Interview de Franck Gigon : le cannabis thérapeutique : (abonnez-vous au podcast ici)
Cannabis thérapeutique et chanvre : je vous propose une interview avec le docteur Franck Gigon, spécialisé en phytothérapie et en micronutrition. Il est l’auteur de nombreux livres sur les plantes. Il est aussi enseignant.
Il a été chargé des cours de phytothérapie à la faculté de médecine de Paris 13 pendant douze ans pour le diplôme universitaire de phyto-aromathérapie et a écrit un livre sorti en 2019.
C’est un livre compact qui fait un tour d’horizon sur l’utilisation du chanvre et du cannabis dans nos sociétés et qui va inclure un aspect médicinal. Il s’intitule : "Stupéfiant ! Le chanvre va-t-il sauver le monde ?" Tout un programme dont nous allons parler aujourd’hui avec Franck.
Mise en garde importante : la loi française demande à ne pas présenter le cannabis ou tout autre substance classée comme stupéfiante sous un jour favorable, sinon ceci est considéré comme incitation au délit. Je tiens donc à préciser que cette interview ne constitue absolument pas une incitation à la consommation des espèces de chanvre qui sont prohibées en France. Notre but, avec Franck, est simplement de faire le point sur ce que la science nous dit à l’heure actuelle.
Présentation de Frank Gigon
Franck, merci d’être avec nous aujourd’hui.
Merci Christophe de ton invitation.
Chanvre et cannabis : avant de rentrer dans le vif du sujet, explique-nous comment tu en es venu à t’intéresser aux plantes médicinales. C’est arrivé à quel moment de ton histoire ?
C’est une question clé.
J’ai fait des études de médecine conventionnelle, classique et au cours de mes études, j’ai toujours été intéressé par l’aspect holistique de la prise en charge des patients. J’ai été étonné que pendant mes études, on ait aucun cours sur la phytothérapie, la science des plantes médicinales. Sur la nutrition, aussi, c’est très réduit. Je m’étais aperçu qu’en revanche, les pharmaciens en avaient une. Ce n’est pas très long, c’est quarante heures, je crois. Et que nous, on avait aucune culture sans faire de jeu de mots, de la plante, au niveau médical.
Avec un groupe d’amis, on commençait à regarder déjà à l’époque comment sortir des sentiers battus. On a commencé à étudier ensemble l’ostéopathie, l’acupuncture et très vite, on est tombés dans la marmite des plantes médicinales.
C’est là que petit à petit, on l’a intégré dans notre pratique en plus des armes de guérison massive que sont les médicaments et la chirurgie. En lisant, je me suis rendu compte que ça faisait partie du patrimoine de l’humanité depuis toujours et que particulièrement en France, ça avait été abandonné dans la pratique, mais il y avait aussi une forme d’interdiction au niveau des plantes médicinales.
Il faut savoir que depuis l’histoire, depuis que l’Homme est Homme, les plantes ont toujours été utilisées. Parce qu’elles étaient à portée de main d’abord. Il y a quelques minéraux aussi et quelques substances animales, mais c’étaient surtout les plantes qui aidaient l’Homme à traverser des épreuves de sa vie pour se soigner, et ça a disparu particulièrement du paysage français. Je dis particulièrement en France, parce que je vois qu’en Allemagne, on a gardé cette capacité à utiliser les plantes et les médicaments. Dans d’autres pays d’Europe aussi. Dans les DOM-TOM, il y a une grosse pharmacopée caribéenne que tu connais bien. Ça ne nous avait pas échappé à nous, en tant qu’étudiants et on s’était dit qu’on allait la réintégrer.
Et quelles formations avez vous choisies pour ce petit groupe d’amis ?
On s’est inscrits à un DU qui s’appelle le DU de phyto-aromathérapie. C’était le DU de Paris 13 à l’époque. Le doyen était un peu iconoclaste, il allait jusqu’à proposer des DU sur le magnétisme, l’acupuncture.
Malheureusement, ce doyen, le professeur Pierre Cornillot est parti. Il y avait ce que l’on appelle un « Diplôme universitaire de médecine naturelle » duquel j’ai suivi le cursus. Très vite, la directrice de l’enseignement à qui je vais rendre hommage, qui s’appelle Docteur Bérengère Arnal, de Bordeaux, gynécologue de sa spécialité et qui m’a dit « Je te mets le pied à l’étrier, tu vas faire des cours. »
Je me suis retrouvé devant le fait accompli, je me suis mis à travailler des cours et j’ai commencé, alors que j’étais encore étudiant, à essayer d’enseigner la phyto-aromathérapie. C’est comme ça que je suis tombé amoureux de cette discipline fantastique.
Dans ta pratique médicale, tu as toute de suite intégré les plantes ?
Oui. Au cabinet, dès que j’ai eu des patients, j'intégrais les plantes dès que possible. On fait toujours le diagnostic et ensuite, on essaye de trouver des solutions. J'ai essayé de mettre en avant, en première intention, les plantes médicinales autant que je pouvais.
Avec une petite épée de Damoclès au-dessus de la tête puisque conventionnellement, nous ne sommes habilités qu’à utiliser les médicaments du Vidal, la bible rouge des médecins qui trône sur le bureau. Enfin maintenant, ce sont des téléchargements.
On était hors des clous, il faut le reconnaître. On l’est toujours, parce que même au niveau de ce que l’on appelle la RCP, la responsabilité civile professionnelle que l’on prend pour se protéger de nos actes de la vie de tous les jours, les assurances n’incluent pas la phytothérapie.
Je dis toujours en rigolant, si je conseille une tisane de camomille à un patient et qu’il en meurt quelques heures après, je peux être poursuivi parce que je n’ai pas à proposer des plantes. Sauf celles qui sont intégrées dans les médicaments de la pharmacopée validée par nos institutions. Il n’y a pas de risque puisqu’on connaît les effets des plantes quand on les a étudiées et qu’on fait attention, mais on se met quand même porte-à-faux, il faut le reconnaître, en tant que médecin. Ce ne sont plus des prescriptions, c’est du conseil avisé avec des règles de mode de vie que l’on essaye d’apporter.
J’ai l’impression que toute la filière est aujourd’hui en porte-à-faux et que l’on attend avec impatience, des modifications de nos lois très restrictives. Espérons que ça arrive un jour.
Particulièrement en ce moment.
Comment en arriver à s'intéresser au chanvre et au cannabis thérapeutique ?
Franck, on va parler chanvre et cannabis thérapeutique. Ça pourrait choquer certains qu’un médecin s’intéresse à une substance qui est classée comme stupéfiant. À quel moment le cannabis débarque dans tes recherches ?
C’est relativement récent puisque c’est une plante que je ne connaissais pas si bien que ça, en allant à Genève, dans une ville qui est au bord du lac, qui s’appelle Lausanne.
J’étais très étonné de visiter, il y a quatre ans, arrivé à la gare, un shop, un magasin, dédié au chanvre. Il y avait des magnifiques têtes de chanvre que fument habituellement les fumeurs de joints qui tournaient sur un plateau. J’étais attiré par ça. Il y avait du miel au chanvre.
On commençait à parler du CBD, mais on va en reparler après. Il y avait différents modèles. Il y avait du e-liquide à base de CBD. Il y avait beaucoup de choses qui m’ont interpellé. Je suis rentré dans le magasin, j’ai discuté avec la personne qui vendait ces produits et je me suis aperçu que la législation en Suisse avait évolué depuis un certain nombre d’années, dix ans par rapport à nous. Qu’ils avaient accéléré le processus par rapport au CBD qui est un cannabinoïde dont on va parler et qui peut être vendu en pharmacie, chez les droguistes et dans les magasins dédiés au chanvre.
Tu as vu que dans certains pays, ça commençait à se faire et tu t’es dit, « Pourquoi ? Quelle est la raison ? Quelles sont les propriétés thérapeutiques ? » C’est comme ça que tu t’es mis à faire tes recherches, je suppose ?
Oui. Quand je suis rentré ensuite en France, j’ai pensé « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? ».
J'ai regardé la législation française. On est bloqués depuis un certain nombre d’années sur le chanvre pour des raisons que l’on va évoquer. Je me suis dit qu'il fallait que je fasse des recherches.
J’ai commencé à regarder la bibliographie sur la molécule vilipendée qu’est le THC, le fameux tétrahydrocannabinol qui a l’effet planant. Il y avait beaucoup d’études qui montraient ses vertus thérapeutiques. Ce n’était pas que le diable comme on voulait le montrer. Parallèlement à ça, j’ai découvert le CBD, le cannabidiol, un autre cannabinoïde, qui fait l’objet de beaucoup d’études depuis ces dernières décennies de façon très intéressante et qui est plus facile d’utilisation.
