Cueillette des plantes médicinales
Sécurité et éthique
Après plusieurs années de cueillette de plantes médicinales, à arpenter la nature environnante avec mon sac à dos et mon sécateur, je voulais écrire un article à ce sujet.
La cueillette des médicinales sauvages est une expérience unique et exaltante pour celui qui s'intéresse aux plantes. Parfois on marche pendant des heures, loin des bruits de la civilisation, pour trouver enfin la plante tant recherchée. On la trouve parfois dans un champ en friche juste à coté de la voiture. On passe souvent des jours à ne rien trouver. Quel que soit le résultat, nous devons suivre des règles de conduite pour respecter le peu de nature qu'il nous reste.
Cet article reflète l'experience d'un ramasseur amateur, moi-même, et non l'opinion des ramasseurs professionnels.
J'aimerais que cet article soit participatif. N'hésitez donc pas à me faire parvenir vos commentaires, je les integrerai à l'article en mentionnant votre nom si vous le désirez.
Sécurité
- Cueillons seulement les plantes que nous connaissons sans ambiguïté.
- Pour bien connaître une plante, il faut être sorti avec quelqu'un qui la connait et qui nous l'a montrée plusieurs fois dans son environnement.
- Nous pouvons aussi nous servir de livres et de l'internet. Mais attention aux confusions et aux plantes dangereuses qui ressemblent à d'autres inoffensives. La famille des apiacées est par exemple problématique, comprenant la belle angélique et la mortelle cigüe.
- Apportons une trousse de secours dans notre sac à dos.
- Le cueilleur utilise des outils coupants et tranchants. Les buissons sont pleins d'épines. Les accidents peuvent arriver, et mieux vaut avoir compresses, désinfectants, ciseaux, scotch médical - le kit de secours complet.
- Les insectes et serpents sont chez eux, nous les dérangeons souvent. N'oublions pas d'apporter un aspivenin, une piqure d'épinéphrine pour ceux qui sont allergiques, etc.
- Si la marche est longue, expliquons à nos proches où nous nous trouvons.
- La technologie qui nous pollue la vie peut parfois être vitale : un téléphone mobile et un GPS de randonnée sont souvent plus que des gadgets.
Ethique
La nature n'est pas un self service. La nature n'est pas un supermarché. Beaucoup de plantes médicinales sont maintenant en voie d'extinction à cause de la ramasse intempestive. Il faut que cela cesse, et que nous nous mettions à une "cueillette raisonnée" (un terme suggéré par ma collègue Fanny Mesquida, animatrice du populaire forum Les Herboristes).
- Si le lieu de ramasse est public (un parc, une réserve naturelle, etc), assurons-nous que nous avons la permission de ramasser. Les différents parcs nationaux ont souvent des régulations bien spécifiques en ce qui concerne la ramasse de la flore. Ces régulations sont en général documentées sur le site internet du parc en question.
- Si le lieu de ramasse est privé, demandons la permission. Soyons courtois et développons un dialogue avec le propriétaire des lieux. La plupart des gens sont ouverts et même curieux de ce que nous allons faire. Peut-être ne connaissent-ils pas la plante que nous avons repérée, ils pourront nous accompagner et observer.
- Des lois régissent la cueillette des plantes sauvages, nul n'est censé les ignorer. Voir un exemple ici pour la région PACA. Soyons informés au sujet des espèces protégées dans notre département. Les parc régionaux affichent souvent la liste sur leur site internet. Voici un exemple pour le parc régional du Luberon, là où j'habite.
- Ma collègue Juliette Martin suggère d'aller au delà des espèces protégées : si la plante n’est pas extrêmement commune, elle essaie d'observer la population sur plusieurs année de suite, ou au moins de suivre son évolution sur une année entière de croissance, afin de s’assurer quelle n’est pas en danger de disparaitre localement.
- Apprenons à connaître les plantes dangereuses de notre région. Ramassons loin de ces plantes.
- Afin de ne pas confondre les espèces et les lieux de ramasses, utilisons un cahier de cueillette afin d’enregistrer le nom scientifique et vernaculaire de la plante, la date et le lieu de cueillette.
