Effet nocebo version audio :
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Dans un épisode précédent, je vous ai parlé de l’effet placebo, phénomène assez fascinant, et du fait qu’on pouvait littéralement envisager aujourd’hui le concept de placebothérapie.
Dans cet épisode, je voudrais vous parler d’un effet qui est diamétralement opposé à l’effet placebo : l’effet nocebo, le fait que l’on peut créer une réaction négative du corps à partir d’une idée. Et on va essayer de lier tout ça à notre pratique de l’herboristerie et de la phytothérapie bien sûr.
Effet nocebo : c'est quoi exactement ?
Si vous vous souvenez de l’épisode au sujet de l’effet placebo, on parlait de personnes qui obtiennent des améliorations de leur santé à partir d’une substance qui est médicalement considérée comme inactive.
D’ailleurs si vous n’avez pas encore écouté cet épisode, je vous conseille de le faire, l’effet placebo est vraiment quelque chose de fascinant et un outil d’une puissance incroyable.
L’effet nocebo, c’est l’effet inverse. C’est-à-dire que la personne va obtenir une dégradation de son état de santé à partir d’une substance qui est médicalement considérée comme inactive.
Nous allons essayer de comprendre pourquoi une pilule de sucre pourrait bien finir par vous provoquer un mal de tête, un mal aux articulations, ou mettre vos défenses immunitaires à zéro.
Les chercheurs qui se spécialisent dans l’effet nocebo ont identifié 2 facteurs qui déterminent la puissance de l’effet nocebo pour une personne et une situation donnée : (1) les attentes et (2) le conditionnement.
L'héritage de Pavlov
Commençons par le conditionnement qui a été très étudié, et qui nous ramène en fait à l’expérience du médecin Russe Ivan Pavlov vers la fin des années 1800.
Pavlov remarque que les chiens ont tendance à saliver lorsqu’on leur montre de la nourriture. Il se dit donc que cette sécrétion est provoquée par le système nerveux du chien (vu que le chien n’a pas encore commencé à manger). Ce n’est pas le contact de la nourriture avec ses papilles gustatives, c’est simplement la vue et l'odeur de la nourriture.
Pavlov va associer la présentation de la nourriture avec un stimulus, le son d’une clochette. Puis il va tout simplement ne plus présenter la nourriture et actionner la clochette. Et le chien se met à saliver. C’est ce qu’on appelle un conditionnement, ou un réflexe conditionnel.
Dans le contexte de l’effet nocebo, on retrouve le même phénomène. Dans cette discussion, je vais essayer de ramener les choses aux plantes et à notre utilisation des bonnes herbes à la maison ou ailleurs.
L'amertume qui donne des boutons
Revenons à notre conditionnement et prenons un exemple. Imaginez la situation suivante.
Il y a quelques mois, vous avez acheté un mélange à tisanes pour votre problème d’acné. Vous ne savez pas trop ce qu’il y a dans le mélange, mais la tisane a un goût très amer, et il a fallu rajouter du miel et peut-être même un filet de citron sinon c’était compliqué à boire.
Et comble de la misère, ça vous a fait ressortir votre acné de plus belle ! Vous avez essayé une fois, deux fois, trois fois, et le lendemain c’est toujours la même chose, vous avez une belle flambée d’acné. Donc bien sûr vous n’êtes pas content.
Si on vous avait expliqué ce qu’il y a dans le mélange, on vous aurait dit qu’il y a, par exemple, de la fumeterre, une plante qui stimule le foie d’une manière assez énergique. Et si vous me suivez depuis pas mal de temps, je vous ai déjà expliqué ce type de réaction.
Cela arrive avec les plantes qui stimulent nos processus de détoxification d’une manière un peu trop brutale. Mais bon, tout ceci on ne vous l’a pas dit. Donc ce qu’il vous reste en mémoire, c’est que la tisane amère ne vous a pas réussi.
