Covid long, échange avec le docteur Franck Gigon (partie 2) : (abonnez-vous au podcast ici)
Bonjour, je suis aujourd’hui avec le docteur Franck Gigon. Ceci est la deuxième partie de notre discussion sur le syndrome post-Covid ou le Covid long.
Je ne vais pas réintroduire Franck, je l’ai déjà fait dans la première partie.
Dans la première partie, on a abordé certaines hypothèses qui pourraient expliquer le syndrome post-Covid ou Covid long et on a aussi couvert ce qui nous paraissait être la fondation de la problématique. On a parlé de micronutrition, on a parlé de plantes médicinales. Si vous n’avez pas vu la première partie, on vous conseille vivement de le faire, parce que c’est sur cette fondation de la première partie qu’on va bâtir cette deuxième partie.
Et à la fin de cette deuxième partie, ce que l’on va faire, c’est que Franck et moi, on va vous présenter une petite étude de cas fictive et on va vous expliquer comment on déroulerait un petit programme pour aider une personne qui souffre de ce Covid long. On va parler aussi de certains systèmes d’organes qui ont été touchés. Dans la première partie, on a parlé d’immunité, d’inflammation et de vitalité, les fondations, les bases, on va continuer avec le système nerveux, les poumons, le système cardiovasculaire et on finira par la perte de goût et de l’odorat.
Covid long : perturbations du système nerveux
Christophe : Franck, est-ce que tu es prêt ?
Franck : Je suis prêt.
Parfait. On va démarrer avec les perturbations du système nerveux. On a vu qu’elles peuvent être diverses et variées, des angoisses, des troubles du sommeil, des troubles de la cognition, des déprimes, etc. On a vu aussi, que certaines personnes qui ont été hospitalisées, ont eu quelque chose qui pourrait ressembler à un syndrome post-traumatique littéralement. Donc, il y a eu, on peut dire le mot, beaucoup de dommages faits sur le système nerveux pendant cette période de Covid long. Si on commençait par la micronutrition, lorsque tu veux aider une personne qui a ce genre de trouble en micronutrition. Qu’est-ce que tu recommandes, Franck ?
Je vais être un petit peu redondant par rapport à la première partie, mais c’est normal, parce qu’en micronutrition, on retrouve souvent les mêmes ingrédients. Il y a un cocktail de vitamines que l’on préconise dans ce cadre, qui est notamment d’apporter au moins les vitamines du groupe B ensembles. Bien sûr, la vitamine D est fondamentale dans ce cadre-là également. Les fameux omégas 3 qui sont des acides gras polyinsaturés, dis essentiels. Ce sont des graisses tout simplement, des lipides. Et l’inénarrable magnésium que je remets à chaque fois à toutes les sauces, mais c’est parce que vitamines du groupe B, omégas 3, vitamine D, magnésium, on pourrait même parler de la lécithine qui est souvent issue du jaune d’œuf ou du soja, ce sont des constituants principaux, des cofacteurs enzymatiques principaux, du métabolisme cérébral. Donc, à la fois, dans la constitution des neurones et à la fois, dans leur mode de fonctionnement. Si on s’arrête un instant sur les omégas 3, on connaît les métaboliques des omégas 3 qu’on appelle les EPATHA. Il faut en amener 500 milligrammes à 3 grammes par jour. Contre-indications, ce sont plutôt les personnes qui sont près d’une opération chirurgicale importante. Trois jours avant, trois jours après, on arrête en général. Et les personnes aussi qui auraient des anti-coagulants, mal équilibrés, parce que ça augmente un petit peu la capacité hémorragique, mais très, très faiblement. Pour ces raisons, on applique le principe de précaution. Sinon, les omégas 3, ce sont les constituants majoritaires du cerveau, presque 30 % du cerveau. La rétine, c’est encore plus. Et tout ça, c’est pour nous dire qu’en matière de micronutrition, les vitamines du groupe B, c’est aussi très important. Puisque ça rentre dans le fonctionnement de fabrication des neuromédiateurs, ces substances qui sont transmises par les neurones et qui nous permettent de bien réfléchir et accessoirement, d’avoir une activité mentale correcte. Je m’arrêterais là sur le plan de la micronutrition, parce que c’est quelque chose qu’on peut trouver facilement en complémentation alimentaire. Il y a différents laboratoires qui ont pignon sur rue qui en proposent. On pourrait se dire « Ah, il suffit de manger équilibré et on va trouver tout ça dans l’alimentation. » Pour une bonne part, pour les omégas 3, oui, on a les huiles végétales qui nous apportent leur lot d’omégas 3. Par exemple l’huile de lin, l’huile de colza et une huile que j’aime particulièrement, c’est l’huile de graines de chanvre, qui a un rapport omégas 6/omégas 3 quasi parfait, un peu plus chère. On en a aussi dans l’huile de noix. Ce sont des huiles qu’il faut garder, ce n’est pas recommandé, mais moi, je le dis, plutôt au frais. Parce que tout ce qui est acides polyinsaturés, ça s’oxyde à l’air, à la lumière et à la chaleur. C’est pour ça qu’en général, c’est dans des bouteilles fumées. Bien fermer pour ne pas les éventer et évidemment, il ne faut pas que ça soit dans une ambiance 19-20°C en permanence. Il vaut mieux les mettre au frais. Ce n’est pas marqué sur les bouteilles, mais je le recommande pour que ça ne s’oxyde pas.
Tu nous parlais des doses tout à l’heure, 500 milligrammes à 3 grammes. Je pense que tu parlais ici des huiles de poissons de la mer froide.
Oui.
Est-ce qu’on parle de dosage total des huiles ou est-ce que c’est EPA + DHA ?
C’est EPADHA 500 milligrammes et si on parle en termes d’huile, on est sur du trois grammes.
Ça correspond à une à deux cuillères à soupe par jour, d’huile de lin par exemple.
Tu nous parlais de lécithine, ça, ce n’est pas un produit que je connais personnellement. Lécithine de soja ou quel type de lécithine on utilise ici ?
La lécithine de soja, c’est un des constituants du soja comme celui du jaune d’œuf. C’est un ingrédient qui participe à la constitution des neurones, donc quand on l’apporte, on favorise la reconstitution des neurones. C’est un substrat qui est très souvent apporté dans toutes les pathologies, soit neurodégénératives, soit, en micronutrition, quand on est sur des dépressions longues, des choses comme ça.
