Millepertuis
(Hypericum perforatum)
L'association millepertuis-dépression est devenue inévitable. Tout le monde en parle, des plus prestigieuses revues scientifiques jusqu'à Femme Actuelle. Le millepertuis, plante complexe aux facettes multiples, a été réduit à cette simple indication. C'est bien mal le connaître.
Le but de cet article est d'apporter un peu de profondeur à cette vue unidimensionnelle, et de rappeler au passage ses indications oubliées.
Nom commun : Millepertuis, millepertuis perforé, millepertuis officinal, herbe de la Saint Jean
Nom latin : Hypericum perforatum
Famille : Hypericaceae
Constituants :
- Naphthodianthrones (entre 0,05% et 0,6%), incluant l'hypéricine et la pseudohypéricine
- Flavonoïdes (biapigénine, quercétine et rutine)
- Composés phénoliques incluant hyperforine et adhyperforine
- Procyanidines
- Huiles essentielles
Goût :
- Huileux, résineux
- Légèrement amer
- Astringent
Energétique :
- Réchauffant (goût huileux et résineux)
- Asséchant
Utilisation du Millepertuis
Pulmonaire
Cazin le qualifie de “stimulant balsamique que l'on a, à tort, abandonné”(4).
L'adjectif “balsamique” décrit une propriété qui rappelle un baume, riche en résines et pénétrante, donc pouvant atteindre les muqueuses pulmonaires afin de les calmer, les désinfecter et les "resserrer" (effet astringent).
Cazin nous dit que l'infusion des sommités fleuries peut être utile dans les catarrhes chroniques (inflammation des muqueuses bronchiques), l'asthme, certaines phtisies (tuberculose) même avec expectorations purulentes. Il l'emploie particulièrement dans les cas de catarrhes où l'état d'irritation s'établit dans la durée (donc devient chronique) avec des sécrétions plus ou moins abondantes.
Cazin l'associe volontiers à la grande aunée (Inula helenium) et le lierre terrestre (Glechoma hederacea) à parts égales pour les infections pulmonaires chroniques. Valnet confirme cette indication et recommande le même mélange(5).
Voila donc une indication très intéressante pour le millepertuis, définitivement oubliée aujourd'hui. Mais rappelons aussi que cette indication est partagée par d'autres plantes résineuses, et donc n'est pas unique au millepertuis.
Hépatique
Matthew Wood nous rappelle que les praticiens d'Europe de l'est ont le millepertuis en grande estime, et l'utilise pour des problèmes de foie, pour stimuler la détoxification hépatique en particulier(1). Wood explique qu'il peut être utilisé pour des problèmes de système nerveux entérique entrainant une mauvaise digestion, créant ainsi une charge sur le foie qui doit traiter ces résidus alimentaires mal digérés.
Cette ancienne indication est retenue par Valnet(5), qui l'utilise pour des congestions hépatiques et dyspepsies atoniques (indigestions dues à un système digestif déficient).
Nous verrons plus loin que, effectivement, le millepertuis accélère la détoxification hépatique en augmentant l'action de certaines enzymes utilisées pour métaboliser médicaments, drogues, hormones et polluants en circulation sanguine. Ceci explique ces interactions avec les médicaments.
Le foie est au centre de processus physiologiques multiples. En particulier, il fabrique les précurseurs de nombreuses hormones (cholestérol) et recycle le trop plein d'hormones en circulation. Est-il possible que, grâce à une détoxification hépatique, une personne se sente mieux psychologiquement car son équilibre hormonal est rétabli ? Cette hypothèse n'est pas à écarter.
Vulnéraire
Nous passons maintenant à l'une des indications principales du millepertuis, un endroit ou il brille bien au dessus d'autres médicinales. Le grand Paracelse qualifia le millepertuis d'arnica des nerfs.
Si vous vous trouvez face à une situation ou les nerfs ont été endommagés, faites appel au millepertuis le plus tôt possible. Et ce sont les médecins éclectiques américains qui vont nous amener le plus d'informations à ce sujet.
