Extrait du « Traité Pratique et Raisonné des Plantes Médicinales Indigènes » de F.-J. CAZIN, 1868
Aspérule odorante
Asperula odorata
Aparine latifolia humilior montana. Tourn.— Matrysilva officinalis. Murr. Hepatica stellata. Tab.
Muguet des bois, — petit muguet, — hépatique étoilée ou des bois, — reine des bois, rubiole, — apérinette.
Rubiacées.— Aspérulées. Fam. nat.— Tétrandrie monogynie. L.
L’aspérule odorante, plante vivace, vulgairement connue sous le nom de muguet des bois, se trouve dans toutes les forêts. Les chevaux, les vaches, les moutons et les chèvres en sont friands. Elle rend plus abondant et plus savoureux le lait des vaches ; elle communique aux liqueurs alcooliques un goût et un arôme agréables. On en met dans les armoires parmi le linge et les habits pour éloigner les insectes nuisibles.
Description. — Racine grosse, ligneuse, rouge-brunâtre, s’enfonçant profondément dans le sol, s’amincissant par degrés, jetant et ça là quelques filaments capillaires. — Tiges hautes de 15 à 25 centimètres, menues, dressées, simples presque carrées, noueuses, glabres, munies de feuilles verticillées, ovales, lisses, formant a chaque nœud des verticilles de sept a huit, disposés comme dans le caille-lait.— Fleurs blanches, petites, pédonculées, terminales (avril-mai). — [Racines en cimes dichotomiques. — Calice petit, à quatre dents. — Corolle en entonnoir, à quatre divisions étalées ; quatre étamines courtes ; pistil à ovaire didyme et à stigmate bifide. — Fruit (akène) couvert de poils raides et crochus.]
Parties usitée. — Toute la plante.
Culture.— Les aspérules demandent une terre légère et une exposition découverte ; on les multiplie par semis ou par éclat des pieds.]
Récolte. — L’aspérule odorante, doit être récoltée en pleine floraison ; on la fait sécher rapidement au grenier en ayant le soin de l’entourer de papier gris.
Propriétés physiques et chimiques. — Inodore lorsqu’elle est fraîche, elle acquiert en séchant une forte odeur de fève Tonka on de mélilot, due d’ailleurs à la présence d’un même principe neutre odorant, la coumarine ; les racines renferment une matière colorante rouge, ce qui lui a fait donner le nom de petite garance.
L’aspérule, inodore quand elle est fraîche, d’une odeur fort agréable quand elle est sèche, est légèrement excitante, astringente et surtout diurétique. Ou l’a employée avec avantage dans la dyspepsie, l’ictère, la gravelle, les hydropisies. « Elle n’est pas, dit Chaumeton, sans efficacité. » J’ai constaté sa propriété diurétique dans un cas d’œdème des extrémités inférieures avec engorgement splénique, suites d’une fièvre intermittente négligée, chez un jeune garçon âgé de dix ans, et placé, par la misère, dans les conditions hygiéniques les plus défavorables sous le rapport de l’habitation comme sous celui des soins. L’infusion de cette plante sèche (45 gr. pour un kilogr. d’eau bouillante), prise à la dose de trois ou quatre grands verres par jour, a produit une diurèse abondante qui a dissipé en peu de jours l’infiltration séreuse et diminué l’engorgement de la rate. La bière d’absinthe a complété la guérison en moins de quinze jours. L’aspérule, par sa propriété diurétique, se rapproche du grateron (Galium aparine, L.).
On a donné à cette plante le nom d’hépatique à cause de l’usage qu’on en a fait dans la jaunisse et les engorgements du foie, (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur en cataplasmes. Simon Pauli recommande de laver la peau des dartreux avec sa décoction.)
Aspérule à L’esquinancie, Herbe a L’esquinancie. Espèce du même genre, vivace, ayant les fleurs d’un blanc rosé, laquelle croît dans les lieux secs et arides, et dont la racine renferme un principe colorant de la nature de celui de la garance. Linné dit que dans le Nord on l’emploie pour teindre les laines en rouge. [Elle se distingue de la précédente par sa taille plus élevée, par des tiges étalées ascendantes, diffuses, très-rameuses à la base, ses feuilles linéaires, étroites, moins nombreuses à chaque verticille, ses fleurs d’un blanc rosé presque sessiles, son fruit glabre, finement tuberculeux.]
