L'art perdu de la cure dépurative
Une tradition Provençale
La cure dépurative a fait partie des mesures de prévention et de maintien de la santé pendant des siècles, en particulier chez les Provençaux. Elle a ensuite été rayée de nos habitudes par la médecine classique qui l’a tournée en dérision.
Il est grand temps de la redécouvrir. Je vous y invite au travers de cet article, où nous allons mêler concepts anciens avec savoir moderne.
Nous passerons en revue trois dépuratifs inusités aujourd’hui : la germandrée, le marrube et la scabieuse. Nous en retiendrons deux qui restent d’actualité, et nous en mettrons une de coté pour des raisons expliquées ultérieurement. Nous discuterons aussi de l'hygiène de vie nécessaire pour entreprendre une cure dépurative de qualité.
Mais tout d'abord, un petit retour en arrière...
Une promenade en forêt
Il est 5 heures du matin en ce froid samedi d’Octobre 1983. Mon grand-père s’immisce dans ma chambre et me réveille doucement. Je m’habille dans le noir – chaussures montantes contre les vipères, chaussettes en laine, un vieux pantalon.
Les couteaux et les paniers en osier sont alignés sur la table de la cuisine. Ma grand-mère est prête elle aussi, attachant un foulard autour de sa tête. Elle ne manquerait cette sortie pour rien au monde. Elle adore ramasser les cèpes.
6h30. La voiture est garée au pied des collines de la Haute Provence, pas très loin de Banon. Nous commençons notre ascension. Nous marcherons pendant des heures, d'un pas lent, sur des flancs parfois abrupts peuplés de chênes blancs et de hêtres.
Ma grand-mère manie son bâton avec dextérité. Elle sait exactement quel monticule de feuilles soulever pour voir si un jeune cèpe pointe le bout de son chapeau. Elle m’interpelle. « Viens par ici, il y en a qui sortent ». Comme d’habitude, elle me laisse cueillir les plus gros, puis elle achève la besogne derrière moi.
«Ah tiens, c’est ce que je cherchais. Tu vois cette plante ? C’est le marrube. Coupe m'en quelques tiges, je le ferai sécher pour le printemps prochain». Le marrube (Marrubium vulgare) achève sa saison de croissance, avec ses sommités fleuries piquantes et marron, et des réceptacles pleins de graines. Je le regarde. Il a l’air à moitié mort.
«Et tu comptes faire quoi avec cette vieillerie ?»
«Le marrube, c’est excellent pour le nettoyage du foie, c'est pour nettoyer l'organisme.»
«Et pourquoi tu veux nettoyer ton foie ?»
A 12 ans, je suis fortement influencé parle scepticisme scientifique des années 80. J’adore les maths et les sciences. Et je ne suis pas prêt à gober n’importe quelle histoire, même si elle est relatée par ma chère grand-mère.
«Pendant l’hiver, les gens deviennent feignants. Ils mangent trop de cochonaille. Ils restent à l’intérieur. Il y a trop de déchets qui rentrent, et pas assez qui sortent. Le foie s’encrasse, il devient gros et sale. Ensuite, le sang devient épais et noir, il devient sale lui aussi.»
«Le sang ne peut pas devenir sale comme ça.» Je rétorque.
«Le sang est à l’intérieur du corps, dans les veines. Les saletés ne peuvent pas rentrer.»
Elle rit. «Oh si, c’est possible. Si ton foie est gros et fatigué, tu te retrouves avec des saletés dans le sang. Ne me demande pas pourquoi, je ne suis pas allée à l’école. Mais je peux te dire qu’au printemps, il faut d’abord nettoyer le foie pour pouvoir ensuite nettoyer le sang.»
Encrassage du système
Aujourd'hui, je peux finalement expliquer comment un foie fatigué amène des problèmes d’encrassage du système. Nos grands-mères savaient mieux que quiconque, par l’expérience acquise et transmise de génération en génération.
Lorsque l’on réfléchit au problème, on arrive à voir comment les anciens se retrouvaient avec un système encrassé au début du printemps. La nourriture hivernale était faite de viandes salées et de charcuteries. Les fruits et légumes frais du printemps et de l’été étaient remplacés par les céréales et autres féculents.
