Les teintures par macération sont simples à réaliser. Celles par percolation un peu plus compliquées, mais donnent un excellent produit fini. Afin de parfaire nos compétences en matière de fabrication de produits à base de plantes, passons maintenant à l'extrait fluide.
L'extrait fluide est utilisé lorsque les plantes doivent être prises en grandes quantités, par cuillères à café plutôt que par gouttes. Ceci dépend bien évidemment du contexte.
La teinture de racines de pissenlit pour “nettoyer le foie” peut se prendre par gouttes. En tant que diurétique pour faire descendre une hypertension essentielle, elle se prend à la cuillère à café. Et parfois, cela représente un peu trop d'alcool.
L'extrait fluide est un liquide 5 fois plus concentré que la teinture, avec un taux d'alcool équivalent. En d'autres termes, pour la même quantité de plante, vous ingérez 5 fois moins d'alcool. C'était il y a quelques décennies un produit classique et pratique à utiliser. Aujourd'hui ? Disparu, comme pour beaucoup de choses.
La préparation n'est pas si compliquée que cela. Si vous savez faire une percolation (regardez la vidéo ici), vous saurez faire un extrait fluide. De nombreux lecteurs de ce blog ont commencé de zéro, et savent aujourd'hui comment macérer et percoler de nombreuses plantes.
Concentration et alcool
Le produit fini a une concentration de 1:1, c'est-à-dire que 100 ml d'extrait fluide sont équivalents à 100 g de plante. Pour une teinture traditionnelle au 1:5, une cuillère à café (5 ml) représente 1 g de plante. Pour l'extrait fluide, cette même quantité de plante est obtenue avec 1 ml, environ 25 gouttes.
Pour la fabrication, il vous faudra un alcool fort, souvent autour des 70°. Le plus simple est d'obtenir un alcool pur (à 96°) et de le diluer avec de l'eau distillée, minérale ou filtrée. Si vous êtes un particulier, il est très compliqué de vous procurer de l'alcool pur aujourd'hui. Si vous vivez en France et que vous avez un numéro de SIRET, vous pouvez acheter l'alcool pur aux distilleries, mais sachez que ceci entrainera une déclaration auprès des autorités compétentes afin de voir si vous allez revendre cet alcool et sous quelle forme (une question de taxes).
Une règle simple est de prendre le taux d'alcool nécessaire pour une teinture (voir Materia Medica) et de rajouter 20°. Pour l'aigremoine par exemple, il faut un alcool à 50° pour la teinture. Pour l'extrait fluide, il faudra 70°.
Procédé
- Pulvérisez votre plante comme pour faire une percolation.
- Pesez votre poudre. Notez le poids P. Admettons que nous ayons P = 100 g.
- Mesurez le volume occupé par votre poudre sur un verre mesureur, à l'échelle des liquides. Notez le volume V. Admettons que nous ayons V = 120 ml de poudre.
Le produit fini sera au 1:1. Nous avons 100 g de plante au départ, nous devons donc obtenir 100 ml d'extrait fluide au final.
Etape 1 : percolation
Dans cette étape, nous allons faire une percolation qui va représenter 75% du volume final. En d'autres termes, en fin de percolation et dans notre exemple, vous allez obtenir 75 ml de liquide.
- Déterminez le taux d'alcool requis pour la percolation. Voir table un peu plus bas. Pour l'aigremoine - il nous faut un alcool à 70°.
- Le volume total d'alcool requis est le volume final de la première percolation, 75%xP, donc 75 ml dans notre cas, plus le volume qui restera “coincé” dans le marc, c'est-à-dire V. Il nous faut donc au total 75 ml + 120 ml = 195 ml d'alcool à 70°.
- Humidifiez la plante pulvérisée avec 2/3 de V, c'est-à-dire 80 ml. Voir la vidéo sur la percolation pour faire une bonne humidification sans pour autant démarrer une macération. Laissez reposer 24 heures.
- Il vous restera donc pour la percolation 195 ml - 80 ml = 115 ml.
- Percolez la plante, puis placez les 75 ml obtenus de coté et passez immédiatement à la phase suivante. Votre cone de percolation doit être placé sur un autre contenant pour la phase suivante, un autre bocal par exemple.
- N'attendez pas que le volume de liquide dans votre cone de percolation ne descende trop bas. En d'autres termes, vous devez surveiller deux choses. D'abord ce qui sort du cône. Dès que 75 ml sont obtenus, vous placez le cône sur un autre récipient. Ensuite, le volume en haut du cône. Dès que ce volume descend trop bas il faut rajouter du liquide, voir étape suivante lorsque vous avez épuisé le liquide réservé pour cette première percolation.
Cette première étape de percolation va extraire les aromatiques ainsi que les résines. Ce point là est important pour la suite.
Etape 2 : percolation et évaporation
- Pour cette phase, il vous faudra préparer 3 fois le volume final attendu (300 ml dans notre cas) en alcool :
- Si la plante est résineuse ou riche en amidon, utilisez de l'alcool à 50°
- Pour les autres plantes utilisez un alcool à 30°
- Finissez la percolation avec cette deuxième quantité d'alcool.