24 réponses
~~~~~~~~ Retour d’expérience ~~~~~~
Bonjour à tous. Je vous décris ici mon retour d’expérience avec l’aspérule…. Je crois que ça va en intéresser plus d’un.
Tout d’abord, je feuilletais mon Fournier à la fin à la recherche de plantes contre la neurasthénie, l’anxiété, la fatigue, les palpitations, l’hypochondrie ou encore les difficultés respiratoires. Je vois l’aspérule…. je vais lire ses propriétés, et je me dis » Bon voilà la prochaine que je teste, elle a l’air très intéressante. » Coïncidence ou pas, deux jours après, Christophe sort sa vidéo sur l’aspérule…. Et là je me dis » Bon voilà la prochaine que je teste parce qu’apparemment j’ai pas trop le choix » 😀
Je vais donc en herboristerie me procurer la drogue en vrac. Je prends 25 g. Puis je fais ma percolation (système inspiré de Christophe mais que j’ai nettement amélioré et qui me fait des alcoolatures je pense très concentrées). A ce stade, plusieurs éléments doivent être expliqués :
1. J’ai toujours fait des teintures à 20 % (1:5). En gros, 20 g de plante dans 100 mL d’alcool à 55°. Mais avec le temps, j’ai remarqué que même 20 gouttes c’est trop pour moi (peu importe la plante). Je baissais progressivement les prises jusqu’à 1 à 5 gouttes par jour. PAr exemple, la valériane, à 1-3 gouttes, je sens un effet stimulant, et à 5 gouttes, ça me fait plutôt dormir. Je suis donc TREEESS loin des 30 gouttes 3X/jour indiqués par Moore ou Fournier de manière générale.
2. Donc cette fois-ci, je décidais de faire une teinture à 10 % seulement. Car étant donné que par exemple avec 1 goutte de valériane je sens déjà des effets, comment puis-je faire pour en prendre encore moins ? Seule solution : diluer. Autre chose supplémentaire, souvent, à la fin de la percolation, les gouttes sont encore colorées. J’en déduis donc que tous les composés ne sont pas solubilisés, faire plus dilué me permet donc d’aller jusqu’au bout de l’épuisement des composés actifs.
Bref, me voici donc à percoler mes 10 g d’aspérule sèche avec 100 mL de rhum à 55°. Opération terminée en 2h de goutte à goutte, le moment tant attendu du goûter arrive….. Je mets en flacon, je mélange, et hop je prends environ 3 gouttes directement sur la langue….
Au départ, j’était parti pour prendre 1 goutte, mais j’avais l’impression de ne sentir que le goût de l’alcool et que c’était trop dilué…. Erreur !! En fait le goût est arrivé plus tard, bien prononcé : amertume et amande amère huileuse (très bon en fait).
Pourquoi je dis « erreur » ? Eh bien car les effets ont été très forts…. j’ai été surpris….. et j’ai appelé le 15. Oui vous avez bien lu.
Donc au départ, déjà, sensation de fatigue immédiate. Comme une sorte d’épuisement général soudain. Ensuite, toujours cette sensation d’huile amère assez « oppressante », dans le sens où elle veut pénétrer dans le corps assez profondément. C’est là où j’ai eu l’intuition que ça allait mal se passer…. En même temps, sensation de chaleur (très agréable) se diffusant surtout autour du plexus/thorax/région cardiaque. Pas de problème avec ça, au contraire. Mais après…. le processus continue… Sensation un peu de vertige, comme si mon corps bougeait et devenait instable…. sensation comme si j’allais tomber dans le vide…. c’est là où j’ai appelé le 15 haha. Me suis dit » C’est quoi ce truc ?? Ça va aller jusqu’où, et surtout, ça va durer combien de temps ?? LOL ». Et puis, pendant l’appel avec le 15, un peu plus tard (10 min), le coeur qui s’emballe pendant environ 1 ou 2 min. Au final la dame me passe un médecin au bout du fil, le gars était cool Raoul, et me dit « bon c’est pas 4 gouttes qui vont vous tuer vous zinkiétépas. Juste n’en reprenez plus. » Bref ça me rassure, on raccroche…..
