La sauge est simple d’apparence.
Elle se laisse facilement cultiver au jardin. Et vous la trouverez (décevante et morte) sur toutes les étagères de supermarché.
Mais en pratique, elle demande une certaine finesse d’utilisation…
La bonne à tout faire…
Lorsque j’ai démarré dans le monde des plantes, voici une chose qui m’a frustré : le concept de la plante qui sait tout faire.
Vous voyez de quoi je parle ? Vous ouvrez un livre et vous avez ces plantes pour lesquelles il y a tellement d’utilisations possibles que la tête vous tourne.
Du coup vous fermez le livre et vous ne retenez rien.
Ensuite, c’est au travers de la pratique que l’on arrive à repositionner la plante et à l’utiliser pour quelques applications spécifiques.
J’ai dit quelques ! Pas des dizaines. Il faut arriver à maîtriser ces quelques utilisations et laisser les autres de côté.
C’est le cas de la sauge. Je ne vais pas vous donner une longue liste de tout ce qu’elle pourrait éventuellement faire. Je vais vous donner une petite liste des choses qu’elle sait vraiment bien faire.
Et je sais, ma liste n’est pas complète. Mais ça, c’est pour vous aider à y voir plus clair !
Tonique et stimulante
Commençons par une notion assez subtile de plante ➜ tonique et stimulante, un peu comme le romarin.
Et là, je ne parle pas de stimulants comme le café ou le thé ou tout autre excitant. Pas du tout.
Je parle de plantes qui relancent petit à petit certains processus vitaux et qui vont nous aider à nous sortir d’une période de fatigue ou de surmenage.
Le docteur Cazin, qui a pratiqué dans les campagnes françaises dans les années 1800, nous dit ceci :
Elle provoque de la chaleur dans l’estomac,
facilite la digestion, active les fonctions circulatoires,
exerce une impression marquée sur le système nerveux.
A l’époque de Cazin, on n’avait pas le temps de s’encombrer avec des plantes faiblardes qui n’agissent pas d’une manière marquée. Si Cazin, Leclerc et Valnet la positionnent comme une stimulante efficace, c’est qu’elle fonctionne.
Elle peut aider à relancer la machine dans les périodes de fatigue, de surmenage, après une longue maladie ou dans les épuisements nerveux. Elle est donc indiquée pour les faiblesses physiques et mentales.
Un peu comme le romarin, la sauge va, tout doucement :
- Relancer le système digestif. On digère mieux, on profite plus des nutriments que l’on absorbe.
- Améliorer la circulation. Ce n’est pas une grande plante circulatoire, mais elle va avoir une action non négligeable de ce côté-là. Faire circuler = améliorer le fonctionnement de l’organisme.
- Stimuler le système nerveux au fil des semaines, peu à peu.
C’est ça, l’effet stimulant dont on parle. C’est une notion que l’on retrouve dans les médecines chinoises ou ayurvédique, ce concept de relancer peu à peu le feu vital.
Concept très mal compris aujourd’hui. Ne prenez pas une infusion de sauge si vous êtes fatigué, cela ne servira à rien. On parle d’une relance de la vitalité sur plusieurs semaines.
Ceci se fait avec les plantes comme la sauge, le romarin, l’angélique, avec les plantes adaptogènes aussi.
Notez au passage que l’on ne prend pas la sauge seule ou à de fortes quantités pendant de longues durées, j’y reviendrai un peu plus bas. On peut donc la combiner judicieusement avec d’autres plantes pour reprendre le dessus sur ces périodes de fatigue.
Une féministe
La sauge est à la fois importante et efficace comme ➜ régulatrice du cycle et des règles difficiles.
Je vais vous donner une clé d’utilisation : c’est une plante qui a un caractère chaud et stimulant.
Elle va donc être plutôt adaptée à un état de déficience et de froideur de la personne, sensation de froideur sur le bas ventre pendant les règles, sentiment de faiblesse pendant les règles, avec parfois une petite baisse de la tension. Sensation de congestion du bas ventre, de manque de circulation.
