Comment faire une teinture par percolation ?
Cet article est destiné aux personnes désireuses de s’instruire sur cette méthode de préparation qui n’est, à ma connaissance, pas utilisée à petite échelle. Pour une méthode plus simple (la macération), voir l'article à ce sujet.
Mais tout d'abord, je vous conseille de regarder cette vidéo, qui vous fournit les instructions d'une manière visuelle (note : la vidéo pour la pulvérisation des plantes se trouve ici).
Et si vous désirez apprendre à fabriquer vos produits maison à base de plantes médicinales, découvrez ma formation en-ligne !
Faire une teinture par percolation
La percolation, encore appelée lixiviation dans le monde de la chimie, a été introduit dans l’herboristerie dans les années 1800. Aux US, ce sont les frères Lloyd, des petits génies de la pharmacie, qui ont mis au point les premières machines pour percoler à grande échelle, avec différents étages pour l’introduction des différents solvants.
Une percolation consiste à préparer un marc de plante broyée et humidifié préalablement de solvant, le placer au fond d’un cône à percolation, verser une colonne d’alcool par-dessus, et laisser percoler à raison d’environ 1 à 2 gouttes à la seconde.
Un cône de percolation est en verre. La meilleure manière de se fabriquer un cône de percolation maison est de couper le fond d’une bouteille d’1.5 litres en verre, avec un bouchon qui se visse sur le goulot pour contrôler le débit de la percolation. Voir photo ci-dessous.
La percolation est supérieure à la macération
La percolation est supérieure à la macération car la plante est constamment traversée par une quantité de solvant vierge, non saturé, qui permet l’extraction optimale des composants, sans problème de saturation.
Prenons un exemple avec l’Hydrastis canadensis, un excellent tonique pour les muqueuses malades. Simplifions à l’extrême – l’Hydrastis contient 2 alcaloïdes principaux, la berbérine, et l’hydrastine. La berbérine est très soluble dans le l’alcool. L’hydrastine est très coriace à extraire. Une macération donne lieu à une extraction rapide et quasi-totale de la berbérine, qui sature la solution. La solution saturée ne peut quasiment plus extraire l’hydrastine. Nous obtenons donc en gros l’équivalent d’une teinture de Berberis vulgaris, et non d’Hydrastis canadensis. La percolation, au contraire, va extraire l’hydrastine. Une fois la berbérine extraite, du solvant vierge et non saturé continue à traverser le marc, et donc peut faire le travail jusqu’au bout.
Toutes les plantes ne peuvent pas être percolées. Si la plante est trop riche en résines ou gommes, il y aura formation d’un « ciment » lors de la pré-humidification. Si la plante a été pulvérisée trop finement, même problème. Et bien sûr, on percole seulement la plante sèche. Si on veut effectuer une teinture de plante fraîche, il faut macérer.
Percolation - méthode détaillée
- Déterminer le bon taux d'alcool et les bonnes proportions plante/alcool. Pour cela, j'utilise plusieurs ouvrages. Mon ouvrage essentiel : la Materia Medica de Michael Moore (foundateur de la Southwest School of Botanical Medicine), un ouvrage qui reste la référence aujourd'hui aux Etats-Unis. J'ai traduis cet ouvrage en Français avec la gracieuse permission de la Southwest School of Botanical Medicine.
- Pulvériser la plante séchée (j’utilise un blender, puis un moulin à café pour les parties plus dures).
- Passer au tamis pour ne garder que les parties les plus fines. Repasser les parties restantes au moulin à café, répéter l'opération.
- Mesurer le volume occupé par la plante broyée et séchée à l’aide d’un verre mesureur (voir pourquoi plus loin). Disons qu'on a 300 g de plante qui occupe l'équivalent de 400 ml de liquide dans un verre mesureur.
- Préparer le solvant. Si on veut une teinture au 1:5 et qu’on démarre avec 300 g de plante séchée, il faudra préparer 300 x 5 = 1.5 litres. Il faudra aussi ajouter la quantité d’alcool qui va rester dans le marc à la fin de la percolation (car on ne pressera pas ce marc). Vu que notre plante occupait 400 ml dans le verre mesureur, on va ajouter 400 ml d’alcool, c’est-a-dire 1.5 + 0.4 = 1.9 litres. C’est le volume total de solvant nécessaire.
- Imbiber la plante dans l’équivalent de 2/3 de son volume de solvant. Ex : on avait l'équivalent de 400 ml de plante dans le verre mesureur, donc on imbibe avec à peu près 260 ml d’alcool. Donc il ne nous restera plus que 1.9 - 0.26 = 1.64 litres pour la percolation.
- Notez bien : on fera attention à ce que le marc soit juste imbibé et pas trempé, sinon on démarre une macération et la percolation est gâchée. Pour tester, on prend une poignée de marc imbibé, on le compacte dans sa main :
- Si le marc ne se compacte pas et la boule s'effrite, rajouter un peu de solvant et remuer
- Si le marc se compacte mais laisse couler du solvant telle l’éponge qu’on essore, on a commencé une macération. Dans ce cas, faire macérer pour ne pas gâcher le marc (attention à bien retirer la quantité de solvant qui correspond au volume occupé par la plante sèche, 400 ml dans notre cas). Pas de percolation possible.
- Si le marc forme une masse compacte et que le solvant ne s’écoule pas ou peu, ne rien changer, on a atteint la bonne imprégnation du marc
- Laisser reposer le marc 24 heures.
