Cet article est paru dans le magazine Plantes & Santé
L'armoise annuelle (Artemisia annua), plante traditionnelle de la médecine chinoise, bénéficie d’une forte notoriété depuis le prix Nobel de médecine 2015 décerné à Youyou Tu pour l’efficacité de son extrait contre le paludisme. Désormais, on cherche activement où trouver la plante sèche. Ne cherchez plus: votre jardin est la meilleure des herboristeries !
Une star très vertueuse
Utilisée en médecine chinoise pendant plus de 2000 ans, l’armoise annuelle est passée de l'obscurité à la célébrité en quelques mois en Occident. Elle suscite aujourd’hui une véritable passion. Les Chinois l’étudient pourtant depuis les années 1950 pour combattre le paludisme, avec succès. Ce sont d’ailleurs ces travaux, particulièrement ceux sur l’un des composants actifs, l’artémisinine, qui ont valu le prix Nobel de médecine à la Chinoise Youyou Tu en 2015 et l’ont remise au goût du jour.
Il est vrai que cette armoise a de nombreuses propriétés.
- Elle combat la fièvre grâce à un effet diaphorétique (elle fait transpirer).
- En application locale, elle combat les plaies infectées et les infections de peau.
- Elle est efficace pour toute infection intestinale.
- Elle favorise l’arrivée des règles et les calme quand elles sont trop abondantes.
- Elle combat les maladies parasitaires du sang, le paludisme en particulier (à ce sujet, relire Plantes & Santé n° 163).
Une autre propriété intéresse de plus en plus: son action anticancer. Les études in vitro démontrent une efficacité dans les cas de leucémie, de cancer du sein et de cancer du côlon. Les médecins vietnamiens l’utilisent régulièrement pour différents types de cancer.
L’action de la plante est incroyablement systémique. En d’autres termes, elle agit sur toutes les parties du corps et traverse la barrière hémato-encéphalique en particulier. C’est ce qui en fait un outil si puissant.
L'armoise annuelle au jardin
Démarrez l’armoise annuelle à partir de graines minuscules qui doivent être semées en surface. Préparez votre bac de plantation, arrosez votre terreau et tassez bien pour faire une surface plane. Mélangez les graines avec un peu de sable tamisé puis saupoudrez ce mélange en surface. Tassez bien à l’aide d’une d’une brique et ne recouvrez surtout pas de terre. Gardez humide jusqu’à germination. La plante commence à germer au bout d’une semaine environ.
Si la germination est drue, commencez à éclaircir rapidement à l’aide d’une pince à épiler. Ne laissez que les plantules les plus fortes. Gardez entre cinq et dix plantes selon vos ambitions au jardin, sachant que la plante deviendra énorme.
Gardez la plante en godet afin de la fortifier, puis placez-la en pleine terre et au soleil une fois que les racines commencent à sortir du godet.
Ne pas planter trop serré
La première fois que j’ai cultivé la plante, je me suis retrouvé avec une mini-forêt d’armoises. J’en avais trop planté. Aujourd’hui, j'en garde deux ou trois que j’espace d’un mètre. Plus la terre est pauvre, plus votre armoise sera riche en artémisinine et autres substances aromatiques. N’arrosez que lorsque la plante commence à piquer du nez ; la faire «souffrir» un minimum favorise la production de constituants.
La plante est très rustique et ne craint pas grand-chose des insectes et des maladies. Elle peut monter à 2 mètres de haut. J’ai d’ailleurs vu des plants se faire déraciner par un fort coup de mistral. S’il y a un risque chez vous, n’oubliez pas de l’attacher à un tuteur.
Comme son nom l’indique, la plante est annuelle et produit une grande quantité de graines. Récupérez-les.
À savoir : elle se ressème très vigoureusement et est considérée comme envahissante.
Ramasse et séchage
Ramassez toutes les parties aériennes après l’ouverture des fleurs. Tout comme les feuilles, elles contiennent de l’artémisinine.