- Cueillons loin des chemins, et ceci pour deux raisons :
- Les plantes sont souvent salies par les chiens et autres animaux (sauvages ou non) qui ont tendance à faire leurs besoins à ces endroit ;
- La plupart des promeneurs ne quittent jamais le chemin. Eux aussi aimeraient profiter de toute la diversité de la flore de notre région. Allons ramasser plus loin, à un endroit où la vue depuis le chemin ne sera pas affectée. Assurons nous que notre ramasse reste invisible.
- Cueillons loin des routes et des lieux pollués. L'idéal serait de créer et maintenir un répertoire des sites de cueillette et en connaître l’historique.
- Evitons de ramasser les plantes à proximité des champs de culture non biologique, elles seront d’office remplies de pesticides et d’engrais.
- Renseignons-nous sur les indications exactes de la plante que nous recherchons. Si les mêmes indications sont fournies par une plante plus commune et plus facile à trouver, choisissons celle-là. Ne dénigrons pas les plantes qui se trouvent en abondance : pissenlit, ortie, achillée millefeuille, bardane, trèfle, etc.
- Nous avons tous tendance à trop ramasser. Des sacs de plantes non-utilisées partiront au compost. Des litres de teinture trop vieilles seront déversés dans l'évier. Evitons ce gâchis. Ramassons peu, et retournons ramasser plus si il y a besoin.
- Ne ramassons que les parties utiles pour notre activité. Nous avons parfois besoin de feuilles, fleurs, écorces, etc. Si nous n'avons besoin que des fleurs, pas besoin de couper les tiges entières.
- Ne ramassons pas plus de 10% des plantes dans un endroit particulier. Ramasser plus pourrait affecter l'équilibre entre cette plante et les autres plantes environnantes.
- Ne saccageons pas la plante. C'est un être vivant. Ramassons une petite portion de la masse aérienne pour qu'elle se remette plus rapidement. Si nous ramassons la masse racinaire, ramassons si possible une portion seulement. Il est possible de creuser et de ramasser une portion des racines de réglisse ou de guimauve par exemple (pour certaines plantes, ceci ne sera pas possible - patience crépue, pissenlit, etc).
- Mon ami Jean Jeaubert, jardinier et passionné de nature, explique qu'il pratique un peu comme quand il taille un arbuste ou un arbre dans son jardin. Il essaie de donner à la plante une forme, un port équilibré, comme s'il entretenait "le jardin de la nature".
- Laissons tranquilles les plants les plus forts et les plus gros. Ce sont eux qui vont propager l'espèce à cet endroit, en produisant plus de graines, plus de stolons ou autre. Ramassons les plants plus jeunes, plus petits.
- Si nous ramassons la plante entière, éparpillons quelques graines afin de propager l'espèce. Une alternative est de faire une division de racine sur place et de replanter une partie de la plante.
- Avant de repartir, regardons tout autour de la zone où nous avons cueilli. Laissons la zone propre. Engageons-nous à participer à la préservation et à la propreté des stations de cueillette.
- Lorsque nous sortons avec d'autres ramasseurs novices ou expérimentés, partageons ces règles d'éthique.
- Si des ramasseurs nous demandent où nous avons trouvé une certaine plante, posons-nous la question suivante : quelle va être la conséquence de ce partage d'information ? Ce ramasseur a-t-il une bonne éthique ? Va-t-il sortir avec 10 autres ramasseurs et saccager l'endroit en question ?
- Si une zone va être rasée car la commune aux alentours s'apprête à construire des bâtiments, ramassons à cet endroit et sauvons au passage quelques plantes afin de les replacer au jardin ou dans un endroit environnant.
Les amérindiens ont une belle leçon à nous donner. Pour chaque morceau de plante qu'ils ramassent, ils laissent une petite offrande. Une pincée de tabac, un cheveu. C'est leur manière de remercier le monde végétal, de reconnaitre que tout est échange et partage. Les plantes nous donnent beaucoup, et nous avons la responsabilité de leur donner un peu de nous. Nous pouvons :
- Donner un peu de notre eau ;
- Enlever les bois morts, nettoyer les abords ;
- Eparpiller quelques graines ;
- Et tout simplement, apprécier ce moment et ce contact, en envoyant une pensée à la plante.
Bonnes habitudes et bon sens
- Avons-nous de quoi stocker les plantes dans notre sac à dos ? Selon la chaleur et la longueur de la marche, les plantes vont-elles commencer à macérer dans le sac ? Envelopper les plantes dans des morceaux de tissus permettent aux plantes de respirer.