- Le lendemain, placer un filtre à café (marron, non blanchi) au fond du cône de percolation. Verser le marc humide par-dessus en plusieurs fois. Tasser à mesure. Placer un 2e filtre par-dessus le marc tassé pour éviter la création d’un cratère dans le marc lorsqu’on verse le solvant par-dessus.
- Notez bien : on fera attention à ce que le marc soit bien compacté dans le cône de percolation, et mieux vaut compacter à mesure que l’on verse le marc, c’est-à-dire compacter par couches. J’utilise un long vase étroit à fond plat pour cette étape.
- Si le marc n’est pas assez compacté, la percolation ira trop vite. Et si l’on essaye de fermer le bouchon au maximum pour ralentir la percolation, on crée souvent un problème d’accumulation de liquide dans le cône qui va en fait macérer le marc.
- Si le marc est trop compacté, ce qui m’est aussi arrivé, le solvant n’arrivera pas à traverser le marc, ou parfois arrivera à trouver un endroit moins compacté dans la colonne et une sorte de percolation localisée va se créer (un cratère se forme).
- Verser le solvant au dessus du marc, toujours garder une colonne d’environ 2 à 4 cm de solvant. Lorsqu'il n'y a plus assez de solvant au dessus du marc, en remettre. Il faut toujours garder un œuil sur la percolation afin de rajouter du solvant d’une manière régulière.
- Regarder avec fascination la teinture produite instantanément (pas besoin d’attendre 3 semaines). Remarquer les différentes couches de couleur dans le récipient. Elles représentent les différents composants extraits à des moments différents de la percolation. On peut aussi goûter à des moments différents; très intéressant.
Non seulement l’extraction sera bien supérieure à celle obtenue par macération, mais la teinture sera aussi obtenue au bout de quelques heures, pas mal lorsqu'on a des contraintes en temps et qu’on ne peut pas se permettre d’attendre 2 semaines.
Pour en arriver à un stade ou l’on arrive à réussir la plupart de ses percolations, il faut bien sûr en avoir fait de nombreuses, et en avoir raté certaines pour apprendre de ses erreurs. Pour finir, quelques photos...
pour épouser la forme de la bouteille
Liens intéressants
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Christel Malcourant dit
Bonjour,
Je voulais savoir si c'est absolument nécessaire de laisser macérer la poudre 24h avec l'alcool avant de faire la percolation ?
Merci pour votre réponse, et bonne fin de journée.
Christel
Christophe BERNARD dit
Bonjour Christel,
C'est comme ceci que j'ai appris à percoler, donc j'ai toujours suivi cette règle. Maintenant, je n'ai pas fait de test 12h ou moins par rapport à 24h par exemple.
Inuksuk dit
Bonjour,
Je suis un autodidacte en Spagyrie du Quebec. Trouvé votre site "par hazard" (!?!) en cherchant autre chose.
Est-ce le bon blog pour discuter de calcination post percolation ?
- avec 500 gr de mélisse/citronnelle sèche, pulverise et tamisé au creuset
- J'essore le marc dans le filter avec un linge fin - coton à fromage -
- étale le marc dans un grand creuset-labo et initie la cacination, à l'extérieur, avec une loupe au Soleil, jusqu'a obtenir des cendre blanc-gris, environ 200 gr..
- lessive ces cendre par percolation-alcool
Les couleurs de chaque solution se ressemblent
Mélange 10ml de chacune dans 200 ml d'eau d'orage filtrée, et çà me donne un "elixir"(?), qui me semble efficace pour l'avoir essayé.en goutes le matin.
Votre avis appécié. Merci.
Christophe BERNARD dit
Bonjour, merci pour ce partage. Ce n'est pas une préparation que j'ai testé donc je ne peux pas vous donner un avis, je connais le procédé de l'élixir spagyrique, j'en ai acheté plusieurs, j'ai été parfois déçu (mais cela témoigne plus du produit que du procédé) et au final, je ne l'ai jamais expérimenté par moi-même. Mais votre retour est très intéressant, je note !
Anne dit
Bonjour Christophe,
je viens de finaliser 2 TM par macération, elles sentent bien l'une la sauge et l'autre l'achillée mille feuilles.
J'ai fini 3 TM par percolation (valériane_couleur miel, passiflore_couleur marron foncé et pavot de Californie_couleur olive foncée), elles sentent toutes trois...le Rhum !
Or je vois dans les autres commentaires que les TM par percolation sentent normalement les plantes.
J'ai scrupuleusement suivi les instructions et dosages.
Je précise que j'ai fait des petites quantités de TM. Celà joue peut-être.
En clair, dois-je jeter mes TM par percolation ? (on ne réussit pas toujours du premier coup)
Merci pour votre réponse et pour la qualité de votre site.
Christophe BERNARD dit
Bonjour Anne,
Le rhum prend souvent le dessus sur les plantes, j'ai remarqué cela plusieurs fois. La valériane étant aromatique, la pulvérisation n'est effectivement pas recommandée, on va perdre beaucoup au passage. Pour la passiflore et le pavot, l'odeur est franchement plutôt discrète, mais le goût amer devrait être bien présent. Donc ne les jetez pas forcément, goûtez-les pour voir si vous retrouvez, derrière le goût du rhum, le goût de la plante.