Et ici, vu qu’on suspecte pas mal une inflammation du système nerveux, inflammation cérébrale, est-ce que c’est quelque chose que tu pourrais rajouter ou tu penses déjà qu’avec les omégas 3 et les vitamines, le magnésium ?
Ah les vitamines du groupe B, omégas 3, magnésium, ça suffit.
C’est déjà très bien, d’accord.
C’est déjà très bien. Là, j’ai donné pas le nec plus ultra, mais ce que l’on peut apporter au mieux dans cette situation.
Je vais parler là encore d’une plante adaptogène et c’est celle dont je vous ai parlé dans la première partie. Je vais revenir avec l’ashwaghanda (Withania somnifera), parce qu’elle a quand même cet aspect très intéressant, de calmer les crises d’angoisse si elles sont présentes, d’améliorer le sommeil, d’équilibrer les choses au niveau de l’axe hypophyse-hypothalamus-glandes surrénales, toutes ces hormones de stress. Aussi, une activité antidépressive assez intéressante. De toutes les adaptogènes, c’est probablement celle que je choisirais ici. Aussi, pour des raisons que j’expliquais, dans le sens où on peut la cultiver très facilement d’une manière locale. J’avais donné les quantités la dernière fois, pour moi, c’est 3 à 6 grammes des racines en poudre par jour, selon la situation, selon la personne. Ce que je n’avais pas dit dans le premier épisode, c’est que ce sont des cultures longues en général. Je ne fais pas de fenêtres thérapeutiques pour les adaptogènes, du tout. Les trois semaines de prise et une semaine de pause, pour ces plantes, sachant qu’elles s’expriment sur le long terme, sur des semaines, ça n’a pas trop de logique. Je les conseille souvent en continu. Tout ça pour dire que s’il y a perturbation du système nerveux en période post-Covid, c’est une des adaptogènes qui me paraîtrait vraiment judicieuse ici. On a de la chance, Franck, parce que nous avons, aujourd’hui, avec nous, un expert du cannabis médicinal, du chanvre médicinal. Le CBD, on en parle de plus en plus. Est-ce que tu penses que le CBD pourrait aider ici, toutes ces manifestations du système nerveux ?
Le cannabidiol, qui est une substance dite cannabinoïde, phytocannabinoïde, que l’on trouve dans le chanvre, est très intéressant, puisqu’il a fait l’objet d’études, plus de 1 500 études ces 5 dernières années. En dehors de la France, puisque la France est encore un petit peu sur la réserve concernant le chanvre. Je pense que ça va se libérer dans pas longtemps, mais en tout cas, dans d’autres pays, on a poussé les investigations assez loin et on montre que le cannabidiol appelé CBD, agit, d’ailleurs, comme un adaptogène. C’est une substance adaptogène, parce que ça a une action multi-étagée, qui agit sur différents types de stress. Ça agit à la fois sur l’anxiété, la déprime, même le syndrome du stress post-traumatique. Ça permet aussi de jouer sur les addictions éventuelles. Ça améliore les troubles du sommeil. Même, certains psychiatres, l’utilisent dans certaines schizophrénies. C’est utilisé comme substance de renoncement pour certaines substances addictives aussi. C’est un anti-inflammatoire sur l’inflammation chronique, ça marche aussi sur les douleurs chroniques. On a une substance avec beaucoup de promesses, mais qui sont déjà établies du point de vue mécanistique, et même clinique dans certaines études, en dehors de l’hexagone, on est bien d’accord. Pour choisir un bon CBD, ce n’est pas facile en France, mais on a quand même des indications à donner à nos auditeurs. Notamment, il faut que le produit soit exempt de THC (tétrahydrocannabinol). Il faut que ça soit marqué « 0,0 % de THC ou traces ». Ça, c’est le premier point. Parce que comme le THC, c’est une molécule considérée comme stupéfiante, il suffirait qu’il y en ait quelques traces et que ça passe dans le corps, qu’on ait un accident de voiture, qu’on nous dose les toxiques et là, c’est le début des ennuis.
Si on peut faire confiance au laboratoire sur ces mesures, parce qu’on a bien vu dans certaines études que des produits à base de CBD qui étaient supposés ne contenir que du CBD, contenaient en fait, des quantités assez significatives de THC.
Je pense qu’il y a un grand ménage qui va être fait dans pas longtemps et qu’effectivement, il y aura des certificats d’analyses que l’on demandera de façon confirmée, sur l’absence de THC. Ça, c’est le premier point. Je conseille plutôt que d’utiliser des Full Spectrum, des choses comme ça, au départ, de plutôt viser, des isolats. Toujours pour les mêmes raisons, parce qu’il y aura toujours ce risque dans les Full ou les Broad Spectrum. Le Full Spectrum, c’est sûr, il y aura des traces de THC. Le Broad Spectrum, normalement pas, mais après, comme on dit, c’est quand même à vérifier. L’avantage d’utiliser des isolats, c’est qu’on a que la molécule de CBD à l’intérieur. En principe, aussi. Dans une goutte, il y a à peu près 2 à 2,5 milligrammes de CBD. Là, je parlais d’une forme sublinguale, c’est-à-dire que l’on va poser sous la langue. On commence comment ? Par une seule goutte. Il y a une réaction très particulière à la substance suivant chaque personne. On peut avoir des effets avec une goutte journalière. Ça paraît étonnant, mais moi, ça m’est arrivé avec des patients. Et il y a des personnes, il faudra peut-être monter jusqu’à huit gouttes, etc. En tout cas, ne le faites pas sans avis médical, parce qu’on est encore sur une molécule plutôt sensible du point de vue de la proposition en France. Mais je lui prédis vraisemblablement un grand avenir dans tous ces registres que l’on vient d’évoquer, que ça soit l’angoisse, l’anxiété, les troubles du sommeil, la déprime, etc. Et ce n’est pas un hasard si on pense que c’est une substance adaptogène. Dans le Covid long, elle a sa place, parce que dans le Covid long on a à la fois des problématiques du système nerveux, d’inflammation et d’adaptation à certaines situations. Elle me paraît légitime. Encore une fois, on n’a pas d’études, nous, ce sont juste des pistes que l’on ouvre aujourd’hui, avec Christophe, mais elle a aussi une toxicité vraiment très appréciable, puisqu’elle a des rapports de toxicologie en sa faveur. On peut aller jusqu’à 1 500 mg. Or, là, on va tourner entre 10 et 50 mg à tout casser, dans la journée. On est loin du compte. Pour toutes ces raisons, je parle du CBD et de plus en plus, parce que c’est pour moi, une molécule végétale d’avenir.