D’une manière générale, c’est le docteur Henri Leclerc qui nous donne la description la plus enthousiaste. Il explique que la sauge a une grande valeur pour normaliser :
- la quantité ;
- la qualité ;
- la périodicité ;
- et la durée de l’écoulement des règles.
Ceci se fait grâce à deux actions. (1) Elle est stimulante, c’est-à-dire qu’elle ramène la fonction vers le système reproducteur. (2) Elle est antispasmodique, c’est-à-dire qu’elle relaxe les crampes.
Là encore, on ne va pas forcément utiliser la sauge seule. On peut la combiner avec des plantes comme la matricaire pour calmer les douleurs et les spasmes, l’achillée millefeuille pour décongestionner le petit bassin, etc.
Ménopause
Pendant la ménopause, la sauge va ➜ améliorer les bouffées de chaleur et sécheresses vaginales.
D’abord elle stimule les récepteurs aux oestrogènes. C’est ce qu’on appelle une activité oestrogénique, ce qui est bienvenue à une période où la production d’oestrogènes chute.
La sauge a aussi une activité anti-sudorale, c’est-à-dire qui freine la transpiration qui accompagne souvent les bouffées de chaleur.
De nombreux médecins du passé ont démontré cette action lorsqu’il y avait des sueurs nocturnes suite à des fièvres prolongées, avec des effets qui se font sentir rapidement, deux heures après la prise. Il faut utiliser l’infusion refroidie (et non chaude) de sauge pour obtenir cet effet là.
Soins de la bouche et de la gorge
La sauge est très utile en bains de bouche (de l’infusion) pour les ➜ aphtes ou les gingivites.
Pour les ➜ maux de gorge et pharyngites, on va plutôt faire des gargarismes avec l’infusion, puis recracher ou avaler (peu importe). La sauge va agir par contact sur les muqueuses enflammées.
Deux propriétés s’imposent ici. D’abord son aspect aromatique et fortement antiseptique. Et ensuite le fait que la sauge contient des tanins, on a tendance à l’oublier, ce qui va resserrer et tonifier les tissus enflammés.
Digestion
Et oui, tout simplement, vous pouvez utiliser la sauge en infusion digestive.
Elle est très efficace lorsque la digestion stagne à cause d’un repas trop gras ou mieux, pendant une période où le système digestif semble fonctionner au ralenti. Elle est excellente en combinaison avec d’autres aromatiques comme la menthe poivrée, le thym, la sarriette, etc.
Là encore il faut rechercher une situation de déficience, de faiblesse digestive pour pleinement profiter de l’action stimulante et réchauffante de la sauge.
Au jardin
C’est une vivace de la famille des lamiacées.
Elle aime les sols calcaires et qui drainent bien. Elle adore la chaleur, elle produit énormément de substances aromatiques lorsqu’elle souffre un peu de la chaleur ou d’un terrain plutôt pauvre.
S’il fait très froid chez vous l’hiver, il faudra probablement la pailler ou l’hiverner.
Mais je vous dirais que dans l’ensemble, vous pouvez la faire pousser à peu près partout.
Vous pouvez la rabattre en fin de saison, mais attention de ne pas trop couper dans le bois, sinon vous risquez de l’affaiblir voir même la faire périr. Une petite coupe est préférable à une grande tonte.
Ramasse et préparations
L’idéal est de ramasser les feuilles et les sommités fleuries en tout début de floraison.
Sinon, ramassez au besoin les feuilles, vous ne serez jamais déçu.
Pour les préparations, vous pouvez faire des infusions de feuilles fraiches ou sèches. Simple et efficace.
Les quantités à utiliser sont de 20 g de feuilles sèches par litre d’infusion. Ceci est le dosage chez Valnet qui recommande 3 tasses d’infusion par jour.
