Echinacea angustifolia : étude de cas

Je partage ici un excellent article écrit par l'herbaliste anglais Nick Jones (avec son autorisation) au sujet de l'Echinacea angustifolia, plante tant appréciée par les docteurs américains des années 1800 et début 1900.

Nick est membre du College of Practitioners of Phytotherapy. Cet article a été publié dans l'excellent journal Medical Herbalism publié par Paul Bergner. La traduction en français a été faite par moi-même.

Vous n'avez pas besoin de tout comprendre pour en tirer des leçons. Voici ce que j'en ai tiré personnellement. Cet article est intéressant pour démontrer que :

• Les plantes agissent, c'est évident ;
• Les plantes agissent souvent dans la durée, et il faut savoir insister, en supposant que l'on ait choisi la bonne plante ;
• Les plantes peuvent agir dans les conditions aiguës ;
• L'échinacée angustifolia semble particulièrement efficace en décoction ;
• Comme indiqué par les docteurs éclectiques des années 1800-début 1900, Echinacea angustifolia, lorsqu'utilisée en décoction, est la plus efficace de toutes les espèces.

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Le but de cet article n'est certainement pas de vous encourager à ne pas prendre des antibiotiques et de mettre votre vie en danger. Ne jouez pas avec le feu, et travaillez avec votre docteur dans les cas d'infections sérieuses. Lorsque interrogé sur la partie éthique de travailler avec quelqu'un qui refuse de prendre des antibiotiques, Nick répond simplement ceci : le patient, c'était moi.

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Cellulite cervico-faciale

La cellulite est une infection non-contagieuse des couches internes de la peau. Les zones communément affectées sont les jambes et certains aspects unilatéraux du visage. Le pathogène responsable est en général un streptocoque, bien qu'un staphylocoque puisse aussi être un facteur causatif. Souvent, il peut y avoir une porte d'entrée évidente, comme un ulcère veineux, une abrasion, ou comme dans le cas qui va vous être présenté, une infection dentaire qui se propage dans les tissus de la zone avoisinante.

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Etude de cas

Age : 40

Sexe : Masculin

Aucun historique médical, plutôt en bonne santé, pratique le surf, le yoga, actif d'une manière journalière.

Alimentation : poulet, poisson, légumes du jardin, riz complet, fruits. Boissons : café, 2 fois par jour, infusions de plantes, eau, très peu d'alcool.

Historique du problème : le symptôme initial fut une douleur de dent, provoquée par la nécrose à la base de l'incisive latérale maxillaire gauche, qui mena à une infection et à une douleur considérable. La phase aiguë de douleur fut traitée d'une manière efficace par la combinaison des plantes suivantes utilisées fraiches :

• Achillea millefolium radix (NDT : la racine est utilisée traditionnellement pour les rages de dent)
• Plantago lanceolata
• Eugenia caryophyllum séchés et pulvérisés (NDT : clous de girofle)
• Althaea officinalis radix

Le tout mélangé avec une teinture de Commiphora myrra dans un mortier-pilon afin de fabriquer un cataplasme.  Ceci fit diminuer la douleur et la situation fut apparemment résolue dans les 48 heures. Peu après néanmoins, l'individu nota une enflure près de la narine gauche à la base du sinus maxillaire. Ceci se propagea rapidement sur le coté gauche du visage, provoquant enflure et douleur au toucher, fermant partiellement l'oeil gauche à cause de l'enflure. Une grosseur dure et s'étendant de la narine gauche au sinus maxillaire gauche fut palpable, avec un diamètre d'à peu près 3 cm.

Un dentiste nettoya l'incisive latérale maxillaire gauche, enlevant les tissus morts et la zone nécrotique, laissant une dent creuse. La dent fut laissée ouverte pendant une semaine, permettant au déchets de drainer pendant la durée du traitement. The dentiste diagnostiqua une cellulite cervico-faciale sévère.

Prescription

• Amoxicilline 500 mg - 1 capsule 3 fois par jour
• Metronidazole 400 mg - 1 tablette 3 fois par jour

Un numéro d'urgence fut fourni au patient en cas de propagation de la cellulite et d'atteinte à l'oeil.

Le patient fut réluctant à utiliser les antibiotiques et voulu essayer d'autres méthodes en premier abord. The patient était dans un état de léthargie, avec manque de motivation, manque d'appétit, et présentait une température élevée. La joue gauche fut chaude au toucher.

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Traitement

80 grammes de racine d'Echinacea angustifolia fut ajoutée à 1,5 litre d'eau, le tout laissé à mijoter pendant 40 minutes. Le fluide résultant fut bu comme tisane chaude pendant la journée. Le patient nota une légère amélioration dans les 2 premières heures après avoir ingéré la première tasse. L'effet le plus notable fut la disparition de l'état léthargique et le retour de la motivation.

Le marc provenant de la première décoction fut laissé dans la casserole le jour suivant. 80 grammes de nouvelles racines d'Echinacea angustifolia furent rajoutés, le tout dans 1,5 litre d'eau, laissé à mijoter pendant 40 minutes. Le patient nota une sensation de picotement dans la bouche plus marquée que pour la première décoction, probablement dû au fait que les alkylamides du marc du jour précédent furent extraits. Un quart du second marc fut gardé pour le jour d'après.

Cette méthode fut répétée pendant la durée du traitement. De plus, une partie du liquide fut utilisé pour appliquer localement en compresse sur la zone du visage affectée.

Jour 2 : l'appétit du patient fut de retour (petits repas constitués de fruits et légumes) et le patient fut capable de fonctionner et de retourner à des activités normales pendant le journée, sans effets indésirables. L'enflure commença à réduire et le patient fut confiant au sujet de l'efficacité du traitement.

