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J’aimerais vous parler de l’effet placebo, quelque chose qui a toujours eu une connotation négative dans le monde médical, ce qui est vraiment dommage car on pourrait en faire un outil thérapeutique vraiment puissant.
Je vais vous expliquer ce que la science nous dit sur l’effet placebo aujourd’hui, et je vais vous donner mes suggestions sur comment nous pourrions l’appliquer dans le monde des plantes.
Avant de démarrer, j'aimerais vous rappeler que je ne suis ni médecin, ni pharmacien, ni professionnel de la santé. Les informations que je vous donne ne remplacent absolument pas un suivi médical. Pour tout problème ayant attrait à votre santé, consultez votre médecin.
L'histoire de Parker
On commence par une petite histoire qui se déroule en 1996. C’est l’histoire d’un petit garçon qui s’appelle Parker et qui vit aux États-Unis. C’est un enfant qui semble heureux, il est en bonne santé, jusqu’à ses deux ans, et là, la situation bascule d’une manière assez dramatique.
Il s’arrête de parler et de sourire. Il dort très mal. Il ne répond plus à ses parents. Il se met à hurler, à se frapper le visage. Il est diagnostiqué autiste, et malgré différents traitements, la situation se détériore peu à peu.
Jusqu’à ce qu’il ait 3 ans. Parker a pas mal de troubles digestifs, et sa mère l’emmène voir un gastro-entérologue qui lui fait faire une endoscopie pour voir si on arrive à détecter quelque chose d’anormal.
Il n’y a absolument rien. Mais quelque chose d’assez incroyable arrive. Du jour au lendemain, Parker subit une métamorphose. Sa digestion va bien, il dort bien, et il recommence à parler et à sourire ! Et il recommence à dire maman et papa, vous vous imaginez la surprise et le bonheur des parents, qui veulent en savoir plus. Il s’est passé quoi exactement ?
Victoria mène l’enquête
La mère de Parker, qui s’appelle Victoria, questionne le personnel médical. Qu’est-ce qui pourrait expliquer ce changement ? Elle découvre que la seule chose qui pourrait expliquer tout ceci est la prise d’une hormone digestive qui s’appelle la sécrétine.
La sécrétine est une substance qui stimule la sécrétion de bicarbonate au niveau du pancréas. On a fait prendre de la sécrétine à Parker pour voir si son pancréas fonctionnait bien. Donc Victoria se dit qu’il y a un lien entre la digestion de Parker et sa condition et que la sécrétine est la clé du changement.
Elle contacte son gastro-entérologue pour avoir une nouvelle dose, pour voir si les améliorations continuent, et le médecin refuse parce que ça sort du protocole officiel. Elle contacte des universités médicales pour expliquer son expérience, voir si elle peut trouver une équipe qui pourrait l’aider et la suivre.
Hélas personne n’est intéressé, vous vous imaginez qu’on a dû la prendre pour une originale. Mais quand on fait face à un problème de santé, il faut se battre, et elle se bat.
Quand la télé s'en mêle
Victoria arrive à trouver un chercheur en psychopharmacologie dans une université Californienne. Cette personne a un fils autiste, elle est donc très intéressée. Elle emmène son fils faire une endoscopie et devinez quoi… même résultat !
À ce stade, le premier gastro-entérologue, qui avait fait le test à Parker, décide de faire le test sur un autre enfant autiste. Même résultat !
La chaîne de télévision NBC s’empare de cette histoire en 1998, et des millions de téléspectateurs vont découvrir l’histoire de Parker et de la sécrétine.
En 2 semaines, les réserves de sécrétine dans tous les États-Unis sont épuisées. On s’échange des doses de sécrétine pour des milliers de dollars sur internet. Des familles vendent leur maison pour pouvoir se payer le traitement.
On estime que 2500 gamins autistes recevront de la sécrétine pendant cette période. Avec d’excellents résultats pour de nombreux gamins !
À ce stade, les autorités médicales commencent à s’inquiéter bien sûr, on ne contrôle plus la situation.
C'était dans votre tête !
