Comment faire une détox des poumons ? C’est une question qui m’a été posée par Sofia qui habite au Québec.

Voici sa question : « Salut Christophe, je voulais te poser une question car je n’arrive pas à trouver de réponse nulle part. Mon copain a finalement décidé d’arrêter de fumer et j’aimerais lui donner des plantes pour qu’il arrive à nettoyer ses poumons. Que suggères-tu ? Même question si on vit dans une ville polluée, existe-t-il des plantes qui peuvent nous aider à évacuer les polluants qui s’accumulent dans les poumons ? ».

Merci Sofia pour cette question que je trouve super intéressante. C’est vrai que je n’en ai pas encore parlé sur mon blog.

J’ai beaucoup parlé de tout le processus de détoxification qui s’opère au travers du foie et des reins. Mais je n’ai pas encore abordé les poumons, qui sont pourtant en première ligne de tous les agresseurs qui se trouvent dans l’air ambiant. Et comme vous le savez, il y a de plus en plus de ces agresseurs aujourd’hui.

Certains polluants vont passer en circulation sanguine depuis les poumons. Donc au final c’est le foie et les reins qui vont détoxifier ces polluants. Mais il est vrai qu’une partie va restée accumulée dans les bronches et les alvéoles pulmonaires.

Et donc en plus de s’occuper de son foie et de ses reins, il serait bon de donner un petit coup de pouce à nos poumons régulièrement pour évacuer ces déchets.

Évacuation des déchets

Pour bien comprendre comment agir avec les plantes, il faut d’abord qu’on arrive à se visualiser comment fonctionnent les poumons.

Imaginez-vous un arbre à l’envers. Le tronc, c’est la trachée. La trachée va se diviser en grosses branches qui s’appellent les bronches. Puis ces grosses branches vont se diviser en petites branches qui s’appellent les bronchioles.

Au bout de chacune de ces petites branches, vous avez des petites poches, les feuilles de l’arbre si vous voulez, que l’on appelle les alvéoles pulmonaires. Ce sont dans ces alvéoles que les échanges se font – on absorbe l’oxygène et on rejette le gaz carbonique.

Tout cet arbre est recouvert de muqueuses qui vont sécréter du mucus. Ce liquide visqueux va garder les muqueuses humides, souples, va les protéger et capturer les saletés. Ensuite, il va falloir évacuer tout ça.

Dans la muqueuse, vous avez des cellules spéciales qui s’appellent des cellules ciliées. Et si vous les regardez au microscope, vous voyez littéralement des cils qui sortent de ces cellules, comme des poils très souples. Ces cils vont constamment battre pour remonter le mucus depuis les alvéoles jusque dans la gorge.

>> Petite animation sympathique ici

A un moment, vous allez avoir le réflexe de vous racler la gorge et… désolé pour l’image mais il faut que je la fasse… à ce stade là on avale en général le mucls. C’est un réflexe tout à fait normal, on ne s’en aperçoit même pas.

Attention, sautez ce paragraphe si vous êtes rapidement dégoutée par les discussions de déjections corporelles 🙂 Logiquement, si on suspecte une accumulation de polluants dans les poumons, il vaudrait mieux recracher ce mucus.

Oui, OK, on ne peut pas tous se mettre à cracher, ce n’est pas possible en société. Mais d’un autre côté, si vous êtes dans une période où vous essayez de faire sortir toutes ces choses, si vous avalez, vous allez maintenant déplacer la charge de détoxification vers le foie.

Mais acceptons ceci. Et donc ce que l’on va faire, c’est prendre cela en compte dans notre équation et donner un petit coup de pouce au foie aussi, au passage.

Fluidité du mucus

Retour à nos poumons, le mucus, et les petits cils. Imaginez-vous les cils qui battent à raison de 12 allers-retours à la seconde ! Grâce à cela on arrive à faire remonter les déchets à raison d’un centimètre à la minute.

Pour que ce mécanisme fonctionne bien, il faut que le mucus soit bien fluide. S’il est trop épais, il va littéralement engluer les petits cils et on va avoir beaucoup de mal à faire remonter le mucus.

Cette information-là va nous permettre de choisir une première catégorie de plantes. C’est pour ça qu’il est important de connaître un minimum de physiologie humaine, pour nous aider à comprendre et à soutenir les processus naturels sans bloquer ou s’opposer au sens de la guérison.

Donc première catégorie de plante que l’on va choisir, ce sont des plantes qu’on appelle mucolytiques, c’est-à-dire qui favorisent la production de mucus fluide et de bonne qualité.

Je vais vous en donner 2 qui sont très communes dans les herboristeries :

• Le thym commun (Thymus vulgaris) ;
• L’hysope (Hyssopus officinalis).

Je ne sais pas si vous connaissez l’hysope, c’est une plante de la famille des lamiacées qui fait de magnifiques fleurs bleues, très belle plante au jardin, très aromatique, avec un parfum très pénétrant et balsamique.