D’accord. Merci Franck. J’ai trois commentaires. Premièrement, si ça peut m’aider avec mon addiction au chocolat, une fois qu’on aura terminé cet appel, je te demanderais des conseils, parce que j’ai vraiment besoin d’aide. Petite blague mise à part. Ton commentaire sur l’isolat, j’espère qu’on va permettre, lorsque ça sera autorisé en France, à nos petits producteurs, de pouvoir fabriquer des produits. Ce que je n’aimerais pas, c’est que ce soit quelque chose réservé à des laboratoires. J’espère, une forme pure, je pense que c’est possible parce que j’ai déjà été contacté par certains producteurs qui se préparent, point numéro un. Point numéro deux, moi, les commentaires que j’ai souvent reçus ces derniers temps, c’est au sujet du dosage. Il y a des dosages suggérés sur les bouteilles et souvent, les gens ont un petit peu peur, il faut le dire, parce que c’est dérivé du cannabis. Toi, tu nous as bien expliqué que ce n’est pas la partie planante du cannabis, donc, des fois, il ne faut pas hésiter à monter goutte par goutte.
Oui
Pour obtenir la dose efficace. Je tiens aussi à mentionner le fait qu’au travers de plusieurs produits, on m’a déjà fait la remarque qu’on peut atteindre des « zones planantes » avec des huiles purement CBD. Ce qui nous fait poser la question : est-ce que c’étaient vraiment des huiles pure CBD ou est-ce qu’au-delà d’une certaine dose, chez une personne particulièrement sensible, on peut avoir un effet un petit peu planant ? Si c’est le cas, c’est quelque chose à plutôt prendre le soir.
Tout à fait.
Le brouillard mental, cette situation où on a du mal à réfléchir, à se concentrer, on a l’impression qu’il y a de la mélasse dans le cerveau, c’est quelque chose qu’on retrouve très souvent dans le syndrome post-Covid. Je vais mentionner une ou deux plantes à infusion qui sont vraiment très bien pour ça. La première, c’est le romarin.
Sans aucun doute.
Bien connue. Antioxydant cérébral, anti-inflammatoire cérébral, tonique des fonctions cognitives. Choses qui ont été validées dans la pratique depuis de nombreuses années, mais aussi dans des études. La sauge est peu connue pour ça, mais elle peut aussi faire l’affaire. D’ailleurs, la sauge a des propriétés antidépressives aussi, il faut le noter. Et une plante dont je suis tombé amoureux depuis que je la cultive au jardin, c’est le tulsi ou basilic sacré (ocimum sanctum ou gratissimum tenuiflorum ou les autres formes). Qui est très facile à cultiver, comme un basilic culinaire, qui a ce bouquet de parfums absolument magnifique. Qui est à la fois tonique des fonctions cérébrales et apaisant du stress. Amène la clarté mentale. C’est une des plantes qui était utilisée avant de méditer dans certaines traditions. Et souvent, je fais une petite combinaison romarin-tulsi. J’ai de la chance, je vais fraîchement les récolter au jardin, ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça. Mais on trouve du tulsi de bonne qualité aujourd’hui, sec, qu’on peut combiner avec du romarin pour se préparer des infusions journalières. Je trouve cette approche à la fois subtile, douce et efficace pour ramener un petit peu de Ch'i vers le haut, lorsqu’il est un peu trop coincé en bas ou lorsqu’il n’y en n’a plus du tout. Autre problématique, anxiété, angoisse. Il semble que ça soit des choses qui touchent certaines personnes qui traversent ce syndrome post-Covid. Tu nous diras après, toi, ce que tu fais Franck, pour les crises d’angoisse. Moi, j’ai mes petites habitudes. Il y a une combinaison de deux plantes que j’utilise très souvent, qui est aubépine-agripaume. L’agripaume que j’adore comme plante aux propriétés anxiolytiques, même à des doses relativement faibles. Combinée à l’aubépine, pourquoi ? Parce que les deux sont aussi des régulatrices des fonctions cardiaques, donc on va calmer ce double axe cœur et esprit ou système nerveux. Le mélange des deux, je le dose autour de pas beaucoup, une trentaine de gouttes par prise. Et lorsqu’il y a vraiment des situations d’angoisse, on peut faire des prises rapprochées. On peut littéralement pulser les doses toutes les dix, quinze minutes. Ça calme vraiment bien. On peut aussi faire une cure une à deux fois par jour en fond, si c’est une période particulièrement difficile. Pour anxiété et angoisse, ce sont deux de mes plantes favorites. Qu’elles sont les mesures que tu recommandes ?
Sur les situations d’angoisse, comme ça, aigües, je préconise déjà, alors on est en dehors de ce registre aujourd’hui, mais une petite méthode corps-esprit qu’on appelle « la cohérence cardiaque ». Qui permet par une inspiration et une expiration étendue, de calmer le système nerveux parasympathique. On active le nerf vague et le nerf vague, il se distribue partout et c’est un frein sur beaucoup de choses. Ce sont des méthodes ancestrales, mais qu’on a remises au goût du jour avec une vision occidentale. Quand on expérimente ça sur trois minutes, clairement, on a un effet assez rapide. Après, j’avoue que les fleurs de Bach peuvent être aussi assez rapides, surtout en spray maintenant, comme c’est présenté. Je crois qu’il y en a un qui s’appelle le Rescue, qui n’est pas inintéressant, avec les effets rapportés de ma patientèle, assez efficaces. Je propose aussi de l’aromathérapie et justement, tu as évoqué le tulsi qui est du basilic sacré, quand on le respire en huile essentielle, en tout cas, le basilic tropical, on a un effet quasi immédiat sur le système nerveux central, avec un effet de relâchement. Comme on dit, ça relâche les boyaux d’en bas, puis ça relâche les boyaux d’en haut. Cette huile essentielle est très particulière, avec un effet très important. Et vous avez compris maintenant, que je suis un inconditionnel du magnésium et du CBD et le CBD, quand on l’a en gouttes sublinguales, il peut aussi avoir un effet relativement rapide. Évidemment, le CBD, encore une fois, n’est ni interdit, ni autorisé en France, on marche sur des œufs en quelque sorte, mais il est en ventre libre quand même, parce qu’il n’est pas non plus interdit. Avec les conditions que l’on vous a évoquées tout à l’heure, pour moi, ça me parait quelque chose d’intéressant. En tout cas, je l’utilise à titre personnel, ma famille aussi et je le conseille à des patients qui veulent bien l’utiliser, avec toutes les précautions d’emploi qu’on a évoquées.