C’est un chercheur de Caroline du Nord qui va mener la première étude sur l’effet de la sécrétine chez l’enfant autiste. On fait cette étude dans les règles de l’art, randomisée avec placebo, le tout effectué sur 60 enfants autistes, 30 qui reçoivent de la sécrétine, 30 qui reçoivent un placebo.
Les résultats sont publiés dans le prestigieux New England Journal of Medicine en décembre 1999. Et les résultats vont littéralement plomber tous ceux qui s’étaient investis dans ce projet. Aucune différence entre la sécrétine et le placebo !
La communauté médicale va interpréter les résultats de la manière suivante : la sécrétine ne démontre aucun résultat clinique lorsque comparé à un traitement qui est vide. Et par association, on en conclut que la sécrétine ne démontre aucun résultat.
Littéralement, je cite les chercheurs : « une dose de sécrétine humaine synthétique n’est pas un traitement efficace pour l’autisme ».
Et il est là, le problème. Ce jugement-là n’est pas correct. C’est une erreur. Et c’est l’idée que je vais développer dans cet article.
Imaginez la réaction des parents qui ont vu leur gamin se métamorphoser en l’espace de quelques jours. Imaginez que vous en train de leur expliquer que ce qu’ils ont vécu, c’est dans leur tête.
Leur gamin, qui se frappait la tête contre un mur 20 fois par jour et qui ne parlait plus, se remet à leur dire « regarde maman comme c’est joli dehors » en regardant par la fenêtre. Et ça, je n’invente pas, ça a été capturé en vidéo pour le reportage sur la NBC.
Je peux vous dire qu’il vaut mieux venir avec un imperméable, parce que vous allez sûrement vous prendre quelques œufs bien frais dans la figure. Et ça, c’est la version soft.
L'effet placebo n'est pas du vent
Ce que l’on a oublié d’expliquer, c’est que dans cette étude, il y a eu une amélioration significative dans les 2 groupes, sécrétine ou pas. Des améliorations qui peuvent sembler être de petits miracles pour les parents.
Et il est certain que certains enfants n’ont pas réagi du tout, c’est toujours le cas quel que soit le traitement que l'on teste. Mais certains ont répondu d’une manière assez spectaculaire.
L’effet placebo, ce n’est pas du vent. C’est un véritable effet thérapeutique qu’il faut qu’on arrive à apprivoiser aujourd’hui.
Les études montrent un fort effet placebo pour toute une liste de conditions : l’hypertension, la dépression, la nausée, les migraines, les problèmes d’érection chez l’homme, les troubles digestifs, l’asthme, les douleurs chroniques.
Certains chercheurs considèrent cela comme une anomalie statistique, ou parfois ils pensent qu’ils ont affaire à un patient qui se laisse facilement manipuler par ce qu’on lui a dit. Mais les malades vont mieux, leurs paramètres physiologiques sont modifiés d’une manière mesurable.
Et puis excusez-moi, mais on prend un peu les malades pour des imbéciles en disant que c’est parce qu’ils sont influençables et qu’ils croient tout ce qu’on leur dit.
Les spécialistes de l'effet placebo
Les chercheurs qui se sont vraiment penchés sur l’effet placebo ont fait des découvertes assez fabuleuses. L’un des pionniers de l’effet placebo est un neuroscientifique qui s’appelle Fabrizio Benedetti, il est italien.
Dès les années 1970, il remarque que dans les études cliniques, les patients dans le groupe placebo ont très souvent des résultats aussi bons que ceux dans le groupe médicament. Et ceci est balayé sous le tapis d’une manière systématique, ce qui l’embête un peu (beaucoup même).
Benedetti va vraiment s’intéresser à l’effet placebo avec la découverte des endorphines. Il se dit que si notre propre corps arrive à fabriquer une hormone aussi puissante que la morphine avec les mêmes effets, c’est que peut-être ça joue un rôle dans l’effet placebo, au moins pour la gestion de la douleur.
Ceci va être validé par un chercheur Californien en 1978, qui donne un placebo à des patients qui ont subi une chirurgie dentaire. Et je peux vous dire que les douleurs dentaires, ce n’est pas marrant. Pour 1/3 des patients, le placebo va apporter un soulagement significatif.
