Version audio :
Abonnez-vous au podcast :
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Apple Podcast | Spotify | Deezer | SoundCloud | Google Podcast |
Se lever le matin avec l’odeur du café fraîchement préparé qui vous arrive aux narines… C’est un petit rituel qui a bercé ma vie pendant une bonne trentaine d’années.
Je n’en bois plus aujourd’hui, mais je voulais vous emmener faire un petit voyage dans le monde merveilleux, ou pas, suspens, du café.
Alors, bon ou pas bon pour la santé ? C’est ce que l’on va voir dans cet article consacré aux bienfaits du café.
Pas de conclusion rapide
Je vous préviens tout de suite, Si vous voulez un résumé en 5 minutes, vous n’allez pas le trouver ici.
Mon point de vue, je vais vous le donner à la fin de l’article. Mais pas avant d’avoir partagé avec vous le résultat de mes recherches. Si vous vous intéressez à votre santé et aux substances naturelles, je pense que vous allez trouver cet article intéressant.
En effet, cela va vous donner une idée sur la complexité de la situation aujourd’hui. Lorsqu’on veut se détacher des articles simplistes, du style « buvez du café, c’est bon pour le cœur », ou « arrêtez le café, c’est cancérigène », des articles qui parfois se contredisent, c’est tout un travail.
Mais on va le faire ensemble. Et entre parenthèses, je ne vais pas parler de l’impact écologique du café, ça c’est encore une autre histoire.
Le monde merveilleux du café
Le café arrive en 2e position en ce qui concerne la consommation mondiale des boissons. On estime que la population mondiale en consomme plus de 500 milliards de tasses par an (1). Aujourd’hui, c’est la commodité la plus achetée et vendue dans le monde après le pétrole !
Plus de 70 pays en cultivent, mais le Brésil, la Colombie, l’Éthiopie et l’Inde sont les premiers producteurs. A eux seuls, le Brésil et la Colombie ont quasiment 40% de parts de marché (1).
Le café est le fruit du caféier, un arbuste de la famille des rubiacées qui pousse ou que l’on cultive dans les différents pays dont je vous ai parlé. On distingue plus de 70 espèces de caféiers, mais les deux espèces les plus importantes en ce qui concerne notre consommation, c’est Coffea arabica, le café arabica, et Coffea canephora, le café fobusta.
C’est le goût et la teneur en caféine qui distingue ces deux espèces. Si vous vous intéressez au café, vous savez que le robusta est souvent considéré comme la version bon marché du café, il est très fort en goût, très riche en caféine, mais il manque de finesse contrairement à l’arabica. L’arabica représente quasiment 80% de la production, et 20% pour le robusta.
Je ne vais pas vous parler du processus de fabrication du café, des méthodes d’extraction, de comment on enlève la caféine pour faire du déca, les méthodes de préparation, etc. Tout ça, vous le trouverez sur internet dans de nombreuses vidéos. On va juste se concentrer sur les bienfaits du café.
Caféine, rouage d’une société de production
Alors d’abord, soyons clair, pourquoi consomme-t-on du café ? Est-ce que c’est pour son goût délicieux ?
Au final, oui, on développe souvent une vraie attirance pour le goût. Mais au départ, en général, côté goût, on n’aime pas ça du tout ! C’est pour ça que l’on sucre très souvent les premières tasses, en particulier si vous avez commencé à consommer du café pendant votre adolescence (c’est mon cas).
Et puis si on se soucie de la charge glycémique de notre alimentation (ce que l’on devrait tous faire), au fil du temps, on arrive à boire le café sans sucre. Et on va même développer un vrai plaisir, une vraie attirance au goût amer et caractéristique du café.
Mais contrairement aux boissons sucrées, l’attirance au départ n’est pas basée sur le goût. Un peu comme la cigarette, la première expérience est toujours désagréable.
On décide de boire du café parce qu’on est attiré par ses propriétés stimulantes bien sûr. Et au fil du temps, on en boit parce qu’on devient accro. Pas tous les buveurs de café, mais de nombreux consommateurs développent une tolérance à la caféine, qui devient une vraie béquille pour se sortir du lit le matin et pour éviter le coup de barre de l’après-midi.
