Plantes adaptogènes "revisitées" - Partie 1 : (abonnez-vous au podcast ici)
J'ai retrouvé une vieille vidéo que j'avais faite sur les plantes adaptogènes. Elle a quasiment 10 ans, et quand je regarde ces vieilles vidéos, ça me fait souvent marrer. Parce que pour moi, c'était une époque, et c'est vrai que faire des vidéos, c'est un peu comme un sport. Au plus on en fait, au plus on se sent à l'aise. Mais au départ, il peut y avoir des épisodes assez épiques avec les problèmes techniques, les mots qui restent coincés dans la gorge et les envies de soumettre la caméra à un traitement au marteau-piqueur juste pour voir ce que ça pourrait bien faire.
Je vous donne le lien vers la vidéo en question. Alors déjà, n'allez pas me demander ce qui m'a pris ce jour-là, mais je porte une chemise... Et puis j'ai préparé mon petit décor, j'ai ma table, mes bocaux, mes livres pour faire plus sérieux. Toujours avoir quelques livres, ça fait plus crédible. Et puis cette lumière jaunâtre qui fait un peu vieille bobine de film qui aurait mal vieilli. Donc on va dire que ça représente une époque.
Là, on est en 2023. Et en fait, tout démarre d'une question postée par Arthur sur ma chaîne YouTube qui dit : "Pouvez-vous parler du concept de plantes adaptogènes, est-ce un mythe ou une réalité ?" Alors Arthur, je pense que tu as vu les descriptions très élogieuses de ces plantes et tu t'es dit "waouh ! sérieux ! Ça peut faire tout ça ?"
Donc je vais refaire une bonne passe sur le sujet. Je vais reprendre l'historique, les propriétés génériques des adaptogènes. Et surtout, je vais rajouter mes propres vues, mes propres évaluations basées sur 10 ans d'expérience en plus par rapport à la fameuse vidéo. Donner mon opinion, c'est quelque-chose que je me suis un peu refusé de faire pendant plusieurs années. Je voulais rester neutre. Mais là, c'est une période dans laquelle j'ai envie de partager mon vécu et mon expérience.
Ceci dit, automatiquement, on risque de partir dans quelque-chose d'un peu biaisé. Eh oui, ça reflète un cheminement, le mien, dans un univers complexe - le monde des plantes et du bien-être. Donc je vais essayer d'être neutre et factuel sur certains aspects, et lorsqu'on arrive à du plus personnel, je ferai de mon mieux pour vous le signaler.
Les plantes adaptogènes les plus connues :
en voici une liste : ginseng asiatique, ginseng américain, éleuthérocoque, rhodiole, tulsi, ashwagandha, schisandra, astragale de chine, reishi, cordyceps et d'autres, liste non exhaustive mais au moins ça vous aide à ancrer la discussion.
Je vais diviser cette discussion en 2 épisodes. Dans le premier épisode, on va parler de l'historique, de la définition d'une plante adaptogène, des propriétés et indications de cette catégorie de plantes. Et on ne vas pas oublier qu'on reste au niveau d'une catégorie, d'un groupe de plantes, et qu'on ne va pas rentrer dans les plantes individuelles.
Dans le second épisode, je partagerai avec vous mes propres évaluations basées sur ma pratique. On verra quelques pièges potentiels à éviter avec ces plantes adaptogènes, là encore dans mon expérience. Les parties de la définition qui me posent problèmes car ce n'est pas exactement ça que je constate en pratique. Donc la partie 2, c'est vraiment une partie qui m'est plus personnelle alors que dans la partie 1, on va rester plus générique.
Avant de démarrer, je me dois de vous rappeler une chose importante. Je ne suis ni médecin, ni pharmacien, ni professionnel de la santé. Mes conseils sont fournis dans un but éducatif et ne se substituent absolument pas à un suivi médical. Dernier point, pour vous inscrire à ma lettre d'information gratuite et recevoir votre petit livret cadeau, vous trouverez le lien d'inscription sous la vidéo.