Puis on donne à ces personnes de la naloxone, une molécule qui bloque les effets des endorphines. La douleur revient immédiatement ! On démontre donc, en 1978, que les endorphines expliquent en partie l’effet placebo pour les études sur la douleur.
Effet placebo dans 30 à 60% des patients
Aujourd’hui, on estime que l’effet placebo affecte 30 à 60 % des patients pris en charge médicalement. On le retrouve dans les préparations pharmaceutiques en prise par voie orale, dans les injections, dans les interventions chirurgicales.
Et le problème, c’est qu’on a aucun moyen de savoir si l’amélioration de la situation est due à la méthode testée ou à l’effet placebo. Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’on a un effet puissant qui crée définitivement un effet physiologique. Non, ce n’est pas juste dans la tête de la personne.
En fait, il faut qu’on arrive à évoluer de l’idée d’un simulacre de traitement à l’idée d’un traitement à part entière qui est reconnu comme valide, et le tout sans rentrer dans des dérives. Quelque chose qu’on pourrait appeler « placebothérapie ».
La thérapie de la gélule vide
Ceci a toujours posé un problème, car donner une gélule vide à une personne et lui dire qu’elle contient une substance active contre ses douleurs, vous l’avez compris, c’est du mensonge, ce n’est pas éthique du tout.
Mais il y a une personne qui a bouleversé la situation. Il s’appelle Ted Kaptchuk, c’est un chercheur américain, et en 2010 il publie une étude (2) qui a pris le monde scientifique par surprise.
Il a pris 80 femmes qui souffrent de colopathie fonctionnelle, qu’on appelle aussi syndrome de l’intestin irritable, une situation qui peut être assez invalidant avec beaucoup de douleurs digestives.
C’est une étude randomisée dans laquelle on a comparé l’efficacité d’un placebo annoncé, c’est-à-dire que l’on a dit aux personnes qu’elles allaient prendre une pilule placebo fabriquée à partir d’une substance inerte. On a expliqué comment le placebo fonctionne, au travers de processus dans lesquels l’esprit influence le corps.
Mais on a annoncé la couleur, on a dit, vous voyez, dans cette pilule, il n’y a absolument rien. Et devinez quoi ? Les résultats sont positifs avec des améliorations significatives sur la sévérité des symptômes. Le tout comparé à un groupe qui ne prend absolument rien mais qui est accompagné de la même manière par les chercheurs, donc l’aspect interaction humaine reste la même dans les deux groupes.
Fascinant non ? En un clin d’œil, Kaptchuk avait éliminé le souci principal que la profession médicale pouvait avoir avec l'effet placebo. Et pourtant, lorsqu’il est parti faire des conférences pour exposer ses résultats, à chaque fois qu’il a demandé à son audience, constituée de médecins de lever la main s’ils allaient utiliser l’effet placebo de cette manière, personne n’a levé la main.
Un médecin explique que s’il décide un jour d’utiliser le placebo, cela veut dire que son patient va rater une opportunité d’utiliser une substance active qui pourrait bien amener un effet thérapeutique, une position qu’on arrive à comprendre.
Mais ce dont ce médecin à oublier de mentionner, c’est qu’avec un placebo, on n’a pas à gérer une liste d’effets secondaires qui nécessite aujourd’hui qu’on introduise un fascicule de 20 pages dans une boîte de médicament.
Risques et limitations
Il y a des risques avec cette proposition bien sûr. L’effet placebo, lorsqu’il est utilisé hors du contexte médical, pourrait faire disparaître des symptômes qui permettraient à un médecin de diagnostiquer une maladie.
Mais là, comme toujours, il faut faire preuve de bon sens. Si vous avez des migraines chroniques, vous pouvez utiliser des plantes pour vous soulager, mais il faut d’abord vous assurer qu’il n’y a pas de pathologie qui se cache derrière les maux de tête.