Au final, je me sens mieux, et me dis même qu’en fait, je me sens mieux maintenant qu’avant la prise… Je me lève plus tard, et pendant que je fais la vaisselle, disons 30 min après ce qui précède, un autre truc se passe… je sens une espèce de tension dans/sous le coeur, qui s’accentue, puis disparaît avec une petite douleur (mais grande frayeur) et me laisse une sensation de dégagement, d’ouverture et de libération. La pression continue un peu jusque entre les omoplates et le dos. C’est comme si la plante avait agi/débloqué/dissous/décroché un peu violemment une zone/un truc obstrué près du coeur, mais tellement profondément qu’on sent la pression/l’action jusque entre les omoplates.
Bon… au final ce matin je retente l’expérience, mais avec une seule goutte…. que je touche à peine avec la langue pour en prendre 1/3 ou 1/4…. résultat, je sens la sensation d’aller mieux sans avoir revécu tous le processus…. comme la veille quand tout était fini…. du coup je me dis « c’était un peu léger prends une goutte ». La goutte me donne une sensation de douce chaleur, puis plus tard le coeur qui s’active, mais de façon beaucoup moins forte et moins longtemps. Ensuite, après une sorte de prise de conscience sur une question, un pincement à la gorge qui disparaît (pincement qui est là quasi h24 depuis des années et qui semble avoir disparu à l’écriture de ces lignes). Un peu plus tard encore, l’impression d’une très bonne circulation sanguine dans les jambes, comme si elles retrouvaient leur état d’irrigation normal.
Du coup, il me semble que l’herboriste en me parlant du mélilot me disait que ça fluidifiait le sang…. est-ce la coumarine qui fait ça ? Vu qu’il y en a dans l’aspérule. Fournier dit aussi que l’aspérule est un Dissolvant. Il n’explique rien de plus à ce sujet, et je n’ai jamais vu cette propriété dans d’autres plantes. Est-ce qu’elle aurait une capacité à littéralement nettoyer le corps, en dissolvant les « saloperies » ? Un peu comme le fameux Crab Apple en fleurs de Bach, indiqué chez les personnes ayant l’impression d’être salies ?
En espérant avoir apporté du plus pour les lecteurs.
Juste un conseil aux lecteurs : faites gaffe avec les doses en teintures (alcoolatures). Il vaut mieux monter progressivement si on sent rien que regretter une surdose…. qu’on ne peut plus enlever et qu’on va devoir supporter…. quoi qu’il arrive et jusqu’au bout !!
Bonjour, j’ai récolté un petit peu d’aspérule que j’ai fais sécher la tête en bas en bouquet, elle a un puissant parfum et elle n’a pas noircie, en revanche elle a mis un peu de temps à sécher et vu les conseils de prudence en cas de mauvais séchage, je préfère poser la question. Si elle ne noircie pas, qu’elle sent bon et qu’elle est cassante, c’est qu’elle a bien quand même bien sécher non ?
Dans l’attente de vous lire, je vous souhaite une belle journée 🙂
bonjour Claire
oui tout à fait , il me semble que selon ce que vous décrivez votre aspérule a dû bien sécher 🙂
Bonjour, Je trouve étrange que dans tous les commentaires on parle des propriétés calmantes et sédatives de l’aspérule, mais que dans l’article, non seulement on n’en trouve aucune mention, mais on peut lire qu’elle est légèrement excitante ??? Merci!
