Régime paléo : feuille de route

Mise à jour mai 2023 : cet article sur le régime paléo a maintenant plus de 10 ans. Aujourd’hui, ma position sur l’alimentation est plus nuancée. Il faudra donc que je refasse une passe à tout ceci. En attendant, le plus gros de l’information correspond toujours à mes vues.

Il existe de nombreux courants nutritionnels aujourd’hui. Chacun se dit meilleur que l’autre, ce qui entraîne des débats sans fin dans la blogosphère. Le naturopathe doit choisir ses outils parmi ces multiples philosophies, car la nutrition est l’un de ses outils principaux.

Cela fait des années que j’étudie ces différents courants. Au travers de mes différents articles, je pense que vous commencez à cerner mon style. Je fais beaucoup de recherches et je m’appuie sur les études scientifiques. Mais j’ai aussi un énorme respect pour l’expérience clinique, la mienne et celle de mes confrères.

Le style que j’ai adopté est basé sur le régime paléo, aussi appelé régime ancestral. C’est le courant que je considère le plus prometteur aujourd’hui. Ce n’est pas un « paléo strict », mais un paléo que j’ai adapté à ma pratique, basé sur le travail de Paul Jaminet aux Etats-Unis.

Régime paléo

Je reçois une grande variété de clients provenant d’horizons différents. Certains sont végétariens, ou macrobiotes, et s’opposent au régime paléo. Ils ne sont pas prêts à changer de style d’alimentation, et je respecte cela complètement. Nous travaillons alors au niveau des plantes médicinales, des vitamines, minéraux, oligo-éléments, etc.

Mais si vous venez me voir pour optimiser votre nutrition afin de retrouver un équilibre perdu, mes conseils seront basés sur le régime paléo.


Je n’écris pas cet article pour ouvrir la porte à un débat sans fin sur la validité du régime paléo. J’ai déjà longuement réfléchi à ce sujet. J’écris cet article pour vous exposer ma philosophie nutritionnelle afin que vous sachiez à quoi vous attendre.


Une feuille de route, pas un dictat

Il est tout à fait possible d’adopter un régime paléo ou ancestral sans perdre le plaisir de manger, sans compromettre l’éventail des goûts et des saveurs.

De plus, le programme que je recommande est une feuille de route, une vision au long terme et pas un dictat. Il fournit les grandes lignes, et surtout il permet de comprendre pourquoi nous évitons de manger certains aliments afin de faire des choix informés.

Et puis il y a les jours où l’on fait certains écarts : les sorties entre amis, les anniversaires, et d’autres occasions où il n’est pas possible de s’en tenir uniquement au programme. Faites de votre mieux, suivez la feuille de route le plus possible, mais faites vous aussi plaisir de temps en temps. Une petite déviation occasionnelle ne présente aucun problème au long terme (sauf si bien sûr vous souffrez de problèmes déclenchés par certains aliments).


Régime paléo : les aliments problématiques

Le régime paléo retire les aliments suivants, considérés comme problématiques :

  • Les céréales modernes (blé, maïs, avoine, orge, seigle, etc) et tout produit dérivé (pains, pâtes, biscuits, etc) qui créent des réactivités immunitaires. Seignalet et d’autres se sont longuement attardés sur ce sujet.
  • Les produits laitiers qui créent des réactivités immunitaires. Là encore, voir Seignalet. Certains sont plus problématiques que d’autres en fonction de leur teneur en protéines – le lait étant le plus problématique, le beurre le moins problématique, et le ghee ou beurre clarifié n’étant pas problématique du tout ;
  • Les huiles provenant de graines (tournesol, colza, lin, etc) trop riches en acides gras polyinsaturés de type oméga 6, avec des oméga 3 qui ne sont que très faiblement convertis en EPA/DHA (seulement 0% à 8% sont convertis);
  • Les sucres raffinés ;
  • Les aliments préparés et transformés (plats surgelés, barres au chocolat, etc).