D’accord. Tu as parlé de l’huile essentielle de basilic, on m’a rapporté de l’huile essentielle de tulsi d’Inde et waouh, quel bonheur. Quel bonheur l’huile essentielle de tulsi. Le basilic tropical fonctionne aussi bien sûr, mais j’ai mon petit flacon que j’ouvre de manière régulière, c’est un vrai bonheur. Il y a une richesse. Tu as cette fragrance un petit peu sous-jacente du basilic, mais par-dessus, tu as un univers de parfums qui est absolument fabuleux. Ça, c’était pour tout ce qui est crises d’angoisse, anxiété. Il y a aussi parfois, une déprime, qui peut être plus ou moins profonde. Bien sûr, il y a plusieurs plantes possibles, mais j’aimerais qu’on parle d’une plante, parce qu’on a de plus en plus de producteurs français. Qu’est-ce que tu penses du safran ?
Le safran, d’abord, ça vient majoritairement d’Iran, ça coûte extrêmement cher et il contient des pigments très intéressants, notamment la picrocrocine, qui, dans des études, a montré son efficacité au moins égale à des antidépresseurs de référence. Ça, il faut le souligner, c’est suffisamment important pour le rapporter. L’avantage du safran, c’est qu’il n’y a quasiment pas d’effets secondaires, on est sur quelque chose de souple d’utilisation, de sécure et on a aussi un effet rapporté rapide. Donc, je suis très en faveur du safran. Il y a des compléments alimentaires qui existent à base de safran. Je ne sais pas si tu le proposes.
Oui, c’est standardisé en safranade aujourd’hui. C’est vrai que j’aimerais qu’on arrive à un modèle où on peut littéralement prendre du safran dans les bonnes quantités, pour un budget qui reste raisonnable. On n’en n’est pas encore là, je dirais, mais j’espère qu’on va y arriver. En tout cas, sur mon site, dans l’article dédié au safran, je vous ai donné une liste de petits producteurs locaux. Donc, pour tout ce qui est alimentation, si vous voulez vous approvisionner, vous trouverez de super sources. C’est vrai que là, aujourd’hui, ce que j’ai testé avec les gens que j’accompagne, c’est plutôt standardisé en safranade. Je dois avouer que c’est l’aspect pratique qui m’a le plus interpellé.
Oui, c’est ça.
Mais, c’est vrai que c'est un remarquable anti-inflammatoire cérébral, très largement étudié, très intéressant pour les états de déprime. On va clore sur le système nerveux, mais rapide, parce que ça fait déjà un moment qu’on en parle. Si tu devais choisir une plante et une forme, Franck, pour les troubles du sommeil, qu’est-ce que tu recommandes ?
Pendant longtemps, j’ai préconisé le Pavot de Californie (l’Eschscholzia californica), qui était « l’hypnotique de référence ». Il a un petit facteur de résistance, c’est qu’il faut une à trois semaines pour que l’effet se mette en place. Par contre, c’est de la grande famille des pavots, ce sont des alcaloïdes à l’intérieur, c’est très intéressant. C’est autorisé, c’est légal, pour le coup, pas de souci avec ça. Moi, j’étais très Eschscholzia. On donne entre 500 et 600 mg, jusqu’à 1,5 g par jour. Il y a les tisanes avec les fleurs séchées qui marchent aussi très bien. On met 20 grammes dans un litre qu’on fait bouillir.
C’est très amer.
C’est très amer. Mais j’avoue et peut-être que là, je vais être considéré comme un monomaniaque, mais depuis que j’utilise le cannabidiol, j’ai des résultats plus rapides. De ce fait, j’ai tendance à plus proposer maintenant, le CBD que l’Eschscholzia, je l’avoue.
Ça fonctionne bien sur les problèmes de sommeil, je dois dire, oui.
Et des personnes qui avaient des problématiques depuis très longtemps, avec une goutte le soir, ça paraît étonnant, mais ça a marché alors que l’Eschscholzia, il fallait attendre un certain temps. Parfois, les gens augmentaient à huit ou dix gouttes, mais souvent, avec un effet de régularisation du sommeil plus que d’endormissement. Et surtout, ils ne se réveillaient pas « la tête dans le pâté » comme disent les jeunes, avec l’impression d’avoir bien dormi. Donc, à priori, les phases du sommeil ont été respectées, sommeil profond, sommeil paradoxal et compagnie. C’est pour ça que moi, je pense que, ce n’est pas une molécule d’avenir, parce qu’elle est déjà utilisée dans beaucoup d’autres pays, mais que c’est quelque chose qui va vraiment se développer. D’ailleurs, on en a parlé entre nous, je te disais qu’il y avait beaucoup de laboratoires de compléments alimentaires qui étaient sur les rangs, pour, en 2022, sortir leur gamme à base de CBD. C’est un signe des temps.
Covid long : système respiratoire
C’est ça. On va voir comment les choses évoluent. En tout cas, on vous a déjà donné pas mal d’outils pour tout ce qui est système nerveux. J’aimerais qu’on parle maintenant de tout ce qui est pulmonaire, parce que c’est vrai que dans cette période post-Covid, il peut y avoir des beaux restes malheureusement. Toi, Franck, en tant que médecin, tu disais « S’il y a des restes, il faut refaire un scan ». Pour le milieu médical, qu’est-ce qu’on doit faire avec son médecin ici ?