Hervé dit
Ces dernières semaines, l’air était irrespirable en Région Parisienne… Je me suis donc calfeutré dans mon cabanon-labo et je me suis mis à la percolation…
J’ai réalisé des percolations d’orties (feuilles et racines), de mélisse, d’ail, de feuilles de gingko biloba, de feuilles d’olivier, de feuilles de myrtilles, de feuilles et fleurs d’aubépine, d’un complexe « prostate » composé à parts égales de racines d’orties, de prunier d’Afrique et de fleurs et feuilles d’épilobe… toutes réussies au-delà de mes espérances tant par les couleurs magnifiques qui se sont dégagées, que par les saveurs gustatives exceptionnelles … bien évidemment pour leurs valeurs médicinales également… mais j’avoue que pour certaines la tentation étant trop forte je les ai dégustées dans de petits verres à liqueur avant que des effets significatifs sur mon organisme ne se fassent sentir… (mes préférées ?… les feuilles d’orties et la mélisse…Hmmm !… c’est un régal !.. et en cette fin d’année un petit verre à liqueur d’extraits de plantes, douces ou amères, n’est pas en contradiction avec les us et coutumes…)
Mais on peut aussi tâter des recettes du livre de Christophe « vins médicinaux et élixirs – recettes naturelles de mon herbaliste »
J’ai aussi beaucoup appris par la pratique… ainsi, l’alcool de base était du rhum blanc titré à 50° que j’ai appliqué pour toutes les plantes sèches pulvérisées en respectant les règles établies, que vous, Christophe nous avez enseigné… Les couleurs allaient du vert foncé pour les feuilles d’orties au jaune clair pour l’ail et variaient du rouge brun au bordeaux en passant par le porto pour les autres… Je réaliserais une palette de ces couleurs dans des petits verres à liqueur un de ces jours et vous enverrais une photo souvenir… J’ai toutefois eu des doutes pour la couleur trop claire à mon goût et d’une saveur pas assez prononcée pour les feuilles de Gingko Biloba et j’ai trouvé la solution en allant consulter votre livre bourré de bons conseils « les recettes secrètes de mon herbaliste » et j’ai découvert que la teneur en alcool pour une teinture de feuilles de Gingko devait être de 60° !… J’ai donc trouvé un rhum blanc titrant 59° et j’ai recommencé ma manip et là … vraiment, c’est incomparable… la couleur est d’un rouge foncé et l’amertume de la teinture concurrence le goût très amer des feuilles de romarin ou des feuilles de myrtilles… J’ai pensé que son action pour mes neurones et mon glaucome n’en était sans aucun doute, plus efficace !…
Je consulte très souvent vos livres, Christophe, qui devraient trôner dans toutes les bibliothèques de vos blogueurs et qu’on peut trouver plus que jamais en cette fin d’année à la Fnac ou (pardon pour les puristes…) chez Amazon… aux Editions « La Source Vive » : « Vins médicinaux et élixirs » et « les recettes secrètes de mon herbaliste »… (je ne perçois aucune commission !…).
BONNES FETES DE NOEL ET DE FIN D’ANNEE 2016 ET BONNES, HEUREUSES ET JOYEUSES FETES DE DEBUT D’ANNEE 2017 A TOUTES ET TOUS !… EXCELLENTE SANTE !…
Hervé dit
je souhaite faire une percolation avec du rhum blanc à 55° d'un mélange de feuilles de plantes pulvérisées :
- olivier
- aubépine
- gingko biloba
et peut-être passiflore (?)
que pensez-vous d'un tel mélange à proportions égales...
Christophe BERNARD dit
Pour la partie thérapeutique, je dirais tout dépend du contexte 🙂 D'un point de vue technique de percolation, toutes ces plantes se percolent avec des degrés d'alcool équivalent donc tout à fait possible.
Hervé dit
bonjour Christophe et merci pour votre réponse... le contexte est de pouvoir regrouper en un seul produit bien concentré des plantes qui agissent 1) sur la circulation sanguine et 2) sur la tension artérielle... Il y en a bien d'autres mais pour moi actuellement les essentielles sont l'aubépine, l'olivier et le gingko... J'aurai bien rajouté les feuilles de myrtilles et la passiflore, mais les 3 premières citées me paraissent essentielles pour HTA et glaucome ... Il est vrai qu'actuellement je prends déjà les trois mais séparément et que je peux très bien continuer ainsi mais de les rassembler en un seul flacon me parait judicieux... à voir ?...
Hervé dit
bonjour... ce week end, j'ai réalisé trois teinture par percolation, olivier, gingko biloba et feuilles de myrtilles, en respectant scrupuleusement les mesures et proportions que vous spécifiez, Christophe, tant dans votre livre "les recettes secrètes de mon herbaliste" que dans votre vidéo et devant les couleurs splendides des teintures obtenues , je me suis dis qu'effectivement je maitrisai désormais parfaitement bien les différentes manip en respectant les dosages. Après avoir récupéré les précieux extraits et les avoir mis dans des flacons colorés pour les conserver, j'ai voulu poursuivre les expériences en rajoutant quelques ml d'alcool sur la poudre de plante imbibées dont je venais d'extraire les composants et le résultats fut sans appel: par exemple les feuilles d'olivier donnent pour le premier passage un extrait couleur café, très noir... Le deuxième est un jus marron clair qui n'est en fait que de l'alcool légèrement coloré...
Je me suis alors demandé comment vous avez fait pour déterminer aussi précisément les formules des dosages, d'abord pour imbiber (I=2/3xV) car là aussi la quantité d'alcool est pile poil ce qu'il faut (pour ce qui est de mes manip) et la quantité totale (Q=A-I) est également sans appel car il ne reste rien à soutirer de la poudre de la plante....