- Évaporez cette deuxième percolation au bain marie jusqu'à obtenir 25% du volume final requis, dans notre cas 25 ml. Ceci va être long. Je vous conseille de placer le liquide dans un gros verre mesureur en pyrex afin de voir à quel niveau vous en êtes.
Pourquoi peut-on évaporer sans crainte cette deuxième percolation ? Car les aromatiques ont été extraits pendant la phase précédente qui ne sera pas évaporée. De plus, le chauffage au bain-marie assure une chaleur relativement douce pour les composants restant qui ne sont pas volatiles.
Etape 3 : combinaison des deux liquides
Mélangez maintenant les 75 ml obtenus pendant la première percolation aux 25 ml obtenus pendant la deuxième percolation + évaporation. Vous finissez avec 100 ml de liquide pour 100 g de plante. Le contrat a été respecté.
Gouttez cette préparation épaisse, comparez avec une teinture classique au 1:5 et appréciez la puissance d'un extrait fluide !
Correspondance plante-alcool
Le taux d'alcool spécifié ici est celui requis pour la première percolation. Dans l'ensemble, on rajoute 20° au taux d'alcool nécessaire pour la macération.
Pour la deuxième percolation, je vous ai donné les taux plus haut (50° ou 30° selon la plante).
- Achillea, 70°
- Agrimonia, 70°.
- Agropyron, 70°
- Alchemilla, 65° alcool, rajouter 10% de glycérine végétale
- Angelica, 80°
- Arctium, 80°
- Astragalus membranaceus, 75°
- Calendula, 85°
- Centella asiatica, 70°
- Cichorium, 75°
- Cimicifuga, 90°
- Cnicus, 80°
- Coptis, 70°
- Curcuma, 75°
- Dioscorea, 80°
- Echinacea, 85°
- Eleutherococcus, 75°
- Eupatorium, 75°
- Ginkgo, 75°
- Glycyrrhiza, 70°
- Grindelia, 85°
- Harpagophytum, 80°
- Inula, 75°
- Marrubium, 70°
- Passiflora, 65°
- Piper methysticum, 75°
- Salix, 70°
- Serenoa, 85°
- Silybum, 80°
- Smilax, 75°
- Taraxacum, 65°
- Usnea, 70°
- Valeriana, 80°
- Verbascum, 70°
- Viburnum, 70°
- Vitex, 80°
Dany dit
Sachant que la teinture est 5 fois moins concentrée , peut on faire un extrait fluide par maceration (et non par percolation) avec bien sur le taux de 1:1 ?
Merci
sabine dit
dans ce cas ce n'est plus un extrait fluide me semble t il , la percolation permettant une extraction maximum
Dany dit
Dans l'article il est marqué qu'une teinture 1:5 (plante sèche) est 5 fois moins concentrée que l'extrait fluide 1:1 . Ca veut donc dire que l'extrait fluide 1:1 est avec une plante sèche ? Car s'il on voulait faire un extrait fluide avec plante fraiche il faudrait un extrait fluide 5:2 (la teinture de plante fraiche étant de 1:2 on multiplie par 5 le taux de plante fraiche et ça donne 5:2). Vrai ?
Merci
sabine dit
oui avec plante sèche car il faut déjà la pulvériser (ce qu'on ne peut faire avec la fraiche)
Dany dit
Et c'est obligé de pulveriser ?
sabine dit
vous avez les réponses dans l'article sur la percolation https://www.altheaprovence.com/faire-une-teinture-mere-percolation/
DURROSIER dit
Bonjour Monsieur Bernard SAYS et meilleurs voeux à vous et aux vôtres, si je peut me permettre.
Agé de 74 ans je souffre depuis 3 ou 4 ans d'une gastrite sévère et récidivante( certainement liée au stress occasionné par les ennuis de santé récurrents de mon épouse depuis 2010, et ou, à un excès ou une mauvaise utilisation d'EPILOBE à petite fleurs )peu après l'arrêt des pansements gastriques , avec perte de poids de 10 kgs en 18 mois , stabilisée depuis 6 mois ,et la présence bien que rarement, de légers infiltrats de sang mêlés à la salive le matin au lever (alors qu' une endoscopie accompagnée de 1 prélèvement dans l'estomac et 1 dans le duodénum se sont révélés négatifs tout comme l'écho-endoscopie qui a suivi, ainsi que la recherche d'helycobacter pilori ) . Aussi, me suis-je mis aux infusions de MATRICAIRE à raison de 20 sommités moyennes pour 33 cl , 2 fois par jour , 45 mn après les 2 principaux repas ; pratique qui a atténué de beaucoup les lourdeurs ressenties dès le début et en cours de repas uniquement , ainsi que la sensation de plaie ou de blessure en position agenouillée ou penchée en avant, lors de travaux par exemple . Mais ne sachant quelle quantité précise de sommités utiliser ,ce qui est LE problème pour le néophyte, j'ai suivi les conseils glanés sur votre site et
acheté de l'extrait hydro-alcoolique ( curieusement appelé complément alimentaire ) de MATRICAIRE des laboratoires LADROME , beaucoup plus actif semble-t'il et d'un dosage précis ,comparé aux sommités à usage de tisane ,dont la DLUO de 12 /2020 pour un lot PB061 281 /2018, aux principes actifs déjà amoindris si l'on se réfère à vos recommandations portant sur les délais d'utilisation des plantes séchées. Mais peu de temps après la première prise de 20 gouttes dans 20 cl d'eau( pour plus de concentration), j'ai ressenti une légère inflammation , bien confirmée au bout de la 3 ème journée à raison de 3 fois 20 gts jour, les symptômes de pesanteur ayant augmenté tant en intensité qu'en durée . Aussi, je vous saurai gré de bien vouloir me donner vos conseils et avis .