- Ne partons pas cueillir un jour où nous sommes pressé. Nous passerons à coté des plantes recherchées, et surtout à coté de l'expérience elle-même, qui requiert un ancrage dans le présent. Prenons notre temps, ouvrons les yeux, sentons les parfums.
- Ne nous jetons pas sur la première plante que nous trouvons. Si l'on prend le temps de bien regarder autour, de marcher et d'explorer la zone environnante, on trouve souvent de plus belles touffes de la même plante, plus saines, plus robustes.
- Sommes-nous à la bonne altitude, dans la bonne zone d'ensoleillement ou d'humidité pour cette plante ? Si la réponse est non, nous reviendrons bredouille.
- Vidons le sac dès notre arrivée à la maison et mettons les plantes à sécher à l'ombre dans une pièce bien aérée, ou teinturons-les immédiatement.
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sabine dit
bonjour Christophe
j'ai une recette de tisane à visée antispamodique (dans les pathologies digestives, plus précisément concernant la sensation de blocage du bol alimentaire au niveau de l'oesophage )avec une proposition d'un mélange de plantes dont le lotier corniculé
seulement je lis par ailleurs que c'est une plante toxique (fabacée)
En ce moment dans ma prairie il y a plein de lotier et je me dis que ce serait ballot de passer à côté sans en ramasser mais d'un autre côté si c'est pour empoisonner mon entourage ....ce serait tout aussi ballot !
alors dangereux oupas ce lotier ? qu'en pensez-vous ?
Christophe BERNARD dit
Bonjour Sabine,
Le lotier contient des glycosides cyanogéniques (forme inactive du poison hydrogène cyanide). La plante stocke la forme inactive dans ces cellules, afin bien sur de ne pas s'auto-intoxiquer. Lorsque la plante est attaquée, les glycosides sont transformés en hydrogène cyanide, un poison, afin d'assurer protection contre insectes et prédateurs.
De plus, ce même phénomène se produit lorsque la plante macère d'une manière ou d'une autre (ce qui peut arriver lors d'un mauvais séchage, ou si la plante recapture de l'humidité après avoir été délivrée ou offerte gracieusement à la personne qui en a besoin).
La plante en contient une faible quantité. Par contre, nous avons des écrits disant que l'empoisonnement du bétail est possible. Le bétail en mange parfois une énorme quantité bien sur.
Donc que faut-il en conclure ? D'après mon humble avis, qu'il y a bien d'autres plantes antispasmodiques qu'il faut préférer au lotier. Je suis peut être trop prudent, je ne sais pas. Je suis par contre fortement convaincu de la chose suivante : nous sommes tellement bombardés de toxines aujourd'hui, que je n'ai certainement pas envie d'en rajouter une dans mes tisanes, même si la dose est faible.
sabine dit
merci Christophe
alors je me contenterai d' admirer leur jolie couleur et même pas j'en offrirai à ma belle mère ...!
Bingen dit
Bonjour,
En parlant de lotier, je voulais savoir si le lotier pédoncule des marais ( Lotus pedunculatus) avait les mêmes vertus que le lotier corniculé? Merci
Dans les 2 cas, est possible d en faire une alcoolature ou bien ka macération dans l alcool s'était dangereuse?
Merci
sabine dit
bonjour Bingen
Je n'ai pas beaucoup de références pour répondre à cette question. Fournier mentionne que l'utilisation moderne du lotier est due à Leclerc, et Leclerc ne parle que du corniculé. Fournier conclut que les autres lotiers sont peut-être médicinaux mais on n'a pas l'information. L'alcoolature est tout à fait possible pour le lotier corniculé.
evelyne dit
Bonjour Christophe, merci pour ces conseils empreints de sagesse amérindienne.. En ce moment les tilleuls embaument et je voudrais recueillir une partie de leur genereuse floraison pour me preparer des infusions, quel est le bon moment pour cueillir les fleurs ?
Fraiches ecloses toutes poudrées de pollen ou plus mures, fanées ? ou les deux ? et
comment procéder ensuite,(en appartement,) pour leur bon sèchage et leur conservation ?
De tout coeur merci une fois de plus de transmettre votre savoir.
