Comment aider un enfant à se calmer avec les plantes ?

Justement, j’ai reçu la question suivante de Caroline qui habite en Suisse :

« Salut Christophe, j’ai trois enfants à la maison entre 4 et 7 ans, ils sont adorables mais il y en a un en particulier qui est hyperactif le soir, a beaucoup de mal à se calmer et a du mal à s’endormir. Aurais-tu quelques plantes douces à nous conseiller pour aider un enfant à se relaxer en fin de journée ? »

Caroline, excellente question ! Je vais y répondre en détail dans cet article.

Pourquoi aider un enfant à se calmer ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je pense que l’on doit se poser la question suivante : pourquoi faudrait-il les calmer, ces enfants ? Y-a-t’il un état de déséquilibre sur lequel il faut travailler ou est-ce que l’enfant traverse tout simplement une période d’excitation normale par rapport à sa situation ?

C’est une question difficile car l’environnement de l’enfant a énormément changé. Dans le passé, les enfants avaient l’opportunité d’aller à l’école à pied, ils jouaient dehors après l’école, ils étaient tout le temps dehors le mercredi et à la fin de la semaine.

Aujourd’hui, les choses ont été complètement bouleversées, on vit la plupart du temps à l’intérieur. Les enfants doivent rester assis pendant le petit-déjeuner, dans la voiture, à l’école, à la cantine. Pareil le soir de retour à la maison, avec les devoirs, la leçon de piano, l’orthodontiste, un petit coup de tablette avant d’aller au lit, etc. Assis, assis, assis.

Donc vous prenez un enfant qui est bouillonnant d’énergie, vous le plombez sur une chaise, qu’est-ce qu’il se passe au bout d’un moment ? Excusez l’expression, mais il « pète un cable ». Il n’a pas eu l’opportunité d’être un gamin tout simplement, et il faut que cette énergie débordante sorte d’une manière ou d’une autre.

Donc cette situation aujourd’hui, c’est un peu nous qui l’avons créé. C’est la nouvelle société de la personne assise et enfermée entre quatre murs, et si on veut régler la situation, ça va être à nous, en tant que société, de la régler. Quand on y réfléchit, ce n’est pas donner une cuillère de sirop à un gamin qui va régler cette déconnexion entre l’homme et la nature qu’on a créée.

Le bon contexte

Je vais donc me placer dans un contexte sain : un enfant qui a pu garder une vie relativement équilibrée. Il fait des activités physiques, il a l’opportunité de prendre l’air, il a une nutrition relativement équilibrée (je sais que ce n’est pas facile avec les cantines, etc).

Mais malgré, il a du mal à se calmer le soir, il a du mal à ralentir par lui-même. Ceci va affecter les nuits et donc on rentre dans un cercle vicieux – fatigue et excitabilité. Il faut lui donner un petit coup de pouce.

Sinon, s’il passe sa journée comme un oiseau en cage, c’est un peu normal qu’il soit excité non ? Les plantes n’iront pas régler le cœur du problème.

Quelle plante, à partir de quel âge ?

Je vais vous présenter quatre plantes que j’adore, d’une grande douceur, bien adaptées à l’enfant. Et je vais aussi vous donner les formes optimales, car je peux vous dire que ce n’est pas facile d’y voir clair aujourd’hui. Certaines formes que vous allez acheter fonctionnent très bien, d’autres pas.

Je vais aussi vous inciter à avoir certaines de ces plantes au jardin ou sur le balcon. C’est un super projet pour les enfants, de semer des petites graines, de transplanter, d’arroser, de s’occuper de la plante, puis surtout d’aller se chercher quelques feuilles ou fleurs au jardin ou sur le balcon. Cela fait partie de l’expérience, cela leur fait réaliser que la nature nourrit et prend soin de nous, cela les responsabilise.

Pour l’âge à partir duquel on peut utiliser ces plantes avec les enfants, sachez qu’il n’y a pas de consensus aujourd’hui. Et ça, je sais que c’est frustrant. On est toujours un peu hésitant avec les enfants, c’est normal.