Froide ou chaude selon le contexte. Froide pour les bouffées de chaleur et transpirations excessives. Chaude pour les périodes de faiblesses, lenteurs digestives et règles difficiles.
Vous pouvez aussi préparer une teinture en utilisant 500 ml de rhum à 50° pour 100 g de feuilles récemment séchées. Valnet recommande 30 à 40 gouttes 2 fois par jour dans un peu d’eau.
Si vous achetez votre sauge dans le commerce, attention, basé sur mes tests, la qualité varie d’un fournisseur à l’autre. Passez voir votre herboriste, demandez à voir et sentir si possible, la sauge doit être très aromatique.
Précautions
- Ne pas utiliser chez la femme enceinte ;
- Ni chez la femme allaitante ;
- A éviter chez les personnes souffrant d’épilepsie ;
- Vu que la plante a des propriétés oestrogéniques, à éviter si antécédents de cancer hormono-dépendant quoi que, là encore, ceci n’est pas si noir et blanc qu’on pourrait le penser. Le sujet des phytoestrogènes est complexe et je vous expliquerai peut-être tout cela dans un futur article.
L’huile essentielle de sauge est neurotoxique car elle contient une substance qui s’appelle la thuyone. C’est pour cela que vous ne trouverez pas d’huile essentielle de sauge officinale dans le commerce. Vous allez plutôt trouver la sauge sclarée (Salvia sclarea).
Et donc aujourd’hui, on a vite fait d’associer la simple infusion à l’huile essentielle et vous dire « attention la sauge est toxique ».
Vu le très long historique d’utilisation, franchement, ceci est un petit peu exagéré. Mais, par principe de précaution, on ne va pas l’utiliser seule pendant de longues périodes, ou à de trop fortes quantités.
241 réponses
Bonjour, est ce qu’on peut trouver de la Sauge officinale en sauvage en Provence ou en France? Personnellement je n’en ai jamais vu mais pourtant on lit qu’on la trouve en sauvage en région Méditerranéenne. Merci !
Bonjour Eléanor
Oui on en trouve assez facilement , les feuilles ne ressemblent pas à celles de l’officinale , d’ailleurs ses feuilles n’ont aucun parfum , par contre ses fleurs sont incroyablement parfumées et collantes
Bonjour, peut-elle être donnée à une personne sous anti-coagulant? Je cherche un accompagnement naturel pour une personne âgée qui aurait besoin et de booster ses fonctions cognitives (oubli) et son moral (très déprimée). Or il semble que les plantes qui répondent ne serait-ce qu’au premier critère présentent toutes la même contre-indication concernant les anti-coagulants. Merci
Bonjour Priscilla
Pour ce genre de problématique , je ne comprends pas trop le choix de la sauge
Désolée mais difficile de vous conseiller , ne connaissant pas la personne , ni ce qu’elle prend comme médicaments , ni sa constitution.
Bonjour, Merci pour votre réponse. La sauge me parait un choix intéressant pour remonter son moral et booster sa mémoire. Elle « améliore la mémoire chez les personnes âgées et les fonctions cognitives chez celles qui présentent un Alzheimer faible à modéré » d’après Christophe. En ce qui concerne son amélioration de l’humeur, c’est également une donnée connue. La personne étant sous anti-coagulant (et diurétique pour son hyper-tension), il est conseillé de ne pas prendre de traitement phyto avec le romarin que j’aurai envisagé car bien indiqué pour la première partie. D’où ma question, la sauge peut-elle être prise en parallèle d’un traitement anti-coagulant? Je cherche une plante qui remplissent les conditions ci-dessus tout en étant compatible avec la prise d’anti-coagulants. Merci
Bonjour Priscilla
Effectivement après recherche , vous avez raison la sauge est intéressant dans les cas de déclin cognitif(c’est une info que j’avais zappée , donc merci 🙂 )
Donc la sauge officinale (Salvia officinalis) est aussi réputée pour ses effets bénéfiques sur les fonctions cognitives. Plusieurs études ont mis en avant son potentiel pour améliorer la mémoire, la concentration et les performances cognitives, en particulier chez les personnes âgées ou celles souffrant de troubles de la mémoire légers. La sauge contient des composés comme les acides phénoliques (rosmarinique et caféique), des flavonoïdes, et des huiles essentielles, qui ont des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires.