Christophe BERNARD dit
Bonjour Evelyne,
Personnellement, je les cueille lorsqu'une partie des fleurs viennent de s'ouvrir, et une autre partie des fleurs sont toujours en bouton. Cueillez bien sur fleur et bractée.
Ensuite vous faites sécher sur des clayettes, ou faute de clayettes sur un drap, dans une pièce bien aérée mais pas exposée au soleil, en prenant soin de brasser de temps en temps afin de bien faire circuler l'air. Il vaut mieux étaler les fleurs le plus possible, sur une couche aussi fine que possible. Une fois sec, il se conserve bien dans des sacs en papier ou des bocaux, dans un endroit sec et frais.
sabine dit
bonjour Christophe
j'en reviens à ma racine de bardane , je viens d'en "arracher" un énorme morceau,
je la mets dans un bocal et je verse mon alcool dessus ? j'ai de l'alcool à 90° ou alors je la fais un peu sécher ? et dois je la couper en petits morceaux pour faire la teinture mère ?
Christophe BERNARD dit
La teinture de racine fraiche de bardane est excellente. Découper en petits tronçons le plus fin possible puis verser l'alcool pur (taux 1 à 2). Parfois au bout d'une semaine je passe le tout au blender pour en faire une purée, puis je laisse encore macérer 1 semaine avant de filtrer.
sabine dit
merci Christophe
lorsque vous passez au blender , vous laissez macérer sans rajouter d'alcool?
parce qu'avec la purée la matière doit être plus exposée à l'air ?
Christophe BERNARD dit
La purée redescend au fond du bocal au bout d'un moment, donc pas de problème, pas besoin de rajouter d'alcool.
Sabine dit
bonjour Christophe
j'ai récolté de la racine de bardane .....(pas réussie à toute la récupérer n'ayant pas de bêche pliable dans mon sac à dos )
je l'ai lavée (voire brossée sous l'eau ) maintenant elle est bien humide ....mais propre avec un peu la "peau" qui se détache ...que puis-je en faire ?
- dois-je la conditionner fraiche en TM ? (usage?) et si oui dois je attendre qu'elle sèche un peu, peux-je l'aider avec le sèche cheveux ?
- la faire sécher naturellement ? (coupée en morceaux )
en MH ?
Christophe BERNARD dit
Oui TM de racines fraiches est ma préparation préférrée. Plante dépurative du foie, souvent indiquée lorsque problèmes de peau associés (acné, eczéma, etc). Dur de lui rendre justice en 2 lignes bien évidemment. Si vous n'avez pas d'alcool pur, méthode de la plante "quasi fraiche" donc laissez la perdre la plupart de son humidité, avec des racines molles et ratatinées mais pas complètement sèches. Laissez sécher doucement plutôt que sèche cheveux.
Sinon, j'en fait aussi sécher une partie pour la consommer en décoction, une préparation que j'affectionne aussi particulièrement. Garder en bocal hermétique, et couper la racine le moins possible, garder en gros tronçons. Je ne pense pas qu'il y ait un intérêt à faire un macérât huileux.
sabine dit
bonjour Christophe
Bardane 2 ....un an plus tard...!
je viens de nouveau d'en récolter , 1 gros morceau et quelques petits moyens avec , elle est pleine de terre, l'année dernière je l'avais lavée à grande eau , mais je me demande si c'était une bonne idée ??
est ce que la laver/brosser ne lui enlève pas un peu de ses propriétés ? est ce que j'attends que la terre sèche un peu (mais du coup la racine aussi va sécher...) et ensuite je brosse ...?
Christophe BERNARD dit
Je réponds surement un peu tard hélas. Non, n'attendes pas. Brossez à grande eau, vous ne perdrez rien. Cassez la masse racinaire si tortueuse, et brossez dans les coins. Faites tremper aussi. Le plus gros de la terre doit partir. Ensuite coupez en petites lamelles fines, et teinturez frais. Je trouve la teinture fraiche de bardane assez fabuleuse, avec un goût riche, mielleux, que je ne retrouve pas dans la version plante sèche.
sabine dit
merci Christophe
je ne pense pas qu'il soit trop tard depuis hier fin d'après midi , je vais faire cela ce soir !
et j'en ai mis aussi dans un bouillon , c'est vraiment délicieux !
sabine dit
j'oubliais , il faut que je la sèche une fois lavée? ou du moins bien l'essuyer avant de la mettre dans l'alcool ?