En fonction de votre situation et de vos problèmes, le retrait peut être total ou partiel. En ce qui concerne les céréales modernes et les huiles riches en oméga 6, le retrait est en principe total. Pour les produits laitiers, certaines personnes tolèrent très bien le fromage par exemple. D’autres par contre bénéficieront d’un retrait total.

Le régime paléo n’est pas un régime de carnivore. Il n’est pas une excuse pour manger de la viande ou des protéines en excès. Loin de là, il est extrêmement riche en végétaux, qui constituent la majeure partie de l’alimentation.


Régime paléo : les 30 premiers jours

Selon votre situation, il est possible que je conseille une période de 30 jours avec un suivi strict du régime paléo. Pendant cette période, nous retirons les familles d’aliments qui sont les plus susceptibles de causer des réactivités. Le but et de permettre à votre système de se remettre des aggressions potentielles causées par les aliments afin d’y voir plus clair.

Pour ces familles d’aliments, ce n’est pas la quantité ingérée qui compte, c’est la présence dans l’alimentation. Une seule petite déviation est suffisante pour créer de nouvelles réactivités. C’est pour cela qu’il est important de ne pas dévier des recommandations pendant ces 30 jours.

A la fin des 30 jours, nous faisons le point. Il est possible que nous réintroduisions certains aliments selon votre situation. Voici le programme à suivre pendant ces 30 jours :

Autorisés :

  • Les Légumes cuits ou crus, de toute couleur et de toute forme (sauf les légumineuses), à volonté ;
    • Les légumes doivent constituer 3/4 de l’assiette, avec 1/4 réservé aux protéines (viande, poisson ou autre) ;
  • La viande, en particulier de boeuf et d’agneau (pauvre en oméga 6), mais aussi de poulet, dinde, canard, porc, lapin, gibier, etc. Une viande non-industrielle et de qualité est bien sûr préférable, quitte à en manger moins ;
    • Les abats en particulier sont d’une densité nutritionnelle élevée, avec le foie en tête de liste. Je recommande de manger une petite portion de foie une fois par semaine ;
    • Notez que le régime paléo n’est pas une excuse pour manger plus de viande. La viande représente toujours, dans mes vues, une portion minoritaire de l’assiette, lorsque présente. Une assiette paléo peut aussi être constituée d’une variété de légumes accompagnés d’huile d’olive, d’herbes et d’épices.
  • Les poissons, en particulier les poissons des mers froides riches en oméga 3 : sardines, hareng, saumon et maquereau. Consommez-en 3 fois par semaine idéalement, avec du poisson sauvage de préférence (pour le saumon en particulier). Si les taux de mercure vous inquiètent, voir mon commentaire sur le mercure et le sélénium dans mon article « alimentation et cancer« , ceci devrait vous rassurer ;
  • Les oeufs, fermiers et bio de préférence, le jaune étant beaucoup plus important que le blanc. Le jaune peut être ajouté aux soupes, aux vinaigrettes ou à d’autres préparations pour leur donner un aspect plus crémeux tout en profitent de sa densité en nutriments.
  • Les lipides stables : l’huile d’olive si consommée à froid (vinaigrettes) ou si ajoutée sur l’assiette une fois les aliments cuits. Pour la cuisson : ghee (beurre clarifié), huile de noix de coco, ou beurre de cacao. Ces lipides peuvent être consommés d’une manière libérale.
  • Les épices et les herbes aromatiques ;

Modération :

  • La charcuterie, en s’assurant qu’elle ne contienne pas d’additif céréalier ou à base de soja, a consommer occasionnellement mais pas d’une manière régulière ;
  • Les fruits, la quantité et le nombre dépendant de votre désir de perdre du poids et d’éventuels problèmes de glycémie ou de résistance à l’insuline ;
  • Les fruits secs oléagineux, en faisant une consommation modérée d’amandes ou de noisettes ;
  • Le café et le thé noir. Si vous souffrez de stress chronique, d’anxiété, d’état dépressif ou d’insomnie, le café et le thé noir sont à éviter.