Pareil pour l’acupuncture ou tout autre forme de thérapie dispensée par des personnes qui ne font pas partie du corps médical : diagnostic médical d’abord pour écarter toute pathologie qui nécessite une intervention spécifique.
Il peut y avoir des dérives avec les plantes, avec l’acupuncture, et avec la placebothérapie d’une manière très similaire. On n’a pas une exception ici.
Il y a des limitations aussi. À ma connaissance, un placebo contraceptif ne va pas empêcher une femme de tomber enceinte. Et je n’irais certainement pas tester un placebo antibiotique dans un cas de septicémie provoquée par un staphylocoque doré.
Vous voyez ce que je veux dire, il y a clairement des limitations à ce qu’un placebo peut faire basé sur ce que nous dit la science aujourd’hui.
Zones d'efficacité
L'effet placebo présente un fort potentiel pour :
- La gestion de la douleur chronique (3)
- La colopathie fonctionnelle (2)
- La dépression (4)
- L’anxiété (4)
- L’asthme (effet subjectif) (5)
- La maladie de Parkinson (6)
- Les maladies auto-immunes (effet immuno-suppresseur) (7)
Et pour le reste, il faudra encore plusieurs années pour voir où se cache le potentiel, en espérant que certains centres de recherches continuent à investir dans l’effet placebo, ce qui est une grosse question.
Effet placebo et plantes médicinales
Comment maximiser l’effet placebo dans notre pratique des bonnes herbes ?
D’ailleurs, cela va peut-être vous paraître bizarre que je parle de ce sujet. Remarquez au passage que toujours aujourd’hui, nous ne sommes pas très à l’aise avec l’effet placebo car il y a tout un tas de boulets qui lui sont attachés. L’idée que c’est de la manipulation et du charlatanisme en particulier.
Mais j’espère vous avoir convaincu que l’effet placebo est un effet réel, physiologique et puissant, qu’il va se superposer à l’effet des plantes, et qu’il faut vraiment essayer de profiter des deux effets combinés. Et le faire d’une manière éthique bien sûr.
Alors comment faire ?
Relation avec le conseiller
Voici quelques règles qui touchent à la relation entre la personne qui donne un conseil et la personne qui le reçoit.
☀︎ Il faut que le soin soit délivré par une personne qui a une réputation d’être compétente et qualifiée. Il faut qu’on ait cette attente que l’on va recevoir un conseil de quelqu’un qui sait de quoi il parle.
Benedetti a fait une étude sur un placebo délivré par intraveineuse. Si c’est une personne en blouse blanche qui délivre le placebo, l’efficacité sera supérieure de 50% par rapport à une machine qui délivre le placebo et la personne est seule dans une pièce.
On a besoin de se sentir accompagné par un être humain compétent. Et la compétence, parfois, ça peut être tout simple. Au sein d’une famille, cela peut être la personne qui, grâce à une tisane, a soulagé une petite-cousine lorsqu’elle avait ses règles, ou une tante lorsqu’elle avait de l’arthrose. Et donc on va lui demander conseil pour voir si elle n’aurait pas une petite huile aromatique de massage pour une entorse.
Il ne faut pas hésiter à expliquer qu’on a eu du succès dans le même type de situation dans le passé. Il faut que ce soit vrai bien sûr, sinon on se comporte comme un imposteur. Mais lorsque c’est vrai, on peut expliquer qu’on a de l’expérience avec le soulagement de telle ou telle condition, ce n’est pas se vanter, c’est se positionner pour maximiser l’effet placebo.
☀︎ La personne doit avoir une attente positive au sujet de la technique utilisée. Elle doit se dire que la technique va probablement fonctionner. Nous parlerons de l’effet nocebo dans un autre article, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas une omission de ma part.
Pour savoir si la personne a une attente positive sur une forme de thérapie ou une autre, soit il faut lui poser des questions, soit il faut bien la connaître. Par exemple, vous n’allez peut-être conseiller à une personne de votre famille de tester une infusion pour son arthrose si elle vous dit que les plantes, ça ne peut pas faire de mal parce que c’est de l’eau chaude dans une tasse.