Christophe BERNARD dit
Oui sécher au papier essuie-tout par exemple
Sabine dit
bonjour Christophe
y a-t-il quelque chose à faire avec les cynorhodons avant les gelées
peut on en faire des TM ou une macération quelconque ou les faire sécher tout en leur conservant leur vitamine C ?
par exemple j'ai une recette pour les prunelles à faire macérer dans de l'eau salée (les cueillir avant les gelées) , ça fait une sorte de vinaigre riche en vitamine C , pensez vous qu'on peut faire la même chose avec les cynorhodrons ?
Christophe BERNARD dit
Bonjour - je ne les utilise pas personnellement, mais je crois me souvenir qu'on fait des confitures avec.
Sabine dit
grand merci ,
ça y est j'ai mis en macération , par contre impossible de suivre le protocole des mesures 100g pour 500ml
j'avais 60 g de plante sèche en tout et j'ai voulu mettre 300 ml (après ma tite règle de trois) mais ça ne recouvrait pas la plante (loin s'en faut) et que j'ai pourtant bien bien tassée mais vraiment bien (pour dire je ne pense pas qu'une cellule étrangère aurait pu s'y infiltrer , mais j'ai dû rajouter de l'alcool .... cela posera-t-il un problème ?
Christophe BERNARD dit
Non, mieux vaut rajouter un peu d'alcool que d'avoir de la plante qui s'oxyde à l'air. La même chose m'est arrivé hier avec des fleurs d'arnica montana qui étaient toutes en "pompon". C'est classique. Rajouter un peu d'alcool n'altèrera pas la qualité de la teinture.
Sabine dit
bonjour Christophe
Après avoir cueilli mon eupatoire chanvrine , (le 25/08) j'avais l'intention de les mettre en TM , mais comme pas d'alcool à 95°, j'ai voulu les faire mi-sèches , hors au bout de 3 jours (et oubli de surveiller) les fleurs se sont presque toutes transformées en akènes ....
Je les ai mises de côté et j'ai mis les feuilles à part!
et puis hop le temps a passé , les fleurs sont aujourd'hui toutes hirsutes et les feuilles bien sèches!
Est ce trop tard pour une teinture mère? dans la négative , ont elles un intérêt en plantes sèches pour des infusions ultérieures ?
merci d'avance et bonne journée
Christophe BERNARD dit
Non ce n'est pas trop tard. Mettez le tout en macération (y compris fleurs, akènes, etc - hirsutes ou pas). 500 ml d'alcool à 40 ou 45° pour 100 g de plante sèche.
Sabine dit
re..
j'en reviens à mes carottes ..
je les observe et les fleurs sont en train de se recroqueviller et je vois apparaître les graines , le tout prenant une couleur un peu brique foncée , et extrêmement parfumées
- pour recueillir ces graines est ce que je coupe la "fleur recroquevillée avec ses graines et je les conserve telles quelles ?
ou bien dois je séparer les graines de leur enveloppe ?
faut il les faire sécher?
et de quelle manière je peux les utiliser ?
en infusion? TM ? MH ?
merci d'avance
Christophe BERNARD dit
La graine va commencer à se former / apparaître lorsque la fleur est recroquevillée. Attendez encore, la fleur va commencer à sécher, et les graines (velues et piquantes) se feront connaitre. Vous pouvez ensuite couper toute la "sommité graineuse", puis avec un sécateur couper à 1 cm au dessous des graines ce qui les libèrera toutes en même temps. Mais bon, pas besoin de séparer chaque graine non plus, je place les sommité dans un bocal et je tasse bien avant de peser et de recouvrir d'alcool. Elle seront sèches à ce stade, et prêtes à être consommées en tisanes ou teinture mère.
Sabine dit
comme j'ai beaucoup de carottes sauvages en fleurs en ce moment je me demandais si la récolte des fleurs pouvait avoir un intérêt quelconque ?
