Tisane et infusion : un échange avec Marie Nauleau

 

Echange avec Marie Nauleau sur notre passion commune pour les tisanes (infusions) de plantes médicinales : (abonnez-vous au podcast ici)

Bonjour, je suis aujourd’hui avec Marie Nauleau. Marie est praticienne en herboristerie, elle a une activité de conseil et d’accompagnement de la personne, pour l’aider à trouver des bonnes plantes, pour différentes problématiques. Elle fait aussi partie de mon équipe, l’équipe Althea Provence, donc vous avez peut-être interagis avec elle. Peut-être sur les forums de nos formations. Aujourd’hui, on n’est pas là pour parler de l’équipe Althea, on est là pour parler d’une forme, d’un type de préparation qui nous tient à cœur, qui est la tisane. On va essayer de vous décliner la tisane sous toutes ses formes. On va vous expliquer pourquoi on estime que c’est une forme qui est vraiment intéressante et efficace, qui nous permet de nous reconnecter à nos racines, à nos traditions. Aussi, discuter peut-être du fait, que c’est une forme qui a été tourné en dérision ces dernières décennies. On a souvent entendu le fait qu’à part faire pisser, ça ne fait pas grande chose et bien sûr, nous, on n’est absolument pas d’accord avec ça, parce qu’on voit tous les jours l’efficacité de ce type de préparation.

tisane
Marie Nauleau

Salut Marie !

Bonjour !

Tu es prête ?

Oui, je suis totalement prête.

Super, on y va. Pour humidifier nos gosiers, je nous ai préparé comme tu peux t’en douter, une tisane. Ici, je suis allé chercher des plantes au jardin. J’ai mis de la citronnelle, de la verveine citronnée et quelques feuilles de jiaogulan, qui est une plante de la famille du concombre. Ce qui est étonnant pour une plante médicinale, parce que ce n’est pas une famille très représentée dans l’herboristerie, mais c’est une plante qui a pas mal été étudiée et utilisée dans certains courants de médecine, comme plante adaptogène. Elle a des constituants qui ressemblent un petit peu à ceux du ginseng et on peut faire pousser ça comme du concombre. C’est-à-dire que ça va ramper partout dans le jardin et ça produit énormément de feuilles, donc j’en ai rajouté quelques-unes. Côté goût, je pense que ça va faire quelque chose d’intéressant. On va reparler du goût, parce que quand on formule nos propositions à infusions, on essaie d’avoir des goûts agréables. Ce n’est pas tout le temps le cas, des fois, il est vrai qu’il faut passer par des goûts compliqués à gérer, mais dans la plupart des cas, on essaye de faire utile et agréable. Je t’en sers ?

Volontiers.

Pendant que je t’en sers, on va commencer par un historique de la tisane. On se posait la question, ça existe depuis combien de temps la tisane ? On a eu du mal à trouver des informations dans les vieux ouvrages, mais on trouve des références dans les vieux ouvrages de médecine chinoise, donc ça date de plusieurs millénaires. On trouve aussi chez nous, des références dans les ouvrages d’Hippocrate par exemple. J’ai vu des traductions en français, qui parlaient de ces formes de macérations aqueuses, de plantes médicinales, donc chez nous, on parle de millénaires. C’est une tradition qui a perduré, qui a continué et qui est devenue la préparation du peuple. Pourquoi ? Parce qu’on pouvait cueillir, directement mettre en macération dans de l’eau chaude et c’est vrai que l’eau, c’est le liquide de vie par excellence. On le trouve partout et c’est l’un des meilleurs solvants, qui soit à notre disposition pour les plantes. Ça a perduré.

La tisane remonte à très loin, pour autant, nous, on aimerait faire passer le message que tout ça, n’appartient pas qu’au passé et on aimerait réhabiliter cette forme de soin.

Tout à fait.

Les tisanes, on en parle aussi dans l’Antiquité comme tu l’as dit. On a eu aussi une époque où on avait pas mal d’herboristeries.

Énormément.

Qui mettaient à disposition, qui commercialisaient, des plantes en vrac.

Oui, on a eu quelques siècles dans les grandes villes. Ida Bost, dans son livre, a bien illustré tout ça, tout l’historique. D’ailleurs, tout à l’heure, tu étais en train de regarder le nombre d’herboristes. Vers quelle année ? Tu te souviens ?

Je ne voudrais pas dire de bêtises, j’ai cru lire 1 400 herboristes en 1840, mais c’est peut-être une grosse bêtise, il va falloir vérifier.

Non, mais tout ça pour dire qu’il y avait des centaines et des centaines d’herboristes juste dans la ville de Paris, donc il y avait littéralement des herboristes, quasiment à tous les coins de rues. J’exagère peut-être un peu, mais il y en avait beaucoup.

C’était très répandu. C’était courant d’aller en herboristerie chercher des plantes en vrac pour se soigner. On avait les apothicaires, les herboristes et après, il y a eu les médicaments de synthèse, qui avaient leur intérêt, compte tenu de l’augmentation de la population et des besoins croissants dans le domaine de la santé.

Tout à fait.

Et les herboristeries se sont, petit à petit, perdues. Aussi, avec le certificat qui a été supprimé et non reconnu par l’Etat.

Ouais, c’est ça. Et là, on parle spécifiquement de la période après la deuxième guerre mondiale. Il y a eu l’avènement du médicament et je me souviens de mes grands-parents et en particulier, de ma grand-mère, qui était fan de tisanes, mais qui croyait aussi fermement en la capacité des médicaments, à éradiquer toute maladie sur la planète. C’était l’époque, c’était normal, mais aujourd’hui, on aimerait que les deux cohabitent, parce qu’on voit que les deux ont des avantages énormes. Donc on a eu cette chute de popularité après-guerre et ça a été très calme dans les années 60, 70, 80, mais ce qui est intéressant, c’est que tout de même, dans les familles, des traditions tisanes ont perduré, du moins, pour la tisane plaisir. Et même, chez moi, je me souviens, on avait tous au minimum, la tisane pour le mal de gorge, la tisane pour le rhume pendant l’hiver. On avait deux, trois préparations. Tu as eu ça aussi chez toi, Marie ?

Oui, ça a perduré, mais on voit aussi beaucoup maintenant, que les gens utilisent les petits sachets, qu’on est moins dans la tisane de plantes en vrac. On est plutôt dans la forme commercialisée en sachet.

Les infusettes.

Voilà, les infusettes. Quel est ton avis là-dessus ?

Les infusettes, on trouve un peu tout et n’importe quoi, mais je dirais que ça, c’est peut-être un qualificatif pour le marché de la plante médicinale aujourd’hui, d’une manière assez large. Tout se côtoie, du meilleur, qui est cultivé ou cueilli avec amour, localement, jusqu’au pire, qui est importé des différents pays, qui est haché, broyé, menu, dans une petite infusette et dans laquelle, on perd le goût et l’odeur. C’est compliqué.

L’intérêt de la tisane, on en parlera, mais c’est une approche très sensorielle et là, on est coupés d’une partie de nos sens, parce que le visuel, on ne l’a pas vraiment avec le sachet. On a le goût et l’odorat.

Pour les tisanes plaisir, c’est vrai qu’on garde des infusettes aujourd’hui, qui sont de qualité raisonnable. En revanche, dans notre métier d’accompagnant, on va voir que si on veut bien doser, l’infusette va rapidement avoir ses limitations. Petite parenthèse, ni moi, ni Marie, ne sommes médecins. Nous ne sommes pas pharmaciens, nous ne sommes pas des professionnels du monde de la santé. Nous sommes des éducateurs, on a une grande passion pour la plante médicinale, on est là pour partager ce qu’on a découvert et notre expérience. Tout ceci ne substitue pas à un conseil, à un diagnostic, à une prescription médicale, rien de tout ça, juste une éducation sur le sujet. Donc, oui, on a perdu ces habitudes. J’ai pas mal interagi avec le monde de l’herboristerie américaine, vu que j’ai passé une partie de ma vie là-bas, j’ai fait mes premières études sur les plantes là-bas. Il est vrai que cette habitude n’a pas perduré chez les Américains. Aujourd’hui, si tu veux accompagner des personnes, en principe, il faut passer par des extraits liquides, des macérations alcooliques, des teintures, des alcoolatures et les Américains ont du mal à reconnecter avec cette forme infusion. Quand je suis revenu vivre en France, ça a été une belle surprise pour moi, parce que j’ai vu que les gens étaient prêts à se mettre à cette forme et très heureux de s’y mettre, parce que ça les reconnectait à une tradition, des habitudes familiales. On va re-piocher dans notre passé, il y a un lien émotionnel.

C’est très apprécié la forme tisane dans le domaine de la phytothérapie. On sait qu’il y a plein de galéniques possibles, de formes de préparation des plantes et la forme tisane est très appréciée même si elle demande un petit peu plus de temps de préparation. Et encore, ça se relativise, ce n’est pas non plus énorme.

C’est ça. Donc, aujourd’hui, on est là pour remettre tout ça d’actualité. Je vais vous donner un sommaire de ce qu’on a prévu. D’abord, on va parler de la préparation en elle-même, on va recouvrir quelques bases que tout le monde devrait connaître lorsqu’on prépare une tisane.

Qu’est ce qu’une tisane ?

Qu’est-ce qu’une tisane ?

Oui ou du moins, une tisane qui a des potentialités thérapeutiques. La différence entre ça et l’infusion plaisir, on va voir qu’elle est importante. On va parler de l’intérêt de l’approche philosophique des tisanes, de ce bal des couleurs, de ce rituel, du temps qu’on va passer à se préparer ce liquide et à prendre soin de soi quelque part, à ralentir un petit peu. On va parler du contrôle qualité, l’avantage du contrôle qualité. On va voir des formes, des couleurs, quelque chose qui n’est pas faisable lorsqu’on utilise des extraits liquides ou des gélules. On va parler des plantes qui nous aident à équilibrer les goûts. Je ne sais pas si tu as remarqué Marie, mais des fois, on fait des mélanges qui peuvent être compliqués à boire, parce qu’il y a de l’amertume, parce qu’il y a des tanins, parce qu’il y a de forts constituants aromatiques et donc, on va rajouter des petites choses par-dessus.