En plus de cette charge nutritionnelle, les gens profitaient de l’hiver pour se reposer. Dans les hauteurs Provençales, on trouvait encore beaucoup de bûcherons, de bergers, d’agriculteurs et d’apiculteurs. Comme les plantes autour d’eux, ils se reposaient pendant l’hiver et emmagasinaient des forces dans leurs racines.
Pour se préparer au réveil du printemps, il fallait nettoyer l'organisme. Une nouvelle saison d’activité ne pouvait pas être bâtie sur des fondations branlantes. Le sang contenait les saletés, le foie était le filtre, fournissant un écoulement des détritus vers le monde extérieur au travers de la vésicule biliaire. En donnant un petit coup de pouce au foie, on déclenchait ainsi un drainage hépatique afin de nettoyer l'organisme et provoquer une désintoxication du corps.
La cure dépurative de printemps
Autour du mois de Mars ou Avril, les Provençaux commençaient une cure dépurative qui allait durer environ 2 semaines. Les plantes étaient préparées en infusions ou en décoctions, on en préparait une certaine quantité le matin pour tout le foyer. Les teintures mères étaient l’apanage des docteurs et des pharmaciens, le peuple n’y avait que très peu accès.
Le mélange de plantes choisi était appelé "dépuratif du foie" ou "dépuratif du sang".
Les dépuratifs : de l’oubli à la renaissance
Je ne vais pas aborder les dépuratifs classiques, car cher lecteur, vous les connaissez probablement déjà. Les Provençaux utilisaient la racine de pissenlit (Taraxacum officinale) et de bardane (Arctium minor) à bon escient. J’en parlerai plus en détail dans d’autres articles, car ces deux là méritent bien leur fiche individuelle. Je vais par contre vous parler des dépuratifs qui sont tombés dans l’oubli, et qui pourtant peuvent s’avérer très utiles.
La plupart des Provençaux étaient des gens de la campagne, des gens pratiques et pragmatiques. Ils n’entreprenaient pas de longues randonnées afin d’aller observer et cueillir les plantes dans des endroits reculés. Ils ramassaient ce qu’ils trouvaient facilement dans trois zones principales : autour de la maison, sur le chemin menant au travail et sur le chemin menant au village le plus proche (à l’endroit où l’on s’approvisionnait).
Comme quasiment partout ailleurs, les femmes possédaient le savoir des plantes. Elles étaient les infirmières et les herboristes de famille. Le savoir était passé de mère en fille, de grand-mère en petite-fille. Les hommes n’étaient que très peu exposés à ce précieux savoir.
Ma grand-mère prit le temps de m’inculquer quelques bases. Hélas, elle n’entreprit pas de transférer tout son savoir. Elle pensait que la médecine moderne amenait l’obsolescence de la médecine du peuple, promettant un monde meilleur ou chaque maladie aurait son médicament miracle. Qui aurait encore besoin de nos bonnes herbes ?
D’une manière générale, les années 1800 et 1900 furent des périodes terribles pour les plantes médicinales en France. Les Américains eurent leurs docteurs éclectiques. Cette école d’herbalisme avancée poussa la réflexion sur l’utilisation des plantes médicinales à des niveaux peu atteints ailleurs dans les pays de l’ouest.
En France, F.J. Cazin nous a bien laissé son fameux « Traité Pratique et Raisonné de l'Emploi des Plantes Médicinales Indigènes » en 1850. Et puis après ? La source s’est asséchée, l’herbalisme constitutionnel, c’est-à-dire basé sur la personne et le terrain et pas uniquement sur les symptômes, fut chassé aux oubliettes.
Mességué fut un petit génie des herbes. Il savait, d’une manière intuitive, quelle plante utiliser pour une condition donnée. Mais pour moi, il n’a pas laissé de modèle, de logique, de trame qui peut être inculquée aux herbalistes d’aujourd’hui.
Notons évidemment le travail admirable des grands docteurs Leclerc et Valnet. Mais nous avions déjà basculé dans le paradigme de la médecine moderne, avec une utilisation des plantes limitée à une vue symptomatique. Le terrain, la personne, la constitution ? Balayés.
Nous rentrons heureusement dans une nouvelle ère, une période où l’herbalisme constitutionnel est en train de reprendre son envol. La personne n’est pas sa maladie. C’est la personne qui doit être nourrie et rééquilibrée, le corps saura faire le reste. L’internet nous permet de reprendre contrôle de la conservation et de la propagation du savoir, et surtout de sa démocratisation.