Tu as raison de rappeler que si des signes respiratoires persistent, il faut aller faire des explorations respiratoires via son médecin traitant, qui amènera après, chez le pneumologue. Il y aura un bilan, des EFR (Épreuves fonctionnelles respiratoires), voire un scanner, parce qu’il y a des lésions particulières qui, à distance, sont liées à la Covid-19. Une fois qu’on est passé par ce filtre, il y a des propositions conventionnelles qui vont être faites, mais nous, on va pouvoir proposer dans ce cadre, des plantes aromatiques. Parmi les plantes aromatiques, ces plantes peuvent se prendre soit en sommités fleuries, soit sous forme d’infusion ou de bourgeons, que toi, tu connais particulièrement bien parmi les conifères. Moi, je préconise en général, deux sortes de plantes aromatiques : les plantes qui contiennent de l’eucalyptol, qu’on appelle entre nous d’un point de vue chimique, du 1,8-cinéol. C’est une molécule très caractéristique par sa fragrance. On la reconnaît chez les eucalyptus, notamment les deux chefs de file, l’eucalyptus globuleux et l’eucalyptus radié, qui contiennent une bonne proportion d’eucalyptol. Et l’eucalyptol, au-delà de tout doute dans les études, a montré qu’il avait des vertus mucolytiques, c’est-à-dire que ça permettait la fluidification des sécrétions, anti-inflammatoire. Ils ont leur activité anti-infectieuse propre, ce qui n’est pas rien et l’eucalyptol, particulièrement, a une fonction aussi de bronchodilatation. Ça veut dire qu’il permet de mieux respirer. Ces plantes, on peut les proposer sous forme d’huile essentielle à respirer. Soit on fait des inhalations humides ou sèches. Inhalation sèche, c’est facile, on prend quelques gouttes, on n’en met pas beaucoup, parce que le mieux est l’ennemi du bien en aromathérapie. On met quelques gouttes sur un tissu que l’on va respirer régulièrement dans la journée. Et dans la nuit, on met le petit mouchoir sous l’oreiller par exemple et ça va diffuser dans la nuit. Il y a les conifères pin et sapin, que toi, tu préconises souvent au niveau des bourgeons, mais là aussi, on a des huiles essentielles qui contiennent des oléorésines qui sont riches en alpha et en bêta-pinène. Un carbure très intéressant pour avoir cet effet qu’on dit en phytothérapie « balsamique ». C’est-à-dire, de désencombrement et d’augmentation des facultés respiratoires qui sont bien reconnus. Bien sûr, on peut utiliser non seulement les formes concentrées que sont les huiles essentielles, mais les formes, soit tisane, soit macérât, que toi, tu maîtrises parfaitement.
C’est ça, ça va de ma forme préférée ici, avec des aromatiques comme le thym, l’hysope qui est excellente. L’eucalyptus en feuilles en infusion. Il y en a une que j’aime beaucoup aussi qui est La Grande Aunée (Inula helenium), qui est bien produite, ici, en France, par nos producteurs. On utilise la racine, on fait plutôt une décoction, qui a ce goût très caractéristique. Ce que je voulais dire aussi, parce qu’on m’a souvent posé la question, c’est « Combien doit-on en prendre ? Comment je sais que ça fonctionne ? ». Ce qui est remarquable, c’est que vous allez littéralement sentir le mucus des bronches, qui va devenir plus fluide et vous allez sentir au fil de la journée, un effet d’expectoration. Je peux vous dire que si vous utilisez simplement du thym en infusion, si c’est relativement bien dosé, dans la demi-heure qui suit, dans l’heure qui suit, vous allez commencer à voir des choses qui remontent, ça agit assez vite et assez bien. Ma forme favorite, c’est de faire prendre au cours de la journée, des infusions. Tant qu’il y a un reste d’une petite toux grasse, il faut liquéfier, il faut que ça sorte. C’est vrai qu’entre le thym, l’hysope, l’eucalyptus, l’Aunée, c’est très simple à utiliser. Toi, tu nous as proposé des huiles essentielles en inhalation sèche ou humide. Je rajouterais, que dans mes habitudes, pour calmer cette inflammation pulmonaire et pour aider à reconstruire, s’il y a eu des dommages, j’aime utiliser des plantes que l’on considère comme adoucissantes des bronches, mucilagineuses comme le bouillon blanc, comme la pulmonaire, qui ont cette réputation, cette tradition, d’adoucir et d’aider le tissu à se rebâtir. Je pourrais volontiers faire un petit mélange tout simple par exemple, avec des feuilles de thym en infusion et des fleurs de bouillon blanc. Et ça, ça va être ma formulation pour la journée sur une période, quelque chose de tout simple.
Oui, mauve-guimauve également.
Mauve-guimauve également. Les fleurs de mauve, c’est très facile à utiliser, tout à fait.
Ce que j’ai oublié de dire, c’est que tu as raison, le fait d’être dans un apport liquidien, c’est très important pour liquéfier les sécrétions, les fluidifier. Ma tendance, ma faveur, va aussi pour l’inhalation humide. On prend 250 ml d’eau bouillante que l’on laisse frémir, on va rajouter ces huiles essentielles. L’huile essentielle ne se mélange pas avec l’eau, mais les vapeurs qui en émanent, vont être très chargées en molécules volatiles, qu’on appelle les « composés aromatiques volatiles », les plus légers. Et quand on va inspirer, cette vapeur chaude va avoir un effet de décongestion, mais aussi d’humidification de tout l’arbre respiratoire, que ce soit au niveau ORL ou bronchopulmonaire. Ça va aller assez loin, parce que c’est un nébulisât, c’est-à-dire un fin brouillard. Ça va permettre d’avoir, à la fois, une action mécanique, biochimique, mais aussi antibiotique et fluidifiante. C’est multi-étagé encore une fois, cette action des principes aromatiques, c’est très intéressant. Et ce que tu préconisais en tisane, moi, je préconise, au début, quand la tisane est très chaude, de se mettre le nez au-dessus avec une serviette. Déjà, on inspire les fragrances et ensuite, quand c’est buvable, parce que c’est plus froid, on finit l’infusion par voie orale.
C’est ça, c’est l’aromathérapie de l’infusion. L’inhalation humide c’est remarquable comme outil et, je dois l’avouer, je m’y suis familiarisé un petit peu sur le tard.
Moi aussi.
Rien que des inhalations humides d’eau chaude, lorsqu’il y a une forte infection des bronches, bien sûr, allez consulter le médecin, mais c’est un décongestionnant juste remarquable. Ça permet à des gens qui ne peuvent plus dormir la nuit par exemple, tellement ils sont pris, de se relever, de faire une inhalation humide, rien qu’avec de l’eau si nécessaire, de se recoucher et d’obtenir deux heures de bon sommeil. C’est énorme.
Tout à fait. Et pour ceux qui n’ont pas d’huiles essentielles, mais qui ont de l’eau chez eux et qui ont un oignon à la maison, vous mettez des morceaux d’oignon dans cette eau très, très chaude et vous allez avoir une vapeur soufrée. On sait que le soufre, c’est un grand fluidifiant des mucosités. C’est un truc tout simple de grand-mère, on peut le dire. Mais maintenant, on peut expliquer pourquoi ça marche, parce que ce sont les polysulfures qui sont cassés et c’est rigolo de montrer que juste un oignon avec de l’eau très chaude, avec ces vapeurs, ont une action très importante sur l’arbre respiratoire.