Chapeau l'artiste !... et Merci pour votre partage des connaissances....
Christophe BERNARD dit
Merci pour ce retour d'expérience Hervé. J'aimerais bien pouvoir prétendre à ces formules, mais elles ne sont pas de moi. Je les ai apprises de Michael Moore, qui lui même les a récupéré des anciens traités de pharmacie.
Bennis Houda dit
Bonjour,
Merci pour toutes ces explications. Je suis toute nouvelle dans la cosmétique home made et j'aurai besoin de savoir par quelle méthode passer pour avoir une teinture de vigne rouge (macération ou percolation ) et la mesure
Christophe BERNARD dit
Bonjour, en général on utilise 500 ml d'alcool à 45° pour 100 g de feuilles coupées finement et on laisse macérer pendant 2 semaines puis on presse et on filtre. La percolation est possible mais pas nécessaire, la macération fonctionne très bien.
Edwige dit
Bonsoir,
Merci à vous tout ce partage de connaissances.
Je souhaitais savoir si une teinture mère de plantes fraîches était plus riche en principes actifs qu'une percolation ou même extrait fluide pour les plantes supportant le séchage ?
Est-il possible de faire une percolation avec une plante quasi fraîche ? Je ne crois pas mais je préfère demander confirmation.
Christophe BERNARD dit
Bonjour Edwige,
Dur de comparer tout cela. Mais voici mon opinion pour de nombreuses plantes, classe dans l'ordre de richesse :
1. teinture de plante fraiche
2. percolation de plante sèche
3. macération de plante sèche
Parfois et je dirais même souvent, la différence entre 2 et 3 n'est pas notable. Pour certaines plantes, la macération de plante sèche est aussi bonne que la fraiche (ex : feuille d'artichaut pour n'en citer qu'une). Donc pas une règle qui s'applique dans tous les cas, mais dans de nombreux.
Avec la plante quasi fraiche, vous n'arriverez pas à la réduire en poudre, elle est encore trop souple. Et donc percolation pas possible.
Edwige dit
Merci beaucoup pour votre réponse.
Je pensais faire l'une des préparations pour de la camomille allemande. Sous quelle forme vous paraît-il le mieux ?
Pour savoir si les plantes tiennent bien le séchage, les indications du livre la materia medica suffisent-elles ? Sinon, comment le savoir ?
La différence des préparations quand les vertus sont presque les mêmes pour les plantes jouent donc sur la quantité d'alcool à prendre ? La teinture ère de plantes fraîches et l'extrait fluide sont de 1:1 alors que la teinture mère de plantes séchées est de 1:5 ?
Christophe BERNARD dit
Pour la camomille allemande, sans hésiter, macération de plante fraiche.
Pour voir si les plantes tiennent bien le séchage : ceci n'est pas documenté à ma connaissance, donc expérience. Une règle qui fonctionne en général : si la plante est aromatique, elle tolère mal le séchage (quelques exceptions : thym, romarin relativement stables).
Les différentes préparations, à vertus égales, se choisissent en fonction de ce qu'on a sous la main (plante fraiche, sèche, alcool pur ou pas) ou effectivement en fonction de la concentration, bien que l'extrait fluide soit un travail que pas tout le monde ne tente.
Mystic'Deb dit
Bonjour,
Je me suis mise à faire mes propres soins Maison, en commençant par des macérats huileux, H.A.G, et puis par la suite d'autres actifs : Extraits spécifiques, Vit.E,...etc.
Passionnée des parfums c'est tout naturellement que je me lance dans les extraits à parfum à partir de matière première : Ambrette, Jasmin, Tonka, Vanille, Cardamome, Ambre, Benjoin, Copal, Patchouli, Santal, ...Etc.
Je me tourne vers vous car vous êtes mon site de référence, et ainsi, vos connaissances me seraient précieuses !
Sachant qu'un 1er extrait est à faire avec un solvant organique volatil, puis, après filtrage et évaporation, il faut "laver" la concrète à l'alcool (ethanol) pour parvenir à l'Absolue !
Qu'elle serait votre avis et conseils concernant le choix du solvant volatil ???
Pour parvenir à extraire toutes les molécules olfactives, quel est le temps nécessaire à une bonne macération ?!?
Pour le jasmin, que j'ai pu trouver sec, pensez-vous que la percolation serait une bonne alternative ???
Car pour les fleurs, l'idéal serait qu'elles soient fraiches !
Dans l'attente de votre réponse, je vous remercie pour tous vos articles et précieux conseils, qui m'apprenne beaucoup.
Bonne journée.
Christophe BERNARD dit
Bonjour Deb,
Le monde du parfum n'est pas mon expertise. Mais bon, je m'aventure à répondre.
- L'éthanol pur est très volatil - ne serait-il pas un bon solvant pour le premier extrait ?
- L'extraction dans l'éthanol pur est très rapide - en 2 ou 3 jours le plus gros du travail est fait pour les molécules olfactives
- Jasmin et perco : non, vous allez perdre les arômes pendant la pulvérisation. Il faudrait effectivement faire avec les fleurs fraichement cueillies.
Hervé GOURIOU dit
à chaque fois que je réalise une percolation je suis ébahi par le résultat obtenu !...
je viens de faire une percolation de feuilles bien vertes de gingko biloba (pour un problème de tension oculaire / cf votre article sur le sujet) et leur percolation effectué suivant la procédure que vous avez si bien décrite avec du rhum blanc m'a procuré un liquide rouge comme du porto !... le goût et l'odeur n'ont plus rien à voir avec le rhum...