Alors redonnons un nom à la cure dépurative, et dépoussiérons les plantes suivantes qui sont tombées dans l’oubli.
La germandrée « petit-chêne » (Teucrium chamaedrys)
La germandrée était l'un des dépuratifs les plus utilisés en Provence. Les locaux l’appelaient «petit-chêne» car ses feuilles ressemblent aux feuilles des chênes blancs qui poussent dans la région.
La germandrée des collines du Luberon n’est pas facile à remarquer. Elle rampe au ras du sol, discrète, petite plante à petites feuilles. Si je vous emmène en ballade, vous noterez tout de suite le thym sauvage et le romarin, la sarriette et l’hélichryse, mais vous marcherez probablement sur le petit-chêne.
La plante est très amère, agissant donc sur les sécrétions gastriques, sur le foie et la vésicule biliaire ainsi que sur le pancréas. Le goût est pour moi très proche de la scutellaire (Scutellaria lateriflora), plante américaine très utilisée pour calmer des nerfs trop excités. Notons au passage l’association traditionnelle entre plantes amères (absinthe par exemple) et conditions nerveuses.
Voici comment j’explique cette association : nous savons aujourd’hui que le système nerveux central et le système nerveux entérique (situé autour du système digestif et contrôlant ce dernier) sont étroitement reliés. Toute plante tonifiant et nettoyant le système digestif doit donc avoir un effet stabilisateur sur le système nerveux entérique, avec une répercussion sur le système nerveux central qui est au centre du stress et d’autres troubles psychologiques modernes. Il faut savoir que le système nerveux entérique est en constante communication avec le système nerveux central.
Les parties aériennes de la plante étaient récoltées en automne, séchées et consommées au début du printemps en infusions.
J’ai récemment discuté de cette plante avec le vieux berger chez qui j’achète mon fumier :
« Vous connaissez une plante qui s’appelle le petit-chêne ? »
« Pardi. »
« Vous l’utilisez pour quoi ? »
« Pour les rhumatismes, les douleurs articulaires, et pour la goutte. Le petit-chêne, ça fait pisser. »
« Pourquoi doit-on pisser si on a des douleurs articulaires ? » (moi, feignant l’incompréhension)
« C'est évident : il faut pisser pour évacuer les saletés coincées dans les articulations. »
La germandrée, en tant que plante diurétique, a une certaine affinité pour les problèmes articulaires, en particulier lorsqu'ils sont accompagnés de rétention d’eau.
Hélas, nous savons aujourd’hui que la germandrée contient des alcaloïdes pyrrolizidiniques, substances qui au long terme entraînent une destruction des veines du foie. Elle est donc hépatotoxique.
La plante n’était utilisée qu’occasionnellement, ce qui explique probablement le fait qu’aucun effet délétère n’ait jamais été remarqué. Il faut noter aussi que la maladie veno-occlusive provoquée par ces alcaloïdes est quasi-impossible à diagnostiquer sans faire une biopsie du foie, une procédure rarement entreprise.
Par conséquent, la germandrée est une plante que je ne recommande pas aujourd’hui. Nous avons tous un foie stressé par les excès et les toxines de la vie moderne, nul besoin d’ajouter un nouveau stress. Nous ne lui donnerons pas une utilisation moderne.
Le marrube (Marrubium vulgare)
Le marrube, ou «mont blanc», était connu comme dépuratif puissant. L’infusion est désagréable à boire. La plante est extrêmement amère, et va donc exciter fortement le système digestif.
Les Provençaux des siècles derniers étaient des gens robustes avec un système digestif fonctionnant bien. Le marrube devait donc créer chez certains une hyper-stimulation de l’appareil digestif, amenant parfois des crampes ou une hyper-acidité gastrique.
Ces petites gènes étaient probablement acceptées comme partie intégrale du processus de dépuration. Dans ces cas là, on arrêtait de prendre la plante pendant 2 ou 3 jours, et on reprenait ensuite.
Les choses ont bien changées aujourd’hui. Le stress constant de la vie moderne amène, à l’inverse, une déficience digestive massive bénéficiant grandement de la stimulation des amères.
F.J. Cazin nous dit à propos du marrube que(1) :
- «cette plante, dont l’odeur aromatique et la saveur âcre et amère annoncent l’énergie, est une production indigène à la fois abondante et précieuse». Son goût nous laisse effectivement présager de sa force.