Michael Pollan, auteur américain, a beaucoup écrit sur l’histoire des drogues, en particulier sur tout ce qui est substances psychoactives. Et il nous rappelle que le café est une drogue. On a horreur d’employer ce terme de « drogue » pour des substances comme le café parce qu’on en boit, c’est légal, c’est accepté, donc le terme nous dérange.
Mais le café est une substance psychoactive qui entraîne une certaine dépendance. Alors pourquoi va-t-on jusqu’à célébrer la consommation de café aujourd’hui qui est devenu un véritable moment social, après tout lorsqu’on retrouve des amis, on leur dit « et si on allait se boire un café » ?
Pollan explique qu’on accepte tout ce qui aide notre société à mieux fonctionner, à mieux faire tourner les rouages. Pendant la révolution industrielle, on avait besoin de cette armée de personne qui travaillait dans les usines, et qui se ruinaient la santé au passage.
Le café, certes une drogue, mais aussi substance idéale pour gagner quelque point en productivité. On pouvait travailler plus, et plus longtemps grâce au café. Pour employer les termes de Pollan, ce type de drogue lubrifie les rouages du capitalisme. Pareil pour le tabac, une autre plante qui est aussi une drogue, qui a été longtemps acceptée et qui est toujours acceptée. Du moins toujours légale et vendue.
C’est peut-être pour cette raison que le café est célébré aujourd’hui dans une société qui va toujours plus vite, qui veut travailler toujours plus. Car le café nous permet de tenir le rythme.
Dans un petit grain de café
Que trouve-t-on dans les grains de café exactement ?
Comme vous le savez, on y trouve de la caféine, un alcaloïde qui agit comme stimulant du système nerveux central. Grâce à la caféine on se sent plus éveillé, plus alerte. Nos sens sont plus aiguisés. On a une meilleure concentration, une capacité beaucoup plus élevée à travailler.
Pour comprendre comment fonctionne la caféine, il faut comprendre comment fonctionne l’adénosine. C’est une substance fabriquée par nous neurones et qui est neuromodulatrice, c’est-à-dire qui module l’activité du système nerveux. Et là, en l’occurrence, elle va calmer le système nerveux central en se verrouillant sur certains récepteurs, ralentir l’activité neuronale et favoriser le sommeil.
La caféine, elle, se verrouille sur les récepteurs d’adénosine et elle les bloque. Elle va donc nous permettre de rester éveillé plus longtemps avec une meilleure activité cérébrale.
La caféine va aussi pousser nos glandes surrénales à produire plus d’adrénaline, une hormone de stress. C’est ce stress physiologique qui va stimuler le cœur, les poumons et les muscles à travailler plus. Ça, c’est l’aspect positif de la caféine… au court terme ! On va reparler plus tard de la problématique qui va avec.
Sa demi-vie est de 4 à 6 heures en moyenne. C’est-à-dire qu’au bout de 4 à 6 heures, vous avez toujours la moitié de la caféine que vous avez absorbée qui circule dans votre sang et qui a donc toujours un effet. C’est pour ça qu’un café dans l’après-midi chez la personne sensible va provoquer des troubles du sommeil.
Dans le café, on trouve aussi de nombreux antioxydants qui vont expliquer les propriétés bénéfiques du café. Il y a des acides phénols bien connus de type acide caféique et acide chlorogénique. Ces antioxydants sont protecteurs, ils bloquent l’action des radicaux libres, et au long terme, ils ont un effet bénéfique sur notre santé.
C’est ce qui explique qu’un café décaféiné va avoir des propriétés intéressantes car on élimine le plus gros de la caféine mais on garde les antioxydants. Notez tout de même que le processus de décaféination utilise souvent des solvants de type dichlorométhane. A éviter. Donc achetez un déca fait avec des méthodes naturelles, vous en trouverez dans votre magasin de produits bios. Il reste un peu plus de caféine, mais c’est moins nocif pour la santé.