On va ajuster, c’est l’intérêt de la tisane.

On ajuste, on équilibre. Ensuite, on va parler de la manière de doser si on veut obtenir des résultats. Vous allez voir que là, on a différentes écoles et ce qui est intéressant entre Marie et moi, c’est qu’on a deux écoles de pratique différentes et on va vous présenter ça. Après, on va parler de la formulation. La formulation, c’est quoi ? C’est qu’on a toutes ces plantes à notre disposition et quelque part, on aimerait les mélanger, créer une synergie « parfaite » pour l’individu et son terrain et ses déséquilibres. Ça, c’est un art et on va vous expliquer.

Ouais, formuler pour adapter.

On va vous expliquer quelques règles simples pour démarrer cette discussion. On va utiliser des exemples, on va finir par quelques études de cas. On va vous donner des exemples de propositions en sachant que d’autres voies, sont possibles. Ça devrait être une discussion assez intéressante. Le prochain point sur ma liste, c’est la définition. C’est quoi une tisane ?

La tisane : macération, infusion ou décoction ?

Une tisane, ça peut être une macération, une infusion ou une décoction. Ce sont les trois formes principales quand on parle de tisanes. Macérer, c’est disposer des fleurs et des feuilles dans de l’eau froide pendant au minimum, une demi-heure, mais ça peut aussi être pendant deux heures. Ça va dépendre des principes actifs qu’on veut extraire. L’intérêt, ça va être d’extraire certains constituants qui sont fragiles à la température, comme les mucilages, ou de mieux extraire certains minéraux qui vont par exemple, être contenus dans l’ortie et pour lesquels le temps, va permettre une bonne extraction de tous ces minéraux. C’est une forme que je n’utilise pas beaucoup et qui n’est pas forcément très utilisée, pas très commune, mais je te laisserais compléter après. L’infusion, ça va être le fait de prendre des parties « coriaces », les fleurs, les feuilles, les sommités fleuries, qu’on va disposer dans de l’eau froide. On va mettre la casserole sur le feu avec le couvercle, qui va permettre d’éviter que les composés volatils partent dans toute votre cuisine et ne soient pas dans votre tisane. Au moment où il y a l’ébullition, on coupe et on laisse infuser pendant dix minutes. Là, on obtient une infusion. Et pour une décoction, on va faire bouillir. Là, pareil, on prend des racines, des éléments plutôt « coriaces » qu’on va disposer dans de l’eau. On monte en température, on laisse bouillir 5 à 10 minutes, ça dépend des produits, on coupe le feu et on laisse infuser dans l’eau. On peut aussi faire des préparations où on a une partie décoction et après, on vient rajouter les plantes en infusion. Ça arrive souvent.

Oui.

Parce que des fois, il y a des plantes qu’on utilise en décoction et qu’on a vraiment envie d’avoir dans notre mélange, même si ce n’est pas le plus pratique. Donc quand on parle de tisanes, il y a trois formes possibles et le point commun, c’est l’eau.

C’est l’eau, c’est ça. C’est ce solvant qui reste remarquable, dans ses capacités à extraire l’essence même de nos plantes. J’insiste, parce qu’on a nos termes techniques quand on parle entre nous et vous ne les connaissez peut-être pas, quand on parle de macération et moi, dans ce que j’ai écrit dans le passé, je précise, macération « à froid ». Je rajoute « à froid », parce que j’avais remarqué que les gens, souvent, quand on parle de macération, « ça veut dire quoi ? » Donc moi, j’utilise « macération à froid ». Ça veut dire que je prends mes plantes et je les laisse tremper dans de l’eau froide. Juste une petite note, du coup, le temps d’exposition de la plante à l’eau, va être beaucoup plus long, on parle de plusieurs heures et il ne faudrait pas non plus que cette préparation commence à macérer, donc il y a une histoire de conservation. On ne va pas laisser ça sur le plan de travail pendant toute une journée et le lendemain, voir si on a le temps de le boire, parce qu’il n’y a pas de conservateurs, c’est de l’eau et il y a certains constituants comme les sucres, les mucilages.

Donc on met ça au frigo.

On peut garder ça au frigo, effectivement, mais moi, c’est une préparation que je trouve intéressante et parfois, surprenante, parce que si vous avez un jardin, que vous avez des plantes aromatiques, vous pouvez faire, l’été, des macérations de plantes fraiches dans de l’eau fraîche. On va taper dans ces aromatiques de l’été, les basilics, les menthes poivrées, les citronnelles, les verveines citronnées, ce qu’on a mis un petit peu dans la tisane. Et vous allez voir, c’est surprenant, la plante va donner une belle partie d’elle-même dans cette eau froide et après, ça nous fait un liquide agréable, rafraîchissant. Tu peux rajouter un filet de citron, quelques fleurs d’hibiscus karkadé. Ça fait vraiment des trucs agréables à boire. Donc il y a par plaisir, mais aussi, en phytothérapie américaine, parfois, certaines préparations qui sont vraiment compliquées à boire, comme toute la famille des armoises, des Artemisia, en particulier, l’absinthe. Je ne sais pas si vous avez déjà bue une infusion d’absinthe. D’ailleurs, propriétés vraiment remarquables, mais en goût, on a beaucoup d’amertume, beaucoup d’aromatique et les Américains qui ont parfois du mal avec ces goûts très prononcés, peuvent faire une macération à froid de ces plantes par exemple, macération à froid d’absinthe. Et là, on n’est plus dans le plaisir, on commence à rentrer dans l’aspect thérapeutique, accompagnement et on voit que même une macération à froid, c’est quelque chose de plus rond, de moins abrupte dans les amertumes, dans les tanins très rêches qui vont t’accrocher la gorge. C’est quelque chose qui se boit largement mieux. Donc, tu nous as parlé de la macération à froid, pas trop utilisée aujourd’hui, mais intéressante.

Dans la macération, on va extraire moins de principes actifs que dans l’infusion.

Oui.

C’est pour ça que la plupart du temps, on a recours à l’infusion.

C’est tout à fait vrai, parce que l’eau chaude va avoir ce pouvoir additionnel d’extraction. Si c’est une préparation plus arrondie dans l’eau froide, c’est que quelque part, il y a eu une extraction moins efficace. Si on veut extraire plus, on va passer à de l’eau chaude. Pour la température de l’eau, il y a encore toute une discussion. Toi, tu nous as donné la méthode où on démarre de l’eau froide et on fait monter la température. D’une manière optimale, si on arrêtait autour des 85 ou 90 degrés, on le ferait. On coupe le feu, on garde le couvercle, on laisse infuser. Il y a différentes méthodes avec des bouilloires où on peut contrôler la température, ce qui est pratique. Moi, j’en ai une à la maison, je m’en sers régulièrement. Donc entre 80 et 90 degrés, c’est optimal pour ne pas trop abîmer de constituants.

Est-ce que c’est aussi efficace ? Dans le comité d’herboriste, dans la tradition, nous a toujours enseigné qu’il fallait disposer les plantes dans l’eau froide, monter progressivement en température pour que ça soit doux pour les plantes et couper un peu avant l’ébullition, laisser infuser. L’autre approche, c’est de mettre de l’eau, pas bouillante, mais quasi sur les plantes, de façon brutale. Est-ce que finalement, le résultat est le même ? Parce que la deuxième solution est nettement plus simple.

C’est vrai. Il y a la méthode où j’ai une bouilloire traditionnelle, qui ne contrôle pas la température, ou même, la bouilloire tu sais, que tu mettais sur le feu et qui siffle lorsque ça bout. Effectivement, ce n’est pas la méthode optimale, mais j’ai une approche qui est toujours le plus terre-à-terre possible et je ne suis pas fermé à ça. Ça fait pas mal d’années que je pratique, depuis les années 2000, j’ai quelques années d’expérience, c’est une préparation qui fonctionne, je n’ai jamais trop constaté de différence d’efficacité. Quelque chose que je ne veux pas faire non plus et on en a déjà discuté toi et moi, c’est de rentrer dans un élitisme de l’herboristerie. L’herboristerie, ce n’est pas quelque chose pour les élites, c’est quelque chose pour nous, simple.

Oui puis ça doit être simple dans le sens où, si dans le quotidien, c’est plus simple de verser l’eau chaude sur les plantes, plutôt que d’avoir la casserole, autant suivre cette méthode. Le but, c’est qu’on puisse accéder à l’herboristerie.

Et on est des éducateurs donc on va toujours faire passer le message. On va dire :

« Aujourd’hui, qu’est-ce que vous avez ? » « J’ai juste une vieille bouilloire que je mets sur le feu, qui siffle. »  » On va travailler avec ça, il n’y a pas de souci. En revanche, si c’est une forme qui vous intéresse, dans les mois qui viennent, si vous pouviez investir au minimum, dans un petit thermomètre de cuisine, qui ne va même pas coûter 10 euros et une casserole. »

Déjà, on commence à faire un travail qui est beaucoup plus fin, mais effectivement, dans ces premières phases où la personne n’avait pas le matériel, je n’ai jamais vu une efficacité qui baisse vraiment. Logiquement, on se dit, il va y avoir une perte, il va y avoir une petite destruction, mais en pratique, si vous n’avez qu’une vieille casserole ou la bouilloire qui siffle, ne vous inquiétez pas, ça va le faire aussi.

Ça marche très bien aussi.

Attention à cette recherche permanente du mieux qui va être l’ennemi du bien. Parfois, j’ai observé ça. En plus, dans nos cercles, on veut tellement faire parfait, qu’on ne fait pas et quand c’est la recherche du parfait qui mène à l’immobilisme, j’estime que ce n’est plus constructif pour faire bouger notre pratique.

Oui, on s’adapte et si on veut réhabiliter l’herboristerie dans le sens où, on voudrait que la tisane soit un soin quotidien pour les personnes et pas un soin du passé, il faut qu’on puisse s’adapter à nos rythmes contemporains, même si les tisanes, on est d’accord, c’est l’éloge de la lenteur. On peut s’adapter.