Covid long : troubles cardiovasculaires
Soufré sans vous faire souffrir, j’espère, parce que ça va être assez fort. Ça fait pas mal de choses encore pour tout ce qui est pulmonaire. J’ai eu une expérience directe avec certaines personnes post-Covid, syndrome post-Covid, on rentre dans le cardiovasculaire, les troubles du rythme cardiaque semblent particulièrement communs, classiques. Bien sûr, allez voir un cardiologue. Je referme ma parenthèse, comme toujours. On a des plantes, on a en micronutrition, des outils, qui aident bien pour tout ce qui est de réguler les troubles du rythme. Nous, dans les plantes, on a aubépine et agripaume. Je reviens à l’agripaume, parce que c’est une très bonne régulatrice. Ici, pareil, je pourrais faire un mélange aubépine-agripaume et utiliser ça à raison d’une trentaine de gouttes par prise, trois voire cinq fois par jour si nécessaire. En micronutrition, Franck, on va revenir aux bases, je suppose pour le trouble du rythme ?
En micronutrition, la base incontestable, c’est le magnésium. Le magnésium intervient dans l’excitabilité neuromusculaire donc, quand on a un manque de magnésium, c’est arrivé à tout le monde, d’avoir la paupière qui bat, des petites fasciculations, des petites contractions musculaires, au niveau d’une partie du corps. Alors, oui, ça peut être d’autres oligo-éléments, mais le principal, c’est en général, un déficit en magnésium. D’autant plus que plus on est stressé, plus le magnésium fuit les cellules et plus le magnésium fuit les cellules, plus on est dans une situation de fragilité par rapport au stress. Donc, c’est un cercle vicieux qu’il faut casser. Cette hyperexcitabilité neuromusculaire, on la retrouve dans le muscle cardiaque, qui est en plus, en proie, à une action de la cafetière là-haut, qui envoie des émotions, qui va le déréguler. C’est pour ça que je reviens toujours aux techniques corps-esprit, qui sont assez rapides, avec cette respiration ample. Inspiration, expiration les yeux fermés, qui permet déjà d’avoir un frein augmenté via le nerf vagal. Et là-dessus, le magnésium en dose de charge, c’est-à-dire trois à quatre fois la dose préconisée, ce n’est pas toxique pendant quelques jours et ensuite, on prend la dose préconisée, va avoir un effet certain sur le rythme en lui permettant une meilleure régularisation. Et on a évidemment, là, on sort de la micronutrition, mais l’hydratation. Les gens qui sont sous-hydratés, ont tendance aussi à faire plus de troubles du rythme également. L’eau, on sait qu’en poids du corps, ça représente 60 %, mais en rapport de molécules d’eau, c’est entre 95 et 99 % du nombre total de molécules d’eau. Ça veut dire que l’eau, c’est très important. Une eau de qualité évidemment. Une eau pas trop salée. Une eau pas pétillante, parce que ça apportera trop de chlorure de sodium. Le magnésium, on a dit que c’était très important et si on veut se tourner vers une plante, moi, c’est l’aubépine qui est ma favorite. D’abord, parce qu’elle fait l’objet de beaucoup de publications, notamment sur l’insuffisance cardiaque. Ce n’est pas le sujet, mais c’est une plante qui agit sur la régularisation du rythme cardiaque. Là, c’est pareil, on est entre 200 et 300 mg/jour. On peut augmenter. Il y a différentes présentations. Il y a les extraits secs, il y a les alcoolatures dont tu vas parler, mais on tourne autour de ces trois choses qui nous paraissent pas mal pour rétablir des troubles du rythme.
Covid long : anosmie et agueusie
C’est déjà très bien. On va terminer par l’anosmie, l’agueusie. Pour la petite histoire, quand j’ai eu mon Covid, pendant plusieurs jours, j’avais toujours mon goût et mon odorat, j’étais très content. Et littéralement, à un moment, j’ai tout perdu. Je ne m’attendais pas à ça, parce que je pensais que c’était un processus graduel et qu’on perdait le plus de son odorat si tu veux, mais qu’on en gardait une partie, mais, là, j’ai juste tout perdu. J’avais mon coffret de flacons d’huiles essentielles et littéralement, je mettais quasiment le flacon dans la narine et je ne sentais absolument rien. Pendant quelques jours, quand je mangeais, j’avais l’impression de manger du polystyrène, plus aucun goût. Ça a mis du temps à revenir. Je sais que toi, tu as réfléchi à la question, Franck. Qu’est-ce qu’on pourrait proposer ? Quelque chose de pas trop compliqué pour réhabituer ces circuits neuronaux, je suppose.
Typiquement, là, on est dans la neuroplasticité. La plasticité neuronale, c’est la capacité qu’à notre cerveau à connecter des neurones et à les déconnecter pour créer des réseaux. Ces réseaux sont renforcés, à la fois par des actions physiques et à la fois par des émotions, mais aussi, par des visualisations que l’on peut organiser et par la stimulation olfactive. L’olfactothérapie, c’est une grande partie de l’aromathérapie et il se trouve que les personnes qui ont des troubles du goût ou de l’odorat, post-Covid, vont spontanément utiliser des huiles essentielles pour s’auto-rééduquer en quelque sorte. Ce que je conseille, de façon assez simple, c’est de prendre deux ou trois huiles essentielles très différentes au niveau des fragrances et tous les jours, de les mettre au bouchon. Tout simplement, la respiration au bouchon, comme ça. De les respirer et d’essayer de deviner ce que c’est. C’est très puissant les arômes d’huile essentielle donc normalement, on devrait sentir quelque chose. Après, dès que l’on commence à ressentir des choses, on va le faire avec des aliments forts en bouche et à chaque fois, ce qu’il faudra essayer de faire, c’est de fermer les yeux et d’associer par visualisation, soit la plante, soit l’aliment. C’est cette connexion entre quelque chose qui n’est pas réel, qui est ce que l’on imagine et les arômes que vont développer l’aliment ou l’huile essentielle, qui vont faire cette rééducation progressive. Je l’ai pratiqué sur un de mes fils qui avait eu comme toi, le problème de l’anosmie et c’est par la rééducation et la visualisation, qu’il a recouvré, assez rapidement, ses sensations gustatives et au niveau de l’odorat. Il ne faut pas se casser la tête avec des gros protocoles, avec des huiles essentielles. Je pense que deux ou trois huiles essentielles, au départ, ça suffit. Ensuite, dès que possible, on passe sur des aliments forts en bouche. Après, des aliments plus subtils et graduellement, on va accélérer comme ça, la récupération.