Le bon soldat et le mauvais garçon
On va reparler de ces deux classes de molécules, parce qu’elles font le cœur de toutes les recherches. On ne va pas rentrer dans la partie botanique, parce qu’il y a des espèces, des sous-espèces, les Sativa, les Indica Indica, Indica Afghanica, il y a toute une science autour de tout ça. Dans ton livre, tu parles du bon soldat et du mauvais garçon, est-ce que tu pourrais nous dire ce que tu entends par là ?
Oui. J’ai fait une simplification, mais c’est pour dire qu’en gros, le chanvre et le cannabis, c’est la même plante. Comme tu l’a dit, avec la domestication, le croisement, on a réussi à faire des cultivars qui nous permettaient d’accéder à des propriétés qui nous intéressaient le plus.
On a, au fil du temps, fait sortir une plante qui s’appelle le chanvre industriel qui est dédié à la production de graines, de fibres, de cellulose avec plein de déclinaisons dont on peut reparler tout à l’heure. Aux États-Unis et en Amérique, il y a une plante qui a commencé à sortir du lot par croisements pour ses effets sur le cerveau, c’est ce que l’on appelle une plante psychoactive. C’était la même plante, qui a fait l’objet de multiples croisements.
Sauf que l’effet qui intéressait le plus les humains à cette époque, c’était cet effet planant, de détente, etc. Elle s’est surtout développée dans des milieux relativement pauvres et un peu comme l’alcool, c’était une substance qui permettait de se défouler et de se détendre.
Il faut rappeler aussi qu’en France, aux XVIIIe et XIXe siècle, il y avait des clubs d’intellectuels qui utilisaient le chanvre pour pouvoir expérimenter les états modifiés de conscience. Il y a deux plantes que l’on nomme différemment, mais botaniquement c’est la même, même s’il y a des sous-espèces que tu as évoquées Rudéralis, Sativa, Indica.
Globalement, c’est la même plante. Elles se ressemblent morphologiquement. Il y en a une plus grande que l’autre, une qui a des plus grosses tiges, une qui a des plus grosses têtes, des fleurs, mais tout ça, c’est pour des fonctions différentes. Celle qui est estimée mauvais garçon, c’est celle qui va donner des effets psychoactifs, plutôt « négatifs » et celle qui sera à destination industrielle, c’est celui qui a été reconnu comme le bon soldat, le gentil garçon.
Chanvre industriel
Le gentil garçon, c'est le chanvre industriel. On a une définition par rapport à la loi européenne, c’est que la quantité totale de THC dans la plante soit inférieure à 0,3 %. C’est très précis. Comme tu disais, certaines variétés ont été optimisées pour la production d’huiles, de fibres. On parle beaucoup des protéines de chanvre aujourd’hui, aussi bien en nutrition que dans la pratique des sportifs. On l’utilise pour faire des tissus, des matériaux d’isolation. C’est à la fois, l’habit, la nourriture, le toit. Le rôle pour la société m’a l’air énorme. Pourquoi on n’en parle pas plus ? C’est où que ça bloque ?
Comme tu l’as rappelé, depuis la nuit des temps, cette plante a accompagné l’Homme. On pense peut-être même que Christophe Colomb n’aurait pas découvert les Amériques si on n’avait pas eu des voiles, des étoupes. Ces bateaux étaient bardés de chanvre. Les habits étaient en chanvre. Le chanvre accompagnait l’Homme depuis si longtemps et la question que tu me poses, c’est pourquoi, d’un seul coup, on a abandonné cette plante ?
Ça part des États-Unis encore une fois, on va revenir à eux après. Aux États-Unis, le chanvre était la culture la plus développée, comme en France en 1860, on avait à peu près 176 000 hectares de chanvre. Maintenant, on en a dix fois moins, mais ça commence à remonter.
Les présidents Roosevelt et Benjamin Franklin étaient des fermiers qui avaient des champs de chanvre, c’était même une monnaie d’échange. Ça donné une valeur de monnaie d’échange dans certaines contrées. Ce qui s’est passé, c’est que cette plante est rentrée en compétition avec le coton et aussi avec un industriel qui s’appelle Dupont de Nemours qui avait sorti une fibre imputrescible plus élastique et moins lourde quand elle était mouillée que l’on appelle le nylon.
Il y a eu un lobbying extrêmement important à l’époque pour que l’on ostracise cette plante et on a profité du fait que dans des minorités où il y avait un peu de violence, il y en n’avait pas plus qu’ailleurs, mais on a dit que c’était la drogue du violeur.
On a montré les noirs et les latinos à l’époque en disant qu’ils l’utilisaient beaucoup et on l’a interdit à un certain moment au même titre que l’alcool avec la prohibition. On a prohibé dans un premier temps le chanvre et de fait, le chanvre industriel a été englobé ce qui a porté un coup fatal à la culture de chanvre de façon mondiale, parce que le monde s’est aligné sur les États-Unis.
Ensuite, on a même enregistré le chanvre, le cannabis, à la manière de stupéfiant, au même titre que l’héroïne. En sachant qu’à posteriori, ce n’est pas du même niveau, à la fois sur la dangerosité et sur le niveau addictif, mais ça, ce sont les études qui l’ont montré après. L’idée, c’était d’interdire cette plante et ils y sont arrivé.
Est-ce que ça se développe parce qu’on arrive à un point où les données scientifiques sont telles, que l’on ne peut plus les ignorer ? Ou alors, est-ce qu’il y a aussi un argument commercial ?
Je crois que c’est plutôt l’aspect commercial. Il y a des petits sous à faire avec le chanvre et aux États-Unis, ça n’a échappé à personne. D’ailleurs, les états qui ont levé l’interdiction du cannabis sont créditeurs et ça permet d’investir sur des structures. Il y a un retour sur investissement qui est important. C’est toujours le côté commercial qui se met en avant et le côté thérapeutique peut parfois, dans certains états, prendre le dessus. Mais il y a eu des études qui sont tombées entre temps, qui montraient l’intérêt de pouvoir utiliser les cannabinoïdes.
Chanvre et cannabis thérapeutique, les constituants médicinaux
On va parler des constituants médicinaux du chanvre. Comme tu le dis si bien, on a découvert plus de 500 constituants à ce jour. Des terpènes, des polyphénols, des alcaloïdes, des cétones, etc. dont les fameux cannabinoïdes qui incluent le THC et le CBD qui sont les plus connus, dont nous allons parler dans quelques minutes. Est-ce que tu pourrais nous aider à y voir plus clair dans toute cette soupe d’acronymes ?
Les cannabinoïdes, ce sont des substances qui existent à l’état naturel dans notre corps, donc on a des récepteurs aux cannabinoïdes. Ça veut dire que l’on fabrique des cannabinoïdes internes, on les appelle les endocannabinoïdes.
On s’est aperçu, dans les années 70, c’était le professeur Mechoulam en Israël, que le système endocannabinoïde était partout dans le corps. Concentré pas mal dans le cerveau, pas mal dans le système immunitaire et finalement, on en trouve aussi dans les muscles, dans le cœur, dans les artères. Il y en a un petit peu partout, mais il y a des localisations où c’est un petit peu plus important. On s’est dit, à quoi ça sert ce système endocannabinoïde ? On pense que c’est un des plus gros systèmes, sinon le plus important, de régulation par rapport aux variations des paramètres extérieurs.
C’est un point intéressant et les acronymes sont des dérivés de tout ça, puisqu’il y a toute une biochimie qui est sortie. Le THC, c’est la molécule enivrante, euphorisante, planante, c’est du tétrahydrocannabinol. On en a trouvé d’autres, dont le CDB qui est du cannabinol. Je ne vais pas tous les citer, mais il y en a un certain nombre qui ont certainement des vertus et qui sont en train d’être étudiés. C’est l’ensemble de ces cannabinoïdes qui agissent en synergie, qui permettent d’avoir des actions globales sur le corps. Nous, les occidentaux, on a une proportion à purifier et à extraire pour faire des médicaments, des substances actives encore plus actives, mais les acronymes viennent de là, ça vient de la biochimie. C’est un système éminemment important pour la régulation globale du corps.
Dans certains pays d’ailleurs, on prescrit certaines de ces molécules pour les troubles de l’humeur. J’aimerais que l’on revienne aux constituants et que l’on parle de l’odeur du cannabis, cette odeur typique très aromatique que l’on attribue au terpène. On ne parle pas souvent des terpènes parce qu’on est très axés sur le CBD et le THC, mais les terpènes sont eux aussi importants parce qu’ils ont une action modulatrice qui va tempérer, complémenter l’action des autres molécules.