Jour 3 : une teinture fut rajoutée au traitement pour aider à drainer et à métaboliser les déchets :

• Phytolacca decandra 10 ml 1:3
• Silybum marianum 50 ml 1:3
• Taraxacum officinale (raciles et feuilles) 40 ml 1:3
• Dosage : 10 ml 3 fois par jour

L'enflure du visage fut réduite d'une manière notable, avec une boule dure persistante mais diminuant en taille du coté du sinus maxillaire.

Jour 4 : dernier jour de décoction d'Echinacea angustifolia. L'enflure continue de diminuer.

Jour 5 : une décoction d'Echinacea purpurea fut démarrée, en utilisant la même méthode avec la plante entière. La teinture fut aussi continuée. Le patient sentit que Echinacea purpurea n'est pas aussi efficace. La boule dure continua de diminuer, laissant un nodule d'1 cm de diamètre constitué de tissus souples adjacent à la narine gauche.

Jour 6 : le visage est de retour à la normale, laissant juste un petit nodule dur. Une teinture de racine d'Echinacea angustifolia (1:3, alcool à 45°, dose 10 ml 3 fois par jour) fut ajoutée au traitement, à prendre avec le première mélange de teintures. La décoction de Echinacea purpurea fut continuée.

Jour 7 : la décoction d'Echinacea purpurea fut arrêtée. La cavité creuse de la dent fut remplie par le dentiste.

Jour 8 : aucun signe visible d'infection. Le nodule dur mesure moins de 0,5 cm de diamètre. Le mélange de teinture fut continué.

Jour 11 : le nodule dur n'est plus palpable. Le patient ressent que la situation est complètement résolue. Le mélange de teintures fut continué jusqu'au jour 12.

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Commentaires

La teinture contenant Phytolacca, Carduus (NDT : Silybum) et Taraxacum fut rajoutée pour aider le foie et pour encourager le processus d'élimination. De nombreuses plantes qui peuvent être utilisées pour aider ce processus. Les plantes choisies étaient à portée de main. Avec du recul, une infusion à froid de racines d'Arctium aurait pu être rajoutée pour ses propriétés dépuratives.

La teinture d'Echinacea angustifolia fur rajoutée au jour 6 car le patient ressentit que la décoction d'Echinacea purpurea n'était pas aussi efficace que la décoction d'Echinacea angustifolia. Il est possible que la teinture d'E. angustifolia n'était pas assez forte pour avoir un impact sur ce cas là. Le Kings American Dispensatory (NDT - ouvrage Américain de référence) recommande un alcool à 80° pour les racines, avec des doses de 1 à 60 gouttes toutes heures. Il peut aussi y avoir le fait que la décoction de E. purpurea ait été plus efficace que ce que le patient n'a ressenti.

Un effet secondaire inattendu : les suées nocturnes, qui furent extrêmes et peuvent même être décrites comme torrentielles. Les draps durent être changés et lavés chaque matins. Les suées correspondirent avec le début du traitement et diminuèrent au bout de 5 jours. Les sueurs eurent une odeur forte et désagréable. Pendant cette période, les urines furent très jaunes avec une forte odeur.

La vitesse à laquelle la décoction eut un effet sur le mental fut remarquable. Dans les heures qui suivirent la première prise, le patient ressentit la léthargie disparaitre et la motivation revenir, peut être une indication de l'interaction de la plante avec les forces vitales.

Pendant tout ce processus, et jusqu'à ce que la dent soit remplie, le patient pu ressentir le fluide qui drainait de la dent. Laisser la dent ouverte améliora le nettoyage et la résolution de l'infection. Avec du recul, la dent aurait pu être laissée ouverte jusqu'à résolution complète. Par contre, il y a des inconvénients, comme la nourriture qui entre dans la cavité et peut provoquer une nouvelle infection.

Dans cette étude de cas, les propriétés immunostimulantes de l'échinacée proviennent des composants solubles dans l'eau : les polysaccharides et les acides cafféiques. Certains alkylamides sont présents, comme démontré par la sensation de picotement sur la langue. Les acides cafféiques sont connus pour leurs propriétés anti-oxydantes.

Les polysacchardies provenant de différentes espèces de plantes, comme l'échinacée, peuvent stimuler l'activité des macrophages (Capek P. et al, 2004) et induire les facteurs de nécrose tumorale, interleukine-1, et interféron-béta 2 (Steinmuller LB. et al 1989; Stimpel M. et al 1984). Les études récentes ont déterminé que l'activité immunostimulante la plus puissante pour l'échinacée provient des composants hydrosolubles, plutôt que des petites molécules lipoidales (Pillai S. et al 2007).

Il est probable que l'activité immunostimulante des composants hydrosolubles soit dose-dépendante, d'où la grande proportion de racine d'Echinacea angustifolia par rapport à l'eau (à peu près 1:2). Une étude in-vivo sur les souris démontre qu'un extrait aqueux de E. angustifolia ou E. purpurea fournit une stimulation immunitaire plus importante dans un modèle de grippe que l'extrait alcoolique. L'extrait aqueux induit la production d'une grande variété de cytokines dans les poumons et améliore le taux de survie. L'extrait de E. angustifolia fut plus efficace que l'extrait aqueux ou alcoolique de E. purpurea, parfois d'une manière très significative (Singh N. 2010).

D'autres études ont démontré une activité antioxydante synergiste entre les différents composants de l'échinacée, comme les acides cafféiques et les alkylamides lorsque combinés avec les composants hydrosolubles comme les polysacchardies (Dalby-Brown L. et al 2005). L'activation des macrophages par les polysaccharides de la racine peut être attribuée aux lipoprotéines et lipopolysaccharides bactériennes dérivées de l'action symbiotique des bactéries vivant dans la plante et dans le sol environnant (Pugh N. et al 2008).

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