- «on ne peut douter de son énergie dans les empâtements des viscères du bas-ventre». Elle peut donc aider à résoudre les problèmes d’encrassages de l’appareil digestif.
- le docteur Freind, en 1717, explique que «le sang, auquel on mêle l’infusion de cette plante, devient plus vermeil et plus fluide». Bien que cette explication soit relativement obscure, on retrouve ici l’indication de sang épais et sale, et la fonction de dépuratif du sang.
- le marrube peut «être administré dans presque toutes les maladies atoniques». Le mot atonique ici veut dire manque d’énergie et de fonction, avec des organes déficients (foie, vésicule biliaire, pancréas, estomac, intestin), des muscles lisses paresseux et des muqueuses digestives sèches et manquant de sucs.
Cazin nous met aussi en garde contre l’utilisation de la plante dans les cas d’irritation ou d’inflammation des muqueuses, car la stimulation des sucs et des muscles lisses s’avèrerait aggravante pour la condition.
On évitera donc la plante dans les cas de surproduction de sucs digestifs amenant une hyperacidité de l’estomac (à ne pas confondre avec les cas de reflux gastriques dus au contraire à une hypo-acidité, la norme de nos jours, voir mon article à ce sujet).
On notera au passage le fait que les anciens ne différenciaient pas entre plante dépurative et plante amère. Il est vrai que les amères sont aussi des dépuratifs entraînant un nettoyage du foie et de la vésicule biliaire. Mais elles fournissent aussi une énergie digestive qui leur est propre, et qui peut s’avérer aggravante chez certaines personnes ayant une bonne digestion.
Par contre, une plante dépurative n’est pas forcément amère. La racine de pissenlit séchée par exemple n’est quasiment plus amère. La racine de bardane n’est pas amère du tout, elle est au contraire douce et aromatique.
Les dépuratives non-amères apportent une stimulation simple et prévisible des organes d’évacuation (foie, vésicule biliaire, reins) sans pour autant créer une excitation de l’appareil digestif.
Il est bien évident que chez certaines personnes souffrant d'une digestion déficiente, les deux dimensions (amères et dépuratives) seront les bienvenues.
La scabieuse (Scabiosa columbaria)
Comme beaucoup de plantes annuelles, la scabieuse affiche d’abord une rosette discrète plaquée au sol. Et lorsque vous connaissez cette rosette, vous pouvez déjà imaginer les fleurs roses en pompons qui apparaîtront à la fin du printemps, donnant aux champs une apparence cotonneuse et aérienne.
La scabieuse était utilisée comme amère et dépurative. Mais voici le point le plus intéressant pour moi, un point documenté par Lieutaghi dans ses excellents ouvrages documentant la tradition médicinale Provençale(2) :
- Les adultes utilisaient une décoction des racines ;
- On donnait une infusion des fleurs séchées aux enfants.
Les enfants d’un certain âge aidaient les parents au champs, ou devenaient apprentis des maîtres artisans. Les parents leur faisaient aussi suivre une cure dépurative pour qu’ils démarrent la saison active du bon pied.
Mais certaines plantes étaient considérées comme «trop fortes» pour les enfants, comme le marrube ou la racine de scabieuse .
Les fleurs de scabieuses par contre étaient des dépuratifs doux, et étaient utilisées avec les enfants à partir de 7 ou 8 ans, afin de les préparer aux amères plus fortes lorsqu’ils sont adultes.
Faites boire une infusion de fleurs de scabieuse à une personne de votre entourage, et observez sa réaction : « c’est amer ! ». Comment un enfant de 8 ans pouvait-il boire cela?
Replaçons les choses dans leur contexte. Les enfants de l’époque n’étaient pas habitués à un monde où tout est sucré ou salé. Ils étaient exposés aux saveurs fortes. Ils pouvaient croquer dans une gousse d'ail sans froncer les sourcils. On leur faisait boire des infusions d’absinthe pour leur enlever les vers. Une infusion de scabieuse était probablement acceptable.
De bonnes habitudes : repas léger et repos
Pendant la cure dépurative, les gens mangeaient plus léger. Ils mettaient leur système digestif au repos afin de laisser le foie se concentrer sur la dépuration et non sur la digestion.
Le foie reçoit deux flux sanguins. Le premier flux provient de la veine porte, l’autre provient de la circulation générale (artère hépatique). Les deux flux se mélangent avant de pénétrer dans les lobules du foie. La charge provenant de la veine porte, avec son sang épaissi par les nutriments du repas, monopolise une grande partie de l’énergie du foie. Lorsque le foie se concentre trop sur la gestion des nutriments, il ne peut pas nettoyer le sang correctement.
