L'olivier
(Olea europaea)
L'olivier a bâti une grande réputation en phytothérapie Française. Cette expérience s'est par la suite propagée au travers le monde, en partie grâce aux travaux du docteur Leclerc. Il pousse abondamment en Provence, c'est un arbre qui peut vivre plus de 1000 ans, bien que les vagues de froid du passé aient détruit les oliveraies ancestrales.
Tortueux et intriguant, ses fruits et ses feuilles protègent notre coeur contre les effets néfastes de la vie moderne et du vieillissement. C'est un arbre bien de chez nous, qui se ramasse en abondance, et c'est en partie pour cela qu'il faut savoir comment l'utiliser. Notre capacité à prendre soin de nous commence par la redécouverte de la flore locale.
Nom commun : Olivier
Nom latin : Olea europaea
Famille : Oleaceae
Constituants :
- Principes amers (oleuropéine, un seco-iridoide)
- Triterpènes (acide oléanolique et crataegolique)
- Flavonoïdes (flavones et flavonols)
- Tanins (hydrolysables)
- Phytostérols
- Etc.
Goût :
- Amer
- Astringent
Energétique :
Utilisation de l'olivier
Cardiovasculaire
Laissons la place au docteur Leclerc qui en a si bien parlé (ref : Leclerc). Il explique que la plante est excellente pour les problèmes d'hypertension, et qu'il faut alterner les cures de feuilles d'olivier et les cures de sommités fleuries d'aubépine (Crataegus monogyna). L'olivier agit à la fois comme vasodilatateur et diurétique.
Pourquoi ces deux actions sont-elles importantes ? Imaginez un excès de liquide (le sang) dans une plomberie trop petite (le réseau artériel). C'est un peu ça l'hypertension. La feuille d'olivier va à la fois élargir les tuyaux (dilatation des artères) et évacuer une partie du liquide (augmentation de la diurèse).
Leclerc cite le professeur Binet : « Nos expériences de laboratoire permettent d'affirmer l'existence d'un puissant agent vasodilatateur dont les effets sont indiscutables : il déclenche une dilatation accentuée des artères avec chute tensionnelle ».
Leclerc l'indique surtout pour les cas d'hypertension essentielle et d'artériosclérose, expliquant que la répétition du traitement ne fait aucunement diminuer l'efficacité de la plante, ce qui est encourageant. On peut donc prendre la plante sur le long terme.
Skenderi la positionne pour les maladies coronariennes, maladies dans lesquelles l'artère coronaire est partiellement bouchée et le coeur n'est plus assez alimenté (ref : Skenderi). Comme l'aubépine, la feuille d'olivier peut donc "nourrir le coeur".
Je vous donne quelques synergies intéressantes pour ce type de déséquilibre :
- Feuille d'olivier en décoction
- Sommités fleuries d'aubépine en infusion
- Bractées de tilleul en infusion
Attention, la feuille d'olivier et l'aubépine peuvent interagir avec les médicaments hypotenseurs.
Hypoglycémiant
La feuille d'olivier fait baisser légèrement la glycémie et peut donc être utilisée chez ceux qui souffrent de problèmes métaboliques, en accompagnement aux ajustements nutritionnels.
L'adjectif “légèrement” ne doit pas vous faire penser que la feuille d'olivier est inutile dans la gestion de la glycémie. Elle a sa place dans un protocole, il faut juste l'accompagner d'autres plantes. Car une légère baisse par-ci avec l'olivier, une légère baisse par-là avec le fenugrec, le ginseng, la momordique ou la cannelle - tout ceci s'ajoute et on finit par obtenir un effet notable.
Notez aussi que ses propriétés protectrices cardiovasculaires la rendent très intéressante lorsqu'il y a hyperglycémie. Le médecin Américain Dwigth Lundel explique ceci : l'hyperglycémie est un peu comme passer du papier verre sur nos fragiles artères. Les dommages sont conséquents, et l'athérosclérose guète. La feuille d'olivier fournit aussi une protection non-négligeable dans ce contexte.
Attention, la feuille d'olivier peut interagir avec les médicaments hypoglycémiants.