Quelque mois plus tard, vous vous retrouvez avec de petits problèmes de sommeil. On vous conseille un mélange de teintures pour stabiliser vos nuits qui contient différentes plantes comme de la passiflore, de l’escholtzia, etc. Et il s’avère que ce mélange est plutôt amer.
A priori, il n’y a rien qui justifie une aggravation de l’acné avec ces plantes-là, mais vous allez boire l’infusion, et votre mental va se souvenir de ce lien entre amertume et poussée d’acné. Et vous allez réagir négativement encore une fois. Ça, c’est du conditionnement, et ça, c’est l’effet nocebo.
Nocebo, conditionnement et médicaments
On va bien sûr retrouver ceci dans le monde du médicament. Par exemple, imaginons que la dernière fois que j’ai pris une pilule qui était bleue et qui avait une forme de losange, j’ai eu des palpitations cardiaques.
Et là, mon médecin m’a de nouveau prescrit une pilule bleue et en forme de losange, et peut-être qu’elle n’affecte absolument pas les fonctions cardiaques, qu’il n’y a rien de tel dans la liste des effets indésirables, mais ça va tout de même me donner des palpitations.
Cela va peut-être vous faire sourire, mais ce genre de choses arrive dans la réalité. Donc ça aussi c’est un conditionnement négatif, quelque chose qui est arrivé dans mon passé et que j’ai associé avec une réaction physiologique.
Les attentes
Les attentes sont quelque chose qu’on battit d’une manière active, parce qu’on a fait des recherches, parce qu’on s’intéresse à un sujet particulier.
A contraster avec le conditionnement où les choses se sont faites automatiquement parce qu’elles sont arrivées comme ça. L’histoire de ma tisane amère et de la poussée d’acné, ce n’est pas une association volontaire que j’ai faite. Ça s’est fait à mon insu.
Les attentes, en fait, c’est une association similaire, mais c’est moi qui vais me mettre volontairement des choses en tête parce que je m’intéresse, je fais des recherches, ou je connais mon sujet à fond.
Par exemple, vous voulez prendre de la racine de valériane pour vous calmer un petit peu, c’est une période un peu tendue et vous vous sentez stressé et anxieux. Mais vous venez aussi de lire que chez certaines personnes, elle pouvait perturber un peu les nuits, chose que vous ne saviez pas.
Zut vous vous dites, pas très pratique car vous dormez plutôt bien en ce moment, mais si vous commencez à avoir des nuits perturbées en plus du stress de la journée, alors là, ce n’est pas bon du tout. Donc il y a cette appréhension qui fait qu’au final, vous allez passer une mauvaise nuit.
Peut-être que vous êtes une personne qui supporte très bien la valériane, mais vous vous êtes créé cette appréhension et cette attente, vous allez finir par tourner dans votre lit toute la nuit. Ça, c’est l’effet nocebo.
Nocébo, attentes et le fameux papier en accordéon
On retrouve ceci d’une manière très prononcée dans le monde du médicament.
Vous savez ce qui crée les attentes ? C’est un petit morceau de papier très fin, replié sur lui-même, que vous sortez de la petite boîte de médicament. Ça s’appelle la notice explicative !
En fin de notice, vous avez une liste d’effets indésirables. Ceci est un fait bien connu, si vous êtes de nature un peu anxieuse, un peu appréhensive, que vous prenez un médicament en y allant à reculons. Si vous lisez la liste des effets indésirables ou qu’on vous en parle, vous vous exposez fortement au risque de l’effet nocebo.
Illustration de l'effet nocebo pour les médicaments
Je vais vous donner un exemple qui provient d’une étude faite en 2003 (Silvestri, 2003). Vous prenez 96 patients, ce sont des hommes, qui ont des problèmes cardiovasculaires. Ces patients n’ont pas de pas de problème d’érection. Vous allez voir, c’est important pour la suite.