Bien sûr que ça peut fonctionner malgré cet a priori, car les plantes ont une action physiologique, elles ont des substances actives. Mais cela va être largement plus compliqué.
Personnellement, aujourd’hui, je parle volontiers du pouvoir des plantes aux personnes qui sont vraiment intéressées. Mais j’ai arrêté de faire ce que j’ai fait à mes débuts, c’est-à-dire essayer de convaincre.
Nous ne sommes pas là pour convaincre. Donc on peut faire le choix de travailler avec des personnes qui sont vraiment prêtes à s’investir dans leur santé et qui veulent vraiment découvrir les bonnes herbes. Et donc on va profiter de l’effet placebo au passage au passage.
☀︎ Bien expliquer le choix des plantes est important, par exemple, dire : « Pour ton problème d’intestin irritable, je te conseille la mélisse qui a une action sur les états anxieux, et on va l’associer à de la camomille matricaire qui calme les tensions au niveau digestif. »
☀︎Expliquer avec confiance et conviction, et cela demande un peu d’expérience. C’est vrai qu’au début, on n’est pas très à l’aide.
On peut se reposer sur la science, expliquer que les études démontrent clairement que la mélisse calme les états anxieux, ou se reposer sur la tradition, dire que depuis des siècles, on a toujours utilisé la camomille matricaire pour calmer les tensions au niveau digestif.
On peut se reposer sur les ouvrages de référence, dire que le fameux docteur Valnet recommandait telle ou telle plante pour telle ou telle condition. Etc. Toute information qui permet de montrer que les plantes fonctionnent peut aider à maximiser l’effet placebo.
☀︎ Montrer à la personne qu’on l’a écoutée, qu’on s’intéresse à sa problématique, et qu’ensuite on a été en mesure de personnaliser le conseil. Ce conseil-là, je l’ai élaboré spécialement pour vous.
Relation avec le produit
Voici quelques règles qui sont plutôt en relation avec la forme utilisée.
☀︎ La personne doit savoir qu’elle prend quelque chose. Si on cache un placebo dans de la nourriture par exemple, on ne peut pas profiter de son effet.
☀︎ La forme va compter. Par exemple, je trouve l’infusion particulièrement intéressante pour donner une impression d’authenticité et d’efficacité. Parce qu’on doit préparer soi-même l'infusion, on sort les plantes des sachets, on les met dans une tasse, on verse l’eau, on voit l’eau qui change de couleur, qui s’assombrit.
Il y a des choses qui se passent, on voit que le liquide va être actif. La forme extrait liquide (teinture ou autre) est souvent intéressante aussi car elle donne l’impression que c’est une forme concentrée. Ce qui est vrai, mais elle donne aussi cette impression. Et puis on compte les gouttes, là encore on s’investit, et l’idée de précision, d’exactitude, inconsciemment ça veut dire efficacité.
Et là attention, je suppose que la qualité utilisée est irréprochable, que l’on travaille vraiment avec un excellent produit. Ou alors, si ce n’est pas le cas, il faut dire « ces gélules ne contiennent pas grand-chose, mais les études montrent clairement que l’effet placebo peut avoir un effet marqué dans les cas de douleurs articulaires » par exemple.
Mais bon, ce n’est pas comme ça qu’on travaille, nous les amoureux des bonnes herbes. On est très fier de la qualité des préparations qu’on recommande, et il y a des endroits où l’on ne va pas aller.
Point négatif de l'effet placebo
Il y a quelque chose qui me tracasse : on suppose que la personne qui délivre le conseil impressionne la personne qui reçoit le conseil avec sa stature, son titre, sa réputation, son savoir.
Donc dans ce modèle, le praticien a le pouvoir. Il faudrait inverser cela. Si on explique clairement ce qu’est l’effet placebo, le pouvoir incroyable de l’esprit sur le corps et sur les fonctions physiologiques, on peut faire prendre conscience à la personne que le pouvoir, c’est elle qui l’a.
Et que le praticien est juste là pour l’aider à trouver la bonne voie. A fournir l'étincelle. C’est important aujourd’hui d’envoyer un message qui dit qu’on est tous responsable de notre santé, de nous mettre dans une position de prise de décision, et pas dans une position passive.