Histoire des plantes adaptogènes
Allez, on démarre avec un peu d'histoire. Car l'histoire est toujours importante pour ancrer une discussion et pour comprendre pourquoi on en est arrivé à un certain point aujourd'hui.
On parle ici de plantes un peu spéciales. Ce sont des plantes qui soutiennent ce qu'on pourrait appeler la "force vitale" d'un individu. Terme très vague et mal défini je vous l'accorde. En médecine Chinoise on parle de concepts comme le Qi, en médecine ayurvédique on parle de Prana. Il est possible que Galien, fameux médecin de l'empire romain, ait capturé ce concept au travers de ce qu'il appelait "pneuma" il y a bien longtemps. Concept qui n'a pas vraiment perduré chez nous, bien qu'on ait gardé le vitalisme dans certains courants de pensée. Mais dans l'ensemble, au cœur de nos vues du bien-être, au cœur de nos pratiques occidentales, on n'a pas vraiment gardé ce concept d'énergie vitale qui est à la base de tout.
Et du coup, on n'a pas vraiment de plantes qui soutiennent cette énergie vitale dans ses fondations. On pourra argumenter plus tard, dans la 2e partie, voir si les grandes toniques de chez nous pourraient faire l'affaire. Mais pour l'instant, simplifions.
Pendant la 2e guerre mondiale, en Russie, on commence à se poser pas mal de questions. On regarde du côté Chinois et on voit une pharmacopée très riche avec des plantes qui semblent stimuler la vitalité d'une manière efficace et durable. On veut construire une union soviétique forte, résistante, on veut optimiser les facultés physiques et mentales, et donc posséder ces plantes qui semblent stimuler tout un tas de processus devient stratégique.
La première étude scientifique russe est publiée dans des journaux militaires, pendant la 2e guerre mondiale, et se concentre sur les effets toniques des baies de schisandra (Schisandra chinensis) (1). Comme d'habitude vous trouverez toutes les références en fin d'article. Ces recherches sont inspirées d'études ethnobotaniques qui datent de fin 1800 et début 1900 et qui se déroulent dans la Sibérie et la Mandchourie. Les fruits de schisandra étaient utilisés par les chasseurs de la tribu des Nanaï afin de réduire la fatigue, les besoins en eau et pour améliorer la vision de nuit de ces chasseurs.
Donc ça démarre avec la schisandra. Puis au début des années 1960, les Russes lancent une quantité phénoménale d'études sur l'éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus), la schisandra (Schisandra chinensis), le ginseng asiatique (Panax ginseng), la rhodiole (Rhodiola rosea), des plantes qui poussent dans certaines régions du vaste territoire de l'URSS. Début des années 1980, on recense plus de 1000 études publiées sur le sujet (2).
Les plantes adaptogènes sont officiellement reconnues par les instances de médecine russes début des années 60. Elles deviennent primordiales pour l'exploration spatiale, pour l'exploration des régions de l'Arctique et de l'Antarctique. Pour les performances des athlètes aux Jeux Olympiques. Les joueurs d'échecs en prennent. Les danseurs du Bolchoï. Ceux qui travaillent dans l'industrie nucléaire, et d'autres secteurs qui sont considérés comme clés pour l'économie ou le prestige du pays.
Toutes les études de l'époque sont en langage russe et difficile d'accès, donc il ne nous reste pas grand-chose aujourd'hui. De plus, à l'époque, le gouvernement russe était tellement intéressé dans ces plantes qu'ils interdirent aux chercheurs de parler des résultats ou de publier hors Russie. Et à l'époque, ça rigolait pas, si on n'écoutait pas les ordres, c'était le goulag.
On raconte pas mal d'histoires sur comment ces substances ont été testées sur humain. On m'a raconté qu'on prenait un groupe d'hommes sous rhodiole par exemple, un groupe qui n'en prenait pas, on balançait tout le monde dans de l'eau glaciale, on démarrait un chronomètre et on voyait qui tenait le plus longtemps, avec des temps bien meilleurs pour ceux qui prenaient des adaptogènes.