Ensuite vous les divisez en 3 groupes. Tous les individus vont prendre 50 mg d’atenolol, c’est-à-dire un bêta-bloquant utilisé pour traiter l'hypertension artérielle, ou l’angine de poitrine, ou autre problème de nature cardiovasculaire.
La différence entre les 3 groupes est la suivante :
- 1er groupe : on ne leur dit pas quel médicament ils prennent. Donc eux, ils ne savent rien, ils prennent juste une pilule d’une manière aveugle, ce qui personnellement me stresserait un peu. Mais bon, passons.
- 2e groupe : on leur donne le nom de la molécule mais on ne leur donne pas la liste d’effets secondaires. Sachant que personnellement, la première des choses que je vais faire c’est aller regarder cette liste si je faisais partie de l’étude 🙂
- 3e groupe : on leur donne le nom de la molécule et on leur explique la liste d’effets secondaires en particulier en ce qui concerne les problèmes érectiles.
Résultat au bout de 3 mois, à votre avis. Est-ce qu’on va voir quelques « petites » différence entre les 3 groupes ? Voici le pourcentage des hommes qui souffrent de problèmes érectiles dans cette étude :
- 1er groupe : 3%
- 2e groupe : 16%
- 3e groupe : 31%
Vous vous imaginez la différence ? Elle est énorme ! Ça, c’est l’effet nocebo dans toute sa splendeur.
Chasser l'effet nocebo
Comment faire pour éviter cet effet nocebo ? Je vais peut-être sur-simplifier une situation complexe, c’est sûr. Mais des fois, simplifier, ça a du bon !
Je pense qu’à la base, il faut rassurer la personne. Il faut prendre le temps de parler avec elle, de lui expliquer une thérapie, un soin, en quoi cela consiste. Montrer qu’on est là, vraiment intéressé, vraiment préoccupé par sa situation, vraiment impliqué dans un désir de la soulager.
Je ne suis pas en train de dire qu’il suffit de donner une certaine apparence des choses, ou de cacher des informations. Je suis en train de dire qu’on est rentré dans un système de soins qui est froid, qui est impersonnel, dans lequel la personne se sent seule et perdue.
Et dans cette froideur et cette solitude, des angoisses vont apparaître, des appréhensions. On va se créer des attentes négatives et au passage, on va se conditionner négativement, alors que très souvent ceci n’a pas de raison d’être.
Mais vu qu’on est laissé tout seul dans notre coin, que personne n’a le temps pour vraiment nous écouter et répondre à nos questions, au final, inconsciemment, on va se faire tout un tas de scénarios négatifs dans notre tête, en particulier si on a une tendance anxieuse ou négative.
Cela sera peut-être un regard bizarre d’un médecin fatigué, ou des non-dits, ou un examen qu’on a prescrit sans expliquer pourquoi.
Dans l’étude sur l’atenolol par exemple, j’aimerais bien savoir comment on a annoncé les effets secondaires aux hommes. A mon avis, on leur a dit d’une manière froide et factuelle. J’aimerais savoir ce qu’il se serait passé si on avait pris le temps de les rassurer, de leur dire que ça n’arrive pas si souvent que ça, que ça peut arriver mais c’est juste temporaire.
Et puis il faudrait qu’on explique l’effet nocebo tout simplement. Expliquer qu’on a ce pouvoir de provoquer une réaction indésirable par la puissance de notre esprit. Ceci serait-il une manière de bloquer l’effet nocebo ? Il faudrait tester tout ça.
Certains proposent même un placebo pour contrer l’effet nocebo, ce qui est une idée intéressante.
A l'affût de certains signes
Déjà, au travers du dialogue, on peut faire beaucoup de choses. Il faut voir si la personne a des attentes négatives.
Dans le monde des plantes, j’ai rencontré cette situation plusieurs fois. Vous discutez avec une personne et au passage, elle va vous lâcher une petite phrase qui n’est pas anodine, quelque chose du style « ça va pas m’empêcher de dormir votre tisane si je la prends en fin d’après-midi ? Parce que j’ai un sommeil très léger ».