Ensuite on va trouver une substance qui s’appelle l’acrylamide et qui est produite lors de la torréfaction du café. On va y revenir un peu plus tard.
Et puis côté constituants, on va s’arrêter là. On estime que le café contient environ 1000 constituants, mais avec ces 3 groupes on arrive déjà à expliquer le plus gros des bienfaits et des inconvénients. Donc oui, quelque part, c’est une grossière simplification, mais ça va nous permettre d’avancer.
Bienfaits du café pour la santé
Tout d’abord, sachez qu’il existe des centaines d’études qui ont été faites sur le café, et loin de moi l’idée de toutes les éplucher.
Je vais essayer de vous faire un résumé, sachant que les choses ne sont parfois pas si claires que ça.
On va parler des bienfaits du café dans les situations suivantes :
- La prévention du cancer
- Les problèmes métaboliques, troubles de la glycémie en particulier
- La prévention des problèmes cardiovasculaires
- Et la prévention de la maladie d’Alzheimer
Ensuite, on parlera des effets problématiques, en particulier :
- Le fait que le café provoque une relâche d’adrénaline
- L’impact du café sur le rythme cardiaque
- Et le fait que certaines personnes métabolisent très lentement la caféine à cause d’une variation génétique
Protecteur contre le cancer : les études
De nombreuses études sont disponibles, et ce sont des études faites à grande échelle. Ces études dites épidémiologiques montrent des corrélations entre consommation de café et diminution du risque de cancer dans la population de certains pays.
Et il ne faut pas oublier que corrélation ne signifie pas causation. Ce n’est pas parce que le café semble associé avec une augmentation ou une réduction de telle ou telle maladie, que c’est lui qui est directement responsable.
Je vais vous donner un exemple tout à fait fictif, mais qui va illustrer ces propos. On pourrait faire une étude sur les accidents de la route dans différents pays et noter une corrélation entre consommation de café et le nombre d’accidents.
Peut-on en déduire que le café provoque une perturbation de nos capacités qui fait que tout à coup on fait une erreur en conduisant ? Non absolument pas, car nous avons ce qu’on appelle un facteur confondant, un facteur qu’on a oublié d’écarter, qui est le niveau de fatigue bien sûr.
Au plus la personne est fatiguée, au plus elle boira du café et au plus elle aura tendance à faire une erreur de jugement. Pas à cause du café, mais à cause de la fatigue. C’est ça, le facteur causateur sous-jacent.
Donc vous voyez la difficulté d’interpréter une corrélation. Et le problème aujourd’hui, c’est que ce genre de résultat d’étude va finir en causation, va faire la une des journaux avec des titres du style « le café protège contre le cancer du colon », et puis un autre jour on voit « le café provoque le cancer de la vessie », et on ne sait plus où on en est !
Alors bien sûr, au plus on a des études qui démontrent une corrélation, au plus on commence à se dire qu’il y a quelque chose de très intéressant qui se passe. Et les chercheurs ont des moyens d’écarter certains facteurs confondants. Mais au final, il faut prendre tout ceci avec un grain de sel car ce ne sont pas des études de causation.
Donc parlons de corrélation entre consommation de café et risques de cancer. Vous allez voir, il n’y a pas de certitudes, seulement des tendances.
Prenons le cancer colorectal par exemple. On a plus de 30 études qui ont été faites :
- Nous avons 20 études contrôlées dont 16 démontrent une tendance positive, c’est-à-dire qu’au plus les personnes boivent du café, au moins on dénombre de cancer colorectal.
- 10 études de cohortes dans lesquelles 9 montrent une diminution du risque (2).
- Donc dans l’ensemble, on peut dire que sur 30 études, 25 montrent une tendance positive sur le cancer colorectal.
Et on note au passage aussi que sur ces 30 études, 5 on plutôt trouvé une tendance négative. Mais vu qu’on est en train de travailler avec des tendances, on est obligé de faire une moyenne, la tendance est positive.