D'ailleurs, la plupart des tests se déroulaient dans la zone sibérienne, sous le contrôle du ministère de la défense. On testait l'endurance des soldats aux nuits glaciales Sibériennes et aux fortes élévations en Afghanistan. C'est dans ce contexte que des cadets de l'armée russe ont goûté à l'éleuthérocoque, aux baies de schisandra et à la racine de rhodiole. La rhodiole aidait les soldats à rester éveillés plus longtemps durant les périodes de privation de sommeil.
Du côté des sportifs, c'est aussi la rhodiole qui fut largement étudiée. Tous les athlètes olympiques en ont pris, avec une amélioration des capacités d'endurance et du temps de récupération. On dit que les biathlètes arrivaient à tirer sur les cibles en fin de course, sous une grande fatigue, sans que leurs bras tremblent, ce qui était un exploit en soi.
Dans les années 1980 et 1990, on voit apparaitre des revues d'études en anglais cette fois, ces revues sont faites par des scientifiques russes. Les chercheurs les plus connus dans le domaine sont Lazarev, puis Brekhman et Dardimov, puis plus tard Panossian. Ce sont eux qui ont eu le plus d'influence, à ma connaissance, sur l'intérêt qui allait suivre. Et ce sont Brekhman et Dardimov qui ont mis au point la définition d'une plante adaptogène, on va en reparler.
Le cas particulier de l'éleuthérocoque
Mais à ce stade, j'aimerais qu'on passe un peu de temps sur l'éleuthérocoque, cette plante qui a une place vraiment particulière dans les recherches russes. Car elle pousse dans les terres froides de la Sibérie, je pense qu'elle était abondante à l'époque. Aujourd'hui, ce n'est plus vraiment le cas hélas vu la demande, il se pourrait bien que la plante soit proche de l'extinction dans certaines régions, la Chine en particulier.
Mais revenons aux années 1960. La première étude sur l'éleuthérocoque est publiée en 1958 par Brekhman, comme je vous disais l'un des pionniers de la recherche sur les adaptogènes en Russie. Par la suite, de nombreuses études seront faites par l'Académie des Sciences de Russie.
Aujourd'hui, on a retrouvé dans les archives russes un total de 46 études sur l'éleuthérocoque, faites entre 1962 et 1986 (7). 29 de ces études étaient contrôlées, contre placebo. Les études se sont concentrées sur les niveaux d'énergie physique et mentale sous différentes conditions de travail, de température, d'altitude. On a étudié l'effet protecteur de la plante contre la grippe. L'effet sur la perte d'audition, sur la sensibilité aux radiations UV, sur la perception des couleurs. Donc c'était très varié comme champ d'étude, mais on peut dire que ça reste centré sur l'énergie et la performance pour différentes tâches.
On a aussi quelques études sur l'utilité de la plante dans des pathologies déclarées. 6 études sur les troubles cardiovasculaires avec des patients soufrant d'hyperlipidémie, d'insuffisance cardiaque, d'athérosclérose. Pour vous donner un exemple de résultats, dans une étude on voit une disparition des douleurs de poitrine dans 69% du groupe testé, une disparition de la sensation de souffle court dans 62% du groupe, et de la fatigue dans 80% du groupe.
Plusieurs études sur la prise d'éleuthérocoque pendant un traitement contre le cancer, une chimiothérapie pour être exact. On peut mesurer une amélioration de la condition générale du patient grâce à l'éleuthérocoque, de son immunité. Lorsqu'il y a radiothérapie, on voit une diminution des dommages collatéraux, une amélioration de l'appétit, du sommeil.
Au travers des différentes études, il semble que la forme utilisée était un extrait concentré au 1:1, c'est-à-dire qu'1 gramme du liquide correspondait à 1 gramme de racines sèches. C'est ce que nous, on appelle un Extrait Fluide. Et je parle ici de la définition du codex pharmaceutique, et pas simplement "un extrait qui est fluide". Le liquide titrait à 40° d'alcool et les dosages variaient entre 20 et 40 gouttes 3 fois par jour pendant 30 jours.