Ellingwood(6) nous explique que le millepertuis peut être utilisé pour les douleurs profondes et les sensations de brûlure émanant de la colonne vertébrale lorsque l'on appuie dessus (dommages infligés aux nerfs et centres nerveux dans la colonne vertébrale). Il l'utilise pour les traumatismes crâniens, les chocs et blessures infligées à la colonne vertébrale, ainsi que pour les blessures de type perforation, accompagnées de douleurs aiguës.
Cette utilisation pour les “blessures de type perforation” se retrouve chez de multiples auteurs américains de l'époque, Felter(7) et Lloyd(8)par exemple. On utilise le millepertuis lorsque l'on a marché sur un clou, lorsque l'on s'est perforé un doigt avec une agrafe, lorsque l'on s'est planté une écharde sous l'ongle et que la douleur remonte dans le bras, etc. On peut aussi l'utiliser pour les écrasements (doigt coincé dans une portière de voiture). Les extrémités (doigts, orteils) sont très innervées, donc toute blessure par perforation ou écrasement endommagera obligatoirement certains nerfs, ce qui créera une douleur aigüe, parfois insupportable.
Les homéopathes en ont aussi fait leur plante de prédilection à partir des années 1800 (Muller étant un des premiers à en parler) pour les douleurs névralgiques et les blessures dues à un traumatisme (crânien ou autre).
D'une manière générale, le millepertuis sera utile pour toute lésion affligée à la structure d'un nerf, causant une inflammation, avec douleur qui peut être suivie le long du nerf. Le nerf lui-même est touché, la couche de myéline a été endommagée. Une sciatique en est l'exemple typique. Une huile (non diluée) ou mieux une alcoolature de millepertuis diluée au taux de 20% (1 proportion d'alcoolature pour 4 proportions d'eau) est appliquée le long du nerf douloureux, la teinture mère et aussi prise en interne. Il faut être patient (plusieurs semaines) avant de constater un effet.
Il est efficace pour les nerfs enflammés dus à un pincement, parfois à la suite d'un mouvement brusque pour prévenir une chute par exemple. Matthew Wood le recommande pour les chutes sur le coccyx, une chute sur la glace par exemple, ou une chute en skateboard.
Pour les problèmes de peau, l'huile de millepertuis agit en tant qu'anti-inflammatoire, et est en particulier utilisée pour les brulures dues à l'exposition au soleil. En Provence, l'huile rouge jouit d'une réputation méritée pour les coups de soleil. Elle peut aussi être appliquée sur tout type d'éraflures, brulures, érythèmes et peaux sèches et s'avèrera nourrissante.
Le millepertuis peut être utilisé pour le zona et les poussées d'herpes et boutons de fièvre (application locale dès que les premiers petites démangeaisons se font sentir), le virus (herpes simplex ou zoster) se logeant dans les ganglions nerveux et la douleur étant de type névrite.
Le millepertuis calme les inflammations locales et favorise une meilleure circulation autour d'un traumatisme, aidant ainsi à réduire un œdème. Pour les cas de bleus, ecchymoses, contorsions musculaires, appliquez localement une huile ou une teinture mère de millepertuis diluée (compresses). Pour ces cas là, il se mélange évidemment très bien avec l'arnica.
Sédatif des nerfs
Cette propriété commence à se rapprocher du profil moderne d'antidépresseur. Le millepertuis relaxe les nerfs hyperactifs et hypersensibles.
Michael Moore le recommande pour les toux spasmodiques des enfants, en massant l'huile sur le dos de l'enfant dans la région des vertèbres T1 à T4 afin de relaxer les nerfs périphériques hypertoniques et responsables de cette toux.
Felter et Lloyd nous disent que “l'Hypericum a des pouvoirs indubitables sur le système nerveux”(8). Plusieurs médecins américains de l'époque l'utilisent pour les états d'hystérie. D'autres mentionnent une capacité à sortir les personnes de leurs états de morosité et de “mélancolie” passagère.
