Parlons d’un problème relativement bénin mais assez pénible à gérer : le bouton de fièvre. On l’appelle aussi l’herpès labial car c’est une infection à la lèvre.
Nous allons voir ce que l’on peut faire avec les plantes. Le but : faire en sorte que la crise soit la plus courte et la moins désagréable possible.
Développement du bouton
Le bouton de fièvre est provoqué par un virus de la famille de l’herpès, la même famille que le virus de la varicelle et du zona.
C’est un virus qui peut se transmettre de personne à personne. Il est très courant, nous avons tous probablement été en contact avec lui. Mais pas tout le monde ne va développer l’herpès labial (heureusement !)
Une fois que l’on a contracté le virus, il va se propager dans le sang et va atteindre sa cible qui est la peau autour des lèvres. Il va alors provoquer le fameux bouton de fièvre.
La zone va devenir rouge, elle peut gonfler. Ensuite vont apparaître ce qu’on appelle des papules, qui sont des poches remplies de liquide. Puis les poches vont éclater, et à ce moment-là, attention, le risque de contagion maximum car ce liquide est rempli de virus.
Ensuite les papules vont laisser place à des petites plaies assez désagréables, avec un sentiment de brûlure, c’est pour cela qu’on appelle aussi le bouton de fièvre le « feu sauvage ».
Ensuite, le tout va sécher et laisser place à des croûtes qui vont marquer la fin de la crise.
Tapit dans un ganglion
Mais attention, ce n’est pas fini. Je dirais même que ça commence juste.
Le virus va rejoindre le ganglion nerveux qui correspond à la zone de la bouche, le ganglion trigeminal. Il correspond au nerf trijumeau qui est connecté à notre face pour tout ce qui est sensitif et moteur.
Un ganglion est une sorte de relais nerveux, une boîte de connexion qui ressemble à une petite boule située sur le trajet du nerf. C’est dans cette boule que le virus va venir se loger.
C’est pour cette raison que l'herpès labial est une condition récurrente. Le bouton de fièvre a disparu mais virus est toujours là.
Quand va-t-il ressurgir ? Si vous avez des boutons de fièvres, je pense que vous connaissez bien les déclencheurs :
- Un coup de fatigue ;
- Un coup de stress ;
- Une exposition au soleil ou au froid, si vous allez au ski par exemple.
En général, ce qui déclenche, c’est un évènement qui va affaiblir votre immunité.
Votre système immunitaire était jusque-là capable de garder le virus dans le ganglion. Mais là, le bougre a vu une opportunité car l’armée est allée faire une petite sieste. Le prisonnier en a profité pour s’échapper.
On sait que la fatigue baisse nos défenses. On sait que le stress baisse nos défenses. La première réflexion que l’on va faire est donc au sujet de l’immunité.
Le bouton de fièvre revient-il souvent ? Si c’est le cas, les meilleures mesures de prévention vont se concentrer sur renforcer l’immunité, mieux gérer la fatigue, mieux gérer le stress. Et en complément on va penser aux plantes qui stimulent l’immunité, une en particulier que nous allons voir dans quelques minutes.
Agir vite
Ce qui est absolument déterminant lorsque le bouton de fièvre démarre, c’est d’agir dès les premiers signes.
Si vous en avez régulièrement, vous connaissez bien ces signes en principe. Cela commence à gratouiller et à tirer à l’endroit où va apparaître le bouton.
C’est à ce moment-là qu’il faut agir. Ceci est probablement l’un des points les plus importants de toute stratégie.
Compléments alimentaires
Avant de passer aux plantes, voyons quels compléments alimentaires peuvent s'avérer utiles.
Commençons par un point dont personne ne parle plus aujourd’hui : le ratio lysine/arginine.
La lysine et l’arginine sont deux acides aminés qu’on obtient de l’alimentation. Le virus de l’herpès a besoin d’arginine pour se développer, alors que la lysine, au contraire, semble bloquer son développement (1).
Nous avons des études dans les années 1960 qui confirment ceci (2). D’autres études réalisées dans les années 1970 et 1980 montrent que la prise de lysine peut aider (3). En revanche, depuis les années 1980, à ma connaissance pas grand-chose côté études, allez comprendre.
D’un point de vue alimentaire, on peut essayer d’optimiser le ratio lysine/arginine, maximiser les aliments riches en lysine, minimiser ceux riches en arginine. Mais franchement, lorsque le bouton démarre, on va plutôt prendre un complément alimentaire qui contient de la lysine.