Les sorties au restaurant sont problématiques. Si vous devez sortir, choisissez vos plat avec précaution. Il vaudra mieux limiter les sorties au restaurant pendant ces 30 jours.

A éliminer complètement :

  • Les produits laitiers de vache, brebis, chèvre, etc. Ceci inclut le lait, le beurre, la crème, les yaourts, les fromages, etc ;
  • Les céréales : blé, maïs, riz, avoine, quinoa*, épeautre, amarante*, sarrasin*, et leurs dérivés : pains, biscottes, biscuits, pâtes, etc. (pour ce qui est du quinoa, de l’amarante ou du sarrasin, il y a plusieurs versions de l’alimentation style paléo et on peut soit éviter ces aliments qui sont riches en féculents (que les praticiens du paléo appellent « calories vides ») soit les inclure. Vu que ce n’est pas une céréale et qu’elle ne semble provoquer aucune réaction immunitaire, il n’y pas d’objection à les inclure dans le régime)
  • Les légumineuses : haricots en grains, lentilles, pois chiches, cacahuettes, soja, etc ;
  • Les sucres concentrés : sucre blanc et roux, sirop de glucose ou de fructose, sirop d’érable, miel, sirop d’agave, stevia, rapadura, ainsi que les sucres chimiques – aspartame, xylitol, etc ;
  • Les huiles provenant de graines : huile de tournesol, de colza, de lin, de chanvre, etc.
  • Les aliments préparés : plats cuisinés à emporter, plats surgelés, mais aussi desserts, barres aux céréales ou au chocolat, aliments énergétiques ou protéinés du sportif, sauces en tout genre (y compris sauce de soja, tamari) etc ;
  • Les sodas et autres boissons sucrées ;
  • L’alcool sous toutes ses formes ;
  • Si vous avez des problèmes articulaires, autoimmunes, ou inflammatoires au niveau intestinal : la famille des solanacées (pomme de terre, aubergine, tomate, poivron, piment) ;

Approche graduelle

Dans d’autres cas, nous pouvons adopter une approche plus graduelle au régime paléo, en éliminant certains groupes alimentaires au fil des mois. Cette approche est adaptée lorsque vous désirez remettre à plat vos habitudes nutritionnelles, et lorsque vos déséquilibres ne semblent pas être liés directement à des intolérances ou sensibilités alimentaires.


Je suis conscient de la complexité de ce programme pendant les premiers mois. Je l’ai mis en place moi-même.

Je sais qu’il y une période d’adaptation si vous consommez beaucoup de céréales, de produits laitiers ou de sucres/féculents. Je sais qu’il est compliqué si vous préparez la nourriture pour votre petite famille et que vos proches réclament régulièrement leurs pâtes.

Mais si vous avez la motivation, il peut apporter des résultats.

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37 réponses

  1. Bonjour, Merci pour vos articles et toute cette connaissance que vous mettez à la portée de tous ! Pourquoi les légumineuses sont-elles problématiques ?
    on recommande souvent les produits laitiers pour les femmes après la ménopause afin de réduire les risques d’ostéoporose. Or ce régime les interdit. Que faire du coup pour réduire ces risques ?
    Je vous remercie par avance pour votre réponse

    1. bonjour Isabelle
      Elles sont problématiques dans ce style alimentaire car leurs protéines peut être irritante pour la paroi intestinale, antinutriments, et inhibiteurs de protéases et peuvent être sources (comme pour le gluten) d’intolérances alimentaires.
      Concernant les produits laitiers , ils ne réduisent pas les risques d’ostéoporoses , je vous invite à lire cet article https://www.altheaprovence.com/osteoporose-traitement-naturel/

  2. Bonjour,
    le sarrasin n’étant ni une céréale ni une légumineuse, en quoi est elle mauvaise à la santé ?(Plus de sarrasin = plus de tourtous aux rillettes) Dommage ! (:<
    votre site est vraiment une référence pour moi. Merci