A chaque fois, je m'amuse à la fin du dosage mesuré et quand plus aucune goutte ne sort, à changer de récipient collecteur et à verser une dose de nouveau rhum blanc (quelques cl) mais la couleur du liquide qui en sort au goutte à goutte est un rhum juste teinté un peu jaunâtre qui prouve bien que le plante a donné tout son jus.... alors je me fais un grog en plongeant le résidus de plantes encore imbibé de rhum dans un casserole d'eau bouillante et que je laisse infuser quelques minutes... Comme çà tout n'est pas perdu !...
Michele dit
Un grand merci pour toutes ces informations très claires. J'ai énormément appris avec vos explications, et suis sûre que je vais encore en découvrir! je suis abonnée à l'Atelier des plantes!
Pour ce qui concerne le "solvant", les pharmaciens à qui je me suis adressée ne vendent pas d'alcool. En lisant les commentaires, je vois que les autres n'ont pas ce problème d'approvisionnement.
Avant de lire vos explications, j'ai tout simplement acheté du rhum blanc dans lequel j'ai mis à macérer des bourgeons de mélèze, sans calculer une quantité particulière, dans l'objectif de fabriquer une boisson agréable, dans des bocaux que j'ai laissés à macérer depuis ce printemps et que je retrouverai en Juillet lors de mon arrivée en vacances.
Maintenant que j'ai lu toutes vos précisions, je me demande si les bourgeons de mélèze ne seraient pas toxiques d'une part, et d'autre part si le rhum blanc peut constituer un bon solvant pour d'autres expériences ?
Merci par avance de vos conseils...
Christophe BERNARD dit
Le rhum est un solvant tout à fait acceptable, pas de problème.
Et le mélèze est une plante utilisée en gemmothérapie, par exemple voir ici :
http://biosimples.com/meleze-bio-larix-europaea-gemmotherapie-p-455.html
Laurent dit
Bonjour Christophe.
Aujourd'hui, j'ai terminé ma deuxième percolation ! Au niveau qualité, je dirais ma vraie première 🙂
J'ai investi dans un moulin à café électrique ainsi que de l'alcool chinois à 55 °C pour faire de la racine d'éleuthérocoque : je veux vraiment tester les effets de cette plante à l'air si prometteur !
En fait, j'ai un doute sur l'étape de "pré-macération" de 24h. Je vous explique.
-> J'ai broyé 50 g de racine (achetée en magasin). La mouture est très fine, le moulin à café c'est le top ! Il faudra donc 250 mL d'alcool.
Au verre mesureur, après broyage, on a 100 mL sur l'échelle des liquides : j'ai donc fait la pré-macération avec 2/3 x 100 = env 70 mL.
=> En fait ici, je me suis rendu compte une heure après que c'était pas assez humide (broyage si fin que ça absorbe à mort). J'ai donc rajouté 2 bouchons d'alccool pour avoir une texture plus compacte et plus humide. Mais en fait, j'ai l'impression que même en ayant largement dépassé les 2/3 du volume, l'humidité est trop faible et j'ai un doute sur cette étape.
Ce qui me fait peur, c'est la couleur du produit final (voir photo) : il s'agit d'une bouteille de vinigre de 250 mL prise devant une feuille quasi blanche. Pourriez-vous SVP m'indiquer, d'après la couleur, si vous pensez que le produit est réussi ou pas ?
Figurez-vous que ma première perco de bardane (plante, pas la racine) qui était broyée très grossièrement ( à la main) a une couleur très sombre, ce qui m'indiquerait qu'elle est plutôt réussie malgré les approximations ! Or pour celle-ci, d'éleuthérocoque, où j'ai tout bien fait de A à Z, la couleur claire me ferait penser que je l'ai ratée. J'aimerais votre avis SVP.
Merci !
Cordialement.
PS : zut, il semblerait que la nouvelle version du site (qui est quand même très belle !) ne nous permette plus de mettre de photo ?
Laurent dit
Re-bonjour ;
Si vous le permettez, voici la photo que j'ai mise en ligne :
[URL=http://www.hostingpics.net/viewer.php?id=326041P4220410.jpg][IMG]http://img11.hostingpics.net/thumbs/mini_326041P4220410.jpg[/IMG][/URL]
ou ici (je ne sais pas trop lequel marche) :
http://hpics.li/289c3f5
Merci à vous.
PS : peut-être qu'une photo de toutes vos teintures mères réalisées pourrait être utile, afin que les gens n'en ayant jamais réalisées puissent se repérer d'après les intensités de couleurs !
Christophe BERNARD dit
Je n'ai hélas jamais pris en photo toutes mes teintures, j'aurais du... je n'aurais pas pensé que cela puisse servir un jour 🙂
Christophe BERNARD dit
Bonjour Laurent,
Réponse tardive, semaine dernière très chargée.
La quantité de solvant nécessaire pour imbiber la plante n'est qu'un point de départ. Il faut parfois en rajouter plus, ce que vous avez fait, c'est bien. Et faire le test de la boule pour voir si elle reste compactée ou pas, comme montré dans la vidéo.
C'est la couleur qui m'embête un peu. Trop clair pour de l'éleuthérocoque. La teinture est en général marron foncé. Ou alors plante de mauvaise qualité ? Il aurait fallu faire une macération pour pouvoir comparer. Il vous en reste ? Si oui, broyez au moulin à café et faites une macération, coté couleur vous serez fixé au bout d'une dizaine de jours.