On peut aussi dire que la tendance est positive pour le cancer du foie, le cancer du rein et du pancréas (1).
Pour certains cancers, on n’a pas relevé de corrélation. C’est le cas du cancer des ovaires (3).
On a quelques études qui dénotent une tendance plutôt négative, pour le cancer du larynx par exemple, dans certaines études sur le cancer du sein aussi, ou le cancer des poumons.
Pour les études sur le cancer du poumon, on voit une tendance problématique pour le café « normal » et une tendance positive avec le café décaféiné (4), donc est-ce qu’il y aurait une influence négative de la caféine dans ce contexte, ou est-ce que c’est dû au fait que ceux qui boivent du déca ont une meilleure hygiène de vie dans l’ensemble ? C’est possible, c’est un facteur confondant, il nous faudrait plus de données pour conclure.
Bref, ce n’est pas super clair tout ça. Mais si on prend toutes les études dans leur ensemble, sur tout type de cancer, on va dire que c’est plutôt une tendance positive.
Protecteur contre le cancer : les constituants
Maintenant, on va essayer de prendre du recul et se demander si cela semble logique par rapport à ce qu’on sait du café et de ses constituants.
Eh bien pour moi, ce n’est pas super clair non plus. C’est logique pour la partie antioxydants du café, ça correspond bien à ce que l’on sait au sujet de ces antioxydants, ce sont de puissants protecteurs de nos cellules.
Mais il y a aussi présence d’acrylamide, je vais y revenir un peu plus tard lorsqu’on parlera des points négatifs.
Et la production d’adrénaline, à cause de la caféine, va avoir un effet inhibiteur sur notre immunité.
Mais dans l’ensemble, basé sur le poids des données, je penche plutôt pour un effet bénéfique pour la prévention du cancer.
(Je vous embrouille ? OK, peut-être, mais c’est ce qu’il se passe lorsque j’essaie de faire un raisonnement poussé, désolé. Donc là, je partage le fouillis qu’il y a dans ma tête au sujet de café sans ne rien vous cacher.)
Problèmes métaboliques
Parlons de toute la problématique liée à une glycémie sanguine trop élevée, associée à une insulinémie trop élevée.
La problématique est vaste et elle touche de plus en plus de personnes aujourd’hui. Elle mène au diabète de type 2, aux problèmes cardiovasculaires, à la stéatose hépatique, etc. La liste est longue.
Donc outre les changements évidents à faire sur l’alimentation et l’hygiène de vie, on est toujours à l’affût de substances qui aident le corps à mieux gérer ces troubles. Et le café est très intéressant de ce point de vue.
Là encore, nous avons de très nombreuses études, certaines faites à grande échelle sur les humains. On a de nombreuses études faites sur animaux. Comme pour le cancer, on n’a pas nécessairement un consensus mais je dirais que le plus gros des études fait apparaître un lien bénéfique entre consommation de café et réduction de la glycémie sanguine, réduction des triglycérides, augmentation du HDL et perte de la masse adipeuse, etc.
On pense que l’action combinée des flavonoïdes et des diterpènes du café permet d’augmenter la sensibilité de nos cellules à l’insuline et d’inhiber certains transporteurs du glucose dans nos intestins (5). Donc au final, moins de glucose pénètre en circulation, et moins d’insuline est nécessaire car nos cellules font une meilleure utilisation de cette insuline.
Et n’allez pas vous mettre en tête que le café peut faire disparaître un syndrome métabolique ! Ce n’est pas le message à retenir ici. Le message est le suivant : intégré à une réforme de l’hygiène de vie, le café peut aider, avec d’autres plantes, à rétablir certains paramètres métaboliques.
Et sachez que l’effet bénéfique semble être présent que l’on parle de café normal ou de décaféiné (5).
Au passage, encore une petite anecdote au sujet des facteurs confondants. Une étude coréenne a démontré qu’au contraire, le café instantané semble augmenter le risque de syndrome métabolique. Ah… c’est quoi cette histoire ?