Henry(9) l'utilise chez les hystériques, mais aussi chez les maniaques et hypochondriaques. On se souviendra aussi qu'au moyen âge, on pensait que le millepertuis pouvait éloigner les esprits diaboliques ainsi que les sorcières. Il est fort possible que les dites sorcières furent simplement des femmes traversant des états de déséquilibre nerveux, et que le millepertuis ait pu aider dans certains cas.
Certains médecins des années 1800 et début des années 1900 l'utilisent pour l'insomnie de cause nerveuse, et pour les traversées difficiles (psychologiquement) des périodes clés de la vie, comme la petite enfance (urinations et terreurs nocturnes), l'adolescence (règles douloureuses), la ménopause (anxiété et troubles du sommeil), etc. L'adolescence et la ménopause étant des périodes de fluctuations hormonales, il est logique qu'une plante du foie puisse régulariser certains déséquilibres hormonaux.
Etats dépressifs
Le millepertuis agit sur les niveaux de neurotransmetteurs présents dans l'environnement cérébral. Certaines études le qualifient d'inhibiteur de la monoamine oxydase, d'autres d'inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine. La meilleure hypothèse que nous ayons aujourd'hui est que le millepertuis agit sur la recapture des 5 neurotransmetteurs principaux : sérotonine, noradrenaline, dopamine, acide gamma-aminobutyrique (GABA) and L-glutamate(14).
Pour mieux comprendre l'action du millepertuis, catégorisons les états dépressifs comme ceci :
- Dans une première phase, la personne commence à rentrer dans des états dépressifs passagers. Un choc émotionnel vient de s'opérer. Parfois le choc est évident - un divorce, le décès d'un proche, un licenciement, etc. Parfois, plusieurs évènements se sont étalés sur des années, et une goutte fait déborder le vase. Quels que soient les déclencheurs, la personne alterne entre état dépressif et état normal.
- Dans une deuxième phase, la personne descend dans un état dépressif chronique et profond. Il n'y a quasiment plus de yoyos, il y a peu de moments où la personne se sent bien. Les idées noires, la morosité, l'envie de ne rien faire, l'anxiété, tout semble s'installer de manière permanente.
Le millepertuis est surtout efficace en phase 1, et peine souvent à apporter une aide en phase 2.
Michel Moore recommande le millepertuis surtout lorsque l'état dépressif est accompagné de colère. Il a observe que le millepertuis agit très bien sur les hommes traversant une période difficile. Le cas typique étant l'homme qui jusque-là réussissait beaucoup de choses, mais tout à coup doit faire face à un rejet social. Il était en pleine ascension professionnelle et s'est fait licencié. Ou peut-être sa femme l'a quitté subitement. Pour Moore, l'homme est beaucoup moins mature que la femme dans les situations de rejet, ce qui donne lieu à une grande colère suivie de dépression. Cet échec devient une fixation, une obsession même, et la personne n'arrive pas à penser à autre chose, ressassant sans-cesse l'échec.
On notera l'association en médecine chinoise entre colère et foie, et on se rappellera que le millepertuis est aussi une plante du foie.
Il est utile pour les cas de dépressions saisonnières. Dans ces cas là, la personne redoute l'arrivée de l'hiver, du froid, du manque de lumière, des jours qui diminuent et de la possibilité réduite à mener certaines activités. Certains lecteurs Canadiens comprendront...
D'ailleurs, le fameux phytothérapeute allemand Rudolf Weiss(13) nous donne l'explication suivante : le millepertuis induit une photosensibilité (sensibilité à la lumière), donc rend la personne plus apte à capter les rayons du soleil. Weiss nous rappelle que certains cas de dépressions peuvent être dus à un manque de mélatonine résultant d'un manque de lumière.
Cueillette
Voir ma vidéo à ce sujet.
Avant sa floraison, et si on connait mal la plante, il sera quasiment impossible de l'identifier. La plante reste relativement petite (20 à 50 cm de hauteur), et d'un vert tendre qu'il est difficile de repérer au printemps lorsque la végétation aux alentours est en pleine croissance.