Laurent dit
Merci à vous.
Je vais faire cela ; il faut aussi savoir que l'alcool utilisé est à 56°, pas 60°... M'enfin 4° de différence je ne suis pas sûr que ça puisse expliquer le problème.
Je testerai la macération en mini quantité pour comparer la couleur.
Bonne journée !
Christophe BERNARD dit
Non je confirme, les 4° n'auraient pas fait de différence.
Jean-Simon dit
Bonjour, j'ai récemment commencé à m'intéresser aux bienfaits des plantes et herbes. Grâce à votre site web, j'ai obtenu plusieurs réponses à mes questions, mais certaines subsistent.
- En terme d'efficacité médicinale, quelle est la différence entre les teintures mères obtenues par percolation et les huiles essentielles obtenues par distillation? Est-il préférable de distiller certaines plantes et d'en percoler d'autres, selon les composés chimiques de la plante? Origan, cardamome, coriandre, thym : huile essentielle ou teinture mère?
- J'ai récemment récolté du chaga ( Inonotus obliquus ), qui est un champignon et non une plante. On dit de le préparer en décoctions mais pourrais-je en faire une teinture mère par macération en me basant sur les dosages pour les macérations de racines de plantes ?
- Est-il possible de réaliser des teintures mères de champignon reishi ( Ganoderma lucidum ) ?
Je vous remercie d'avance
PS: Super site, vous êtes véritablement calé en la matière, merci de partager votre savoir avec le monde !
Christophe BERNARD dit
Bonjour Jean-Simon,
La différence entre une macération alcoolique (teinture) et une huile essentielle est assez importante. Dans la teinture, vous avez les composants aromatiques (les huiles essentielles) mais vous en avez peu en comparaison avec les HEs. Vous avez par contre de nombreuses autres substances : tanins, alcaloïdes, hétérosides, gommes et mucilages, etc. Ce qui fait que la teinture est une bien meilleure représentation de la plante entière. Toutes les plantes se macèrent dans l'alcool. Par contre, pas toutes les plantes ne se distillent. On macère une racine de gentiane par exemple, mais on ne la distille pas car elle ne contient pas ou très peu d'aromatiques.
Pour le chaga, regardez du coté anglais, vous trouverez de nombreuses recettes. Il faut faire une double extraction, d'abord une extraction à l'alcool, suivie d'une extraction à l'eau, puis on mélange les deux phases. Voir ici par exemple :
http://mountainroseblog.com/mushroom-double-extraction/
- Pour le reishi, pareil :
http://www.swsbm.com/school/files/quiz7part4.pdf
Martin dit
Bonsoir et merci pour ces précieux "savoir-faire" que vous dévoilés.
J'aimerai savoir si la percolation accélère le processus d'activation des principes actifs de mélange d'herbes chinoises qui demandent parfois, selon la tradition ancestrale, une à trois années de macération simple dans de l'alcool?
Christophe BERNARD dit
Bonjour Martin,
La tradition chinoise, pour la quelle j'ai un énorme respect, a ses propres règles que parfois nous ne comprenons pas ici à l'ouest (surtout lorsque nous n'avons pas étudié le pourquoi). D'un point de vue purement chimique, la percolation fait un excellent travail d'extraction. En principe, lorsqu'on laisse macérer une teinture d'un mélange de plantes pendant plusieurs années, il peut se créer des associations entre substituants et précipitations parfois, ce qui est plutôt négatif pour la qualité de la teinture. Par exemple, les alcaloïdes peuvent s'associer aux acides tanniques pour former des sels, et ces sels rendent à la fois les alcaloïdes et les tanins non-disponibles.
Donc d'un point de vue chimique, on a tendance à y perdre un peu avec une attente longue.
Vous savez si cette règle s'applique à toutes les macérations alcooliques ou juste à certaines plantes ?
Maël dit
Bonjour,
Tout d'abord, mes félicitations pour votre site. C'est une mine d'informations passionnante et ludique, très beau travail !
Je me suis posé une question dont je n'arrive pas à trouver la réponse. Est-il possible et pertinent de réaliser une percolation utilisant de l'huile comme éluant? Plutôt que réaliser une macération huileuse. J'imagine, vu la viscosité de l'huile, qu'il faudra une vitesse d'élution plus faible qu'avec l'alcool, et une poudre plutôt grossière. Avez-vous déjà essayé?
Christophe BERNARD dit
Bonjour Maël, je n'ai jamais essayé mais je pense effectivement que la viscosité de l'huile bloquer la percolation.
abdallah alouache dit
bonjour, je vous remercie et je vaudrait savoir quelle est la différence entre extrait et teinture mère. et est-ce que je peut obtenir un extrait de curcuma longa par cette méthode et si c'est la cas quelle est le degré alcoolique et la quantité d'alcool que je dois utiliser, merci infiniment..
Christophe BERNARD dit
Le terme "extrait" est un peu vague et peut désigner plusieurs préparations sur le marché. Il vaut donc mieux être plus spécifique. Si l'extrait est un macérat glycériné, on sait de quoi on parle. Pareil pour un extrait hydroalcoolique, une teinture en d'autres termes. Le curcuma peut se préparer sous forme de teinture effectivement, ce n'est pas la meilleure manière de le prendre car la plante brute pulvérisée garde ses propriétés pendant assez longtemps, donc pourquoi rajouter de l'alcool. De plus, pour prendre une quantité équivalente à 8 à 10 g de plante, il faudrait absorber 50 ml d'alcool, une dose conséquente.