On ne sait pas encore tout parce qu’on découvre au fur et à mesure, mais très probablement que c’est un système d’adaptation. Quand on utilise des plantes qui en contiennent, il n’y en n’a pas beaucoup : il y a quelques algues et surtout le chanvre ; c’est comme si on utilisait une plante adaptogène issue d’une définition russe des plantes adaptogènes, c’est-à-dire pouvoir résister au stress qu’il soit d’ordre physique, psychique, biologique, thermique, tout ce que l’on veut.
En l’occurrence, cette plante, même si on ne l’a pas encore définie en tant que telle comme adaptogène, elle nous permet de nous adapter à tout type de variation extérieure, mais j’allais même dire intérieure puisque nos émotions peuvent être modulées, on peut aller vers une humeur moins tristounette. On me voit arriver avec mes gros sabots : oui, le chanvre peut être intéressant pour traiter, je m’avance un petit peu parce qu’en France on ne peut pas l’utiliser en tant que tel, mais on peut moduler les troubles de l’humeur par exemple.
On voit une action totum, parce que les terpènes viennent moduler l’action du THC, qui s’avère être moins euphorisant grâce au terpène. On sait que le CBD vient aussi moduler l’action du THC parce qu’il se verrouille sur les récepteurs endocannabinoïdes et va faire concurrence au THC lorsque ceux-ci sont présents en forte quantité. C’est bien ça ?
Oui. On est dans la notion de totum, c’est-à-dire que la synergie de tous les principes actifs d’une plante, ont un effet. On a tendance à dire qu'il y a le THC, il y a le CBD, mais certains usagers du chanvre cannabique ont remarqué qu’en fonction des arômes, sans que ce soit la même plante ni cueillies à la même période de l’année, etc. Il y avait une modification de la biochimie de la plante et il y avait des effets différents.
Dans les terpènes les plus connus qui peuvent modifier ou moduler l’effet du chanvre ou du cannabis, il y a le myrcène, le caryophyllène, le limonène. Il n’y a pas d’étude là-dessus, mais les usagers avaient compris que l’on pouvait magnifier une propriété ou avoir moins d’effet par rapport à des fragrances différentes. Quand on sent du cannabis, c’est bien ça qui est exhalé à partir de la plante, et c’est ça qui permet d’ailleurs aux chiens policiers de les retrouver. Ou si vous passez à côté d’un champ de chanvre industriel, ça sent le cannabis. C’est la même plante. Je trouve que ça sent très bon à titre personnel. Les terpènes, ce n’est pas qu’odorant. Ça a une action de modulation de la réponse des cannabinoïdes donc c’est intéressant.
Cannabis thérapeutique : le cannabidiol
C’est intéressant parce que ça nous rappelle l’importance de la plante totum par rapport aux constituants actifs. On a beaucoup parlé des constituants actifs avec d’autres plantes comme le curcuma avec les curcuminoïdes, le millepertuis avec l’hypericine, le ginseng avec les ginsénosides. On voit qu’au final, tous les constituants ont un rôle important à jouer, ce qui nous amène à certains processus de production qui vont peut-être trop se concentrer sur l’optimisation du THC, du CBD, comme les procédés qui requièrent par exemple une décarboxylation. On va devoir faire chauffer la plante, mais on va perdre une grande partie des terpènes. On va passer sur ces procédés de production parce que ça va nous emmener dans une tangente complexe. Revenons au CBD cannabidiol, c’est le composant qui suscite le plus de discussions en ce moment et on commence à trouver des produits dans le commerce que l’on appelle les huiles de CBD. Il faut qu’il soit produit à partir d’une plante qui contient moins de 0,3 % de THC pour que ce soit permis au niveau européen. Est-ce que l’on a une garantie lorsque l’on achète ces produits, les huiles CBD par exemple, qu’il y a une teneur précise en CBD et une teneur minimale en THC ? Ou alors, est-ce que l’on peut avoir des surprises en fonction du produit ?
Tu as évoqué des solutions huileuses, il y a aussi des solutions avec des extraits alcooliques. L’idée, c’est d’utiliser le CBD plutôt sous la langue en sublingual, puisque la voie digestive détruit normalement à 80 % le CBD. C’est dommage, donc on recommande dans d’autres pays, puisque nous, on marche sur des œufs, de l’utiliser en sublingual.
On commence par deux gouttes et effectivement, tu as raison, il faut vérifier absolument auprès du laboratoire qui vend le CBD, qu’il n’y ait aucune trace de THC. C’est un peu ubuesque en France, parce qu’on a le droit de cultiver des graines de chanvre qui contiennent du CBD et c’est dans le produit fini, dans les feuilles et dans les fleurs que le CBD est le plus concentré, mais on n’a pas le droit d’utiliser ni les feuilles, ni les fleurs du chanvre. C’est paradoxal.
Dans d’autres pays européens, on le fait sans problème, mais en France, on n’a pas cette autorisation. Évidemment, il y a des personnes qui contournent la loi. En tout cas, qui profitent d’un flou juridique pour essayer d’utiliser des graines de CBD et ensuite, d’extraire au maximum de la tige, mais c’est compliqué et c’est onéreux. C’est dans la fleur séchée et dans les feuilles qu’on a le plus de CBD et c’est là où il faut faire attention, puisqu’il y a du CBD qui est vendu partout sur Internet.
Même en France, on peut trouver des shops, des magasins avec des chanvriers, mais qui ont peut-être pris des graines hors Europe, hors France en tout cas. Par exemple en Espagne, on peut trouver facilement des graines qui associent du CBD et du THC. La problématique est la suivante, si on ne vérifie pas qu’il y ait soit 0 THC, dans le certificat d’analyse, soit quelques traces, on peut avoir par exemple un accident de voiture, se faire doser les toxines dans le sang comme on dit chez nous, l’alcool, des médicaments psychoactifs et ils mesurent aussi le THC. Et là, s’il y en a, il y aura un défaut de couverture par l’assurance, ça peut aller très loin. Le conseil que l’on donne, c’est d’utiliser plutôt des sociétés qui ont pignon sur rue ou extrêmement sérieuses et qui vous fournissent à chaque fois, un certificat avec d’abord, le pourcentage du CBD parce que parfois, ça peut être à la baisse et soit des traces de THC, soit pas du tout.
D’ailleurs, on entend parfois que certaines personnes qui ont utilisé une huile CBD ont noté un effet trop planant. Est-ce que l’on pourrait dire que lorsque ceci arrive, c’est que le produit ne correspondait pas exactement au cahier des charges ?
Tout à fait. D’ailleurs, il y a eu une enquête aux États-Unis par la FDA, la « Food and Drug Administration » qui a testé plusieurs vendeurs de CBD et là, ô surprise, il y avait des produits qui ne contenaient pas du CBD, mais du THC ou alors pas de CBD du tout, ce qui était une arnaque et avec des fluctuations importantes. Il y avait quelques labos qui étaient sérieux et qui répondaient aux normes, mais c’est la problématique, c’est un marché ouvert, naissant et qui est juteux, il faut le reconnaître. C’est un trésor vert, qui est en voie de développement de façon importante et qui aiguise les appétits financiers.
Pour la prise sublinguale, sous la langue, tu recommandes plutôt les formes teintures, les formes alcooliques ou les formes huileuses ?
Je préfère à titre personnel la forme huileuse qui permet d’être mieux absorbée au niveau sublingual, mais l’extrait alcoolique marche bien aussi et il y a le e-liquide qui n’est pas inintéressant, notamment pour les personnes qui veulent et c’est paradoxal dans l’esprit, contre-intuitif en tout cas, d’utiliser du e-liquide qui est dosé, titré en CBD, en cannabidiol pour faire un sevrage au cannabis. Il y a beaucoup de psychiatres qui ont étudié le CBD comme drogue de renoncement, même à des substances relativement fortes comme l’opium, la cocaïne, des choses comme ça. C’est sérieusement étudié. On en revient à cette histoire de plante adaptogène qui permet de réguler le cerveau qui été très agité par l’utilisation de drogues très addictives, qui vont stimuler le centre de la récompense au niveau du cerveau. Donc on a des effets attendus avec le CBD qui sont dignes d’intérêt, par des spécialistes qui sont dans des domaines durs à traiter.
Trop de THC, pas assez de CBD
Il faut rappeler que le cannabis, pour la consommation récréative aujourd’hui, a été sélectionné pour fournir un taux de THC incroyablement élevé et ces produits vont être trop psychoactifs. Et même, disons-le, ils vont mettre la pagaille dans le cerveau de certains utilisateurs. Il y a ce déséquilibre qui est problématique, beaucoup trop de THC pour pas assez de CBD et grâce au CBD, on va non seulement rendre le produit plus tolérable, mais on va aussi aider la personne à se sevrer si nécessaire.