Si on fait une équivalence avec une teinture d'éleuthérocoque, qui est en général 5 fois moins concentrée qu'un extrait fluide, ça nous ferait entre 100 et 200 gouttes de teinture 3 fois par jour pendant 30 jours. Juste pour vous montrer les "doses efficaces" de l'époque. C'est intéressant, non ? De voir qu'aujourd'hui, on tombe souvent dans un sous-dosage qui fait que... ça ne fait pas grand-chose !
Dans certaines études, on a aussi testé une prise ponctuelle à forte dose, jusqu'à 8 ml d'un extrait liquide, en une fois. Et on constate une amélioration rapide des performances physiques et mentales. A l'inverse, dans une étude, on voit une prise qui dure une année et demi.
Donc vous voyez, là, on a pris l'exemple de juste une seule plante adaptogène avec de nombreuses études et applications. Mais les russes se sont intéressés à toute une liste. Donc la richesse d'information et d'applications, d'indications possibles, est énorme. Par contre, la méthodologie utilisée à l'époque est remise en question aujourd'hui : échantillons trop petits, pas de double aveugle, etc.
Les années 2000
A partir des années 2000, on voit une vraie explosion de l'intérêt et des études sur les adaptogènes : sur le ginseng, l'éleuthérocoque, la rhodiole, l'ashwagandha, le tulsi, la schisandra, le codonopsis, le cordyceps et d'autres. Les Chinois font de la recherche car la plupart de ces plantes appartiennent à leur pharmacopée traditionnelle. Pas toutes, mais la plupart. Les Indiens car c'est la même chose avec leur médecine Ayurvédique.
Et les Russes, finalement... du moins c'est mon interprétation... ont créé un pont et ont donné à ces plantes orientales des propriétés et un fonctionnement que la médecine occidentale arrivait à visualiser. Les Russes ont apporté une légitimité de ces plantes chez nous, en quelque-sorte, nous qui avons plutôt un système établi sur la science et la physiologie. Tonique du Qi, c'est un terme qu'on n'a pas appris à comprendre et qui nous semble exotique. Mais équilibrer les sécrétions des hormones de stress, d'une manière mesurable par bilan sanguin, là, on parle le langage de l'occident.
Certains m'ont dit : les Russes n'ont rien inventé avec les adaptogènes. Oui, OK, peut-être. Mais quel travail monumental ils ont fait ! Ils ont ouvert une nouvelle porte, de nouvelles connaissances, ils nous ont ouvert les yeux sur des remèdes qui nous étaient inconnus jusque-là. Ils ont connecté deux mondes en fait, l'orient et l'occident, d'une manière très physiologique et pas énergétique.
Définition d'une plante adaptogène
Bien. À ce stade, je vous propose qu'on définisse brièvement ce qu'est une plante adaptogène. Cette définition nous vient de Brekhman et Dardimov, et à ma connaissance elle n'a pas été modifiée d'une manière significative aujourd'hui.
Déjà, la grande définition très générique qui chapeaute les plantes adaptogènes : ce sont des plantes qui aident notre organisme à s'adapter à tout type stress, qu'il soit physiologique (chaud, froid, effort physique, problème chronique dégénératif, en gros tout ce qui taxe notre système), ou psychologique (pression, stress, etc). Je ne suis pas convaincu, basé sur ce qu'on sait aujourd'hui sur les interconnexions entre psychologique et physiologique, que cette distinction soit toujours d'actualité, vu que le psycho influence le physio et vice-versa.
Ceci dit, cette catégorisation nous aide tout de même à faire la distinction entre, par exemple, un trappeur au Yukon qui doit faire face au froid - stress physiologique - et une personne qui doit faire face à une énorme pression au travail - stress psychologique. Les adaptogènes peuvent aider dans les deux cas.
Si on descend d'un niveau, on trouve 3 points principaux.
➜ Premièrement, ces plantes sont non toxiques, à des doses raisonnables, même lorsqu’on les utilise au long terme. Et ça, c’est vraiment intéressant car parfois, on sera amené à les prendre sur de longues périodes justement.
