peut paraître simple, mais c’est vachement pratique d’avoir une lettre modèle. Tous les outils du cueilleur sont dessinés avec les termes techniques. C’est très pratique ! Je ne l’avais jamais vu ailleurs dans d’autres guides. Ce guide est disponible dès maintenant.
Voilà.
Qu’est-ce que l’on fait avec ce Guide de bonnes pratiques de cueillette de plantes sauvages ? On peut acheter ce guide, parce que l’on est cueilleur professionnel. On peut acheter ce guide parce que l’on est cueilleur amateur et on s’intéresse à une cueillette éthique. On devrait tous le faire. Et on achète ce guide parce qu’on a envie de soutenir l’Association Française des professionnels de la Cueillette aussi. Je pense que ça fait trois bonnes raisons de devenir membre et d’acheter ce guide. Peut-être que comme tu disais, pour le cueilleur plus amateur, il y aura d’autres documents, d’autres versions à venir.
Tout à fait. C’est un document qui fait plus de 200 pages. C’est un véritable manuel pour la cueillette de plantes sauvages et j’espère qu’il servira à beaucoup de personnes.
Absolument. Un très joli guide avec des petites bandes-dessinées et avec des très jolis dessins en couleur. C’est super bien illustré et très ludique, j’ai beaucoup apprécié. On souhaite plein de succès à ce guide. Merci Thomas.
Merci Christophe.
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NATHALIE MOREL dit
Merci Christophe et Thomas pour cette présentation très intéressante. Il faut vraiment que nous prenions conscience de l'importance de bien gérer nos cueillettes même et surtout les amateurs
Hervé GOURIOU dit
bonjour Christophe, Une fois n'est pas coutume, mais comme nous avons toujours la liberté de nous exprimer je me permets de jouer les troublions et dire que je ne suis pas personnellement preneur de ce nouveau Guide, qui nous explique comment pratiquer nos prospections, découvertes de plantes sauvages et leurs cueillettes, qui plus est avec tout un attirail du parfait petit cueilleur... Personnellement donc, j'ai été à votre école et à l'occasion je relis mes cours sur votre blog : https://www.altheaprovence.com/cueillette-plantes-medicinales-securite-ethique/#more-1858 , et tous vos conseils dispensés à ce sujet, très complets, me suffisent largement ainsi que beaucoup d'autres dans lesquels je pioche la culture et le jardinage pour une une production locale... Désolé de ramer à contre courant mais j'estime avoir été entre d'excellentes mains, les vôtres, que ce soit pour ces cueillettes, mais également pour le stockage et les techniques d' utilisations des plantes médicinales sauvages ou cultivées...
sabine dit
bonjour Hervé 🙂 ravie de vous lire