Phytolaque
(Phytolacca americana)
La Phytolaque (Phytolacca americana, Phytolacca decandra) n’est plus utilisée aujourd’hui car elle est toxique même si prise à des doses relativement basses. Mais ce n’est pas parce qu’une plante est toxique qu’il faut l’envoyer aux oubliettes. Cette plante fait partie de notre pharmacopée ancestrale, et notre responsabilité à tous est de faire vivre ce savoir.
Comme dans beaucoup de cas, la différence entre le remède et le poison, c’est la dose. Soyez prudent avec cette plante, qui peut néanmoins s’avérer utile dans certains cas mentionnés plus bas. La plante fut longtemps utilisée comme émétique et purgatif violent, témoignage de sa force – on ne joue pas avec.
Notez aussi que la plante est envahissante et menace la biodiversité de certaines régions de France.
Nom commun : Phytolaque, Phytolaque d’Amérique, Raisin d’ours, Épinard de Cayenne, Épinard des Indes
Nom latin : Phytolacca americana, Phytolacca decandra
Famille : Phytolaccaceae
Constituants :
- Saponines triterpénoides (phytolaccosides)
- Lectines
- Histamines (fortes concentrations)
- Acide gamma-aminobutyrrique
- Minéraux (potassium en particulier)
- Phytostérols
- Amidon
- Sucrose
Utilisation de Phytolacca
Système lymphatique :
- Probablement la plante nettoyante et stimulante du système lymphatique la plus puissante ;
- Engorgement des glandes lymphatiques du système respiratoire supérieur – laryngite, pharyngite, angine, oreillons (ref : Hoffman, Mills & Bone) ;
- Tout engorgement des ganglions lymphatiques, en particulier lymphadénite (inflammation des ganglions) et mastite – application externe et interne (ref : Hoffman, Mills & Bone) ;
- Lymphadénite des ganglions inguinaux ;
- Toute adénite, adénopathie (ref : Felter) ;
- Ovarite (inflammation des ovaires) (ref : Mills & Bone, Felter) ;
- Abcès du sein en application locale (ref : Mills & Bone) ;
- Orchite (inflammation des testicules) et épididymite (inflammation de l’épididyme, une partie du testicule) (ref : Moore) ;
- Mastose en phase aigüe (ref : Moore).
Dépuration
- Agit au plus profond du système lymphatique pour faciliter la circulation et l’élimination des déchets, si système lymphatique débordé pour une raison ou une autre ;
- Facilite le processus de dépuration et de nutrition au niveau cellulaire (ref : Scudder) ;
Articulaire :
- Douleurs rhumatismales chroniques, polyarthrite rhumatoïde inclus (ref : Gazmend, Hoffman, Mills & Bone) ;
- N’oublions pas que le système articulaire a besoin du système lymphatique pour un bon échange de liquides et une bonne évacuation des déchets.
Peau et muqueuses :
- Agit en tant que dépuratif au travers de son action sur le système lymphatique (ref : Mills & Bone) ;
- Eczéma atopique (ref : Gazmend, Mills & Bone)
- en particulier lorsque sec et se craquèle (ref : Ellingwood) ;
- en particulier lorsque historique de lymphadénite et fissures dans le coin de la bouche et dans la zone vaginale et anale (ref : Moore) ;
- Acné en application locale (ref : Mills & Bone) ;
- Dartres et éruptions cutanées chroniques (ref : Fournier) ;
- Psoriasis et toute maladie de peau squameuse (ref : Ellingwood) ;
- Tinea corporis, teinture des fruits frais (ref : Moore) ;
- Inflammation des gencives due à une immunosuppression (ref : Moore) ;
- Aphtose ;
- Muqueuses enflammées d’une manière aigue ou chronique avec érosion blanchâtres – stimule la régénération cellulaire et facilite les sécrétions glandulaires (ref : Felter).
Cancer :
- Usage controversé – Fournier parle de « réputation usurpée » ;
- Cancer du sein en interne (ref : Grieve) ;
- Cancer de l’utérus en application locale (ref : Grieve) ;
- Lorsque dysplasie lymphatique, en support et pas comme approche primaire (ref : Moore).