Voir la photo ci-dessous. Vu d'en dessus, les feuilles arrondies s'opposent sur la tige et s'alternent en paires pour former une croix .De près, on arrive à voir les minuscules perforations de la feuille qui lui ont valu le nom d'Hypericum perforatum.
Prenez une feuille et regardez-la en transparence face à une source de lumière. Si vous arrivez à voir ces mille "pertuis", ces mille trous qui sont en fait des glandes regorgeant de principes actifs, vous êtes probablement en présence d'Hypericum perforatum.
Lorsque le millepertuis commence à fleurir, il est dur de passer à coté. On le trouve parfois en plant isolé, comme la photo ci-dessous.
Ou on le trouve dans des champs et terrains vagues où les plants se touchent et forment une couverture jaune vif qui peut être assez spectaculaire.
Le test ultime consiste à écraser une fleur encore en bouton entre ses doigts. Si vos doigts se colorent d'un beau pigment rouge foncé, vous êtes bel et bien en présence de millepertuis. Ce pigment rouge provient des étamines de la plante, et peut aussi être observé à l'œil nu lorsque l'on regarde une fleur de près (voir photo ci-dessous).
La meilleure période pour cueillir le millepertuis est :
- Loin de la dernière pluie, sinon le millepertuis sera gorgé d'eau ;
- Lorsque la plante vous fournit une grande quantité de fleurs toujours en bouton, c'est là ou les composants actifs seront à leur maximum (certaines fleurs seront ouvertes, cueillez les aussi) ;
- Le matin après que la rosée se soit évaporée.
Selon les régions et la température, on pourra le cueillir de fin Juin à fin Juillet, début Juillet étant habituellement la période optimale (mais là encore, c'est le stade de floraison qui sera déterminant et pas la date).
Pour la cueillette, munissez vous d'un bon sécateur. Une méthode simple et rapide consiste à rassembler les tiges fleuries en un petit fagot, et de couper 2 cm en dessous des fleurs en laissant un petit morceau de tige et quelques feuilles. Ceci permet d'en ramasser une grande quantité en un temps raisonnable. Voir ci-dessous.
Si vous désirez les faire sécher pour les consommer en infusion, étalez les fleurs sur un banc de séchage que vous laisserez reposer à l'ombre dans un endroit sec. Mais attention à la durée de séchage. Sécher les fleurs ouvertes et les feuilles est relativement rapide. Mais pour les fleurs encore fermées, il faut beaucoup plus longtemps. Les fleurs en boutons regorgent d'humidité, et on peut se faire piéger en pensant que tout est sec, pour voir plus tard apparaitre de la moisissure et devoir jeter le lot.
Pour contrôler si les boutons sont bien secs, écrasez-en quelques uns entre vos doigts et voyez si de l'humidité subsiste.
Préparation de l'huile rouge
On ne peut pas faire macérer la plante fraiche dans l'huile sous risque de moisissure et de fermentation. Mais afin de profiter de la quantité optimale de principes actifs, attendez que les fleurs soit quasiment sèches mais pas complètement. Elles sont froissées, fripées, presque sèches, et ont perdu la quasi totalité de leur eau.
Ensuite, placez la plante dans un grand bocal et recouvrez d'huile d'olive vierge. Laissez macérer pendant plusieurs semaines dans un endroit qui reçoit un peu de chaleur, mais pas directement au soleil (les UVs ont la particularité de détruire beaucoup de composants actifs). Pour plus d'informations, voir l'article sur les macérats huileux.
L'huile finale doit être d'un beau rouge sombre comme un jus de cerise lorsqu'on la regarde dans un endroit non exposé à la lumière directe, et rouge vif comme du sang lorsqu'on la regarde sous la lumière du soleil. L'huile peut être appliquée le long des nerfs douloureux et endommagés, ou sur une peau irritée ou brulée.
Préparation de la teinture
Si vous avez accès à des alcools de forte concentration (80° ou plus), teinturez la plante fraiche, elle contiendra plus de composants actifs. Sinon, faites sécher la plante, et teinturez la dès qu'elle est sèche avec un alcool à 45°.