Fébrifuge
Au début du XIXè siècle, les médecins militaires français utilisèrent la feuille d'olivier comme succédané du quinquina pour tout type de fièvres, en particulier ce qu'on appelait à l'époque les “fièvres intermittentes”. Certaines maladies donnent en effet des fièvres récurrentes et espacées de quelques jours sans fièvre. On peut observer cela avec la malaria, la fièvre typhoïde, ou certaines maladies parasitaires comme la leptospirose.
A une époque ou le quinquina, plante reine des fièvres intermittentes, n'était pas forcément disponible, la feuille d'olivier arrivait à point nommer. Cazin mentionne des prises régulières toutes les 2 ou 3 heures, des prises rapprochées typiques durant une condition aigüe.
Certains estiment qu'elle serait aussi efficace que les plantes riches en salicylates comme le saule blanc (Salix alba). De plus, plusieurs études in-vitro semblent démontrer un effet antibactérien et antiviral. Ces deux actions combinées pourraient faire de la feuille d'olivier un outil intéressant pour certaines infections rebelles. Avec la recrudescence des infections résistantes aux antibiotiques, nous avons constamment besoin de nouveaux outils.
De plus, les virus et bactéries arrivent relativement facilement à s'adapter à une molécule isolée d'antibiotique. Mais s'adapter à une armada de constituants qui agissent en synergie, c'est une tâche beaucoup plus compliquée...
Préparation de la feuille d'olivier
Parties utilisées
La feuille est récoltée lorsqu'elle est mature et encore bien verte, en général pendant l'été. Le séchage est long car la feuille est plutôt coriace. Certains la sèchent au four à des températures allant jusqu'à 65°C. Mais autant faire simple - il vous faut simplement un endroit chaud et sec comme un grenier. Etalez vos feuilles sur un drap ou une grille ou claie de séchage et tournez-les régulièrement jusqu'à ce qu'elles se brisent facilement.
Conservez ensuite vos feuilles entières dans un endroit sec et à l'abri de la lumière.
Formes utilisées
Les auteurs classiques (Leclerc, Fournier) mentionnent le caractère hydrosoluble de nombreux composants de la feuille d'olivier, et recommandent donc une infusion ou décoction comme la forme la plus efficace.
La décoction permet d'utiliser légèrement moins de feuille que si vous faisiez une infusion. Afin de libérer encore plus de constituants, vous pouvez pulvériser la feuille grossièrement au blender avant d'en faire une infusion ou une décoction.
Doses
- Teinture
- 2 à 4 g (ref : Fournier)
- 60 gouttes par jour avant les repas (ref : Valnet)
- Infusion ou décoction
- 30 à 80 g de feuilles par litre (ref : Valnet). 3 tasses par jour ou plus avant les repas.
- 15 à 60 g par litre (ref : Fournier, Cazin)
Références
- Cazin, « Traité Pratique et Raisonné des Plantes Médicinales Indigènes », 1968
- Fournier, « Dictionnaire de Plantes Médicinales et Vénéneuses de France », 1947
- Leclerc, Henry, Précis de Phytothérapie, 1973
- Skenderi, Gazmend, « Herbal Vade Mecum », 2003
- Weiss, « Herbal Medicine », 2ème édition, 2000
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Ben dit
Bonjour,
Encouragée par cet article, j'ai récoltée en mars et fait sécher les feuilles d'olivier du jardin. Je me prépare ce matin une décoction. Je m'attendais à un goût amer et découvre un goût doux et fumé. Il y aurait-il eu un problème au séchage? Merci d'avance de votre réponse.
sabine dit
bonjour Ben
Comme je n'avais plus en bouche leur goût , je me suis fait une décoction de feuilles sèches, une de feuilles fraiches , et j'ai grignoté 1 feuille sèche et 1 fraiche
le goût amer est bien là, avec pour la sèche un petit peu plus d’âcreté ou d'astringence que la fraiche , mais pas de goût doux et fumé
donc je ne sais pas , après la perception des goûts est tellement subtile et propre à chacun qu'il est difficile d'avoir un avis factuel