Réduire la taille et la richesse des repas pendant la cure dépurative redonne au foie toute l’énergie nécessaire pour dépurer le sang.
Il en est de même pour le repos. Le foie passe en mode de filtrage du sang lorsque la digestion est terminée et que le corps bascule en mode parasympathique. Une bonne nuit de sommeil, précédée d’un repas léger et pris relativement tôt dans la soirée, donne au foie une plus grande plage de nettoyage.
Ces conseils simples sont évidemment ignorés aujourd’hui. Les gens travaillent tard, et dînent donc tard. Le repas du midi est souvent léger, on se rattrape sur le repas du soir. On se couche tard, on se lève tôt le lendemain, on dort mal. On commence la journée suivante avec la charge de la journée précédente partiellement éliminée.
La salade de pissenlit
En janvier et février, je ramasse les pissenlits deux fois par semaine. Chaque soir, notre petite famille commence le repas avec une salade de pissenlit.
Voici comment j’aime ramasser la salade : je coupe la partie aérienne, avec une toute petite partie de la racine. Ceci me permet de bénéficier des propriétés de drainage hépatique fournit par la racine, tout en permettant à la plante de repousser car sa racine est quasiment intacte. Cela donne aussi un petit coté croustillant à la salade qui me plaît bien.
La salade de pissenlit consommée pendant les derniers mois d’hiver fait partie intégrante de la cure dépurative. Les personnes «chaudes» de type Pita (en médecine ayurvédique) comme moi en raffolent. En énergétique, le pissenlit est froid et asséchant. Il est tout a fait appropriée à mon caractère chaud, actif, toujours en mouvement et parfois un peu explosif (en médecine traditionnelle chinoise : «montée du feu du foie»). La racine de pissenlit a une affinité particulière pour le foie qu’elle arrive à bien refroidir. Les personnes de type Vata ne l'apprécieront qu’en petite quantité, car elles sont déjà froides et sèches d’un point de vue constitutionnel.
Le pissenlit, en termes énergétiques, est refroidissant et asséchant. Il assèche car il est diurétique, il entraîne une perte des fluides. Ce qui peut être noté par l’urination provoquée dans l’heure qui suit l’ingestion de la salade. Comment peut-on contrecarrer cet effet ? Passons en revue la vinaigrette typique Provençale pour la salade de pissenlit :
- Huile d’olive (réchauffante)
- Moutarde (réchauffante)
- De l’ail frais écrasé (réchauffant)
- Une bonne quantité d’anchois
L’huile d’olive, la moutarde et l’ail s'opposent à l’effet refroidissant. Les anchois s'opposent à l’effet asséchant. En effet, le sel des anchois crée un phénomène de rétention d’eau au niveau des reins, qui s’oppose à la perte de sodium entraînée par le pissenlit (on se souviendra qu’en physiologie, l’eau suit le sel). On arrive donc à équilibrer les énergies de cette manière.
La cure dépurative moderne
Notre corps subit toujours le rythme des saisons. Mais notre organisme subit aussi une énorme charge continuelle faite d’excès (volontaires) et d’expositions aux toxines multiples (involontaires –médicaments, maquillage, produits cosmétiques et d’entretien, pesticides et autres engrais chimiques, pollution, la liste est longue !)
Ces excès se produisent toute l’année, et pas forcément pendant l’hiver comme auparavant. Notre corps évolue donc au travers de ce que nous pourrions appeler des «micro-saisons» : des vacances d’été bien arrosées, les vacances de Pâques avec un dérapage sur le chocolat, des périodes de voyage d’affaire, des périodes de médicamentation, des pathologies chroniques dégénératives, etc.
La cure dépurative est donc toujours d’actualité, et je dirais même qu'elle est de plus en plus vitale et nécessaire au maintien de notre santé. Mais vous êtes le chef d’orchestre qui va décider la meilleure période pour la démarrer. Vous en bénéficierez plusieurs fois par an.
Les plantes anciennes doivent être dépoussiérées et sorties des placards. Car outre le pissenlit et la bardane, nous avons besoin d’autres dépuratifs afin de faire une bonne correspondance plante-personne-constitution.