La quantité est plus élevée dans les vieilles feuilles, y compris les défraîchies. Branches et racines sont à composter. Notez que les préparations à partir de plante fraîche sont plus efficaces. Si vous désirez la sécher, mettez-la trois jours en plein soleil. Même lorsqu’elle est coupée, les précurseurs de l’artémisinine continuent à être transformés en artémisinine grâce au soleil. Déplacez-la ensuite à l’ombre pour finir le séchage si nécessaire.
À l’atelier : infusion au lait de coco
Traditionnellement, on utilise l’armoise annuelle en tisane. Toutefois, pour une meilleure extraction des principes actifs, on aura recours à l’alcool (c’est-à-dire une teinture), mais aussi à des solutions grasses.
L’artémisinine en particulier est liposoluble. C’est pourquoi je vous propose de faire infuser la plante dans une solution contenant des lipides. Et quoi de mieux que le lait de coco pour faire une telle préparation! Il va permettre d’extraire 80 % de l’artémisinine alors que l’eau n’en extrait que 25 %.
1. Placer une grosse pincée de sommités fleuries d’armoise annuelle, si possible fraîche, sinon récemment séchée, au fond d’une tasse à thé.
2. Faire frémir 200 ml de lait de coco dans une casserole. Si votre budget ne vous permet pas d’utiliser le lait de coco et si vous consommez des laitages, vous pouvez utiliser du lait entier bio.
3. Verser le lait sur la plante • dans la tasse. Couvrir immédiatement. Laisser infuser 4 heures: une macération longue est nécessaire pour une extraction optimale.
4. Passer au travers d’une passoire puis • récupérer la plante et l’écraser dans la main afin de l’essorer dans la tasse.
Posologie
Pour le paludisme (ou malaria), Stephen Buhner, phytothérapeute américain spécialiste des plantes à action antibiotique, recommande 100 g de plante pour 1 litre de lait à boire dans le courant de la journée. À faire pendant une semaine, suivi de deux semaines de pause, puis une nouvelle semaine de prise.
Autres préparations à base d'armoise annuelle
- Teinture de plante fraîche, 200 mi d'alcool pur (à 90°) pour 100 g de plante fraîche coupée finement. Laisser macérer deux semaines et filtrer. Pour la malaria : 1 cuillère à soupe deux fois par jour pendant une semaine, puis deux semaines de pause et une semaine de prise.
- Jus de plante fraîche (passée à l'extracteur de jus): une cuillère à soupe de jus par jour, puis deux semaines de pause et une semaine de prise. Le jus peut être conservé avec de l'alcool pur ajouté à raison de 20 % de la solution.
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Précautions d'emploi
"L'huile essentielle d'armoise annuelle contient des cétones neurotoxiques en pourcentage non négligeable. On m'a envoyé des analyses chromatographiques qui le confirment. Ceci rend son utilisation en aromathérapie très délicate. Notez que toute extraction alcoolique (alcoolature, teinture) s'accompagne d'une difficulté en plus car extrait ces constituants plus efficacement que l'eau. En revanche, j'ai entendu des discussions sur le besoin de contrindiquer l'utilisation des formes alcooliques de la plante entière, ce qui me parait trop précautionneux aux vues des bénéfices. Bien sûr, comme pour tout, rien n'est blanc et noir et tout sera une histoire d'évaluation du ratio bénéfices/risques (qui reste, pour moi, très positif). Les formes alcooliques en particulier ne sont donc pas à prendre d'une manière continue."