Ces dernières années on a des hybrides chez les fumeurs de joints, par croisements, pour obtenir le plus de THC dans la plante, qui ont atteint des sommets incroyables. Ça va jusqu’à 30, 40 % pour certains plans. Pour donner une équivalence, pour donner une image, ça serait comparer, boire un verre de bière et boire quatre shots de vodka directement. On n’est plus sur le même niveau d’action, on a une toxicité immédiate importante au niveau du cerveau.
Je profite que tu me tendes la perche sur cet aspect, parce que je vais parler des jeunes. Jusqu’à 25 ans, notre cerveau est en maturation. Tout produit psychoactif que l’on prend de façon chronique pendant cette période où, en plus, on a envie de s’opposer à la société, va potentiellement générer des troubles au niveau de la plasticité neuronale. Donc, avec le THC pris de façon trop régulière chez certains profils avec une sensibilité génétique, ces profils peuvent avoir des troubles de la personnalité jusqu’à la schizophrénie.
C’est rare, mais c’est suffisamment important pour le rappeler et dire aussi que jusqu’à 25 ans, on a une maturation cérébrale. Ça peut être aussi des médicaments ou l’alcool. Chez certains individus, il ne se passera rien, tout va bien mais dans certains cas, rares mais il faut le dire, il faut le répéter car c’est important comme conséquence, on peut avoir des problématiques de troubles du comportement définitifs. Je conseillerai aucun produit psychoactif jusqu’à 25 ans et je vais inclure dedans le THC.
Pour rester sur ces variétés de cannabis très concentrées en THC, lorsqu’il y a une consommation pendant une certaine période, notre corps va modifier le nombre de récepteurs endocannabinoïdes. C’est bien ça ? Il y a un phénomène d’accoutumance et lorsque l’on essaye d’arrêter, on va ressentir un manque, on ne sent pas bien. Il y a surexpression ou sous-expression des récepteurs ? Je ne me souviens pas des détails.
Les deux sont possibles, c’est comme la nicotine. On surexprime les récepteurs à l’acétylcholine dans le cas de la nicotine. Elle va sur les récepteurs à l’acétylcholine et tu as raison, ça peut surexprimer trop de récepteurs qui après, avec une vacuité, ont faim et ce syndrome de sevrage, qui n’est pas aussi fort que pour d’autres drogues, va perturber l’organisme.
Puisque comme on l’a dit tout à l’heure, on a des récepteurs partout, donc on aura des symptômes divers et variés. À partir de trois joints par jour, on est considéré comme un consommateur chronique et là, on peut voir apparaître des syndromes que l’on appelle les syndromes amotivationnels, ça coupe la motivation. Pour une jeune se concentrer, ce n’est pas facile avec les écrans. Si en plus, ça le décorrèle de la société, il n’est plus en phase. Il va être cool, dans son canapé, il va sourire, être sympa, mais il n’aura plus la niaque, il n’aura plus de capacité à se reprendre pour prendre des initiatives et on le voit chez les fumeurs de cannabis chroniques.
En tant que tel, il a été étudié pour la dangerosité et l’addiction. C’est beaucoup moins addictif et dangereux que l’alcool et les cigarettes qui sont des drogues licites d’état, il faut le rappeler, mais il y a une possibilité chez les jeunes d’une forme de toxicité. Sur le long terme, le moyen terme et surtout en phase aigüe, parce qu’on a parfois des bouffées délirantes ou des schizophrénies qui peuvent apparaître. C’est rare, mais il faut le signaler.
Le cannabidiol pour le bien-être, les inflammations chroniques, les maladies auto-immunes
Les dommages permanents comme ces états de schizophrénie que tu nous as décrits, pour un sevrage de consommation de cannabis qui a duré plusieurs semaines, pour une raison ou une autre, tu confirmes que les huiles de CBD peuvent aider au processus de sevrage ?
Oui, sous contrôle médical. Sous contrôle médical, comme drogue de renoncement, ça permet d’aller plus progressivement et plus rapidement, il faut le reconnaître, vers le sevrage complet. C’est à l’étude. Il y a beaucoup d’études qui convergent pour dire qu’on est sur le bon chemin et sans effets secondaires, c’est ce qui est intéressant.
Pour rester avec le CBD, dans quelles situations, recommanderais-tu cette molécule ? Quelles sont les conditions qui peuvent en bénéficier ?
Dans le bien-être, on a d’excellents résultats. Je le conseille à titre personnel à des personnes que je sélectionne, que je cible, que je connais parfaitement.
On sait qu’une des plantes reines pour les troubles du sommeil, c’est l’Eschscholzia, le pavot de Californie, mais ça met un certain temps à rentrer en action. Là, c’est rapide. Dès le soir même, deux gouttes sous la langue chez certaines personnes ont suffit. Est-ce que c’était un effet placebo ? Je ne pense pas. Je l’ai répété dans le temps au niveau de la préconisation et on a un effet très rapide. Sans l’effet aussi bouche pâteuse du matin, l’effet que l’on peut attendre avec des psychoactifs de type somnifère.
Je pense que c’est lié au fait de la régulation au niveau des récepteurs endocannabinoïdes. Deuxième secteur intéressant pour le bien-être, le CBD apaise sans l’effet planant, anxiolytique. D’ailleurs, entre parenthèses, on dit souvent que le THC est psychoactif, agit sur le cerveau et que le CBD ne l’est pas. Il faut entendre psychoactif avec des effets négatifs. Le CBD a un effet psychoactif puisqu’il module l’anxiété et la dépression, mais sur un versant positif.
Ensuite, on a beaucoup de personnes qui souffrent de petites douleurs, d’inflammations chroniques et là, je trouve qu’il y a un boulevard qui attend le CBD puisque c’est très intéressant sur des maladies chroniques inflammatoires, des maladies auto-immunes, des choses comme ça. On a d’excellents retours. Les modèles animaux par exemple, on a mis du CBD en topique, en crème locale, en regard de zones ou de personnes qui étaient atteintes de sclérose en plaques. La sclérose en plaques, c’est une démyélinisation, c’est-à-dire que ça attaque l’isolant des nerfs et ça provoque des troubles de la conduction. Sur des souris, on a eu des résultats exceptionnels de régression même des lésions. Ça donne des espérances importantes en matière de recherche.
On parle beaucoup de CBD comme anti-inflammatoire remarquable et on va l’indiquer pour toutes ces situations d’inflammation, chroniques et il y en a énormément aujourd’hui. On sait que l’inflammation chronique est commune à toutes les maladies chroniques dégénératives, inflammations articulaires, inflammations cérébrales dans le cas de certaines maladies neurodégénératives comme la sclérose en plaques ou Alzheimer.
On pense que le CBD a un bon avenir dans les maladies dites neurodégénératives comme Alzheimer, Parkinson etc., sur les déclins cognitifs. On commence à comprendre qu’au niveau mécanistique biologique, toutes les pathologies de civilisation ont un triptyque ou même, il y a aujourd'hui quatre chevaliers de l’apocalypse. Il y a l’oxydation, l’inflammation, la glycation qui est le fait d’avoir un sucre qui se colle sur une protéine ou une graisse de façon définitive et il y a l’intoxication, des produits extérieurs ou produits par notre corps, qui altèrent le mécanisme cellulaire.
Ces mécanismes, si on peut les réguler avec des produits naturels, certaines plantes y arrivent très bien comme la curcumine ; on a d’excellents espoirs avec les cannabinoïdes dont le CBD en chef de file pour l’instant parce qu’il fait l’objet de publications sur des maladies inflammatoires chroniques, soit intestinales, soit neurodégénératives parce que le substrat de la dégénérescence au niveau du cerveau, c’est une inflammation. À bas bruits, certes, mais c’est une inflammation. Ce n’est pas que ça, mais c’est aussi là-dessus que l’on peut agir donc c’est très intéressant.
Est-ce que les fourchettes du dosage de CBD sont bien établies aujourd’hui ?
Les dosages sont liés à la capacité d’extraction du CBD et globalement, on retrouve à peu près toujours pour une goutte, pour deux gouttes, le même nombre milligrammes de CBD. Ce que je conseille, c’est de regarder le pourcentage de CBD du laboratoire qui propose le produit fini, de commencer toujours par 5 % ou 10 % et de commencer par deux gouttes sous la langue. Comme chaque personne a une relation au produit extrêmement différente, on aura à augmenter ou pas la posologie. L’avantage avec les CBD, c’est qu’il n’y a pas de dose de toxicité. Ils les ont essayées et ça va loin. De mémoire, c’est jusqu’à 1500 ou 2000 milligrammes par jour. Et encore, il n’y a pas eu d’effets reconnus toxiques. Par exemple, on commence par deux gouttes par jour et ensuite, on peut augmenter si on n’a pas d’effets de deux gouttes par deux gouttes jusqu’à 20 ou 30 gouttes par jour maximums, mais l’effet ressenti se fait largement avant.