➜ Deuxièmement, elles permettent à notre organisme de produire une réponse non spécifique au stress. C’est-à-dire qu’elles ne se concentrent pas sur un organe ou un processus physiologique en particulier, mais au contraire, elles permettent à tout notre système de mieux résister au stress. Elles ont un effet très large – elles agissent sur le système nerveux, sur les glandes surrénales, sur le système immunitaire, sur le système hormonal, sur le système digestif, certaines sur le système cardiaque, le foie, les reins, etc.
➜ Troisièmement, elles normalisent. Elles ramènent vers le milieu. Lorsque nous avons des faiblesses, elles stimulent les fonctions. Lorsque nous avons des excès, elles calment les fonctions. Si on prend l'exemple tout simple du stress chronique, on vit des périodes pendant lesquelles on est excité comme des gamins hyperactifs, et là, elles vont plutôt calmer. Et des périodes pendant lesquelles on a tellement couru comme des gamins hyperactifs qu'on est fatigué voire épuisé, et là elles nous remontent.
OK, mais c'est vachement générique tout ça. Eh oui, elles peuvent s'adapter à pas mal de situations. Au départ, on a un peu du mal à voir comment les positionner. Elles font presque trop de choses !
Plantes adaptogènes : indications
Quelles sont les indications principales ? A ce stade, on va rester à un niveau assez générique. Les déclinaisons spécifiques, je vous les ferai lorsque je vous présente les différentes plantes individuelles. Là on reste au niveau de la catégorie.
C'est assez vaste du côté du système nerveux central. Je ne vais pas pouvoir rentrer dans le vif du sujet. Mais on utilise ces plantes adaptogènes pour accompagner des périodes de stress prolongé, avec soit des signes d'excès et d'hyperexcitabilité, donc je vois que j'en fais trop et que je suis en train de me cramer, mais j'ai encore plein d'énergie et je suis tendu comme un arc. J'ai besoin d'une influence calmante. Soit des signes de déficience et de fatigue qui s'installent, donc là on a poussé un peu loin par rapport à nos réserves, nos capacités actuelles, notre âge aussi. Et là on a besoin d'être relancé.
Un système nerveux malmené peut aussi nous amener à certains états de déprime ou d'anxiété. Bien évidemment, il y a toute une partie psychologie et même parfois psychiatrie à traiter, donc faites-vous bien entourer par des thérapeutes qualifiés et compétents. Mais lorsque le stress malmène le bien-être émotionnel, on pensera aux adaptogènes.
On va noter ici que ces plantes sont cataloguées comme stimulantes sans excitation associée (et je reviendrai sur ce point) contrairement à la caféine ou d'autres excitants, et qu'elles sont sans effet addictif.
Donc ici, dans l'ensemble, cette catégorie "rééquilibrage du système nerveux", c'est probablement le cas de figure numéro 1 pour lequel on va penser aux plantes adaptogènes.
D'un point de vue stress physiologique, on a des utilisations pour préparer certains travailleurs spécialisés, ou athlètes, pour aller affronter des plongées en eau froide, ou des conditions physiques parfois extrêmes. Vous comprenez donc pourquoi ces plantes sont très vite devenues populaires chez les sportifs.
Ensuite, nous avons une catégorie de dérèglements immunitaires, souvent associés à un stress chronique. Immunité trop basse, auto-immunité, besoin de stimuler l'immunité pendant une période difficile pour prévenir une infection ou autre maladie. Prendre les devants pour s'assurer que les fonctions de défense ne vont pas s'écrouler, chose qu'on peut voir parfois dans certaines maladies dégénératives qui épuisent la personne. Ce rééquilibrage de l'immunité est quelque chose que les adaptogènes peuvent faire, à voir avec votre médecin bien sûr si pathologie à traiter et si médicamentation en cours.
Et pour finir, on a une sorte de catégorie fourre-tout tellement ces plantes adaptogènes ont démontré de propriétés dans les études : elles peuvent aider dans les problématiques cardiovasculaires (athérosclérose, hypertension, hyperlipidémie, etc.), de syndrome métabolique et diabète de type 2, d'allergies et inflammations respiratoires chroniques. Globalement, elles sont en général anti-inflammatoires, elles ont aussi des propriétés anticancer.