. Avec mes remerciements, veuillez agréer, Monsieur, mes sentiments les meilleurs ainsi que mes félicitations pour votre site à la fois très professionnel et généreux !
sabine dit
Bonjour
pour la prise de teinture essayez de diluer un peu plus (dans un grand verre d'eau ) et notez si les brûlures reviennent et si oui revenez aux sommités qui vous faisaient du bien
Patrick STELZ dit
Pour l'extrait fluide, je pensais récupérer l'excédent d'alcool de la 2e phase en le distillant sous vide (donc pratiquement sans chauffer la deuxième phase - maximum 30°C), cela me permettrait de récupérer une bonne partie de l'alcool excédant sans détruire les composants hydrosolubles. Cela vous semble-t-il une bonne solution pour diminuer la quantité d’alcool? Merci
Christophe BERNARD dit
Bonjour Patrick,
Cela va au-delà de ce que j'ai expérimenté, mais oui, cela me parait intéressant comme approche.
Jennifer dit
Bonjour Christophe,
sauriez vous éclairer ma lanterne.. Entre l'huile essentielle et l'extrait fluide quel est le plus concentré? le plus efficace?
Merci pour votre retour!
Jennifer
sabine dit
Bonjour ce sont deux produits différents , l’extrait fluide récupère le totum de la plante , les HE sont des molécules extraites par distillation , leurs actions sont différentes , cela peut être complémentaire
Jaky dit
Pour la 2eme etape vous parlez d'alcool 45* ou 30* et plus bas a correspondance plante alcohol vous 50*ou 30 degrees.Est ce une erreur de votre part? Que faudrait-il retenir?Merci
sabine dit
bonjour Jaky
j'ai posé la question à Christophe qui m'a dit que 45° ou 50° pas vraiment d'importance, mais pour une meilleure clarté il a tout mis à 50° 🙂
Heckendorn dit
Bonjour j'aimerais préparer de l'eps de plantain , comment si prendre ? Un extrait fluide est pareil qu'un esp ?
Pourriez vous me donner quelques explications s'il vous plaît.
Cordialement
sabine dit
Bonjour
Non ce n'est pas la même chose , l'EPS (ou extraits de plantes standardisés) est un procédé complexe mis au point par les laboratoires phytoprevent et breveté et impossible à reproduire chez soi (à moins d'avoir un laboratoire bien équipé!)
les EF (extraits fluides ) peuvent être faits à la maison comme l'explique Christophe
Souly dit
Bonjour.
Disposant du kava kava à prix très coûtant (racine de kava)
Je souhaiterais préparer une teinture, cependant, je ne sais absolument pas comment procéder, encore moin
savoir quelle serait la posologie.
le kava kava reste la plante la mieux adaptée pour mes problème d anxiété chronique e' combinaison avec d autre plante (aubépine, passiflore, valériane) et plante pour la circulation cérébrale (g kola, ginkgo)
Par ailleurs, je dispose d une teinture de scutellaire casque, mais cette teinture implique 5 ml par prise et donc trop d alcool.
Ainsi, j aimerais savoir, comment préparer une teinture chez sois de kava kava avec un prise minimale de goute et pour des effet optimal.
Un grand merci à Christophe et pour son travail qui mérite une attention particulière de part la richesse de son enseignement mais aussi de part sa générosité et sa ma passion pour les plantes auquelle je suis très réceptif !!!
Christophe BERNARD dit
Bonjour,
Je viens de retrouver votre commentaire dans les spams, d'où ma réponse tardive.
Pour le kava, il faut le pulvériser d'abord mais la racine est très dure. J'ai un moulin spécial qui fait le travail, mais pour vous, ça va être compliqué avec les moyens du bord. Essayez par petite quantité au moulin à café. Ensuite 500 ml d'alcool à 60° pour 100 g de poudre de kava, macération 2 semaines en secouant tous les jours, puis filtrer. Pour en avoir fait, c'est très puissant, 20 à 30 gouttes dans un peu d'eau au besoin (anxiolytique et relaxant).