Attention, vérifiez bien que le thym que vous achetez est bien aromatique. Pareil pour l’hysope. C’est triste à dire, mais aujourd’hui on a parfois de mauvaises surprises sur le marché.

Servez-vous chez un fournisseur de confiance pour avoir des plantes aromatiques qui sont… aromatiques ! Sinon l’effet recherché ne sera pas au rendez-vous.

Inflammation pulmonaire

Ensuite, deuxième effet que l’on va rechercher, c’est un effet adoucissant pulmonaire.

Je reviens à la question de Sofia qui me dit que son ami vient juste de s’arrêter de fumer. Elle a aussi parlé d’exposition à la pollution. Donc nous sommes dans des situations inflammatoires pour la muqueuse pulmonaire, les poumons ont souffert, ils ont dû faire face à une inflammation chronique. Et donc nous allons rajouter des plantes qui ont un effet anti-inflammatoires pour les poumons.

Il y en a une que je trouve vraiment excellente pour cette situation, c’est la fleur ou la feuille de bouillon-blanc, qu’on appelle aussi molène bouillon-blanc (Verbascum thapsus).

Donc voyez ce que vous trouvez en herboristerie ou dans la nature près de chez vous. La fleur est beaucoup chère que la feuille, c’est normal, elle est plus longue à ramasser. Elle est aussi un peu plus douce et mucilagineuse que la feuille, mais les deux font très bien l’affaire.

Par contre, c’est une plante qui est recouverte de petits poils, il faudra donc passer l’infusion au travers d’un filtre à café, ou au travers de plusieurs couches de tissu.

Formuler le mélange détox poumons

Donc avec ça, comment pourrait-on se formuler une petite infusion détox des poumons ?

On va faire tout simple : 1 litre d’infusion que l’on va boire tout au long de la journée. Pour un litre, on peut faire par exemple :

• 10 g de feuilles de thym
• 10 g de feuilles d’hysope
• 10 g de fleurs de bouillon blanc.

Ces quantités sont adaptées à une personne de 70 kg ou plus et ayant une sensibilité « normale » aux plantes. Pour une personne de poids plus faible, il faudra adapter les quantités en proportion. Et pour une personne sensible aux goûts, de même.

On met toutes ces plantes dans une théière assez grosse ou dans un bocal de 1 litre et demi.

Ensuite on verse l’eau par-dessus, de l’eau à 85° / 90°C c’est toujours mieux si vous avez une bouilloire qui vous permet de contrôler la température. Puis vous faites infuser une quinzaine de minutes.

Pour filtrer, vous pouvez placer un morceau de tissu type mousseline de cuisine replié en plusieurs épaisseurs sur une passoire de cuisine. Puis vous passez au travers de la mousseline qui va retenir les petits poils du bouillon-blanc.

Vous pouvez ensuite garder l’infusion dans un thermos, une tasse de temps en temps pendant la journée. Vous faites une cure d’une dizaine de jours pour aider vos poumons à dégager tout ce qu’ils ont accumulé.

Au passage, notez que vous avez d’autres plantes que vous pouvez utiliser ici. J’ai fait un choix pour vous. Mais on pourrait utiliser d’autres plantes. On pourrait remplacer l’hysope par l’eucalyptus par exemple, en gardant les mêmes proportions.

On pourrait remplacer les fleurs de bouillon blanc par des fleurs de pulmonaire (Pulmonaria officinalis), toujours en gardant les mêmes proportions.

Et ne vous inquiétez pas, au fil du temps vous arriverez à voir comment faire ces mélanges, comment ajuster vos formules, du moins c’est le but de mes vidéos et de mes articles. C’est aussi quelque chose que je vous enseigne en détail dans mes formations.

Aider le foie aussi

Je vais rajouter une plante qui va accompagner le foie dans cette période de détoxification.

La plante que j’ai choisi ici, c’est une grande classique, protectrice du foie, qui stimule la production d’antioxydants au niveau du foie, protectrice des reins aussi : le chardon-marie (Silybum marianum).

On utilise une teinture des graines que vous arriverez à trouver facilement sur le marché. Une quarantaine de gouttes dans un peu d’eau 3 fois par jour pendant cette période de détox, c’est très bien.

Conclusion

Voila pour cette petite stratégie de détox des poumons. Merci Sofia pour cette question, sinon je n’aurais pas pensé de vous faire un article sur le sujet.

En toute franchise, ce n’est pas quelque chose dont on parle beaucoup dans nos cercles. Ce ne sont pas des mesures que l’on retrouve dans la tradition contrairement à ce qu’on pourrait faire du côté du foie et des reins.

Mais aujourd’hui, je pense qu’il y a vraiment une logique à s’occuper de cet organe fragile et constamment agressé.