On pense que toutes ces actions globales se font au travers de l'orchestration hypothalamus-hypophyse-glandes (5). Donc hypothalamus-hypophyse-surrénales (3) ou h-h-thyroïde (4), ou h-h-gonades (6), etc. Un autre mécanisme d'action possible est au travers de l'axe sympatho-surrénalien (5). Les adaptogènes semblent aider ces axes majeurs de régulation à mieux fonctionner, d'une manière ni trop faible, ni trop forte.
Au prochain épisode...
On va s'arrêter là pour cette première partie sur les plantes adaptogènes. A ce stade, on comprend un peu mieux l'historique et comment ces plantes sont positionnées dans les ouvrages et sur les sites internet. Dans l'épisode 2, je vous présenterai ma propre expérience, ma propre évaluation de ces plantes basée sur ma pratique. On se retrouve donc très vite, merci d'être là, et surtout ne ratez pas "adaptogènes - le retour", très bientôt sur vos écrans !
Références plantes adaptogènes :
(1) Panossian A, Wikman G. Pharmacology of Schisandra chinensis Bail.: An overview of Russian research and uses in medicine. Journal of Ethnopharmacology. 2008;118:183-212.
(2) Panossian, Alexander & H, Wagener. (2011). Adaptogens. A Review of their History, Biological Activity, and Clinical Benefits. Herbal Gram. 90.
(3) Pawar, Vinod & Hugar, Shivakumar. (2012). A current status of adaptogens: Natural remedy to stress. Asian Pacific Journal of Tropical Disease. 2. S480–S490. 10.1016/S2222-1808(12)60207-2.
(4) Singh, Mandeep & Jain, Garima & Kumar Das, Bhrigu & Patil, Umesh. (2018). Biomolecules from Plants as an Adaptogen. Medicinal & Aromatic Plants. 06. 10.4172/2167-0412.1000307.
(5) Panossian A. Understanding adaptogenic activity: specificity of the pharmacological action of adaptogens and other phytochemicals. Ann N Y Acad Sci. 2017 Aug;1401(1):49-64. doi: 10.1111/nyas.13399. Epub 2017 Jun 22. PMID: 28640972.
(6) Altınterim, Başar. (2014). Effects Of Herbs On Hypothalamic-Pituitary-Gonadal Axis (HPG) And Hypothalamic-Pituitary-Adrenal (HPA) Axis. 10.13140/2.1.3028.4488.
(7) Gerontakos et al., "Findings of Russian Literature on the Clinical Application of Eleutherococcus Senticosus (Rupr. & Maxim.): A Narrative Review," Journal of Ethnopharmacoogy 278 (October 2021): 114274,
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Nicolas dit
Bonjour, merci pour votre article. Ma question concerne l'amenuisement des ressources en éleuthérocoque que vous mentionnez. J'ai fait des recherches mais ne trouve pas d'informations claires. D'après vous faudrait-il se passer de cette plante? La culture existe t-elle?
Merci pour votre éclairage
Bonne journée
sabine dit
Bonjour Nicolas
Voici la réponse de Christophe
oui la ressource sauvage est menacée. Jacques Fleurentin en parle ici dans le quotidien du pharmacien, l'article n'est pas accessible au public mais on voit que la ressource sauvage est menacée, et que seule l'espèce cultivée devrait être utilisée, ce qui est souvent compliqué à valider vu le nombre d'intermédiaires pour certaines plantes. https://www.lequotidiendupharmacien.fr/le-mag/histoire-de-plantes/eleutherocoque-le-ginseng-de-siberie
10 h 49
La culture existe oui, et d'ailleurs on en trouve de beaux spécimen de belle taille au CNPMAI de Milly la Forêt, il faudrait y passer ou les contacter pour avoir plus d'informations sur la possibilité de culture, ou simplement l'éviter pour l'instant effectivement.