En fait, si vous regardez la conclusion de l’étude, les chercheurs disent c’est « peut-être à cause du fait que les personnes rajoutent beaucoup de sucre et de crème au café instantané » (5bis). Sérieusement ? Il y a un doute ? Et le pire, c’est que l’étude conclue que la consommation de café est problématique. C’est là où des fois, on se pose des questions.
Bienfaits du café sur la santé cardiovasculaire
D’un point de vue cardiovasculaire, l’image a été assez mitigée jusque-là.
D’abord, certaines études ont démontré que la consommation régulière de café fait monter les taux de cholestérol LDL (1). Dans une étude on peut aussi voir une montée de la tension artérielle, surtout chez ceux qui n’ont pas l’habitude de boire du café, après consommation de 3 expressos à la suite, ce qui fait pas mal de caféine.
Et donc on peut se dire que si on combine un petit risque de tension artérielle qui augmente, qui pourrait causer des micro dommages dans la paroi artérielle, et le fait qu’il y a aussi une augmentation du LDL, qui peut aller se loger dans ces microlésions, on augmente le risque d’athérosclérose. Mais ce n’est pas aussi simple que ça.
Pour que la plaque artérielle se développe, il faut qu’il y ait une molécule de LDL piégée sous l’endothélium des artères, et que cette molécule soit oxydée. Elle va ensuite être ensuite englobée par un macrophage, qui ne va pas pouvoir la gérer, tout ceci va déclencher une cascade d’évènements inflammatoire qui vont donner lieu à la plaque artérielle, qui est une accumulation de macrophages morts et remplis de lipides, qu’on appelle cellules spumeuses, de calcifications, etc.
Je vous expliquerai tout ceci dans un futur article sinon on va y passer des heures, mais le point important ici, c’est qu’il y a oxydation des lipides qui se trouvaient dans le LDL. Et les antioxydants du café semblent bloquer ce processus d’oxydation.
Donc on a de petits risques d’un côté, de petits bénéfices de l’autre, et au final, basé sur la somme des données scientifiques, les bénéfices semblent l’emporter sur le risque (6).
Deux points à garder en tête. Point numéro 1, je ne suis pas cardiologue, ni médecin, donc ceci ne se substitue absolument pas à un conseil médical. Je suis juste un gars qui aime bien la science, les plantes, et vous expliquer des choses. Point nNuméro 2, je me répète, mais j’essaie de vous sortir des tendances dans une somme d’études qui ne fournit pas de consensus.
Par exemple, pour rester dans le domaine cardiovasculaire, certains auteurs notent que le café consommé en excès peut, au contraire, augmenter le risque cardiovasculaire, ce qui n’est pas étonnant vu l’impact direct de la caféine sur l’activité cardiaque. Donc comme toujours, des propriétés intéressantes dans la modération, et dès qu’on tombe dans l’excès, on inverse probablement la tendance.
Prévention de la maladie d’Alzheimer
Pour Alzheimer, la situation semble beaucoup moins ambiguë. Basé sur les études il semble que le café ait un effet positif sur la prévention de la maladie :
- Ses antioxydants protègent les structures cérébrales ;
- Il semble inhiber l’activité de certaines enzymes qui contribuent à la formation de la plaque amyloïde ;
- Certains constituants semblent régénérer les neurones endommagés.
On pense que les acides-phénols, qui traversent la barrière hématoencéphalique, font baisser l’inflammation cérébrale qui est impliquée dans le développement de la maladie (1).
Donc là, dans l’ensemble, des données plutôt positives pour la prévention de la maladie.
Inconvénient 1 : épuisement au long terme
Le premier, c’est le fait que le café stimule la production d’adrénaline au niveau des glandes surrénales.
L’adrénaline est une hormone bien particulière. Elle a un but précis. C’est ce qu’on appelle la réaction de fuite ou combat. Elle est faite pour nous sortir de situations extrêmes. Et lorsqu’il y a une décharge, toutes les ressources de notre corps vont être utilisées pour faire face.