Christophe BERNARD dit
C'est la graine qui est utilisée. Un excellent diurétique (oedèmes, rétentions d'eau), légèrement irritant pour les reins lorsque pris au long terme. Intéressant lorsque douleurs rhumatismales dues à des excès d'acide urique. Peut être incluse dans les protocoles contre l'hypothyroidie car légèrement excitante d'un point de vue endocrinien. En tant qu'aromatique bien pour la digestion surtout lorsque bcp de fermentations.
sabine dit
merci beaucoup
je vais faire mes essais et vous tiendrais au courant.....
par contre je n'ai pas bien saisi :" essayer d'en sortir ses dimensions uniques"
- c'est à dire repérer quelle propriété médicinale elle aurait et que les autres plantes n'auraient pas ?
- connaitre ses principes actifs et cibler celui qui est le plus important ?
Christophe BERNARD dit
Essayer de comprendre ce qu'elle fournit et que les autre ne fournissent pas. Il y a tellement de plantes disponibles, certaines plus pratiques à cueillir que d'autres. Si l'achillée fournit une action plus efficace contre les crampes utérines par exemple, je la choisis par rapport à l'onagre, car ses infusions sont bien plus gustatives et elle se trouve à peu près de partout. Je simplifie bien sur, mais vous comprenez mon point.
sabine dit
merci de votre réponse
donc je peux faire de la teinture mère avec les sommités
le fait que les fleurs soient huileuses n'est pas gênant si je les mets dans une alcoolature?
j'ai mis quelques fleurs à sécher pour voir de quelle manière elles évoluent , car c'est vraiment gras comme fleurs
délicieux au goût et dont l'odeur s'approche de celle du jasmin
je vais tenter une teinture mère avec les sommités fleuries car je suppose que la racine est utilisée à part ?
par contre un MH pour une plante qui déjà est bien huileuse ? cela a-t-il un intérêt ?
Christophe BERNARD dit
Non pas gênant. La teinture peut être un mélange de feuilles, fleurs et (facultatif) racine. Si alcool à 40° ou 50°, faire sécher avant. Si alcool à 80° ou plus, plante fraiche OK.
La racine peut être teinturée avec le reste de la plante. Le tout est de la couper en petits tronçons afin d'augmenter la surface de contact avec le solvant. Quant à la macération huileuse, pas sur de son utilisation, elle doit certes être adoucissante/nourrissante, mais bcp d'autres huiles le sont aussi. Lorsqu'on apprend à connaitre une plante, on essaye d'en sortir ses dimensions uniques. Je ne pense pas que cela en soit une...
sabine dit
bonsoir
je viens de découvrir au bord d'une rivière un "nid" d'onagre , il y en a partout
j'ai fait une petite récolte de fleurs pour les grignoter
par contre que puis je en faire ? (hormis de l'huile, que je ne ferai pas vu la taille des graines et que je serais bien embarrassée de la méthode à employer..!)
les fleurs peuvent elles se conserver séchées? ou les sommités fleuries?
peut on en faire des teintures mères?
bref je me dis que vu les bienfaits de l'huile d'onagre peut être que la récolte de la plante peut nous offrir des surprises?
qu'en pensez vous? et merci d'avance
Christophe BERNARD dit
Trop long de vous faire une vue complète. Mais voici quelques informations.
Il y a une utilisation similaire des fleurs d'onagre et des fleurs de bouillon blanc - mucilagineuse, adoucissante. Utilisées aux US pour la sphere pulmonaire (bronchinte, asthme, pneumonie, etc). Donc infusion des fleurs.
La racine peut être broyée (ou la plante entière) en poudre fine pour la mélanger à du miel, prendre une cuillère à café pour toute inflammation de la trachée - toux nerveuse, toux spasmodique, etc.
Un cataplasme de la feuille mâchée agit comme le plantain - vulnéraire pour les piqures d'insectes et autres inflammations de peau. Une teinture mère de la plante entière peut être utilisée pour les plaies infectées qui ont du mal à se réparer.
L'infusion (ou la teinture) de la plante entière peut aider pour les crampes utérines / ovariennes.
La pharmacopée américaine nous dit que la plante entière - racines, feuilles, fleurs et réceptacles à graines - peut être utilisée d'une manière médicinale.
Sabine dit
merci pour ces réponses,
j'aime beaucoup cette approche, ça change avec un certain dogmatisme ambiant et votre façon d'aborder ces domaines donne un sentiment de liberté et d'enthousiasme , et fait éclater certains barrages intérieurs ....
je continue mon "voyage" à travers vos articles mais aussi je continue à expérimenter.............