Co dit
Bonjour, mon garçon passe une période compliquée.. Pensées négatives, anxiété, irritabilité et surtout problème d'attention et de concentration.. Il semblerait que ce soit une dépression faible à modérée il est suivi par un psy. En plus des probiotiques (lactobacillus rhamnosus) et d'une amélioration de l'hygiène de vie (sommeil, sport, réduction du sucre et des écrans) j'aimerai essayer la rhodiola qui semble correspondre. J'ai trouver où la commander en teinture mère mais celle proposée est à 70% d'alcool ce qui me semble assez énorme.. Il a 13 ans et fait 45kg qu'elle posologie me conseillez vous ? Je pensais commencer doucement pour arriver à 25 gttes matin (car le midi il est en cours). Est ce que le fait de le mettre dans une eau chaude élimine les bienfaits de la teinture mère ? (dans le but de faire évaporer l'alcool). Il a beaucoup de mal avec les grosses gélules donc je me tourne vers la version liquide. Merci d'avance
sabine dit
Bonjour Co
Je ne peux absolument pas vous conseiller dans le cadre du site sur ce qui est bon ou pas pour votre petit.
Je peux juste dire que non mettre de la teinture dans de l'eau chaude (pas bouillante) ne va pas dénaturer la teinture, sauf si teinture d'aromatique auquel cas on met juste avant de consommer.
TARON Coraline dit
Bonjour! Je suis curieuse d'avoir votre avis sur une intolérance à l'Ashwagandha: fatigue immense dès les 1ers jours, baisse de tension, besoin de sommeil accru. Impossible de tenir plus de 3 jours (testé à 2 reprises). De plus, le bourgeon de Figuier, normalement apaisant, me donne énormément d'énergie, m'empêche de dormir, voir me rend nerveuse et irritable. Ferez vous un jour un article sur cet effet inverse des plantes chez certaines personnes ? Merci d'avance!
sabine dit
Bonjour Coraline
voici la réponse de Christophe
Cela sera en effet un article intéressant à traiter. A ce stade, je peux juste vous dire que ce type de réactions n'est pas si rare que cela. Les plantes contiennent une grande diversité de constituants, il est possible que parfois, il y ait des réactions à certains et qui expliquerait des réactions indésirables ou parfois contraires à ce que l'on pourrait attendre. Spécifiquement avec l'ashwagandha, je dirais de regarder s'il n'y aurait pas une petite réactivité aux plantes de la famille des solanacées. Et puis sinon, plante trop sédative. Pour la petite histoire, je n'avais, jusque-là, pas eu de retours sur le fait que l'ashwagandha pourrait être trop sédative pour certaines personnes ou certaines situations, et là en l'espace de quelques semaines, j'ai eu 3 cas similaires.
TARON Coraline dit
Merci pour cette réponse. Je recherche du coup de la lecture sur ce sujet des plantes calmantes comme tilleul, figuier, qui peuvent être excitantes chez certains. Avez vous des sites à me recommander ? je ne trouve rien sur le sujet...
sabine dit
bonjour Coraline
hélas non , car c'est une rencontre entre une personne avec son histoire et sa sensibilité et une plante , et parfois une plante qui nous parait anodine peut créer des réactions improbables donc pas vraiment de règles
BURGAUD dit
Bonjour et merci pour votre incroyable site et tous vos articles plus passionnants les uns que les autres !
J'ai commencé une formation de naturopathe et je dois, dans ce cursus, rendre un mémoire. Le thème que j'aimerai aborder serait en lien avec les plantes adaptogènes.
C'est pourquoi je me permets de vous contacter pour vous demander si vous pourriez m'indiquer sur ce sujet, des références (site internet ou autre); ainsi que des ouvrages en français car je ne lis malheureusement pas l'anglais.
En vous remerciant
Magali
sabine dit
bonjour Magali
à ma connaissance très peu d'informations en français (sauf ici 🙂 ) il y a les références à la fin de l'article
mais même si vous ne lisez pas l'anglais , vous pouvez utiliser un traducteur (google ou deepl ) applications gratuites et de bonne qualité
Nillan Naturopathie dit
Merci infiniment pour cet article très bien sourcé ! Il est passionnant de comprendre comment le pont s'est fait et comment les Russes auraient servis de "filtre" pour rendre intelligible à l'Occident les usages orientaux des plantes adaptogènes. J'ai hâte de lire la suite !