Les autorités de santé vont toujours prendre une position très conservatrice : les autorités Européennes par exemple vont expliquer qu’il n’y a pas assez de données pour prouver leur innocuité et donc vont vous dire pas les utiliser avant 12 ans par exemple, ce qui excessif, c’est un extrême principe de précaution qui nous amène à l’immobilisme.

Certains herboristes vont vous dire à partir de 6 à 7 ans, là encore pour ne pas trop prendre de risque. Aviva Romm, qui est un médecin américain spécialiste de la femme et de l’enfant, utilise ces plantes chez les enfants à partir de 3 à 6 mois. Donc vous voyez les grandes variations d’opinion.

Franchement, ce sont des plantes très douces que l’on a utilisées dans notre tradition chez l’enfant jeune.  Je les ai utilisées avec mes enfants à partir de 1 à 2 ans sans hésitation. Mais bon, je préfère vous donner toute l’information pour que vous sachiez que le consensus n’existe pas sur ce point-là et qu’aujourd’hui, c’est normal.

On vit dans la jungle d’information sur internet, avec d’un côté ceux qui voudraient que l’on vive dans nos peurs, d’un autre côté ceux qui voudraient nous faire un peu n’importe quoi et qui ignorent les risques. Et nous, en tant que parents, qu’accompagnants, il faut que l’on arrive à se placer dans un juste milieu, ne pas agir dans la peur, mais ne pas rester dans un immobilisme qui n’a pas de raison d’être.

La cure et le rituel tisane

En général, il est toujours bon de prendre ces plantes en cure pour voir si au fil des jours, elles arrivent à calmer l’enfant. On peut les donner ponctuellement, elles fonctionnent comme ça aussi, au besoin. Mais les donner pendant une dizaine de jours, tous les jours afin de voir si on arrive à établir une tendance qui dure, c’est mieux.

Et puis on peut faire les deux, on peut faire une petite cure de temps en temps lorsque l’enfant semble particulièrement agité, puis pour le reste du temps, les utiliser au besoin.

Autre point, je vous conseille d’en faire un petit rituel pour tout le monde dans la maison, adultes et enfants inclus. Après tout, une petite tasse d’infusion relaxante en fin de journée, je ne sais pas ce que vous en pensez mais tout le monde peut en profiter, et surtout ça va mieux passer chez l’enfant si tout le monde en prend, plutôt que s’il est le seul à devoir boire ce « truc dans la tasse ».

La douce matricaire

La première que je vous propose, c’est la camomille matricaire, que l’on appelle aussi camomille allemande.

Attention, dans le monde des plantes médicinales, vous avez deux camomilles. La romaine, que l’on appelle aussi la camomille noble (Chamaemelum nobile) et l’allemande, que l’on appelle aussi la matricaire (Matricaria recutita).

Il y en a même une troisième qu’on appelle la grande camomille, et qui est en fait la partenele (Tanacetum parthenium). Il y a une énorme différence entre les trois. La camomille romaine et la partenelle sont des vivaces au jardin. Elles sont d’une amertume redoutable. Elles ne sont pas adaptées à l’enfant à cause du goût.

La camomille allemande, celle que je vous propose ici, est une annuelle et elle est d’une grande douceur. On utilise les fleurs, fraîches ou sèches. Si vous en avez au jardin, préparez-vous une infusion des fleurs fraîches, vous allez voir, c’est un vrai bonheur.

Si vous n’en avez pas au jardin, vous en achetez en herboristerie, vous achetez les fleurs en vrac, et vous faites un contrôle qualité au passage car parfois on a des surprises. Si vous recevez des fleurs toutes écrasées qui n’ont plus d’odeur, c’est très mal parti. Elles doivent avoir une belle couleur et sentir bon avec un parfum doux et mielleux. Et l’infusette de supermarché, vous évitez comme la peste.

La préparation que vous allez faire pour un enfant : une tasse d’infusion avec une cuillère à café des fleurs. Vous versez l’eau chaude par-dessus, idéalement autour des 80 à 90°, pas bouillant car c’est une plante très aromatique et subtile. Vous laissez infuser à couvert pendant à peine 3 à 4 minutes car au plus vous laissez infuser, au plus vous risquez de faire sortir une certaine amertume.