Sabine dit
p.s.: pour compléter sur la question du moment adéquat pour la cueillette
il est conseillé dans les ouvrages "spécialisés" de cueillir de préférence le matin, là où l'énergie de la plante est le plus optimal
hors souvent la matinée se déroule avec d'autres tâches "urgentes" et du coup j'hésite à cueillir l'après midi ou en fin de journée, et pareille l'horloge tourne et les fleurs passent ......et mon joli panier en osier reste vide !
et si je les cueille j'ai un doute quant à leur efficacité ....
Christophe BERNARD dit
Il faut surtout connaitre la plante et utiliser des règles simples. Si aromatique, elle perdra de son arôme dans le cours de la journée. Mais sent-elle toujours très bon le soir où vous allez cueillir ? Si oui, c'est tout bon.
Si la plante n'est pas aromatique, en gouter un petit morceau. La fumeterre est-elle assez amère ? Oui, mais pas après une bonne pluie par exemple, donc attendre 2 ou 3 jours après. Si astringente (aigremoine par exemple), matin ou soir similaire, mais tester le goût tannique. Si racine donc inaccessible, cueillir au besoin, ça fera l'affaire. J'ai eu cueilli la bardane en plein hiver et en plein été, alors que la plante était monté en graines. La racine était-elle moins aromatique ? Oui, un peu. Mais elle a tout de même apporté son action.
Je sais que cela parait un peu compliqué. Mais vous verrez, ça vient petit à petit, il faut des années pour commencer à comprendre tout cela.
Et je reconnait que tout ceci n'est pas une approche de puriste. Mais elle me convient bien. Car là encore, il ne faut pas croire que nos ancêtres regardaient le croissant de lune et partait chercher la centaurée à pied à 15 km de la maison. S'ils avaient besoin d'une amère, ils en utilisaient une locale. Et ils cueillaient lorsque quelqu'un de la maison en avait besoin. C'est ça l'herbalisme de terrain ! Le reste, c'est de l'herbalisme littéraire 🙂
Sabine dit
merci pour cet article
en tant qu'apprentie cueilleuse , je n'ai pas d'éléments nouveaux à apporter, juste des questions .....!
le premier problème que j'ai rencontré est un problème de temps
temps chronos, et temps climat'hic!
fort de mes lectures sur la lune et la cueillette des plantes ...
- le temps de repérer la plante
- de bien l'identifier, être bien sûre
- de connaitre sa vie son oeuvre
- de me plonger avec frénésie dans sa vie, son oeuvre
- le temps de constater qu'il pleut et que pas aujourd'hui
voire même ce printemps aux calendes grecques ...
- de voir désappointée, que dame lune lassée de m'attendre est passée à d'autres réjouissances...
et je me retrouve avec cette question...mais que dois je faire ?
cueillette or not cueillette ? that is the question! (hum c'est une des rares phrases que je connaisse en anglais alors pensez que j'en fait étal ..)
bref....dois je cueillir même si ce n'est pas dans le timing de dame lune ou dois je attendre le mois suivant au risque de ne plus avoir de plantes du tout ...ce qui m'est arrivé avec quelques belles des champs ces derniers temps ?
et plus sérieusement la cueillette selon le calendrier lunaire est il à suivre au pied de la lettre ?
et une autre question plus pratico-pratique
j'ai ramassé ce matin dans mon jardin une grande quantité d'aigremoine
j'en ai déjà qui sèche depuis une semaine (là je les ai gardé entières )
mais en faisant cette récolte je me demandais
-si je devais les mettre en teinture
- en macérat huileux
- si je devais séparer les tiges fleuries de leurs feuilles ?
bref , j'ai une belle récolte ...et maintenant qu'en fais je ?
Christophe BERNARD dit
Pour la cueillette : oui, absolument, on cueille lorsqu'on a besoin, même si pas optimal, si la plante est bien choisie elle fera du bien. Les herboristes de tout temps ont toujours cueilli au besoin, sur le chemin de la maison en revenant du travail par exemple, en petite quantité. Parfois la plante n'était pas à son apogée. Peu importe. Si choix, il vaut bien sur mieux cueillir au meilleur moment. Mais il faut surtout être pratique et pragmatique, je pense. C'est une méthode qui m'a toujours bien servi.
Aigremoine : une partie en teinture mère, une partie sèche pour infusions, c'est ce que je ferais. Tu peux utiliser toute la partie aérienne.