Et comme vous pouvez le deviner, au passage, on puise énormément dans nos réserves. Si c’est pour éviter une voiture qui nous fonce dessus, pas de problème, c’est utile. Si c’est pour finir un projet à 22h un vendredi soir et que ça devient routinier, là c’est largement plus problématique.
Et même sans parler de travail, s’il faut un café pour se réveiller le matin, un café à 10 h parce qu’on a le petit coup de barre, un café pour ne pas piquer du nez après le déjeuner, un café pour éviter le coup de barre de 17h, là ça commence à devenir problématique.
Car on bypasse nos fonctions naturelles, on commence à perturber nos rythmes, à pousser la machine dans les tours, à piocher dans les réserves pour au final tomber d’épuisement. Puis repartir pour un tour, grâce au café.
Donc oui, le café réveille sur le court terme, mais il peut épuiser et drainer sur le long terme. Tout dépend de la quantité que vous consommez, votre état de vitalité, de fatigue, la qualité de votre sommeil, etc. Il n’y a pas de nombre magique qui fait que 2 tasses, c’est OK et 3 tasses, c’est mauvais. Ça va dépendre de vous, de votre état. Et du type de café aussi, parce que désolé, mais un Starbucks version Venti, ça fait beaucoup, beaucoup de café !
Normalement, on n’a pas besoin de café pour fonctionner. Et je suis là pour vous le confirmer, j’ai consommé du café pendant 30 ans, j’ai été accro au café, véritablement. Aujourd’hui je n’en bois plus, ça me manque régulièrement, je ne vais pas vous mentir, mais je n’ai plus ces yoyos stress-fatigue que j’avais avant.
Inconvénient 2 : troubles du rythme cardiaque
J’ai épluché pas mal d’articles sur le sujet, et certains chercheurs expliquent que les perturbations du rythme sont désagréables mais ne constituent pas un risque.
Et pour avoir parlé avec beaucoup de personnes qui ont des troubles du rythme à cause de la caféine, je peux vous dire que c’est tout de même inquiétant lorsqu’on doit gérer la situation.
Certains ressentent leur cœur battre un peu trop vite, un peu trop fort. D’autres ont des extrasystoles, parfois en rafales, et là c’est beaucoup plus anxiogène. C’est mon cas, et lorsque ça a démarré, j’ai bien sûr consulté un cardiologue pour qu’on m’explique la cause précise. Toujours aller chercher un diagnostic d’abord.
Chez moi le cœur va très bien, mais il ne supporte plus la caféine. Et quoi qu’on en dise, mettre son cœur dans un état de stress et perturber son rythme, je trouve ça assez problématique au long terme, et tout cardiologue vous confirmera cela, je pense, surtout lorsqu’on connaît précisément l’élément perturbateur et qu’on peut l’éliminer.
Inconvénient 3 : présence d’acrylamide
L’acrylamide est classée comme substance cancérogène probable. Elle est obtenue par glycation d’une protéine par un sucre, au travers de ce qu’on appelle la réaction de Maillard.
Pendant la torréfaction, les protéines du café vont s’associer aux sucres du café pour former cette substance problématique pour notre santé. Et donc on s’est mis à dire que le café est cancérigène.
Les études démontrent que l’acrylamide seule, lorsqu’on la donne à des rats à des doses qui varient entre 1000 et 10 000 fois la consommation humaine, est en effet cancérigène. Mais on ne peut pas en déduire que le café est cancérigène (8) !
D’abord parce que l’acrylamide est une substance parmi 1000 autres, mais aussi parce que le café contient des constituants qui vont s’opposer à l’effet néfaste de l’acrylamide (9).
Si le café était cancérigène, on aurait probablement noté une tendance dans les études, et comme je vous l’ai dit en début d’articles, on a fait beaucoup d’études sur la consommation de café et le lien avec le cancer. Je pense qu’on aurait vu une tendance apparaître d’une manière plus nette.