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Danièle dit
MACRÉRÂT HUILEUX À CONSOMMER
Bonjour, en ayant appris sur votre site qu'il y a une meilleure exécration des composants liposolubles de l'Artemesia Annua dans une solution contentant des lipides, je souhaite faire un macérât huileux. En effet, je trouve cela un peu casse tête de faire chaque matin pendant 7 jours la tisane pour moi et mon enfant de 2 ans selon les posologies indiquées sur le site de le maison de l'Artemesia : bébés/enfants (2,5g /500ML d'eau) adultes (5g/L d'eau). Bien que cette méthode a toujours bien fonctionné sur nous. Quelle huile utiliser ? (Olive/Tournesol?) et quel ratio ? (1:2?) Combien de temps de macération à froid ou à chaud et surtout quelle posologie par jour (en goutte ou en cuillère à café) et pendant combien de temps s'il vous plaît ? (car il y aura visiblement une plus grande extraction des composants). Je précise que la plante que j'ai acheté a été cultivée en France par Kokopelli (pour qu'on ait une idée de sa concentration car elle diffère selon le pays). Je compte utiliser ce macérât huileux en cure préventive et la tisane en curative.
merci d'avance
sabine dit
bonjour Danielle
je vous invite à aller lire les protocoles de préparation des différents macérats huileux https://www.altheaprovence.com/macerat-huileux/, pour l'artemisia annua je trouve que par intermédiaire alcoolique est intéressant , par contre comme ce n'est pas une préparation répertoriée, il n'y a pas de posologie et très peu de recul sur une éventuelle prise en interne d'un macérat huileux
Jouy dit
Bonjour
On m'a transmis une forme sirop, dont les utilisateurs sont très satisfdepuis des années, je n'y avait pas pensé:
"Pour info....Sirop d artemisia...
50 gr de plantes seche de juillet
1.5 litre d eau
Faire fremir 10 min
Laisser infuser j usqu au lendemain 16/24h
Filtrer et peser
Meme poids en sucre
Laisser fremir 10 min a petit feu
Mettre en contenant sterilisable
Steriliser 1 h apres ebulition..."
Qu'en pensez vous? Apparemment ce n'est pas surchauffé et le fait de laisser infuser longtemps, je trouve cela fort intéressant.
Même au Perthus maintenant l'alcool à 96 n'est plus disponible comme avant. Du coup je retiens le commentaire de Tanja avec la vodka, mais je testerai avec la plante sèche.
Bien envie de faire les deux pour voir et effectivement tout le monde ne peut pas boire avec alcool
sabine dit
bonjour Jouy
bonne idée ça me donne envie , je vais tester §
Pour le Perthus , vous savez si c'est provisoire ou définitif?
JOULE dit
Bonjour
J'ai trouvé un producteur d'artemisia annua dans ma région, cependant il vend les sachets de plante sèche bien plus cher que kokopelli et me dit que c'est justifié car les fleurs ne contiennent pas d'artemisine et que ses sachets n'en contiennent pas contrairement à kokopelli. Dans votre article il est mentionné que les fleurs en contiennent moins: qu'en est il vraiment ?
sabine dit
bonjour Joule
je ne comprends pas votre question concernant votre producteur
concernant l'article il est écrit je cite : "Ramasse et séchage
Ramassez toutes les parties aériennes après l’ouverture des fleurs. Tout comme les feuilles, elles contiennent de l’artémisinine."
mais peut-être avez-vous relevé un autre passage que je n'aurais pas vu ?
Chantal dit
Bonjour Sabine , et ce qui me liront ..
Je n'avais pas vu cette partie de coimmentaires et le rajout concernant les preparations autres que tisane .. perso , quand je suis fatiguée et un peu malade , je n'ai pas envie de gras , la tisane me suffit ..est-ce vraiment si different ? quelqu'un l'a t il testé ? ? est il exact qu'il faille ne prendre aucun autre complément ,? tout est "antioxydant" presque ! ni meme manger des fruits et legumes, riches en vit c ? merci !
sabine dit
bonjour Chantal
il y a des personnes qui n'aiment pas boire de tisanes, d'autres qui ne peuvent pas boire d'alcool, donc c'est un bon compromis
Quant à savoir si on peut prendre d'autres compléments ,j'avoue que je ne sais pas , j'ai vu passer une étude très technique et in vitro https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24244716/
je pense aussi qu'il y a une différence entre compléments (où les molécules sont souvent concentrées) et alimentation , voire même infusions de plantes , mais tout ça reste quand même très flou
David dit
Bonjour Sabine, bonjour a tous.
