Stress chronique
Partie 1 : Introduction
Il y a 20 ans de cela, la profession médicale ignorait tout lien entre stress et maladies. Le cardiologue américain Herbert Benson(1), pionnier en la matière, a longtemps été considéré comme un paria par ses confrères.
Les esprits changent, lentement...
« Nous dépensons des milliards dans la recherche contre le cancer qui ne nous mènera jamais nulle part. Car nous ignorons le stress de la vie qui très souvent, s'il n'est pas la cause directe, contribue certainement d'une manière majeure au déclenchement de la maladie » (Dr. Gabor Maté, docteur canadien et chroniqueur sur le stress).
Il y a probablement une raison à cela : la gestion du stress ne peut pas être brevetée et encapsulée par l'industrie pharmaceutique. Dommage...
Stress chronique et santé
De nombreuses études nous permettent aujourd'hui de constater l'effet néfaste du stress chronique sur la santé humaine. Voici quelques données extraites de ces études pour vous faire réaliser l'étendue du problème :
- Une corrélation existe entre perception du stress et cancer du sein, en particulier lorsque le stress est associé à d'autres facteurs de risque comme le manque d'activité et la consommation de nourriture industrielle(2) ;
- Le stress accélère la progression du cancer de la prostate(3) ;
- Le stress augmente le risque de maladies coronaires, et peut agir comme déclencheur d'un évènement cardiaque majeur(4) ;
- Dans les cas de maladies autoimmunes comme la polyarthrite rhumatoïde, le stress aggrave douleurs et fatigue(5) ;
- D'une manière générale, le stress diminue l'efficacité du système immunitaire(6), nous empêchant de combattre convenablement les maladies passagères (grippe, bronchites, etc.) et dégénératives ;
Il n'y a donc plus aucun doute, le stress contribue d'une manière majeure aux différentes maladies du 21ème siècle.
Mais vous me direz, si l'on prend un peu de recul, le stress a toujours fait partie de la vie quotidienne.
« Le monde actuel est différent. Chagrin, douleur, calamités causent l'amertume de l'être. Il y a désobéissance et rébellion. De mauvaises influences frappent les individus du matin au soir. Elles blessent l'esprit et réduisent l'intelligence, elles blessent aussi le muscle et la chair » (Traduit de l'anglais et extrait du livre de Benson(1)).
Cette citation date de plus de 4600 ans et nous vient d'un docteur Chinois. Et pourtant, ne parait-elle pas contemporaine ?
Le stress a donc toujours fait partie de la vie de l'être humain au travers des siècles. Pourquoi est-il plus problématique aujourd'hui ?
Stress chronique et vie moderne
C'est sa nature et sa fréquence qui a changé. Il est beaucoup plus présent. Nous nous sentons sans-cesse agressés par une société très dense et omniprésente à nos cotés.
Les autres automobilistes, nos collègues de travail, les voisins, nos responsabilités familiales, nos soucis financiers sont autant de sources de stress chronique. Nous n'avons pas le temps de récupérer du stress précédent que l'épisode suivant arrive. C'est cette accumulation incessante qui nous use, et nous mène petit à petit au burnout.
Mais rassurez-vous, des méthodes existent pour combattre le stress. Pas pour éliminer les évènements stressants de votre vie, car cela n'est ni possible ni désirable (voulez-vous déménager dans une caverne au fin fond de l'Alaska ?). Nous aborderons en détail les plantes médicinales anti-stress dans le 4ème volet de la série.
>> Lire le 2ème volet de cet article : définition du stress <<
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Références
(1) Benson, Herbert, " The Relaxation Response ", 2000
(2) Wang L, Liao WC, Tsai CJ, Wang LR, Mao IF, Chen CC, Kao PF, Yao CC. The effects of perceived stress and life style leading to breast cancer. Women Health. 2013;53(1):20-40.
(3) Nagaraja AS, Armaiz-Pena GN, Lutgendorf SK, Sood AK. Why stress is BAD for cancer patients. J Clin Invest. 2013 Feb 1;123(2):558-60.
(4) Steptoe A, Kivimäki M. Stress and cardiovascular disease: an update on current knowledge. Annu Rev Public Health. 2013;34:337-54.
