QR2 : sécateur, oïdium, macérat huileux, conseiller ses proches : (abonnez-vous au podcast ici)
Bonjour,
Content de vous retrouver pour un nouveau questions/réponses. Questions que je récupère à différents endroits, sur nos différents canaux de communication, et parfois lorsque je vous croise lors d'une fête des plantes.
Aujourd'hui, je vais balayer plusieurs catégories en lien avec les plantes médicinales, histoire qu'on ne s'ennuie pas trop. Je vous propose donc :
- Une question cueillette en nature
- Une question jardinage des plantes
- Une question transformation
- Et une question conseil et accompagnement
Avant de démarrer, je vous rappelle deux choses importantes. Tout d'abord, je ne suis pas médecin, je ne suis pas pharmacien, je ne suis pas professionnel de la santé. Je suis là pour partager des informations avec vous mais ceci ne remplace pas un suivi médical, et n'a pas vocation d'être diagnostic ou prescription.
Et le dernier point, pour vous inscrire à ma lettre d'information gratuite, recevoir le petit livret cadeau, le lien se trouve sous cet épisode.
Première question cueillette : quel est l'outil que tu emportes le plus dans tes cueillettes sauvages ?
Ces derniers temps, vu que je me limite de plus en plus dans les quantités que je cueille, j'essaie vraiment d'être minimaliste... j'emporte souvent mon sécateur ciseau. Enfin du moins, je l'appelle comme ça, il y a peut-être un nom plus technique pour ce sécateur.
C'est un sécateur très léger, de petite taille, et très pointu. Il est très coupant aussi. Il me permet de faire un travail précis sur de petites quantités, aller couper juste la partie qui m'intéresse. Par contre, n'allez pas essayer de couper une branche moyenne ou grosse, c'est pas fait pour ça. Mais bon, dans l'ensemble, basé sur ma philosophie actuelle de la cueillette, c'est l'outil que j'emporte le plus dans mon sac à dos.
Juste une petite mise en garde : faites attention, il est très pointu, et on l'achète souvent avec un petit étui, une protection en plastique placée sur les lames qui ne tient pas très bien en place. Parfois, le sécateur s'ouvre tout seul parce que la sécurité n'est pas parfaite. Et si on ne fait pas attention, si on venait à chuter, on pourrait vite s'empaler dessus. Du coup j'évite de le mettre dans mes poches. Et je mets un gros bouchon planté sur les lames fermées, ça les tient en place, ce qui m'oblige bien évidemment à ouvrir une petite bouteille de temps à autre pour renouveler mes stocks de bouchon. Que voulez-vous, je ne recule devant rien.
Deuxième question jardinage : j'ai des problèmes d'oïdium (poudre blanche) sur mes soucis et ma mélisse, est-ce que cela t'es déjà arrivé et que fais-tu pour y remédier.
Oui, ça m'est arrivé régulièrement, pour le souci en particulier. Je vais te dire ce qui a amélioré la situation chez moi. J'ai fait du gros jardinage de médicinales au fil des années, mais je ne suis pas un producteur professionnel, donc garde ça en tête.
L'oïdium est un champignon. Donc, il adore l'humidité. Chez moi, en Provence, j'ai la chance d'avoir un temps très sec. Mais malgré tout, si je plante trop serré, j'augmente le risque d'oïdium. Donc déjà, espace bien tes plants de telle manière à ce que l'air circule bien tout autour de la plante. Pour le souci, le piège, c'est que tu laisses faire les plantes qui se sont ressemées toutes seules. Parce que justement, parfois, elles vont germer et pousser très serrées. Donc là, tu peux déplacer quelques plants pour créer de l'espace.
Tu peux tailler les parties qui sont attaquées par l'oïdium. Attention de bien aller mettre ces débris ailleurs ou les brûler. Et attention à ton paillage, ne pas mettre des morceaux qui ont été coupés de plantes qui avaient l'oïdium. Ca peut arriver si on va récupérer du paillage qui n'est pas totalement sec d'un voisin peut-être, ou d'un ami qui n'a pas fait très attention à ce qu'il a mis dedans.
Ensuite, en ce qui me concerne, aujourd'hui je laisse faire. Au plus ça va, au plus je suis non-interventionniste, au plus j'accepte de la perte. Dans le passé, il m'est arrivé de traiter avec un peu de soufre, lorsque c'était une année particulièrement humide. Mais aujourd'hui, ça ne correspond plus du tout à mes vues. Balancer du cuivre, du soufre, pour du jardinage à ma petite échelle, je n'ai plus envie.
Troisième question fabrication de produits : je vois sur les forums que tu parles très souvent de macérat huileux par intermédiaire alcoolique. Tu as l'air d'être fan de cette préparation. N'est-il pas plus respectueux pour la plante de faire un macérat huileux classique sans passer par l'alcool.
Alors, juste pour vous donner un peu le contexte, en particulier si vous n'avez jamais fait de programme avec moi. On vous forme, ma petite équipe et moi, depuis 2015 avec toute une série de programmes sur les plantes. On a des forums pour discuter de pas mal de choses, on y est très présents pour répondre à toutes vos questions. Et effectivement, lorsqu'on parle de macérat huileux, on évoque souvent la méthode que j'appelle "par intermédiaire alcoolique" et dont je vous parle depuis 2010.