- Pour l'alcoolature de millepertuis frais : utiliser 200 ml d'alcool à 80°ou plus pour chaque 100 g de plante (c'est-à-dire une proportion de 1:2);
- Pour la teinture (millepertuis sec) : utiliser 500 ml d'alcool à 45° pour chaque 100 g de plante (c'est-à-dire une proportion de 1:5).
Pour plus d'informations, voir l'article sur les macérations alcooliques.
Si vous avez un millepertuis de qualité, l'alcoolature doit devenir rouge très rapidement, et même quasi instantanément si vous faites une alcoolature de plante fraiche. Voir photos ci-dessous pour une teinture mère de plante fraiche.
Avant l'ajout d'alcool
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Après l'ajout d'alcool
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2 jours plus tard
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Dosages
Comme toujours, les dosages varient en fonction de la personne et de la situation. D'une manière assez générale :
- Alcoolature : 5 à 30 gouttes, une à trois fois par jour selon la situation ;
- Infusion : utiliser uniquement la plante récemment séchée, 15 g à 30 g de sommités fleuries pour un litre d'eau, boire de 2 à 4 tasses par jour;
- Huile : application locale plusieurs fois par jour. L'alcoolature diluée peut aussi être appliquée localement en compresses (elle sera mieux absorbée).
Interactions millepertuis-médicaments
Les interactions entre les médicaments et le millepertuis sont bien connues aujourd'hui, bien qu'elles restent très complexes. Cette section est inspirée en grande partie de l'excellent “Herb, Nutrient, and Drug Interactions” de Stargrove, Treasure et McKee(12).
Voir aussi mon article sur les concepts de base pour les interactions plantes-médicaments. Vous pouvez aussi sauter l'explication suivante qui est d'ordre technique, et directement passer à la section “ce qu'il faut retenir” plus bas.
Le millepertuis induit principalement le substrat 3A4 du CYP450, et ceci d'une manière significative. Selon certaines études, il semble aussi induire d'autres substrats d'une manière secondaire (1A2, 2C9, 2C19, 2D6). Mais les différentes études in-vitro et in-vivo ne s'accordent pas toujours entre elles pour ces substrats secondaires.
Le problème principal est que de très nombreux médicaments sont métabolisés par le substrat 3A4 localisé dans la muqueuse intestinale et dans le foie.
Une induction signifie un métabolisme plus rapide du médicament qui utilise ce substrat. Si la personne prend en même temps du millepertuis et un médicament métabolisé par le substrat 3A4, le médicament sera métabolisé et donc évacué plus rapidement par le système, entrainant une quantité de médicament disponible en circulation sanguine inférieure à ce qui était prévu, donc moins efficace. Dans certains cas, l'effet est d'abord une diminution du métabolisme du médicament (créant des problèmes potentiels de toxicité du médicament), suivi par une augmentation du métabolisme (un effet biphasique).
Mais les choses ne sont pas aussi simples, car certaines études démontrent qu'une interaction médicament-millepertuis qui semblait inévitable n'est en pratique pas mesurable sur la personne. Les choses sont même très complexes, selon que l'on parle d'un composant isolé du millepertuis (hypéricine, hyperforine, etc) ou du mélange obtenu avec la plante fraiche.
Ce qu'il faut retenir : Faites preuve de prudence dès qu'il y a co-administration de millepertuis et de médicaments. Consultez votre médecin ou pharmacien avant de prendre la décision.
Pour information, voici une liste non-exhaustive des médicaments présentant des risques d'interactions :
- Les antidépresseurs de type tricycliques (ex : Elavil) et inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ex : Prozac, Deroxat, Effexor, etc);
- Les anxiolytiques de type benzodiazepines (ex : Xanax) ;
- Les anesthésiques ;
- Les médicaments antirétroviraux (ex : Indinavir) utilisés dans les cas de SIDA et VIH ;
- La cyclosporine (un médicament antirejet utilisé pour les greffes d'organes) ;
- Les glycosides cardiaques de type digoxine et autres ;
- La warfarine et autres anticoagulants ;
- Certaines pilules contraceptives (voir note ci-dessous au sujet de la pilule).