    1. bonjour Françoise
      vous avez raison
      Il y a plusieurs versions de l’alimentation style paléo et on peut soit éviter ces aliments qui sont riches en féculents (que les praticiens du paléo appellent « calories vides ») soit les inclure. Vu que ce n’est pas une céréale et qu’elle ne semble provoquer aucune réaction immunitaire, c’est effectivement une option et je ne vois pas de problème avec.
      je vais rajouter cette précision dans l’article merci 🙂

      1. Bonjour à vous. Ayant des problèmes récurrents d’intestin « genre poreux » que je n’arrive pas à guérir, je tiens seulement à signaler que, pour les personnes dans mon cas, le sarrasin est très irritant. Merci à vous pour votre travail et vos échanges.

  3. Bonjour,
    Merci pour cet article intéressant qui rejoint la plupart de mes recherches personnelles sur le sujet.
    Il y a un point qui me surprend : vous déconseillez la consommation d’huiles venant de graines, même si leur ratio omega6/3 est intéressant (colza) : quelle en est la raison?
    Est-ce que dans le régime paléo on supprime autant que possible les huiles pour favoriser les oléagineux entiers, non transformés? pour quelles raisons?
    Un grand merci par avance

      1. Bonjour Sabine,
        Merci, l’autre article est intéressant mais parle des usages cosmétiques et non culinaires… donc la question des omega 3 se pose différemment… Je me demandais pourquoi les huiles de colza et lin par exemple (avec de bons ratios omega 3/6) ne sont pas conseillées alors que celle de noix l’est – il me semble que la noix aussi est fragile, y a-t-il une différence au niveau de l’assimilation?
        Merci !

  4. Bonjour,
    Tout d’abord, merci de nous faire partager vos recherches. En ce qui concerne le régime conseillé le premier mois du régime paleo,je suis surprise d’éradiquer complètement les céréales et/légumineuses et de consommer modérément les oléagineux. Je suis déjà au régime sans gluten et sans protéines de lait de vache.
    J’ai déjà essayé de ne pas manger de céréales dans une journée. Si je consomme que des légumes et des protéines dans un repas, je sors de table avec une énorme faim et deux heures après, mon corps réclame à manger. Je trouve que 1 mois, c’est long.
    Notamment le matin, je me demande par quoi remplacer mes tartines de pain sans gluten avec de la purée D’amande qui accompagne mes protéines, en général un œuf coque ou jambon cru.
    Est-ce que j’ai programmé ça dans ma tête et qu’il faille le déprogrammer ?
    Faut-il manger beaucoup plus de légumes ?
    Dans un tel régime, est ce que vous mettez des protéines aux 3 repas ?
    Merci

    1. Bonjour Stéphanie
      je pense qu’il ne faut pas vous torturer, faites pour le mieux, autorisez vous aussi ce qui vous fait plaisir, ne tombez pas dans les excès en plus ou en moins
      pourquoi voulez vous supprimer les céréales (questions de santé? avéré? ou question de principes? de choix intellectuel/idéologique/éthique ? ou autres ? )
      car au final si vous faites les choses par contrainte vous y rencontrerez plus d’inconvénients que de bénéfices y compris via le stress généré de faillir à ses objectifs
      adaptez vos repas pour une meilleure santé , un meilleur équilibre mais toujours avec le plaisir en toile de fond 🙂

  5. Bonjour Christophe,

    une question parmi d autre, ail et oignon plutôt cru ou cuit?
    Il semble que tu conseil l ail cru, et qu’en est il pour l oignon?

    Merci
    Nicolas

    1. Bonjour Nicolas,
      Pour ces deux-là, ail et oignon, mieux vaut les utiliser cru pour pleinement profiter de leurs bienfaits. Certaines substances seront détruites à la cuisson.
      Maintenant, entre pas d’ail et d’oignon, et ces deux-là cuits, je garde le cuit. Certains ne les tolèrent pas crus.