Certaines recherches suggèrent que la sauge pourrait également inhiber l’enzyme acétylcholinestérase, ce qui pourrait augmenter les niveaux d’acétylcholine, un neurotransmetteur important pour la mémoire et l’apprentissage. C’est ce qui en fait une plante intéressante pour soutenir les personnes atteintes de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer.https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772417424000268
Par contre pas d’infos sur d’éventuelles interactions avec la sauge (là on parle bien de l’infusion pas de l’he)
Bonjour,
Je cherche des informations sur les propriétés oestrogénique de la sauge distillée (eau florale). Et sur la conservation des phyto-oestrogènes tels que ceux que l’on trouve dans le trèfle rouge ou le houblon avec aussi ce type d’extraction (distillation). Je galère à trouver des infos claires. Ca vous dit qqch? on a du recul là-dessus (que ça soit en empirique ou en analyse chimique)
Merci beaucoup!!!! Bel été :*)
bonjour Gaétane
je n’ai pas beaucoup d’informations sur les HA , mais Michel Faucon dans son ouvrage « traité d’aromathérapie scientifique et médical sur les Hydrolats » explique :
« l’Ha de sauge officinale dépourvu de toute toxicité est avant tout une alternative sûre à l’he de sauge officinale( ….)
harmonisant doux du système hormonal féminin, l’HA de sauge officinale a sans doute un « climat » oestrogénique qui peut être mis à profit utilement, de façon complémentaire, dans de nombreux troubles liés à un déficit hormonal léger…
Bonjour, merci pour vos vidéos. J’ai beaucoup de sauge sauvage aux alentours. Est-ce la même chose que la sauge du jardin ? Peut-on aussi bien appeler « sauge médicinale » celle du jardin et la sauvage ? Merci
Bonjour Carole
Je n’ai pas vraiment d’information sur des propriétés thérapeutiques de la sauge des prés , ses feuilles ne sont pas très odorantes, par contre ses fleurs si , et je pense que les fleurs ont des propriétés , mais ce n’est que mon intuition pas mon expérience.
Merci Christophe et bonjour Sabine, les cures de sauges en infuision sont limité à combien de jour ? On parle de 20g sec pour 1L, pour les feuille fraiches, on est sur combien de g ? Bien à vous naturellement.
bonjour Geoffroy
Pas de réponses standard , tout dépend de votre objectif , si pb de santé chronique , si seulement un mauvais passage etc
je vous invite à parcourir cet article https://www.altheaprovence.com/plantes-en-cure-ou-en-continue/
Bonjour Christophe et Sabine,
pour la prise de l’infusion ou la teinture pour les perturbations hormonales , faut-il les prendre avant les cycles de trois jours ou bien indépendamment du cycle.
Merci d’avance
bonjour Samti
tout dépend de quelles perturbations on parle
syndrome prémenstruel, pré ménopause ? chute progestérone ? œstrogènes?
par exemple lorsque syndrome prémenstruel si pas assez d’oestrogènes , la sauge peut être utilisée dans la première partie du cycle
vous avez aussi quelques pistes dans cet article https://www.altheaprovence.com/plantes-alliees-femmes/
Bonjour,
j’ai commencé il y a 3 jours à manger des feuilles de sauges fraiches après les repas (5 feuilles).
je sens une digestion plus légère, et une bouche toute fraîche.
je me demandais si ça présentait un risque avec le temps.
bonjour Zoé
il faut écouter ce qu’exprime votre corps , et notez si des inconforts arrivent