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Ensuite, vous pouvez rajouter un peu de miel liquide si nécessaire, c’est tout simplement délicieux, c’est une des meilleures infusions que vous pouvez préparer. Cette infusion est proposée au moment où l’enfant a besoin d’être calmé, peut-être en fin d’après-midi, peut-être en début de soirée.

Attention pas trop près du moment où l’enfant va au lit parce que sinon on risque de le faire lever pour aller aux toilettes. Pour les précautions, ne donnez pas à votre enfant s’il a une allergie aux plantes de la famille des astéracées.

La mélisse officinale

Une autre plante que j’adore, c’est la mélisse (Melissa officinalis). Elle n’a pas le même goût, elle est plutôt citronnée, mais très agréable elle aussi.

C’est une plante vivace qui est très facile à cultiver au jardin, elle n’a pas une très longue vie, en général on la garde 2 ou 3 ans mais elle donne énormément. Elle aime le soleil et un arrosage régulier. Vous pouvez en avoir en pot et elle vous donnera en principe une grande quantité de feuilles.

On utilise la feuille qu’on va récolter fraîche. On en met une pincée dans la tasse, et là il faudra que vous expérimentiez avec la quantité exacte, le tout est d’en mettre assez pour qu’il y ait un goût citronné agréable mais pas trop fort non plus pour l’enfant. Vous laissez infuser à couvert pendant 3 ou 4 minutes, ça suffit, puis vous filtrez et vous faites boire à l’enfant au moment voulu.

J’aime beaucoup la mélisse car elle travaille à la fois sur l’état d’hyperexcitabilité dans la tête, et dans le ventre. Certains enfants, lorsqu’ils sont un peu stressés, vont vite avoir des petits maux de ventre, ou un transit perturbé. Si votre enfant a un profil un peu similaire, la mélisse va relaxer à la fois le ventre et le mental.

Je ne vais pas vous dire d’aller en acheter en herboristerie. En effet, la mélisse sèche est en général très décevante, sauf si vous l’avez faite sécher vous-même et qu’elle a tout au plus quelques mois.

En revanche, une très bonne forme que vous pouvez utiliser, ce sont les formes liquides qui ont été préparées à partir de mélisse fraîche. Vous allez trouver des extraits soit sans alcool à base de glycérine végétale, soit faiblement alcoolisés en fonction du pays dans lequel vous vivez.

Demandez conseil à votre herboriste ou votre boutique de produits naturels, ça se trouve assez facilement, et n’oubliez pas de vérifier que le liquide est bien préparé à partir de la plante fraîche, ça c’est très important.

Exemple de produits de qualité :

• Extrait Liquide Dietanat
• Extrait Liquide Phytofrance

On va faire une demi-cuillère à café de cet extrait dans un peu d’eau, à prendre au besoin, on peut répéter la prise si nécessaire une ou deux heures plus tard.

Hmmm la fleur d’oranger !

Troisième plante, c’est l’oranger, et pour être plus précis, la fleur d’oranger.

L’eau de fleur d’oranger est une grande classique que peut-être vous avez connu lorsque vous étiez gamin… bon faut avoir un certain âge c’est sûr !

Vous trouverez en herboristerie des fleurs d’oranger qui sont vendues pour en faire une tisane relaxante. Vous allez voir, ça sent très bon. Vous utilisez une pincée de ces fleurs et vous faites infuser à couvert. Il faudra sucrer avec un petit peu de miel pour que ça passe mieux. Et puis goûtez avant, vous connaissez bien votre enfant, vous allez vite voir si ça passe ou pas.

Et au passage, je suis presque sûr que vous allez y prendre goût et que vous allez vous aussi prendre une tasse au passage 😉

Si la tisane ne passe pas, vous avez ce qu’on appelle l’eau de fleurs d’oranger. C’est en fait un hydrolat des fleurs. Donc on distille les fleurs, on récupère l’huile essentielle d’un côté, et ce qu’il reste, la partie aqueuse, c’est ce qu’on appelle l’hydrolat qui est une préparation très aromatique… enfin, pour les plantes qui sont aromatiques bien sûr. Si vous prenez un hydrolat d’ortie par exemple, une plante qui n’est pas aromatique, l’hydrolat ne sera pas aromatique, c’est normal.