Ceci étant dit, pour répondre à votre question :
- curcuma sec, alcool à 45°, taux de 1:5 (voir article sur la teinture par macération)
- curcuma frais, alcool à 85°, taux de 1:2.
Benoit dit
Bonsoir,
J'ai lu dans un des commentaires (peut être d'un autre article) que vous aviez un doute sur la possibilité de faire une percolation a partir de millepertuis sec, je viens d'en réaliser une d'un rouge très profond avec une belle odeur. Pas de problème particulier rencontré. J'ai récupéré quasiment le volume de TM attendu. Par curiosité je viens de tenter de gélifier 100 ml de ma TM et il y a eu une réaction bizarre dès que j'ai rajouté la feuille de gelée, la solution s'est troublée. A voir demain matin, je l'ai mise au frigo.
J'ai une question concernant les doses de TM à prendre : prenons comme hypothèse qu'on doit administrer 5g de plante sèche par jour, ça revient à administrer 25ml de TM par jour avec un rapport 1:5. Ça ne correspond pas du tout au doses en gouttes que l'on voir partout (30 à 60 gouttes par jour) sachant qu'une goutte fait 1/20 ml soit 60 gouttes = 3ml. Je ne comprends pas ce décalage dans les doses. De plus prendre 25 ml d'alcool par jour me parait pas très raisonnable. J'ai l'impression que je me trompe, éclairez moi svp.
Benoit
Christophe BERNARD dit
En fait lorsque vous regardez les doses sur les ouvrages, vous allez constater un décalage entre les doses recommandées en gélules, en infusion/décoction ou en teinture. C'est comme ça, il faut l'accepter, car nous devons aujourd'hui faire un "mashup" de plusieurs traditions et types d'utilisations. Si vous avez trouvé dans un ouvrage 5 g de plante en infusion, vous ne pouvez pas traduire cela par 5x5 = 25 ml de teinture. Chaque type de préparation a sa dose, et il serait magnifique d'y trouver une correspondance, mais ce n'est pas le cas.
Benoit dit
Bonjour,
Tout d'abord, félicitations pour votre blog, il est vraiment super et très riche en informations intéressantes et précises. Je viens d'acheter votre livre que j'ai dévoré en un après midi!! MERCI!
Je fais quelques teintures mères de temps en temps et j'ai des questions qui me posent problème.
Je veux au final faire un traitement à base de millepertuis, griffonia, eleuthérocoque .
- Vaut-il mieux faire une teinture pour chaque plante séparément et les mélanger par la suite ou percoler un mélange de plantes pulvérisées?
- Est-il judicieux de préparer un mélange de plusieurs TM à l'avance pour un traitement de 1 mois par exemple? Quelle est la stabilité d'un mélange de TM?
- Au niveau doses si en prenant les plantes séparément je dois prendre 30 gouttes de chaque, dois-je prendre 120 gouttes du mélanges? ou dois-je baisser le dosage car je considère qu'elles vont toutes bosser dans le même sens et en synergie. Quel dosage dans ce cas là?
Je compte conditionner un mélange des 3 TM dans un bocal a confiture en le gélifiant avec de l'agar agar, le garder au frigo et prendre 1 à 2 cuillères à café de gelée dans un jus d'orange froid le matin. Je pense que ça limitera le goût amer. Vous avez déjà essayé? La stabilité d'un mélange de TM gélifié est-elle plus grande que celle d'un mélange de TM liquide?
Voilà j'ai terminé avec mes questions, certainement que d'autres me viendront par la suite;).
Bonne continuation et encore merci pour votre travail!
Ben
Christophe BERNARD dit
Bonjour Benoit,
- Mieux vaut teinturer les plantes séparément et ceci pour 2 raisons. Premièrement certaines demandent un taux d'alcool différent. Mais surtout le fait que cela vous donne plus de flexibilité pour le futur, pour utiliser uniquement le millepertuis ou l'éleuthérocoque par exemple.
- La stabilité d'un mélange peut être impacté par ses constituants. Par exemple, les tanins interagissent avec les alcaloides et se précipitent. La précipitation se fait sur un temps assez long, donc sur un mois, pas de problème de mélanger les teintures ensemble, le mélange restera stable.
- Oui pour 120 gttes du mélange, ce qui fait 1 c-à-café. Une fois que l'on commence à dépasser les 10 à 15 ml par jour, alors on commence à réduire les doses des plantes individuelles. Par exemple, si vous voulez prendre 5 plantes et que les doses traditionnelles pour ces plantes sont 5 ml 2 fois par jour, vous n'allez pas faire 25 ml 2 fois par jour. Vous essayez de rester dans les 10 à 15 ml max pour le mélange.
- Pas besoin de gélifier pour mélanger dans du jus, vous pouvez tout simplement mélanger les teintures dans du jus, un grand classique pour ceux qui ont du mal avec les goûts. La stabilité ne sera pas plus grande, au contraire, car pour faire prendre la gélatine, il faudra chauffer le mélange, et donc risquer de détruire certains constituants fragiles.
Hervé GOURIOU dit
très cher Christophe,
je viens vous embêter encore une fois avec mes interrogations car je maitrise assez bien les percolations et macérations de plantes sèches ou semi sèches, grâce à vous !... Je vous en remercie vivement encore une fois....
Bon, fini les salamalecs, passons aux questions que je me pose...
La règle est que pour 100gr de plantes sèches on mesure 500ml d'alcool à 50/55° pour la macération, pour la percolation on rajoute l'alcool pour imbiber la poudre au préalable et l'on fait de petites règles de trois pour obtenir la quantité d'alcool nécessaire.