Utérus :
- Fibromes utérins, stabilisation ou diminution lente (ref : Cabrera) ;
Constitution :
- Particulièrement adapté à la personne imposante de forte corpulence, forte poitrine chez la femme, continuellement épuisée et apathique (ref : Wood) ;
- Langue pale, terne, sèche ou humide, couverte d’une couche blanche avec salive mousseuse (ref : Moore) ;
Toxicité :
- Mills & Bone mentionnent de nombreux cas d’empoisonnement en Amérique du nord au 19ème siècle dus à une overdose de teinture ou l’ingestion des fruits ;
- Les symptômes d’une intoxication sont la nausée, les vomissements, les crampes abdominales, la diarrhée, une faiblesse, des spasmes bronchiques, la tachycardie, et une pression artérielle basse (ref : Gazmend) ;
- Ne pas prendre durant grossesse ou allaitement.
Préparation de Phytolacca
Parties utilisées :
- Attention au contact de la racine ou des fruits, porter des gants ;
- Racine sèche (ne pas utiliser la racine fraiche) ;
- Fruits dans certaines traditions ou chez certains thérapeutes, Cook par exemple (ref : Cook) ;
Formes utilisées :
- Teinture de la racine séchée (1:5, alcool 50°) ;
- Fruits macérés dans de l’alcool pour problèmes articulaires, d’efficacité égale au guaiacum (ref : Grieve) ;
- La société BioSimple vend une teinture diluée des fruits (la teinture pure n’est pas fournie) ;
- Certaines herboristeries, comme l’herboristerie Bardou, vendent des gélules de phytolacca ;
- Macérât huileux pour application locale (ou teinture diluée) ;
- Phytolacca homéopatique.
Dose :
- 0,15 ml à 0,7 ml de la teinture préparée au 1:5 par jour pour un adulte (ref : Mills & Bone) ;
- 5 à 15 gouttes de la teinture préparée au 1:5 (ref : Moore) ;
- Microdosage à la Wood : diluer au 10ème dans de l’alcool, puis prendre 3 gouttes du mélange résultant par jour (ref : Wood) ;
Références
- Cabrera, Chanchal, MNIMH, Medical Herbalism 09-30-93 5(3): 4-5
- Cook, « The Physiomedical Dispensatory », 1869
- Ellingwood, « Ellingwood’s Therapeutist », 1909
- Felter, « The Eclectic Materia Medica, Pharmacology and Therapeutics », 1922
- Fournier, « Dictionnaire de Plantes Médicinales et Vénéneuses de France », 1947
- Grieve, « A Modern Herbal », 1931
- Hoffman, « Medical Herbalism », 2003
- Mills & Bone, « Principles and Practice of Phytotherapy », 2000
- Moore, « Materia Medica » et « Specific Indications for Herbs in General Use », 1997
- Scudder, « Specific Medication and Specific Medicines », 1870
- Skenderi, « Herbal Vade Mecum », 2003
- Wood, « The Earthwise Herbal, A Complete Guide to New World Medicinal Plants », 2009
27 réponses
Bonjour, je suis enceinte et soufre de poches parondontales. Mon dentiste me conseille des gargarismes avec 20 goutes de TM de phytolacca et 20 gouttes de TM de calendula. Je compte ajouter un hydrolat de myrrhe. Qu en pensez vous? Combien de temps dois-je faire ce traitement s il convient?
Merci pour votre réponse
bonjour Sophie
je suis surprise par phytolacca car c’est une plante déconseillée pendant la grossesse https://www.altheaprovence.com/phytolaque-phytolacca-americana/
par exemple calendula / propolis((certaines personnes y sont allergiques donc vérifiez au pli du coude ) en teinture dans diluées dans un verre d’eau vous rajoutez 2-3 gouttes de tea tree , vous pouvez alterner avec du gel d’aloe
Bonjour, merci pour votre point de vue et ce conseil de substitution. J utilise déjà une pâte gingivale à base de propolis. La myrrhe (TM ou hydrolat) pourrait être également intéressante? Merci
bonjour Sophie
je n’ai pas d’information concernant l’hydrolat mais cela pourrait être une bonne option et à choisir entre tm et hydrolat , pour une grossesse je choisirais l’hydrolat (pour les bains de bouche)
Bonjour Christophe,
Pouvez-vous décrire les actions à entreprendre concernant les ovarites? Est-ce que la phytolaque peut être utilisé pour eventuallement dissoudre les kystes ovariens?
Merci!
Laurène
Bonjour Laurène
les kystes ovariens sont le signal en général d’un dérèglement hormonal, le phytolaque est une plante qui peut être dangereuse si mal utilisée
le gattilier est un régulateur hormonal et par exemple le curcuma un anti inflammatoire
mais il est préférable de faire un bilan avec un thérapeute pour avoir un protocole ciblé selon votre problématique
Bonjour Christophe
merci pour cette fiche (et tout le reste).