Il y en a d'autres. Si vous prenez actuellement des médicaments, consultez votre médecin ou votre pharmacien pour discuter d'une interaction possible avec le millepertuis.
On parle aussi beaucoup du fait que le millepertuis peut diminuer l'efficacité de la pilule contraceptive. Cette interaction reste largement théorique basée sur l'induction du métabolisme de l'estrogène et de la progestine par le millepertuis. Malgré les bruits qui courent, les cas documentés de conceptions accidentelles sont anecdotiques, et les données provenant de la littérature scientifique sont d'après Stargrove, Treasure & McKee non conclusives(12).
Parmi ce manque de preuves conclusives, il vaut mieux là encore rester prudent, en particulier dans les cas de pilules faiblement dosées.
Précautions additionnelles
Le millepertuis peut induire une photosensibilité, c'est-à-dire une sensibilité accrue aux rayons du soleil, avec risque de brûlure.
Ceci est contesté aujourd'hui, en particulier dans le monde de l'herbalisme anglophone. Laissez-moi vous donner mon point de vue ici :
- Plusieurs cas ont été relevés dans la littérature scientifique. Je ne vais pas donner toutes les références ici, trop long. Un exemple ici.
- Ces références ont été réfutées par certains. En ce qui me concerne, j'en ai lu assez pour me dire "il y a un truc".
- Ces cas surviennent en général lorsque prise d'un comprimé (extrait sec) standardisé en hypéricine et plus ou moins fortement dosé. Aucune mention d'effet secondaire de ce type avec la teinture. Avec les formes traditionnelles (infusion, teinture), en général pas de souci.
- J'ai moi-même fait l'expérience d'une photosensibilité sévère après avoir passé une journée à ramasser du millepertuis, les doigts très rouges à me frotter le front pour enlever la transpiration. J'ai gardé des marques (brûlures) pendant 3 semaines. Les copains en ont bien rigolé (pas moi).
Conclusion : si vous prenez du millepertuis sous forme de comprimé standardisé en hypéricine, ne vous exposez pas trop au soleil.
Les probabilités de photosensibilité sont très faibles, mais en ce qui me concerne elles existent. Donc comme toujours, mieux vaut être prudent.
Références
(1) Wood, Matthew, "The Earthwise Herbal: A Complete Guide to Old World Medicinal Plants", 2008
(1bis) Culpeper, Nicholas, "The English Physician Enlarged", 1770
(2) Dubois, F, "Histoire des Plantes Médicinales Qui Croissent Spontanément en France et en Belgique", 1848
(3) Bossu, A, "Traité des Plantes Médicinales Indigènes, Précédé d'un Cours de Botannique", 1854
(4) Cazin, F.J., "Traité Pratique et Raisonné des Plantes Médicinales Indigènes", 1850
(5) Valnet, Jean, "La phytothérapie : Se soigner par les plantes", 1986
(6) Ellingwood, "American Materia Medica, Therapeutics and Pharmacognosy", 1915
(7) Felter, 1922: the Eclectic Materia Medica.
(8) Felter, Harvey Wickes, Lloyd, John Uri, "King's American Dispensatory", 1898
(9) Henry, Samuel, "A New and Complete American Medical Family Herbal", 1814
(10) Kress, Henriette, "Practical Herbs", 2011
(11) Wood, Matthew, "The Book of Herbal Wisdom: Using Plants As Medicine", 1997
(12) Stargrove, Treasure, McKee, "Herb, Nutrient, and Drug Interactions: Clinical Implications and Therapeutic Strategies ", 2008
(13) Weiss, Fintelmann, "Herbal Medicine", 2000
(14) Müller WE. "Current St John's wort research from mode of action to clinical efficacy". Pharmacol Res. 2003 Feb;47(2):101-9. Review.