Ouais. Garde ce point, le concept de slow-herboristerie. Ne rigolez pas, c’est la petite blague. On va y revenir sur l’approche philosophique, mais pour terminer avec la préparation, d’abord, il y a la qualité de l’eau. Mais je vais vous le dire tout de suite, je botte en touche, on ne va pas rentrer dans la discussion sur la qualité de l’eau, les filtres. À la base, au moins, vous avez une eau chargée, au moins vous avez de résidus à sec, au plus l’eau garde son pouvoir extracteur, parce que le pouvoir d’un solvant à extraire des constituants actifs, c’est directement lié à son taux de saturation. Au plus, l’eau est saturée, au moins, elle va extraire. On peut partir sur ces quelques bases d’une eau de grande qualité, la plus pure possible, la moins polluée possible et si possible, avec le moins de résidus à sec. Stop, on s’arrête là, parce qu’après, on rentre dans les filtres, l’eau du robinet, l’eau en bouteille… Trop complexe, on va passer à autre chose. Est-ce que tu as dis combien de temps, on faisait infuser, macérer, décocter ?

À peu près. J’ai dit que pour une infusion, c’était environ dix minutes. Mais ça dépend, il y a certaines plantes pour lesquelles il ne faut pas dépasser 5 minutes. Par exemple, le tilleul, on sait qu’il ne faut pas le laisser infuser trop longtemps. D’autres, ça va être plus de 10 minutes. S’il y a beaucoup de tanins, c’est pareil, on va ajuster. La décoction, ça dépend, autour de 5 à 10 minutes aussi.

C’est ça. C’est du cas par cas et du plante par plante. D’ailleurs, ta décoction, tu la fais bouillir à gros bouillon, le couvercle fait clac,clac ou tu fais à peine frémir ? Comment tu procèdes ?

En toute honnêteté, je fais bouillir.

Je dis plutôt de faire doucement frémir, mais tout le long de cette discussion, vous allez voir, on a tous nos habitudes, c’est intéressant. Le point suivant qu’on avait sur notre liste, c’est l’approche philosophique, parce que c’est vrai que tous les deux, l’infusion, c’est une forme qui nous a fortement appelés, interpellés. On a étudié beaucoup de formes et beaucoup de galéniques et au fil des années, c’est cet attrait pour le bon, pour le beau. L’aspect philosophique pour toi, de l’infusion, c’est quoi ?

La philosophie de l’infusion

Déjà, là, très clairement, on va faire une apologie de la tisane, mais vous allez comprendre pourquoi. Moi, je suis totalement convaincue par cette forme, je vois que les gens apprécient. Après, ça rentre en plus dans leur routine quotidienne. Il y a une dimension culturelle, il y a la tradition. Quand vous faites une tisane, il y a des siècles d’histoire qui vont avec, il y a toute la culture. Ce n’est pas juste une tisane dénuée de sens, il y a du sens. Le sens, il vient avec toute la culture et la tradition. Il y a la sollicitation des sens. C’est la galénique parmi toutes les formes de préparation des plantes médicinales pour moi. C’est la galénique qui permet de solliciter le plus de sens. Le visuel, on le voit très bien, on va pouvoir observer, on en reparlera, la beauté et la qualité des fleurs. Si en plus, on a la chance de savoir reconnaître les plantes dans leur milieu d’origine et ça, on invite tous les utilisateurs à le faire, quand on fait sa tisane, il y a une connexion directe au végétal. On voit les plantes dans leur forme, on les connaît dans leur état naturel, là, on les voit en vrac, c’est brut comme produit. À l’ère d’une société qui ne propose que des produits transformés, on revient à un produit extrêmement brut. On a juste fait sécher et peut-être découpé pour que ça soit plus pratique. Il y a donc cet aspect visuel, il y a cet aspect connexion avec la connaissance qu’on a de la nature, de ces plantes et de ce que ça évoque en nous. Il y a aussi le goût, l’odorat. Le système olfactif, il faut savoir que c’est le système le plus rapidement connecté au cerveau, qu’il est connecté au système limbique, qui est le siège des émotions et de la mémoire. Donc quand on a ces odeurs, quand on se prépare la tisane, il peut y avoir plein de souvenirs, plein d’émotions qui remontent, c’est extraordinaire.

C’est chargé, très chargé.

Le goût, c’est pareil. La madeleine de Proust, on est encore dans la mémoire, on vient activer la mémoire, ça peut être des mémoires très agréables. On vient chercher des choses très archaïques avec une tisane. En plus des siècles de culture qui viennent avec la simple tisane qu’on a dans sa tasse, il y a le sens visuel, l’olfaction. On peut aussi solliciter le toucher quand on va se balader dans la nature. En général, quand on veut reconnaître des plantes, on les touche, on frotte les feuilles, on sent. On touche, on sent, on est dans le sensoriel. C’est la forme qui sollicite le plus les sens.

On voyage. C’est un voyage, c’est un mode de vie. J’ai souvent réfléchi à ce rituel du thé vert au Japon et je veux, je désire, qu’on ait le rituel de l’infusion chez nous, dans ce respect du matériau, de la beauté de l’instrument, du geste, de l’importance du geste, de l’observation. Une sorte de cérémonie zen de préparation de la tisane, qui nous réancre au moment présent. Déjà, au niveau des parfums, il y a quelque chose de magnifique. Tu parlais des mémoires, je me fais une infusion de lavande et je suis propulsé directement dans mon enfance, dans les Alpes-de-Haute-Provence où je passais tout ce temps avec des oncles et des tantes. Il y a un énorme poids émotionnel attaché à certains parfums, parfois, négatifs, ça peut arriver. Il y a ce bal des parfums. Il y a ce bal des couleurs. On regarde à nouveau cette tisane qu’on s’est préparée aujourd’hui, on a fait que dans le vert, mais c’est tout de même magnifique. Le goût aussi, dans tous les sens.

Là, on s’est préparé une très bonne tisane. Parfois, il arrive que si on cherche une visée thérapeutique, ça ne soit pas aussi bon.

Absolument et comme tu l’as dit, dans le geste lui-même, il y a quelque chose de très vieux, de très ancestral et peut-être ancré dans une espèce d’inconscient collectif où on arrive presque à voir la marmite sur le feu de bois et touiller la préparation.

Oui, on pense aux druides parfois. On a tous lu des BD avec des druides. Il y a quelque chose qui nous reconnecte au passé, aux rituels.

On avait pris une petite note.

On voulait parler de la plante qui soigne et rappeler cette citation qui m’avait été enseignée « La plante est, et c’est pour l’homme malade qu’elle devient aidante, qu’elle permet d’aider une condition de santé. » Mais la plante, en soi, elle n’est pas là spécifiquement pour nous soigner, c’est un contexte qui fait que si on a besoin d’aller vers elle pour nous aider dans la vie, oui, on peut aller vers elle et y trouver un certain réconfort.

C’est ça. Je pense avoir été coupable d’avoir dit cette phrase dans mon passé. Je disais « La plante, elle ne nous a rien demandé, elle n’est pas là pour nous. »

Non, non, je ne crois pas.

Par contre, elle a co-évoluer avec nous et elle a probablement développé des mécanismes de défense, qui suivent un parallèle de nos propres mécanismes de défense. Donc, les constituants qu’elle a développés, nous sont probablement utiles pour des conditions qui reflètent notre coévolution. C’est une histoire d’évolution partagée dans les mêmes contextes et les mêmes environnements.

Oui. Par exemple, c’est rigolo, mais la plante qui développe des huiles essentielles pour se défendre contre les agresseurs, ces huiles vont nous servir pour notre immunité. Il y a de parallèles et là, on peut parler d’une sorte de coévolution. C’est un prisme de lecture bien sûr.

Absolument. Il y a aussi toutes ces discussions que je trouve comiques aujourd’hui. Comiques, parce que ça nous remet à notre place. C’est le fait qu’il y ait une manière de voir qui dit que, l’Homme a domestiqué la plante, du moins, certaines plantes. Il y a une autre manière de voir les choses qui dit que, c’est la plante ou certaines plantes, qui ont domestiqué l’Homme. Je sais que certains chercheurs ou ethnobotanistes ont insisté là-dessus. Michael Pollan, un écrivain Américain, qui a écrit un livre super intéressant sur certaines plantes comme le café et le thé, ces plantes qui nous ont peut-être elles-mêmes, apprivoisés, pour qu’on les dissémine aux quatre coins du monde et qu’on facilite leur propagation, leur reproduction.

Le caféier a bien réussi son coup quand même.

J’ai bien peur que oui.

C’est le grand vainqueur.

Et ne me parle pas du cacao et de ses fèves, parce que là, on va partir dans mes addictions, ça ne va pas le faire du tout.

On peut revenir sur l’aspect visuel et le contrôle qualité, parce que c’est quelque chose qui est propre à la tisane. Je crois que c’est la seule galénique, sur laquelle quiconque peut contrôler la qualité du produit.

Ouais. Tiens, d’ailleurs, sur la table, on regarde un petit peu ce que je nous ai préparé. Ça, on va en parler plus tard, c’est quand on discute des quantités. Qu’est-ce qu’on a sur cette table ? Qu’est-ce que tu peux me dire en te basant sur une observation visuelle et une évaluation olfactive ?

Je ne saurais pas en parler aussi bien que toi, mais là, on a de l’achillée millefeuille en sommités fleuries. Elles ont un bon aspect. Si on devait résumer, plus la plante brute, en vrac, ressemble à la plante d’origine, plus il y a de chance qu’elle ait été cueillie avec soin et qu’elle ait été séchée avec soin. Là, on a des cynorrhodons que la plupart des gens connaissent. Les fleurs de bleuets, elles sont magnifiques.

Oui, très, très belles.

L’aubépine aussi. Ça se voit que toutes ces plantes ont été cueillies avec soin et bien séchées. On ne voit pas de moisissures, de noirceurs. On ne voit pas de défauts dans ces cueillettes.