Alors juste pour être clair, si j’en avais la possibilité, je ferais disparaître l’acrilamyde du café. Cette substance n’est pas désirable, elle n’est pas bénéfique. Mais elle est là, et les autres constituants agissent probablement comme protecteurs contre les effets de l’acrilamyde.
Les métaboliseurs lents de la caféine
Dernier point, il semble que certaines personnes aient une variation génétique qui fait qu’ils métabolisent la caféine d’une manière très lente au niveau du foie. Et ceci pourrait rendre le café, chez ces personnes, plus problématique que bénéfique d’un point de vue cardiovasculaire et métabolique (10)(11)(12).
Je ne sais pas trop que faire avec cette information. Il faudrait se faire faire sa carte génétique, chose que les Américains commencent à faire, mais franchement, je préfère prendre du recul et voir les choses d’une manière un peu différente.
Je pense que peut-être ces personnes réagissent très rapidement à la caféine avec un état de stress et des perturbations du rythme, un peu comme moi, mais je n’en suis absolument pas sûr.
Bienfaits du café : ma conclusion
Je pense qu’il faut faire appel au bon sens et prendre du recul. Quel est le rôle du café dans votre vie ?
Boisson plaisir qui vous aide à démarrer la journée, une à deux tasses par jour, ou béquille nécessaire pour vous permettre de survivre à une nouvelle journée de travail ?
Et comment le tolérez-vous ? Ça passe très bien, ça vous aide même à digérer, aucun impact sur le cœur, ou sur les tensions musculaires ? Impact minimal sur votre état de stress ?
Si ce n’est pas une béquille, si vous le tolérez bien, s’il ne vous met pas dans des états de tension nerveuse, musculaire ou artérielle, que vous dormez bien, mon point de vue, c’est que c’est plutôt une boisson bénéfique, qui va aller dans la bonne direction pour la prévention du cancer, des maladies cardiovasculaires, de la maladie d’Alzheimer.
En revanche, si vous n’êtes pas dans cette situation, il est grand temps de penser à un sevrage. Parce qu’au long terme, vous vous ferez plus de mal que de bien. Et bien sûr, un sevrage se fait d’une manière très douce et très graduelle, en particulier si vous vous sentez vraiment dépendant.
C’est une mauvaise période à passer, on peut avoir quelques maux de tête, on peut devenir très grincheux et même plutôt pénible… ok, limite invivable, c’était mon cas ! 🙂 Mais ne vous inquiétez pas, ça passe, et ensuite on peut marcher sans béquilles, sans les yoyos entre coup de pompe et coup de stress, et ça, c’est assez fabuleux.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout, et si vous avez besoin d’une bonne tasse de café pour redémarrer vos activités après cet épisode, je vous comprends, vous avez ma permission !
Références
(1) Masood Sadiq Butt & M. Tauseef Sultan (2011) Coffee and its Consumption: Benefits and Risks, Critical Reviews in Food Science and Nutrition, 51:4, 363-373, DOI: 10.1080/10408390903586412
(2) Naganuma, T., Kuriyama, S., Akhter, M., Kakizaki, M., Nakaya, N., Matsuda‐Ohmori, K., Shimazu, T., Fukao, A. and Tsuji, I. (2007), Coffee consumption and the risk of colorectal cancer: A prospective cohort study in Japan. Int. J. Cancer, 120: 1542-1547. doi:10.1002/ijc.22505
(3) Nkondjock, A. 2009. Coffee consumption and the risk of cancer: an overview. Cancer Lett. 277: 121–125.
(4) Tang, N., Wu, Y., Ma, .J, Wang, B., and Yu, R. (2010). Coffee consumption and risk of lung cancer: A meta-analysis. Lung Cancer. 67(1): 17–22.
(5) Baspinar B, Eskici G, Ozcelik AO. How coffee affects metabolic syndrome and its components. Food Funct. 2017 Jun 21;8(6):2089-2101. doi: 10.1039/c7fo00388a. Review. PubMed PMID: 28589997.
(5bis) Kim, H. J., Cho, S., Jacobs, D. R., Park, K (2014). Instant coffee consumption may be associated with higher risk of metabolic syndrome in Korean adults. Diabetes research and clinical practice, 106: 145-153.