THC : le mauvais garçon ?
On va maintenant parler du mauvais garçon, le THC et je rappelle que tout produit fabriqué à base de plantes qui contiennent plus de 0,3 % de THC, est considéré comme stupéfiant et strictement interdit en France. Notre but n’est pas d’inciter à la consommation. En tout cas, force est de constater que dans les études, le THC démontre un pouvoir fortement thérapeutique et ces deux-là, le THC et le CBD, offrent probablement un effet de synergie. Est-ce que l’on connaît aujourd’hui le ratio parfait entre THC et CBD pour une utilisation thérapeutique ? Si on prend un médicament comme le Sativex par exemple, on a un ratio d’un à un. C’est-à-dire qu’on a autant de CBD que de THC.
Tout à fait. Pour l’avoir expérimenté chez des amis qui voulaient faire un sevrage tabagique, eux ont eu besoin de beaucoup plus de gouttes que les autres, parce qu’ils ont l’habitude d’avoir des molécules qui viennent saturer leurs récepteurs et j’ai un ami qui a réussi à diminuer sa consommation de cigarettes avec quinze à vingt gouttes par jour. Il les réparties dans la journée et il en est content. Dès qu’il arrête, il se met à refumer plus.
Il faut passer un cap pour pouvoir dé-saturer les récepteurs puis diminuer le nombre de récepteurs à la fois à la nicotine et à la fois aux endocannabinoïdes. Il faut toujours faire une progression au départ et une diminution progressive à l’arrivée. C’est ce que l’on conseille. Le rapport d’un pour un ce n’est pas mal d’après le retour des patients. Il faut savoir que le Sativex est préconisé dans des situations précises avec des autorisations temporaires d’utilisation les ATU.
C’est compliqué en France, le produit a fait l’objet de restrictions d’utilisation parce qu’il coûte cher et qu’il y a eu un désaccord entre les organismes et le laboratoire qui le faisait. Ça coûte quand même 400 euros le flacon. Mais je trouve qu’il est cohérent puisque d’abord, il y a une bonne partir du totum de la plante et ça respecte ce ratio d’un pour un. C’est un des produits pharmaceutiques les plus cohérents de mon point de vue qui soit à disposition des médecins. Même si c’est compliqué, il faut renouveler l’ordonnance.
Dans d’autres pays, c’est bien utilisé. Les indications sont restreintes aussi. Pour l’instant, on n’a pas d’idée précise, on est en pleine recherche au labo. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’on a repéré, parce qu’on utilise aussi le THC et le CBD pour traiter certains cancers, que l’association CBD THC était très intéressante pour certaines cellules cancéreuses. Ce sont des études faites à la fois in vitro et in vivo et prometteuses par rapport à certains cancers comme des glioblastomes, qui sont des cancers du cerveau. Sur leur diffusion métastatique, parce qu’il y aurait des réductions importantes, par l’action du CBD et du THC. C’est très prometteur.
Oui, les deux ont une action pro-apoptique, ils forcent la cellule cancéreuse à s’auto-détruire. Les deux ont une action anti-angiogenèse, ils empêchent la tumeur de développer de nouveaux vaisseaux sanguins pour développer des nutriments, donc il semble judicieux de les combiner tous les deux.
Tout l’intérêt, ça va être de savoir quelle est la proportion des deux et il n’y a pas un cancer, mais des cancers donc, ça va être étudié par type de typologie cellulaire.
Cannabis thérapeutique, une future révolution dans le monde de la neurologie ?
On va se placer dans un futur totalement hypothétique. Imaginons que le cannabis totum avec du CBD et du THC puisse un jour, être prescrit et utilisé pour différents problèmes, quelles seraient les situations pour lesquelles tu te verrais prescrire ces formes ?
Ce qui me vient à l’esprit parce que j’ai des exemples autour de moi d’enfants qui font des épilepsies à répétition et que les traitements épileptiques avec des molécules de synthèse sont lourds au niveau des effets secondaires, on a d’excellents résultats, et de retours d’autres pays par rapport à l’utilisation du CBD particulièrement. Là, on ferait un progrès énorme, si on avançait sur ce sujet en France. Aux États-Unis, dans différents états, des personnes l’ont utilisé avec des enfants qui faisaient jusqu’à 80 crises par jour et du jour au lendemain, soit l’enfant n’en faisait plus, soit il n’en faisait que quelques-unes. Ce ne sont pas tous les enfants, mais il y a des résultats extraordinaires, inespérés, que l’on n’avait jamais obtenus avec aucune molécule de synthèse.
Donc, je pense que c’est une révolution dans le monde de la neurologie, de mon point de vue qui est partagé par beaucoup de médecins. Je crois que le CBD et le THC sont promis à un bel avenir sous contrôle médical, pour le traitement de la douleur chronique et de l’inflammation chronique. Ça, ça me paraît énorme, d’autant plus qu’on a des psychoactifs légaux qui font des ravages notamment aux États-Unis, des dérivés morphiniques. Je crois qu’il y a eu 5 000 morts aux États-Unis avec l’Oxycotin. Ce sont des drogues avalisées et officielles, mais il y a un véritable danger avec ce système parce qu’il y a des effets secondaires importants et il semblerait (c’est quasiment sûr), qu’avec l’utilisation du CBD ou du THC, on n’ait pas ces problématiques d’addiction. THC, un petit peu, mais c’est gérable sous contrôle médical et on va avoir des champs d’action intéressants.
Cannabis thérapeutique, les risques de dépendance
Parlons des risques de dépendance des produits qui contiennent du THC. Dépendance physique, dépendance psychique. Commençons par les produits purement à base de CBD et là, je pense que la réponse va être rapide et ensuite, parlons des produits contenant du THC. Quelle est ta vue sur le sujet ?
L’état actuel des connaissances scientifiques nous fait dire que le CBD ne pose pas de problématique d’addiction ou de toxicité particulière. C’est très en faveur de son utilisation, c’est pour ça que l’Europe vient de retoquer une décision française qui était d’interdire le CBD en Europe. L’Europe lui a dit, non, non, non, le CBD en l’état actuel des connaissances est sans effet addictif et ne présent pas de toxicité, donc on ne peut pas l’assimiler au THC. Ça a fait les choux gras en France, pour ceux qui voulaient vendre du CBD.
Je précise, il n’est ni autorisé, ni interdit, il y a un flou juridique. Le THC est interdit, illégal et considéré comme un stupéfiant, mais le CBD est considéré par certaines institutions administratives comme un cannabinoïde et à ce titre, il serait comme le THC. S’il y a jurisprudence en France, ça pourra permettre d’utiliser le CBD et le CBD pour te répondre, ne présente pas d’addiction d’après les études, ni de toxicité rapportée. Les produits contenant du THC, il y a le rapport Roques qui date des années 90 et il y a eu d’autres études depuis, qui montrent que finalement, si on le compare à nos deux drogues licites d’état dont j’ai parlé tout à l’heure, l’alcool et le tabac, sur le plan addictif, on est largement au-dessous.
Même si encore une fois, quand des adolescents ou des adulescents, l’utilisent dans la période jusqu’à 25 ans, peuvent être soumis à une forme de chronicité. C’est un produit qui met tellement à l’aise, que ça nous permet de nous débarrasser de nos problèmes de la vie de tous les jours donc, ils ont envie de garder cet effet. En dehors de ça, il n’y a pas de problématique avec le CBD, mais le THC, oui. Le THC peut avoir un effet potentiellement toxique pendant les premières 25 années de vie par cet effet sur la plasticité neuronale. Ça, c’est sûr.
Dans les pays où on voit des personnes qui prennent du cannabis thérapeutique pour des conditions longues, pour la gestion de la douleur, est-ce que l’on voit une dépendance physique, avec parfois, une grande difficulté à se sevrer par la suite ?
C’est extrêmement rare. En général, les pays où ça se fait, il y a des cliniques de cannabis thérapeutique. Ça existe aux États-Unis par exemple. Sous contrôle médical, il n’y a quasiment pas de toxicomanie. Il y a parfois un petit sevrage à faire pour accompagner la personne. Comme je disais tout à l’heure, on y va doucement et on baisse doucement puisqu’il faut habituer nos récepteurs et il faut les déshabituer aussi pour qu’on fabrique nos endocannabinoïdes de façon interne et qu’ils reprennent le dessus. C’est toute l’histoire de la médecine. Il faut relancer la mécanique, la biologie et une fois qu’on estime qu’elle est relancée, on reprend la main doucement. On ne fait jamais d’arrêt brutal de produit pour ne pas faire de syndrome de sevrage.