C’est ça, ce sont des plantes qui ont été très bien cueillies. Si on regarde nos ouvrages classiques, on voit que ce qu’on utilise dans l’aubépine, ce sont les sommités fleuries avec quelques feuilles et là, on m’offre exactement ça. Je prends la feuille, je l’écrase et je la sens. Je vais sentir aussi ses sommités fleuries qui vont avoir ce parfum très floral. Les parfums sont là, elle a été bien séchée. Les fleurs sont encore fermées, donc je n’ai pas perdu la structure florale. Elle a été récoltée au moment idéal. Les feuilles sont belles, les fleurs sont blanches, tout est là, ça me plaît beaucoup. Ça vient de cueilleurs et de producteurs qui adorent leur métier, qui ont un cahier des charges qui reflète pleinement le respect de la plante et de l’environnement. Vous savez Ô combien, aujourd’hui, on est en train de défendre nos producteurs, nos cueilleurs. Il faut les faire vivre.

Là, on invite les utilisateurs et les consommateurs de tisane, à s’intéresser, à se rendre en herboristerie pour comparer la qualité des plantes en fonction des différents fournisseurs. Vous allez voir qu’il y a des disparités énormes et parfois, ça vaut le coup de mettre le prix. Quand on voit le travail que c’est de ramasser ces plantes avec délicatesse, c’est un travail humain énorme et le prix du sachet n’est pas très élevé en comparaison du travail.

C’est ça. On ne vous répétera jamais assez « Qui vous a dit que les plantes médicinales devaient être bon marché ? » C’est quelque chose que j’ai entendu trop souvent et qui a tendance à me faire réagir aujourd’hui. Tout ce qui est de qualité, tout ce qui a de la valeur, tout ce qui a été cultivé avec soin ou ramassé avec soin, je ne sais pas si vous vous imaginez la quantité de travail. Il y a des gens qui se cassent le dos pour cultiver ces plantes, pour les ramasser, pour les conditionner, pour les faire sécher, pour les vendre, si vous prenez tout le cycle de la plante et de la graine au conditionnement, vous avez un travail absolument incroyable. Je le sais, je l’ai fait pendant des années et des années. Et ça, ça a un prix. Ce prix, c’est reconnaître la valeur que ces gens nous fournissent, donc, merci.

Merci à tous ceux qui travaillent.

Beaucoup de gratitude.

Et qui nous permettent de faire de délicieuses tisanes. On invite aussi les utilisateurs qui ont un jardin à expérimenter, avec quelques plantes médicinales, à voir ce que ça représente de faire sécher, de cueillir et à se rendre compte de la quantité de produit brut qu’il faut, pour arriver aux quantités, aux dosages, qu’on utilise.

Tout à fait. Un petit clin d’œil à l’achillée millefeuille, qui a ce parfum floral magnifique. Est-ce que le parfum va refléter le goût dans la tasse, une fois qu’on a fait l’infusion ?

Pas nécessairement, parce que l’aubépine dans l’infusion, pour moi, ça a un goût de foin.

D’accord.

Désolée pour ceux qui aiment l’aubépine, j’ai toujours trouvé que ça n’avait pas un goût extraordinaire dans la tasse, donc je trouve que pas forcément.

Parle-nous l’achillée du coup.

L’achillée millefeuille, alors je dis « a[k]illée », c’est un grand débat.

Moi, je dis « ac[ch]illée », parce qu’Achille.

L’achillée millefeuille va être un petit peu amère. Cette amertume, on ne peut pas la percevoir en frottant. On sent que c’est aromatique, mais dans la tisane, ça va être un peu amère. On sait qu’il y a pas mal de personnes qui ont du mal avec l’amertume.

C’est ça et comme on dit toujours « La différence entre le parfum de la Reine des prés et le goût de l’infusion, ce n’est pas pareil ». Si vous connaissez la Reine des prés, vous savez de quoi je parle.

La Reine des prés, ça a une petite odeur d’amande, je trouve.

C’est très floral.

Dans la tisane, ce n’est pas pareil.

Il y a beaucoup de tanins, c’est très astringent. On avait comme sujet « Les plantes qui nous aident à équilibrer les goûts ». Là, on est en plein dans les goûts, on dit, la Reine des prés sent bon, mais c’est vachement astringent dans la tasse. Qu’est-ce qu’on a à notre disposition pour équilibrer les goûts d’un mélange ?

La tisane : équilibrer les goûts

D’abord, pourquoi équilibrer les goûts ? Parce que je trouve que dans les plantes médicinales, je trouve qu’il y a beaucoup de plantes qui ont un goût pas agréable et on va voir que les tisanes, si on doit les boire pendant trois semaines, il faut trouver un goût qui soit agréable pour soi, ça doit être un plaisir. Donc on a des plantes comme la verveine citronnelle que tout le monde connaît a priori, qui est extrêmement agréable. On a toutes les menthes. Sachant que les menthes, elles prennent toute la place en goût, donc on ne va pas trop les doser. La réglisse, une incontournable, mais qui a pas mal de contre-indications. On peut rajouter un peu de jus de citron dans les préparations qui sont amères. Pour moi, les aromatiques aussi, peuvent aider à rehausser le goût.

Tout à fait. Nous, on aime beaucoup ces aromatiques qui sont polyvalentes, parce qu’elles ont beaucoup de propriétés médicinales, mais elles sont là aussi pour équilibrer les goûts.

Et le miel.

Et le miel effectivement, parce que certaines personnes ne peuvent pas se passer d’un petit peu de miel et nous supplient, « Est-ce que tu ne peux pas ? »

Moi, je mets du miel.

Ah, tu es une de celles qui utilisent du miel ?

Ouais, je n’ai rien contre s’il n’y a pas de problèmes de glycémie, pourquoi pas, il faut que ça soit un plaisir.

Voilà, sauf cas particulier. Peut-être une infection intestinale où ces petites bactéries vont se nourrir de ces bons sucres, qui pourraient aller contre ce qu’on essaye de mettre en place dans le conseil. Même pour la réglisse, il y a des contre-indications. En revanche, il suffit parfois de mettre une petite pointe de cuillère à café de réglisse en poudre, pour vraiment modifier les goûts d’une manière positive. Tout va dépendre des goûts, de la condition, etc. D’ailleurs, on ne l’a pas dit, on aurait dû le dire en introduction, mais comme vous le voyez, c’est une discussion assez relax aujourd’hui, autour de la tisane. On n’est pas en train de vous lister toutes les contre-indications, les précautions, les interactions possibles avec les médicaments. On ne va pas couvrir tout ça aujourd’hui, ça va rester léger, mais sachez que chaque plante, potentiellement, peut avoir ce type d’information, attaché à son profil que vous trouverez ailleurs.

Les dosages

Oui, il y a des principes actifs dans les plantes et il faut rester prudent. Ensuite, concernant les dosages, je dose comme le proposent, les herboristeries la plupart du temps. Dans une tasse par exemple, ça va être une cuillère à café ou une cuillère à soupe, ça dépend des plantes et de la sensibilité de la personne. On est tous plus ou moins sensibles à l’effet des plantes, et chaque personne doit adapter en fonction de cette sensibilité.

Une cuillère de chaque plante de ton mélange, tu vas mettre ?

Non, je parle par exemple d’une cuillère à soupe d’un mélange de plantes. Ça veut dire quatre cuillères à soupe par litre et un litre à boire par jour sur plusieurs semaines. Parfois, ça fait moins de dix grammes par litre.

Ouais, parfois, ça fait moins de dix grammes par litre. C’est le type de dosage qui t’a apporté des résultats très satisfaisants dans ta pratique ?

Oui, ça fonctionne. Pourquoi la cuillère à soupe ? Parce que c’est beaucoup plus simple, tout le monde n’a pas la petite balance. Effectivement, on est d’accord que c’est beaucoup moins précis que des grammages.

On a fait quelques tests avec l’équipe, on a pesé des cuillères à café et des cuillères à soupe de différentes plantes, ça va dépendre du type de plante utilisé. Évidemment qu’une racine ou une écorce, va être plus dense qu’une feuille. Du type de coupe aussi, il y a des plantes qui sont coupées grossièrement, il y a des plantes qui sont coupées plus finement et dans une cuillère à soupe, tu vas en mettre moins. Par exemple, dans les pesages qu’on a faits, on a pesé une cuillère à soupe de semences de fenouil, on est arrivés à 4,3 grammes. On a pesé une cuillère à soupe de feuilles d’ortie finement coupées, on est arrivés à 1,1 gramme. Ça varie d’un à quatre. Quand tu doses à la cuillère à soupe, ça varie d’un facteur d’un à quatre donc évidemment, ce n’est pas précis. En revanche, que dit la tradition ? Que ça fonctionne.

Oui et je m’adapte. Je sais par exemple, que si je veux mettre des racines de réglisse, je sais que je vais plutôt aller sur une cuillère à café.

Ouais, parce que c’est plus dense.

Parce que c’est plus dense, ouais. Je sais à la longue que la mauve, dans une cuillère à soupe, il n’y a pas grand-chose donc la mauve, peut-être que je vais en mettre deux cuillères à soupe dans un mélange.

Moi, mon style de dosage est inspiré de pas mal de choses. Il est inspiré de mon passé dans certains pays d’Amérique du Nord. Il est inspiré de toutes mes études des ouvrages classiques et que je considère, de référence, avec des auteurs comme Valnet, Fournier, Leclerc, Cazin, dont je vous parle si souvent. J’ai toujours travaillé dans mes conseils, au poids et je n’ai jamais eu une seule personne qui m’a dit, « Je n’ai pas de balance de cuisine à la maison » ou « ça va me coûter huit euros ». Ça va coûter huit à dix euros d’acheter une balance de cuisine, sachant que c’est un outil essentiel quand tu fais tes propres préparations, on est d’accord. Pour une personne de 70 kg, en principe, sauf si la personne réagit très rapidement, est très sensible à certaines choses et ça, ça fait partie de la discussion qu’on a avec la personne, qu’on va le déterminer, je dose autour des 25 à 30 grammes par litre d’infusion. On vous a fait le test avec un mélange. Ça, ce sont 30 grammes de mélange.

D’aubépine. Non, pardon.

