Si vous vous êtes lancé dans l’utilisation des plantes médicinales pour vos petits déséquilibres de santé, vous avez peut-être déjà rencontré des bosses sur la route. La santé est loin d’être un long fleuve tranquille.

Je vais continuer sur la lancée de mon article sur l’art de la formulation dans lequel je vous ai expliqué la méthode à utiliser pour composer vos propres mélanges. Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous conseille de commencer avec.

Dans cet article, je vous explique que faire si le mélange que vous vous êtes concocté vous provoque des effets indésirables. Et oui, cela peut arriver. On a des problèmes de migraines, on se crée un mélange bien ficelé, tout correspond et s’accorde avec les différents livres que l’on a achetés. Mais voila, les migraines s’aggravent…

Ou alors on a des problèmes d’eczéma, on prend un mélange qui était censé régler les choses et les plaques ressortent de plus belle.

Sans parler du mélange anti-acné que vous avez forcé votre adolescent à ingurgiter et qui provoque une belle éclosion de boutons juste avant la méga-soirée chez Jules (Jules étant le gars branché du lycée, entre parenthèse). Votre ado est actuellement enfermé dans sa chambre et vous fera la tête pendant environ trois siècles.

Que faire ?

NOTE : si vous voulez être « pris par la main » pour ce genre de réflexion, je vous recommande mon programme Introduction à la pratique de l’herbalisme dans lequel on définit toutes ces bases essentielles de la pratique.

La fameuse « crise de guérison »

Vous avez entendu cette expression. Si les choses s’empirent les premiers jours, c’est bon signe. Les anciens disaient « c’est le mal qui sort ». OK, une petite aggravation temporaire, cela peut arriver, mais il faut très rapidement voir un retournement de situation et une progression vers le mieux-être. Sinon il y a quelque chose qui ne vous réussit pas dans ce mélange.

Ne pas confondre « crise de guérison » et « association mal choisie de plantes« . Pas pareil.

Autorisez-vous au maximum 2 à 3 jours de désagréments. Si cela continue au-delà, faites une pause et reconsidérez votre sélection de plante. Dans mon expérience, ceci est un signe que le mélange est mal adapté à votre terrain et/ou à votre situation.

Remise-à-zéro

Lorsque cette situation se présente et que les choses ne vont toujours pas mieux au bout de 2 ou 3 jours, on va appuyer sur le bouton « remise à zéro ».

Reset. Un CTRL + ALT + DEL pour les amoureux de microsoft. Oui, je sais, ma partie geek prend parfois le clavier. Excusez-la.

Bref, vous m’avez compris, on retourne au tableau blanc pour réfléchir. Et pour continuer l’analogie avec l’informatique, voici un petit algorithme pour reprendre la situation en main.

Etape 1 : mettre le protocole en pause

Dans cette première étape, vous allez stopper tout ce que vous avez introduit depuis que les effets indésirables sont arrivés. Parfois c’est une plante, parfois c’est un complément alimentaire. Peu importe, vous arrêtez tout.

Etape 2 : attendre d’être de retour à un état stable

Attendez de voir disparaitre les effets indésirables qui sont apparus avec les plantes. Il faut revenir à votre « état stable », même si cet état n’est pas vraiment un état de santé. Peut-être il y avait un eczéma avant la prise de plantes et sur une échelle de 1 à 10 vous l’estimiez à 4. Avec les plantes, vous êtes passé à 6. Votre objectif est d’attendre de revenir à 4 avant de passer à l’étape suivante.

Etape 3 : identifier les plantes qui ont une action sur le foie

Et oui, ce sont souvent ces plantes là qui secouent un peu trop le système. Forcer le foie à éliminer les déchets du corps est toujours une bonne chose, mais parfois cela peut provoquer quelques irritations ici et là.

Imaginons par exemple que le mélange à infusion/décoction que vous avez essayé pour votre eczéma est le suivant. Ceci est pour un litre, à boire dans la journée (notez bien : ceci est juste un exemple, pas la formule miracle pour un eczéma).

• Matricaire (Matricaria recutita), 10 g/L, car vous avez identifié une cause digestive potentielle à votre eczéma
• Passiflore (Passiflora incarnata), 10 g/L, car vous avez noté que l’anxiété et le stress influent sur votre situation
• Trèfle rouge (Trifolium pratense), 5 g/L, car vous avez l’impression que depuis la ménopause, votre peau est plus sèche et ceci aggrave l’eczéma
• Bardane (Arctium lappa), 15 g/L, car c’est une dépurative qui est traditionnellement utilisée pour les problèmes de peau

On regarde cette liste et on surligne les plantes qui agissent comme dépuratives du foie. Il y en a une ici : c’est la bardane. On l’enlève et on re-teste le mélange sans la bardane.

Il est fort probable que le mélange soit maintenant bien accepté et qu’il commence à fournir du soulagement.

Que faire avec la bardane ? Vous allez essayer de la réintroduire petit à petit, à des doses plus faibles. Au bout de quelques jours de trêve, essayez 5 g/L au lieu des 15. Si cela passe, continuez un moment avec cette faible dose, puis augmentez graduellement.

Et si le mélange, même sans les plantes dépuratives, est toujours problématique ?

Etape 4 : tester le mélange une plante à la fois

Parfois, avec les plantes, nous avons des réactions plutôt imprévisibles. Des plantes qui sont classées comme calmantes peuvent être excitantes pour certains par exemple. Des plantes laxatives qui peuvent constiper certains. Et on ne comprend pas trop pourquoi.

Si enlever les plantes agissant sur le foie n’a pas suffit, alors repassez par l’étape 2 (retour au calme), puis testez le mélange une plante à la fois :

• Pendant quelques jours, prenez la matricaire seule
• Puis rajoutez la passiflore pendant quelques jours (vous testez donc matricaire + passiflore)
• Puis le trèfle rouge (vous testez donc les 3 combinées)

Ceci vous permettra de trouver le coupable. Et une fois celui-ci identifié, il vous suffira de l’enlever du mélange ou de le remplacer par une autre plante.

Ton mélange, il m’a mis en vrac !

C’est probablement ce que vous m’auriez dit si je vous avais suggéré le fameux mélange qui a aggravé votre eczéma. Compréhensible, mais c’est un amalgame regrettable car vous allez cataloguer ces 4 plantes du mélange comme problématiques.

Ce n’est pas parce que l’Elixir du Suédois vous donne la diarrhée qu’il faut incriminer l’angélique, le safran, la myrrhe et le frêne. C’est peut-être (et même fort probablement) le séné, ou l’aloès, ou la rhubarbe. Vous voyez l’amalgame que l’on peut faire?

C’est la difficulté avec les mélanges. D’un côté, ils fournissent un aspect pratique indéniable, avec un mélange nous arrivons à travailler sur plusieurs axes à la fois. Mais ils apportent aussi une difficulté supplémentaire lorsque cela ne fonctionne pas ou pire, lorsqu’ils provoquent des effets indésirables.

J’espère que cet article vous a permis d’y voir un peu plus clair. Sinon, vous savez que faire, laissez un message ici ⬇︎ !