Il ne faut pas balayer ça sous le tapis, dire en vitesse « non ne vous inquiétez pas, ça n’a rien à voir ». Au contraire, il faut prendre le temps d’expliquer, de dire « non vous voyez, c’est un petit mélange pour soulager vos jambes lourdes en fin de journée, la vigne rouge n’a absolument rien d’excitant, l’achillée millefeuille non plus, et vous savez quoi, on va même rajouter un peu de camomille matricaire pour réduire la tension de la journée et rendre votre sommeil plus stable ».
Là, je pense qu’on a enlevé une attente négative, et on a même rajouté une attente positive, on bascule quasiment de l’effet nocebo a l’effet placebo en fait !
Et s’il y a un conditionnement négatif ? Si par exemple la dernière fois qu’on a pris une tisane au goût amer, il y a eu une flambée d’acné ? On va prendre le temps d’expliquer là encore. De dire que ce n’est pas l’amertume qui était le problème, mais la plante elle-même.
Que la fumeterre, lorsqu’on a un foie très sensible, peut perturber les problèmes de peau contrairement à tout ce qu’on peut lire. Mais que là, on a mis un peu d’escholtzia et de passiflore dans le mélange pour mieux dormir, ça va être un peu amer aussi, mais c’est un effet différent qui ne va pas perturber les problèmes de peau.
Et pour découvrir ces attentes et ces conditionnements, il faut être à l’écoute, une écoute très active, et ne pas laisser passer ce genre de commentaire sans rien dire, et rassurer du mieux possible.
Le comble de l'effet nocebo
Et parfois, comble du comble, il n’y a pas vraiment d’attente négative de la part de la personne, mais le soignant va en introduire une.
Par exemple, pourquoi aller dire à une personne qu’une intervention va faire très mal ?
OK, dans un but de transparence, dans un but de ne pas mentir, pour respecter l’éthique du soin, je sais que certains me donneront ce genre de réponses, je comprends. Mais les études nous montrent que lorsque la personne s’attend à ce que la douleur soit forte, la douleur ressentie sera largement plus forte pour les mêmes stimuli !
Si on vous branche une électrode et qu’on vous envoie un petit choc électrique par exemple, si on vous conditionne avant l’expérience en vous disant que ça va faire très mal, eh bien vous allez ressentir une douleur beaucoup plus forte que si on ne vous avait rien dit.
Et on peut démontrer ceci IRM à l’appui car on va voir les zones du cerveau responsables de la douleur qui s’activent beaucoup plus lorsqu’il y a ce conditionnement négatif.
Donc plutôt que de dire à la personne « je vous préviens, vous allez souffrir pendant quelques jours après l’intervention », pourquoi ne pas lui dire « ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, on est là pour s’occuper de vous, et s’il y a quoi que ce soit après l’intervention, douleur ou inconfort, on a ce qu’il faut pour vous soulager ». En gros, on a donné la même information. Mais dans la 2e version, on a évité de créer une attente négative.
Interdire les statistiques ?
Pareil pour les statistiques. On fait quoi exactement lorsqu’on dit à une personne que dans sa situation, elle a 10% de chances de survie au bout d’un an ?
Est-ce qu’on n’est pas en train de créer une attente négative massive ? Et tout ça dans le but de ne rien cacher ?
Mais on n’est pas une statistique, on n’est pas une moyenne, on n’est pas un chiffre !
On est une personne qui mérite de l’attention et de l’affection. Le chirurgien américain Berni Siegel, qui a écrit le fameux livre « L'Amour, la Médecine et les Miracles », a bien expliqué pourquoi il ne fallait jamais donner à un malade sa probabilité de survie.
Car lorsqu’une figure d’autorité vous balance ces chiffres à la figure, c’est une attente de laquelle il est très difficile de se détacher.
Donc je pense sincèrement que si on ramène de l’écoute et de l’humanité dans le soin, on verra de moins en moins ce type de problème.