  6. bonjour, il y a un an j’ai changé mon alimentation :
    avocat, legumes ou sardines au petit dej
    legumes crus ou cuits et un peu de viande ou poisson le midi
    18h 1 fruit que je savoure
    legumes crus ou cuits ou potage le soir

    -10kg en 6 mois
    je me sens nettement mieux, + gai….
    par contre au moindre écart (invitation) je suis extrêmement fatiguée pendant plusieurs jours.
    je n’ai plus du tout envie de sucre.
    Au resto un plat legumes et viande/poisson, plus rien d’autre ne me tente.
    JE REVIS.

  7. Bonjour Christophe,
    Votre article est très intéressant.
    Je fais déjà un régime sans gluten,intolérance, et je me demandais comment intégrer un régime paleo ,il me semble difficile à suivre pour moi ,car j aime le pain ,sarrasin et riz ou quinoa,les légumineuses et le lait ,les yaourts ,d ailleurs je croyais que le lait de chèvre ou brebis étaient bon et moins gras que le vache .je croyais aussi que les huiles de graines ,lin ,colza et tournesol étaient bénéfiques ..?…je vais bien relire votre article et voir par quoi remplacer mon pain et yaourts du petit déjeuner ….
    Par contre j utilise peu d amidons ,et je cuisine tout .
    Et je reste persuadée du bénéfice d un tel régime pour notre organisme.
    Merci pour vos réponses

    1. Bonjour Sylvie,
      Je fais moi même mon pain au sarrasin, farine de riz, de châtaigne. Ensuite, pour les laitages et les huiles végétales, vous trouverez des opinions partagées. Je vous donne la mienne, mais ne vous attendez pas à un consensus sur le sujet. Aujourd’hui la nutrition est aussi débattue que la politique !
      Pour revenir aux glucides, pas besoin de faire dans les extrêmes. Un bon pain fait maison au sarrasin n’est pas un problème, tant qu’à coté on y va doucement avec riz, pâtes, pommes de terre, etc. Et tout dépend aussi du niveau d’activité physique, etc. Bref, je présente les choses un peu noir et blanc dans l’article pour simplifier, mais en pratique, il faut que tout ceci soit vivable. On peut se faire du bien tout en se faisant plaisir !

  8. Bonjour Christophe,
    je considère sérieusement de tester ce régime. J’en ai essayé plein avant et, comme tu dis, celui ci me paraît cohérent avec notre biologie….
    Sachant que tu le fais, peux tu me dire combien de fois par jour tu manges des protéines animales? Est ce que une consommation journalière de protéines animales peut acidifier l’organisme et fatiguer les reins? ou le fait de consommer une grande quantité de légumes basifie? Aussi est ce que le fait de ne manger que des légumes sans protéines est OK? Pour les enfants aussi? Et, dernière question : comment se procurer des protéines animales de bonne qualité? Surtout le poisson….? Et sans avoir une empreinte écologique trop importante? MERCIIII !!!! Monica

    1. Bonjour Monica,

      Tout d’abord, je répète le fait que je ne suis aucunement militant pour ce type de régime. Il est pour moi logique, et je le conseille chez ceux qui sont ouvert à un changement, pour certains types de problèmes chroniques. Mais tu ne me verras pas « chef de file » du mouvement. L’alimentation et la nutrition est un sujet bien trop complexe et rempli d’attachements émotionnels pour prendre des positions fermes. Je fais souvent la blague suivante : en société il y a 3 sujets que j’évite d’aborder et qui mènent régulièrement au conflit verbal : religion, politique et nutrition. Donc chacun trouve son chemin qui lui est propre. Le praticien doit s’adapter à cela, et aider la personne à gérer les carences éventuelles, car il ne faut pas se leurrer – chaque style à ses avantages et ses limitations. Comme tu le sais, je me base beaucoup sur la santé de la digestion afin de voir si un style convient mieux qu’un autre et pour faire des ajustements.