Marie dit
bonjour , je me demandais quel animal est associé au millepertuis dans la tradition amérindienne? D'autre part, quel livre ou autre source pour connaitre les animaux associés à chaque plante?
Merci de votre réponse
sabine dit
bonjour Marie
désolée mais je n'ai pas de réponse à vous proposer, peut-être que des lecteurs auront des pistes à proposer
Anne dit
Bonjour Christophe, bonjour Sabine,
Je viens de me voir offrir du millepertuis séché.
Je pense en faire une alcoolature.
Je dispose aussi d'alcool à 90°.
Que me conseillez-vous ?
Recette : astuce pour faire avec un alcool de 90°, quantité, durée de l'alcoolature, ...?
Recommandations diverses ? Est-ce que cette préparation faite à base de plantes sèches peut aussi être utilisée pour la déprime saisonnière ?
Je vous remercie grandement pour vos précieuses réponses/informations.
Belle fin d'année à vous deux,
Anne
sabine dit
Bonjour Anne
pour une teinture de fleurs récemment séchées , on recommande alcool à 75°
pour diminuer le taux je vous invite à consulter la table de conversion de gay lussac http://www.spc.ac-aix-marseille.fr/labospc/sites/www.spc/labospc/IMG/pdf/dilution-alcool-gay-lussac.pdf
Sophie L. dit
Bonjour à tous les deux, je cherche à me procurer de l'huile de millepertuis pour mon lumbago et surtout pour une sciatique et donc faite avec des pétales en fin de floraison comme conseillé dans votre article ; or après quelques recherches (je suis novice) il me semble que les huiles vendues dans le commerce ou en ligne, même bios, sont plutôt des macérations avec des fleurs fraiches. Est-ce néanmoins efficace sinon quel fournisseur me conseilleriez-vous s'il vous plaît ?
sabine dit
bonjour Sophie
le macérat huileux de fleurs fraiches est le plus courant, il faut vérifier que l'huile soit rouge et chercher les petits producteurs par exemple comme celui là https://www.melilotus.org/boutique-en-ligne/mac%C3%A9rations-huileuses-et-baumes/mac%C3%A9ration-huileuse-millepertuis/ , ou ici https://www.fermedesaussac.fr/les-huiles-et-beurres_3_les-huiles-de-maceration_huile-de-maceration---achillee-millefeuille__hm-achillee30.html
Sophie L. dit
Merci beaucoup Sabine. D'autant que je privilégie les petits producteurs locaux. J'ai vu que cette huile pouvait être utile pour la peau. Or cela fait 3 semaines que je cherche aussi une solution aux poches impressionnantes qui se trouvent sous les yeux d'une amie maraichère en Nature et Progrès. Cela fait littéralement comme un petit boudins sous chaque œil et la paupière est gonflée aussi. Ce qui fait que cela diminue son champ de vision et nous inquiète. Le traitement allopathique ne fonctionne pas. Et elle termine sur mes conseils une session de quinze jours de cataplasme d'argile à l'eau fraiche sans amélioration...
sabine dit
bonjour Sophie
déjà il faudrait tenter de déterminer la cause , la nature de ces poches (eau, gras...), en combien de temps elles sont apparues
bref je pense qu'avant de démarrer un traitement ,il serait intéressant de faire une enquête (qu'est ce qui a changé dans sa vie, son alimentation, stress, hormones etc .... y a t il des périodes où c'est plus accentué (oupas) bref d'abord un bilan global me semble le premier pas pour pouvoir trouver des solutions adaptées
https://www.altheaprovence.com/plantes-medicinales-methode-clima/
Sophie L. dit
Merci BEAUCOUP Sabine. Nous allons le faire et vous tiendrons au courant de l'évolution et des résultats. D'autant que j'ai commandé les 3 livres recommandés par Christophe, le sien inclût, pour Noël. Très bonnes fêtes
sabine dit
bonjour Sophie
oui tenez-nous au courant, les retours d'expériences (bonnes ou mauvaises) sont toujours un plus pour la communauté, merci d'avance 🙂
Marion dit
Bonjour!