Les fleurs qui se présentent en inflorescences, sont chargées + ou - en principe actif que les feuilles?
sabine dit
bonjour David
d'un point de vue biochimique je ne saurai dire, d'un point de vue "olfactif" et donc subjectif je trouve que lorsque la plante fleurit , elle dégage un parfum plus puissant qu'avant la floraison
Joule dit
Bonjour Sabine
Sur plusieurs sites, dont Kokopelli, on conseille de cueillir avant la floraison: " Afin de faire bon usage des qualités thérapeutiques de l’Artemisia, nous conseillons de récolter les tiges et les feuilles, au plus tard, lors de la formation des boutons floraux", car elle est au maximum de son potentiel, qu'en pensez vous?
sabine dit
bonjour Joule
je la récolte au tout tout début de la floraison , comme je l'avais déjà dit , je ne saurais dire la concentration des constituants, par contre , j'ai cueilli à tous les stades , les feuilles toutes seules bien avant la floraison (bien odorantes fraiches) , en boutons et en fleurs
après avoir les avoir fait sécher , je constate que les feuilles ont pas mal perdu (côté olfactif hein , pour les constituants je ne sais pas ) en boutons et en fleurs , le parfum reste puissant avec un tit plus pour les fleurs (au début de la floraison ).
Cette année je n'ai pas eu le temps de les bichonner, ce sont des spontanées non semées, elles ont subi la canicule provençale de plein fouet , ont été très peu arrosées , quand je suis rentrée après un mois et demi d'absence j'ai retrouvé mon jardin littéralement cramé, par contre les artémisias sont d'un beau vert , elles ont un parfum plus que puissant et sont bien collantes (bien plus que les autres années ) , sont elles plus fortes en constituants?je ne saurais dire par contre
Guillaume dit
Bonjour Sabine et Christophe,
Merci pour cet article, hâte de semer et planter l'armoise dans mon jardin!
Pour une action vermifuge, quelle posologie conseillez-vous?
Belle journée
sabine dit
bonjour Guillaume
pour le vermifuge je ne sais pas, je n'en ai pas l'expérience
Emilie dit
Bonjour, Quel alcool utilisez-vous, et ou vous fournissez vous svp. Faut-il absolument un alcool titrant 90°. Merci pour votre réponse. Bonne soirée
sabine dit
bonjour Emilie
trouver de l'alcool pur est quasi impossible en France, par contre du côté des pays frontaliers c'est possible
si vous voulez utilisez un alcool moins fort, vous pouvez faire une teinture de plante sèche (alcool à 50°)
Tanja dit
bonsoir Emilie, j'ai - contrairement "au réglement pour faire des TM" utilisé du vodka (38%) en 2021. parfum neutre et prix raisonable contrairement à l'aclool fort que des amis m'ont amené cette-année de l'italie (15.- pour 1l de 96%). j'ai testé les effets (de la TM à vodka) sur moi et ma famille ainsi que des amis. à la fois en amont lorsque le corps commençait à donner des signes d'infections / maladie et à la fois en pleine maladie (infections/rhume/grosse fièvre/ grippe). le retour était uni-sono: qu'ils n'avaient jamais aussi vite récupéré. donc si vous ne trouvez pas un alcool plus fort, le vodka à 8.-/75cl fera l'affaire mais je serais curieuse d'apprendre ce que M. Bernard en dirait... 🙂 cordialement et SANTE, Tanja
sabine dit
bonjour Tanja
vous avez utilisé des teintures de plantes fraiches ou sèches?
Tanja dit
bonsoir Sabine, fraîches pour l'eau qui est propre à la plante et qui donne sa vertue. sachant que ça dilue encore plus le taux d'alcool... mais pour moi c'est le résultat qui compte et ça a aidé à divers corps de reprendre leur force et luter contre fièvre et infections 🙂