Mais revenons aux bases. Un macérat huileux classique, c'est une macération de plante dans une huile végétale. On utilise la plante sèche dans la plupart des cas. On peut faire un macérat huileux avec la plante fraiche mais c'est un peu plus compliqué et je ne vais pas l'aborder ici.
Donc vous imaginez un bocal, on met la plante sèche dedans, on recouvre d'une bonne huile végétale stable (on regarde la constitution en acides gras pour la stabilité), et on laisse macérer plusieurs semaines, idéalement à température douce, avec une certaine tiédeur pour digérer la plante sans trop la chauffer non plus.
Et il y a une autre méthode que j'ai apprise lorsque je vivais aux États-Unis qui utilise de l'alcool à 96° pour faciliter l'extraction. Pourquoi ? Dans les plantes, vous avez une longue liste de constituants divers et variés. Et figurez-vous que la plupart de ces constituants sont "polaires". C'est-à-dire qu'ils ont une légère charge positive d'un côté et une légère charge négative de l'autre.
Comment attirer ces constituants polaires ? Eh bien avec un solvant qui est, lui aussi, polaire. On va les tirer un peu comme avec un aimant sur du fer. L'eau est polaire. La molécule H2O est polaire. Donc l'eau va être un solvant assez universel.
L'huile n'a pas cette polarité. Donc globalement, tout constituant confondu, elle ne va pas faire un très bon travail d'extraction. Oui, on va arriver à obtenir un macérat huileux qui tient la route. Ça fait bien longtemps qu'on les prépare de cette manière toute simple. Mais si on utilise un intermédiaire polaire, un solvant qui va venir tirer toutes les bonnes choses pour ensuite s'évaporer et les transférer dans l'huile, là on a un processus exceptionnel.
Utiliser de l'eau, pas possible. L'eau dans l'huile, pas bon. Le transfert de l'eau vers l'huile serait complexe car il faudrait faire évaporer l'eau sans trop chauffer. Pour nos préparations maison, trop compliqué. Mais l'alcool à 96°, donc on parle d'éthanol de consommation, quasi pur, là on a quelque-chose de super intéressant. On va mettre un tout petit peu d'alcool à 96° sur la plante sèche, laisser reposer un peu, puis rajouter l'huile, faire un bain-marie pour laisser évaporer l'alcool, ou laisser évaporer à l'air libre. On filtre et c'est terminé.
Et là, on obtient un macérat huileux qui est exceptionnel. Je pèse mes mots. Ça fonctionne avec quasiment toutes les plantes, et la différence entre la méthode classique et la méthode par intermédiaire alcoolique, c'est énorme.
Je vous cite un commentaire laissé par une participante du programme "Fabrication de produits" : "petit retour d’expérience de préparation de macérat huileux de camomille par intermédiaire alcoolique. C’est juste wahou !! Super odeur, couleur et surtout ça fonctionne bien pour les coliques de ma fille en massage sur son ventre. J’ai l’impression que ça détend son ventre et que ça soulage les ballonnements."
Donc c'est toujours ça, la réaction. Les premiers que l'on prépare par intermédiaire alcoolique, c'est wahou. Je me souviens, mon premier, c'était le plantain. C'était d'un vert sombre, opaque, quasi noir, et là, à côté, j'avais un macérat classique légèrement verdâtre et on voyait au travers.
Est-ce que c'est respectueux de la plante ? Pour moi, oui, absolument, car je vais profiter un maximum de ce que la plante me donne. Je ne gâche rien. J'ai une superbe concentration. Il me faut, par contre, un peu d'alcool à 96°, et là il faut avoir quelques amis du côté de la frontière espagnole ou italienne ou autre pays frontalier, dans les limites de ce qui est autorisé par les douanes, bien évidemment.
Dernière question conseil et accompagnement : ça fait plusieurs années que je me forme, et là j'aimerais commencer à aider ma tante qui a une neuropathie des petites fibres et ma sœur qui a une endométriose. Mais je ne sais pas par où commencer.
Est-ce que vous reconnaissez dans cette question ? Est-ce qu'on n'a pas tous été un peu désorientés au départ ? OK j'ai acquis toutes ces connaissances, mais la mise en pratique, ça se fait comment ?
Je vais faire simple. Nous ne sommes pas médecins. Nous n'appartenons pas à la profession médicale. Notre rôle est souvent délicat car on ne peut pas se permettre de venir perturber un traitement en cours. Notre valeur, c'est principalement d'aider la personne à améliorer sa qualité de vie. On fait ceci en travaillant sur ce que j'appelle les grands piliers du bien-être. Bien s'alimenter, bien digérer, bon transit, bien éliminer, trouver une certaine stabilité nerveuse, bien dormir, bonne circulation, etc.