Non, c’est un mélange que j’avais. Il y a des feuilles de ronces, de feuilles d’orties, des feuilles de bleuets. Vous regardez ça et vous vous dites probablement, il y a un problème, ça ne rentre pas dans ma théière. Oui, on ne va pas mettre ça dans la petite théière que j’ai en face de moi. Moi, je fais utiliser un bocal d’1,5 L, parce que si tu fais utiliser 1 L d’eau avec les plantes, bien sûr, un bocal d’un litre, ce n’est pas suffisant. C’est souvent un bocal d’un litre et demi ou une grosse casserole. On va préparer le litre dans la journée et souvent, on va consommer entre deux et quatre tasse, sachant que deux tasses, c’est à peu près un demi-litre et quatre tasses, c’est à peu près un litre de la préparation. Si c’est une femme de 50 kg, tout de suite, on va passer à 15 à 20 grammes par litre, on va ajuster par rapport au poids. Je dose plus que toi, mais ce sont des styles différents qu’on a tous les deux. J’aime identifier un axe de travail précis et essayer de progresser dans cet axe et utiliser des dosages peut-être plus élevés. Toi, tu as peut-être une approche plus légère.

Légère, très précautionneuse. Ça dépend aussi des gens qu’on rencontre. Si on a beaucoup de demandes de la part de personnes sensibles, naturellement, on va aller vers des dosages plus légers.

Tu es en train de me dire que je ne suis pas précautionneux ? Je te taquine, c’est un piège, ne répond pas. Ça vous expose le fait qu’on a tous différentes manières de doser ces mélanges à infusion et que si vous allez dans une herboristerie, en général, ça va être à la cuillère, ça va être relativement simple, on ne va pas se prendre la tête.

Du coup, pendant combien de temps ?

Pause, ou pas ?

Là encore, différents types de pratique. Je te renvoie la question, mode ping-pong. La tradition herboriste nous dit quoi ?

Que l’on fait des cures de trois semaines. Moi, je suis la tradition herboriste, sans trop même, j’avoue, comprendre pourquoi. Je fais des cures sur trois semaines avec des pauses ensuite, puis trois semaines à nouveau. Durant cette pause, l’intérêt, c’est qu’il y a une sorte de jeûne de tisane, qui permet de voir comment le corps fonctionne maintenant, sans les tisanes. Ça donne des indications sur les effets que la cure de trois semaines a permis de faire.

Un retour. Voilà, quel progrès on a fait. Est-ce que le corps, le système, est en train de construire cette résilience ?

Ou de trouver un équilibre.

Est-ce qu’il a encore besoin d’un accompagnement ? Il y a plusieurs hypothèses autour de la cure et la pause, mais une, c’est le phénomène d’habituation du corps à certains constituants des plantes, qu’il lui fait un repos pour se déshabituer. J’ai très rapidement cassé cette règle, je vous l’avoue. Je trouve que pour accompagner des conditions chroniques, qui durent souvent depuis plusieurs années, j’aime voir si on peut aider la personne à respirer un peu, pendant deux, trois mois, parce qu’en général, il y aura des grosses discussions à faire. On va parler d’hygiène de vie. On va parler des paramètres qui sont simples à comprendre, mais compliqués à changer en réalité. C’est-à-dire que peut-être, il y a une discussion autour de l’exercice physique ou d’un travail toxique ou d’une ville toxique. La personne va te dire, je comprends, mais ce n’est pas en deux mois que je vais déménager, changer de boulot… J’aime qu’on ait cette période où la personne respire un peu, où elle trouve un soulagement et qu’elle a du temps pour réfléchir. Ce que j’ai remarqué depuis le début de ma pratique, c’est que dans de nombreuses de ces situations, on faisait un progrès pendant trois semaines et pendant la semaine de pause, on détricotait ce qu’on avait tricoté. Peut-être que l’inflammation revenait, peut-être que les douleurs revenaient. Là encore, prudence, je vous parle de personnes accompagnées par des médecins, qui valident tout ça avec leurs médecins, on est en complémentarité. J’ai observé ça et ça m’a foncièrement embêté, de telle manière qu’après, je suis passé à un modèle où c’est, au départ, un accompagnement sur du plus long terme. Ça peut durer plusieurs semaines, plusieurs mois. Sachant qu’à un moment, bien sûr, on va faire des pauses, bien sûr qu’à un moment, on va diminuer les doses, bien sûr que tu ne développeras jamais une carence en Rein des près et je ne développerais jamais une carence en Partenelle. On n’est pas dans la micronutrition ici, on est dans des constituants actifs, le but, ce n’est pas de faire des choses à vie. En revanche, c’est un outil, un catalyseur, pour aider la personne à rééquilibrer et on va parler de cette histoire de terrain qui est tellement importante pendant notre pratique, du temps pour équilibrer le terrain. Certaines personnes font cinq jours de prise et deux jours de pause, pendant le weekend, ça se fait aussi. Là encore, il n’y pas de standards, il n’y a pas de consensus, voyez ce qui vous convient le mieux, ce qui vous parle.

Oui, l’herboristerie, la forme tisane, c’est une forme qui permet l’individualisation du conseil, qui permet à chacun de trouver les plantes qui lui correspondent le mieux et la manière de faire qui correspond le mieux à son mode de vie, à une sensibilité, à des envies. C’est une forme qui s’adapte à toute personne et à toute condition.

C’est ça. Il faut être très flexible sur tous ces paramètres. On aurait dû en parler tout à l’heure, mais on va parler maintenant, c’est la question de la plante sèche ou de la plante fraîche. C’est une question qu’on nous pose tout le temps. Là, dans ma petite théière, j’ai fait mon mélange à base de plantes fraîches du jardin. Est-ce qu’on peut utiliser des plantes fraîches pour faire des infusions ? Oui, absolument et ça va souvent donner des résultats exceptionnels. Il y a des exceptions. Par exemple, faire infuser des racines, des écorces fraîches, ça ne va pas être une méthode d’extraction optimale, mais pour les parties tendres, qui se laissent facilement pénétrer par l’eau, les feuilles et les fleurs, on peut le faire avec de la plante fraîche.

Plante fraîche, ou sèche ?

Pour certaines plantes, c’est même plus intéressant, la mélisse par exemple, elle est plus intéressante fraîche que sèche.

Et des plantes comme la matricaire, si vous avez déjà goûté des infusions de capitules de matricaires cueillies fraîchement au jardin, c’est magistral, c’est tellement bon et il y a une dimension qui va au-delà de ce qu’on connaît dans les formes d’herboristeries ou même le basilic sacré, le tulsi, il y a plein de plantes qui fraîches, vous donnent une dimension exceptionnelle qu’on n’a pas dans la plante sèche. Comment, on dose ? Si on suivait un modèle logique, on se dirait que dans les parties aériennes, il y a à peu près 80 % d’humidité, d’eau et si on utilisait 20 grammes de plantes sèches dans un mélange, ça correspondrait à 100 grammes de plante fraîche, mais ça ne tient pas compte de cet aspect « vitalité ». On a parfois du mal à expliquer ça « Ouais, mais c’est quoi la vitalité ? » C’est une espèce d’énergie, une vibration, une présence que tu n’as pas dans la plante sèche. Du coup, est-ce qu’on va mettre ces 100 grammes si on a 20 grammes de sec ? Non, parce que la vitalité va contrebalancer et au final, quand on a des plantes au jardin, on fait au feeling, au goût. Le goût, c’est toujours un guide exceptionnel et je dis très souvent, pas trop fort, pas trop faible. Un mélange à infusion que vous vous êtes formulé, il faut que ça ait un bon goût, il faut qu’on sente une certaine force, mais si ça devient trop fort, qu’on a du mal à le boire, c’est mal formulé et là, il faut revoir ça.

Ouais. Ça peut même être contre-productif, notamment avec les plantes amères. L’intérêt, c’est d’augmenter la sécrétion des sucs digestifs avant le repas. Si l’amertume est trop dosée, c’est contre-productif, la personne n’a plus faim et c’est complètement rater le conseil.

C’est ça. Il peut même y avoir ces situations où la personne se dégoûte tellement des amers, que ça provoque presque un réflexe émétique de nausées et après, dans les mois et parfois, les années qui viennent, elle a beaucoup de mal à se remettre à ces amers qui sont des outils remarquables pour notre pratique. D’ailleurs, tu veux que je te resserve une p’tite tasse ?

Allez.

Tu ne bois pas beaucoup et pourtant, tu parles beaucoup, qu’est-ce qui se passe ? Moi, je fais les deux, je parle beaucoup et je bois beaucoup.

On espère que vous êtes en train de boire votre tisane pareillement.

tisane

L’art de la formulation

Ça nous amène à une discussion intéressante qui est l’art de la formulation. C’est quoi la formulation ? Vous voyez, on a toutes ces plantes sur la table, comment créer un mélange qui soit optimal ? Pas pour la plante, pas pour le nom d’une condition de santé, mais pour vous, c’est ça le but. La formulation, c’est quelque chose pour vous, qui vous correspond. On va démarrer de ce concept. Comment on démarre Marie, par quel concept ?

Déjà, si vous cherchez à formuler une tisane récréative, pour le plaisir, là, il va falloir chercher le goût et c’est propre à chacun. Par contre, si vous cherchez une tisane qui va vous aider dans une condition de santé, là, la formulation va être toute une méthode qu’on va essayer de développer au travers d’exemples, ça sera plus simple.

On peut rester dans l’infusion plaisir juste un petit moment, parce que ça emmène à une discussion intéressante, on en a un petit peu parlé hier, c’est l’énergétique des plantes. C’est-à-dire que toi, qui tu es, ta constitution, quels sont les signes qui te parlent plus, est-ce que tu es chaud, froid, sec, humide, on revient à ces termes de base de médecine énergétique. Sachant que les plantes ont aussi une énergétique particulière. Si je suis une personnalité de constitution plutôt froide, j’ai tout le temps froid, aux pieds, aux mains, l’hiver, je me couvre beaucoup et justement, c’est l’hiver, on revient d’une promenade en forêt, je vais me préparer quelque chose qui réchauffe, qui a des aromatiques, qui a des épices, peut-être du gingembre, de la cannelle ou des plantes plus de chez nous, du thym et du romarin, pour que ça chauffe un peu, que ça circule. Je suis à la base, très feu, souvent chaud, transpire tout le temps, caractère hyper-excité, qui ne tiens pas en place, parfois explosif. On a le feu du foie montant dans la médecine chinoise. Donc, moi, si j’ai trop de chaleur, ça ne va pas le faire. Même pour les infusions plaisir, on peut apprendre à se connaître au travers de certains modèles comme l’énergétique des plantes, que je trouve très élégante. Rien que ça, ça peut être des réflexions ludiques à faire, pour optimiser les tisanes plaisir à la personne que tu es, mais aujourd’hui, on est là pour parler de troubles, de petits problèmes de santé.

