Il n'y a pas d'approche standard en ce qui concerne le dosage des teintures mères de plantes médicinales.
Le dosage traditionnelles consiste à prendre des doses variant de plusieurs dizaines de gouttes à la cuillère-à-café ou plus. J'emploie le terme "doses macro" dans ce cas de figure.
Lorsque la constitution et la sensibilité de la personne s'y prête, nous pouvons considérer la stratégie du “micro dosage”.
Pourquoi micro-doser les teintures mères?
D’un point de vue conservation de la nature, cette approche nous amène à consommer la plante à très faible dose. Nous savons très bien que certaines plantes ont été beaucoup trop ramassées et parfois décimées (voir Hydrastis canadensis sur le continent américain). La culture moderne, avec son obsession du rendement, n’est guère mieux - ingestion de produits chimiques et pesticides de rigueur.
Pour ceux qui ramassent la plante pour utilisation personnelle, pas besoin d’en ramasser beaucoup, donc une logistique plus simple. Pour ceux qui n’ont pas trop d’espace de stockage et de séchage, cela devient gérable.
On peut se concentrer sur la qualité (ex : ne ramasser que les plus belles feuilles, fleurs, etc) et non sur la quantité.
Le coût des teintures et autres formes achetées en pharmacie n'est souvent pas remboursé. Afin de maintenir des coûts raisonnables et favoriser une adoption plus large de ces produits vers un public plus grand, cette approche me semble judicieuse.
Enfin, cette approche pousse les naturopathes à réfléchir plus profondément à la correspondance plante-personne. Je vais m’expliquer plus amplement sur ce point.
La correspondance plante-personne
Lorsque l’on passe au micro-dosage, il est nécessaire de faire le rapprochement entre phytothérapie et homéopathie.
En homéopathie, au plus les aspects multidimensionnels de la personne et ses maux correspondent au profil homéopathique d’une plante, au plus la concentration nécessaire sera faible. C’est assez logique pour moi, s’il y a une excellente correspondance, la dose la plus faible fera son effet.
Par exemple, et là encore je vais simplifier à l'extrême pour illustrer mon point de vue, nous pourrions utiliser deux plantes pour aider dans des cas de tension mentale, frustration et colère. La première est Chamomilla recutita (la matricaire), la deuxième est Agrimonia eupatoria (l’aigremoine). Laquelle choisir ?
Chamomilla correspond plus à une personne qui se plaint et gémit constamment, qui a des élans de colère explosifs, qui se montre capricieuse. Agrimonia au contraire est adapté dans les cas où la personne affiche une façade impassible, ne montre pas ses émotions, avec un calme externe dissimulant une grande frustration et colère interne.
Le micro-dosage va donc pousser la personne à comprendre plus en détail son problème et son terrain avant d'adopter une plante en particulier.
Infusions et micro-dosage
Le micro-dosage ne s’applique pas qu’aux teintures mères. On peut aussi envisager de micro-doser une infusion ou une décoction.
Soit on en prépare une tasse avec dosage traditionnel et on n’en prend qu’une cuillère à café par dose, soit on ne met qu’une faible proportion de la plante dans une tasse traditionnelle. On peut diluer la cuillère à café dans un litre d'eau et boire dans le courant de la journée.
Conclusion
Le micro-dosage est une approche qui présente certains avantages et demande d'être testée lorsque la personne semble susceptible de répondre à cette approche.
Mais elle est loin de convenir à tous. Elle agit chez la personne qui montre une grande sensibilité aux plantes, et réagit rapidement et fortement aux médicaments par exemple. Certaines personnes ont l'habitude de prendre un quart d'un comprimé d'aspirine pour une douleur par exemple, alors que l'utilisateur moyen a besoin du comprimé entier.
La majorité des personnes aura besoin d’une dose traditionnelle. De plus, l’idée même de micro-doser aura parfois un effet psychologique sur la personne qui se demande comment 3 gouttes vont pouvoir le soulager.
La bonne stratégie à adopter est donc, comme très souvent, du cas par cas.