A quand la placebothérapie ?
Je vais vous donner mon opinion, cela ne peut pas venir de nous, les non-médecins.
Car si on introduit se type de pratique, on va se faire définitivement traiter de charlatans. Donc il faudra que ce soit mis en place par des personnes du corps médical qui montreront la voie.
Eet bien sûr, on est très loin de cette ouverture d’esprit aujourd’hui pour de nombreuses raisons.
Donc si vous êtes praticien non-médecin, ce n’est pas quelque chose que je vous conseille de faire. Cela me paraît risqué et on peut vite arriver à des dérives si le praticien n’a pas une éthique irréprochable.
Mais avec nos proches, pourquoi ne pas tester ? Une personne qui souffre de douleurs chroniques, qui a eu un suivi médical, pourquoi ne pas tester de petites gélules remplies de fécule de pomme de terre et dire à la personne « tu sais, dans ces gélules, il y a une substance inerte, mais les études montrent que l’effet placebo est un outil très puissant, etc. »
Puis vous expliquez les résultats obtenus dans les études sur l’effet placebo, et vous essayez voir si 2 gélules 3 fois par jour n’ont pas un effet positif.
Et pourquoi pas ? Et pourquoi on resterait toujours figé dans l’immobilisme, à toujours se faire dicter par le système ce qui est acceptable ou pas acceptable ?
Est-ce que les gens qui souffrent ne méritent pas aujourd’hui qu’on mouille un peu la chemise pour eux ? Même si parfois ça paraît un peu farfelu ?
Dérives et charlatanisme
Peut-il y avoir des dérives avec ces méthodes ?
Bien sûr.
Est-ce que cela peut mener à une nouvelle forme de charlatanisme ?
Absolument.
Il faudra faire attention que l’effet placebo ne soit pas utilisé par des gens qui vont vouloir justifier des pratiques douteuses et des produits très chers, remplis de fécule de pomme de terre.
On voit aux États-Unis de nouveaux produits qui sortent sur le marché, des gélules pleines d’air, avec un packaging très sophistiqué, vendues cher comme placebo. Il faut qu’on soit vigilant.
Mais bon, c’est pareil pour tout aujourd’hui, on peut avoir des dérives sur tous les sujets, l’effet placebo n’est pas une exception.
Références
(1) Sandler AD, Sutton KA, DeWeese J, Girardi MA, Sheppard V, Bodfish JW. Lack of benefit of a single dose of synthetic human secretin in the treatment of autism and pervasive developmental disorder. N Engl J Med. 1999 Dec 9;341(24):1801-6.
(2) Kaptchuk TJ, Friedlander E, Kelley JM, Sanchez MN, Kokkotou E, Singer JP, Kowalczykowski M, Miller FG, Kirsch I, Lembo AJ. Placebos without deception: a randomized controlled trial in irritable bowel syndrome. PLoS One. 2010 Dec 22;5(12):e15591.
(3) Klinger R, Stuhlreyer J, Schwartz M, Schmitz J, Colloca L. Clinical Use of Placebo Effects in Patients With Pain Disorders. Int Rev Neurobiol. 2018;139:107-128. doi: 10.1016/bs.irn.2018.07.015. Epub 2018 Aug 6. Review.
(4) Kirsch I. Placebo Effect in the Treatment of Depression and Anxiety. Front Psychiatry. 2019 Jun 13;10:407. doi: 10.3389/fpsyt.2019.00407. eCollection 2019. Review.
(5) Dutile S, Kaptchuk TJ, Wechsler ME. The placebo effect in asthma. Curr Allergy Asthma Rep. 2014 Aug;14(8):456. doi: 10.1007/s11882-014-0456-2. Review.
(6) Quattrone A, Barbagallo G, Cerasa A, Stoessl AJ. Neurobiology of placebo effect in Parkinson's disease: What we have learned and where we are going. Mov Disord. 2018 Aug;33(8):1213-1227. doi: 10.1002/mds.27438. Review.