De plus en plus d’enfants peuvent bénéficier d’une cure dépurative douce. Car ils se perdent eux aussi dans certaines habitudes qui peuvent devenir destructives au long terme : vivre dans une caverne sans soleil (la chambre avec l’ordinateur), consommer des aliments morts (biscuits, chips et coca), et dormir peu. Le foie souffre. L’asthme, l’eczéma, les allergies, l’acné sont des conditions qui sont maintenant acceptées comme courantes chez l’enfant.
D’un autre coté, la cure dépurative doit être faite avec beaucoup de soin. Car aujourd’hui, la plupart des gens sont de constitution froide, sèche et déficiente. Une cure dépurative faite avec certaines plantes trop froides et asséchantes (pissenlit, fumeterre) peut aggraver ces déficiences. Elles doivent être utilisées à faible dose, et accompagnées de plantes réchauffantes (gingembre par exemple) et humidifiantes (guimauve par exemple) si nécessaire.
Conclusion
Le but de cet article était de partager avec vous mes racines provençales. Mais je voulais surtout nous rappeler à tous que nous ne devons pas laisser la tradition ancestrale des plantes médicinales mourir. La cure dépurative a un futur brillant.
Elle a par contre besoin d’être actualisée, avec des protocoles qui s’adaptent au mode de vie moderne et à ce nouveau concept de «micro-saisons». Et surtout, il nous faut réapprendre à associer la bonne plante à la bonne personne, un art qui s'est définitivement perdu.
Références
(1) Cazin, F.J., "Traité Pratique et Raisonné de l'Emploi des PlantesMédicinales Indigènes", 1850
(2) Lieutaghi, P., "L'herbe qui renouvelle: Un aspect de la médecine traditionnelle en Haute-Provence", 1986
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Lorraine dit
Bonjour
Tout d'abord un grand merci à vous pour le partage des vidéos et conseils sur l'utilisation des plantes.
En plus des plantes dépuratives , quelles sont les plantes antiparasitaires. Car avant
, les anciens se purgeaient régulièrement et aussi ils purgeaient les enfants, Aujourd'hui on pratique peu cette purge .
En vous remerciant
Lorraine
sabine dit
bonjour Lorraine
Vous avez raison , nous devrions penser plus à nous déparasiter et oui avant on "vermifugeait " régulièrement déjà les enfants mais aussi les adultes
il y a la teinture de brou de noix verte, l'absinthe, l'ail liste non exhaustive
Haziel dit
bonjour Sabine,
j'ai un peu de mal à saisir ce que veut dire "depuratif". Une plante depurativa agit sur quels emonctoires ? tous ou certains ? j'imagine qu une plante depurative du foie n'a pas la même action qu une plante depurative des reins ? si une plante depurative a action sur le foie alors elle a une action forcément sur les reins ? merci
sabine dit
bonjour Haziel
une cure dépurative (qui englobe les plantes mais pas que , aussi l'hygiène de vie alimentation exercice physique etc...) va aller "balayer " tous les organes émonctoires , un grand nettoyage de printemps, ensuite il y a des plantes qui vont avoir plus d'affinité avec un organe ou un autre , mais globalement celles que l'on choisit auront un effet sur le foie et en tant que diurétiques sur la sphère urinaire
GAULTIER dit
Bjr , pouvez-vs svp me citer une plante dépurative amère et une plante dépurative non amère svp ? je suis de constitution froide et ai une hypochlorhydrie, je ne voudrais donc pas irriter encore + mon système digestif au moment de lancer la cure de nettoyage.Merci !
sabine dit
bonjour Gaultier
l'artichaut est amer , le romarin ne l'est pas
Renaud Pascale dit
Dans le cas d'une hypochlorhydrie, vaut-il mieux privilégier le romarin ou l'artichaut?
Merci
sabine dit
bonjour Pascale
d'une manière générale pour relancer les sucs digestifs , je privilégierai plutôt une amère comme l'artichaut ou la gentiane, le romarin trouvera sa place un peu plus bas côté foie
Anne-Lise dit
Merci pour cet article !
J’ai lu également qu’il était intéressant de réaliser des cures pour assainir son système digestif au printemps et à l’automne pour se débarrasser d’éventuels parasites...qu’en pensez-vous et quelle(s) plante(s) recommandez-vous pour les enfants et les adultes ?