Mes questions sont les suivantes:
1- Si l'on augmente la quantité de poudre de plantes sèches sans toucher au volume d'alcool n'y aurait-il pas une plus forte concentration des éléments solubles de la plante dans le produit final et de ce fait une teinture mère plus concentrée ?...
2 - Si l'on garde les proportions définies pour une percolation (poids de poudre sèche et volume d'alcool) et que l'on refait un deuxième passage de l'alcool maintenant chargé des constituants de la plante sur la même poudre encore imbibée et toujours présente dans le filtre en la mélangeant délicatement pour ne pas déchirer le filtre ne pourrait-on pas augmenter la concentration dans le produit final, au cas où il resterait encore éventuellement des constituants actifs qui n'auraient pas été dissous... Quels seraient les risques ?...
Merci pour votre sollicitude et votre compréhension à l'égard d'un néophyte !!...
Christophe BERNARD dit
Bonjour Hervé,
D'excellentes questions. Je vais y répondre de mon mieux, sachant que je n'ai pas de certitude absolue. Les pharmaciens des années 1800 en particulier ont fait un énorme travail d'expérimentation, augmentant et diminuant les quantités d'alcool, modifiant les pourcentages, etc. Je m'en réfère en particulier aux frères Lloyd de la Lloyd Pharmaceutical aux Etats-Unis, qui étaient tout simplement des petits génies de l'extraction.
Question 1 : vous avez des teinturations au 1:2 ou au 1:3, pratiquées en particulier en Angleterre. Ces percolations demandent des taux plus élevés en alcool, pas de l'alcool pur, mais de l'alcool plus élevé qu'un 1:5. Par contre, je n'ai pas les tables ni les infos. Ce n'est pas un produit classique comme le 1:5. Donc oui, possible, mais je ne pourrais pas vous donner les spécificités en alcool.
Question 2 : pas une bonne approche, et ceci a été essayé plusieurs fois dans le passé par différents fabricants de produits liquides à base de plantes. On a essayé la double macération, la double perco, etc. Après le premier passage, votre alcool est chargé en constituants et perd son pouvoir de solubilité. Vous annulez le gros avantage de la perco qui est de toujours faire passer un alcool neuf sur la plante.
Par contre.... vous avez aujourd'hui des procédés qui sont très intéressants. Le procédé EPS par exemple, qui est breveté, mais une version simple est tout à fait faisable. On fait plusieurs passage en perco sur la plante avec plusieurs concentrations d'alcool en commençant par de l'alcool faible et en finissant avec de l'alcool fort. On va extraire toute la gamme des constituants. Par contre, on se retrouve avec une énorme quantité de liquide à la fin. Il faut évaporer ! Et pour l'EPS, on évapore tout et on bascule dans de la glycérine végétale. Mais on pourrait évaporer seulement jusqu'à obtenir du 1:5.
Ce qui nous amène à l'extrait fluide 1:1, une version très simplifiée de cette méthode :
- Premiere passe est une perco avec de l'alcool fort autour de 70°. La quantité obtenue en fin de perco doit être 75% de la quantité finale obtenue. Si l'on démarre avec 100 g de plante, on désire 100 ml à la fin, donc première perco jusqu'à obtenir 75 ml.
- On met de coté.
- Deuxième passe à 40°, quantité pas importante, disons 200 ml
- Troisième passe à 20°, disons 200 ml
- Dernière passe avec de l'eau, disons 200 ml
- Quantité totale de la deuxième perco est 600 ml. Il va falloir évaporer jusqu'à obtenir 25 ml, que nous rajouterons aux 75 ml de la première perco pour obtenir du 1:1. Et on peut faire chauffer, car tous les aromatiques ont été extraits par la première perco !
L'extrait fluide et un liquide épais et puissant. Bon, vous me rappelez qu'il faut que j'écrive un article sur le sujet 🙂
Hervé GOURIOU dit
Merci Christophe pour votre longue réponse détaillée et très structurée...
Je ne pensais pas que ces sujets aient fait l'objet d'autant de manip et en y réfléchissant il est intéressant de continuer à chercher et à "pousser le cochonnet" le plus en avant possible...
Je vais y réfléchir... en attendant votre rédaction d'une fiche sur le sujet...
Merci...Bonne nuit !!!
Hervé GOURIOU dit
Bonjour Christophe,
Je suis revenu sur terre !... effectivement je me demande pourquoi je m'étais mis dans la tête de faire une percolation de racines de consoude ... C'est effectivement bourré de mucilages et à peine une goutte d'eau que la poudre devient du chewing gum !!! Je n'ose imaginer le blocage avec l'alcool.... De plus, il est préférable de faire une macération huileuse car la vocation de la racine de consoude est d'être utilisée en massage ou cataplasme donc l'huile est la mieux appropriée....
Je vais me retourner vers la passiflore et l'ail (?...) pour mes premières percolations... J'ai aussi plusieurs sachets de feuilles sèches de menthe et de sauge qui datent de la saison dernière... J'ai de quoi me faire la main !.... Merci et bon bissap glacé!!....(avec cette chaleur çà fait du bien...)
Christophe BERNARD dit
Je tourne effectivement au bissap depuis plusieurs semaines 🙂
Pour la consoude, tout dépend l'objectif. Si coup/traumatisme en profondeur (os/cartilate), la teinture diluée peut elle aussi être très efficace.