Tu parles de Fruits macérés dans de l’alcool pour problèmes articulaires peux tu donner un dosage?Quel poids de fruits pour quelle quantité d’alcool a combien de degrés? je ne l’ai pas trouve dans Grieve, « A Modern Herbal », 1931
merci
Bonjour Flo,
200 ml d’alcool pur pour 100 g de fruits frais. Je sais, je me répète, mais plante très toxique, à n’utiliser que lorsque l’on sait à quoi on a affaire… Dosages similaires à ceux proposés pour les racines.
Bonjour,
j’aurais besoin de connaitre les seuils de toxicités de cette plante pour l’homme et l’animal
des chiffres concrets et précis.
Pouvez-vous me renseigner s’il vous plait ?
Bonjour, je n’ai pas ces données. La plante est très toxique c’est tout ce que je peux vous dire.
bonjour Christophe
je ne peux m’empêcher de m’emmêler dans ce fil de discussion pour y mettre mon grain mais sans vouloir créer la moindre polémique !
je me demande quel message nous offre cette « invasion » ?
D’après ce que je peux en comprendre certaines levées de graines de plantes dites invasives se font car la terre présente soit des carences soit des excès dans sa composition et les plantes arrivent pour répondre au besoin de la terre!
et donc plutôt que de lutter contre , peut être serait ce intéressant de se pencher sur le pourquoi ? Quels seraient les déséquilibres, souvent créés par les activités humaines , responsables de l’établissement de telle ou telle colonie de plantes ?
Je crois que nous sommes dans la même optique qu’avec notre organisme : la maladie (mal-a-dit) s’installe car notre « terre » souffre d’un déséquilibre…..et toute notre quête consiste à comprendre le pourquoi…
De quoi a besoin telle plante pour croître, quelles sont les interactions/échanges qui se produisent avec la terre ? la plante en même temps qu’elle signale un problème , a une fonction de restauration, elle guérit !
En ce qui me concerne , j’ai du mal à entendre le mot « éradication » surtout lorsque les plantes et les animaux sont en jeu ! et je préfère de loin , l’idée que la Nature nous dit quelque chose et que les plantes sont indicatrices (lire les excellents ouvrage de Gérard Ducerf) ! alors plutôt que de tuer le messager car ses manières ne nous plaisent pas, essayons d’accueillir son « met-sage » et porter les recherches et nos actions sur les déséquilibres !
C’est un excellent point. Je ne sais pas ce que nous dirait la bible de Ducerf en effet sur l’abondance de Phytolaque et la santé du sol.
d’après ce que j’en lis je cite :
» elle se développe lorsqu’il y a engorgement total en humus forestier et en Matière Organique archaïque avec excès de bois en décomposition ! son biotope secondaire : bords des chemins et des routes, talus forestiers, coupes de bois particulièrement les coupes à blanc,etc.
il met une pastille jaune qui indique qu’il y a rupture de l’équilibre mais qu’il est possible de faire pencher la balance dans l’autre sens »
ce pourrait être intéressant d’étudier ce qui a changé à Fontainebleau ?(aménagements, zones déboisées et/ou reboisées ) et peut être faire des analyses des sols où cette plante se développe ?
super intéressant ! je ne savais pas ! merci du partage !
BONJOUR SABINE ,
Je viens de lire votre article qui m’est apparue très intérressant et surtout perspicace;
Habitant les landes depuis peu ,j’ai remarqué des plants de phytolaque proche des champs cultivés là ou la forêt est devasté.
Même si dans les landes la dites forêt est fabriquée par l’homme depuis « Napoléon « ; Je pense que les terrains
sont appauvris par une trop grande croissance invariablement tjrs les mêmes (fougères et pins) et l’asséchement de grandes zones marécageuses (renfermant un véritable vivier d’especes anciennes endémique de cette région n’y est pas étranger)
Je recherche de la phytolaque en poudre afin de teindre du bois exotique mais je ne trouve que de la teinture mère qui plus est cher pour des quantités minimes .
MA QUESTION EST es ce que la phytolaque peut se trouver sous forme de poudre? Ou connaissez vous un site revendeur de bonne qualité ?
MERCI
bonjour Astier
désolée mais je n’ai pas de réponse, peut être voir du côté anglo saxon
Merci Christophe pour cette réponse rapide et la petite phrase qui va bien sur le côté invasif de cette plante , nous le constatons malheureusement chaque fois que nous allons en forêt . Il faut savoir que la plante est toujours en vente , mais plus pour ses propriétés pharmacologiques . Nous avons nous mêmes et à cinq cent mètres à vol d’oiseau de notre maison un horticulteur spécialisé dans la fleur à bouquet qui cultive la Phytolacca en plein air , elle est très en vogue hélas chez les fleuristes « tendance » sur Paris ; il faut reconnaître que ses grappes de fruits vertes sont très décoratives …mais cette proximité a déterminé l’installation de plusieurs spots d’invasion sur la commune .