De même que si un jour, quelqu’un décide d’arrêter de fumer, la façon brutale, c’est la pire, parce que c’est souvent voué à l’échec et après, ça peut créer du renoncement pour la suite. C’est là, où contrebalancer avec une bonne présence de CBD, peut éviter d’avoir les effets trop euphorisants de la molécule de THC, mais aussi probablement va permettre d’éviter les phénomènes d’accoutumance, même s’ils sont légers chez l’adulte.
Chanvre et cannabis, légaliser ou pas ?
Parlons de l’aspect légalisation. Il y a un débat sans fin. Il y a ceux qui sont pour, ceux qui sont contre. Ceux qui soutiennent la légalisation, pensent que légaliser ferait diminuer la criminalité, ferait rentrer de l’argent dans les caisses de l’état et fournirait au consommateur, un nouveau remède. Ceux qui sont contre, pensent que ça va encourager la consommation, que ça va créer des problèmes de dépendance. Tu as épluché pas mal d’études sur le sujet, en particulier Canalex, qui a été piloté par l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice. Est-ce que tu pourrais nous dire ce qui ressort de ces études ? Est-ce qu’on a une vue claire de la situation ?
Déjà, normalement, il faut attendre que le résultat ait dix ans, ce qui nous porte à 2024 ou 2025. Les résultats préliminaires permettent de penser que dans les états où on a permis l’autorisation d’utilisation du cannabis, il y a eu une hausse de la consommation de cannabis. Mais on s’est rendu compte que c’étaient des personnes de l’état voisin qui venaient consommer donc soit il y a une faible augmentation, soit il n’y en n’a pas du tout. Et quand il y a une augmentation, c’est parce que les états où ce n’est pas autorisé, viennent faire débarquer des personnes qui sont intéressées par le cannabis.
Sur la criminalité, il y a eu une baisse marquée de la grosse criminalité, mais il faut regarder si les personnes qui organisent le crime, ne se retournent pas sur d’autres activités, sur le commerce de substances addictives également. Ça, on n’a pas assez de recul. Ce qu’il y a de sûr, c’est que ça débarrasse la police d’affaires qui les occupent dans la vie de tous les jours de façon trop importante. En France, je crois qu’on a 170 000 personnes en garde à vue à cause du cannabis. Il faudra vérifier les chiffres, mais c’est important et la police a autre chose à faire que d’arrêter des consommateurs de cannabis.
Au regard de la loi, ce sont des délinquants puisqu’ils utilisent un stupéfiant, mais il y a un effet administratif qui n’est pas inintéressant. Il y a eu des résultats en 2018, en Californie où on a remarqué que les jeunes, parce qu’on s’est intéressés aux jeunes, n’ont pas pris plus de cannabis, mais ils ont dévié sur l’alcool. Il n’y a pas de société sans drogue et les humains ont tendance à aller chercher des produits qui agissent sur leur cerveau. Il y en a qui sont autorisés, il y a une sorte de vases communicants qui peut s’opérer entre différentes substances psychoactives.
On s’attendait à une énorme consommation de la part des jeunes parce que l’autorisation était là et il n’y a pas eu plus d’augmentation que ça. Encore une fois, il faut attendre le délai de la fin de l’étude de Canalex, mais c’est encourageant et c’est surtout pour les politiques qu’il faut penser. C’est clivant comme sujet. Pourquoi en France, on est bloqué sur nos ergots par rapport au cannabis ou au chanvre ? C’est parce qu’il y a cette image de beatnik, de drogue, etc. Coluche l'avait très bien parodié dans un sketch, cette histoire. L’idée, c’est que les Français, d’après les sondages, sont prêts pour l’utilisation du cannabis sous différentes formes, à la fois thérapeutique et récréative et ce sont les politiques qui ne sont pas prêts, une bonne majorité d’entre eux. Il faut y voir la perte d’un électorat, plus que des considérations scientifiques.
Cannabis récréatif, utilisation déconseillée pour les moins de 25 ans
Franck, je voudrais rappeler ce que tu nous as dit il y a quelques minutes. On ne parle pas d’une utilisation du cannabis récréative chez l’adolescent ou la jeune personne et je sais que nous avons des parents qui ont traversé des histoires difficiles avec leurs enfants. Je ne voudrais pas minimiser ces difficultés.
Après dix-huit ans, malheureusement ou heureusement, on ne peut pas empêcher nos enfants de consommer du cannabis avec son effet récréatif. Personnellement, à la maison, j’en ai un qui pratique. Pourtant, il connaît ce que je lui raconte, mais il est malheureusement maintenant, dans une consommation chronique. On le surveille, on fait attention et c’est vrai, il y a eu d’autres parents, tu as bien fait de le souligner, qui ont eu plus de problèmes avec leurs enfants.
Parfois, jusqu’à des troubles du comportement donc c’est compliqué. Nous ne conseillons pas l’utilisation du cannabis jusqu’à 25 ans, sachant qu’à partir de 18 ans, ils font ce qu’ils veulent. L’interdiction, ça ne marche pas toujours. Le conseil que l’on peut leur apporter, c’est de faire attention à la qualité du produit, parce que comme tu l’as rappelé, on peut avoir des différences importantes de tétrahydrocannabinol, de THC par joint. J’ai mis un tableau dans le livre qui montre cette variation extrême qui est complètement dingue et qui peut modifier le comportement des enfants. Soit de façon aigue, soit de façon chronique.
Globalement, c’est vrai que l’alcool n’est pas bon avant 25 ans. On va dire 18 ans, parce qu’à 18 ans, ils nous échappent. Les médicaments qui agissent sur le cerveau, ce n’est pas bon non plus sauf sous contrôle médical. Évidemment, le THC n’est pas à conseiller, je ne le conseille pas même si j’ai un enfant qui le fait. Il a plus de 18 ans malheureusement, il m’échappe. Je lui dis qu’il faudrait qu’il arrête. Il est parti pour arrêter, mais il faut qu’il expérimente aussi donc je lui laisse faire son chemin par rapport à ça.
Chanvre et cannabis : un jour, substance médicinale ?
Pour terminer, basé sur les positions prises dans certains pays comme les États-Unis ou certains autres pays européens et basé sur ce que tu entends au niveau de notre gouvernement, y a-t-il un espoir que le cannabis ou la forme totum, soit, un jour, légalisé en France et encadré comme substance médicinale ?
On a bon espoir parce qu’il y a des associations de consommation de cannabis. Des personnes qui étaient dans des associations de patients qui voulaient mettre en avant les vertus du THC ont permis de mettre au point, et c’est lancé, une étude sur les utilisateurs pour voir les effets sur des pathologies particulières. Ce sont des personnes qui ont soit des cancers avancés, soit des épilepsies avancées, soit des scléroses en plaques avancées. Ce n’est pas tout le monde, mais il y a une expérimentation qui a eu le mérite d’être lancée en France, c’est le premier point.
Deuxième point, l’Europe a retoqué le comportement de la France par rapport au CBD, en disant, non, le CBD, c’est une molécule qui n’est pas addictive et qui ne présente pas de danger. Peut-être que la France va s’aligner sur ce point de vue. Il y a la mentalité des Français qui a évolué (pas les politiques) et qui disent on est prêts à utiliser cette plante, déjà au niveau thérapeutique et le récréatif, ça ne serait pas mal au même titre que se faire plaisir avec un peu d’alcool de temps en temps.
Ça serait bien qu’on le fasse. On contrôlerait la filière, on connaîtrait le pourcentage de principes actifs, les produits toxiques potentiellement associés. Quand c’est fait dans l’illégalité, il peut y avoir des choses plus ou moins coupées avec des produits irritants ou toxiques. On aurait une traçabilité. Pourquoi ne pas passer par le pharmacien ? Ça serait une possibilité. Peut-être aussi dans certains shops, avec un degré de THC ou de CBD acceptable pour le bien-être. Forcément pour la santé, mais aussi pour le bien-être. Je pense que l’on a un avenir qui s’annonce radieux par rapport à ça, mais il faut dire que la France, c’est le pays qui a le plus de crispation en Europe par rapport à ça.
Ok Franck, c’est noté. On va suivre ces développements avec beaucoup d’intérêt. Je te remercie pour le temps que tu nous as consacré.
Merci de ton invitation.
Je vous rappelle que si vous voulez un résumé de tout ce que le chanvre et le cannabis peuvent faire, vous avez le livre de Franck, Stupéfiant ! Le chanvre, va-t-il sauver le monde ? Aux éditions de l’Opportun.