Je ne vous dis pas que c’est le comprimé miracle, loin de là, simplement qu’il peut aider à gérer les crises. Dans les études, les dosages varient entre 500 mg et 1000 mg de 2 à 3 fois par jour dès les premières démangeaisons et jusqu’à ce que la crise soit résolue.
On peut donc commencer par 500 mg 3 fois par jour et voir si cela améliore la crise. Si aucun résultat, on passe à 1000 mg 3 fois par jour à la prochaine crise et on teste. Les experts pensent que des dosages jusqu’à 6 g par jour ne posent pas de problème pour la santé (1).
D’autres compléments alimentaires peuvent être intéressants, je ne vais pas rentrer dans les détails car je veux vous parler de plantes principalement, mais faites des recherches sur le zinc et la vitamine C (1).
Stratégie
Notre stratégie avec les plantes est simple et se focalise sur 3 axes :
- Stimuler l’immunité ;
- Voir si l'on peut apporter une action antivirale directe ;
- Voir ce que l’on peut faire en application locale, sur le bouton, pour bloquer l’action du virus et réparer les lésions.
(1) Stimuler l'immunité
La plante la plus efficace lorsqu’il faut agir vite : l’échinacée (Echinacea purpurea, E. pallida, E. angustifolia). On la prend sous forme de teinture des racines (forme préférable à la décoction). Chez l’adulte il faut en prendre une cuillère à café de 3 à 5 fois par jour.
Cela va peut-être vous paraître beaucoup, mais ce sont les dosages bien acceptés chez les thérapeutes américains. Il ne faut pas oublier que la plante vient des États-Unis et que le plus gros de l’expérience clinique et de la tradition se situe là-bas.
Le problème : à ces doses, on a vite vidé un flacon de 50 ml. Cela peut donc revenir cher, c’est pour cela qu'il est toujours mieux de faire sa propre teinture maison d’échinacée comme je vous explique dans ma formation sur la fabrication de produits à base de plantes.
(2) Action antivirale directe
Pensez à la mélisse (Melissa officinalis). C’est une plante que l’on recommande souvent dans les cas d’herpès buccal et elle donne de bons résultats. Il faut boire plusieurs infusions par jour, 3 ou 4 si possible (une grosse pincée par tasse).
Les constituants qui semblent détruire le virus sont de type acide caféique (8) et acide rosmarinique (9). Ce ne sont donc pas des constituants volatils (ils ne sont pas sous forme d'huile essentielle).
Je dis souvent qu’une mélisse sèche du commerce a perdu quasiment toute son efficacité car elle a perdu ses huiles essentielles. Mais ici, c’est la partie non-volatil qui nous intéresse. La mélisse sèche va donc probablement fonctionner aussi. Je préfère vous recommander la fraîche, si vous en avez au jardin, mais il est possible de vous reposer sur les herboristeries pour de la mélisse sèche.
Une autre plante antivirale intéressante : la brunelle (Prunella vulgaris) (5). Elle est compliquée à trouver en herboristerie, il faut donc la ramasser au jardin ou en nature. Si vous en avez, mélangez-la à votre mélisse en infusion. Sinon, la mélisse seule fera l'affaire. Lorsque vous buvez votre infusion, tapotez la zone affectée avec l’infusion car elle agit aussi par contact (6)(7).
(3) Applications locales
Tout d’abord, très simple à faire, vous pouvez utiliser les propriétés antivirales des huiles essentielles.
Par exemple, faites un mélange avec les huiles essentielles suivantes :
- 1/3 d’huile essentielle de ravintsara (Cinnamomum camphora chémotype cinéole) ;
- 1/3 d’huile essentielle de tea tree (Melaleuca alternifolia) ;
- 1/3 d’huile essentielle de lavande vraie (Lavandula angustifolia).
Placez dans un petit flacon en verre, remuez bien, puis appliquez sur l'herpès, 5 à 7 fois par jour pendant 2 à 3 jours. Il faut appliquer souvent, c’est important.
Ensuite une fois que vous êtes passé au stade cicatrisation, vous pouvez utiliser plutôt à une pommade au souci (Calendula officinalis) si vous en trouvez, ou un peu de gel d’aloe vera.
Prenez un tout petit peu de pommade ou de gel dans le creux de votre main, rajoutez une ou deux gouttes d’huile essentielle de lavande vraie pour la cicatrisation, mélangez bien et appliquez.