En tous cas nous apprécions votre réponse ! cordialement ,
Danielle
C’est bien normal, merci à vous pour votre message. Herbologie et écologie doivent coexister paisiblement.
Christophe, vous dites que cette plante est toxique à des doses relativement basses. Cela veut-il dire même a doses homéopatiques (5ch par exemple) ? Même lorsqu’on fait un gargarisme avec la TM ? (car après le gargarisme des petite doses restent dans la bouche en contact avec les muqueuses).
Non, le gargarisme de la teinture mère homéopathique était en effet utilisée à cet effet, pour les angines en particulier, vu que les ganglions lymphatiques du cou sont affectés. Il reste peut être une petite dose mais rien de comparable avec une prise interne.
Bonjour
cela existe toujours en homéopatie (Phytolacca decandra en granules). En teinture mère elle était parfois prescrite par des homéopathes pour les angines « UNIQUEMENT EN GARGARISME » : Dans un verre, 30 gouttes de TM de phytolacca decandra + 30 gouttes de TM de calendula + un peu d’eau tiède. C’était plutôt efficace.
Bonjour ,
Nous sommes une association (ASABEPI) qui oeuvre en forêt de Fontainebleau pour éradiquer la Phytolacca du milieu forestier . En effet dans cette forêt cette herbacée est devenue une plante invasive qui détruit la biodiversité et perturbe les milieux , clairières , sous bois , par sa capacité d’adaptation phénoménale à tous les milieux et son caractère de nuisance avéré .
Ce serait formidable si vous pouviez faire mention dans votre blog de ce caractère invasif afin d’inciter vos lecteurs à détruire tout pied de phytolaque découvert ; l’usage médical de cette plante si dangereuse peut en effet largement être remplacé par d’autres plantes de notre pharmacopée , indigènes et beaucoup moins toxiques .
Merci infiniment de m’avoir lue ,
Danielle Perrée , secrétaire d’ASABEPI
Bonjour Danielle,
Je documente l’usage des plantes afin que le savoir ne se perde pas, tout ce savoir ancestral qui a été accumulé au long de siècles et décennies doit continuer de vivre. D’où mes articles. La phytolaque ne se vend plus en France aujourd’hui, elle n’est plus usitée, mais la connaissance doit survivre.
Je suis conscient que la phytolaque est envahissante dans certaines régions de France. L’armoise annuelle aussi dans certains pays. Et pourtant, l’armoise annuelle constitue une source d’espoir pour beaucoup de maladies, cancer et malaria inclus. La renouée du japon est envahissante dans beaucoup d’états américains, et elle peut aider la population locale à combattre la maladie de Lyme.
Toute plante locale, envahissante ou pas, peut avoir un rôle à jouer au long terme dans notre survie.
Je vais rajouter une mention sur l’aspect envahissant afin de faire mon devoir citoyen.
bonjour je viens de planter un Phytolacca Decandra, dans mon jardin car très jolie à mon gout!
est ce la même chose que la renouée du japon, qui d’après les écrits doit être éradiqué, et surtout pas planté?
d’avance merci pour votre réponse!
Bonjour William,
Pas du tout la même chose.
Phytolacca decandra est très différente de polygonum cuspidatum.
Les seules ressemblances : les deux sont envahissantes (surtout Phytolacca americana, pas sur pour decandra).
Et aussi grande prudence – tout est toxique dans la phytolaque, du fruit à la racine.
merci pour votre réponse!
cependant, je ne vois pas la différence entre americana et decandra… du coup je ne sais pas laquelle j’ai planté….
dans le doute dois-je l’arracher?ou pourriez vous m’aider à les différencier?
d’avance merci!!
Je viens de relire vos messages précédents, et peut être je me répète mais je voudrais être sur qu’il n’y ait aucune confusion :
– Phytolacca americana et Phytolacca decandra sont utilisées d’une manière interchangeable et sont toxiques à partir d’une certaine dose qui n’est pas bien élevée
– Ces deux espèces n’ont rien à voir avec Polygonum cuspidatum, la renouée du japon (utilisée en médecine traditionnelle chinoise), qui elle n’est pas toxique comme la phytolaque mais est par contre très envahissante