      Deuxièmement, la plupart des arguments contre ce style sont basés sur une supposition erronée : la surconsommation de viande. Le vrai courant paléo milite pour une consommation limitée de protéines animales, mais d’excellente qualité, provenant d’animaux de commerces de proximité et bio, avec un animal élevé dans le respect. Je ne rentre pas ici dans la partie protection de l’animal. Car en effet, vu qu’au final on va sacrifier l’animal, il n’y a pas vraiment de respect.

      En ce qui me concerne, je ne consomme que peu de viande. Je favorise le poisson. Et lorsque je mange un peu de viande, c’est un petit morceau, qui provient de mon magasin bio local. J’essaye de consommer régulièrement des abats. C’est cher, mais je trouve cela logique (qualité par rapport à quantité).

      Le métabolisme de la protéine crée effectivement une charge acide qui est tamponnée par un apport basique. Donc une assiette traditionnelle avec la majorité de légumes et un peu de viande ne pose absolument aucun problème. Si tu es inquiète à ce sujet, rajoute une tisane journalière minéralisante de type ortie, luzerne, trèfle, etc. Les apports en éléments basiques seront largement couverts.

      Après, si l’on aborde l’aspect écologique, c’est vraiment une discussion compliquée. En effet, tu liras certaines études qui te disent que l’élevage bovin ou porcin détruit la planète (vrai), et d’autres qui disent que la culture industrielle des céréales (qui constitue une certaine portion de l’assiette végétalienne) détruit la planète (vrai aussi). Donc que l’on parle de paléo ou végétarien ou végétalien ou autre, je pense que le point important est (1) local et (2) bio, et quelque soit ce que l’on mange, l’empreinte écologique en sera bien améliorée.

      Trouver une bonne source de fruits, légumes, viande et poisson est compliqué aujourd’hui, car nous naviguons dans un système de chaine alimentaire complexe, biaisé, influencé par les lobbies. C’est donc, là encore, une question locale, un poissonnier de confiance qui arrive à expliquer d’où vient ses poissons (en disant la vérité), ou personnellement je me fie de plus en plus au cahier des charges des biocoops, qui font un excellent travail, car il faut bien faire confiance à quelqu’un.

      Désolé, longue réponse pour un sujet complexe. Mais aujourd’hui, en ce qui concerne la nutrition, pour moi il n’y a rien de blanc et noir. C’est tout dans le gris.

      1. Merci Christophe,
        pour ta longue réponse car, comme tu dis, problème bien trop complexe pour en dire peu, et même en disant beaucoup on pourrait en parler pendant des jours sans jamais trouver de vérité absolue ni d’accord. Tout a fait d’accord que, en tant que thérapeute, il ne s’agit aucunement d’imposer sa propre vérité mais de faire des propositions et s’adapter à la complexité du client! Après, on fait pour soi ce qu’on croit être mieux. Merci de faire remarquer aussi que chaque régime alimentaire a ses avantages et inconvénients ! Et merci aussi de soulever le point que un régime végétarien a des forts impacts sur la planète…. Je pense que une consommation de plantes sauvages comestibles cueillies dans des endroits peu pollués peut aussi donner du sens à ce régime alimentaire ainsi que pallier au problème de la qualité des légumes qu’on trouve, et donner des apports nutritionnels fort intéressants. Mais encore là, le mot d’ordre est la modération !!!

  9. Bonjour cher Christophe
    Pour quelqu’un qui ne mange absolument pas de poissons, conseillez vous systématiquement une complémentation en huile de poissons?…Et si oui tout au long de l’année?
    Autre question: si quelqu’un se plaint d’avoir du mal à digérer les poivrons (ou les tomates) avec leur peau, peut on lier ce malaise à une réaction « d’intolérance alimentaire » ou est ce juste la peau de ces fruits/légumes qui leur « rape » la muqueuse digestive et la leur inflamme?