(5) Evers AW, Verhoeven EW, van Middendorp H, Sweep FC, Kraaimaat FW, Donders AR, Eijsbouts AE, van Laarhoven AI, de Brouwer SJ, Wirken L, Radstake TR, van Riel PL. Does stress affect the joints? Daily stressors, stress vulnerability, immune and HPA axis activity, and short-term disease and symptom fluctuations in rheumatoid arthritis. Ann Rheum Dis. 2013 Jul 9.
(6) Mahbub-E-Sobhani, Haque N, Salma U, Ahmed A. Immune modulation in response to stress and relaxation. Pak J Biol Sci. 2011 Mar 15;14(6):363-74.
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Fabienne dit
Bonjour Sabine,
Une question me taraude concernant ce qu’en l’on appelle « épuisement des surrénales » lors du stress chronique.
J’ai bien compris qu’une chute du cortisol lors de la phase de résistance, après un gros pic, entraîne avec lui l’an chute de la DHEA et qu’en ce phénomène n’est pas lié aux surrénales directement mais plutôt à l’axe hypothalamus/hypophyse.
Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? Est-dû au non rétro-contrôle qui permet d’informer cet axe parce que justement il n’y a plusieurs assez de DHEA pour transmettre l’info (que le cortisol chute) ?
J’espère être un peu claire ....
Merci pour votre aide
sabine dit
bonjour Fabienne
Voici la réponse de Christophe
La chute du cortisol arrive uniquement après un stress prolongé qui entraîne un burnout, donc là on est avec une énergie à zéro, plus de tonus, plus de motivation, on est cramé. On ne sait pas trop qui pilote quoi ici, les hypothèses que j'ai entendues tournent effectivement autour du "poste central de commande" (hypothalamus/hypophyse) qui décide de sous-réguler les surrénales, peut-être en mécanisme de protection ? Mais l'idée que les surrénales sont "fatiguées" (en tant qu'organe) ne semblent pas tenir la route, elles sont probablement sous-régulées par "le haut".
Fabienne dit
Merci pour cet éclairage qui me permet de mieux comprendre. (Et désolée des affreuses fautes dues à un clavier de tablette plein de zèle )
Bonne journée à tous
Marie-Pierre dit
Bonjour Christophe ou Sabine,
Je me permets de venir vous demander un conseil car je ne sais plus vers qui me tourner. Au déconfinement, j'ai fait une crise de panique forte dans la rue et ce sont les pompiers qui m'ont ramenée chez moi. Depuis, des crises impressionnantes de spasmophilie sont venues compliquer les choses avec vertiges incessants. J'en suis même venue à marcher avec un déambulateur et ne sors plus de chez moi. J'ai commencé des séances d'EMDR, de la kiné pour reprendre confiance en moi mais la spasmophilie est toujours là et les anxiolitiques (la moitié de ce qui m'est prescrit) me laissent une partie de la journée dans un état second. A votre avis, il y aurait-il une ou des plantes favorables à l'amélioration de ces crises car cela devient invivable (sans parler des journées sans sortir et des problèmes qui y sont liés quand on vit seule). Je vous remercie pour votre réponse. Un très grand merci aussi à Christophe dont je suis les vidéos avec impatience. Bravo pour sa science, son humanité, son éthique. Merci. Marie-Pierre
sabine dit
Bonjour Marie Pierre
il n'est pas possible de vous donner un conseil personnalisé dans le cadre du site
mais déjà faire un point sur l'alimentation (carences ? ) se supplémenter en magnésium (soit en complément alimentaire soit avec des plantes comme l'ortie (environ 20g /litre à boire dans la journée ) et sur le dossier stress vous avez vraiment des pistes intéressantes à suivre par exemple le chapitre sur les plantes et le stress (partie 4 du dossier) https://www.altheaprovence.com/anti-stress-plantes/
mais les parties 1 et 2 sont tout aussi importantes à comprendre pour avoir une vue plus juste (y compris la tenue du journal de bord)
Anelyse dit
Bonjour,
Merci pour votre article très clair. Je rencontre de temps en temps des personnes en stress chroniques. C'est vrai que nos modes de vie ne vont pas dans le bon sens et qu'il est souvent bon voir urgent de "ralentir" pour s'en sortir.
Ralentir ne signifiant pas non plus être moins performant !
Christophe BERNARD dit
En effet, c'est une chose très dure à accepter en effet dans notre monde moderne. La notion de status semble associée au nombre d'heures passées au bureau ou autre, des heures vides, souvent de présence. Pareil dans la vie familiale. Ralentir au contraire (prendre le temps, porter attention) pourrait peut être nous faire retrouver la productivité perdue...