(7) Albring A, Wendt L, Benson S, et al. Placebo effects on the immune response in humans: the role of learning and expectation. PLoS One. 2012;7(11):e49477. doi:10.1371/journal.pone.0049477
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F beltramini dit
Bonjour Christophe 🙂 déjà un grand merci pour cet article, ça me fait un bien fou que quelqu’un se préoccupe de ses dimensions dont je suis convaincu et que j’utilise tous les jours dans la vie quotidienne. Il y a un très bon livre à ce sujet, qui s’appelle « demandez et vous recevrez » écrit par Esther et Jerry hicks. Il présente une méthode structuré est très réaliste pour stimuler en soi c’est effet placebo. Ceci est associé à la croyance en la loi de l’attraction (à laquelle je souscrit à 100 %) mais après tout peu importe 🙂 car la méthode qui est proposé peut tout à fait être utilisé dans cette réflexion sur le placebo. Toutefois il m’a pour l’instant était difficile de l’utiliser avec mes passions car il semble que ce soit une méthode complète qui supporte mal la fragmentation, je veux dire que favoriser en soi des pensées et émotions positives en général ou à propos d’un sujet en particulier demande quelques subtilités, et de nombreux petits jeux sont plus efficaces qu’un seul . En tout cas je suis persuadé de l’influence de cette aspect , et je constate bien souvent que la qualité de nos pensées de nos émotions sont cités comme très importante voir premier médicalement tout en laissant place à un vide sidéral quant aux moyens d’utiliser cette aspect . Et, comme vous le dites dans votre article cet effet placebo n’est pas anodin dans ce qu’il dit de nous , et de notre potentiel.
Encore un grand merci, pour ma part je n’ai pas pu m’empêcher de me former en psychologie en plus de mon métier et je suis toujours à la recherche de moyens d’utiliser l’effet placebo, peut-être aller voir dans le monde de la psychosomatique nous verrons.
Est-ce que les formations sous forme de modules traitant de sujets précis Ça tarde également à donner des éléments autre que les plantes ? Alimentaire, gestion du stress , respiration, activité physique ? Je sens dans vos articles que vous avez une orientation globale et multifactorielle et vous parlez parfois même de naturopathie, êtes-vous naturopathe ? Ou est ce une source d’inspiration pour vous ?
Merci encore 🙂
sabine dit
bonjour Beltramini
Christophe dans ses formations approfondit les sujets et ceux que vous évoquez sont abordés , les sujets sont en fonction selon le module.
Christophe est naturopathe/ herbaliste
Marie Paule dit
Bonsoir .Serait-il possible de remplir les gélules de mélisse en poudre par exemple ou tout autre plante correspondant au besoin attendu ? merci de votre réponse .
sabine dit
Bonjour Marie Paule
si votre mélisse a toujours son bon parfum oui (la mélisse est une plante qui perd beaucoup au séchage )
JOSEPH dit
Bonjour Christophe, je suis toujours très attentif à votre approche de la médecine. Vous m'apprenez beaucoup et je vous en remercie. L'effet Placebo disparaît de la médecine moderne alors que celle-ci prétend s'y intéresser. Il disparaît car il est lié au contact humain, à l'empathie comme on dit. Et l'EBM c'est l'inverse de l'humain. Les nouveaux médecins sont formatés avec des protocoles. Leurs examens pour être "docteur"sont des QCM et le robot entre en salle d'attente. Il faut que les gens deviennent leur propre médecin afin de pouvoir décrypter le discours du médecin robot et surtout en sachant que ce sont eux qui détiennent la clef de leur santé. C'est avec vous qu'ils apprennent cela. Merci mille fois. Bonne journée. Bien amicalement
Dr JO
Catherine ALBERT dit
Tout ça ma rappelle mon papa et mon enfance, quand je tombais et me faisais mal il appliquait sur mon bobo de "la pommade de mon coeur" il disait, c'est à dire un peu de sa salive. Et parce que ça s'appelait pommade et que j'étais entièrement confiante, et bien ça marchait, je n'avais plus mal. Magique, merci Christophe.