Qui s’éternisent, qui traînent.

Voilà, chroniques.

Et pour lesquels on n’a pas forcément de réponse, ni de solution et on aimerait améliorer sa vitalité, son état de forme, résoudre certains petits problèmes qui nous embêtent et pour lesquels, on sait que sur le long terme, ça pourrait s’aggraver. Là, effectivement, on va chercher à formuler sa propre tisane et chacun peut le faire. Pour cela, on va investiguer toutes les parties qui nous constituent, le mental, l’émotionnel, le physiologique, il y a plusieurs étages. Pour le physiologique, la tisane n’est pas la solution de premier recours, c’est comme un outil qui s’intègre dans toute une approche très globale, c’est-à-dire qu’il y a des piliers du bien-être qui sont l’alimentation, l’hygiène de vie, la gestion émotionnelle et tout ce qui relève d psychologique, la santé digestive, les capacités d’élimination, la qualité du sommeil, l’immunité, etc. Donc, il y a une approche globale et la tisane qu’on va se préparer, que chacun se prépare, s’inscrit dans tous les outils qui vont permettre au quotidien, de nous aider pour nous maintenir en bon état de forme, en bon état de santé en gros.

Ouais, c’est vrai et c’est intéressant, parce que ce que vous trouvez dans les livres, dans les ouvrages, c’est souvent, nous, ce qu’on appelle cette association plante à symptôme, qui est une vue très simple et un petit peu simpliste où tu vas trouver, inflammation articulaire/Reine des prés, inflammation articulaire/écorce de saule, inflammation articulaire, telle ou telle plante qui va calmer l’inflammation articulaire. C’est comme ça que les ouvrages sont faits. Personne ne se pose jamais la question « Pourquoi ces inflammations articulaires sont-elles arrivées et pourquoi elles font rage aujourd’hui ? » Et en général, on dit que la symptomatique, c’est la pointe de l’iceberg et que dessous, la partie de l’iceberg qu’on ne voit pas, c’est tout le terrain et que tout dépend de ce terrain. C’est cette partie que nous, on essaye de travailler. Si on prend cet exemple très simple d’inflammation articulaire, chronique, la personne bien sûr, voit régulièrement son médecin. Peut-être qu’elle a fait des examens pour évaluer où elle en est, peut-être qu’elle a des médications en place. Peut-être qu’elle digère mal, qu’elle dort mal, qu’elle est stressée par rapport à son travail. Est-ce que ces paramètres peuvent avoir un impact sur des inflammations ?

Oui, tout à fait. On sait que le sommeil, c’est le moment de la réparation. On sait aussi qu’une mauvaise digestion associée à un état d’inflammation chronique intestinal, va aggraver une fragilité articulaire préexistante. Tout est lié et avec l’approche holistique et très globale, qu’on amène dans l’herboristerie, ce qui nous est permis, c’est de formuler. Chacun peut formuler avec entre cinq et sept plantes, donc on peut agir de façon globale sur tout ce qui pourrait aggraver une condition d’inflammation ostéoarticulaire.

C’est ça. Encore une parenthèse. On en a plein de parenthèses, mais ce n’est pas grave, c’est important. Pourquoi Marie nous dit cinq à sept plantes ? Et moi, parfois, j’ai l’habitude de dire trois à cinq. Parce qu’au plus, vous en mettez dans votre formulation, au moins, vous allez savoir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, ce qui créait des petits effets indésirables. Peut-être que je suis arrivé à me formuler un bon mélange pour mes inflammations articulaires, mais punaise, il y a un truc qui me fiche la diarrhée. Qu’est-ce que c’est ? Au plus, tu mets des plantes, au plus, ça va être compliqué de le savoir. Pour apprendre à connaître les plantes, même parfois, on peut commencer à travailler avec des plantes individuelles. Ce n’est pas une formulation, c’est une seule plante. Je peux apprendre à la connaître comme ça. Ça, c’est la pratique qu’on appelle la « pratique des simples », j’ai choisi ma plante. Trois à cinq plantes, cinq à sept plantes, parce qu’il ne faut pas trop faire compliqué non plus.

Ouais et parfois, ça peut être extrêmement intéressant aussi, de tester et d’expérimenter avec une unique plante. C’est l’intérêt encore une fois de la forme tisane. Aujourd’hui, c’est l’apologie extrême, mais on peut choisir une plante du mélange et se dire aujourd’hui, j’aimerais goûter, voir l’effet sur mon corps, de l’achillée millefeuille ou de l’aubépine.

Ouais, c’est ça. Je vais citer mon exemple particulier, parce que j’ai moi-même, mes problématiques de santé, ça fait des années et des années que je travaille dessus et chaque année, je découvre des indices supplémentaires. Je suis migraineux de très longue date, depuis que je suis tout petit. J’ai expérimenté de nombreuses formulations, de nombreux mélanges, de nombreuses galéniques et j’ai finalement remarqué qu’une simple infusion de partenelle, Tanacetum parthenium qu’on appelle aussi « grande camomille ». C’est un peu cliché, parce qu’on dit « la partenelle, c’est la plante des migraineux ». C’est comme, « Le millepertuis, c’est la plante des déprimés. » Ok. Est-ce que tu as déjà été déprimé, que tu as essayé le millepertuis et que tu as constaté que ce n’était pas suffisant ? La réponse est souvent oui. Là, c’est pareil. Quand j’entends « La partenelle, c’est la plante des migraineux », tout de suite, ça me trouble, parce que je me dis que ce n’est pas si simple, mais pour moi, ça a été aussi simple. C’est-à-dire que si je remets en place une cure où tous les jours, je me bois une infusion de partenelle et moi, j’aime, c’est très amer, je mets un filet de citron pour contrer l’amertume, parce que pour contrer l’amertume, ce n’est pas le sucré, c’est l’acide. Pour moi, c’est suffisant, donc pourquoi faire compliqué ? Pourquoi est-ce que pour mes migraines, j’irais mettre une plante du foie, une plante de l’inflammation cérébrale, une plante de ci, une plante de ça ? Pour moi, ça fonctionne, et même cette paternelle. Pour moi, elle a même toutes ces actions différentes, parce qu’elle est amère, parce qu’elle travaille sur le foie, parce qu’elle est anti-inflammatoire, mais parfois, on peut faire très simple, comme parfois, il faut composer, il faut formuler, il n’y a pas le choix.

Oui et il y a des tisanes qui vont agir plus globalement, il y a certaines plantes qui agissent plus globalement que d’autres, il y en a certaines qui agissent plus spécifiquement sur certains systèmes, mais il y en a qui ont des actions très globales sur le corps, donc une plante parfois, suffit. La plupart du temps, dans la tradition, on avait tendance à choisir plusieurs plantes pour l’effet de synergie, parce qu’il y a une synergie des composants au sein même d’une plante. Il y a énormément de principes actifs qui agissent en synergie et qui, de concert, décuplent les effets de chacun des principes actifs. Aussi, quand on coupe des plantes ensemble, on a une synergie du mélange. Par ailleurs, s’il y avait certains effets indésirables, on les dilue dans le mélange.

C’est ça, exactement. C’est un très bon point. Pour notre étude de cas, on a parlé d’inflammation articulaire. Il y a un problème de stress, un problème de sommeil, un problème de digestion. On s’était fait un mélange où par exemple, on avait mis des feuilles de frêne pour les inflammations articulaires. Il y en a qui sont directes, on ne va pas pour autant, ignorer la pointe de l’iceberg, parce que parfois, pour soulager, il faut passer par ces leviers. On avait mis des graines de fenouil pour les lenteurs digestives, avec peut-être beaucoup de ballonnements et quelques petites crampes. On avait mis de la camomille matricaire pour apaiser le système nerveux et apaiser le système digestif. On en avait mis une quatrième qui était le romarin, parce que c’est une grande plante du foie et des émonctoires et on voulait stimuler l’évacuation de ces déchets pro-inflammatoires du corps. On avait pensé à ce mélange tout simple. Est-ce que c’est le mélange ultime ? Est-ce que le travail est fini, Marie ?

Non, ce n’est pas le travail ultime. Ce qu’il savoir, c’est que si les douleurs rendent le quotidien insupportable (bien sûr la personne a tout fait avec son médecin, etc.), on va agir avec des plantes qui vont être encore plus anti-inflammatoires et diurétiques, comme les sommités fleuries de Reines des prés, les feuilles de bouleau et on remet des feuilles de frêne, de l’ortie, du cassis. Si les douleurs sont trop importantes, on va chercher une approche plus directe, mais ça dépend, c’est du cas par cas.

Ce qui prime, le reste, c’est du blabla, c’est la qualité de vie, votre qualité de vie. Au final, tout doit se mesurer sur les améliorations de la qualité de vie. On a cette fameuse pointe de l’iceberg et dessous, on a tout le terrain qui est souvent déséquilibré. Parfois, on commence par la pointe de l’iceberg et on se donne du temps pour travailler à un niveau plus bas. Il n’y a pas de bonne manière ou de mauvaise manière de faire. Il n’y a qu’une chose, c’est l’amélioration de votre qualité de vie, c’est ça qui est vraiment important.

On peut agir aussi sur le terrain. Là, on a parlé du terrain, mais on peut aussi agir en prévention. C’est super intéressant, parce qu’on a tous certaines fragilités constitutives sur lesquelles on peut travailler et prévenir. C’est là où l’herboristerie est encore plus intéressante, parce que là, on peut encore plus réduire les doses, on est dans un travail de prévention. On peut même opter pour certaines tisanes en rotation. Est-ce qu’on pourrait illustrer avec tes exemples quand on parle de prévention ?