Sabine dit
un super grand merci , avec ce site, je suis dans l'état de quelqu'un qui approcherait du saint Graal ...
donc mon aigremoine cueillie de ce matin je la mets en teinture mère ? je la découpe (la pôv) en morceaux ? , j'ai de l'alcool pour fruit à 50% et aussi à 40%
et autre petite question (vi vi je suis productrice de questions ....)
j'ai mis en teinture mère du millepertuis (il y a deux jours ) qui a bien viré au rouge au bout de quelques heures , combien de temps environ je le garde en teinture mère ? (n'ayant pas d'expérience j'ai du mal à me fier à mon odorat )
Christophe BERNARD dit
Aigremoine : couper finement au sécateur pour augmenter la surface de contact avec le solvant, juste avant de mettre en macération. Plante fraiche, donc alcool le plus fort possible, 50° (idéalement plus - mais on fait avec ce que l'on a). Sinon faire "friper" (état de déshydratation juste avant l'état sec), couper en morceaux et mettre à macérer dans alcool à 40°.
Teinture de millepertuis : peut se garder pendant des années si bien faite. J'ai de la teinture qui a 5 ans et qui est toujours aussi goûteuse.
claudablues dit
Les plantes et l'univers de la nature sont à considérer comme des êtres chers, parcequ'ils sont fragiles et qu'ils nous sont précieux .
Cueillir toujours humblement , dans le respect comme tu nous l'enseignes si bien
Merci beaucoup pour cette philosophie verte.
Lamy Nicole dit
Je crois que je ne connais pas ma chance d'avoir pu pendant 30 ans être au milieu de la garrigue provençale et d'avoir d'une manière naturelle, munie de mon panier, ramassé au moment de leur floraison, mes aromates de base pour cuisiner, thym, romarin, et laurier à côté d'une vieille ferme envahie par les ronces. Pour la sauge (une angustifolia donnée que j'ai multiplié) et la mélisse, elles étaient disséminées autour de la maison et poussaient comme bon leur semblait. Je faisais aussi une cueillette de violettes, de fleurs de mauves et de coquelicots réservée pour l'hiver, avec une cuillère de miel de lavande, cette infusion faisait le bonheur de mes enfants enrhumés.
J'ai observé que le thym était heureux d'être ainsi taillé, cela lui évitait de produire trop de bois et de se dessécher dans la chaleur de l'été. Intéressant aussi d'observer autour des plans vieillissants des bébés thym tout frais et vigoureux.
Françoise dit
Bravo pour cet article très éclairé. J'adhère complètement à tous ces principes. Cueillir une plante, c'est aussi tout faire pour la sauvegarder et la laisser se reproduire naturellement ! sinon, comment pourrions nous encore la cueillir ?
Merci
jean JAUBERT dit
Bel article!je n'ai pas de suggestions, car je trouve ton article bien fourni; d'accord sur le fait
de ne pas trop prélever au même endroit! et même quand je ramasse du thym ou du romarin, j'essaie de ne pas couper ça n'importe comment; en fait je pratique un peu comme quand je taille un arbuste ou un arbre dans mon jardin; j'essaie de lui donner une forme, un port équilibré.......comme si j'entretenais je jardin de la nature......
Christophe BERNARD dit
Joliment formulé Jean. Je vais rajouter cette note d'entretenir le jardin de la nature à l'article.
Juliette Martin dit
Salut Christophe,
bien cette article:-) J'aurais tendance à etre encore plus cautioneuse que toi quand je parle au gens de récolte de plantes. Si ce n'est pas une plante extremement commune j'essaie de venir voir la poplulation sur plusieurs année de suite ou au moins une année entiere de croissance pour bien m'assurer quel n'est pas en danger de disparaitre. J'aurais tendance a cueillir beaucoup moins que le 1/3 que l'on nous a appris a l'ELPM et moins de 10% si je ne connais pas bien le coin. Merci pour tout tes articles , c'est un plaisir de te lire et à bientot j'espère!
Juiette
Christophe BERNARD dit
Merci Juliette pour ton commentaire. Je vais l'intégrer dans l'article. Je peux utiliser ton nom ou cela te déranges ?
Juliette Martin dit
ca me dérange pas du tout:-) avec plaisir.