(6) Miranda AM, Steluti J, Goulart AC, Benseñor IM, Lotufo PA, Marchioni DM. Coffee Consumption and Coronary Artery Calcium Score: Cross-Sectional Results of ELSA-Brasil (Brazilian Longitudinal Study of Adult Health). J Am Heart Assoc. 2018;7(7):e007155. Published 2018 Mar 24. doi:10.1161/JAHA.117.007155
(7) Tohda, C., Kuboyama, T., and Komatsu, K. (2005). Search for natural products related to regeneration of the neuronal network. Neurosignals. 14(1–2): 34–45.
(8) Guarino B and Rosenberg E. California ordered to add cancer warning to coffee, but the science doesn’t hold up. The Washington Post. March 30. 2018.
https://www.washingtonpost.com/national/health-science/california-ordered-to-add-cancer-warning-to-coffee-but-the-science-doesnt-hold-up/2018/03/30/193ca9e8-345e-11e8-8abc-22a366b72f2d_story.html
(9) DiNicolantonio JJ, O’Keefe JH. Coffee Is Not a Carcinogen. Mo Med. 2018;115(3):197–198.
(10) Palatini P, Benetti E, Mos L, Garavelli G, Mazzer A, Cozzio S, Fania C, Casiglia E. Association of coffee consumption and CYP1A2 polymorphism with risk of impaired fasting glucose in hypertensive patients. Eur J Epidemiol. 2015 Mar;30(3):209-17. doi: 10.1007/s10654-015-9990-z. Epub 2015 Jan 17. PubMed PMID: 25595320.
(11) Cornelis MC, El-Sohemy A, Kabagambe EK, Campos H. Coffee, CYP1A2 genotype, and risk of myocardial infarction. JAMA. 2006 Mar 8;295(10):1135-41. PubMed PMID: 16522833.
(12) Palatini P, Ceolotto G, Ragazzo F, Dorigatti F, Saladini F, Papparella I, Mos L, Zanata G, Santonastaso M. CYP1A2 genotype modifies the association between coffee intake and the risk of hypertension. J Hypertens. 2009 Aug;27(8):1594-601. doi: 10.1097/HJH.0b013e32832ba850. PubMed PMID: 19451835.
38 réponses
Bonjour, très intéressant et je me demande si vous allez aborder le sujet du cacao ? 🙂
Bonjour!
Je viens de partager le lien vers cette vidéo, et sa mine d’infos tellement bien résumée, sur le forum intranet de FloraMedicina (Québec).
Actuellement en formation, j’avais posé une question concernant le café, il y a quelques jours, parce que l’école parle souvent du café comme étant « nocif » et à bannir: je ne suis pas buveuse de café 😉 – juste curieuse de comprendre les différentes positions.
Comme vous offrez gracieusement tant d’articles et vidéos, j’ai supposé que je pouvais partager cette vidéo sur le forum intranet de l’école. J’ai, bien sûr, mentionné votre nom, et que vous étiez herbaliste français.
J’espère que ce partage est admis, mais si vous préférez que je retire le lien, je le ferai volontiers.
Avec mes remerciements pour tant de travail partagé, et tant de vidéos passionnantes,
Marie
bonjour Marie
aucun problème pour le partage 🙂
Bonjour, merci pour cet article détaillé, quelles sont vos suggestions pour remplacer le café ? Merci
bonjour Yoann
tout dépend de ce que vous mettez dans « remplacer »
vous avez le thé, les infusions , la chicorée …. est ce que cela « remplace » je ne pense , chaque « boisson » ayant ses spécificités
Oui je recherche une boisson matinale proche du goût et odeur du café. Pour l’instant je test l’épeautre ou Yogi Tea Choco Bio mais j’imagine qu’il y a d’autres produits tout aussi bon que le café.. L’objectif est aussi de calmer la fin puisque je pratique le jeûne intermittent.
bonjour Yoann
je ne saurai vous dire