Au sujet de Frank Gigon :
Franck Gigon, médecin spécialisé en micronutrition et phyto aromathérapie, a mis en place une téléconsultation (non remboursée par la Sécurité Sociale) accessible à tous par le lien suivant, une consultation en distanciel avec un ordinateur.
https://www.doctolib.fr/nutritionniste/millau/franck-gigon
TÉLÉ CONSULTATION :
-Prise en charge micronutritionnelle, phytothérapeutique avec optimisation alimentaire et du mode de vie (nutrithérapie, plantes médicinales, huiles essentielles, protection des CEM)
-Prévention des maladies de civilisation et du vieillissement accéléré
-Gestion de l'équilibre pondéral, hormonal, immunitaire et glycémique
-Sevrage tabagique
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Hervé GOURIOU dit
"TOUT VIENT A POINT A QUI SAIT ATTENDRE"... DIT LE PROVERBE !.. Hé bien il semble juste, car voilà t'y pas que le 29 décembre 2022 :...... " Revers pour le gouvernement dans le dossier du cannabis. Le Conseil d'Etat a décidé, jeudi 29 décembre, de retoquer définitivement l'article de l'arrêté gouvernemental paru en décembre 2021 qui interdisait la vente et la consommation des fleurs chargées en cannabidiol (CBD), la molécule non-psychotrope du cannabis.
Saisi en urgence par les professionnels du secteur, le juge des référés avait suspendu temporairement l'arrêté en janvier 2022. Onze mois plus tard, la mesure la plus emblématique du texte a donc été définitivement enterrée par la plus haute juridiction administrative française...."
https://www.francetvinfo.fr/sante/drogue-addictions/cannabis/cannabis-le-conseil-d-etat-autorise-definitivement-la-vente-de-fleurs-de-cbd-en-france_5569650.html
Dans son arrêté contesté, le gouvernement justifiait notamment sa volonté d'interdire la vente des fleurs de CBD par l'argument de l'ordre public, assurant que l'autorisation de ces fleurs, dont l'aspect et l'odeur sont semblables à l'herbe de cannabis illégale, aurait compliqué les contrôles de police.
sabine dit
bonjour Hervé et merci pour cette bonne nouvelle 🙂
Hervé GOURIOU dit
Une étude de l'Université d'Oregon vient de publier les effets favorables du CBD contre le Covid : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35007072/
Hervé GOURIOU dit
En relisant les déclarations très optimistes, mais,oh ! combien judicieuses du Docteur Gigon lors des discussions-échanges en podcast et vidéo et écrits sur le Blog AltheaProvence, avec Christophe, du 18 mars 2021 https://www.altheaprovence.com/cannabis-therapeutique-et-chanvre-une-interview-avec-franck-gigon/ et du 18 novembre 2021 https://www.altheaprovence.com/covid-long-echange-avec-le-docteur-franck-gigon-partie-2/ sur les éventualités de développement du Canabis Thérapeutique (CBD) en France et pour des utilisations dans le cas de Covid long, je mesure combien sa déception a dû être immense en apprenant la gigantesque reculade du Gouvernement français publiée au J.O. du 31 décembre 2021 !...
L’arrêté gouvernemental stipule, en effet, que... “la vente aux consommateurs de fleurs de CBD ou de feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange, avec d’autres ingrédients, leur détention par les consommateurs et leur consommation...” était désormais prohibée en France avec effet immédiat... Bonnes Fêtes et Bonne Année !...
Quand le docteur Gigon disait que la mentalité des Français avait évolué et qu’ils étaient prêts à utiliser cette plante au niveau thérapeutique et récréatif, il avait entièrement raison car, de 400, avant l’été 2021, les boutiques spécialisées dans la vente de CBD et de produits dérivés sont quelques 2000 à la fin de l’année (cf: Syndicat professionnel du Chanvre). Je peux citer comme exemple, entre autres, la galerie marchande du Centre commercial Carrefour de ma localité où un barnum long de plus de 20m est installé à demeure et vante les mérites du CBD et proposant des dégustations gratuites de tisanes et la vente de flacons d’huiles ou de teinture, ainsi que la parapharmacie du même magasin, qui en commercialise ouvertement et officiellement...
La décision gouvernementale met un coup d’arrêt brutal à cette expansion avec de plus une décision d’effet immédiate, sans préalable ou préavis...
Toutes les productions, récoltes, importations ou utilisations devront désormais être gérées par des Industriels qui auront le monopole commercial du CBD. Les ventes de plants et les bouturages sont interdites. Lire tous les détails :...Arrêté du 30 décembre 2021 portant application de l'article R. 5132-86 du code de la santé publique - Légifrance (legifrance.gouv.fr)Arrêté du 30 décembre 2021 portant application de l'article R. 5132-86 du code de la santé publique - Légifrance (legifrance.gouv.fr)
Gageons que la main de fer ou le combat ne font que commencer, car cet arrêté va à l’encontre de décisions de la Cour de Cassation mais également de l’Union Européenne, comme l’a si bien souligné et expliqué le Docteur Gigon... Mais que de virevoltes et de pertes de temps depuis plusieurs années, alors que les souffrances de milliers de malades pourraient être amoindries, voire éradiquées par des soins au CBD et que le maintien des autorisations de vente libre qui avait trouvé un essor, permettrait certainement d’apporter un mieux-être psychologique et physique à une population hyper stressée.
plantequigrimpe dit
Bonjour,
Là j'ai une question de la plus HAUTE IMPORTANCE
COMMENT vous avez fait pour récupérer vos cheveux et en plus ont dirait que vous avez rajeunis par rapport aux autres vidéos de la chaine au niveau de la peau, vous avez fait quoi ?
Vous êtes devenu un vampire ? Vous faites des thérapies ultra chère des gens riches de rajeunissement ? C'est quoi votre secret pour récupérer des cheveux et rajeunir de la peau.
Sérieux en vrai j'hallucine
sabine dit
🙂 😆
Virginie dit
Bonjour,
Merci pour cet excellent reportage et merci de nous partager autant de vos connaissances. Il existe aussi le cannbis infusé dans de l'huile d'olive mais la concentration en CBD est beaucoup moins concentrée. Comment faire pour qu'il soit bien assimilé vu qu'apparemment il est détruit à 80% dans le tube digestif? Ou bien, y a t'il une méthode pour extraire les principes actifs des buds sans utiliser 10l d'alcool qui sont difficilement trouvables en France? Prenez soin de vous, Virgine
sabine dit
bonjour Virginie
désolée mais pas d'informations sur le sujet
Myriam Volorio dit
Merci pour ce nouvel article que j'attendais! J'aimerais tenter de faire une huile pour les contractures/douleurs musculaires et articulaires. à base de chanvre mais je ne sais comment m'y prendre: quelle partie de la plante utiliser? faut-il passer par un intermédiaire alcoolique etc... Christophe envisagerait-il de créer une article sur le chanvre comme il le fait pour d'autres plantes afin que l'on en apprenne plus sur les façons de l'utiliser? ou alors peut-on m'indiquer ou trouver ces renseignements?
Merci pour tous ces articles passionnants!
sabine dit
bonjour Myriam
désolée mais pour l'instant non , pas de formation sur ce thème de prévue sur ce thème
Michael dit
Mille mercis pour cette interview !
D’abord, le choix du sujet est d’une grande actualité. Le constat n’est pas nouveau, la médecine classique, bien que extraordinaire dans certains domaines, n’arrive pas à trouver de solutions pour beaucoup de maladies sérieuses (cancer, maladies autoimmunes et j’en passe), ni pour des affections moins sérieuses mais handicapant néanmoins (arthroses, insomnies, etc.). Parallèlement, un mouvement s’est mis en route pour utiliser le cannabis pour des fins thérapeutiques (Etats-Unis, Israel, mais aussi en Europe). Donc il y a un urgent besoin d’explorer ces nouvelles pistes.
Franck Gigon arrive à bien expliquer les différentes problématiques en la matière: chanvre industriel - cannabis; CBD - THC et leurs effets sur le corps, applications pour les deux, et les risques liés au cannabis. C’est un tour complet des questions, bravo !
Espérons que les citoyens et les politiciens changent rapidement d’avis afin de faire bénéficier le plus grand nombre de patients des bénéfices du cannabis.
Hervé GOURIOU dit
C’est un sujet délicat que vous nous proposez courageusement et vous avez raison d’indiquer en surimpression la signification du mot « Drogue » dans votre exposé et celui du Docteur Gigon, car effectivement vous pourriez être accusé par des esprits tordus de vouloir faire l’apologie du Cannabis en tant que drogue, alors que ses usages sont bien plus étendus….