    1. Bonjour Véronique,
      J’estime personnellement que les compléments à base d’huile de poisson sont utiles dans des cas spécifiques, d’inflammation chronique, de problèmes de névralgies, de problèmes psychologiques (car ces acides gras sont des constituants essentiels pour la sphère cérébrale). Dans l’absolu, si la personne ne mange pas de poisson et n’a aucun de ces problèmes, je ne conseille pas cette supplémentation. De plus, si la personne mange de la viande provenant d’animaux nourris sur herbe, cette viande contiendra des oméga 3. Et pour finir, si cette personne limite les oméga 6 (huiles de graines en particulier, margarines, etc) son taux Omega 3/6 n’est peut être pas si mauvais que cela.

      Pour la deuxième question, cela peut être les deux. J’ai observé plusieurs fois une intolérance aux légumes de la famille des solanacées (tomates, poivrons, piments, etc) liée à des problèmes de douleurs articulaires chroniques. Pas systématique, mais peut arriver. En général, si problème pour digérer les crudités avec inflammations intestinales, toute crudité passe mal – carottes crues par exemple. Le seul moyen de voir est de tester – comment la personne digère une salade de carottes râpées. Si bien digérées, voir la famille des solanacées.

      1. Merci pour toutes ces précisions Christophe…
        J’aime cette façon que vous avez de partager (généreusement) votre expérience….Elle nous permet à tous de progresser…
        A bientôt

          1. Si cuit, dans ce cas j’irais effectivement voir du coté des solanacées, en essayant une petite élimination de la famille pour voir si problématique, suivie d’une réintroduction un légume à la fois pendant qques jours pour pouvoir conclure. Par exemple, réintroduction de l’aubergine. Problèmes digestifs ou pas ? Douleurs articulaires ou pas ? Puis tomate. Puis poivron, etc.

  10. Bonjour
    Je relis attentivement la section consacrée aux lipides : où trouve t-on le beurre de cacao ?

    1. Je l’achète personnellement chez un grossiste qui sert les patissiers. J’utilise la marque Barry. Je constate qu’il est disponible sur internet, ici par exemple : . Je n’ai jamais regardé dans les magasins bio autours de chez moi, j’aurais pensé qu’on arrive à le trouver assez facilement…

      1. Merci, je vais chercher.
        Une autre question : en quoi le natto est-il différent du miso ? Sont-ils interchangeables ?

        1. Le miso est une pâte noire faite à partir de la fermentation d’une bactérie sur du soja ou du riz. Il s’ajoute facilement aux soupes, aux sauces, il se dilue. Le natto est fait à partir de fèves de soja (entières) fermentés. C’est un aliment utilisé en accompagnement du riz ou d’autres plats.

          Je trouve le miso bcp plus facile à utiliser car justement il peut s’incorporer facilement à d’autres plats. Excellent dans les marinades, viandes en sauce, pots au feu, etc. Le natto n’est pas aussi versatile.

      2. Et l’huile de noix de coco ? Je suis allé en Indonésie où on ne cuisine qu’à l’huile de coco. J’habite en Guadeloupe et je suis étonné, voire choqué que l’on n’y fait ni ne trouve ni ne consomme de l’huile de coco, malgré la profusion de cocotiers. (On en trouve au compte-goutte de fabrication artisanale à usage cosmétique).
        Où peut-on en trouver à usage culinaire à un prix raisonnable ?