En conclusion
Voilà qui nous fait un bon petit programme pour accélérer la guérison de l’herpès buccal.
Une fois la crise terminée, n’oubliez pas que ces épisodes, aussi pénibles qu’ils soient, sont toujours une opportunité de se poser et de réfléchir à notre santé globale.
Ce sont des indicateurs, des signaux. Il est bon de les écouter. Ici, la réflexion à faire sera sur la gestion du stress et de la fatigue pour vous assurer que vous avez un système immunitaire solide.
Références
(1) Gaby AR. Natural remedies for Herpes simplex. Altern Med Rev. 2006 Jun;11(2):93-101. Review.
(2) Becker Y, Olshevsky U, Levitt J. The role of arginine in the replication of herpes simplex virus. J Gen Virol. 1967 Oct;1(4):471-8.
D’autres études faites sur la lysine :
- Thein DJ, Hurt WC. Lysine as a prophylactic agent in the treatment of recurrent Herpes simplex labialis. Oral Surg Oral Med Oral Pathol 1984;58:659-666.
- Miller CS, Foulke CN. Use of lysine in treating recurrent oral Herpes simplex infections. Gen Dent 1984;32:490-493.
- Griffith RS, Norins AL, Kagan C. A multicentered study of lysine therapy in Herpes simplex infection. Dermatologica 1978;156:257-267.
- McCune MA, Perry HO, Muller SA, O’Fallon WM. Treatment of recurrent Herpes simplex infections with L-lysine monohydrochloride. Cutis 1984;34:366-373.
- Griffith RS, Walsh DE, Myrmel KH, et al. Success of L-lysine therapy in frequently recurrent Herpes simplex infection. Treatment and prophylaxis. Dermatologica 1987;175:183-190.
- Milman N, Scheibel J, Jessen O. Lysine prophylaxis in recurrent Herpes simplex labialis: a double-blind, controlled crossover study. Acta Derm Venereol 1980;60:85-87
(3) Griffith RS, DeLong DC, Nelson JD. Relation of arginine-lysine antagonism to herpes simplex growth in tissue culture. Chemotherapy. 1981;27(3):209-13.
(4) Astani A, Navid MH, Schnitzler P. Attachment and penetration of acyclovir-resistant herpes simplex virus are inhibited by Melissa officinalis extract. Phytother Res 2014;28(10):1547-1552.
(5) Chiu LC, Zhu W, Ooi VE. A polysaccharide fraction from medicinal herb Prunella vulgaris downregulates the expression of herpes simplex virus antigen in Vero cells. J Ethnopharmacol. 2004 Jul;93(1):63-8.
(6) Koytchev R, Alken RG, Dundarov S. Balm mint extract (Lo-701) for topical treatment of recurring herpes labialis. Phytomedicine 1999;6:225-230.
(7) Wolbling RH, Leonhardt K. Local therapy of Herpes simplex with dried extract from Melissa officinalis. Phytomedicine 1994;1:25-31.
(8) Ikeda K, Tsujimoto K, Uozaki M, Nishide M, Suzuki Y, Koyama AH, Yamasaki H. Inhibition of multiplication of herpes simplex virus by caffeic acid. Int J Mol Med. 2011 Oct;28(4):595-8.
(9) Ansari M, Sharififar F, Arabzadeh AM, Mehni F, Mirtadzadini M, Iranmanesh Z, Nikpour N. In vitro evaluation of anti-herpes simplex-1 activity of three standardized medicinal plants from Lamiaceae. Anc Sci Life. 2014 Jul-Sep;34(1):33-8.
Cette page ainsi que tout le contenu de ce site (vidéos incluses) est mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
Laëtitia dit
Bonjour... Je me permets d'apporter mon témoignage concernant l'herpès labial et la contagion de celui-ci. Il faut savoir que j'ai toujours eu des poussées d'herpès depuis ma petite enfance (je suis née par césarienne), ma maman et mon frère en avait également de temps en temps, mais mon père et ma soeur n'en ont jamais eu! ...Ensuite mariée avec trois enfants, seule l'une de mes filles en a eu! Ni mon mari, ni mes autres enfants!... Alors la contagion est vraiment aléatoire! ...Et en faisant ma petite enquête, je ne suis pas un "cas" isolée! ... Donc, pas de peur à avoir avec l'herpès, c'est surtout douloureux et non esthétique.
sabine dit
bonjour Laetitia
merci pour votre témoignage, nonobstant il est important de rester prudent car majoritairement les gens sont porteurs de l'herpès, mais seules certaines personnes l'expriment. C'est pareil avec tous les virus (covid, mononucléose etc.), selon notre terrain le virus ne se développe pas de la même façon d'une personne à l'autre. En outre, l'expression de l'herpès est toujours associée à une baisse de l'immunité, c'est un bon indicateur d'ailleurs !