Merci pour votre retour.
sabine dit
bonjour Anne lise
oui , se vermifuger régulièrement est une bonne option aux équinoxes , la teinture de brou de noix et pépin de courge donnent de bons résultats pour détruire les oxyures et ensuite déclencher un effet un peu laxatif pour évacuer (comme par exemple du magnésium )
Philippe dit
Bonjour Christophe, j'imagine que vous connaissez le Dr Morse et sa cure de détoxification, que pensez vous de lui et connaissez vous des plantes qu'il préconise car je ne trouve pas sur le net ? Les produits qu'il vend sont hors de prix malheureusement... Merci pour votre savoir 🙂
sabine dit
bonjour Philippe
voici la réponse de Christophe
"Le docteur Morse est un naturopathe qui est très suivi dans le monde anglophone. Au fil des années, il a développé des protocoles et des mélanges de plantes qui lui sont propres. Je ne connais pas son programme ni sa cure de détoxification, mais on m'a parfois montré ses produits. Son produit pour la fonction rénale, par exemple, contient des plantes que l'on connait bien en herboristerie : feuille de pissenlit, barbe de maïs, feuilles de verge d'or, feuilles d'ortie, rhizomes de chiendent, etc.
Maintenant, je n'aime pas trop qu'on m'impose de formules personnellement. J'aime réfléchir à la problématique, puis essayer de faire une formulation moi-même. Ce n'est pas si complexe que cela, même lorsqu'on démarre. Pour stimuler le foie, lorsqu'on débute, on peut tout simplement utiliser de la racine de pissenlit. Pour stimuler les reins, on peut utiliser la feuille de pissenlit. Simplissime. Et puis au fil du temps, on rajoute, on combine en fonction de notre expérience et connaissances.
Donc les programmes très détaillés avec telles ou telles étapes, tel ou tel produit à prendre telle ou telle semaine, ne m'attirent pas. Il ne faut pas prendre ceci comme une critique du Dr Morse, car je ne le connais pas et je ne le suis pas. Simplement un choix personnel, qui fait qu'aujourd'hui, je ne connais pas bien ces programmes très scriptés, sauf quelques exceptions. Ce qui me permet d'éviter les tentatives de vendre du produit qui se cachent derrière certaines méthodes (là encore, je ne parle pas du Dr Morse en particulier, mais juste d'une approche générale).
Suzanne dit
Bonjour à vous deux et merci pour toutes ces infos c'est tjrs un plaisir de vous lire..récemment j'ai lu un de vos articles sur la détox oû Christophe donnait sa façon de faire avec recettes à lappuis, pour chaque saison mais je ne la retrouve plus serait-il possible de remettre l'article svp j'en serais très reconnaissante
Merci d'avance
sabine dit
Bonjour Suzanne
serait-ce celui là? https://www.altheaprovence.com/nettoyer-foie/
Suzanne dit
Bonjour sabine
Ce n’est pas celui-là mais je l’ai retrouvé finalement par chance je l’avais imprimé.
C’est une réponse que Christophe avait donné sur sa routine à chaque saisons : exemple; en début d’automne, romarin et gingembre avec un peu de thym, ect...une nouvelle infusion à chaque saison avec explication.
Merci
Marteau dit
Pouvez vous nous indiquer de quelle réponse il s’agit?
Vero dit
Bonjour,
Pour une personne dite pitta en ayurvéda, on peut combiner cure de racine de pissenlit, gingembre et romarin pour un nettoyage optimal ?
Belle journée à vous !
sabine dit
bonjour Véro
désolée mais je ne sais pas, il faudrait se rapprocher d'un praticien en ayurveda
Lulu dit
Bonjour,
Je prenais pour ma part de la chlorelle mais j’ai eu des symptômes au fur et à mesure des prises (vomissements, maux de tête, étourdissements) assez violents sur la fin ce qui m’a évidemment fait arrêter.
Certains préconisent pourtant de continuer, les effets sont sensés s’estomper. J’aurai voulu avoir votre avis sur ce produit.
Merci,
Lulu.
sabine dit
bonjour Lulu
il y a des précautions à prendre avec l'utilisation de la chlorelle, en général pas de danger sur une prise court terme mais sur du long terme cela peut devenir problématique
et certaines personnes sensibles peuvent avoir des effets secondaires négatifs
Lulu dit
J’ai aussi vu l’article où vous en parliez entre temps, je vais me tourner vers quelque chose de plus doux.