Qu’on nous donne de l’espoir, qu’on nous parle avec empathie, avec un sourire, et pas en faisant la gueule ! Ça c’est important.
Est-ce que ce n’est pas la seule solution pour basculer de l’effet nocebo à l’effet placebo justement ? Allez, je vous laisse réfléchir à tout ça.
Références
Keltner JR, Furst A, Fan C, Redfern R, Inglis B, Fields HL. Isolating the modulatory effect of expectation on pain transmission: a functional magnetic resonance imaging study. J Neurosci. 2006 Apr 19;26(16):4437-43.
Silvestri A, Galetta P, Cerquetani E, Marazzi G, Patrizi R, Fini M, Rosano GM. Report of erectile dysfunction after therapy with beta-blockers is related to patient knowledge of side effects and is reversed by placebo. Eur Heart J. 2003 Nov;24(21):1928-32.
Voir aussi : Požgain I, Požgain Z, Degmečić D. Placebo and nocebo effect: a mini-review.
Psychiatr Danub. 2014 Jun;26(2):100-7. Review.
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Dominique dit
WAOUHHH !!! Que c'est bon de vous écouter à ce sujet. J'ai une fille à qui je tenterai de faire écouter cette vidéo car je ne sais comment lui faire comprendre cet effet et cette notion dont elle subit les effets régulièrement. Une parmi tant d'autres, je me joins à tous ceux qui vous disent MERCI Christophe et toute votre équipe. Prenez soin de vous comme vous prenez soin de nous. J'ajoute du romarin à ma tisane de thym bientôt en fleur chez moi, pour son effet stimulant et la jeune mélisse pour son effet apaisant.
Anne dit
Rendre à l'humain son humanité en étant humain : merci Christophe
illy joëlle dit
Un immense merci Christophe pour toute tes lettres que je suis depuis de nombreuses années
Mon seul regret : ne pas te connaître en vrai, tu es une si belle personne !
Quelle humanité, respect des autres, bon sens, pédagogie, tout y est..
Que les plantes te prêtent longue et heureuse vie
je fais partie des gens à risques ( plus de 70 ans) mais je t'embrasse quand même, ça risque rien, hein ? tant que le virus n'a pas trouvé le chemin des ordinateurs !
sabine dit
bonsoir Joelle
et merci pour Christophe, c'est transmis 🙂
pascal27 dit
Bonsoir Christophe et Merci, Merci, Merci...
Vous avez tout dit et vos termes me rassurent car je suis persuadé que la peur d'avoir mal ou une maladie est le chemin pour y arriver malgré soi !
Mais surtout si votre exposé pouvait rendre un grand service explicatif (Tilt) à ceux et celles qui sont concernés afin qu’ils surmontent ces pensées qui sollicitent le cerveau !
En fait l'effet nocebo nous touche tous de près mais à des degrés différents, certains d'entre-nous arrivent à effacer ce nocebo de leurs pensées. ça me fait penser au conflit de diagnostique bien expliqué en biologie totale.
gratitudes pour vos approches passionnantes
pascal
moreno solange dit
VOILA une video bien d'actualité, merci a diffuser largement, merci pour tout ce que vous faites pour nous
Martine GERBEAUX dit
Bonjour Christophe, je vous suis depuis plusieurs mois (années?), n'ai jamais pris le temps de vous dire combien j'apprécie vos lettres, votre site...et votre générosité. En ce moment, on a du temps devant soi et finalement cela fait un bien fou. Alors j'en profite: merci infiniment pour le partage de vos expériences, vos apports scientifiques et de terrain, votre gaieté et humour. Tout cela fait vraiment du bien. Je vous lirai encore avec plaisir en retenant principalement votre philosophie de vie.