        1. Très étonnant en effet, local et en abondance. En France on trouve de l’huile de noix de coco à usage culinaire dans les magasins bio. Les biocoops par exemple vendent des pots de 200 ml de bonne qualité et relativement abordables. Sur Amazon on arrive aussi à en trouver :
          Huile de Coco Raffinée BIO – 100 g
          Huile Coco Vierge, pressée à froid bio 400ml
          Après, pour la livraison en Guadeloupe, je ne sais pas trop comment ça marche…

  11. Je viens de découvrir votre site grâce à un ami venu vous consulter. Je suis émerveillée par sa clarté et la mine de renseignements très précis que vous fournissez avec générosité afin de faire passer l’info. Bravo pour les plantes médicinales et les graines, je ne sais pas où vous trouvez le temps de tout faire, félicitations !
    A propos du régime paléo (et de l’article Alimentation et Cancer) j’ai besoin de vous poser deux questions. Le sésame ? utilisé sous forme de gomasio est-il utile, j’ignore le rapport oméga 3 et 6. Les solanacées ? leurs inconvénients ?
    Je pensais en connaitre un bout, je m’intéresse aux régimes depuis 40 ans et gère une colite très ancienne (acquise à l’âge de 15 ans) de façon satisfaisante depuis que j’ai découvert le régime Seignalet (en 2000) suppression du gluten et des produits laitiers.
    Vous donnez des précisions impressionnantes sur des produits comme l’huile de colza ou les noix, qui ne se retrouvent pas ailleurs et que nous ignorons par la force des choses.
    Je suis très surprise à propos de l’huile de colza, j’ignorais le rapport oméga 3 et 6 défavorable et surtout la faible biodisponibilité des oméga 3 dans le corps. Idem pour les noix qui passé le temps où elles sont fraiches et mangées sans leur peau, finissaient par me donner des aphtes une fois sèches. Dans un sens c’est bien, cela simplifiera encore mon organisation dans la cuisine.
    Nicole

    1. Bonjour Nicole et merci pour vos commentaires.

      L’huile de sésame contient entre 35% et 50% d’acide oléique (monoinstaruré), 35% à 50% de linoléique (oméga 6) et entre 7% et 12% de palmitique (saturé). Donc je dirais, si consommé en quantités, à éviter. Pour le gomasio, je n’irais pas trop m’inquiéter car c’est plutôt utilisé pour assaisonner donc pris en petite quantité. Notez tout de même que le fait de griller les graines de sésame va oxyder cette fraction d’omega 6.

      Pour les solanacées, dans mon expérience, ils peuvent être problématiques principalement si douleurs articulaires. Sinon, pas la peine d’essayer un retrait de l’alimentation.

      Félicitations pour avoir pris le taureau par les cornes au sujet de votre colite. Suivre un régime séignalet n’est pas si facile que cela.

  12. Bonjour Christophe,
    Considérant que chaque personne est différente, il me semble très réducteur de n’appliquer qu’un seul « régime ». Bien sûr j’adhère aux recommandations de Seignalet en l’adaptant à l’époque que nous vivons et à la suppression de produits raffinés.
    Mais ma technique est différente de la votre car par chance! certains d’entre nous ont gardé un instinct (de survie) et les besoins peuvent varier d’une année sur l’autre mais aussi d’un mois, d’un jour, d’un individu à l’autre. C’est pourquoi, chaque alimentation devrait être différente pour chaque personne. Et l’écoute du corps et de ses besoins me parait primordiale.

    1. Bonjour Béatrice,
      Comme je l’ai expliqué dans cet article, je respecte tout courant nutritionnel, et je n’ai pas écrit cet article pour démarrer un long débat. Chacun est libre de choisir le sien, chacun obtient ses résultats, établit ses protocoles. D’autres personnes obtiennent d’excellents résultats avec le courant végétarien, macrobiote, ou « adapté » à l’individu. Une telle diversité est formidable.

      En ce qui me concerne, j’ai tranché, basé sur mes recherches et mes résultats jusqu’à aujourd’hui. C’est ce que je recommande lorsque les gens viennent me consulter pour mes compétences nutritionnelles. Beaucoup viennent me consulter pour mon approche sur les plantes, et parfois nous laissons la nutrition de coté. C’est un choix personnel, je n’impose rien.

      En tout cas, je suis content de voir que vous avez trouvé vous aussi un style qui vous convient.

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