A ce sujet, il est aberrant de voir comment sont détournés certains mots ou expressions de la langue française, au fil des siècles, car à l’origine, (XVe siècle) les drogueries désignaient les boutiques qui vendaient des herbes médicinales séchées, des préparations végétales ou encore des épices…alors que de nos jours, la droguerie désigne un magasin de quincaillerie et un bazar où l’on trouve de tout, pour l’entretien de la maison, de l’outillage et matériels de bricolage etc…
Il est tout de même très intéressant de connaître l’origine du Cannabis, qui vient du Chanvre utilisé très largement depuis l’époque néolithique et que les humains ont découvert mille et une applications de leur vie courante au fil des siècles et qui connaît fort heureusement un regain d’intérêt pour la fabrication de tissus face au coton ou des tissus synthétiques (la France est leader Européen et Mondial pour cette culture…), mais également pour la nourriture des animaux et des humains.
Le nombre d’applications du Chanvre à partir de ses fibres et des autres composants est tellement énormes qu’il est impossible de tous les lister ici, mais le titre du Livre de Franck Gigon est bien d’actualité : … « LE CHANVRE VA-T-IL SAUVER LE MONDE ?… » car si vous avez évoqué les aspects thérapeutiques, et c’est normal, sa culture industrielle est économe, voire nulle, en composants phytosanitaires ou hydriques, ainsi que sa transformation par rapport à beaucoup d’autres végétaux que l’on a développé depuis plusieurs décennies au détriment des écosystèmes de la planète, tant pour la terre que pour les êtres vivants animaux et humains…
Je ne lancerai pas dans des commentaires sur les diverses consommations de cannabis, mais il faut quand même noter que, paradoxalement, de tous les pays européens, c’est la France qui a la palme de la consommation et la législation la plus stricte… Puisque le débat politique n’est pas tranché car comme toujours, avant toutes décisions il faut expérimenter, analyser, comparer, étudier etc… avant de décider, la consommation à titre récréatif c’est une chose mais les consommations à titre thérapeutiques ne peuvent attendre encore plusieurs années avant qu’une Loi soit adoptée, sans tergiversations à n’en plus finir et remise sans arrêt aux calendes grecques… Or, si l’on remonte les débats de ces dernières décennies on finit par s’arracher les cheveux et pour ne reprendre que les derniers soubresauts les plus récents pour ce qui concerne les usages du cannabis récréatif , j’ai été surpris d’apprendre qu’une « consultation citoyenne » avait eu lieu du 13 janvier au 28 février 2021 à l’initiative de la « Mission parlementaire d’information commune sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis » … apparemment en catimini et en pleine pandémie Covid…
… et pour ce qui concerne le Cannabis à titre médical, le 25 octobre 2019, dans le cadre de l'examen du projet de loi du financement de la Sécu pour 2020 le rapporteur général, qui était Olivier Véran , fait adopter à l'unanimité son amendement visant à expérimenter l'usage médical du cannabis en France pour une durée de 2 ans. L'expérimentation devait débuter au premier semestre 2020 et porter sur 3 000 patients , mais a finalement été reportée au plus tard en janvier 2021 dû à la pandémie Covid19… puis annoncé officiellement par l’ASNM (l’agence nationale de la sécurité des médicaments) reporté à nouveau, avant la fin mars 2021…Etant donné que nous sommes à une semaine de la fin du mois de mars, j’ai voulu m’informer auprès de ce Service de l’Etat mais sur Google toutes les pages internet liées à ce sujet sont « introuvables » et sur le site de l’ASNM s’il y a bien un dossier sur le sujet il affiche une mise à jour au 15 octobre 2020 et le calendrier prévisionnel annoncé dans le dossier s’arrête au mois de décembre 2020…
La France reporte toujours alors que dans la plupart des pays Européens l’usage du cannabis thérapeutique est opérationnel ainsi que dans de très nombreux pays du Monde…
Même si, actuellement, la priorité doit être donnée à cette pandémie qui mobilise les esprits et les personnels de Santé, justement, ne serait-ce pas le moment pour expérimenter les usages du cannabis sur certaines pathologies dues au Covid mais également post Covid ?…
pascal27 dit
Bonjour Hervé
Toujours très instructif de vous lire. En France et peut être dans d'autres pays; quand on parle d'un sujet de santé ou à connotation industrielle donc commerciale; 80% du bla-bla-bla est du "y faut qu'on et du on va...", reste 20% d'effets possibles et très souvent en actions reportées, vous abordez bien le sujet. Pendant ce temps la population (pense) que le sujet est traité et va aboutir ! Je reste persuadé que nous sommes notre meilleur médecin et qu'il ne faut pas attendre grand chose de toutes ces décisions "devenues toutes politiques" et c'est bien dommage.
Ce que je peux vous dire c'est que la petite mésange bleue "adore" entre autre les graines de chanvre, de tournesol et les boules de gui. Ce petit oiseau est friand de la mineuse du marronnier. Actuellement cette mineuse met en perdition les feuilles du marronnier en consommant la chlorophylle, cette attaque précoce limite la mise en place des bourgeons pour l'année suivante, d'année en année l'arbre perd des grosses branches. Il faut du temps pour qu'un déprédateur s'installe et soit efficace. Voila un petit oiseau qui ne fait pas du bla-bla-bla mais comme le colibri s'est mit au travail.
je suis un peu hors sujet mais de petites informations de ce genre nous dit que la nature réagit, agit et s'adapte.
Cordialement, pascal
Michelle R. dit
Bonjour. Oh, merci merci de nous faire découvrir les résultats d'un étonnement tellement d'actualité. Un étonnement source de clairvoyance. Sur les choix étonnants que peuvent faire nos "décideurs" .
Oui comme vous, je me pose la question sans réponse :quand cela va t il changer de façon légale et cohérente pour le bien de ceux qui n'ont qu'une aspiration essentielle : bien vivre ou mieux vivre leur santé, et quand c'est devenu difficile, leurs douleurs, leur vie !?? Il nous reste heureusement la possibilité de faire des choix citoyens, le moment venu. Mais c'est bien long !!!... Je vais bien vite me procurer le livre. J'adore déjà son titre !!! Re-merci.
pascal27 dit
Bonjour Christophe
Gratitudes pour ce documentaire extrêmement bien expliqué par le Dr Franck Gigon avec transparence et te questions très pertinentes. Bravo à vous deux ce doc va rendre de grands services...
pascal
RECH dit
Bonsoir,
Merci pour toutes ces informations.
Comment se procurer du cannabidiol thérapeutique, pour apaiser les douleurs: Arthrose , S.E.P
Peut-on avoir plus de précision sur l'effet du cannabidiol qui favorise "la régression des lésions". Merci pour votre réponse. Bon W-END, Nina
sabine dit
bonjour Rech
désolée mais non je ne sais pas où s'en procurer
et pour les précisions je pense qu'en allant sur le sit pubmed vous devriez trouver des études qui approfondissent le sujet
Violaine CHAMPEAUX dit
J'avais un rendez vous avec mon ostheopathe 4 jours après avoir lu l'article super intéressant de Christophe et du docteur Fanck Gigon. nous avons discuté sur le sujet, et je lui disais que je ne savais pas ou trouver du CBD, et là devant moi elle a tapait sur son moteur de recherche CBD et le nom de la ville le plus proche de chez moi, et on a trouvé 3 boutiques. Essayez de faire de même pour trouver un magasin, mais attention car sur internet il y a aussi des grossiste et autres mais dans leur flacon il y a aussi du THC interdit en France, donc il vaut mieux se déplacer en boutique. bon courage dans vos recherches
anne dit
Passionnant ! Merci pour cet éclairage sans faux-fuyants. Depuis le temps qu'il est question de la légalisation, d'une part, et de l'usage thérapeutique, d'autre part, il serait temps que les autorités se décident à se rendre à l'évidence : une plante médicinale doit pouvoir être utilisée et ne pas faire l'objet d'un ostracisme d'un autre âge.
Je vais faire passer cette interview très complète, qui n'évite pas les "sujets qui fâchent". 🙂
Encore merci !
laure laffly dit
Bonjour Christophe, interview et sujet extrêmement intéressants ... En dehors des EU , il y a également Israel dont Frank Gigon aurait également pu parler. C'est un pays qui investit déjà depuis de nombreuses années dans la recherche sur les dérivés cannabinoides et qui les met déjà largement en pratique dans des centres de gestion de la douleur aussi bien chronique (douleurs sinflammatoires comme post traumatiques) qu'en soins palliatifs, domaine dans ils s'avèrent d'une aide précieuse à l'accompagnement. Encore un grand merci pour ces vidéos attendues avec impatience chaque semaine , d'autant plus appréciée quand on est privé de ses professeurs en présentiel depuis trop longtemps (à l'ELPM)... Laure