Oui. Je vais prendre mon exemple particulier, parce que c’est quelque chose que j’ai dû mettre en place. Première catégorie, ce sont mes faiblesses et j’ai beaucoup manipulé, j’ai vendu des graines pendant des années et des années, donc j’ai beaucoup manipulé des matériaux, des plantes sèches pour trier les graines avec beaucoup de poussières. Au fil des années, j’ai développé une condition allergique, c’est-à-dire que les dernières années, littéralement quand je triais mes graines, je développais un urticaire et quasiment de l’asthme. J’ai dû arrêter, j’étais devenu sensible à ces poussières, ces poils très irritants. Du coup, j’ai gardé une faiblesse pulmonaire qui fait qu’à l’entrée de chaque hiver, si je veux bien entamer l’hiver et la saison froide, j’utilise des mélanges à tisane qui vont contenir des plantes comme le thym, de la réglisse, certaines choses qui protègent les poumons. J’aime beaucoup l’astragale de Chine, j’en ai au jardin. Ça, ça fait partie de mes tisanes probablement à vie, sauf si cette faiblesse disparaît. On peut avoir des faiblesses familiales. Chez moi par exemple, ce sont des faiblesses du retour veineux, qui sont bien présentes. Moi aussi, j’ai des faiblesses du retour veineux donc régulièrement, je vais consommer de la vigne rouge, de l’achillée millefeuille, parfois, du fragon que je ramasse dans mon jardin vu que j’ai des parties où j’ai des plantes sauvages. Ça, ça fait partie de ma routine préventive, parce que j’aimerais éviter de développer des conditions plus sérieuses dans le futur. Donc, il y a les conditions propres à chaque individu, nos faiblesses. Si vous dormez mal, il faut faire quelque chose. Si vous êtes tout le temps stressé, il faut faire quelque chose. Si vous digérez mal, il faut faire quelque chose. Il y a les tendances qu’on hérite de notre famille et il faut quand même regarder, parce qu’il y a une partie génétique. Si plusieurs personnes développent telle ou telle condition, il faudrait agir en prévention. La troisième catégorie, ce sont les risques du monde moderne, le stress oxydatif avec les polluants et plein de choses qui font, qu’on doit consommer des flavonoïdes, des antioxydants. On doit stimuler les organes d’élimination de temps à autre. Tout ça, c’est de la prévention et ça peut se faire au travers de mélanges à tisane, bien formulés.

Tout à fait et dans la prévention de quelque chose que tout le monde connaît, c’est le stress. On sait qu’une exposition à un stress chronique, c’est extrêmement délétère pour l’organisme et dans les plantes médicinales, il y a énormément de plantes qui peuvent avoir des capacités sédatives, rééquilibrant le système nerveux. Des plantes adaptogènes, régulatrice du système immunitaire endocrinien et nerveux. On a énormément de possibilités pour aider à réduire l’exposition au stress. Ça, c’est un sujet très contemporain. On a aussi les allergies. Typiquement, pour les allergies en général, on fait de la prévention, on fait des cures de tisanes avant la période des allergies, c’est là où on est le plus pertinent. La prévention est un terme très important dans l’herboristerie, c’est là où on peut avoir une très grande efficacité aussi.

Exactement. L’immunité, ça ne se prépare pas fin décembre, début janvier, ça se prépare dès septembre/octobre. Les allergies, en général, ça se prépare quelques semaines avant le démarrage si vous arrivez à intercepter ces moments. Effectivement, il faut mettre en place une réflexion et un plan d’action. Souvent, on doit te poser la même question, mais on me demande « Ce sont des trucs que tu prends tous les jours ? » Non. « Ce sont des trucs que tu prends en cure ? » C’est possible, mais ce que je dis, c’est que sur le comptoir près de la bouilloire, il faudrait presque qu’on ait tous nos mélanges faits pour nous, en prévention pour nos faiblesses de telle manière à ce qu’on passe devant la bouilloire et qu’on se dire, aujourd’hui, je vais me boire une infusion en prévention des troubles du retour veineux. Peut-être demain et après-demain, rien et le jour d’après, on est fin octobre, il commence à faire froid, je vais commencer à consommer mes mélanges pour le système respiratoire. Tu vas faire ça tous les jours pendant l’hiver ? Non, mais régulièrement de temps à autre. Peut-être deux fois ou trois fois par semaine. On peut faire par cure et après, faire une longue pause ou on peut faire comme je vous suggère ici, de l’intégrer régulièrement pendant la semaine, pendant le mois.

Ouais, que ça fasse partie du quotidien comme vous buvez votre café le matin ou votre maté. Vous pouvez vous boire de temps en temps, une infusion de romarin, une plante qui vous est adaptée ou un mélange de plantes qui vous est adapté et avoir dans vos routines, la semaine, plusieurs possibilités. Quand ça devient une routine, on n’a plus besoin de réfléchir.

Marie, ça fait plus d’une heure qu’on discute. On voulait vous faire des études de cas, mais là, ça va être top long. Ce qu’on vous propose, c’est de faire un autre épisode. On prendra des études de cas pour illustrer tout ça. Dernier message que j’aimerais faire passer avant qu’on ne fasse la conclusion, c’est que tout ça, ce n’est que le point de départ. On formule et au fil des mois, même au fil des années, on ajuste, parce qu’on apprend à mieux se connaître, parce que c’est en introduisant quelque chose, qu’on va récupérer du feed-back pour voir où on en est. Gardez toujours en tête ce processus itératif, expérimental, dans la plus grande prudence évidemment, mais expérimental. Marie, le mot de la fin ?

Le mot de la fin, ça serait la slow herboristerie.

Et à part la slow herboristerie ?

Ça serait l’éloge de la lenteur, l’éloge du rituel, de l’appréciation de nos sens. On a la chance d’avoir des sens extraordinaires, qui parfois, sont mis à mal par un contexte sanitaire. Quand on a l’occasion de se faire des préparations qui sollicitent tous les sens, si on est dans la pleine conscience de la tisane, c’est vraiment intéressant.

Tu as un petit mot aussi à nous dire sur la préparation de grand-mère.

Oui. J’en ai marre de lire que la tisane est un remède de grand-mère, parce que ça veut dire que la tisane est un remède du passé et que la grand-mère, un jour, elle n’est plus là. Or, la tisane, ça peut être un soin contemporain. Certes, c’est un soin qui demande un peu d’investissement, de préparation, d’aller chercher les plantes, de les sélectionner, de faire la formulation, ça demande un peu de temps, donc ce n’est pas dans l’air du temps, mais je pense qu’il faudrait réhabiliter ce rituel dans notre quotidien.

Absolument. L’infusion, c’est l’un des soins du futur. On va dire ça pour conclure. Merci à vous. Merci Marie d’avoir été avec nous aujourd’hui. On vous fera un deuxième épisode pour illustrer quelques choses qu’on n’a pas eu le temps de couvrir. Merci à vous d’être avec nous, on se retrouve très bientôt, ciao.

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25 réponses

  1. Merci à Marie et Christophe pour ce beau moment de partage sur les tisanes.
    J’adore la générosité (je répète toujours la même chose) et la simplicité avec laquelle vous transmettez vos savoirs. Ca donne envie de pratiquer.
    Je suis d’accord avec Marie pour le goût de la tisane l’aubépine seule, c’est assez désagréable, pour moi ce n’ est pas le foin mais une odeur prononcée de poisson. J’en avais d’ailleurs discuté avec Sabine.
    Bref, merci à toute l’équipe d’Althea Provence.
    Hâte d’écouter les études de cas, et de retrouver votre binôme autour des infusions de plantes.

  2. il y a quelques minutes, je me concoctais une infusion de Romarin et je pensais à ce magnifique exposé, ci-dessus… et je m’interrogeais sur mes façons de faire mes infusions un peu marginales… En effet, pour un certain nombre de plantes non aromatiques je les pulvérise et je les percole comme le café. Par exemple pour le Romarin, je mets deux cuillérées à soupe légèrement bombées dans le filtre en papier brun, (destiné au café), pour une tasse de 30cl et je verse très très doucement de l’eau juste avant ébullition sur la poudre… J’obtiens une infusion de couleur rouge foncé et au goût vraiment amer… Pour les feuilles de petite pervenche, je pratique de même mais avec une seule cuillérée de poudre verte.. Je vous défie de boire la solution obtenue tant elle est amère et également de belle couleur rouge orangée… etc… Maintenant ma réflexion est de savoir si cette méthode rapide de percolation permet d’extraire la totalité ou une quantité suffisante des éléments des plantes ?…

    1. Bonjour Hervé
      voici la réponse de Christophe
      c’est une méthode qui a été pas mal explorée pour la teinture mais pas pour l’infusion, pourtant on doit faire face aussi à une problématique de saturation du solvant, probablement. Donc pour les plantes stables à la pulvérisation, je dirais que c’est une méthode très intéressante que je n’ai pas encore exploré. Pour les moins stables, style aromatique, cela m’embête beaucoup de les soumettre à cette étape de pulvérisation. Le romarin est l’une des plus « solides » mais tout de même, on va y perdre en aromatique, et on y gagnera probablement un peu sur l’extraction des non aromatiques (acide rosmarinique, etc).

      1. Bien compris… je rentre dans le rang et retourne aux traditionnelle telles qu’on me les a inculqué…

  3. Bonsoir
    Tout d abord merci pour cet échange qui apporte beaucoup de sérénité à celui-celles qui l écoute
    Christophe parle à un moment de l énergie des plantes est ce qu il existe une bibliographie sur ce sujet ?
    Merci.