Merci pour votre réponse, ce site est très complet et intéressant.
Nejade, Armand dit
Bonjour Christophe,
Vous connaissez probablement les travaux du Professeur Ray Taylor et son équipe de l’hôpital de l'université de New Castle (GB) sur le diabète. Ils ont montré (https://www.ncl.ac.uk/magres/research/diabetes/reversal/#publicinformation) que le diabète de type II est causé par l'accumulation de la graisse dans le foie et le pancréas. Ils ont établis un protocole de traitement qui consiste en un régime d’extrêmement basse calorie pendant plusieurs semaines (pour réduire le poids de 20%). Sous ce traitement, un grand nombre de patient se sont guéris du diabète et définitivement. La totalité de ces patients semblent néanmoins, avoir été obèses. Or, d'après les statistiques, 20% des diabétiques ne sont pas obèses. Mais les récents travaux de Prof. Taylor montre que même pour cette catégorie de diabétique, la présence de graisse dans le foie et pancréas serait la cause. Mais le problème pour cette catégorie de diabétique (dont moi-même, déjà bien mince!) est que subir le régime préconisé pour perdre 20% de son poids poserait un problème! Par conséquent, j'ai pensé que le nettoyage du foie pourrait être une solution alternative. Je ne fais pas de confiance à la méthode Andreas Moritz et Dr Clark, après l'article de la revue Lancet que vous avez évoqué.
La question à présent est : Est-ce que les plantes (méridionales) ou Chardons Marie seraient-elles aussi efficaces pour enlever la graisse du foie? Pourriez-vous m'informer. Merci. Cordialement.
Armand Nejade
sabine dit
bonjour Armand
en premier c'est de définir l'origine de cette stéatose
ensuite je lis que vous avez déjà pas mal fait le tour de la question sur les causes (alcool ou si pas , problème métabolique, excès de fer, surconsommation de médicaments etc...)
il y a les plantes comme le chardon marie qui vont oeuvrer à réparer le foie en lui permettent une meilleure production d’antioxydants
hépatiques. Ces antioxydants qui vont agir un peu comme un bouclier protecteur contre le stress oxydatif et les radicaux libres, radicaux
qui sont générés à cause de l’ingestion de produits nocifs par exemple et qui vont stimuler la régénération cellulaire d’une manière
directe.
et puis il faut aider le foie à évacuer les déchets donc des plantes cholagogue et cholérétiques comme le pissenlit (racine) et l'artichaut
Armand dit
Bonjour Sabine et merci beaucoup de votre retour.
Quand vous parlez des déchets à évacuer, est-ce que la graisse en fait partie?
Merci. Cordialement
Armand
sabine dit
bonjour Armand
oui avec une action dépurative du foie il peut y avoir au départ un relargage des triglycérides dans le sang (de façon ponctuelle)
il faut protéger le foie et l'aider à se régénérer
Emmanuelle dit
Bonjour ,
D'abord merci pour tous vos précieux conseils et livres , ceux ci font partie de ma vie, et de celle de mes amis au quotidien.
Je viens de parcourir votre article et plusieurs commentaires, et j'ai noté, si j'ai bien compris, qu'il y aurait une certaine corrélation entre fonctionnement du foie et stress global. ce qui me rappelle l'expression bien employée par ma grand-mère " te fais pas de bile! "
Mon questionnement est le suivant : dans le cas de l'arrêt du tabac ( ou tout autre substance neuro-addictive ) accompagné d'un " régime " bienveillant pour le foie et sans excès, si des symptômes de déficience du foie sont toujours présents après plusieures semaines de cures pour booster notre ami hépatique... Cela se pourrait il que le souci vienne plutôt du stress et serait il judicieux de prévoir en complément une cure pour apaiser le système nerveux? Je pense, par exemple à la racine de Valériane ou à la Lavande.
Merci de votre réponse.
sabine dit
bonjour Emmanuelle
le stress peut effectivement avoir un rôle aggravant mais avant de prendre une plante , le mieux serait de définir quel genre de stress , si problème de sommeil (réveils nocturnes, difficulté plutôt à s'endormir, anxiété etc...
donc en premier bien définir l'objectif pour mieux cibler, et souvent une plante adaptogène en traitement de fond peut faire la différence
voici quelques pistes https://www.altheaprovence.com/plantes-adaptogenes/
https://www.altheaprovence.com/anti-stress-plantes/