Stéphanie Lalanne dit
Merci beaucoup, Christophe!
Super synthèse.
Avec vous depuis plusieurs années, serai au rendez-vous pour la suite.
Vous êtes si pertinent et aidant.
Pascale de Rotrou dit
Merci pour cette excellente presentation (ainsi que la premiere qui etait aussi excellente). J'ai une question : est-ce que les dosages pour le troisième age (70 ans et plus sont les mêmes? Et qu'en est-il de prendre ces adaptogenes sous forme d'électuaire ce qui devient populaire en Amérique du Nord)
sabine dit
bonjour Pascale
pour les dosages on va surtout regarder le poids; ce n'est pas tant l'âge qui va compter mais l'état de la personne et sa constitution , de toute façon une règle générale c'est de toujours commencer par de petits dosages et de voir comment l'organisme réagit , tout le monde ne réagissant pas de la même façon.
Oui l'électuaire est une bonne option pour consommer les adaptogènes en poudre (bon il faut quand même faire attention au sucre si prise quotidienne , et là aussi il faut trouver l'équilibre entre bénéfice/risque
Sand dit
Je vous remercie pour cet article. Je souhaitais justement en savoir plus sur les adaptogènes, c'est une belle entrée en matière sur le "où, quand et comment". Vivement la deuxième partie!
Valerie Richter dit
Merci. C’est très intéressant. J’attends la deuxième partie avec impatience. Aloha, de Maui. 😉
HERVE GOURIOU dit
bonjour Christophe, MERCI pour cette piqure de rappel et réactualisé de tout ce que vous aviez déjà dit en 2015... Les effets des Plantes adaptogènes sur les divers problèmes de nos organismes soumis de plus en plus aux pollutions chimiques de l'eau, de la terre et de l'air, nos éléments vitaux, sont très importants à connaitre pour prévenir et stimuler... Nous allons piaffer d'impatience en attendant la suite à la fin de la semaine prochaine et peut-être devoir calmer notre excitabilité avec certaines plantes adaptogènes ...
sabine dit
🙂
Lembege Fred dit
Re bonjour; inutile de répondre à mon précédent message, je viens de trouver la réponse dans le site. Désolée pour le dérangement
sabine dit
🙂
Lembege Fred dit
Bonjour, merci pour cette super présentation. Je trouve cette famille de plantes tellement extraordinaire que je m’étonne juste du finalement peu d’engouement au vu de leur potentiel.
Question: par quelle magie arrive t on a l’équivalent d’1 g de racine sèche dans 1 g de liquide ? Merci pour votre aide
sabine dit
bonjour Fred
je vous invite à lire cet article qui répond à votre question https://www.altheaprovence.com/extrait-fluide/
Penny Boyle dit
Thank you, Christophe.
I was very surprised at the Russian research, as you said, it does give these adaptogens more credibility in western eyes.
Looking forward to the 2nd episode.
Cheers,
Dr Pierre MAY dit
et effectivement tu es bien plus cool dans tes nouvelles vidéos mais franchement c'était déjà super complet à l'époque et la forme (chemise, lumière, diction, sérieux) importe peu c'est le fond qui compte, comme d'hab !
Dr Pierre MAY dit
SUPER RESUME SUR LES FAMEUSES ADAPTOIGENES; merci pour ces rappels historiques russes rarement évoqués car peu publiés en fait. Par contre, je prescrivais énormément d'adaptogènes et je me suis un peu calmé depuis la lecture du livre d'Aline Mercan sur l'utilisation éco responsable de ces plantes. Je pense que leur succès et leur réelle efficacité est en train de causer leur perte . Je pense qu'on se doit d'alerter tous les phytothérapeutes de ce risque de sur prescription de plus en plus inquiétant. Merci encore pour ta générosité dans la transmission du savoir et pour la qualité de toutes tes présentations. Tu es vraiment un pédagogue d'exception. Bises , Pierre.
sabine dit
bonjour Pierre
Christophe dit que la partie écologie arrive dans la seconde partie 🙂