J'ai, d'un belle accident, créé un mélange de teinture de millepertuis et de cataire. Votre page concernant la cataire et très clair quant à ses bienfaits pour les enfants, mais sont usage sous forme de teinture n'est pas mentionné pour le millepertuis. Pouvez-vous me dire s'il mon mélange est sûrs pour ceux-ci?
sabine dit
Bonjour Marion
la prise en interne de la teinture n'est pas conseillée aux enfants de moins de 6 ans, et à adapter au poids pour les enfants entre 6 et 12 ans mais il est préférable d'avoir un avis médical, et d'avoir une vue bien précise de l'objectif que l'on veut car le millepertuis est une plante puissante qui demande certaines précautions
Sylvaine dit
Bonjour Christophe et Sabine
Je me demandais si l'on pouvait conseiller le millepertuis à une femme enceinte qui débute une grossesse et que la conjoncture actuelle rend profondément triste pour son bébé et pour elle.
Elle ne prend aucun traitement par ailleurs.
Je ne trouve pas de contre-indication pour la femme enceinte.
Le Grifonia serait-il plus indiqué ou au contraire plus délicat d'action chez la femme enceinte ?
Un GRAND MERCI à vous par avqnve et très belle fin de semaine ☀️
Sylvaine
sabine dit
Bonjour Sylvaine
non, surtout au cours du premier trimestre il est déconseillé de prendre des plantes c’est une période pendant laquelle le foetus est fragile et sauf absolu nécessité (par exemple nausées )
il est important de la rassurer et de lui faire comprendre que son énergie de Maman crée une bulle de protection autour d'elle
c'est un état d'esprit à cueillir et qui est très puissant et qui fait ses preuves
CORNATON SYLVAINE dit
Merci beaucoup Sabine pour ta belle réponse !
Je te souhaite une belle soirée, toute douce et agréable !!!
Sylvaine
sabine dit
merci 🙂
Guillou Sylvie dit
Bonjour Christophe, bonjour Sabine,
Tout d'abord merci pour votre site et les informations précieuses qu'il contient sur les plantes. J'ai commencé il y a 4 jours à prendre des gélules (250 mg) de Millepertuis pour ses effets sur la ménopause et la dépression saisonnière. Il est indiqué sur la boite d'en prendre 3 par jour, donc 750 mg. Je me sens plus fatiguée et sans énergie depuis que j'en prends et je me demandais si je pouvais adapter le dosage : ne prendre que 2 comprimés et éventuellement en une seule prise le soir. Qu'en pensez-vous ?
Je vous remercie,
sabine dit
bonjour Sylvie
il est toujours compliqué de prendre une plante pour un problème car il est important de pouvoir faire une évaluation globale qui vous correspondrait (car les symptômes liés à la ménopause varient grandement selon les femmes et nous ne sommes pas toutes logées à la même enseigne)
donc je ne vais pas vous conseiller d'augmenter les doses ou de les diminuer , mais je vous invite à lire cet article question que vous puissiez bâtir votre protocole https://www.altheaprovence.com/plantes-medicinales-methode-clima/
DODIN Olivia dit
Bonjour, Je sors de chez une médecin généraliste homéopathe et elle m'a fortement déconseillée de prendre du millepertuis car il cause, me dit-elle, des troubles cardiaques. Je ne trouve rien à ce sujet ? (Je précise que je ne prends aucun médicament et que je suis en bonne santé.) Avez-vous déjà entendu cette alerte ? Merci pour votre réponse.
sabine dit
bonjour Olivia
le millerpertuis n'est pas conseillé quand médicaments pour le coeur car il interfère avec eux, mais je n'ai pas d'informations sur le fait qu'il créerait des problèmes cardiaques , il faudrait demander à votre médecin ses sources (études ou autres )
dodin dit
Merci beaucoup pour votre réponse. Je n'ai pas du tout pensé à lui demander ses sources alors qu'en effet c'est primordial ! J'en profite pour vous remercier pour votre travail Christophe et Sabine, pour votre site hyper bien fait et fourni. Merci.