D’accord. Je sais que ça m’avait bien aidé d’utiliser l’aromathérapie et d’ailleurs, je voulais mentionner que Julie Subirana, qui est, comme toi, Franck, médecin généraliste et enseignante à l’école lyonnaise des plantes, c’est là où je l’ai rencontrée, a créé un petit kit à base d’huiles essentielles (Odorabox), pour ce genre de situation. Elle fait une petite levée de fonds en ce moment, pour le projet. Julie avait été généreuse, elle avait partagé son petit protocole pour que je puisse en profiter pendant cette période, ça m’avait bien aidé.
Pour finir, 2 études de cas
Ceci termine notre revue des différents aspects, des différents piliers du syndrome post-Covid ou covid long, avec des choix potentiels pour chacune de ces parties. Ce que je voulais faire pour terminer Franck, c’est une petite mise en pratique complètement fictive, deux petites études de cas. Je sais que c’est extrêmement réducteur, parce que le soin, c’est personnalisé, parce que ce que je vais dire pour moi, ce que Franck va dire pour lui, ça ne sera peut-être pas pareil que pour vous. Si vous avez besoin d’aide, allez voir un praticien expérimenté pour vous faire aider. On va quand même vous faire deux petites études de cas, parce que toutes les informations qu’on vous a données, ça peut paraître tellement impressionnant, et même, trop de choses et on a l’impression, au final, que le protocole va être super compliqué. Ce qu’on essaye toujours de faire, au contraire, c’est de simplifier. Il faut avoir la connaissance, il faut avoir le savoir. Il faut avoir, dans sa tête, ce nuage avec tous ces choix, mais au final, il faut que le programme soit quelque chose de simple. Sinon, ça va coûter trop cher et on ne va pas pouvoir le suivre. Franck, voici ton challenge. Imagine que tu sois en syndrome post-Covid. Chez toi, ça se ressent comme de l’épuisement. Tu as des douleurs musculaires qui persistent, tu as des troubles du sommeil et tu as perdu ton goût et ton odorat. Voilà ton petit bac à sable. Comment utiliserais-tu tout ce que l’on a dit pour te créer un petit programme ?
À titre personnel, déjà, j’aménagerais le repos autant que faire se peut, mais avec une reprise de l’activité physique régulière dès que possible, dans la limite de mes possibilités. La vie, c’est le mouvement, le mouvement, c’est la vie, donc dès qu’on va relancer la machine, ça favorise les processus d’auto-guérison et de convalescence accélérée. Avec une bonne hydratation, on en a parlé, parce que si on est en sous-hydratation optimale, comme disait Bourvil dans Le Corniaud, ça va beaucoup moins bien fonctionner. Ensuite, vous l’avez compris, je suis un inconditionnel du magnésium, donc le micronutriment principal que je vais utiliser en cas d’épuisement et surtout, avec des douleurs musculaires, ça sera le magnésium. Le magnésium va participer à la décontraction musculaire. Ça décontracte aussi le cerveau et c’est aussi un fournisseur d’énergie, puisque c’est un cofacteur enzymatique très important dans la genèse de l’ATP et aussi, des neuromédiateurs au niveau du cerveau. Le magnésium, ce n’est pas juste un produit comme ça qu’on prend pour se faire plaisir et qui sera éliminé si on en prend trop, c’est un ingrédient principal que je mets toujours en avant. Donc, un bon sel de magnésium. On va les répéter, soit bisglycinate, soit citrate, soit glycérophosphate, par exemple. Ensuite, comme j’ai des troubles du sommeil, je vais glisser ostensiblement vers quelques gouttes de CBD le soir. Je commencerais par un isolat de CBD en sublingual, sans THC évidemment et je commencerais par une goutte le soir au coucher, pour voir comment ça se passe. Graduellement, au bout de quelques jours, j’augmenterai cette dose si cela n’a aucun effet. Le goût et l’odorat partiellement absents, c’est exactement ce que l’on vient d’illustrer avec toi. C’est-à-dire que j’aurais deux ou trois huiles essentielles à disposition, que je vais utiliser pour faire cette auto-rééducation, grâce à la neuroplasticité cérébrale, que nous avons tous comme capacité autant que nous sommes et que je vais utiliser. Ensuite, graduellement, je vais visualiser des aliments de la vie quotidienne pour pouvoir retrouver rapidement mes sensations.
Très bien.
Ah oui, j’ai oublié, j’inclus très souvent, dans ma préconisation, le romarin. Une infusion au moins le matin et le soir. Si possible bio, parce que le romarin, c’est un détoxifiant, c’est un antioxydant puissant et surtout, il permet, au niveau du cerveau, de jouer sur la neuro-inflammation et de lutter efficacement contre ce brouillard mental qui touche beaucoup de gens pendant la Covid en post-Covid.