Frédérique dit
Une petite anecdote sans grande conséquence, mais qui illustre bien l'effet nocebo induit par la parole : Parce qu'il y a eu des problèmes intestinaux dans la famille, il m'a été recommandé de faire un examen banal de nos jour : une coloscopie sous anesthésie. Dès la prescription, le médecin m'a souhaité bon courage pour ingurgiter le produit nettoyant. J'ai répondu avec un grand sourire que ce ne serait pas un problème, que je n'étais ni la première ni la dernière à passer cet examen et surtout que j'avais choisi de le faire en connaissance de cause. A partir de ce moment là (trois mois avant) Jusqu'à la porte de la salle d'examen, je me suis vue obligée de redire exactement la même chose à toutes les personnes qui étaient au courant, soignants compris (A la clinique, ceux-ci me disaient, avec une mine déconfite "Alors, ça a été, pas trop dur ? Vous n'avez pas eu envie de vomir ? C'est vraiment désagréable n'est-ce pas ?" . Bien sûr, il ne s'agissait pas de vouloir me décourager, loin de là, c'était plutôt de la sollicitude. Je m'étais préparée mentalement à avaler cette potion et tout s'est bien passé : Intestin propre ! mission accomplie ! fière de moi ! Je connais des personnes qui appréhendent tellement cet examen, qu'elles le repoussent sans cesse, au risque de développer ce qu'elles craignent le plus. Dommage. Soyons attentif à nos paroles pour ne pas, involontairement, provoquer l'effet nocebo. Merci pour ce très intéressant article comme toujours. Amitié.
Léa barré dit
Bonjour Christophe,
Merci pour cet article qui reflète vraiment la puissance de la pensée ! On se reconnaît dans chaque chapitre !
Un petit bémol sur celui de la douleur (mais ce n'est que mon avis bien sûr ) : j'ai un parcours médical assez mouvementé, et l'on m'a déjà dit (parce que j'ai demandé) que certaines interventions allaient faire mal.
Je connais les réponses parfois froides du corps médical et je sais qu'un soignant ne dit pas ça à la légère. Quand il dit que ça va faire mal, c'est souvent que ça va faire TRÈS mal.
Lorsque j'entendais cette réponse, mentalement je me conditionnais. Pour vous simplifier avec l'expression, ''serrer les dents ou serrer les fesses" ^^.
Après les interventions annoncées comme douloureuses, j'ai été comme soulagée... C'est à dire que je m'attendais tellement à avoir très mal, que j'ai été étonnée de ne pas avoir atteint le degré de douleur auquel mon esprit s'attendait sur le moment.
Comme si ma peur avait été chaque fois plus élevée que la réalité. Et chaque fois j'en suis ressortie soulagée.
En revanche il est arrivé qu'on ne me prévienne pas sur certaines interventions (ou que l'on me dise que ça ne faisait pas mal du tout), et ce sont celles ci qui se sont avérées les plus difficiles ! Car encore une fois je me conditionnais, et je m'attendais à ne rien ressentir... Suprise ! Ça brûle !
Mais je suis bien consciente que c'est au cas par cas. Je fais partie de ces personnes qui ressortent avec un tout petit pourcentage dans les études ^^
Laurie dit
Je pense que cela va dans le sens de ce qui a été dit dans l'article. Ne pas cacher que ça peut faire mal, mais rassurer sur le fait qu'il est possible de le surmonter. 🙂
causse dit
j'aurai bien un j'aime, mais je ne sais pas faire.
Merci pour vos propos qui correspondent très souvent à ce que je pense.
Beaucoup d'humilité et d'humanité, voilà un bon chemin à prendre.
Niama dit
Bonsoir, merci pour cet excellent article sur l'effet nocebo. Cela permet de se remettre en question (je suis infirmière) !
En tout cas je peux témoigner que l'effet nocebo est très présent lors d'un accouchement, que les douleurs lors des contractions peuvent être exacerbées à cause des soignants, lorsqu'un soignant entre dans votre chambre et au lieu de vous rassurer, vous encourager, vous demande froidement quand est ce que l'on appelle l'anesthésiste alors que dans notre projet de naissance on a dit que l'on ne voulait pas de péridurale !