Mais ici avec la fleur d’oranger, on a un parfum très floral. Attention, on ne parle pas de l’eau de fleur d’oranger que vous trouvez au rayon pâtisserie de votre supermarché et qui est bourré de parfums artificiels ! Ici on parle de la vraie eau de fleur d’oranger, un hydrolat que vous allez trouver dans toute boutique de produit naturel en principe, ou chez les petits producteurs et distillateurs.

On utilise en général une cuillère à café qu’on mélange dans un verre d’eau et qu’on fait boire à l’enfant. Voilà, c’est tout simple !

Exemple d’hydrolat de qualité :

• Eau de fleur d’oranger Le Gattilier

Le tilleul

Ma quatrième plante, c’est le tilleul, vous connaissez bien ce grand arbre qu’on trouve sur les places des villages. On utilise les inflorescences que l’on a fait sécher si on les ramasse soi-même. Sinon on les achète en herboristerie ou chez des petits producteurs. Cela fait une infusion incroyablement douce. On utilise une pincée par tasse.

Petit aspect intéressant du tilleul : il calme beaucoup de personnes, mais chez certains, il a un effet inverse, il peut exciter. Ce n’est pas courant, mais cela arrive. Donc pour l’enfant, commencez avec une petite pincée… bon faut quand même que ça ait le goût du tilleul, vous goûtez l’infusion pour vous assurer que ce ne soit pas simplement de l’eau chaude. Puis vous laissez infuser un temps assez court, 2 à 3 minutes car certaines personnes sensibles trouvent qu’au plus il infuse, au plus il excite.

C’est à savoir, ne vous inquiétez pas ça n’arrive pas très souvent non plus, mais c’est bien de garder en tête. Donc le tilleul, c’est à tester en dernier.

Si l’infusion ne passe pas, vous avez le macérat glycériné de bourgeons de tilleul qui est pratique avec les enfants. C’est un produit que vous allez trouver dans le commerce, du moins du côté français. C’est un produit faiblement alcoolisé, et on utilise des doses faibles, on rentre ici dans une discipline qu’on appelle gemmothérapie ou phytembryothérapie, la thérapie par les bourgeons.

Les doses pour un enfant sont en général de 1 goutte par 10 kg de poids par jour si vous utilisez ce qu’on appelle le macérat mère, c’est-à-dire un macérat qui n’est pas dilué. Donc si vous avez un enfant de 20 kg, cela vous fait 2 gouttes par jour que vous pouvez lui donner en fin d’après-midi par exemple et faire une cure de plusieurs semaines.

Mettre un programme en place

Voilà pour mes quatre plantes calmantes. Il y en a d’autres mais on va faire simple, déjà avec ces quatre on a beaucoup à faire.

Comme vous l’avez probablement constaté, je vous incite à revenir aux infusions. Les infusions sont une forme assez fabuleuse. C’est une extraction directe avec un élément qui est à la portée de tous : l’eau !

On reste proche de la plante, proche de l’être vivant. Cela nous permet de faire un contrôle qualité car on peut voir la plante, la toucher, la sentir.

Il faudrait que nos enfants réapprennent à apprécier… ou du moins à tolérer les infusions. Car plus tard, elles vont devenir un outil majeur pour leur santé. Donc l’infusion journalière, c’est important, c’est un rituel.

Et on peut mélanger toutes les plantes dont je vous ai parlé. Par exemple, dans la vidéo tout en haut de cet article, je prépare une tasse avec un mélange mélisse et matricaire fraîche, tout droit venu du jardin.

Je mets tout simplement une pincée de fleurs fraîches de matricaire, une pincée de feuilles de mélisse, et je laisse infuser à peine 5 minutes, ça suffit. Ensuite, je filtre, et je propose la tasse à l’enfant, éventuellement avec un peu de miel.

Vous pouvez aussi combiner une infusion avec une forme liquide bien sûr, par exemple une petite infusion de camomille allemande avec le macérat glycériné de bourgeons de tilleul, pourquoi pas.