Bonjour Marie
votre question m’a interpelée et après enquête dans d’autres ouvrages il semblerait qu’elle soit référencée en première intention comme une calmante du système nerveux et comme une stimulante hépatique (d’après Valnet) peut-être l’indication du cazin est de cet ordre, je vais quand même poser la question à Christophe et je viendrai vous donner la réponse (par contre je ne sais pas quand 🙂 )
Bonjour Marie,
dans le Fournier il dit qu’elle est calmante et tonique. En fait d’après la façon que je le comprends, je pense qu’une personne qui est fatiguée, épuisée et au bout du rouleau peut devenir agressive, susceptible, irritable, hystérique : du coup, si on renforce les organes fatigués avec une plante TONIQUE, eh bien la personne aura plus de force vitale et sera donc moins irritable, irascible, agressive etc etc.
On verra ce qu’en disent Bernard et Sabine mais c’est comme ça que je le comprends.
Laurent.
Bonjour Laurent
Merci , je suis d’accord avec vous 🙂
Bonjour Sabine et Christophe,
J’ai de l’aspérule au jardin (en fleurs), est ce que je peux prendre des sommités fleuries fraîches et les boire en tisanes pour avoir les propriétés sédatives de l’aspérule ? Ou est ce seulement la plante séchée qu’il faut consommer ?
Bonjour Léa
je pense qu’on peut l’utiliser des deux façons, il n’y a pas d’études scientifiques sur le sujet, mais la tradition nous dit sèche car son délicat parfum (celui recherché) est lié à la présence de la coumarine qui se développe au séchage, attention le séchage est délicat et la plante peut vite devenir noire, fournier nous dit aussi qu’on peut l’utiliser fraiche en externe en cataplasme pour soigner des plaies
Merci beaucoup Sabine, pensez vous qu’en utilisant un déshydrateur alimentaire j’aurais davantage de chances d’éviter que la plante ne noircisse?
oui c’est une bonne idée 🙂 je n’ai pas encore essayé mais dès que j’en trouve je tente l’expérience
Merci beaucoup Sabine, bonne journée à vous
Bonjour Sabine,
Petit retour d’expérience sur le séchage de l’aspérule au déshydrateur. Après 8h de séchage à température 39C°, aucune fleur n’a noircit. Le parfum était envoûtant et les effets sédatifs bien présents.
Bonne journée à vous. Léa.
bonjour Léa
super et merci pour le retour 🙂
Bonjour, je pense avoir de l’aspérule sauvage dans mon jardin. Je voudrais en être sûre avant de la consommer. Les feuilles me paraissent petites comparées à ce que je vois sur le net. Avec quelle autre plante pourrais-je la confondre?
Bonjour Anneline
Vous pourriez éventuellement confondre avec le gaillet blanc, ce dernier est beaucoup plus petit
Merci Sabine. A part, la petitesse des feuilles du gaillet blanc, qu’est-ce qui le différencie de l’aspérule?
Bonjour Anneline
D’après mes recherches, elles sont très proches (y compris par leurs propriétés médicinales), l’aspérule odorante appartient à la famille des rubiacées comme les gaillets , elles s’en distinguent par la forme de ses fleurs : corolle allongée en petit entonnoir au lieu d’être étalée en étoile comme pour les gaillets.
elles ont toutes deux (et comme la plupart des gaillets)des vertus sédatives,calmantes et digestives.
Merci Sabine.
Me manque la loupe pour observer de plus près les fleurs. Mais si j’ai bien compris je ne prends pas un grand risque. Demain sera jour de cueillette. 🙂
Au plaisir.
🙂 bonne cueillette
Bonjour !
Est-ce que les feuilles sont aussi intéressantes que les fleurs pour une tisane aidant à dormir ?
Merci !
Bonjour Stéphanie,
Non ce sont les sommités fleuries à couper délicatement vers avril/mai qui sont riches en coumarines et autres substances qui expliquent l’action de la plante.
c’est le début de la floraison de l’aspérule ici, est ce que ça vaut la peine d’en sécher un peu ? ou faut il des besoins particuliers ?
Oui ça vaut la peine, cela fait des infusions très sympathique en goût, calmantes, bien pour préparer le sommeil, et l’ingrédient principal du fameux vin de main, pour ceux qui aiment préparer leurs propres vins médicinaux.