Laëtitia dit
Oui Sabine... Notre "terrain" est unique... Je parle d'un herpès labial dans mon témoignage car il existe plusieurs souches d'herpès ... Le Professeur Henri Joyeux en parle dans ses nombreuses conférences toujours très éclairantes... Si cela parle à quelqu'un, ces conférences sont accessibles facilement sur le net. Concernant les "virus" en général, le professeur Luc Montagné a "essayé" de transmettre certaines informations sortant du dogme pasteurien, mais ces informations sont largement censurées!... Les virus sont principalement naturels mais sont malheureusement également "créés" artificiellement... On imagine donc la suite!
Mathilde dit
Bonjour, je suis à la recherche d'un traitement pour un zona buccal qui occasionne de très fortes douleurs. Existe-t-il des plantes ou autres qui pourraient aider pour cela svp ? Merci.
sabine dit
bonjour Mathilde
Vous pourriez tenter de vous soulager avec des huiles essentielles anti inflammatoires et antivirales, par ex tea tree,niaouli bien diluées (10%) dans de l'HV de coco . et soutenir l'immunité en premier lieu avec zinc vit C et les plantes immunostimulantes comme echinacee thym sarriette.
Christine dit
Bonjour,
J’ai depuis plusieurs années un herpès qui se situe au bas des reins voire sur les fesses et évolue sur cette zone. Bien souvent lorsqu’un bouton apparaît, plusieurs suivent et cela peut durer plusieurs semaines et me fatigue beaucoup. Selon la localisation de l’herpès, cela déclenche lors de sa poussée des douleurs de sciatique jusqu’au doigts de pieds.
Est-ce que les HÉ et tisanes à prendre sont les mêmes que pour l’herpès labiale ou y a t-il d’autres remèdes ? Y a t’il des aliments à éviter ?
Mais surtout est il possible de se débarrasser de ce virus ?
En vous remerciant pour votre réponse.
Bien à vous
Christine
sabine dit
bonjour Christine
je pense que oui , et aussi tester le cyprès qui est aussi un très bon anti viral , allié à l'échinacée, ce pourrait peut-être vous apporter un soulagement
pour l'alimentation je ne sais pas trop , j'ai lu sur internet que les aliments riches en lysine étaient plutôt conseillés pour éviter les crises et éviter ceux riches en arginine , ce peut être une piste à suivre
Lyne Castonguay dit
Est-ce que je peux prendre de la Lysine en prévention
sabine dit
tout d'abord bonjour !
je pense que oui , mais je n'ai pas d'expérience avec ce complément alimentaire , nous sommes plutôt axés sur les plantes et une vue holistique de la santé
Ingrid dit
Bonjour.
Concernant l'application des Huiles essentielles, elles s'appliquent purent sur le bouton de fièvre?
Merci d'avance
Ingrid
sabine dit
bonjour Ingrid
à ma connaissance oui
Nancy Lévesque dit
Bonjour,
La vidéo parle de prendre la mélisse et la brunelle en infusion Est-ce qu'en teinture les constituants actifs pour ce type de problème peuvent être extrait et est-ce que cela peut fonctionner?
Aussi, la réglisse est antivirale contre les virus type herpes. Une décoction de cette racine serait-elle intéressante? Ou teinture..
merci!
sabine dit
bonjour Nancy
oui tout à fait les teintures sont toutes aussi efficaces ici , et oui pour la réglisse c'est une option qui peut être intéressante
Jacquie dit
Vous ne parlez pas de l'huile essentielle de niaouli, pour moi elle est très efficace.
Carpentier dit
Bonjour,
Je fais, par périodes, des poussées d'herpes qui se succèdent rapidement. J'ai essayé de nombreux remèdes (huiles essentielles, tisanes, ...) cela ne fonctionne que partiellement en diminuant la poussée. Ce qui fonctionne avec moi c'est l'homéopathie : apis mellafica, arsenicum album, rhus toxicodendrum. je prend en alternance 2-3 fois par jour.En cas de poussée, cela diminue la poussée et si je prends en prévention durant plusieurs semaines je n'ai pas de poussées.