  4. Quels passionnants échanges vous nous offrez là, aujourd’hui, je me suis vraiment régalé et j’ai largement partagé auprès d’amis et amies dans l’intérêt général de ceux et celles qui méconnaissaient tout l’art de se faire plaisir avec des plantes infusées… mais, mais, mais, à la 34ième minute et 42 secondes mon coeur a fait BOUM !… qu’ouie-je, qu’entends-je, qu’acoustiquais-je ?..«…l’aubépine dans l’infusion, pour moi, ça a un goût de foin !» Oh Marie !… si tu savais, tout le mal que çà m’a fait… à tel point que, si j’avais eu mon tensiomètre a portée de main, je pense qu’il serait monté en flèche dans le rouge… le foin ?… je me souviens très bien de l’odeur du foin, et ce, depuis mon adolescence… couchés dans le foin avec le soleil pour seul témoin… j’en suis encore tout imbibé !.. mais dire que les belles fleurs et feuilles d’aubépine, bien séchées, bien conservées, ont l’odeur du foin ?… Je sais que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais les odeurs ?.. mais ce que vous avez dit et qui est consigné, qui plus est, noir sur blanc dans le Blog [https://www.altheaprovence.com/tisane-et-infusion-un-echange-avec-marie-nauleau/] quelle hérésie !… attention, on en a mis sur le bûcher pour moins que çà… Du coup, j’ai mis votre vidéo sur pause et pour calmer mes palpitations, mais également pour déceler une quelconque odeur de foin dans mes aubépines (que je cultive au jardin, avec amour et délicatesse), j’ai vite pris une grosse poignée des belles fleurs blanches et de belles feuilles d’un vert tendre, qui hument vraiment bon dans les sacs de papier kraft double épaisseur et je les ai immergées dans une casserole d’eau chaude que j’ai laissé infuser hors du feu le temps de regarder la suite de votre vidéo… Je vous assure que ma tisane d’aubépine avait un goût parfumé très agréable, goût et odeur, que je ne saurai pas étiqueter ou classifier dans les échelles des odeurs, mais je dirai, tout simplement le goût et l’odeur de l’aubépine !… Mais pour votre défense, vous êtes bien loin de qualificatifs et étiquettes nauséabondes que l’on trouve dans la littérature et certains auteurs, parlent d’odeur d’urine mais je décerne la palme à un certain écrivain herbaliste anglais «Terry Breverton» qui vomit littéralement sur les Mayflowers en écrivant : « Elles ont une odeur désagréable, comparée à la « chair en décomposition », ou à «la peste de Londres»(Breverton’s Complete Herbal)… Ho! My God… I am choking!… cà c’est bien loin de l’odeur du foin…çà empeste !..

    Afin de vous faire pardonner récitez donc un Avé Maria, quant à Breverton, qu’il aille au diable !…

    Mais ce serait vous faire injure si je restais sur cette amertume, de quelques secondes, car le reste de vos échanges, pendant 1h12mn, ont été d’une pédagogie exemplaire et très instructive à tous points de vue … Merci à vous Marie, de nous avoir éduqué pour nous garder en bonne santé !..

  5. Carrément MAGISTRAL !.. WOUAH… 1h12mn pour faire un grand pied de nez à tous ceux ou celles-là qui nous balancent à tour larigot, en ricanant ironiquement, qu’il s’agit de remèdes de Grand-Mères et Marie, en conclusion m’a devancé mais au fur et à mesure du déroulé de vos exposés, je pensais bien l’évoquer ici dans mon commentaire… Hé bien oui !… Christophe a entièrement raison de dire que c’est l’avenir pour une autonomie et une liberté individuelle… Et, en pensant et imaginant la vie quotidienne des habitants d’Ukraine, on devrait se dire que si nous étions dans une telle situation (en espérant et en souhaitant ardemment de ne jamais l’être…), serions-nous prêt à une certaine autonomie indispensable et forcée ?… Les différentes formes de préparations à partir de plantes, que Christophe et Marie nous ont si brillamment exposé et détaillé, nous permettraient de nous prémunir,de résister ou de combattre certaines formes ou débuts de maladies… Méditons à ce sujet dès à présent avant qu’il ne soit trop tard… Tout comme, j’ai très souvent été interpelé par des amis ou voisins à qui, leur médecin venait d’annoncer une forme de cancers nécessitant une chimiothérapie ou de graves maladies incurables, et qui me demandaient qu’elles étaient les plantes adaptées pour leur venir en aide rapidement… Des SOS auxquels il n’est pas possible de répondre… alors que tout au long de leur vie, s’ils avaient suivi un genre de traitements, même épisodiques comme le préconise Christophe dans son exposé, les maladies les auraient peut-être rattrapé, mais peut-être avec moins de gravité, car leurs systèmes immunitaires et leurs organismes auraient sans doute été plus à même de combattre dans de bonnes conditions… en tout cas personnellement c’est en ce sens que je vis au quotidien et que je mets en pratique en réagissant très vite, dès que mon corps me signale un problèmes ou un dérèglement… Je suis également attentif en ce sens pour chaque membre de ma famille !… Ceci dit, les tisanes ou infusions OK ! …Oui assurément, mais pas que çà en ce qui me concerne : Ma prostate me jouant des tour, ma vessie est trop sollicitée par trop de liquide, alors j’alterne en prenant des infusions le matin (après le p’tit noir) et jusqu’à 15h puis les plantes qui me sont utiles, voire nécessaires sont percolées en teintures hydroalcooliques ou conditionnées en gélules pour les prises en fin de journées et du soir (ashwagandha pour le sommeil, racines d’orties, prunier d’Afrique et fruits de palmiers nains de Californie pour la prostate entre autres…) ce qui permet d’éviter trop de lever pendant la nuit…
    Merci et félicitations les plus sincères Christophe et Marie pour tout ce travail en duo… Chapeau les Artistes !…

  6. Bonjour,
    Vos partages sont toujours passionnants et votre nouvelle présentation très jolie. Mais il m’est très difficile de lire les lignes en bleu. Je le regrette.
    Merci pour tout

  7. Depuis des années je me soigne par les plantes et medecine naturelle holistique , je vous remercie pour votre travail et à Christophe que je suis depuis 4 ans et c’est un régal.Merci de faire prendre conscience combien dame nature peut soigner.

  8. GRANDE AMATRICE DE TISANES, J’AI « PIOCHé » ,COMME TOUJOURS LORS DES VIDéOS , DE PRéCIEUX RENSEIGNEMENTS. JE ME DEMANDE AUSSI SI – PAR EX. THYM OU ROMARIN – SONT AUSSI EFFICACES INTRODUITS DANS LES PLATS CUITS ?SERAIENT – ILS PLUS APPARENTeS ALORS à UNE DéCOCTION ? MERCI à TOUS LES 2 ET à BIENTÔT !

    1. bonjour Colette
      les aromatiques utilisés dans la cuisine apportent de toute façon un petit quelque chose, après tout dépend de la cuisson , les he de ces plantes ont vite fait de « s’évaporer » , donc pour un effet thérapeutique il vaut mieux les avoir en infusion

  9. Quel timing ! Aujourd’hui je reçois le livre de Suzanne Robert appelée Suzanne Tisane dans les années 80, livre intitulé  » tous mes secrets de santé » basés principalement sur les tisanes

  10. Super les échanges!!!! Un vrai régal de vous lire…avant de savourer ma tisane thym-romarin….Bon, je fais ça à l’ancienne: grosses ou petites pincées dans tisanière et eau chaude par dessus, je ne pèse que pour 1L. Que ce soit pour les thés ou tisanes : toujours un joli plateau, théière spéciale infusions, jolie tasse; cela fait partie du rituel..Pas de sachet car j’ai la chance d’avoir un jardin où poussent mes sauvages (mauve, bouillon blanc, plantain…) + aromatiques thym, romarin, origan, sarriette… semées il y a plusieurs années. Quand je déguste une tisane j’ai la sensation de boire le « l’énergie » de la terre…

    Merci Marie, merci Christophe !!!!

  11. très instructif……mais intéressant pour l’entrée de l’hiver…..tisane, je fais le tour de mes réserves…merci

  12. Petit spoiler : la cohabitation entre médocs et herbes ne se fera jamais car l’industrie pharma est en train de manipuler la planète pour retirer tout ce qui est naturel, et ne garder que leurs molécules chimiques toxiques. A coup de dollars pour les médias, pour les politiques, pour les programmes scolaires, cette industrie écrasera tout.
    Je ne suis pas d’accord lorsque vous dites que les médicaments ont des avantages. A part quelques molécules simples et anciennes comme l’ivm ce genre de vieux médocs, tout le reste ne fait que précipiter les gens dans un gouffre de maladies et de dégradation de leur santé. Soigner ou guérir ne fait pas partie du business plan des labos, leur but est de vendre leur m* le + possible pour créer de nouvelles maladies et donc de ne soigner personne bien au contraire.
    J’ai donc arrêté la vidéo au début, je la reprendrai peut-être plus tard si je vous pardonne cette incartade haha (mais oui je la reprendrai, car vous dites beaucoup de choses vraies et intéressantes aussi). Merci pour votre travail, à toute l’équipe.

    1. Tout à fait d’accord. C’est sous Vichy que l’herboristerie a été interdite (big pharma commençait son oeuvre)…puis, elle n’a été autorisée que pour les pharmaciens. A ce jour, les formations d’herbalistes n’utilisent que les plantes non rackettées par les labos…. l’eau, les plantes, les graines….

  13. I found this in Louis Liger’s Apothicairerie: Décoction ou ptisane ordinaire.
    Prenez une once d’orge, une botte de chiendent ratissée, nettoyée & coupée menu, une grosse racine de chicorée sauvage ratissée, nettoyée & coupée par morceaux; faites bouiller le tout à petit feu dans deux pintes & chopine d’eau réduite à deux pintes: en retirant le coquemar du feu, ajoutez-y deux ou trois gros de reglisse ratissée, battue & éfilée; laissez refroidir la ptisane & la passez. Cette ptisane peut servir de boisson ordinaire dans presque toutes les maladies; on pourra y ajouter, en cas de nécessité, quelque médicament altérant approprié à la maladie qu’on aura à traiter.

    1. Ça sent son 17ème… 😀
      Hélas le pauvre homme devait avoir de l’hypertension car il est décédé à 59 ans… La réglisse : à éviter dans ce cas. (Pardon pour ce trait d’humour macabre) 😉

  14. Super discussion, très riche, à écouter en buvant sa petite tisane (romarin-menthe pour moi) ! Et c’est sympathique de voir Marie, qui est toujours d’une aide formidable sur les forums ! Merci à tous les deux !

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