Voilà pour ton étude de cas. Très bien. On va supposer maintenant, qu’on parle de moi. Je suis en syndrome post-Covid, ou covid long, je me sens, moi aussi, épuisé avec un petit reste de symptômes pulmonaires, cette toux grasse qui persiste. Manque de motivation, déprime, brouillard mental, j’ai du mal à me relancer. Je suis allé consulter un médecin bien sûr pour m’assurer qu’il n’y ait rien de pathologique. Qu’est-ce que je ferais ? Pour l’épuisement, l’immunité et l’inflammation, ces trois axes qu’on a vus dans la première partie, je vais utiliser mes plantes adaptogènes, j’aime beaucoup. Je vais favoriser celles que je cultive, j’ai accès à mes propres racines, l’ashwagandha, encore elle et je vais probablement prendre une cuillère à café des racines en poudre, le soir, dans un verre d’eau. Si je n’avais pas accès à ce genre de plante, si je voulais faire un petit peu plus local, peut-être que je remplacerais ça par un macérât de bourgeons de cassis, par exemple. Ensuite, j’ai un reste de toux grasse et c’est vrai que c’est toujours une faiblesse chez moi depuis une bronchite très sévère, il y a maintenant plus de dix ans, qui m’a bien marqué. Il faut que je réagisse très vite, donc tout de suite, je vais mettre en place un mélange à infusion avec du thym, une cuillère à café de feuilles par tasse. Je vais rajouter quelques fleurs de bouillon blanc ou de mauve, pour adoucir et je vais rajouter une demi-cuillère à café de rhizomes de réglisse en poudre. Pourquoi la réglisse ? Je ne l’ai pas mentionnée plus tôt. Pour adoucir les poumons, aider à réguler l’inflammation. Je ne vais pas utiliser la réglisse tous les jours, parce qu’elle vient avec ses petits désagréments, mais vu que je n’ai pas de problèmes d’hypertension, je vais l’utiliser un jour sur deux par exemple, dans mes mélanges. Il est possible aussi, que je rajoute une dizaine de gouttes de teinture de propolis, dans ma tasse, pour faire bouger les choses plus vite côté immunité et côté poumons. Il est possible que je prenne trois tasses par jour de ce petit breuvage, et même, parfois, plus. Tout dépend ce que je vais ressentir du côté des bronches. Pour le manque de motivation, déprime et brouillard mental, j’ai envie de me faire un mélange tulsi, donc basilic sacré et romarin. J’aime beaucoup ces plantes en infusion, mais là, j’ai déjà mon infusion pour ces restes de toux grasse. Donc, je vais passer avec une alcoolature ici et je vais faire une trentaine de gouttes de teinture ou d’alcoolature de tulsi, plus une trentaine de gouttes de teinture ou d’alcoolature de romarin, dans un petit peu d’eau. Je ferais probablement ça trois fois par jour. Pour la minéralisation, il est possible que je rajoute une cuillère à café de feuilles d’ortie en poudre dans mon alimentation. Du coup, ça me fait mon ashwagandha, mon ortie en poudre, mon mélange à infusion pour les bronches et mon mélange à teinture pour la déprime, motivation, brouillard mental. En micronutrition, il est possible que je rajoute aussi des omégas 3, magnésium, probiotiques. Ça va dépendre du budget que je me suis fixé, parce que ça, c’est important aussi aujourd’hui, mais il faut garder en tête que je vais affiner au fil des semaines, parce que tout ce qu’on fait, c’est toujours très itératif. Il faut qu’on reste en contact avec la personne, qu’on voit comment les choses évoluent pour ensuite, ajuster les dosages des plantes, les micronutriments, etc. Voilà un petit exemple de ce que je ferais de mon côté. Ceci, va clore, Franck, cette longue discussion sur le syndrome post-Covid ou covid long. C’est quelque chose d’assez complexe. J’espère qu’on ne vous a pas donné trop d’informations, c’est bien d’avoir du choix. On termine ici la deuxième partie. Si vous n’avez pas vu la première partie, allez la regarder, c’est très important. Est-ce que tu as un petit mot à rajouter pour la fin, Franck ou est-ce qu’on est bon pour boucler ?
Non. Je remercie de l’attention des personnes qui ont assisté à ces deux présentations sur le covid long . De l’espérance, il y a des choses que l’on peut apporter. Encore une fois, on a proposé des pistes, on est dans l’hypothèse, mais ce sont des symptômes que l’on a rencontrés ailleurs, dans d’autres situations et avec une certaine expérience. Donc, on a beau jeu de penser que ça puisse être aussi efficace dans ce cadre. On rappelle qu’il faut avant tout, aller voir son médecin traitant pour faire la part des choses au niveau de l’organicité de tous ces symptômes, puisqu’on est sérieux avant tout.
Très bien Franck, pour ce mot de la fin. Je te remercie pour tout ce temps que tu nous as accordé, c’est toujours un plaisir d’échanger avec toi. Pour vous qui nous regardez, on vous remercie d’avoir été avec nous jusqu’à la fin et on vous retrouve bientôt, j’espère, pour une nouvelle discussion avec Franck. À bientôt.
Avec grand plaisir. Au revoir.
Au revoir.
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Valentin dit
Bonjour, j'ai eu trois covids longs, l'avant dernier j'ai eu une dent qui a cassé sans raison et une sensibilité et des douleurs dentaires fortes qui m'ont forcé à limiter le sucre, le chaud et le froid. J'ai essayé la vitamine c et d, consommer de l'huile de colza, du foie de morue, prendre de l'ashwaganda, des huiles essentielles, ça m'a pris du temps avant de revenir à un état normal. J'ai attrapé de nouveau le covid récemment, j'ai des inflammations de la gorge et du front très souvent depuis un mois et puis j'ai repris mal au dents. Étonnamment la seul chose qui semble soulager les douleurs dentaires et les inflammations c'est le café, je me sens mieux quand j'en prend plusieurs fois par jour. J'essaye depuis un jour de prendre de l'aspirine parce que le week end je veux lever le pied sur le café et que j'ai entendu que le covid épaississait le sang, je n'ai pas assez de recul mais j'ai eu un sensation étrange dans les dents après la prise. Peut-être que mon témoignage peut aider, si vous avez des conseils je suis preneur.
sabine dit
bonjour Valentin
Chaque cas est particulier et effectivement pour trouver la bonne voie , il faut faire une enquête approfondie et tester plusieurs approche, ce qui ne peut être fait dans le cadre du site, il vaudrait mieux vous faire accompagner par un professionnel.
Karine Salziger dit
D'abord mille mercis à toute l'équipe et Christophe pour toutes ces informations précieuses mises à disposition.
Sabine, est-ce qu'il serait judicieux d'intégrer à ce protocole Vigne Rouge, dans la mesure où semble-t-il il y a dans le Covid long une grosse problématique d'inflammation des cellules endothéliales ?
Bon courage à tous
Karine
sabine dit
bonjour Karine
oui très bonne idée, la vigne rouge
Svetlana dit
Merci pour cet article très intéressant et sourcé.
Pour les omega 3, j'aime beaucoup les graines de lin, 1 cuillère à soupe à ajouter dans son alimentation, passées au mixeur pour qu'elle soient en poudre (mieux assimilables). Cultivé en France et pas cher du tout au kg, contrairement aux huiles riches en omega 3 un peu onéreuses, et surtout il faut consommer plusieurs cuillères à soupe pour avoir tout l'apport quotidien d'omega et je trouve ça trop riche.
Bon les huiles, c'est aussi très bien, mais avec les graines de lin on a d'excellentes fibres (la plupart des occidentaux n'en consomment pas assez) et aussi des lignanes, un composant protecteur de nombreuses maladies dont le cancer du sein. Donc, on a le "totum" du lin plutôt que juste son gras si je puis dire ! et le goût est assez neutre (contrairement à l'huile de lin, qui a un goût assez typique qui peut lasser)
Christine dit
Merci à ce formidable binôme ! cette écoute est passionnante Merci !