Et que finalement vous craquez, acceptez la péridurale et la soignante qui accompagne l'anesthésiste est douce, vous rassure, vous encourage à vous détendre, à bien respirer, et là alors que vous êtes en pleine contraction, il n'y a pas de douleur, vous êtes tout à fait capable de gérer, mais c'est trop tard l'anesthésiste est là, on ne va pas le renvoyer surtout que vous êtes épuisée par plusieurs heures d'effets nocebo ....
Dr Pierre MAY dit
magnifique vidéo à laquelle j'adhère à 2000% ( comme d'hab en fait ...) . Comme tu le sais je fais beaucoup de cancéro alternative et même intégrative (car j'intègre la phyto aroma aux chimios si elles sont en cours ) et je suis frappé de constater cet effet nocébo provoqué par les cancérologues officiels sur le chien lui même ; certes avec l'intermédiaire du maître qui est souvent effondré à l'annonce de cette p.... de médiane de survie ; mais je suis intimement persuadé que le chien perçoit très bien ce souffle glacial d'énergie négative à l'annonce très docte et pétrie de certitude de "ce reste à vivre moyen" que balance en pleine gueule le spécialiste . Je suis toujours surpris, quand j'arrive en 2° ou 3° avis, sur un cancer péjoratif du bien que l'on fait au chien (et au maître bien sur) en ouvrant des portes, en proposant d'essayer des alternatives , en donnant "pas de faux espoirs mais pas de faux désespoir" comme disait ce cher David Servan Schreiber à tous ses patients . Et si le maître y croit , si le chien y croit et bien sur si le véto y croit et bien on multiplie pas 4 au moins cette médiane de survie ... juste par l'humanité, l'écoute, l'optimisme pas béa mais raisonné, et l'envie d'essayer ... j'ai des dizaines d'exemples de cas désespérés qui sont encore en vie des années après un pronostic de quelques mois ... chaque fois qu'on a une survie bien plus longue et dans de bonnes conditions, c'est toujours grace au maître , au chien et au véto : c'est une victoire à 3 ! si il y en a un qui ne fait pas le job, ça ne marche pas !!!
donc merci à toi de nous avoir éclairés sur la "magie" de l'effet placebo et sur "l'horreur" de l'effet nocebo . amitié Pierre;
Le Gallo dit
Un grand merci Christophe pour toutes les informations que vous nous transmettez ;très utiles et claires. Suis fidèle lectrice depuis quelques mois (seulement !).
Sneek Johanna dit
Bonsoir Christophe et Sabine,
Merci pour cette vidéo très actuelle. En effet, étant infirmière (maintenant à la retraite) j'ai constaté exactement ce que vous dites: Les plupart des patients, quand ils ont reçu le verdict de "cancer", ou autre maladie grave, et si en plus le médecin leur dit qu'ils n'ont plus que tant de temps à vivre, il baissent les bras et j'appelle cela "se laissent mourir! Mais j'ai aussi soigné des patients cancéreux qui se sont dit qu'ils allaient profiter du temps qu'ils leur restaient pour faire des choses qu'ils avaient envie de faire avant de mourir et qui ont été déclaré guéri au bout d'un certain temps!
Ma fille aînée s'énerve toujours après moi quand je prends le diagnostique du médecin un peu à la légère car penses que je connais mieux mon corps et comment il réagit que le médecin. Je vis dans ce corps depuis 69 ans et j'ai appris à le connaître ainsi que ses sonnettes d'alarme. Je me soigne (en général avec des méthodes naturelles) et surtout je peux être une patiente très patiente et prendre mon temps pour me guérir.
Meilleures salutations.
Monique Darbre dit
Merci pour votre message ! Il y a longtemps que j'observe les ravages d'une prédiction médicale quant au temps qu'il reste . Le désespoir est si intense que toutes les forces de guérison semblent anéanties.