Prenons l'exemple de la tata qui a une neuropathie des petites fibres. Oublions ce nom et cette condition médicale un instant. Est-ce qu'elle dort bien ? Si elle ne dort pas bien, sa tolérance à la douleur sera diminuée. Si elle subit une situation de stress chronique, ça va aggraver son terrain inflammatoire. Peut-être qu'une situation de constipation ou de règles douloureuses va créer une congestion dans la cavité pelvienne qui va venir faire pression sur ces nerfs déjà enflammés et douloureux.
Donc c'est par là qu'on peut commencer. Et aujourd'hui, je suis convaincu que c'est là qu'on rajoute le plus de valeur et qu'on peut faire notre place. Ça fait 15 ans que je pratique ce métier, et au plus j'avance, au plus je reviens aux fondations de la santé. À des choses simples, mais pas simplistes.
Si ta sœur a une endométriose, qu'elle dort mal et qu'elle est souvent ballonnée par exemple, oublie l'endométriose à ce stade de ton expérience. Voit si tu peux l'aider pour le sommeil et la digestion. Et tu verras ce qu'il se passe au fil des mois. Regarde les piliers, les fondations, l'amélioration de la qualité de vie passe souvent par ces simples mesures.
Eh bien c'est tout pour aujourd'hui, et c'est déjà pas mal ! Merci pour votre écoute, à très bientôt !
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Céline dit
Bonjour,
Pour le macérat huile, j'utilise les techniques que j'ai lu dans un livre de Danièle Laberge, Herboristerie Québecoise, avec une bonne extraction et plus de macérat moisie.
Solution 1 : chauffer le four à basse température (environ 10 munutes), éteindre le four et mettre le pot avec le macérat dans le four toute la nuit (sans le caoutchouc)
Solution 2 : Faire un bain marie du macérat.
Comme je stérilise mes pots, et que je les mets dans le four pour bien les sécher, à base température, ils sont encore chauds, puis je fais mon bain marie de plante. J'ai remarqué que la plante se dillate, en somme elle s'expend. Vous pouvez ensuite filtrer pour utilisation immédiate. Personnellement, je laisse macérer pendant 15 jours. Merci, Céline
sabine dit
merci Céline pour votre partage 🙂
pascal27 dit
Bonjour, La présence d'oïdium sur un végétal est très souvent la conséquence d'une forte densité de plantes au m2.
Les endroits ombragés qui maintiennent l'humidité trop longtemps sur le feuillage (manque d'aération) sont également propice. Ensuite il peut s'agir de plante (cultivar) sensible (sélection).
Enfin la loi de la nature fait que tout végétal souffreteux ou déséquilibré est voué à disparaître avant de contaminer les autres plantes saines.
La protection externe peut en effet permettre de passer certains stades fragiles; mais les autres facteurs doivent être bien maîtrisés afin que les plantes se défendent seules.
Toutes les applications en pulvérisation externe sur le feuillage, agresse la cuticule cireuse du feuillage (en d'autres termes le derme de notre peau) et par conséquence ouvre momentanément des portes d'entrées à d'autres pathogènes le temps que la cuticule se restructure.
Dans la nature; l'oïdium peut être naturellement présent en fin de cycle d'une plante.
belle journée à tous
sabine dit
merci beaucoup Pascal , vos interventions sont toujours très instructives et inspirantes 🙂
Ann dit
Bonjour,
est-il possible de se contenter d'alcool à 90° pour la fabrication des macérats huileux ? En effet celui-ci est disponible en France pour les non professionnels, par exemple chez ce fournisseur : https://www.nadal-alcools.com/produit/bouteille-d-1-litre-dalcool-90-pour-fruits/
Bien sur, les droits d'accises sont compris dans la prix, mais c'est normal.
sabine dit
bonjour Ann
oui 90° c'est bon, lorsque j'ai démarré mes préparations c'est ce genre d'alcool que je prenais et ça le fait très bien aussi
sabine dit
Bonjour Stéphanie
je vous invite à parcourir cet article où la recette du macérat huileux par intermédiaire alcoolique est décrite https://www.altheaprovence.com/macerat-huileux/
Aude Plumier dit
Bonjour, comme le dit Christophe, c'est énorme cette manière de faire des macérats huileux par intermédiaire alcoolique. Pouvez-vous vous bien le confirmer qu'après l'évaporation de l'alcool à l'air ambiant ou au bain-marie léger on filtre TOUT DE SUITE, sans attendre les 3 semaines habituelles dans les recettes de macération huileuse classiques?
Merci beaucoup!
Je vous souhaite une bonne journée,
Aude
sabine dit
bonjour Aude
oui tout à fait
Albertini Wilmot Laura dit
Il y a du respect à étudier les plantes, cependant vous devriez saisir que toute personne n'a pas entre les mains ce dont vous lui parlez. Ainsi vous vous situez entre la médecine et le lieu dont vous venez.
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Waeles dit
Ça va ma belle ces Fred je suis de acord avec toi
Nicky laval dit
Pour l’intermédiaire alcoolique je présume que 90 degrés au lieu de 96 est possible, merci pour toutes ces informations qui nous aident à progresser
sabine dit
bonjour !
oui tout à fait
Michèle dit
Pour l’oidium :1 litre de lait et 4 litres d’eau ,un peu de savon noir .c’est très efficace
sabine dit
bonjour!
merci pour votre partage